Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Nous savons que chaque grand de la génération (gadol hador) est aidé par le mérite des gens de sa génération.

Lorsque les juifs sont arrivés au mont Sinaï et que "Israël campa là [aux pieds de] la montagne" (Yitro 19,2), c'est comme s'ils étaient venus comme une grande pierre, d'une unité absolue.
C'est pourquoi lorsque Moché monta, alors : "Hachem l'appela depuis la montagne" (Yitro 19,3) = cela n'a pu être possible que grâce au mérite du peuple juif qui est venu [uni] ensemble à la montagne."

[Rabbi Yaakov Abou'hatséra - le Abir Yaakov]

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-> "Quand les juifs vivent dans l’unité et l’harmonie, alors leur chef spirituel peut s’élever encore plus et atteindre de hauts niveaux dans son rapprochement avec Hachem.
Quand "Israël campa" dans l’unité et la paix, alors "Moché monta vers Hachem", le dirigeant d’Israël peut encore plus s’élever vers Hachem."
[haDrach vé'Haïyoun]

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-> idem au moment de la traversée de la mer Rouge : https://todahm.com/2019/02/14/8365

"Je suis Hachem ton D." (Yitro 20,2)

-> "La Torah tient en estime toutes les âmes du peuple juif, qu'il s'agisse d'un tsadik ou d'un racha, à partir du moment où l'homme adhère à D. et croit dans les [13] principes de la foi.
Le verset le proclame : "Je ne souhaite pas que le racha meure, mais qu'il renonce à sa voie et qu'il vive" (Yé'hezkel 33,11)."
[Rambam - Hilkhot Rotséa'h 13,14]

-> "Lorsque l'homme sera convaincu de la vérité de tous ces [13] principes, lorsqu'il aura éprouvé sa foi dans leur véracité, il deviendra un juif à part entière, et c'est alors une mitsva de l'aimer, de le prendre en piété et d'agir à son égard conformément à tous les commandements de D. relatifs à l'amour entre les hommes.

Et même s'il s"était épuisé à commettre autant de fautes que son corps le lui permet, entraîné par la tentation et l'emprise de sa nature triviale, il sera puni en conséquence, mais il conservera sa part dans le monde futur.
En revanche, lorsqu'un homme s'écarte de la foi de l'un de ces [13] principes, il s'exclut aussitôt de l'assemblée d'Israël, il renie les Principes fondamentaux et reçoit le titre de renégat"
[Rambam - à la suite de ses 13 principes de foi - introduction au chapitre 'hélek]

=> C'est uniquement les 13 principes de foi du Rambam, qui permettent de distinguer l'homme adhérant à la foi du judaïsme, de celui qui la renie.
En acceptant ces 13 principes, une personne juive appartient à l'assemblée d'Israël, et rien que pour cela nous devons l'aimer et l'estimer autant que possible.

Questions/Réponses – paracha Yitro

+ 7 Questions/Réponses - paracha Yitro :

1°/ Rachi (18,6) : Yitro fit dire à Moché : cela signifie qu'il le lui a fait dire par un messager.

Comment Yitro (alors non-juif) a-t-il pu communiquer avec Moché, puisque les juifs étaient entourés de Nuées de Gloire, qui ne laissaient aucun non-juif entrer?

-> Le Tour écrit que lorsque Yitro a atteint le campement juif et qu'il s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas y pénétrer à cause des Nuées, il a écrit une note indiquant qu'il était le beau-père de Moché, et qu'il était venu avec la femme et les 2 fils de Moché.
Yitro a attaché ce court message à une flèche et il l'a tiré dans le campement juif.

Bien que les Nuées de gloire l'auraient normalement intercepté, lui refusant d'entrer, comme cela a pu être le cas avec les nombreux projectiles tirés par les égyptiens, cette fois-ci elles ont fait une exception.
[cf. Rachi 19,4 : "Les égyptiens lançaient des flèches et des projectiles de pierre, et c’est la nuée qui les recevait"]

Le midrach affirme que la flèche est tombée à proximité de Moché, qui l'a lue, et il s'est empressé d'aller accueillir Yitro hors du camp.
[selon le midrach Tan'houma, c'est Ouziel, l'oncle de Moché et Aharon, qui a trouvé la flèche, avec de la donner à Moché]

-> Le midrach Léviat 'Hen rapporte également qu'en raison de la Nuée entourant le camp des Bné Israël, Yitro a écrit un petit mot, l'a placé à l'extrémité d'une flèche et l'a tirée à l'aide d'un arc.
La flèche est partie et a miraculeusement atteri devant Moché. Ce dernier a ramassé le message et l'a lu : "Moi, ton beau-père, Yitro ..."
Selon d'autres avis, il a envoyé l'écrit à l'aide d'un pigeon.

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+ "Moché sortit à la rencontre de son beau-père. Il se prosterna et l'embrassa. Ils s'enquérirent mutuellement de leur bien-être et entrèrent dans la tente" (Yitro 18,7)

-> Moché se prosterna devant Hachem, puis embrassa Yitro
Lorsque la Torah écrit : "et entrèrent dans la tente", cette expression semble totalement superflue, puisqu'il est évident qu'ils ne restèrent pas dehors dans le désert.
Moché avait suivi les voies d'Avraham. Celui-ci avait un arbre par lequel il mettait à l'épreuve les convertis potentiels pour juger de leurs motivations. Moché fit un usage semblable des Nuées de Gloire.
[En effet, selon le Zohar (vol I,102b), l’arbre [sous lequel il recevait ses invités] révélait à Avraham les pensées internes de ses visiteurs.
S’ils croyaient dans le Créateur, l’arbre déployait ses branches, amenant de l’ombre.
S’ils étaient des idolâtres convaincus, l’arbre repliait ses branches, retirant l’ombre.
Avraham n’était alors pas apaisé tant que ses invités ne croyaient pas en D.]

Moché conduisit Yitro à travers les Nuées de Gloire. Si les motifs de Yitro étaient purs, les nuées le laisseraient passer, sinon Yitro ne pourrait pas les traverser.
D'ailleurs, c'est pour cette raison que le érev rav ne fut pas admis à l'intérieur des Nuées de Gloire.
La tribu de Dan en était également exclue parce qu'elle transportait avec elle la statue de Mikha ...

Ainsi, après que Yitro ait subi l'épreuve des Nuées de Gloire et que la pureté de ses motifs fut prouvée, Moché lui fit part de tous les miracles qui survinrent en Egypte.
Il pourrait sembler étonnant que Moché ait mis Yitro à l'épreuve après que Hachem lui ait dit de l'accepter.
Après l'accueil royal que la nation juive avait réservé à Yitro, Moché craignait que ce dernier ne fût devenu fier et sensible à ces marques d'honneur. Moché pensa donc qu'il valait mieux le mettre une nouvelle fois à l'épreuve.
De plus, Hachem voulait que la Torah elle-même témoignât de la sincérité de Yitro. La Torah dit donc explicitement qu'ils "entrèrent dans la tente" = le fait que les Nuées de Gloire laissèrent entrer Yitro était le signe de la pureté de ses motifs.
[Méam Loez - Yitro 18,7]

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2°/ Le Arizal nous enseigne que Moché était la réincarnation (guilgoul) d'Hével, et Yitro la réincarnation de Kaïn.
Comment peut-on l'observer dans la Torah?

Le rav 'Haïm Vital dit qu'une allusion à cela se trouve dans les 1ers mots de Yitro à Moché, qui sont : "Moi, Yitro ton beau-père" (ani 'hotné'ha Yitro - אֲנִי חֹתֶנְךָ יִתְרוֹ - Yitro 18,6).
La 1ere lettre de ces 3 mots forment : "a'hi" (mon frère - אחי) : Yitro (Kaïn) rappelle en allusion à Moché (Hével) qu'ils étaient les 1ers frères de l'humanité.

Une partie de la mission de Yitro dans ce monde était d'expier la faute de Kaïn d'avoir tué Hével, et il a fait cela de plusieurs manières :
-> 1°/ il a donné sa fille en mariage à la réincarnation de Hével, c'est-à-dire Moché, lui permettant d'avoir les descendants qu'il lui avait empêché d'avoir en le tuant (cf.Béréchit 4,10 : où le sang de Hével fait référence à celui des descendants qu'il aurait pu avoir).

-> 2°/ L'offrande apportée par Kaïn ne trouva pas faveur aux yeux de D. (Béréchit 4,5), ainsi Yitro a corrigé cela en amenant des offrandes valables à Hachem (Yitro 18,12 : "Yitro prit une offrande d'élévation (ola) et des offrandes de festin (zéva'him) pour D. ")

Le Tsror haMor écrit que Yitro va apporter à Hachem un sacrifice "ola" (עֹלָה - holocauste) afin de racheter les pensées du cœur qui lui étaient venues avant qu'il sache ce qu'il en était ; mais également des sacrifices "zéva'him" (זְבָחִים) qui viennent faire la paix (shalom) avec D.
Nos Sages disent que les initiales de ces 2 mots forment : "ol" (le joug - עז).
Cela vient nous enseigner que Yitro a pris sur lui le joug de la Torah, le joug des mitsvot, et le joug du Royaume des cieux [Hachem].

-> 3°/ Le 'Hida écrit qu'alors que la Torah ne rapporte pas la dernière discussion entre Kaïn et Hével lorsqu'ils étaient dans le champ avant le meurte, le Targoum Yonathan ben Ouziel (Béréchit 4,8), nous rapporte que Kaïn a entre autre tenu des propos blasphématoire : il n'y a pas de jugement Divin concernant nos actions dans ce monde.

Yitro a corrigé cela en suggérant à Moché (Yitro 18,19-23) le concept d'établir un système de jugement pyramidal (et lorsque Moché n'en avait pas la réponse, il s'en remettait à Hachem!).

-> Le Arizal (Kavanot haArizal) ajoute également que lorsque Hével a été tué, Kaïn a pris possession de son troupeau. Pour réparer cela, dans le désert, Yitro a donné à Moché l'ensemble de son troupeau.

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-> Contrairement au sacrifice de Kaïn, celui de Hevel fut accepté par Hachem. Kaïn en fut jaloux et décida de tuer son frère Hevel. Le midrach ajoute 2 autres raisons à ce meurtre. D’une part, Kaïn était agriculteur. Il avait décrété que la terre lui appartenait et que Hevel n'avait pas le droit d’en bénéficier. C’est la raison pour laquelle il le menaça et lui dit que s'il voulait continuer à vivre, il devait s'envoler dans les airs.
D’autre part, Kaïn est né avec une soeur jumelle, alors que Hevel est né avec deux soeurs jumelles. A l'origine, il n'y avait pas d'autres êtres humains, c’est pour cela que Kaïn dût se marier avec sa jumelle, et Hevel avec ses deux jumelles, soit avec deux femmes. Ce qui rendit son frère Kaïn encore plus jaloux.
Pour toutes ces raisons, Kaïn tua son frère. Puis, il se mit à renier la Justice Divine en clamant : "Il n'y a ni justice, ni Juge!". Mais Hachem met en place les événements pour apporter la réparation de chaque faute.
C'est ainsi qu'Il fit redescendre l'âme de Hevel en Moché, celle de Kaïn en Yitro, et celle de la jumelle (supplémentaire) de Hével en Tsipora, la fille de Yitro. Quand Yitro rejoignit le peuple Juif dans le désert, il dit à Moché : "Je suis ton beau père, Yitro" (אני חותנך יתרו), dont les initiales forment le mot אחי (mon frère). Comme pour lui dire : "Je suis ton beau-père à présent, alors qu’à l'origine tu étais mon frère".
Pour réparer la jalousie de Kaïn sur la soeur jumelle (supplémentaire) de Hevel, Kaïn réincarné en Yitro vient restituer sa fille Tsipora à Moché, après qu'il se soit séparé d'elle avant de se rendre en Egypte. Et pour s’être entendu dire qu'il devait s'envoler dans les airs, car ne pouvant pas demeurer sur terre, Moché (l’âme de Hevel) dût effectivement quitter la terre et monter au ciel recevoir la Torah.
Pour avoir dit qu'il n'y a ni juges ni justice, voilà que Yitro (l’âme de Kaïn) vient à présent souffler à Moché un conseil : celui d’établir le système judiciaire et la disposition des juges. Hachem s'arrange toujours pour que les fautes commises par l’homme soient réparées, dans cette vie ou dans une autre.
Mieux vaut donc s'efforcer de réparer par soi-même par la téchouva de ses propres fautes.
[selon les Mékoubalim]

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-> b'h, Réincarnations & paracha Chémot : https://todahm.com/2019/01/12/reincarnations-paracha-chemot

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3°/ "Hachem appela [Moché] depuis la montagne, en disant : Ainsi tu diras à la maison de Yaakov et parleras aux enfants d'Israël" (Yitro 19,3)

Rachi écrit que Hachem a instruit Moché de parler d'abord aux femmes ("maison de Yaakov") et "avec douceur", afin qu'elles puissent accepter d'abord la Torah, avant les hommes.
Pourquoi cela?

-> Le midrach (chémot rabba 28,2) donne 3 explications :
- car les femmes réalisent les mitsvot avec plus d'empressement ;
- afin qu'elles puissent envoyer leurs enfants étudier la Torah et les éduquer comme il faut ;
- et en raison des dégâts qu'a occasionné le fait que Hachem avait ordonné à Adam avant 'Hava, de ne pas manger du fruit Interdit. Pour cela, cette fois-ci l'ordre a été inversé.

-> Le Beit haLévi répond en se basant sur la guémara (Guitin 55b), qui rapporte que si l'on souhaite acquérir un terrain appartenant à la femme, et qu'on demande d'abord l'autorisation à son mari, l'achat n'est pas valable car la femme a pu donner son accord uniquement pour faire plaisir à son mari (ou par volonté de ne pas se disputer), et non d'un véritable choix personnel.

Il en est de même si les hommes avaient accepté la Torah d'abord, on aurait pu penser que les femmes l'ont acceptée, non pas par choix sincère personnel, mais plutôt pour rendre heureux leur mari, pour ne pas se disputer.
[Leur acceptation n'étant alors pas valable].

-> Le rav Chmaryahou Ariéli suggère que Moché a parlé aux femmes en accord avec le midrach (Béréchit rabba 17,7), qui affirme que le niveau spirituel d'une maison est déterminé par la femme.

-> Les femmes jouent un rôle crucial dans la réussite de la transmission de la Torah à la génération suivante, puisqu'elles vont [par exemple] les encourager à se rendre à l'école juive d'une manière plaisante et attrayante.
Ces premières années sont la fondation sur laquelle va se baser toute l'implication en Torah de l'enfant durant sa vie entière.
[Rabbénou Bé'hayé]

D'une certaine façon, Rabbénou Bé'hayé rajoute ensuite l'idée que d'ici provient la coutume des femmes de prier pour la réussite spirituelle de leurs enfants après l'allumage des bougies de Shabbath.
A l'image de la lumière qui symbolise la Torah, les femmes illuminent par leurs prières, leur sourire, leurs paroles positives, ... l'ensemble du foyer, lui permettant de rayonner spirituellement.

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-> Le Mayim Amoukim (rabbénou Yéhouda Birdugo) fait remarquer : "Israël campa là en face de la montagne" (Yitro 19,2), cela fait référence uniquement aux hommes.
En effet, les femmes observant alors scrupuleusement la tsniout, se tenaient un peu plus loin.

Quel message intemporel : le fait que les femmes se tiennent éloignées d'un événement religieux (ici les 10 Commandements), n'est pas un manque de respect à leur égard.
Au contraire leur fidélité dans l'accomplissement de la tsniout, leur fait bénéficier que Hachem souhaite d'abord s'adresser à elles.

[Imaginons la scène : les hommes au plus proche du mon Sinaï, et les femmes se tenant à distance, pouvant se croire les oubliées de l'événement.
Mais en réalité, c'est l'inverse : Hachem va d'abord demander leur avis.
D'une certaine façon, pour D. : lorsque vous respectez la difficile mitsva de tsniout, votre avis m'est encore plus précieux que celui des hommes! ]

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4°/ Quelle habitude ont de nombreuses personnes au moment d'étudier la Torah et qui prend racine au don de la Torah? Pourquoi?

-> "Tout le peuple vit le tonnerre, les flammes, le son du Shofar et la montagne fumante ; le peuple vit, ils tremblèrent et se tinrent à distance" (Yitro 20,15)

Le Baal haTourim commente que le tremblement au moment du don de la Torah est une source de la pratique répandue de s'agiter/balancer lorsque l'on étudie la Torah.

-> Selon le Tour (Chémot 20,15), c’est à cause des tremblements au mont Sinaï qu’on a coutume de se balancer en priant et en étudiant.

-> D'une façon similaire, le Rema (Ora'h 'Haïm 48,1) écrit que ceux qui sont rigoureux dans la réalisation des mitsvot, sont habitués à s'agiter/balancer lorsque la Torah est lue, puisque la Torah a été donnée au Sinaï de cette manière.

-> Le Zohar haKadoch (Pin'has 218a) note que le fait de balancer son corps est une pratique unique à la religion juive.
Il explique que cela provient de notre âme élevée qui s'agite en nous lorsque nous étudions la Torah, à l'image d'une bougie allumée, et c'est pourquoi, nous oscillons d'un côté à l'autre, comme une flamme dansante.

[étudier la Torah, c'est se connecter à sa source originelle (D.), c'est raviver notre feu d'amour pour Hachem]

[Dans ce Zohar, rabbi Chimon bar Yo'haï dit qu'il est écrit : "La lampe de Hachem est l'âme de l'homme" (Michlé 20,27).
Une lampe posée près d'une grande flamme s'agite continuellement d'avant en arrière.
De même, lorsque l'âme d'un juif s'approche de la flamme de la Torah, il ne peut s'empêcher de se balancer. [Au don de la Torah, il est écrit : "le peuple vit et trembla"]. Depuis lors, se balancer en étudiant reste une attitude typiquement juive.]

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-> Le Kouzari (2:79-80) apporte une autre explication pour cette pratique, disant qu'elle prend racine dans la période où les livres juifs étaient rares, et que de nombreuses personnes devaient se partager un seul volume.
Ainsi, chacun devait se pencher à tour de rôle pour étudier quelques lignes, revenant ensuite en arrière pour permettre à la personne suivante d'avoir l'opportunité d'y étudier, et c'est cela qui a transmis cette habitude de se balancer durant l'étude de la Torah.

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-> "Tout le peuple vit ... ils tremblèrent et se tinrent à distance" (Yitro 20,15)

-> Le rabbi Mendel de Kotsk (Emet véEmouna 901) commente : Il est possible de voir le don de la Thora ("le peuple vit"), de trembler ("et ils tremblèrent") et de s’enthousiasmer. Et malgré tout, on peut encore rester loin de tout cela ("et se tinrent éloignés") et ne pas se sentir complètement concernés.

Il enseigne également : le peuple ordinaire était impressionné seulement par l'extérieur, l'apparence superficielle de la majesté de D. : les sons, les flammes et ainsi de suite.
[Mais] ne faites pas attention à l'aspect extérieur. C'est le sens profond qui compte.

-> A ce sujet, le rabbi de Kotsk (Noam Sia'h) enseigne également : Si quelqu'un regarde comment les autres s'agitent pendant leur amida ("vit"), et qu'ensuite il va faire de même uniquement dans un but de leur ressembler, ou bien pour que l'on pense qu'il est un grand tsadik, alors sa amida est loin de ce qu'elle devrait être ("tinrent à distance").

=> Nous pouvons assister à un magnifique cours de Torah, en vibrer de plaisir, mais cependant en rester loin, dans le sens où les paroles de Torah ne vont pas nous accompagner dans notre vie au quotidien. [ki èm ‘hayénou]

=> L'essentiel ne réside pas dans l'extériorisation de nos balancements, mais plutôt d'à quel point nous tremblons intérieurement de crainte/d'amour d'être face à Hachem, d'à quel point la Torah nous fait bouger/changer vers le meilleur.

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+ L’étude de la Torah & l'expérience du mont Sinaï …

-> "Celui qui s’immerge dans l’étude de la Torah est considéré comme se tenant sur le mont Sinaï chaque jour, recevant la Torah."
[Zohar - 'Houkat 159b]

-> "Rabbi Yéhochoua ben Lévi disait : "Celui qui enseigne la Torah à son fils est considéré comme ayant reçu la Torah au mont Sinaï"."
[guémara Béra'hot 21b]

-> Rabbi ‘Haïm de Volozhin (Néfech ha’Haïm 4,14) de nous expliquer :
"Toute [la Torah] est [contenue dans les] paroles de D. à Moché au Mont Sinaï, [incluant] chaque question jamais posée par un jeune élève à son maître.
Lorsque quelqu’un s’adonne [à l’étude de la Torah], chaque mot [qu’il prononce] est comme si D. l’avait prononcé de Sa bouche, pour ainsi dire, et cela est considéré comme s’il venait de le recevoir maintenant de la bouche de D. au Mont Sinaï."

=> Ainsi, l’événement grandiose survenu au mont Sinaï n’est pas un événement ancien, un lointain souvenir du passé, mais c’est un moment qui est vivant et qui se renouvelle à chaque fois que nous étudions la Torah.

De même que nous y avons tremblé, de même nous bougeons de crainte lorsque nous l'étudions de tout notre être, c'est-à-dire lorsque nous y sommes totalement, et pas avec notre tête ailleurs.

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5°/ Dans la Haggada de Pessa'h (dans le "dayénou"), nous affirmons que si Hachem nous avait amené au mont Sinaï sans nous y donner la Torah, cela nous aurait été suffisant. Quel profit d'y aller sans recevoir la Torah?

-> Le Rachbam et le Kol Bo expliquent que si Hachem ne nous avait pas donné directement les 10 Commandements, Il l'aurait fait plus tard mais uniquement par le biais de Moché.

-> Le Ktav Sofer suggère que la valeur de la formidable unité et de l'harmonie qu'a engendré le fait de camper face au mont Sinaï ("Comme un seul homme, d’un seul cœur" - Rachi 19,2), cela nous aurait suffi (dayénou).

-> Le 'Hayé Adam répond que lorsque le Ciel s'est révélé, les juifs ont pu voir le chariot Divin, à partir duquel ils auraient pu en déduire les Commandements, même s'ils ne leur étaient pas donnés, comme Avraham avait pu le faire par le passé.

-> Le rav de Brisk, cite la guémara (Sanhédrin 59a) qui enseigne qu'il est interdit à un non-juif d'étudier la Torah, qui a été donnée exclusivement à nous (les juifs).
Il est d'avis que : si Hachem ne nous aurait pas donné la Torah qu'à nous (lanou), cela aurait été suffisant (dayénou).

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6°/ A quel moment de la journée, et pendant combien de temps ont été dits les 10 Commandements?

-> Le Pirké déRabbi Eliézer enseigne que les 10 Commandements ont été dits entre la 6e et la 9e heure de la journée, où les juifs sont alors retournés dans leur tente.

-> Selon le rav Aharon Leib Steinman, à partir de là, on peut en déduire que chacun des 10 Commandements aurait nécessité 18 minutes, ce qui peut sembler plutôt long.
Le rav Steinman ajoute que peut être c'est la durée de l'ensemble de l’événement, en comptant ses préparations et introductions, qui a duré 3 heures.

Dans les Hochanot (prières récitées à Souccot), nous disons : "Sauve nous par le mérite des 3 heures" (הושע נא שלש שעות).
De nombreux commentateurs expliquent qu'il s'agit d'une prière où nous demandons d'être sauvés de la guerre de Gog et Magog, qui durera 3 heures.
Cependant, selon le rav Steinman, il se peut que l'intention est que nous prions pour être sauvés par le mérite des 3 heures que nous avons passées au mont Sinaï (toutes les âmes juives y étant alors présentes) .

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7°/ Rachi (Yitro 20,7) : Hachem a prononcé simultanément : "Souviens-toi (za'hor) du jour du Shabath" et "Garde (chamor) le jour du Shabath".

=> Qu'est-ce qui était inscrit sur les Tables de la Loi (lou'hot) : za'hor ou chamor?

-> Le Ramban (Yitro 20,8) est d'avis que sur les 2 Tables de la Loi (1er et 2e), il était inscrit : "za'hor" (souviens-toi), et Moché a expliqué oralement au peuple que la mitsva de "chamor" avait été dite en même temps.

-> Le Ibn Ezra (Yitro 20,1) rapporte un avis, affirmant que sur les 1eres Lou'hot il était écrit : "za'hor", et sur les 2e : "chamor".
[selon cet avis, dans les premières lou'hot, il est dit : "Souviens-toi (za'hor - זכור) du jour du Shabbath pour le sanctifier" (Yitro 20,7), tandis que dans les secondes Tables, il est dit : "Observe (chamor - שמור) le jour du Shabbath pour le sanctifier" (Vaét'hanan 5,11). ]

-> Rabbi Yaakov Kamenetsky (Emet léYaakov - Vaét'hanan 5,12) note que selon Rachi (Sanhédrin 56b), les 2 lou'hot étaient identiques.

Rabbi Kamenetsky enseigne que de la même façon qu'il existe de nombreux mots dans la Torah qui sont prononcés différemment de la manière dont ils sont écrits, et bien il en est de même ici.
Selon lui, à priori, il était écrit dans les Tables : "chamor", mais on prononçait : "za'hor".

En effet, dans la prière de min'ha de Shabbath, nous disons : "Il [Moché] a apporté 2 tablettes (lou'hot) en pierre dans sa main, sur lesquelles il était écrit l'observance (chémirat => chamor) du Shabbath" (ouchné lou'hot avanim orid béyado vékatouv baém chémirat Shabbath), ce qui indique qu'il y était inscrit : "chamor".

"Israël campa là face à la montagne" (Yitro 19,2)

Rachi : Comme un seul homme, d’un seul cœur.

-> Rabbi Moché de Kobrin commente : "Ce n'est que par la force de l'unité que les juifs sont capables de se tenir debout "face à la montagne" : face à la montagne de haine qui les entoure à toute époque."

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-> Rabbi Yéhouda dit : Un jour viendra où Hachem fera venir le yétser ara et l’égorgera en présence des tsadikim et des réchaïm.
Le yétser ara apparaîtra aux tsadikim comme une haute montagne, et aux réchaïm comme un cheveu.
[guémara Soucca 52a]
[ => ainsi la montagne peut représenter le yétser ara]

Rabbi Akiva Eiger et rabbi Moché de Kobrin expliquent :
- "Israël campa là" (comme un seul homme, d’un seul cœur) = lorsqu'il y a de l'unité parmi les juifs
- "face à la montagne" (kénégued aar) = alors ils ont la force de faire face au yétser ara.
Le yétser ara ne peut pas tromper les juifs à fauter lorsque la nation est pleinement unie.
C'est pourquoi le yétser ara désire les divisions, il aime lorsque les juifs sont divisés.

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit : lorsqu'une personne fait partie d'un lieu d'étude où il y a de l'unité, alors il y a une protection puissante contre le yétser ara.
Le yétser ara ne peut pas le tirer loin de cette forteresse.

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-> A chaque fois qu'il y a une opposition (négued), c'est le signe que tu es sur le bon chemin.
[rabbi Mendel de Kotzk]

-> Si un homme te dit : "J’ai fourni des efforts [pour mon étude] mais je n’ai pas trouvé, ne le crois pas! [S’il te dit : ] "Je n’ai pas fourni d’efforts et je l’ai trouvée", ne le crois pas! "J’ai fourni des effets et je l’ai trouvé", crois-le
[guémara Méguila 6b]

=> kénégued aar = Si tu veux atteindre la Torah (sur la montagne Sinaï), alors tu dois faire des efforts, être en opposition par rapport à ta nature humaine (néguéd), ton yétser ara (allusion à la montagne).

Le rav Yé'hia Benchétrit dit que si tu ne fais pas d'efforts contre l'opposition de ton mauvais penchant, alors cela signifie que c'est ton yétser ara qui est le pilote, qui est aux commandes, de ta vie.

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-> Comme prérequis pour le don de la Torah, il a fallu une unité parmi le peuple juif.
Ainsi, au mont Sinaï, nous avons appris la Torah et la valeur de chaque lettre, mais avant cela, nous nous sommes tenus sur la montagne et avons appris la valeur de chaque juif.

[voir Yitro 19,2 : "le peuple campa près de la montagne" = tous étaient unis avec un seul coeur.
Et la Massékhèt Dérèkh Erèts Zouta (Shalom) enseigne : "Hachem dit : 'Comme les Bné Israël ont méprisé la discorde, aimé la paix, et sont devenus un seul camp, Je vais à présent leur donner Ma Torah". ]

-> Le Avné Nezer, citent le rav Its'hak de Vorka, qui suggère que la façon dont peuple juif a atteint l'unité avant le don de la Torah était par : "vayi'han [וַיִּחַן] Israël" = chaque juif a trouvé de la grâce ('hen - חן) dans les yeux de son frère juif, chacun a pu apprécier les chemins de ceux qui l'entouraient.

Le Avné Nezer ajoutait un commentaire de son cru. Il disait que, bien qu'il s'agisse d'un niveau élevé, puisque les gens ne voient généralement pas les choses de la même manière que leurs amis, il y a un niveau encore plus élevé auquel il faut aspirer.
Il s'agit d'aimer chaque juif même si son chemin ne trouve pas grâce à vos yeux, d'être capable de l'apprécier même si vous ne le comprenez pas.

Parcha Yitro – compilation de divré Torah

+ Parcha Yitro - compilation de divré Torah :

"Moché sortit à la rencontre de son beau-père, il se prosterna et il l'embrassa, et ils s'enquirent chacun du bien être de son prochain" (Yitro 18,7)

-> Pourquoi est-il précisé : "à la rencontre de son beau-père"?

Pour Moché, le simple fait que Yitro soit son beau-père, suffisait largement pour qu'il doive lui témoigner son respect.
Ainsi, nous sommes obligés de respecter nos beaux-parents, à l'image de ses propres parents.
[Sifté Cohen]

En effet, Moché rabbénou qui avait le statut de roi d'Israël, n'aurait pas eu le droit de se rabaisser pour honorer Yitro, si ce n'est pas une obligation juive d'honorer ses beaux-parents.

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-> La principale raison pour laquelle Moché sortit à la rencontre de Yitro était pour témoigner du respect à son beau-père. De même, il faut honorer et respecter sa belle-mère.
La raison en est qu'un homme et sa femme sont considérés, chacun comme un "demi corps" (palga dégoufa). Ensemble, ils forment un être humain complet.
Par conséquent, de même qu'un homme doit honorer ses parents pour lui avoir donné naissance, il doit honorer ses beaux-parents pour avoir donné naissance à son épouse.
Tout comme ses propres parents ont contribué à la création de la moitié de son corps, ses beaux-parents ont contribué à la 2e moitié. Grâce à ses beaux-parents, son "demi corps" est devenu un être humain complet.
[Sifté Cohen]

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"Moché raconta à son beau-père tout ce que Hachem avait fait ... en faveur d'Israël ... et [comment] Hachem les avait sauvés" (Yitro 18,8)

-> Rachi : Pour attirer son cœur et le rapprocher de la Torah.

-> Moché voulait souligner à Yitro à quel point Hachem a pourvu à leurs nombreux besoins dans les moindres détails.

Yitro était au courant des miracles éclatants/majeurs, mais il ne pouvait pas avoir conscience des très nombreuses bontés avec lesquelles Hachem avait chouchouté Son peuple.
[Moché les lui a raconter] afin qu'il puisse pleinement apprécier l'implication [et l'amour permanent] de D. envers Son peuple.
[adapté du Sforno]

-> Moché a informé Yitro que c'est non seulement les égyptiens qui ont été vaincus, mais également leur Ange Céleste [chaque nation possède le sien] qui a été tué. Cela les rendait sans force pour de nouveau porter atteinte aux juifs.
Avec cette information, Yitro a alors compris que les juifs étaient véritablement libres et en sécurité des égyptiens.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> Bien que Yitro connaissait l'histoire de la sortie d'Egypte, Moché la lui a racontée.
En effet, c'est une mitsva particulière que de se rappeler des événements liés à la libération d'Egypte, comme il est écrit dans la Haggada de Pessa'h : "Celui qui fait la narration de la sortie d’Égypte plus longuement est digne de louanges".

Bien que Yitro avait déjà entendu auparavant tous les faits, Moché le lui a raconté avec tellement d'émotion et d'impression, que Yitro s'est ressenti comme s'il voyait les événements de ses propres yeux. Moché a véritablement rendu vivant tout ce qui s'est passé, et Yitro n'a pu alors s'empêcher de louer Hachem.
[Rabbi Yaakov Neuman (Darké Moussar]

-> A ce sujet, Rabbi Yossef Yachar (Lévouch Yossef) enseigne : "L’élément principal de la mitsva de raconter la sortie d’Egypte est de faire savoir la grande puissance de D., et le salut miraculeux qu’Il nous a accordé lorsqu’Il nous a fait sortir d’Egypte.
Et l’intention principale de ce récit est d’implanter dans le cœur des membres de notre famille la foi en D. et en la grandeur de Sa puissance et de Ses prodiges, ainsi que d’expliquer les miracles et les prodiges qu’Il a accomplis, afin de renforcer leur foi."

-> b'h, Voir également : https://todahm.com/2017/04/26/quelques-merites-de-raconter-la-sortie-degypte

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"Yitro dit : "Béni soit Hachem (barou'h Hachem) Qui vous a sauvés de la main de l'Egypte et de la main de Pharaon ..." (Yitro 18,10)

-> Il a été enseigné au nom de rav Papéyas : c'est une honte pour Moché et les 600 000 [juifs qui étaient avec lui] de ne pas avoir dit : "barou'h", et Yitro est venu et il a proclamé : "barou'h Hachem" (Béni soit Hachem).
[guémara Sanhédrin 94a]

-> Comment comprendre cela sachant que Moché et tout le peuple ont chanté "az yachir" : des louanges de remerciements et de gratitude à Hachem?

Le rav Shlomo de Radomsk répond que Yitro, alors non-juif, a été le 1er à remercier D. pour des bontés qu'il n'a pas vécues/bénéficiées personnellement, mais que d'autres ont pu expérimenter.
L'expression d'une telle gratitude est quelque chose que Moché et le peuple juif n'avaient pas encore accompli.

-> Pourquoi est-il important de remercier Hachem pour les bontés qu'Il procure à d'autres?

Rabbi El'azar Meisels répond qu'en se réjouissant de la réussite, du bonheur d'autrui, on détruit activement notre tendance naturelle à être égoïste.

De plus, cela permet de multiplier les occasions de développer notre émouna en Hachem.
En effet, en appréciant les bontés qu'Il peut faire chez tout le monde, on élargit largement les possibilités de gratitude, de prise de conscience de Son implication bienveillante dans les moindres détails de la vie.

[Par ailleurs, à chaque pensée de ce genre, nous réalisons la mitsva de : tu aimeras ton prochain comme toi même]

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"Ils jugeront le peuple à tout moment et toute affaire importante ils [la] porteront devant toi, et toute affaire mineure, ils [la] jugeront eux-mêmes, et cela te soulagera et ils porteront [le fardeau] avec toi" (Yitro 18,22)

-> Ils peuvent juger tous les cas dans lesquels ils sont experts, te laissant traiter ceux qui sont au-delà de leur expertise.
De même, ceux qui sont au-delà de tes compétences, tu [Moché] peux demander à Hachem de les résoudre.
[Ibn Ezra]

-> Actuellement, en raison du manque de juges disponibles, de nombreuses personnes qui ont des revendications légitimes ne parviennent pas à les faire valoir. En effet, elles ne souhaitent pas patienter dans la file d'attente pendant des jours et des jours, jusqu'à ce que tu [Moché] les reçoive.

Cela crée une incitation aux personnes malhonnêtes à s'en prendre aux autres, sachant que probablement ils ne seront pas appelés en justice.
En installant une multitude de juges, la justice sera rendue sur une base régulière, et la paix sera restaurée parmi la nation.
[Ramban]

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Il est à noter que
-> lorsque Yitro va exposer son idée (v.22), il est écrit : "toute affaire importante" (adavar agadol - הדבר הגדל) ;
-> tandis que lorsque Moché va accepter et reformuler cette proposition, il va dire (v.26) : "l'affaire difficile" (adavar akaché - הדבר הקשה).

S'il était d'accord, pourquoi ce changement de terme?

Pour Yitro, c'est seulement si une affaire a des montants importants en jeu qu'il est nécessaire d'y consacrer du temps, et des investigations poussées.
=> Il voulait faire une hiérarchie de traitement des cas basée sur les montants impliqués.

Moché a compris que selon la Torah, peu importe les montants en jeux (des milliards ou des centimes), toutes les affaires sont importantes, dans le sens où elles nécessitent chacune une investigation minutieuse pour les juger au mieux.
=> C'est pourquoi, il a mis en place une hiérarchie de traitement des cas basée uniquement sur la difficulté requise pour les solutionner.

[adapté du Rabbi 'Haim de Berlin - le fils aîné du Nétsiv]

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-> Tout juge qui prononce des décisions équitables selon la loi de la Torah est considéré comme l'associé de Hachem dans la Création.
La loi de la Torah est l'une des 3 choses qui maintient le monde en existence : "Le monde se maintient grâce à 3 choses : la loi, la vérité et la paix" (Pirké Avot 1,18).
Si ces piliers du monde n'existaient plus, le monde cesserait d'exister. Par conséquent, lorsqu'il maintient la loi, la vérité et la paix, le juge est l'associé de Hachem dans la perpétuation de l'univers.

De plus, lorsque les plaignants acceptent de bon gré la décision du juge, qu'elle soit en leur faveur ou non, eux aussi sont considérés comme les associés de Hachem dans la Création.
Ainsi la Torah dit : "Le peuple était debout autour de Moché du matin au soir" (Yitro 18,13) = le peuple debout autour de Moché et prêt à accepter sa décision était considéré comme un associé dans la Création, ainsi qu'il est écrit : "Ce fut le soir, ce fut le matin".

La paix est également l'une des 3 choses par laquelle le monde se maintient. Par conséquent, lorsque les plaignants acceptent la décision du juge et font la paix entre eux, ils sont associés dans la Création et contribuent à la continuité du monde.
[...]

Les juges constituent un corps législatif appelé le Sanhédrin. Le mot Sanhédrin peut être compris comme une abréviation des mots : "soné daron", qui signifie : "qui déteste les cadeaux".
Lorsqu'un homme possède ce trait de caractère, la seule chose qu'il juge importante est la vérité.
[...]

"Tu nommeras en tant que chefs de [groupe de] mille, chefs de cente, chefs de cinquante et chefs de 10" (v.18,21) : il y avait 600 chefs de mille, 6 000 chefs de cent, 12 000 chefs de cinquante et 60 000 chefs de dix.
[Méam Loez - Yitro 18,14 & 21-22]

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"Et tout ce peuple viendra en paix dans son endroit" (Yitro 18,23)

=> Grâce au conseil d'Yitro d'instaurer un système de juges pour traiter tous les litiges, le peuple pourra accéder à la paix. Mais que signifie que le peuple "viendra en paix dans son endroit"? De quel endroit parle-t-on?

-> En fait, d'après la mystique, une personne qui a commis un vol, s'il quitte le monde sans avoir restitué l'objet du vol, ne pourra pas accéder à la paix éternelle dans l'au-delà et devra revenir en réincarnation sur terre pour réparer son vol.
Ainsi, le verset vient dire que grâce aux juges qui vont rendre la justice, ceux qui ont commis un vol seront amenés à réparer et à restituer ce qu'ils ont volé. De la sorte, le peuple "viendra en paix", et pourra accéder à la paix éternelle, "dans son endroit" dans l'au-delà.
[Bé'hirat Avraham]

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+ Savoir écouter l'autre, fondement de la Sagesse :

=> Comment expliquer la juxtaposition du conseil que Yitro donna à Moché Rabbénou (la modification du système judiciaire) et la section relative au don de la Torah?

-> Yitro était peut-être un homme sage, mais il restait toutefois à un niveau bien moindre que celui de son illustre gendre, d’autant plus qu’il n’était aucunement lié à la sagesse de la Torah.
Moché aurait très bien pu l'écouter jusqu’au bout et repousser ensuite, poliment, sa proposition, sans véritablement la prendre en considération. Mais, il écouta attentivement et réfléchit sérieusement à ce conseil pour finalement décider de le mettre en application.
Rabbi Tsadok haCohen affirme que nous apprenons de Moché qu’une personne doit écouter ce que dit son prochain, quand bien même il s’agirait d’un homme simple ; c’est une façon d’apprendre de chaque individu. Il explique ensuite le lien avec le don de la Torah ; l’un des aspects essentiels de l’étude de la Torah est la capacité d’apprendre de tout homme.

=> Comment comprendre que ce soit un enseignement si primordial (cette disposition à apprendre des autres), au point d’en faire l’introduction au don de la Torah?

-> Le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Emor) écrit : "Certains hommes sont matmidim (étudiants particulièrement assidus) et s’investissent dans l’étude de la Torah, mais ils ne sont pas capables d’écouter les autres et de considérer leurs camarades d’étude, ils sont absorbés par leurs réflexions et ne s’intéressent pas aux autres. Ces personnes ne sont pas seulement sévèrement punies, mais elles ne réussiront même pas à avancer et persévérer dans leur étude."
Il poursuit en expliquant pourquoi le fait de ne pas être à l’écoute entrave l’étude personnelle si sérieusement : "L’individu est, par nature, centré sur son ego et reste aveugle à tout ce qui va à l’encontre de son opinion. Il ne pourra rien clarifier correctement sans écouter ce qu’un autre pense."

Cette incapacité naturelle d’écouter des points de vue qui vont à l’encontre du sien peut même empêcher un élève d’écouter correctement ceux qui sont plus érudits que lui. Il aura tendance à vouloir débattre avec tout ce qu’ils disent. Par conséquent, ce talmid ne pourra jamais vraiment comprendre et intérioriser ce que son maître lui dit. En revanche, la capacité d’écouter sincèrement et de comprendre ce que les autres pensent est l’une des clés pour atteindre la grandeur (la gadlout).

-> Le Alter de Novardok (dans haMéorot haGuédolim) exprimait cette idée quand il chantait les louanges du rav 'Haïm Ozer Grodzinsky :
"Sa sagesse et son génie sont profonds et vastes, parce qu’étant jeune, il restait toujours aux côtés des guédolé hador (dirigeants spirituels de la génération). Jamais, il n’essaya de leur imposer son opinion, mais il se considérait comme un réceptacle ; il écoutait et absorbait toutes les opinions et les explications des guédolim de son époque. Il intériorisa profondément tout ce qu’il entendit d’eux et cette proximité aux sages de plusieurs générations a élevé et purifié sa connaissance."
Quand on parle de la grandeur de rav 'Haïm Ozer Grodzinsky, on pense généralement à son génie naturel et à sa capacité à réfléchir à plusieurs choses à la fois. Le Alter de Novardok nous apprend que la clé de sa grandeur fut sa soif, son désir d’écouter attentivement et de comprendre tout ce qu’il entendait.

Il n’est pas évident d’accorder toute notre attention à ce que disent nos rabbanim, mais il est bien plus difficile d’écouter nos camarades, nos pairs. Souvent, quand nous entendons que quelqu’un va transmettre un dvar Thora, nous "décrochons", nous réfléchissons plutôt à ce que nous allons dire par la suite. Outre le manque de dérekh érets (respect, conduite appropriée), une telle attitude empêche grandement la personne de grandir et d’acquérir plus de sagesse.

[en effet, toute ces "petites" occasions où l'on se convint de "c'est bon, MOI je sais", on alimente notre égo, et l'on est alors davantage aveugle à l'opinion d'autrui (admettre qu'autrui sait ce que l'on ne sait pas, c'est d'une certaine façon accepter qu'on ne sait pas, qu'on lui est inférieur sur ce point, et ça c'est naturellement dur à notre égo (le MOI JE sais, MOI JE suis intelligent, ...), mais le prix final à payer est de s'empêcher de clarifier, d'apprendre des choses, et donc de devenir véritablement grand en Torah! On est prêt à sacrifier la Torah pour préserver son égo surdimensionné).]

-> Ben Zoma dit : "Quel est le sage? C’est celui qui apprend de toute personne" [et pas seulement des guédolim, des gens supérieurs en sagesse à nous] (Pirké Avot 4,1).

-> De nombreux commentateurs affirment que le 2e des 48 façons d'acquérir la Torah fait référence également à cela : "biChmiat haOzen" (par l'écoute attentive - בִּשְׁמִיעַת הָאֹֽזֶן - Pirké Avot 6,6).

"Je suis Hachem ton D., qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison d'esclavage" (Yitro 20,2)

-> Selon la loi dite de : "bar métsra", le voisin d'un champ qui est en vente, a priorité pour l'acheter.

En appliquant cette règle, la Torah aurait dû être donnée aux anges (mala'him), puisqu'ils sont "voisins" de la Torah qui était alors au Ciel (Moché l'a fait descendre, après l'avoir reçue).
=> Pourquoi ne l'ont-ils pas reçu à la place du peuple juif?

De plus, Hachem a le statut ("din") d'un Cohen.
=> Dans ce cas, comment a-t-Il pu avoir le droit d'entrer parmi les impuretés de l'Egypte afin de délivrer les juifs?

-> Le Choul'han Arou'h ('Hochen Michpat 175) répond à ces 2 questions.

Un Cohen a le droit de se rendre impur lorsqu'il s'agit de son enfant.
Ainsi, le fait que Hachem ait personnellement fait sortir les juifs d'Egypte, est la preuve qu'ils sont Ses enfants.

La loi juive est que le droit de "bar métsra" (la priorité accordée aux voisins), ne l'emporte pas sur les droits des enfants.
Ainsi, il ne s'applique pas aux anges, puisque les juifs (les enfants de Hachem) ont priorité pour hériter de la Torah.

[Pardess Yossef]

=> Tout cela nous prouve clairement que les juifs sont les enfants de D.! Quelle fierté!!

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-> L'abréviation des 10 plaies : "détsa'h adach béa'hav" (דצ'ך עד'ש באח'ב), a la même guématria (501) que le mot : "achèr" (qui - אשר).

Les 10 plaies que Hachem a infligé à l'Egypte, ont amené la libération des juifs et la reconnaissance de la grandeur du Maître du monde.
[Na'hal Kédomim]

Le verset peut se lire :
-> "Je suis Hachem ton D." ;
-> "qui" (achèr - אשר) = par les 10 plaies dont l'abréviation est : דצ'ך עד'ש באח'ב ;
-> "t'ai fait sortir du pays d'Egypte"

"Pourquoi Yitro a-t-il mérité d'avoir une paracha entière sur ses conseils proférés (l'établissement de juges), alors qu'il n'était pas encore juif?

C'est une leçon éternelle aux juifs que la sagesse et le bon sens ne sont pas les raisons pour lesquelles Hachem les a choisis pour être Sa nation, puisqu'il y a également beaucoup de sagesse et de bon sens qui peuvent se trouver parmi les nations du monde.
C'est seulement grâce à Sa bonté envers nous, et Son grand amour pour nos ancêtres, qu'Il nous a choisi afin d'être Sa nation unique."

[Ohr ha'Haïm haKadoch - Yitro 18,24]

"Ils se tinrent au pieds de la montagne" (Yitro 19,17)

-> Rachi rapporte la guemara (Shabbath 88a) : La montagne a été arrachée à son endroit et a été renversée sur eux comme une coupole.

-> Ensuite, Hachem leur déclara : "Si vous acceptez la Thora, c’est bien. Sinon, là-bas vous serez enterrés".
N'aurait-il pas été plus logique qu'il soit dit : "Sinon, ICI vous serez enterrés", c’est-à-dire sous la montagne?

En fait, nos Sages disent que si les juifs n’avaient pas accepté la Torah, le monde entier aurait été détruit, car le monde n’existe que grâce au mérite de la Torah.
Dès lors, "sinon (si vous n’acceptez pas la Thora, alors) là-bas vous serez enterrés" = pas seulement sous la montagne, mais partout où vous pourrez vous trouver, car tout disparaîtra.
[le 'Hafets ‘Haïm]

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-> La montagne au-dessus d'eux avait une forme semblable à une coupole
Selon rabbi Moché Soloveitchik (véaIch Moché), c'est une allusion au fait que que si les juifs refusaient la Torah, ils auraient certes pu continuer à vivre mais leur vie serait alors limitée/vide, à l'image de d'un prisonnier sous un dôme, une coupole.
En effet, seule la partie matérielle existerait, sans aucune possibilité d'élévation vers le Ciel par la spiritualité.

Ainsi, Hachem voulait leur dire qu'ils ne mourraient pas écrasés physiquement sous la montagne, mais que spirituellement ils allaient être morts, enterrés dans la matérialité.

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+ Celui qui est forcé : c'est là sa force!

-> Le rav Yérou'ham de Mir rapporte la guémara (Avoda zara 2,1) selon laquelle les nations du monde, à la fin des temps, se plaindront à Hachem : "Pourquoi ne nous as-Tu pas retourné la montagne du Sinaï sur nos têtes en nous forçant à recevoir la Torah".
Apparemment, cette montagne retournée sur nous, serait un atout du peuple juif que les nations nous envieront.
D’ailleurs, nous-mêmes nous pouvons nous demander pourquoi une fois que le peuple juif a dit : "Naassé véNichma" (nous ferons et nous comprendrons), il a été nécessaire pour Hachem de nous retourner la montagne sur nos têtes?

La réponse se trouve dans le midrach (Dévarim rabba 4,2) qui enseigne : "la Torah et l’épée sont descendus du Ciel enveloppées l’une dans l’autre" = ce qui signifie que la particularité du don de la Torah est qu’il s’est fait avec une dimension d’obligation extraordinaire (c'est la Torah ou la vie!).
Non seulement les juifs ont concentré toute leur volonté à tel point qu’ils ont pu prononcer le célèbre : Naassé Vénichma, mais en plus Hachem Lui-même a retourné la montagne sur leurs têtes afin d’augmenter leur niveau d’obligation.
La Torah elle-même est descendue du Ciel avec l’épée, ce qui signifie que son application sera maintenant : Pikoua’h nefech : une question de vie ou de mort pour le Klal Israël.

=> Est-ce une manière de nous effrayer, de nous forcer, de nous punir?
Pas du tout. La dimension d’obligation est en réalité le synonyme et le secret de perfection.
Le fait même de pouvoir choisir entre le bien et le mal est un défaut immense qui existe dans l’Humanité.
Certes, c’est ce libre arbitre qui donne à l’homme du mérite, mais le fait même qu’il puisse hésiter avec le mal, avec la paresse, avec la colère, ... est en soi un défaut immense ; même si au final il choisit le bien.
En effet, la Torah qui est parfaite (Torat Hachem temima), devait forcément être donnée dans une dimension d’obligation immense qui serait synonyme de sa perfection.
Les mitsvot n’ont de force que lorsqu’elles sont obligatoires : c'est une injonction d’Hachem ; car là est aussi le secret de leur perfection. [un acte banal, devient infiniment puissant une fois que Hachem nous l'ordonne!]
De même, chaque Ben Israël n’atteindra sa plus grande force et sa plus grande perfection que lorsqu’il aura réussi, de son propre gré, à se rendre complètement contraint et forcé à la Torah et aux mitsvot.

Le rav Yérou'ham de Mir ajoute : "Ne crois pas que quelqu’un qui fait quelque chose en traînant le pas et en forçant sa nature, il s’appelle quelqu’un qui est arrivé à la ‘’parfaite contrainte’’. Voici qu’au sujet des astres nous disons ‘’smeh’im bétsétam vésassim bévoam (ils se réjouissent lorsqu’ils sortent [pour accomplir la volonté d’Hachem], et ils exultent lorsqu’ils reviennent - dans la bénédiction sur la lune).
De même les anges se déplacent comme le feu tant ils sont enthousiastes et empressés d’accomplir la parole d’Hachem.
Lorsque l’on parle de cette ‘’obligation’’ et de cette ‘’contrainte’’ qui sont perfection, il faut plutôt entendre que c’est un niveau où la volonté de l’Homme est tellement puissante et la perception d’Hachem qui L’enjoint, est tellement grande qu’il n’y a plus de place pour l’hésitation, qu’il n’y a plus de place pour la paresse, qu’il n’y a plus place pour le libre arbitre.
En réalité, c’est par le mérite que nos ancêtres ont dit : "Naassé vénichma" qu’ils ont pu voir la montagne du Sinaï se retourner sur eux ; et les nations du monde nous l’envierons à la fin des temps.
Ils demanderont à Hachem pourquoi ils n’ont pas mérité cela et Hachem leur répondra : par votre manque de bonne volonté (comme le prouve la mitsva de Soucca qu’ils vont recevoir, mépriser et fuir son inconfort dès que la chaleur devient trop intolérable pour eux, comme le raconte la guémara).

Il en ressort que n’ont pu être sortis d’Egypte que les juifs qui présentaient en eux une vraie disposition aux mitsvot, une volonté profonde de s’assujettir à la volonté d’Hachem.
Comme le dit le midrach lui-même, beaucoup de Bné Israël étaient encore attachés à l'idôlatrie, d’autres étaient attachés à l’argent et certains n’avaient pas une volonté entière de se soumettre aux mitsvot.
Tous ces Bné Israël n’ont même pas pu entendre l’appel d’Hachem et ont disparus pendant la plaie de l'obscurité car ils n’étaient pas aptes à rentrer et à recevoir le joug de la royauté d’Hachem.
[d'après le Néféch Yéhoudi - Bo (5778)]

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-> Rabbi Its'hak de Gour disait :
On sait qu'au moment où D. a révélé la Torah au peuple d'Israël, il a menacé de retourner la montagne sur lui comme un entonnoir. Mais cela est d'autant plus curieux que le peuple avait déjà proclamé avec solennité : "Nous ferons et nous entendrons" (Michpatim 24,7).

En vérité, au moment où le peuple se tenait au pied de la montagne et qu'il entendit les 10 Paroles : "Tu ne tueras pas", "Tu ne voleras pas", ... les "belles âmes" d'Israël haussèrent les épaules.
Quoi? Et c'est pour nous dire cela qu'on nous a dérangés alors que nous nous attendions à des proclamations plus profondes et plus substantielles.
C'est à nous que l'on dit : "Tu ne voleras pas", "Tu ne convoiteras pas"? Non mais pour qui nous prend-on?

C'est alors que Moché retourna la montagne sur eux et leur dit : surtout ne bougez pas. Cela concerne vous aussi!
Car si vous analysez les choses en profondeur, vous vous apercevez qu'il y a, en chacun de vous aussi, une petite part du mauvais penchant, du mauvais instinct du vol, de celui du meurtre et certainement de celui de la course au profit.
Vous imaginez sans doute que vous êtes à l'abri de cela? Eh bien non : "Tu ne tueras pas", "Tu ne voleras pas", "Tu ne te prostitueras pas", ...

[chacun des commandements impliquent énormément de choses, comme par exemple le fait de provoquer un sentiment de honte à autrui en public, qui est assimilable à être un meurtrier.]

"Ils dirent à Moché : Parle-nous ... que D. ne nous parle pas de peur que nous mourions" (Yitro 20,16)

Pourquoi avaient-ils peur de mourir?
Existe-t-il une mort aussi belle et agréable que le fait de mourir à un tel niveau spirituel, brûlant d’un feu ardent dans l’amour d’Hachem, rejoignant la présence Divine tel un fils qui courre vers son père. Espéraient-ils avoir plus tard une meilleure mort que celle-ci?

Il y a beaucoup d’anges, dans le Ciel qui récitent la louange Divine une seule fois dans leur existence, y mettant toute leur vitalité, au point de disparaître juste après, s’incluant dans la Lumière Divine.
Malgré tout, Hachem ne s’est pas contenté de cela, il a créé un monde matériel pour que l’homme y dévoile Sa Royauté grâce à l’accomplissement des mitsvot et par l’étude de la Torah.

Telle était la crainte du peuple. Ils avaient peur de mourir, car Hachem ne souhaite pas que les hommes meurent dans l’amour d’Hachem [mais plutôt qu'ils vivent dans Son amour].
En effet, pour cela, D. ne manque pas d’anges qui sont ainsi.

[Rabbi Aharon de Karlin – le Beit Aharon]

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-> "Ils dirent à Moché : Parle-nous … que D. ne nous parle pas de peur que nous mourions.
Moché répondit au peuple : "Soyez sans crainte! c'est pour vous mettre à l'épreuve que Hachem est intervenu ; c'est pour que sa crainte vous soit toujours présente, afin que vous ne péchiez point." (Yitro 20,16-17)

Rabbi Mendel de Kotzk commente que Moché dit à la nation juive : "Vous ne devez pas avoir peur de la mort (pen namout). Votre peur principale doit être de ne faire aucune faute (lévilti té'hétaou).
[une faute = une forme de mort spirituelle]

"Tout le peuple vit les voix" (Yitro 20,15)

-> Hachem créa le monde par 10 Paroles Créatrices.
Ces Paroles sont constamment présentes dans le monde et ce sont elles qui le font exister sans cesse. Cependant, elles sont tellement cachées qu’on ne les perçoit pas, d'où le risque de ne pas savoir que c’est Hachem qui fait exister le monde. On peut en venir à imaginer, D. préserve, que le monde tient de lui-même.

Mais au moment du don de la Torah, "Tout le peuple vit les voix" = Ils virent clairement ces Paroles Divines qui font exister le monde en permanence. Ainsi, ils purent prendre conscience de façon tangible et claire que Seul Hachem est le Créateur qui maintient le monde et que sans l’existence qu’Il y insuffle, le monde ne peut pas tenir même ne serait-ce qu’un instant.

[Rabbi 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm]

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-> Le Kli Yakar enseigne :
"Il est probable que chaque parole qui sortait de la bouche d'Hachem se matérialisait immédiatement et avait une consistance, au point qu'on voyait dans l'air toutes les lettres qui volaient, comme si tout était écrit devant eux.
C'est pourquoi les Sages ont dit que lorsque Moché a brisé les Tables de la Loi (lou'hot), les lettres s'envolaient dans l'air."

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-> Le Ahavat Shalom (rabbi Ména'hem de Kossov) commente sur ce verset :
Lorsque les juifs se tenaient devant le mont Sinaï, leur nature physique se sépara d'eux et pour un bref instant, ils furent capables de voir, avec l’œil de l'esprit, les concepts et les idées que l'on peut comprendre normalement seulement après les avoir entendus.
Ils "virent les sons" signifie que leur esprit appréhendait la Torah directement, sans passer par le processus de l'écoute.

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-> "Or, tout le peuple vit les voix, les éclairs, le son du chofar et la montagne fumante, et le peuple, à cette vue, trembla et se tint à distance" (Yitro 20, 15)

Le Nétsiv (Haémek Davar) commente :
Au début il est écrit "tout le peuple vit", c’est-à-dire qu’ils ont mérité de voir une chose extrêmement élevée en sainteté, plus que ce qu’un ange peut voir et qu’aucun être humain ne mérite de percevoir.
Mais ensuite il est écrit "Le peuple à cette vue, trembla" = ils avaient vu quelque chose qui dépassait en réalité leurs capacités, comme un homme qui porte pendant un moment un fardeau bien trop lourd pour lui et qui ne peut donc plus se tenir immobile et doit s’agiter sans cesse. De même, ‘‘le poids’’ de sainteté était au-delà de la force des bnei Israël, ce qui les a fait trembler.