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"Des hommes de sainteté vous serez pour Moi, et la chair d'un animal déchiqueté dans le champ vous ne mangerez pas, au chiens vous la jetterez" (Michpatim 22,30)

-> Le midrach dit : "En ce qui concerne les chiens, si l'un d'eux se met à aboyer, tous ceux qui sont autour vont se réunir et aboyer sans raison".

Le Ktav Sofer enseigne que : Cela nous met en garde contre le yétser ara, et lorsque nous "aboyons" sur les autres pour rien.

Les professionnels du lachon ara sont comparables aux chiens.
En observant des gens se disputer, ils vont souvent rejoindre le "déballage", pas dans un but de calmer les esprits, mais au contraire de mettre de l'huile sur le feu.
C'est un trait canin, car comme la nature des chiens, dès que quelqu'un commence à aboyer du lachon ara, alors tous les autres le rejoignent et aboient avec lui du lachon ara, sans raison.

=> C'est pourquoi : Israël ne doit pas agir comme des chiens car "Des hommes de sainteté vous serez pour Moi!" (et non des chiens).

["la chair d'un animal déchiqueté dans le champ vous ne mangerez pas" = un juif ne doit pas déchiqueter autrui par ses paroles]

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-> Parce qu’il s’est abstenu d’aboyer en Egypte, promesse a été faite au chien qu’on lui jettera toujours les os.
Quant à l’âne qui, après la sortie d’Egypte, porta les enfants d’Israël dans le désert, il mérita qu’on accomplisse sur lui la mitsva du rachat du premier-né de l’ânesse.

=> Mais pourquoi le chien reçut-il une récompense matérielle, alors que l’âne en eut une spirituelle?

Le rav Zilberstein (Alénou léChabéa'h) explique que la différence entre ces deux animaux réside dans le fait que l’un ne fit que demeurer passif, tandis que l’autre agit positivement en faveur du peuple juif : le chien s’abstint d’aboyer, alors que l’âne porta nos ancêtres sur son dos, ce qui lui donna droit à une récompense bien supérieure.

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-> Selon le Maharal de Prague (Gour Aryé) :
Chaque être humain a été créé avec un potentiel afin qu'il s'élève spirituellement et qu'il reconnaisse l'unique dieu : Hachem.

En ce sens, un idolâtre n'atteindra jamais son potentiel spirituel.
Les animaux ne peuvent pas s'élever, ayant atteint leur plein potentiel dès leur naissance.

Lorsque Rachi (Michpatim 22,30) nous dit : "c'est pour t'enseigner que le chien est plus digne d'honneur que lui [un idolâtre]", c'est que le chien a déjà atteint son plein potentiel spirituel, tandis que l'idolâtre non.

[Concernant les juifs : "des hommes de sainteté vous serez pour Moi!" = nous devons sans cesse regarder vers le Haut, vers notre élévation spirituelle, et non vers le bas, en ayant le museau dans la matérialité (toujours recherchant de nouveaux plaisirs comme un nonosse), oubliant qu'un homme contrairement aux animaux doit évoluer spirituellement.]

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-> Selon le rabbi Yéhouda Tsadka, le verset : " la chair d'un animal déchiqueté dans le champ vous ne mangerez pas", fait référence au fait qu'un homme qui se trouve seul dans sa maison, dans son lieu familial, n'aura pas de difficulté à manger cachère puisqu'une telle nourriture s'y trouve en abondance.

Cependant, s'il se trouve "dans le champ" = en-dehors de son lieu habituel, il devra faire attention à ne pas se laisser aveugler par du non-cachère.

=> La Torah nous avertit que même si nous avons très faim, que nous sommes angoissés (pas chez nous), il faut tout faire pour préserver la sainteté de la nourriture, et ne pas toucher à "la chair d'un animal déchiqueté dans le champ" (le non-cachère).

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-> "Vous serez des hommes saints devant moi" (Michpatim 22,30)

Rabbi Mendel de Kotzk explique ainsi ce verset :
"Hachem demande aux hommes de sanctifier leurs actions humaines : voilà en vérité la sainteté qu'il veut. Il ne veut pas que nous soyons de anges : il en a suffisamment au ciel!"

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-> "Quel que soit l’objet du délit, bœuf, âne" (Michpatim 22,8)

L’auteur de l’ouvrage Kaf Hacohen explique allusivement ce verset, en s’appuyant sur la michna (Pirké Avot 1,17) : "Quiconque abonde en paroles provoque la faute".
Ainsi, le terme davar de notre verset : "quel que soit l’objet (davar)", peut être rapproché du terme dibour (parole), un excès de paroles conduisant au péché : "du délit".
Cependant, ceci ne s’applique qu’à un bœuf ou un âne, c’est-à-dire aux nations du monde, comparées à ces animaux. Par contre, les propos, même profanes, des érudits méritent d’être approfondis.

"Celui qui n'a pas prémédité le meurtre et dont D. a dirigé la main (ira en ville de refuge)" (Michpatim 21,13)

-> Rav 'Hama ben 'Hanina a abordé le sujet (de l'assassin volontaire qui doit s'exiler) avec le verset : "Hachem est bon et droit, c'est pourquoi Il guide les pécheurs sur le chemin" (Téhilim 25,8) = si D. guide même les pécheurs, Il guide les Justes (tsadikim) à plus forte raison.

Rabi Chim'on ben Lakich a abordé ce même sujet avec ce verset (Michpatim 21,13) : "Celui qui n'a pas prémédité le meurtre et dont D. a dirigé la main (ira en ville de refuge)". Ce verset doit être compris selon ce proverbe ancien (Chmouel I 24,14) : "C'est des méchants que vient le mal". De quoi parle ce texte ?
De deux hommes qui ont commis un homicide; l'un a tué involontairement et l'autre délibérément sans témoins. Hachem provoque alors leur rencontre dans la même auberge. Celui qui avait commis l'homicide volontairement s'assied sous l'échelle (de l'auberge) ; celui qui avait commis l'homicide involontairement descend cette échelle, tombe sur le premier et le tue.
Ainsi, celui qui avait tué volontairement a trouvé la mort (qu'il méritait) et celui qui avait tué involontairement part en exil ...

Rav Houna dit au nom de Rabbi Elazar : "Dans la voie qu'un homme veut suivre, le Ciel l'y conduit".
[guémara Makot 10b]

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=> Comment comprendre le verset : "Il guide le pécheur" et le raisonnement a fortiori de Rav 'Hama sur les tsadikim ?

-> Selon le Maharcha :
Rav 'Hama a prononcé ce verset (25,8) de Téhiim : "Hachem est bon
et droit ; ainsi, Il guide le pécheur" où les pécheurs ('hataïm) désignent les meurtriers qui ont tué involontairement, par accident, en à qui Hachem, dans Sa bonté, a préparé pour eux des villes de refuge (aré miklat) dans lesquelles ils pourront se réfugier et se protéger du vengeur de sang.
De plus, ce verset : "Tu prépareras la route. afin que tout meurtrier puisse s'y réfugier" (Choftim 19,3) est expliqué ainsi par Rabi Eli'ézer ben Ya'aqov (guémara Makot 10b) : Le mot "miklat" (refuge) était écrit à tous les carrefours, afin que le meurtrier involontaire connaisse la route à prendre et puisse se diriger le plus rapidement possible vers la ville de refuge la plus proche.

Pourquoi le meurtrier involontaire est-il qualifié de pécheur?
C'est parce qu'il n'y a pas de hasard; c'est Hachem qui a amené la victime sous la main du meurtrier, d'après le verset ("D. seul ait conduit sa main" - Michpatim 21,13).
Or un meurtre involontaire ne peut se produire que par un "tueur" qui a commis des fautes précédemment ; c'est pourquoi il est désigné pécheur.
Rav Hama ben 'Hanina a donc fait ce kal va'homer (raisonnement a fortiori) : si D. guide le pécheur en préparant à l'avance son itinéraire, afin de le sauver d'un vengeur de sang, à plus forte raison D. guide les tsadikim (Justes) pour les écarter des mauvaises choses.

-> Selon le Iyoun Yaakov :
Hachem guide les pécheurs vers les villes-refuge pour les sauver de la mort par un vengeur de sang ; a fortiori Hachem guide les tsadikim et leur montre la route à emprunter pour les épargner du yétser ara d'autant plus que plus un homme est grand sur le plan spirituel, plus son yétser ara est grand et désire le "tuer spirituellement, si ce n'est qu'Hachem aide les tsadiquim.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Le kal va'homer peut être compris ainsi : Si D. protège même les pécheurs en les guidant pour les sauver de la mort, a fortiori Il guidera le chemin des tsadikim vers l'étude de la Torah qui constitue leur miklat (refuge) en plaçant dans leur cœur la volonté d'étudier la Tora avec assiduité.
C'est pourquoi, ce verset dit : "Une grande paix attend ceux qui aiment la Torah. Pour eux, point d'obstacle" (Téhilim119,165), car la Torah devient la "ville-refuge" de ceux qui l'aiment et retire les obstacles de la vie.

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=> Comment le principe énoncé par Rav Houna : "Le Ciel conduit un homme là où il veut aller" peut-il être lu?

-> Le Maharcha commente :
Il aurait été plus normal que Rav Houna affirme : "Sur le chemin qu'un homme veut prendre, Hachem l'y conduit!" avec le singulier "moli'h oto", puisque c'est Hachem (ou le Ciel) qui conduit cet homme sur le chemin qu'il désire. Pourquoi alors Rav Houna a-t-il utilisé le pluriel : "moli'hin oto" (ils l'y conduisent)?

Rav Houna a voulu faire allusion au fait qu'une bonne pensée ou une bonne parole ou une bonne action, crée un Ange (mala'h) du côté du bien, et inversement, une mauvaise pensée, une mauvaise parole ou une mauvaise action crée un Ange du côté du mal.
Ainsi, après que l'homme, doté d'un libre-arbitre, ait choisi le bien ou le mal, Hachem donne ordre à ces Anges, créés par cet homme, de le conduire dans le chemin qu'il a choisi. C'est pourquoi, il est écrit : ils l'y conduisent (moli'hin oto) au pluriel.

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-> "Un homme qui aurait tué sans pourchasser la victime ..., Je placerai pour toi un endroit où il fuira là-bas" (Michpatim 21,13)

-> Ce verset présente une anomalie. En effet, il commence à la 3ème personne : "un homme qui aurait tué", pour poursuivre à la 2e personne : "Je placerai pour toi", pour ensuite repasser à la 3ème personne : "où il fuira".
En fait, ce verset rapporte que quand un homme tue involontairement, il devait fuir vers une "ville refuge" pour se protéger du vengeur du sang de la victime. Or, Moché lui aussi a commis un meurtre en tuant l'Egyptien qui était en train de frapper l'Hébreu. Malgré de bonnes raisons qui justifiaient son acte, compte tenu de son niveau de Sainteté, Hachem le lui considéra néanmoins comme un meurtre involontaire.
Vers la fin de sa vie, Hachem lui rapporta qu'il fallait réserver 3 "villes refuge" à l'ouest du Jourdain. Avant l'entrée en Terre Sainte, ces villes ne pouvaient pas encore servir de refuge. Elles seraient d'aucune utilité.
Malgré tout, Moché s'exécuta et s'empressa de réserver ces 3 villes à l'ouest du Jourdain. Il comprit qu'Hachem voulait par cela lui donner l'occasion d'effacer complètement toute trace de son meurtre.

Cela est tout en allusion ici. Bien que le verset soit exprimé à la 3e personne pour parler d'un homme qui tuerait involontairement, Hachem fait allusion à Moché et lui prépare une réparation du meurtre de l'égyptien, par la mitsva de réserver ces « villes refuge ». Aussi, Il lui dit : « Je placera pour toi (Moché) un endroit où il fuira là-bas (שמה)", qui a les mêmes lettres que משה (Moché). Je prévois pour toi, Moché, une réparation lorsque tu prépareras les "villes refuges" vers lesquelles le meurtrier pourra se mettre à l'abri.
[Chaar Hapsoukim]

Ne pas parler défavorablement d’un juif

+ Ne pas parler défavorablement d'un juif :

"N'associe pas ta main avec le racha pour être un témoin à l'iniquité (éd 'hamas)" (Michpatim 23,1)

-> Vous ne devez jamais dire du mal d'un juif, à D. ne plaise, car vous devrez alors servir de "témoin à l'iniquité ".
Lorsque le mauvais penchant accuse quelqu'un, il nous appelle à témoigner de ses paroles.
Si nous devons parler de manière désobligeante d'un mauvais trait de caractère ou d'une mauvaise personne, nous devons indiquer clairement que nous ne faisons pas référence à une personne en particulier, mais uniquement au mauvais trait de caractère lui-même.
[Richpé Aich - Michpatim 44 - (au nom du Baal Chem Tov)]

-> Rabbi Moché de Peshavorsk explique que lorsque le mauvais penchant s'élève pour accuser un juif, ses paroles ne sont pas écoutées, car il n'est qu'une seule voix, et la Torah dit : "par deux témoins ... l'affaire sera établie" (Deutéronome 19:15).
Il attend donc qu'un autre individu parle lui aussi en mal de cette personne. Ensuite, il se joint à lui pour témoigner et accuser.
[Hakdamot Likouté Torah v'Shas]

"[Pendant] 6 années il travaillera, et la 7e, il sortira libre" (Michpatim 21,2)

-> Le Rabbi de Loubavitch commente :
- "6 années" : cela symbolise les 6000 années d'existence de ce monde ;
- "il travaillera" : c'est une allusion à notre mission d'étudier la Torah et de réaliser les mitsvot ;
- "et la 7e" : en référence au 7e millénaire ;
- "il sortira libre" : machia'h viendra et délivra les juifs.

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[il en est de même avec Shabbath : pendant 6 jours nous travaillons, mais à Shabbath (7e jour) nous devons considérer tout notre travail comme terminé : nous sommes alors totalement libres pour nous unir à Hachem!]

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-> "Si tu achètes un esclave hébreu, il restera 6 années esclave et à la 7e il sera remis en liberté sans rançon" (Michpatim 21,2)

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Ce v verset vient nous enseigner une chose sur le baal Téchouva, le fauteur qui a abandonné la faute et est revenu vers son Créateur.
Tout d’abord, le fauteur est appelé esclave, car il se fait l’esclave du Yétser Hara’ (le mauvais penchant), ensuite, celui qui vient le sauver du mal et le rapprocher d’Hachem le "rachète", il l’acquiert réellement. Seulement pour être quitte envers Hachem il ne suffit pas d’abandonner la faute, il y a un prix à payer. Pour s’en acquitter il faut travailler 6 ans, "chéch chanim" en hébreu (שֵׁשׁ שָׁנִים), lis le "chéch chnaïm", le double six.
Ce sont les 2 verset de "Shéma Israel" et de "Barou'h Chem" = c’est-à-dire que le baal Téchouva doit redoubler d’efforts pour prendre sur lui le joug divin grâce à ces 2 versets de 6 mots qui sont reconnus pour repousser les forces du mal auxquelles il a déjà été assujetti.

"Puis la septième année il sortira" = c’est l’étude de la Torah, comme il est dit : "La Sagesse s’est bâti une maison, elle en a sculpté les 7 colonnes" (Michlé 9,1).
Les 7 colonnes sont les 7 livres de la Torah (les cinq qu’on connait, plus dans le livre de Bamidbar, la Paracha de Vayéhi Binsoa, qui compte pour un livre à part ainsi que la fin du livre qui devient aussi un livre à part entière).
Grâce à l’étude de la Torah, le baal Téchouva finira de s’acquitter de sa dette due aux fautes passées et : "il sera remis en liberté sans rançon" = il n’aura pas à payer pour ses fautes avec des souffrances et des punitions.

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+ "Si tu achètes un serviteur juif, [pendant] 6 années il travaillera, et la 7e, il sortira libre" (2e verset de Michpatim)

Pourquoi le 1er sujet qui suit le don de la Torah (dans la paracha Yitro), c’est le sujet de l’esclave juif?

Après l’élévation spirituelle énorme qu’ont vécu les juifs lors du don de la Torah, ils risquaient de prendre confiance en eux-mêmes, pensant qu’ils ne descendraient plus et qu’ils resteraient à présent toujours élevés.
C’est ce sentiment de certitude que la Torah veut éradiquer.

L’homme doit toujours rester vigilant et il ne doit jamais avoir la certitude d’être protégé spirituellement.
C’est pour cela que la Torah fait suivre le don de la Torah par le sujet de l’esclave juif. Même un homme qui a acquis un esclave et qui est Maître sur lui, qui risquerait donc de s’imaginer qu’il le domine et que cet esclave est sa propriété. C’est là qu'elle vient lui dire : "6 ans, il travaillera et la 7e, il sera libéré".

Même le Maître ne doit pas sentir que l’esclave est à lui et est sa propriété, car la 7e année il s’en séparera et son état de Maître prendra fin.
=> Ainsi, l’homme ne doit jamais être sûr de maîtriser une quelconque situation. Même après l’élévation qui a suivi le don de la Thora, l’homme doit continuer à rester vigilent et ne doit pas sentir qu’il a acquis son élévation pour toujours. L’homme n’est définitivement Maître de rien.
[Rabbi Dovid Povarsky]

[même si l'on possède toutes les richesses matérielles de ce monde, qu'on est la personne la plus importante de l'univers, un jour où l'autre, nous devrons partir libre/vide de cela, n'y retrouvant alors que les récompenses générées par nos actions]

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-> Le Ramban explique que la libération des serviteurs au bout de 6 ans vient rappeler la libération des juifs de l'esclavage en Egypte.

[Nous ne devons pas suivre l'exemple des égyptiens qui nous ont asservi très durement, mais nous devons suivre l'esprit de la Torah.
(mon esclave n'est pas là pour me donner de l'importance, pour me permettre de décharger mon stress/colère, ...).
De plus, la remise en liberté des esclaves nous fait acquérir un respect plus grand de la personne et des biens d'autrui en nous faisant comprendre que notre liberté et le droit de propriété que nous possédons sont des cadeaux de D. et nous appartiennent uniquement parce que D. nous a sortis d'un esclavage sans espoir.]

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-> L'une des causes de l'asservissement des juifs en Egypte était la vente de Yossef comme esclave.
Les juifs furent "vendus" par Hachem aux égyptiens comme un voleur est vendu comme esclave à cause de son vol.
Cependant, de même que Hachem nous affranchis de l'esclavage de l'Egypte, nous devons libérer l'esclavage vendu pour vol.

Le Shabbath nous enseigne qu'un 7e de notre temps doit être réservé au repos.
Ainsi, lorsqu'un homme est vendu comme esclave, il travaille pendant 6 ans et retrouve la liberté et le repos la 7e année.
[Méam Loez - Michpatim 21,2]

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-> "[Pendant] 6 années il travaillera"

Le rav David Pinto commente :
Un serviteur de Hachem est semblable à un maître qui gouverne ses instincts, et il faut acquérir un homme comme on acquiert un bien, ainsi que le disent les Sages (Pirké Avot 1,6) : "Fais-toi un Rav et acquiers un ami".
L’ami sera comme une acquisition et un bien personnel qui lui restera attaché tout le reste de sa vie, et non pas qui parfois l’aime et parfois ne l’aime pas.
C’est cela "il travaillera pendant 6 ans (chech chanim)", chech (six) a la même valeur numérique que kécher (lien).

C’est aussi une allusion aux six dizaines d’années que vit l’homme jusqu’à ce que vienne le moment de sa délivrance et qu’il s’en aille libre des mitsvot au jour de sa mort ...

C’est seulement grâce aux amis qu’on peut s’élever et progresser dans le service de Hachem et la crainte du Ciel, de même qu’en aidant le prochain on peut acquérir beaucoup d’autres acquisitions spirituelles.
Et c’est l’une des choses par lesquelles la Torah s’acquiert, "la proximité des amis".
De même que le don de la Torah s’est passé dans l’unité, avec un seul cœur comme un seul homme, son ami le rattache à Hachem. Ainsi en est-il tous les jours de la vie de l’homme.
C’est pourquoi l’essentiel est la proximité des amis. Grâce à l’ami on peut davantage s’élever dans le service de Hachem, car il nous aide (guémara Pessa’him 88a). Et quand l’homme a un lien avec son ami, celui-ci l’aide à se relier à Hachem et à se rapprocher de Lui.

[Pour acquérir un vrai ami, les Pirké Avot emploie le mot "koné" (achète). En un sens il est si indispensable d'avoir de vrais bons amis que nous devrions être prêts jusqu'à les payer pour cela!]

"Monte vers Moi sur la montagne, et sois là-bas" (Michpatim 24,12)

Si nous montons sur la montagne, c'est que forcément nous serons là-bas! Pourquoi donc le préciser ?

Parfois quelqu’un se rapproche d’Hachem, mais n’arrive pas à rester dans cette situation, et il lui arrive de tomber et de se détacher de D.

- "Monte vers Moi sur la montagne" = il faut persévérer à monter vers Hachem, à s'élever et se rapprocher de Lui ;
- "Et sois là-bas" = et il faut tout faire pour rester dans cette proximité avec Hachem.

[Gaon de Vilna]

"De la parole mensongère tu t’éloigneras" (Michpatim 23,7)

La Torah vient faire allusion que le fait de dire du mensonge, cela éloigne beaucoup d’Hachem, qui est D. de Vérité.

On peut comprendre ainsi le verset :
- "(Du fait) de la parole mensongère" = à cause du mensonge ;
- "tu t’éloigneras" = tu t’éloigneras d’Hachem, et même toutes les bonnes actions ne permettrons pas de se rapprocher de nouveau de Lui.

[Rabbi Zoucha d’Anipoli]

=> La vérité est à la base de tout juif, et de bonnes actions ne peuvent nous en dispenser.

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-> "D'une parole mensongère tu t'éloigneras" (Michpatim 23,7)

-> Le sens simple de ce verset est de s'éloigner du mensonge et de ne pas en prononcer. Mais on peut expliquer ce verset d'une autre façon. En effet, parfois, on est confronté à se trouver en présence de quelqu'un qui prononce des mensonges, et on n'arrive pas à l'en empêcher et à l'arrêter.
Alors, ce qu'il faut faire c'est de s'éloigner de lui et de ne pas rester dans sa proximité à entendre ses propos mensongers.
Cela est en allusion dans ce verset : "D'une parole mensongère tu t'éloigneras" = Ne reste pas en présence de quelqu'un qui déblatère des mensonges. Éloigne-toi de lui et de ses paroles.
[Emet véShalom]

Un serviteur juif doit être libéré par son maître au bout de 6 ans. S'il refuse d'être affranchi et désire demeurer chez son maître, ce dernier l'amènera au tribunal : "Et son maître lui percera l'oreille (droite) avec un poinçon et il le servira pour toujours" (Michpatim 21,6)

-> A propos de ce verset, Rabbi Yo'hanan ben Zakaï dit :
"Pourquoi est-ce l'oreille (qui est percée) plutôt que tout autre membre du corps?

C'est parce que D. dit : Cette oreille a entendu au mont Sinaï : "C'est à moi que les enfants d'Israël appartiennent comme serviteurs" (Béhar 25,55).
Or, cet homme a décidé de se donner un (autre) maître ; qu'on lui perce l'oreille!"
[guémara Kidouchin 22b]

Mais ce serviteur, dont on a percé l'oreille, n'était pas encore né au moment du mont Sinaï, son oreille physique n'a donc jamais réellement entendu le message de D.
=> Comment Rabbi Yo'hanan ben Zakaï a-t-il pu alors dire que "cette oreille a entendu au mont Sinaï" et doit être percée?

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 39) répond que le pouvoir d'un organe qui a intégré un message spirituelle ne s'arrête pas lorsque l'homme disparaît, car tout ce qui est spirituel n'est pas limité à la vie du corps, mais passe de père en fils à toutes les générations.

Ainsi, le message divin enregistré par les oreilles de la génération du désert a été transmis de père en fils jusqu'à ce serviteur, dont l'oreille a conservé son pouvoir influençant.
C'est comme si lui-même l'avait entendu de sa propre oreille au mont Sinaï.

=> Combien devons-nous faire attention à notre spiritualité, car c'est un patrimoine que nous léguons à chacun de nos descendants.

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-> En réalité, ce voleur devrait être puni sur tout son corps, mais Hachem a pitié de lui et ne le punit qu'à l'oreille.
Un raison en est que l'oreille est aussi importante que le corps tout entier.
Si un homme rend un autre aveugle ou lui coupe une main, il ne paie que le dommage causé au membre estropié.
Par contre, s'il lui mutile l'oreille et le rend sourd, il doit payer le prix de tout son corps.
[Kli Yakar - citant rabbénou Yona]

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"Son maître lui percera l’oreille" (Michpatim 21, 6)

-> Rachi explique que quand un homme se vend en esclave du fait de sa pauvreté, s’il souhaite rester esclave après 6 années de travail, on doit lui percer l’oreille, comme pour lui dire : "L’oreille qui a entendu au mont Sinaï : "Les enfants d’Israël seront Mes serviteurs", et malgré tout il est allé acquérir un autre maître, qu’elle soit percée".

Si cet homme était tellement pauvre qu’il n’a pas trouvé d’autre issue que de se vendre en esclave, comment peut-on lui en vouloir ? Qu’aurait-il pu faire d’autre ?

Le 'Hidouché haRim apporte la réponse suivante.
Un homme qui reçoit sur lui le joug de la Royauté Divine et se considère pleinement comme serviteur d’Hachem, entraîne qu'en tant que Maître, Hachem devra lui combler tous ses besoins et cet homme ne pourra pas être pauvre.

S’il est devenu indigent, c’est qu’il ne s’est pas suffisamment soumis à la Royauté d’Hachem. Telle était sa faute.

C’est à cela que fait allusion Rachi en disant qu’il a entendu : "Les enfants d’Israël seront Mes serviteurs", et il n’a pas assez réalisé cet ordre.
C’est pourquoi, il a eu besoin d’acquérir un autre maître, car s’il avait vraiment reçu l’autorité Divine, il est sûr qu’il n’aurait pas été dans cette situation.

=> Nous devons faire de Hachem notre maître, afin qu'Il nous comble du meilleur.
[Quel maître autre que Lui, peut absolument tout nous octroyer! Il n'y a pas de meilleure adresse que celle du Créateur!!]

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"Son maître lui percera l’oreille" (Michpatim 21, 6)

-> Cette oreille a entendu au mont Sinaï : "C'est à moi que les enfants d'Israël appartiennent comme serviteurs" (Béhar 25,55).
Or, cet homme a décidé de se donner un (autre) maître ; qu'on lui perce l'oreille!"
[guémara Kidouchin 22b]

-> "Et voici les lois (michpatim) que tu placeras devant eux" (Michpatim 21,1)
Rabbi Bounim de Péchis’ha dit que les lois de la Torah doivent être placer avant même sa propre personne. En effet, la Torah et ses mitsvot précèdent l’homme, elles sont la raison d’être même de chacune de nos forces et de nos membres. Chaque membre n’a été créé que pour accomplir avec lui les mitsvot.
Cela rejoint l’enseignement de nos Sages selon lequel les 248 membres correspondent au 248 mitsvot positives et les 365 nerfs correspondent aux 365 mitsvot négatives (les interdits). C’est bien que l’homme dans sa totalité n’a d’existence que pour réaliser les mitsvot.
"Voici les lois que tu placeras devant eux" = c’est à dire avant eux, avant leur propre être !

=> Le 'Hidouché haRim affirme que si l’oreille a entendu ("C'est à moi que les enfants d'Israël appartiennent comme serviteurs") et que la personne n’a pas tenu compte de ce qu’elle a entendu, cette oreille n’a plus de raison d’être.

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-> Le Imré Emet enseigne :
Si l’oreille a entendu des paroles de Torah mais que l’homme n’a pourtant pas enregistré ce qu’il a entendu, c’est nécessairement que cette oreille a absorbé beaucoup de railleries et d’obscénités, or "une seule goutte de
raillerie repousse beaucoup de paroles de Torah".
Par conséquent il faut percer le lobe de l’oreille, car il a été créé spécialement pour se protéger des railleries et des obscénités (en se bouchant les oreilles).
Comme cette oreille n’a pas utilisé son lobe dans ce but, il faut le percer.

-> Le Imrei Emet dit également qu'on lui perce l'oreille car elle a entendu au mont Sinaï uniquement avec son oreille et non avec son cœur.
Telle est la conséquence de faire les mitsvot avec les membres extérieurs et non avec le cœur.

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-> "J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas être affranchi" (Michpatim 21,5)

Sur le mode allusif, le verset parle d’un fidèle serviteur du Créateur qui déclare haut et fort :
- "J’aime mon maître" = Hachem ;
- "ma femme" = la Torah ;
- "et mes enfants" = les mitsvot et les bonnes actions.
Par conséquent, "je ne veux pas être affranchi" = je désire rester attaché à mon Maître et ne voudrais jamais me séparer de Lui.
Seul celui qui se comporte ainsi méritera de se voir attribuer le titre honorifique de "serviteur poinçonné par son maître" auquel Hachem promet qu’"il Le servira à jamais". En effet, de même que cet homme aura eu le mérite de Le servir dans ce monde, il aura le mérite de Le servir également dans le suivant.

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-> "J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas être affranchi" (Michpatim 21,5)

Rachi commente : Ma femme = la servante.

Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
Tout ce qui a été créé sur terre, ne l'a été que pour servir l'homme à accomplir son service Divin. C'est une grande sottise d'inverser cet ordre, à savoir que l'homme serve les autres créations ...

"La servante" : le rôle de la servante est de servir les membres du foyer, ses maîtres ...
La servante n'est pas un but en soi, il est interdit de s'attacher à elle, car sa fonction est de nous servir, pas que nous soyons ses serviteurs.

"La servante" représente les désirs de ce monde, la part matérielle dans la vie de l'homme.
La Torah vient nous enseigner : soyez Mes serviteurs, pas ceux du matériel. Les désirs, lorsqu'ils sont accomplis de façon permise ont une quelconque valeur. En revanche, il ne faut pas en faire un défi, le but et la finalité de la vie.
Tout est bon, tout est important, la maison, les meubles, mais tout n'est simplement "qu'une servante".
Tout n'a été créé que pour nous aider dans notre service Divin, et non pas pour servir nos désirs, qui nous dominent jour et nuit.

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Pourquoi la Torah nous demande de percer l'oreille que pour la transgression d'une seule mitsva : prendre un autre Maître que Hachem?

-> Le Maharcha cite les Tossefot qui rapportent un Midrach, qui dit que le terme : "un poinçon" (martséa - מרצע - v.21,6), qui est l’appareil avec lequel on perce l’oreille de l’esclave, a une guématria de : 400.
Cela fait allusion à l’exil d’Egypte qui a duré 400 ans, comme cela est indiqué dans l’alliance entre les morceaux, la brit ben habétarim (les 400 ans commencent dès la naissance d’Its'hak - cf.Lé'h Lé'ha 15,13).
Après ces 400 ans, Hachem a libéré Son Peuple de l’esclavage, mais cet homme est allé se prendre un autre Maître. C’est pourquoi, il sera poinçonné par un "martséa" (מרצע) ,dont la valeur numérique est de 400.

[De plus, D. eut pitié de Son peuple en le délivrant après 210 ans en Egypte (dont "seulement" 86 ans sous une véritable servitude), et l'esclave stupide refuse la liberté qu'on lui offre.
On lui perce l'oreille pour lui rappeler ces 400 années d'esclavage que Hachem, par infinie bonté, a réduit par 5 (à 86 ans!), et donc lui signifier à quel point il agit stupidement en refusant sa liberté d'être à 100% esclave d'un D. aussi plein de miséricorde, d'amour!]

-> Rabbi Israël Its'hak Yanovsky (Séfer Hamakné) enseigne que toutes les mitsvot dépendent du fait d’accepter tout d’abord la Royauté d’Hachem.
L’homme qui souhaite prendre sur lui le joug d’un autre Maître, montre par là qu’il ne reçoit pas totalement le joug de la Royauté Divine. Hachem n’est pas son Seul Maître, il porte sur lui le joug d’un autre. En conséquence de cela, la pratique de toutes les mitsvot se trouve alors affaiblie.
C’est pourquoi, c’est uniquement pour cette mitsva d’accepter d’être les serviteurs d’Hachem, que cet homme n’a pas respecté, qu’on lui perce l’oreille et non pour une autre loi. Car toutes les mitsvot dépendent de celle-là.

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) explique que l’oreille est le membre par lequel on parvient à la compréhension.
[Surtout à l'époque où il n'y avait pas de livres,] Ecouter, c’est comprendre. Celui qui parvient à comprendre les enseignements de Torah pourra, par cela, vaincre son yétser ara et s’en libérer.

L’oreille, membre de la compréhension, est donc par là l’organe de la liberté, et l’esclave qui ne souhaite pas être libéré, porte ainsi atteinte particulièrement à l’oreille, qui doit alors être percée.

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-> Le lieu de percement de l'oreille (ozen - אוזן) du serviteur juif (éved ivri), devant la porte (délet - דלת) ou le linteau (mézouza - מזוזה), a été choisi parce que les 3 lettres initiales : מ ד א des 3 mots respectifs (ozen, délet et mézouza) forment le mot : Adam (אדם) réservé à l'homme juif.
Il y a ici une allusion faite au serviteur juif, qui veut demeurer chez son maître, donc qui refuse d'être considéré comme un éved d'Hachem, qu'il va ainsi perdre le qualificatif noble de Adam (אדם).
[Ben Ich 'Haï - guémara Kidouchin 22a-b]

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-> Le percement de l'oreille a lieu contre la porte et son montant car Hachem dit :
"La porte et son montant étaient témoins lorsque Je suis passé en Egypte au-dessus du linteau et des 2 montants" (Chémot 12,7).
J'ai dit à ce moment là : "Pour Moi les enfants d'Israël sont esclaves" (Vayikra 25,55) = ce sont Mes esclaves et non les esclaves d'esclaves.
Alors que Je les ai libérés de l'asservissement, cet homme commet un acte qui le ramène à l'esclavage! Qu'il soit mutilé en présence de la porte et de son montant!"
["Pour Moi les enfants d'Israël sont esclaves" = Selon le Sifté Cohen, puisque nous sommes les serviteurs de Hachem, il nous est interdit de nous faire les serviteurs d'autrui.]

De plus, lorsqu'un homme n'accepte pas sa liberté, il démontre son ignorance. Il choisit de rester esclave et de se faire nourrir par autrui.
Il a l'impression que s'il est libre, les portes lui seront fermées lorsqu'il cherchera un gagne-pain. C'est là un signe de son manque de confiance en D.
S'il éprouvait une véritable foi en Hachem, il se rendrait compte que les portes de la miséricorde Divine sont toujours ouvertes et que D. peut donner à chacun tout ce dont il a besoin.

A la fin des 6 ans, les porte de la liberté sont ouvertes devant l'esclave. S'il ne veut pas être affranchi, il mérite de recevoir sa punition à la porte.
Qu'il se rende compte du mal qu'il est en train de faire et qu'il sache qu'il se ferme la porte de sa propre main.
Le maître lui perce l'oreille à côté de la mézouza pour rappeler une fois de plus à l'esclave sa médiocrité d'aimer la servante non-juive qui lui a été donnée comme épouse et les enfants qu'elle lui a enfantés.
[un esclave juif a droit de se marier à une servante non-juive, mais il doit la quitter lorsqu'il se sépare de son maître à l'issue des 6 années d'esclavage.]
Pour avoir permis à cet amour de l'empêcher de vivre une vie juive authentique, il est puni en présence de la mézouza où il est dit : "Tu aimeras Hachem ton D. de tout ton cœur, de toute ton âme et de tous tes moyens". (Dévarim 6,5).

Cet esclave commet une grave faute en laissant un autre amour prendre la place de son amour pour Hachem. Il témoigne d'un attachement plus grand envers son maître qui le nourrit, son épouse non-juive et ses enfants esclaves qu'envers D.
Pour eux, il est prêt à abandonner une judaïsme authentique, à rester esclave toute sa vie et à perdre une grande part de sa place au monde futur.
=> Ce percement de l'oreille est destiné à le faire émerger de son hébétude (qui rend stupide, par perte de toute lucidité) d'esclave. Il doit se détacher des plaisirs indolents de l'esclavage et à réapprendre à assumer les responsabilités d'un homme libre.
[Méam Loez - Michpatim 21,6]

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-> La paracha Michpatim commence par les lois du "éved ivri" (l'esclave juif).

Rabbi Leibele Eiger (Torat Emet) dit que cette mitsva est une mitsva de émouna, et elle correspond au 1er des 10 Commandements (ani Hachem Eloké'ha).
En effet, lorsque l'on sait que tout provient uniquement d'Hachem alors nous ne sommes esclaves que d'Hachem.

Il écrit : "Bien que littéralement les lois de l'éved ivri ne s'appliquent plus dans notre génération, néanmoins la Torah est éternelle ... et elle est applicable à toute époque.
L'essence de cette mitsva est qu'une personne doit se libérer de toutes sortes d'esclavages. On ne doit être esclave de rien d'autre que de Hachem.
Et si
[pendant la semaine] on oublie cela, que l'on devient esclave, alors on peut être libre le 7e jour [à Shabbath].

[on peut être esclave de très nombreuses façons : du regard d'autrui en voulant faire bonne impression, de notre travail en pensant que notre parnassa ne vient que grâce à nos efforts, de nos écrans, ...]

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-> La paracha Michpatim commence avec les lois du évéd ivi (esclave juif).
"Si tu achètes un esclave hébreu, il restera 6 années esclave et à la 7e il sera remis en liberté sans rançon" (v.21,2)
Rachi explique "Lorsque tu achèteras" = Du tribunal, qui l’aura vendu à cause d’un vol qu’il a commis, comme il est écrit : "S’il ne possède rien, il sera vendu pour son vol" (v.22, 2).

=> Le 'Hatam Sofer demande : pourquoi est-ce précisément cette mitsva qui suit les 10 Commandements?
En effet, à priori après l'énorme révélation au mont Sinaï, on s'attendrait à aborder des mitsvot comme celles du Shabbath, des téfilin, de la lecture du Shéma, ...
Pourquoi la Torah commence-t-elle par les lois liées au vol?

Le 'Hatam Sofer répond par une analogie : le père d'un enfant fortement malade pense constamment à cet enfant, même bien davantage que ses autres enfants (chez qui tout va bien).
Hachem est notre Père, et Il est immensément concerné par cet enfant qui a écouté son yétser ara et qui a volé (il est alors très malade spirituellement suite à cette faute!).
C'est comme si Hachem disait : "J'ai besoin de m'occuper de lui en premier. Il a besoin de mon aide."

=> C'est pourquoi, immédiatement après le don de la Torah, la Torah discute du voleur juif, et de ce qui peut être fait pour l'aider à se repentir et devenir une bonne personne.

[on apprend de là une leçon fondamentale : aucun juif n'est oublié par Hachem.
On peut se dire que puisque je suis tombé bas alors Hachem s'est éloigné de moi. Mais non, après le don de la Torah, Hachem n'a pas oublié le juif qui s'est perdu à voler et qui avait besoin d'aide pour revenir sur le bon chemin.

La guémara (Sanhédrin 44) affirme : "Même quand quelqu'un faute, il reste un juif".
Rachi commente : "Même lorsque les juifs fautent, leur saint nom (Israël) reste sur eux".
Quoiqu'on ait pu faire, on ne perdra jamais le titre de juif, de fils adoré d'Hachem, et nous aurons de façon inchangée une partie Divine pure en nous (l'âme). Ainsi, Hachem nous aimera toujours infiniment!]

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-> Lorsque Adam a mangé du fruit de l'Arbre de la Connaissance : Hachem appela Adam, et lui dit : "Où es-tu (ayéka)?" (Béréchit 3,9).

En apparence, ces mots semblent être une remontrance : "Tu étais au plus haut niveau avant que tu ne fautes, qu'est-ce qui t'es arrivé? Comment as-tu pu chuter si bas?
Mais en réalité, c'est également des mots d'encouragement, car Hachem appelait Adam vers Lui, en lui exprimant qu'Il avait envie de Lui.
Même à ce moment, Hachem ne l'a pas abandonné.

[c'est comme si Hachem lui disait que certes sa faute a créé une distanciation, mais ta présence proche de Moi me manque. Fais téchouva et reviens au plus vite à mes côtés car Je t'aime infiniment et Il m'est dur de me séparer de toi.
=> Ce message s'applique d'une façon égale à tout juif.
(il peut être mis en parallèle avec l'idée du évéd ivri)]

"Ne réponds pas à une querelle" (Michpatim 23,2)

-> "Faute de bois le feu s'éteint" [Michlé 26,20]

-> "Ces hommes qui sont offensés mais qui n'offensent pas, qui reçoivent des affronts mais qui n'y répondent pas, qui agissent par amour pur et qui se réjouissent de leurs épreuves, le verset dit à leur sujet : "Tes biens-aimés rayonneront comme le soleil dans sa gloire". "
[guémara Guittin 36]

-> "Si on te dit des choses méchantes, n'y réponds pas, et que l'homme important soit à tes yeux comme le plus insignifiant. [pourquoi lui répondre si c'est un moins que rien!]

Mais si tu as dit toi-même des choses méchantes à autrui, que l'homme insignifiant soit alors à tes yeux comme l'homme le plus important, jusqu'à ce que tu ailles t'excuser. " [si tu avais insulter un roi influent, tu te dépêcherais de t'excuser!]

[traité Dérekh Erets Zouta]

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-> "Une querelle est comme une fuite d'eau ; une fois qu'elle a jailli, elle ne s'arrêtera plus".
[rav Houna - guémara Sanhédrin 7a]

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-> Le Tiféret Israël (Pirké Avot 4,1) enseigne :
"Lorsque ton rival se dressera sur ton chemin lançant ses flèches de toutes parts, garde le silence, ne lui cherche pas querelle et ne lui réponds pas! Ne laisse même pas la colère s'infiltrer dans ton cœur, afin que son sombre nuage n'obscurcisse pas tes pensées.

Ecoute alors attentivement chacune de ses paroles.
Certes, il en viendra certainement à t'accuser de choses dont tu es innocent, mais si tu as du cœur, tu découvriras également dans ses propos des éléments dont tu auras conscience, en ton for intérieur, qu'ils sont véridiques.
Et même s'il décuple tes défauts comme le ferait une loupe, tu pourras néanmoins te réjouir qu'il te les ait révélés de la sorte, car ainsi tu pourras t'efforcer de les supprimer totalement."

-> Le 'Hovot haLévavot (Chaar haKénia - chap.4) dit de même :
"Lorsqu'on dit du mal de toi, soumets-toi à ton Créateur et rends-Lui grâce de t'avoir dévoilé une petite part de tes défauts, pour t'éprouver et t'amener à te repentir."

=> Face à une dispute, soit on est prêt à tout détruire tant que l'on n'a pas le dernier mot, soit on est prêt à écouter le message de vérité que D. nous envoie par l'intermédiaire d'autrui, et l'utiliser afin de construire.

"Il [Hachem] paiera les frais de guérison" (וְרַפֹּא יְרַפֵּא - Michpatim 21,19)

-> "Ceci nous enseigne que le médecin est autorisé à guérir" [guémara Baba Kama 85a]

Rachi de commenter : "Et on ne s'en tient pas au fait que c'est D. qui frappe, et c'est Lui qui guérit".

-> Rabbi Yichmael, dans le Traité Baba Kama (85a) explique l'expression "Vérapo Yérapé" (les frais de guérison) : "On apprend de cela qu'un médecin a le droit de soigner".
Cette explication est inédite, car on aurait pu dire qu'a priori, si Dieu l'avait frappé, c'était en quelque sorte un "règlement de comptes", qu'il méritait suite à un jugement divin. De quel droit, un homme viendrait-il interférer dans cette décision en apportant des soins ? Est-il concevable que Dieu frappe et qu'un homme vienne soigner?

La Torah nous dit que oui : il est permis de se faire soigner chez un médecin, même si c'est Dieu qui a envoyé la maladie, comme il est écrit "les frais de guérison".

-> Le commentaire des Tossafot soulève une difficulté :
Pour nous enseigner ceci, un seul mot aurait suffi, "Rapo". Pourquoi la Torah a-t-elle employé un langage redondant, "Vérapo Yérapé", littéralement "et guérir il guérira"?
L'explication, c'est que s'il y avait eu un seul mot, on aurait pu croire qu'il était permis de consulter un médecin uniquement dans le cas d'un coup reçu d'un autre homme, mais qu'en cas de maladie, venant du Ciel, il était interdit de consulter un médecin. Ceci serait une forme d'opposition à la décision du Roi : D. lui envoie une maladie, et lui s'adresse aux médecins afin d'en guérir?
La Torah nous dit "Vérapo Yérapé", il se soignera si c'est un coup reçu d'un autre homme, tout comme pour une maladie envoyée par le Ciel.

-> Le 'Hafets 'Haïm ajoute l'explication :
soyons attentifs au contexte dans lequel parle la Torah. Dans le verset précédent (v.21,18), il est écrit : "Si 2 personnes se querellent et qu'elles se frappent l'une l'autre".
On parle ici de 2 hommes également fautifs, car il est interdit de frapper un Juif. Celui qui lève seulement sa main en menaçant de frapper son prochain est appelé "mauvais", à plus forte raison est-il interdit de frapper son prochain! Nous avons là deux hommes qui échangent des coups, l'un prend le dessus, donne des coups de poing, casse à l'autre des dents et lui cause des dommages, et c'est précisément dans ce contexte que nos Sages disent "Vérapo Yérapé", en associant ce coup donné par un autre homme à un coup venant du Ciel.
C'est incroyable! Un voyou frappe son prochain, et l'on considère que c'est D. qui l'a frappé!

-> Le rav Yaakov Israël Pozen ajoute :
Nous voilà face à un grand principe : on doit s'éduquer à prendre conscience que tout ce qui se passe dans le monde (les coups), les humiliations, les malheurs, les maladies, les dommages, même lorsque ce sont des hommes qui en sont la cause, tout ceci vient de D.
Cependant, un événement positif est véhiculé par une personne méritante, et un événement négatif par une personne coupable. Le fameux coup de poing aurait dû être administré directement par D., mais celui qui a été choisi pour ce faire était un intermédiaire fautif. Il y a, en effet, un principe selon lequel un homme coupable est choisi pour accomplir de mauvaises choses, et un homme méritant pour en accomplir de bonnes.

Le 'Hafets 'Haïm prend comme exemple le roi David. Quand il fuyait devant Absalon, Chimi Ben Guéra le maudit. Les serviteurs du roi voulurent le saisir pour l'exécuter, mais David leur dit : "Ne le touchez pas, c'est D. qui lui a dit de me maudire. Il ne peut me frapper, me maudire, ni me jeter des pierres ainsi, que si D. lui a dit de le faire" (Chmouël II 16,10).
[David avait la conviction totale que tout événement douloureux survenant sur son chemin est, à l'origine, décrété par le Ciel. ]
Rien ne peut se produire dans le monde qui n'ait été dirigé par D.

[On a tendance à se focaliser sur l'émissaire du "coup", plutôt que d'avoir à l'esprit que cela provient de D., comme une "tape" pour que l'on change notre comportement.
C'est comme s'énerver contre un bâton qui nous frappe en place de celui qui le tien, ou bien c'est comme s'attarder sur le doigt qui est tendu, plutôt que de se focaliser sur ce qu'il est en train de montrer.]

-> Ainsi :
Une personne que son prochain a fait souffrir ressent naturellement de la rancœur à son égard. Ce sentiment peut parfois évoluer vers une véritable haine, et dans la plupart des cas, on ressent de la colère et de l'animosité à l'encontre de celui qui est la cause directe de notre malheur ou de notre souffrance.
Ces sentiments n'ont pas leur place dans le cœur d'un juif ayant confiance en D., car il sait que tout ce qui lui arrive vient de D.
[...]
Le 2e Temple a été détruit, comme on le sait, à cause de la haine gratuite. Le Gaon de Vilna explique ce qu'on entend par "haine gratuite" = "Si quelqu'un nous cause une peine, une souffrance, sans qu'on ne lui ait rien fait, nous le détestons. Mais alors D. nous dit : "Sachez que celui qui vous pourchasse et vous oppresse, ce n'est pas votre voisin, mais c'est bien Moi. Ainsi, cette haine que vous éprouvez envers lui est gratuite. Si celui-ci ne vous avait pas causé d'ennuis, c'est un autre qui s'en serait chargé. C'est donc pour rien que vous le haïssez."

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-> Le 'Hafets 'Haïm ajoute qu'il ne fait aucun doute que Hachem, en tant que Père bienveillant, n'agit que pour le bien de Son peuple, et suscite des épreuves pour expier leurs fautes.
Par conséquent, la plus sage réaction aux affronts consiste à ne pas leur répondre, et au contraire, à remercier D. de nous avoir permis d'expier une part de nos fautes.

-> A ce sujet, nos Sages disent : "Les hommes qui sont offensés et qui n'offensent pas en retour ... le verset dit à leur égard : "Tes bien-aimés rayonneront comme le soleil dans sa gloire" (Choftim 5,31)." (guémara Guitin 36b).

-> Le Gaon de Vilna disait : "Sil n'y avait pas les épreuves de la vie, jamais nous ne pourrions résister au Jugement dernier".

-> Le 'Hafets 'Haïm expliquait que pour une personne qui a confiance en Hachem, les difficultés de la vie sont comme entourées de "grâce", à l'image d'un médicament amer qui a une enveloppe très sucrée et agréable. On en vient même à les aimer, comme des bonbons!

AInsi, pour chaque épreuve, son goût dépend de la émouna de la personne.

-> Le Steïpler a écrit dans une lettre :
"Les épreuves de la vie représentent un bien inestimable et extrêmement élevé : notre monde futur en dépend, au point que selon nos Sages, s'il devait s'écouler 40 jours de notre vie sans la moindre épreuve, on aurait la certitude qu'on est déjà en train de jouir de sa part dans le monde futur.
[...]
Dans le Ciel, elles sont considérées comme un bien inestimable, bien qu'amères et extrêmement difficiles à supporter.

Néanmoins, cette amertume n'est ressentie qu'envers celles que nous vivons présentement.
En revanche, les épreuves passées, celles qu'on a déjà subies, ne recèlent que bienfaits et bénédictions, parce que le passé est déjà loin et révolu.
Il s'avère donc que toute personne malade accumule de grands mérites par le simple fait de ses épreuves."

[en regardant le passé : nos souffrances sont précieuses, ce sont des trésors de notre vie ; par contre en regardant le présent et le futur : nous ne voulons pas de souffrance, car nous ne pouvons être sûr de pouvoir y résister sans en être casser et tomber.]

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-> Un docteur pourrait hésiter à exercer pour des considérations religieuses.
Il pourrait penser que si D. a amené la maladie, alors comment un simple mortel pourrait-il s'arroger le droit de la guérir?
Cela pourrait même paraître s'opposer à la volonté de D.!

La Torah nous enseigne donc que ce souci n'est pas fondé. Un médecin à la responsabilité de faire tout son possible pour assurer la guérison complète du malade. Cela lui sera compté comme s'il avait offert la vie à son patient ...
Si un homme a les compétences et l'expérience nécessaires pour soigner un malade et s'en abstient, on le considère comme un criminel.
En effet, un patient n'est pas susceptible de réagir aux soins de n'importe quel n'importe quel médecin. Il est possible qu'un certain médecin soit efficace pour un malade et pas un autre.
[Méam Loez - Michpatim 21,18-19]

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"Il [Hachem] pourvoira à la guérison" (וְרַפֹּא יְרַפֵּא - Michpatim 21,19)

-> On peut remarquer que peu avant, nous avons pu lire dans la Torah un verset s'y rapprochant : "Je suis Hachem qui te guérit" (כִּי אֲנִי יְהוָה, רֹפְאֶךָ - Béchala'h 15,26).

Nous allons rapporter ci-après un dvar Torah du 'Hafets 'Haïm à ce sujet (Maasé léMélékh al haTorah - Yitro).

Voyez la différence entre la guérison amenée par un médecin et celle accordée par Hachem :

-> Pour D., il est écrit : "rofé'ha" (רֹפְאֶךָ) avec un "fé", qui est une lettre légère, car Il guérit en un clin d’œil, sans fatigue ni effort, ni médicaments puissants.
Il parle et nous sommes guéris.

-> Pour le médecin, en revanche, il est écrit : "vérapo yérappé" (וְרַפֹּא יְרַפֵּא), avec 2 "Pé", comportant chacun un daguéch fort, car il lui faut fournir des efforts, prescrire des médicaments, parfois même des opérations et tout cela peut prendre longtemps.

-> On vient de voir que la guérison qui vient de D. même, ne cause aucune douleur ou quelconque souffrance, contrairement à celle qui provient de l’homme.
Mais on peut ajouter :
- la guérison de D. déracine entièrement la maladie, comme si celle-ci n’était jamais apparue, tandis que la guérison du médecin humain fait disparaitre le mal en laissant toujours une trace, même infime, de la maladie [voir Likouté Thora 32] ;
- la guérison du Ciel extirpe le mal à sa racine spirituelle, conséquence de la faute ou du manquement dans le Service divin. Aussi, la guérison de D. nécessite au préalable la téchouva, conformément à l’enseignement de nos Sages (guémara Yoma 86a) : "Grande est la téchouva, car elle conduit à la guérison (de l’âme et du corps)".

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-> "Il [Hachem] pourvoira à la guérison" (וְרַפֹּא יְרַפֵּא – Michpatim 21,19)

Il est dit à propos des médecins rapo irapé, 2 fois, (il guérira certainement), et il est dit à propos de la guérison de Hachem : "Car Je suis Hachem Qui te guérit" (ani Hachem rof'ékha - Béchala'h 15, 26), une seule fois.

Ceci vient nous enseigner que chez les médecins, on a besoin d’au moins 2 visites, la première où l’on raconte ce qui ne va pas, et la deuxième au cours de laquelle le médecin doit guérir la maladie qui nous a amené, et aussi ce qu’il a abîmé la première fois.
Mais quand il s’agit d'Hachem, dès la première fois il envoie la guérison totale.

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-> Du point de vue de la halakha, personne de nos jours ne doit se fier à un miracle. Le patient, quel qui soit, doit faire appel au médecin, tout en mettant sa confiance en Hachem [voir Birké Yossef – Yoré Déa 336, 2].

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-> Shabbath a le pouvoir de guérir : https://todahm.com/2021/12/12/shabbath-a-le-pouvoir-de-guerir

"N'accepte pas de rapport mensonger" (Michpatim 23,1)

-> Selon Rachi, ce verset constitue l'avertissement, adressé au juge, de ne pas recueillir la déposition d'un plaignant en l'absence de son adversaire.

-> Selon le Rambam (Séfer haMitsvot - lo taassé 281) :
"La Torah met en garde le juge de n'entendre les arguments d'aucun plaignant tant que son adversaire ne s'est pas présenté ... pour éviter que ne se dessine dans son cœur une image des faits injuste et erronée."

-> "Qui parle le premier dans un jugement a raison ; viendra la partie adverse, on approfondira ses arguments" (Michlé 18,17)
Le Ralbag de commenter : "Ce verset signifie qu'aux yeux du juge, le premier venu est considéré comme étant dans son bon droit, car il tiendra ses déclarations pour vraies.
Et lorsque le second surviendra et avancera des propos contraires, il n'acceptera d'y croire qu'après une minutieuse enquête.
C'est pourquoi la Torah interdit au juge de recueillir la déposition d'un plaignant avant que son adversaire se présente."

-> "Que désigne-t-on comme un "fourbe rusé"?
Rabbi Yo'hanan dit : Celui qui expose son point de vue au juge avant que son adversaire se présente"
[guémara Sota 21b]

Rachi explique : "Parce que lorsque le bon droit de ce plaignant prend racine dans le cœur du juge, il devient difficile de l'en déloger.
C'est en cela que consiste la ruse de cet homme."

-> Le Rav 'Haïm Chmoulévitch note que la Torah connaît la nature de tout être humain.
Un juge (même si c'est un grand sage!), a beau savoir qu'un autre plaignant viendra ensuite contredire les propos du premier, la version du second n'aura jamais le même poids que celle du premier.
En effet les premières paroles entendues seront désormais imprimées dans son cœur, et le jugement sera obligatoirement faussé!

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"Éloigne-toi de la parole mensongère" (Michpatim 23,7)

-> "D'où savons-nous que si 2 hommes se présentent au Bet Din, l'un vêtu de haillons et le second d'une tunique d'une valeur de 100 pièces, on dit au second de s'habiller comme le premier pour éviter aux juges de corrompre leur verdict?

Du verset qui dit : "Éloigne-toi de paroles mensongères". "
[guémara Chvou'ot 31a]

-> "A tout moment, le juge doit considérer qu'une épée est plantée entre ses jambes et que l'enfer est ouvert sous ses pieds"
[guémara Yébamot 109]

Normalement, le souci premier de tout juge est de prononcer un verdict droit, juste et impartial.

=> Nous pouvons réaliser l'immense pouvoir de nos yeux sur notre conscience.
En effet, selon la Torah, même le plus saint et le plus sage des juges, ne peut s'empêcher d'obéir aux sollicitations de ses yeux (ex: en voyant un plaignant magnifiquement vêtu et un autre au look misérable), et réciproquement, dès l'instant où une image s'efface de sa vue, il reprend aussitôt ses esprits.

[d'où la nécessité que les 2 parties soient habillées de la même façon]

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-> b'h, également à propos du mensonge : https://todahm.com/2019/02/14/8339

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"N'accepte pas de présent corrupteur, car la corruption trouble la vue des clairvoyants et fausse la parole des justes" (Michpatim 23,8)

-> "Pour quelle raison les pots-de-vin sont-ils interdits?

Parce que dès qu'un homme en reçoit, son esprit se rapproche de celui de son bienfaiteur et le considère comme coupable.
Que signifie le mot "cho'had" (pot-de-vin)?

"Chéou 'had" (il n'est qu'un). "
[guémara Kétouvot 105a]

-> Selon le Slaba de Slabodka (Ohr haTsafoun), lorsqu'un homme reçoit une gratification quelconque, il s'attache tellement à son bienfaiteur que : "le donneur et le bénéficiaire s'unissent en un seul cœur!" (Rachi sur la guémara précédente).

Inconsciemment, le bénéficiaire perd toute lucidité et son esprit ne peut désormais plus condamner le donateur, ses décisions deviennent totalement partiales.

-> La Torah connaît en profondeur la nature humaine, et cela s'applique même aux personnes les plus élevées.
On peut citer :

1°/ Selon Rachi (sur ce verset 23,8) : "Même un sage en Torah, s’il prend un présent corrupteur, son esprit finira par sombrer dans la confusion"

2°/ Selon le Rambam (Hilkhot Mélakhim), quiconque accède au trône est reconnu comme un homme d'une moralité irréprochable.
Mais la Halakha établit qu'on ne peut "demander à un roi de statuer sur l'embolisme" [qui consiste à ajouter un second mois d'Adar à l'année courante], et ceci, ajoute la guémara (Sanhédrin 18) : "à cause des pensions militaires".

Selon Rachi : "comme le roi distribue une certaine somme d'argent à ses armées par an, il est donc intéressé à ce qu'elles soient toutes embolismiques [afin que ses hommes le servent un mois supplémentaire pour le même prix]".

=> Ainsi, même l'un des plus grands justes du peuple juif est susceptible d'être influencé par des calculs pécuniaires.

3°/ Pour être nommé Cohen Gadol, il fallait avoir le roua'h haKodech. [guémara Yoma 73b]
De plus, le Cohen Gadol ne devait pas se lever devant le roi, alors qu'inversement, ce dernier était tenu de se lever devant lui.

Pourtant, ce très haut personnage ne pouvait également pas décider en matière d'embolisme.
Pourquoi?

La guémara (Sanhédrin 18b) répond : "Le froid".
En effet : "De crainte qu'il n'ait intérêt à ne pas déclarer l'année embolismique, pour éviter que le mois de Tichri ne tombe pendant la saison froide, attendu qu'il devait à 5 reprises se tremper dans un mikvé pendant Yom Kippour" (le Rambam - Hilkhot Kidouch ha'Hodech).

=> Ainsi, même si en Israël, au mois de 'Hechvan (environ novembre), il ne fait pas si froid ; et qu'on pouvait ajouter de l'eau chaude au mikvé du Temple, le Cohen Gadol pouvait quand même inconsciemment être enclin à juger l'année embolisme de manière erronée.

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+ Conclusion & implication dans notre vie :

-> On a vu que tout juge doit :

1°/ Ne pas recueillir la déposition d'un plaignant en l'absence de son adversaire ; [v.23,1]

2°/ Avoir les 2 parties habillées de façon identique ; [v.23,7]

3°/ Ne recevoir aucune gratification de la part d'une des parties. [v.23,8]

-> Le rav Israël Salanter (Iguéret haMoussar) disait qu'à chaque instant, nous sommes les juges de notre propre vie.

Toutes les idées et les moindres pensées, les actes et leurs intentions, tout transite inévitablement par le jugement et l'appréciation de la conscience.
Naïvement, les hommes suivent aveuglément "l'opinion" vers laquelle les dirigent leurs innombrables partis-pris (plus ou moins consciemment), sans prendre conscience du piège grand ouvert sous leurs pieds.

-> Ainsi, dans une démarche de sincérité et d'objectivité, par exemple :

1°/ il ne faut pas laisser son yétser ara venir donner seul ses arguments.

A certains moments, on perd le contrôle et le yétser ara prend seul les commandes, souhaitant nous inciter à la faute.
Il faut lui dire qu'en tant que juge, je me dois d'attendre le retour de mon yétser atov, afin de pouvoir arbitrer (yétser ara : patiente donc un peu!).

On doit avoir une attitude pleine d'humilité où l'on ne se refuse pas d'entendre les arguments des autres parties, afin de ne pas s'empêcher de découvrir ses erreurs (sinon on risque de devenir têtu, préférant penser avoir toujours raison, quitte à rester dans le mal).

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2°/ Le yétser ara est spécialisé pour vendre du rêve, pour nous vendre la faute comme une mitsva, comme une affaire indispensable.
Il faut veiller à ce que nos 2 penchants soient "habillés" pareils : "Qu'est-ce que je gagne? Qu'est ce que je perds?" ; "Qu'est-ce qu'en pense Hachem?".

Nous devons également ne jamais juger quiconque en fonction de son apparence ou de sa condition sociale, mais uniquement en fonction de ses véritables valeurs.

La guémara (Béra'hot 5) préconise : "Que l'homme excite continuellement son bon penchant contre son mauvais penchant."

En s'appuyant sur la suite de la guémara, nous pouvons poursuivre :
- Si tu parvient à vaincre ton yétser ara, tant mieux, sinon si tu t'es laissé séduire par ses belles parures : "qu'il étudie la Torah" et qu'il se délecte de ses merveilleux enseignements.

- Si ce conseil ne suffit pas, parce que le yétser ara est encore "trop beaux" à tes yeux, alors "qu'il lise le Chéma", car en acceptant sur soi le joug divin, l'homme prend conscience de la beauté du judaïsme et de l'Unité de Hachem ;

- Si cela ne suffit pas pour réduire l'attrait du yétser ara à nos yeux, il faudra "se souvenir du jour de la mort", où seulement les mitsvot accompagnent l'homme pour l'éternité (et non son argent).

Rabbi Na'hman dit que toutes les fautes prennent racine dans le fait que nous pensons être immortel.

=> Grâce à cette lucidité acquise en "déshabillant" le mauvais penchant (de ses fausses promesses et tentations), on pourra prononcer un verdict juste et positif.

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3°/ Seul la vérité doit compter, et aucun présent corrupteur ne doit intervenir.

Les pots-de-vin peuvent avoir de nombreuses formes, comme par exemple le fait que nous nous jugeons nous-même (influence du regard d'autrui, paresse, orgueil, environnement, ...).
A l'image de nos Sages, lorsque nous avons reçu un pot-de-vin, ou bien lorsque la décision sur le problème est trop dure à prendre, il nous faut laisser place à un autre juge, comme par exemple un rav compétent, une personne avisée.

Il faut avoir conscience que personne n'échappe à cette influence, même inconsciemment, et il faudra donc être vigilant dans les décisions que nous prenons en tant que juge de notre vie, pour qu'elle soit la plus réussie possible.

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-> "Fausse la parole des justes" (Michpatim 23,8)

A chaque fois que le mot "tsaddikim" est écrit dans la Torah, c’est sans youd, sauf une fois où il est écrit avec youd, dans ce verset (צַדִּיקִים).
Le verset vient nous enseigner que même un juste parfait (tsadik) peut être tenté d’infléchir la justice à cause d’un cadeau corrupteur.
[midrach ‘Hasserot VéYétérot]

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b’h, sur ce même sujet :
- https://todahm.com/2015/10/24/3805
- https://todahm.com/2019/10/02/10740