Aux délices de la Torah

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"De même que lorsque commence le mois de Av nous diminuons notre joie, de même lorsque commence le mois d'Adar, nous augmentons notre joie" [guémara Taanit 29a]

=> Pourquoi nos Sages ont-ils fait une comparaison entre l'augmentation de la joie durant le mois d'Adar et la diminution de la joie durant le mois de Av?

Le Méor Enayim (paracha Térouma) explique que la joie est fondamentalement ressentie lorsque le Maître de l'univers réside parmi nous et étend Sa Présence divine sur nous.
Et c'est l'allusion même du nom du mois d'Adar (אדר) qui est composé des mêmes lettres que א qui représente le Maître du Monde (le Aloufo Chel Olam) [le aléf peut se composer en un vav et 2 youd, soit une valeur de 26, celle du Tétragramme] et דר (dar) qui signifie résider.
En effet, il n'y a pas plus grande joie pour l'homme que lorsque le Maître du Monde [Hachem] étend sa Présence divine sur les juifs.

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-> Le Baal Chem Tov enseigne :
"Si l'homme a parfaitement conscience que Hachem se cache dans n'importe quelle situation aussi étrange soit-elle, alors il ne s'agira en aucun cas d'une dissimulation. En effet, immédiatement, l'obscurité et le mal se sépareront de cette personne pour dévoiler ainsi une lumière divine vivante ...
Cependant, parfois Hachem cache volontairement ce qui est déjà dissimulé, au point que l'homme ne ressente plus aucune vitalité et doute de la présence à ses côtés du Maître du Monde. Dans ce cas il se peut que cette personne se tourne vers d'autres dieux, recherchant d'autres solutions au lieu de se réfugier dans sa foi.
En revanche, à chaque fois que l'homme conservera une foi entière dans le Créateur, il ne lui arrivera aucun mal mais bien plus, il bénéficiera d'un rapprochement et de consolation."

-> De son côté, le Toldot Yaakov Yossef, rapporte au nom du Baal Chem Tov :
Chaque homme doit avoir une foi complète et entière même lorsque Hachem voile complètement sa direction du monde. En effet, grâce à sa émouna, il pourra annuler toutes les rigueurs et toutes les obscurités tout comme le nom d'A'hachvéroch qui fait référence au Créateur car du début à la fin, tout lui appartient comme il est écrit : "Ainsi parle Hachem : Je suis le premier, Je suis le dernier, en dehors de Moi il n'y a point de D." (Yéchayahou 44,6).

Ainsi, même durant les grandes souffrances, Hachem ne retire à aucun moment sa protection rapprochée et son affection à Israël. La preuve en est que durant le festin auquel prit part Israël, Hachem prépara le remède à la maladie car c'est Haman lui-même qui conseilla au roi de tuer la reine Vachti. Ceci eut pour conséquence d'amener Esther sur le trône à sa place et c'est par son intermédiaire que le miracle de la délivrance pour tout Israël se produisit.
Ainsi, même dans les plus grands moments de détresse et de souffrance du peuple juif, Hachem n'abandonne jamais ses enfants et ne renonce à l'amour qu'il a pour eux.

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[de même que l'histoire de Pourim s'est étalée sur des années, sans que sur le moment on n'y voit particulièrement l'intervention d'Hachem (c'est la naturalité des choses, le hasard), en réalité au final on se rend compte d'à quel point Hachem est présent dans notre vie et il gère tout pour le bien ultime.
En ce sens, certains Sages nous recommandent de faire également notre propre méguilat Esther, c'est-à-dire porter un regard sur nos dernières années de vie et de voir à quel point Hachem a été présent (comment tout s'est bien compilé, combien de bonnes choses petites et grandes Il nous a faites), à quel point ce sur quoi on a pu se plaindre en réalité cela n'en valait pas le coup, ... [bien évidemment, on ne se rendra compte de la réalité des choses qu'après notre mort, où alors on deviendra fou de joie on comprenant à quel point Hachem nous comblé du meilleur!]
On en vient alors à ressentir une grande joie, à l'image de Pourim où l'on se rend compte à quel point Hachem (le א) réside (דר) toujours avec nous (même si on fait les pires fautes, la partie Divine reste intacte en nous, et Hachem nous aime toujours!).
C'est ça la joie de Adar : un juif n'est jamais seul, puisqu'il a toujours la Présence Divine avec lui! ]

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-> La Méguila d'Esther a la particularité d'être le seul écrit biblique à ne pas contenir le Nom de D., contrairement aux autres textes que nous possédons de nos prophètes, de nos rois ou des autres Méguilot. En effet, elle est appelée la Méguila d'Esther qui signifie : dévoiler ce qui est caché.
Nous pouvons observer que le prénom de Esther (אסתר) est composé des lettres א-סתר qui signifie littéralement que la lettre א se cache.
Ceci vient nous enseigner que le "Alouf chel olam" (Hachem - le Maître du Monde) se trouve bien derrière chaque détail notre histoire personnelle comme collective, du début jusqu'à la fin.

[d'une certaine façon de même que sans Hachem nous ne pourrions pas vivre une seule seconde supplémentaire, de même Hachem est présent à nos côtés chaque seconde de notre vie, impliqué pour nous permette de passer notre vie éternelle au plus proche de Lui (ce qui est le plus grand plaisir possible!) ]

Yom Kippour et Pourim

+ Yom Kippour et Pourim : [selon le Sfat Emet]

-> Le Zohar met sur le même plan Pourim et Yom Kippour (qui est connu sous le nom de Yom haKippourim dans la Torah). Examinons quelques-unes des similitudes entre ces fêtes apparemment très différentes.

-> À ces 2 occasions, des barrières sont franchies.
À Yom Kippour, le Cohen Gadol entre dans le Saint des Saints, et par extension, chacun d'entre nous abandonne le monde matériel pour entrer dans un royaume plus spirituel.
Au cours des événements qui ont abouti au miracle de Pourim, Esther a pénétré dans le sanctuaire intérieur d'A'hachvéroch sans autorisation préalable. Si nous regardons au-delà de la similitude extérieure, nous pouvons déduire que non seulement de formidables barrières physiques ont été franchies (le Saint des Saints et le sanctuaire intérieur d'Achashveirosh), mais aussi des barrières spirituelles. Les objectifs spirituels de Yom Kippour et de Pourim, inaccessibles toute l'année, peuvent être atteints lors de ces fêtes.
En ce sens, la lumière cachée de la Création, dissimulée toute l'année, est révélée à Pourim.
[Sfat Emet - Pourim 5657]

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-> Ces 2 fêtes sont un hommage au pouvoir de la téchouva et du jeûne.
Au moment du miracle de Pourim, le destin d'Israël était scellé [même au Ciel]. Pourtant, grâce à la téchouva sincère du peuple juif, à ses appels déchirants et à son jeûne de 3 jours, le décret céleste à l'encontre d'Israël a été inversé.
Yom Kippour, bien sûr, est le moment idéal pour faire la téchouva.
[Sfat Emet - Pourim 5636, 5657]

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-> À ces 2 occasions, nous abandonnons ce monde avec toutes ses limites et entrons, au moins temporairement, dans le monde à venir.
Bien que les méthodes pour atteindre cet objectif varient considérablement, à Yom Kippour par le jeûne et à Pourim par le festin, le but est essentiellement le même : entrer dans un monde nouveau, plus spirituel.
[Sfat Emet - Pourim 5635]

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-> L'un des liens les plus puissants entre Pourim et Yom Kippour est le renversement par Hachem d'un décret apparemment irréversible.
L'inquiétude d'Esther à propos de l'entrée dans le palais du roi, "sans autorisation" (acher lo kadat - Esther 4,16), fait référence non seulement à l'intrusion dans le sanctuaire intérieur d'Achashveirosh, mais aussi au déclenchement d'une série d'événements qui amèneront Hachem à revenir sur son décret d'élimination d'Israël.

Nos Sages (guémara Méguila 14a) déclarent : "Plus grand est le [l'impact de] l'enlèvement de l'anneau [d'A'hachvéroch] que les 48 prophètes et les 7 prophétesses qui ont prophétisé au peuple juif ... Car ils n'ont jamais rien ajouté ni retranché à la Torah, à l'exception de la lecture de la Méguila".
À l'époque du miracle de Pourim, Israël était véritablement destiné à mourir et à cesser d'exister en tant que nation. Le retrait de l'anneau (assarat taba'at - טבעת) fait référence non seulement à l'anneau d'A'hachvéroch (qu'il a donné à Haman), mais aussi à un bouleversement de l'ordre naturel (peut-être lié à téva (טבע) - la nature -> lien entre טבע et טבעת) qui était désormais totalement dirigé contre le peuple juif.

Pourtant, Hachem a répondu aux supplications d'Israël et à sa téchouva, et a annulé le décret irréversible qui sanctionnait le destin d'Israël. Il s'agit là d'un changement majeur par rapport aux procédures d'Hachem en matière de gestion du monde. En fait, il s'agissait d'une déviation par rapport au cours normal des événements.
Une lecture attentive de la guémara citée ci-dessus démontre qu'au moment du miracle de Pourim, non seulement des ajouts ont été faits à la Torah, le décret rabbinique exigeant la lecture de la Meguila, mais quelque chose a également été "retranché" (pata'hou), l'arrêt de mort apparemment irréversible qui a scellé le destin d'Israël.
De même, chaque année, à Yom Kippour, lorsqu'il semble que le destin d'Israël est condamné, parce que nos péchés sont beaucoup plus nombreux que nos mérites, Hachem annule néanmoins notre arrêt de mort et épargne Son peuple.
Yéchayahou (1,18) proclame : "Si vos fautes sont comme l'écarlate, ils blanchiront comme la neige", que le midrach (Yalkout Yéchayahou 389) interprète ainsi : même si vos fautes sont aussi anciennes que les années (chanim) ou que la terre elle-même, et même si vos fautes se sont accumulées au fil des ans et n'ont jamais été expiés, Je reviendrai quand même sur Mon décret.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

"Les juifs avaient la lumière, l'allégresse, la joie et l'honneur" (Esther 8,16). [selon le Sfat Emet]

-> Les juifs avaient de la lumière, ne fait pas nécessairement référence à une nouvelle source de lumière. Il s'agit plutôt d'une allusion à la lumière originelle de la Création (cf. Rachi, Béréchit 1:4 décrivant comment Hachem a caché la lumière qu'Il avait créée le premier jour. Bien qu'elle soit réservée aux justes dans le Monde à venir, à certaines occasions, cette lumière filtre dans ce monde), dont a bénéficié le peuple juif après son triomphe sur Haman.
[...]
Si nous contemplons les diverses vicissitudes de cette lumière primitive, nous nous rendons compte qu'elle ne peut se révéler dans ce monde que si Israël en est vraiment digne.
Ainsi, lors du don de la Torah, Israël s'est "prévalu" de cette lumière, mais ce haut niveau spirituel a été de courte durée : 40 jours plus tard, alors que nous vénérions le Veau d'or, cette lumière s'est à nouveau perdue.
Cependant, au moment du miracle de Pourim et de la défaite du descendant d'Amalek, Haman, cette grande lumière a de nouveau filtré jusqu'à la terre.
Cela est particulièrement vrai en raison de la tradition selon laquelle Israël a de nouveau accepté la Torah à l'époque de l'histoire de Pourim. Il s'ensuit que la même lumière spirituelle dont on a bénéficié au Sinaï a été perçue à Shoushan à l'époque de la renaissance spirituelle de la communauté juive.
[Sfat Emet - Pourim 5663]

-> "Les juifs avaient ..." (laYéhoudim ayéta)
Le terme הָיְתָה (ayéta) implique que la Torah (ou la relation d'Israël avec la Torah) a été revivifiée et renouvelée au moment de l'histoire de Pourim (cf. guémara Kidouchin 5a, qui interprète "véayéta" comme "véyatsé'a = se référant au mariage).
Cela peut faire référence au renouvellement de la lumière de la Torah. Alors qu'Hachem donne constamment la Torah ("notèn haTorah" - Il donne [le verbe est au présent] la Torah), sa lumière n'est renouvelée que lorsqu'Israël est digne de la recevoir, lorsque nous agissons comme un réceptacle pour la Torah.

Examinons pourquoi la lumière de la Torah n'a pas pu être révélée lors de la chute d'Amalek.
Dans son introduction à son commentaire sur la Torah, le Ramban soutient que la Torah entière est constituée de noms d'Hachem (dans un ordre brouillé qui est souvent difficile à déchiffrer).
Cependant, on nous dit également que le Nom d'Hachem n'est pas "complet" (c'est-à-dire que Son impact n'est pas pleinement perçu) tant qu'Amalek n'est pas éliminé (cf. Rachi, Béchala'h 17,16).
Ainsi, la Torah (les Noms d'Hachem) est empêchée d'exercer son influence complète jusqu'à la chute d'Amalek.
Ce n'est qu'après les événements de Pourim que la Torah, qui contient les Noms d'Hachem, a pu être totalement appréciée par Israël.
[Sfat Emet - Pourim 5662]

-> Si nous supposons qu'il existe une relation directe entre la présence d'Amalek et la révélation de la lumière de la Torah ("les juifs avaient la lumière" = la Torah - Méguila 16b), nous pouvons en déduire qu'à l'ère messianique, lorsque le dernier vestige d'Amalek sera éliminé, la lumière de la Torah sera pleinement révélée.
La référence de la guémara (Nédarim 8b) à ce jour futur où Hachem libère le soleil de son enveloppe ('hama minartika) et le fait briller sur les justes peut faire allusion à ce jour glorieux final où le mal aura été totalement éliminé.
C'est alors que le grand secret de la Torah (c'est-à-dire le soleil, le luminaire), longtemps retenu dans son enveloppe, sera révélé.
[Sfat Emet - Pourim 5660]

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-> La guémara (Méguila 16b) interprète le terme "la joie", comme se référant à la circoncision (la Mila).
Plus que toute autre mitsva, la Mila est mise à l'honneur en raison de sa propension à aider les juifs à s'attacher à la Torah et à devenir le réceptacle de la lumière de la Torah.
Nous rappelons que les mitsvot sont la lampe (nèr mitsva) qui permet d'entrer en relation avec la lumière de la Torah. Mais les mitsvot n'ont cet effet de lampe à la lumière de la Torah que si le corps juif, qui se compose de 248 membres correspondant aux 248 commandements positifs, est capable d'absorber la lumière de la Torah.
Ce n'est que par la Mila, qui incarne la pureté morale, que le corps juif (ses 248 membres) peut devenir le réceptacle de la Torah.
[Sfat Emet - Pourim 5659]

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-> Alors que le terme [le plus traditionnel] אור (or - lumière) désigne la loi écrite, [l'utilisation de la forme féminine] אורה (ora) se réfère à la loi orale.
Le midrach note que c'est la loi orale (et non la loi écrite qui a été acceptée au Sinaï avec la proclamation retentissante de : nassé vénichma) qui a été acceptée avec enthousiasme pour la première fois à Pourim. Le terme הָיְתָה (ayéta - il y avait) qui implique un sentiment d'être, d'absorber et d'intégrer personnellement la Torah, est une description particulièrement appropriée de la loi orale, qui est le "sang vital" même du juif, comme nous le prions après avoir lu la Torah : "et J'ai implanté la vie éternelle en nous" (vé'hayé olam nata béto'hénou)
[Sfat Emet - Pourim 5656, 5663]

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-> La guémara (Méguila 16b) interprète chacun des termes "ora, sim'ha, sasson, vikar" comme se référant à divers aspects de la vie juive.
La question se pose : Pourquoi le verset n'affirme-t-il pas explicitement que le peuple juif jouissait de la Torah plutôt que d'y faire allusion par le terme mi, qui évoque généralement la lumière?

En adoptant cette approche elliptique, la Méguila nous offre une perspective encore plus puissante que si elle était exprimée explicitement.
Le peuple juif se rend compte que sa lumière est la Torah (ora), que sa joie (sim'ha) est la célébration des fêtes juives, son allégresse (sasson) est le rite de de la brit mila, et sa fierté et son honneur (yékar), les téfillines.
Alors qu'auparavant, avant le retour massif d'Israël à Hachem, ils auraient pu se réjouir d'activités profanes, maintenant, en tant que baal téchouva, ils réalisent que leur lumière spirituelle provient de la Torah, que leur fierté est la mitsva des téfillines, et que leur allégresse provient de la cérémonie sacrée de la brit mila.
[Sfat Emet - Pourim 5648]

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-> "Les juifs avaient la lumière" (laYéhoudim ayéta ora) = cela se réfère non seulement à la Torah elle même mais aussi à la manière dont la Torah a été transmise à Israël.

Il est bien connu qu'au mont Sinaï, la Torah a été transmise au peuple juif "face à face [avec Hachem]" (panim bépanim - Vaét'hanan 5,4).
À la suite du péché tragique du Veau d'or (qui a été fabriqué au moment où Hachem se préparait à donner les tablettes à Moché), ce statut exalté ( de face à face) n'était plus tenable (sauf pour Moché).
Alors qu'Hachem accorde toujours la Torah comme un cadeau sans contrepartie, nous avons perdu l'intimité résultant d'un contact face à face avec le Donneur de la Torah. Au lieu de jouir d'une relation "panim bépanim", faire face directement à notre Créateur, nous nous tenions désormais loin d'Hachem, un statut défini par Daniel (9:7-8) comme "honteux" (bochét apanim).

Tout bénéficiaire d'un don immérité a honte d'affronter son donateur (cf. Zohar : celui qui consomme ce qui ne lui appartient pas a honte de regarder son bienfaiteur).
Ce n'est qu'après le miracle de Pourim et le retour massif d'Israël à la Torah que le peuple juif a retrouvé son statut originel de "panim bépanim".
Comme le dit le verset : "les juifs avaient la lumière" = il n'y a pas de plus grande source de joie que la capacité de percevoir le Donneur de la Torah en "panim bépanim" et de recevoir la lumière (ora) de la Torah directement de son Donneur.
[Sfat Emet - Pourim 5656]

Pourim & humilité

+ Pourim & humilité :

-> La fête de Pourim, le 14 Adar, ne peut tomber que le dimanche (1er jour de la semaine = aléf), le mardi (3e jour = guimel), le jeudi (5e jour = hé) ou le vendredi (6e jour = vav).
Cela forme le mot : גאוה (gaava - orgueil).

-> Amalek représente l'orgueil. En effet, le terme : עמלק (Amalek) a une valeur de 240, soit la même que רם (ram) qui signifie : haut/élevé.
Ainsi, Haman qui incarnait par essence la klipa de l'orgueil a été détruit par l'humilité de Esther et Mordé'haï.
[Shvilé Pin'has]

-> Le rav Shlomo Elkabets écrit que Hachem a fait en sorte que le décret d'Haman tombé précisément au mois d'Adar, période au cours de laquelle nous effectuons la mitsva du demi-Shékel, symbole du fait que l'on doit toujours se considérer comme la moitié de quelque chose et non comme une entité à part entière. Ainsi Haman a été détruit par l'humilité représenté par le demi-shékel.

Méguilat Esther (suite de la suite) – Le saviez-vous?

+ Méguilat Esther (suite de la suite) - Le saviez-vous?

12°/ La plus grande récompense :

=> Lorsque A'hachvéroch demanda à ses serviteurs quelle récompense Mordé'haï avait reçue pour avoir sauvé le roi d'un complot d'assassinat, il fut informé que rien n'avait été fait pour lui.
En effet, pourquoi A'hachvéroch n'a-t-il pas récompensé Mordé'haï immédiatement?

-> Rabbi 'Haïm Kanievsky (Déré'h Si'ha) répond qu'A'hachvéroch a tenté de le récompenser, mais ses conseillers l'ont informé que pour Mordé'haï le juif, la plus grande récompense était de ne rien faire du tout pour lui. En effet, ils savaient que pour quelqu'un comme Mordé'haï, il n'y avait rien de plus précieux pour lui que d'être laissé en paix afin qu'il puisse s'asseoir et apprendre la Torah.

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13°/ Pendez-les haut et court :

=> Pourquoi Haman voulait-il pendre Mordé'haï à une potence de 50 coudées (environ 30,5 mètres) de haut? Une potence de 5 ou 6 coudées ne serait-elle pas suffisante pour le tuer?

-> Haman souhaitait pendre Mordé'haï sur la potence la plus haute afin de rendre sa mort publique de la manière la plus grandiose possible.
D'un autre côté, Haman avait également le désir macabre de voir Mordé'haï pendu alors qu'il se trouvait encore au festin d'Esther. Il n'a donc pas pu faire monter la potence à plus de 50 coudées, car comme l'enseigne la guémara (Erouvin 2b), les fenêtres des palais des rois ne sont pas plus hautes que 50 coudées.
[Chaar bat Rabim - Imré Moché]

-> Il existe 50 portes de la raison, et le niveau le plus élevé que l'homme puisse atteindre est la 49e porte.
Haman se considérait comme une divinité et s'enorgueillissait donc de maîtriser les 50 portes de la raison. Il a donc construit une potence de 50 coudées de haut pour afficher pompeusement ses "pouvoirs divins" qui lui ont permis de détruire Mordé'haï.
[Maharal - Ohr 'Hadach]

-> Haman rêva un jour que Mordé'haï volait au-dessus de sa maison. Comme la maison palatiale d'Haman mesurait près de 50 coudées de haut, il a voulu réaliser son rêve en suspendant Mordé'haï à une potence de 50 coudées de haut.
Il n'a pas tenu compte de la véritable signification de son rêve, à savoir qu'après l'exécution d'Haman, Mordé'haï prendrait le contrôle de la propriété d'Haman.
[rabbi 'Haïm Ben Bétsalel (frère du Maharal) - Séfer ha'Haïm]

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14°/ Prière triste ou joyeuse?

Lorsque Haman vint pour conduire Mordé'haï dans le défilé qu'A'hachvéroch avait décrété en son honneur, il trouva Mordé'haï priant la Amida. Haman a patiemment attendu que Mordé'haï ait fini de prier avant de l'approcher pour lui annoncer l'ordre du roi.
=> Pourquoi Haman le racha, n'a-t-il pas tenté de perturber la prière de Mordé'haï?

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yehoyoda - Méguila 16a) répond qu'Haman s'est rendu compte que s'il interrompait Morde'haï, ce dernier aurait dû répéter ses prières.
Or, comme la prière originale de Mordé'haï a été prononcée dans un état de tristesse, Haman savait qu'une telle prière ne serait pas très efficace. En revanche, s'il devait prier à nouveau après avoir été informé de la bonne nouvelle de la tournure soudaine des événements, la seconde prière serait récitée avec une extrême joie, et une prière joyeuse trouve une grande faveur et acceptation de la part d'Hachem.

[on apprend de là l'importance de se mettre dans une disposition joyeuse au moment de prier, afin de maximiser l'impact de nos prières. ]

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15°/ Les deux faces de la pièce :

Après qu'A'hachvéroch ait élevé Mordé'haï au pouvoir, il le chargea de frapper les pièces de monnaie de l'empire.
Le midrach (Esther rabba 39,11) dit que la pièce de monnaie de Mordé'haï représentait une couronne d'or d'un côté et des cendres et un cilice de l'autre.
[Selon un autre midrach (Yalkout Esther 1,059), la pièce avait une image de Mordé'haï d'un côté et d'Esther de l'autre. ]
Grâce à ces pièces, la renommée de Mordé'haï s'est répandue dans toutes les provinces. [Targoum Richon - Esther 9,4]

De nombreux commentateurs discutent du message sous-jacent de ces 2 images opposées :
-> De même qu'Hachem a choisi Moché pour devenir le chef du peuple juif parce qu'il a partagé le fardeau de ses frères qui souffraient, Mordé'haï a voulu faire comprendre qu'il avait lui aussi mérité sa position élevée à la cour du roi (la couronne en or) parce qu'il avait ressenti intensément la douleur de ses frères au moment où ils étaient en danger (en revêtant pour eux un cilice et des cendres pour implorer Hachem en leur faveur).
[rabbi Akiva Sofer - Daat Sofer]

-> La pièce de Mordé'haï représentait 2 extrêmes opposés de souffrance et de succès.
En effet, il n'est pas naturel que ces 2 extrêmes se retournent soudainement comme on lancerait une pièce.
Ainsi, la pièce de monnaie démontre que le passage de la déchéance au succès n'est pas un phénomène naturel, mais qu'il est le fruit de la main d'Hachem.
[rabbi Akiva Sofer - Daat Sofer]

-> Bien que Mordé'haï mène une vie privilégiée de gloire et de fortune, représentée par la couronne d'or, le cilice et les cendres montrent qu'il ressent encore vivement la douleur de l'exil et pleure la destruction du Temple.
[rabbi Moché Sofer - Maharam Sofer]

-> Mordé'haï souhaitait démontrer sa gratitude envers Hachem pour l'avoir élevé des plus bas-fonds aux plus hauts sommets. Il souhaitait que ceux qui utiliseraient la pièce prennent note des événements remarquables de sa vie et apprennent à placer leur confiance en Hachem.
[rabbi Yossef Lieberman - Michnat Yossef - Baba Kama 97b - Pourim]

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16°/ La fin de la dissimulation :

Lorsque A'hachvéroch a demandé à Esther, lors du festin, de désigner le racha (méchant) qui souhaitait détruire son peuple, elle a d'abord désigné A'hachvéroch. Un ange est venu et a tourné sa main vers Haman. [guémara Méguila 16a]
=> Pourquoi Esther a-t-elle agi d'une manière aussi imprudente qui menaçait de saboter l'ensemble de sa mission?

-> Le rav Nathan Wachtfogel (Kovets Si'hot - vol.4) explique qu'Esther croyait à tort que la rédemption finale était proche, et que le temps était venu où "toute la méchanceté s'évaporera comme de la fumée" (cf. Téhilim 37,20).
Le fait que le miracle de Pourim se soit produit grâce à une dissimulation divine le place en fait à un niveau spirituel supérieur, ce qui explique pourquoi toutes les fêtes seront abolies à l'avenir, à l'exception de Pourim.
Puisqu'Esther était fermement convaincue de l'arrivée imminente du machia'h, elle pensait qu'il n'était plus nécessaire pour elle d'agir de manière fourbe.

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17°/ Le verset le plus long :

Le verset le plus long du Tana'h se trouve dans la méguilat Esther (8,9), qui décrit comment les scribes royaux ont été convoqués pour annuler le mauvais décret d'Haman.

Le Rokéa'h (Esther 8,9) dit que Hachem a donné à ce verset particulier la distinction d'être le verset le plus long parce qu'il décrit le salut d'Israël.
Ce verset, qui contient 43 mots et commence par les mots "Et les scribes du roi furent convoqués" (וַיִּקָּרְאוּ סֹפְרֵי הַמֶּלֶךְ), sert de contrepoids au verset (Esther 3,12), qui décrit comment Haman a convoqué les scribes du roi pour écrire le décret contre les juifs, qui commence également par les mots : וַיִּקָּרְאוּ סֹפְרֵי הַמֶּלֶךְ (vayikar'ou sof'ré amélé'h).
Le verset (Esther 3,12) contient 40 mots ; la signification du nombre 40 est qu'Haman voulait éradiquer la Torah, qui a été donnée en 40 jours.
Les 3 mots supplémentaires dans Esther (8,9) correspondent aux 3 jours de jeûne qu'Esther a promulgués. C'est grâce au mérite de ce jeûne de 3 jours que les juifs ont réussi à renverser le décret d'Haman.

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18°/ Une nouvelle lumière :

Après la mort d'Haman, il est écrit : "Les juifs eurent de la lumière, de l'allégresse, de la joie et de l'honneur " (Esther 8,16).
La guémara (Méguila 16b) explique que :
- la "lumière" est une référence à la Torah,
- "l'allégresse" fait référence aux fêtes juives, les Yom Tov,
- la "joie" fait référence à la brit mila (circoncision),
- "honneur" fait référence à la mitsva des téfilines.

=> Cette interprétation semble difficile, car les juifs n'avaient-ils pas la Torah et les mitsvot avant la persécution d'Haman?

-> Le Maharcha (Méguila 16b) répond que Haman a interdit aux juifs d'accomplir ces 4 mitsvot spécifiques, car elles démontrent toutes le lien spécial entre Hachem et les juifs.
La Torah est appelée "mon témoignage" (édout - עדות - Chémot 26,16), et les 3 autres sont appelées : "ot" (אות) = les téfilines (Chémot 13,9), la brit mila (Béréchit 17,11), et Yom Tov (Shabbath est appelé un "ot", un signe [Chémot 31,13], et Yom Tov est appelé Shabbath (Vayikra 23,32 ; Rachi Vayikra 23,15).

-> Rabbi Yaakov de Lissa (Méguilat Setarim - Esther 8,16) explique comment ces 4 mitsvot ont été diminuées à cause de la persécution d'Haman et ont été revitalisées après la chute d'Haman :
- pour la Torah = la guémara (Sanhédrin 24a) attribue le verset : "Il m'a placé dans les ténèbres comme un mort éternel" (Eikha 3,6) comme une allusion à la Torah orale étudiée en exil.
Cela est dû au fait que la Torah que l'on étudie en exil manque de clarté, en raison du fardeau écrasant de l'exil. [voir Rachi - Sanhédrin 24a]
Avec la chute miraculeuse d'Haman, la Torah a pu être comprise avec une clarté lumineuse.

- pour Yom Tov = en exil, les nations se moquent de l'observance des fêtes par Israël, ce qui déprécie sa valeur pour les juifs eux-mêmes.
Après le miracle de Pourim, la nation juive est tenue en haute estime par les non-juifs, ce qui leur permet de célébrer les fêtes avec joie.

- pour la Mila = nos Sages (guémara Erouvin 19a) disent qu'Avraham s'assoit à l'entrée de Guéhinam et fait sortir tous les juifs circoncis, sauf ceux qui ont cohabité avec une non-juive, car cela fait que sa circoncision devient cachée et Avraham ne le reconnaît donc pas.
Haman désigna des prostituées à la fête d'A'hachvéroch pour tenter les juifs de fauter, ce à quoi beaucoup succombèrent.
Suite à la persécution d'Haman, les juifs se repentirent de tout leur cœur et furent pardonnés de leurs péchés. En conséquence, les juifs se sont réjouis de la mitsva de la mila avec un bonheur renouvelé.

- pour les Téfilines = en ce qui concerne la mitzvah des tefillin, il est écrit : "Alors tous les peuples de la terre verront que le Nom d'Hachem est proclamé sur vous, et ils vous craindront" (Dévarim 28,10).
Cependant, ceci ne s'applique que lorsque la nation juive fait la volonté d'Hachem. Lorsqu'Israël commet des péchés et est banni en exil, les nations rabaissent les juifs pour leurs croyances archaïques. [cf. guémara Béra'hot 6a]
À la suite du miracle de Pourim, les téfilines redeviennent un objet de fierté et de distinction.

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19°/ Quatre puissances :

-> "Les juifs ont eu de la lumière, de l'allégresse, de la joie et de l'honneur" (Esther 8,16)
Comme nous l'avons vu précédemment, la guémara (Méguila 16b) explique que la "lumière" dans ce verset fait référence à la Torah, "l'allégresse" se réfère à Yom Tov, "la joie" se réfère à la circoncision, et "l'honneur" se réfère aux tefillines.
Haman a interdit aux juifs d'accomplir ces 4 mitsvot, et à sa mort, les juifs ont repris l'observance de ces mitsvot avec une joie renouvelée.
=> Pourquoi Haman a-t-il délibérément choisi d'abolir ces 4 mitzvot?

-> Le rav 'Haïm Kanievsky (Taama déKra) répond que Haman savait que ces 4 mitzvot donnaient aux juifs le pouvoir de vaincre sa nation d'origine, Amalek :
- la Torah = les Sages comparent la Torah de l'érudit en Torah aux armes et à l'armure d'un puissant guerrier. [Tana déBé Eliyahou rabba - fin chap.10]
Lorsqu'Amalek a attaqué les juifs dans le désert, Israël a réussi à vaincre Amalek en se renforçant dans l'étude de la Torah. [Mékhilta - fin paracha Bo]

- les Yom Tov = nos Sages enseignent que par le mérite du peuple juif d'observer les Fêtes juives, ils méritent d'éradiquer les descendants d'Essav, dont Amalek. [guémara Pessa'him 5a]

- la Mila (circoncision) = lorsque Shimshon était en danger d'être capturé par les Philistins, il a supplié Hachem : "Si la seule différence entre eux et moi est que je suis circoncis, cela devrait suffire pour que je ne tombe pas entre leurs mains ". [midrach Béréchit rabba 98,13]

- les Téfillines = les téfillines sont la force d'Israël. La guémara (Béra'hot 6a) interprète le verset "Toutes les nations du monde verront que le Nom d'Hachem est invoqué sur toi et elles auront peur de toi" (Dévarim 28,10) en faisant référence aux téfillines que l'on porte sur la tête.

=> Haman a compris que tant que les juifs pratiqueraient ces 4 mitzvot, il lui serait impossible de les détruire.

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20°/ Réaccepter la Torah :

"Les juifs ont établi et accepté" (Esther 9,27) = ils ont établi à l'époque d'A'hachvéroch ce qu'ils avaient déjà accepté au mont Sinaï. [guémara Shabbos 88a]
Lorsque les juifs ont accepté la Torah au Sinaï, ils ont accepté tous les commandements de la Torah sans réserve, en ayant confiance qu'Hachem ne les obligerait pas au-delà de leurs capacités. Cependant, ils n'ont pas accepté tous les futurs décrets rabbiniques sans réserve, car ils craignaient que les impositions faites par l'homme ne soient trop lourdes à porter.
Cependant, à l'époque d'A'hachvéroch, ils acceptèrent à nouveau les décrets des Sages par amour.
=> Comment cela s'est-il produit?

-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché - Chémot 19,8) explique :
Lorsque Mordé'haï refusa de s'incliner devant Haman, il respecta en fait l'injonction rabbinique de מראית עין : éviter l'apparence du péché.
En effet, l'ordre du roi était de s'incliner devant Haman en signe de respect, et non comme une forme d'adoration d'une idole, bien que cela ait donné l'apparence d'une adoration d'une idole, puisque Haman portait une idole autour de son cou.
Lorsque les juifs ont vu comment la détermination de Mordé'haï à respecter un décret rabbinique a apporté le salut à toute la nation juive, ils se sont engagés de tout cœur à respecter les mitsvot déRabbanan (les mitsvot instituées par les rabbanim), qui au Sinaï, n'étaient acceptées que sous la contrainte.

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21°/ Frapper à la lecture du nom d'Haman :

Il existe une ancienne coutume, datant de la période des Richonim, qui consiste à frapper chaque fois que le nom de Haman est mentionné au cours de la lecture de la Méguila.

En peut rapporter les raisons suivantes :
-> la source du "frapper Haman" est basée sur le dicton suivant : "le nom du méchant pourrira" (Michlé 10,7) et la mitsva d'effacer le nom d'Amalek. [Séfer haManhig - Méguila vol.1]

-> le joyeux vacarme sert de cri de victoire après la défaite d'Haman et vise à louer Hachem pour avoir sauvé la nation juive à ce moment-là.
[Shibolét haLéket 200 -> il note également que la manière dont ils faisaient du bruit [à l'époque] était de taper du pied, de frapper une pierre contre l'autre et de briser des assiettes. ]

-> Nos rabbanim ont prévu que les juifs, dans leur long exil, pourraient un jour se retrouver dans une situation similaire à celle de l'époque d'Haman. Lorsque les non-juifs entendront le chahut qui émane des synagogues pendant la lecture de la Méguila, ils s'enquerront de la source de la légèreté des juifs et on leur racontera le récit d'Haman. Les antisémites prendront l'histoire de la chute d'Haman comme un avertissement et cesseront de s'en prendre aux juifs.
[Kaf véNaki - cité par le 'Hida - Birké Yossef 687]

-> Au moment où nous "frappons Haman" pendant la lecture de la Méguila, des forces démoniaques frappent Haman dans le Guéhinam.
[Rokéa'h - citant rabbi Yéhouda ha'Hassid ; Kav haYachar vol.2 ; rabbi 'Haïm Palaggi - Roua'h 'Haïm 696,9]

[selon nos Sages dans la lecture de la Méguila lorsque nous lisons le nom d'Haman, nous réduisons les forces du mal contre Israël (acronyme de : להעביר גילולים מן הארץ).
Ainsi, la coutume de frapper est un message d'espoir pour chaque juif, car en ayant le mal qui est amoindri nous pouvons espérer de belles choses dans notre vie, et la venue du machia'h où le Satan sera totalement réduit en bouillie/détruit. ]

[ -> voir aussi : https://todahm.com/2018/03/05/pourim-la-coutume-de-taper-des-pieds ]

S’enivrer & l’étincelle à préserver en Haman

+ S'enivrer & l'étincelle à préserver en Haman :

"Esther répondit : si tel est le bon plaisir du roi, que viennent le roi et Haman aujourd'hui au festin que j'ai préparé à son intention" (Esther 5,4)

-> "L'homme a le devoir de s'enivrer le jour de Pourim jusqu'à confondre entre "maudit soit Haman et béni soit Mordé'haï" (guémara Méguila 7b).

Nous devons comprendre la raison pour laquelle nous devons nous enivrer précisément avec du vin au point de confondre entre "maudit soit Haman et béni soit Mordé'haï".

Voici l'explication du Arizal (chaar hakavanot Pourim) : "dans chaque klipa (force du mal), se trouve une étincelle de sainteté qui éclaire de sa lumière l'intérieur de celle-ci et la fait vivre. Ainsi, nous devons prononcer "béni soit Haman" afin d'attirer de la lumière de sainteté précisément sur l'étincelle de kédoucha qu'il contient en lui.
Étant en état d'ivresse, nous devons faire attention à ne pas avoir d'autre kavana. Car s'il devait en être ainsi, nous pourrions également apporter de la lumière à la klipa elle-même, que D. nous en préserve."

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-> Nos sages (guémara Méguila 13a) nous dévoilent que durant la nuit où Chaoul a laissé vivre Agag, celui-ci a réussi à s'unir, dans sa geôle, avec une esclave qui enfantera Hamdata le père de Haman.

=> Comment le roi Chaoul, qui était un homme si élevé, a-t-il pu succomber à la faute en prenant en pitié Agag, s'opposant ainsi à l'ordre explicite d'Hachem : "À présent, va frapper Amalek et anéantissez tout ce qui est à lui, qu'ils n'obtiennent aucune pitié"?

-> Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin (Pri Tsadik - Pourim ot bét) apporte une explication en s'appuyant sur l'enseignement de nos maîtres : "les descendants de Haman ont appris la Torah à Bné Brak" (guémara Guittin 57b).
Nos Sages nous enseignent qu'il s'agit de Rav Chmouel bar Chilat. (Ein Yaakov - Guittin 57b).

D'après cela, rabbi Tsadok haCohen explique que le roi Chaoul a vu prophétiquement que Rav Chmouel bar Chilat, qui faisait partie des descendants de Haman, irait étudier la Torah à Bné Brak. Il se trouve donc que le roi Chaoul n'eut pas pitié d'Agag lui-même mais plutôt de l'étincelle de sainteté de Rav Chmouel bar Chilat qui se trouvait en lui.

Mieux encore, Rabbi Tsadok Hacohen ajoute un autre enseignement à propos du festin qu'Esther a préparé pour A'hachvéroch et Haman au sujet duquel l'Ecriture conclut : "ce jour-là Haman se retira joyeux et le cœur heureux" (Esther 5,9). Comment un racha peut-il sortir le cœur heureux?
Cette expression se rapporte uniquement à l'étincelle de sainteté qui était contenue en lui.
Il est écrit : "si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s'il a soif donne-lui à boire car ainsi tu amasses des braises sur sa tête et D. te donnera rétribution" (Michlé 25,21). Esther souhaitait éveiller la sainteté cachée qui résidait à l'intérieur de Haman autrement dit l'étincelle de l'âme de Rav Chmouel bar Chilat.
Haman lui-même ne s'est jamais repenti et il est retourné sur le mauvais chemin.

-> Cependant, le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - drouch Pourim) apporte une réponse différente et explique qu'Esther a voulu obtenir le repentir de Haman dans le but de le séparer des forces du mal (sitra a'hra) et ainsi pouvoir le dominer plus facilement.
Et voici son langage : "le peuple saint Israël puise sa force du côté de la sainteté tandis que les réchaïm et les peuples du monde puisent leur vitalité du côté du sitra a'hra (côté/force du mal). Lorsque les Justes souhaitent dominer les méchants, ils opèrent une séparation entre eux et leur mauvais penchant pour les amener du côté de la sainteté, ce qui provoquera leur destruction. En effet, s'ils ne sont plus reliés aux forces du mal, alors ils ne peuvent certainement pas être reliés à la sainteté et ils s'autodétruisent.
Lorsqu'Esther organisa le festin et invita Haman, il est évident qu'elle organisa ce festin dans la sainteté. Elle avait pour objectif de séparer Haman de son sitra a'hra qui était la source de sa vitalité.
Par ce festin, rempli de sainteté, elle annula la force de vitalité de Haman qui n'était ainsi plus relié aux forces négatives mais ne pouvait pas non plus être attaché à la sainteté ...
Et c'est le sens du verset « Haman sortit le cœur heureux du festin".

-> Le Shvilé Pin'has ajoute :
Toutefois, nous pouvons associer ces 2 réponses en expliquant qu'Esther souhaitait séparer Haman de son mauvais penchant afin d'extraire plus facilement l'étincelle de sainteté de Rav Chmouel bar Chilat qui était sous l'emprise du sitra a'hra.
En effet, si Haman était resté à son niveau d'impureté de la klipa d'Amalek, il aurait été très difficile d'extraire cette âme sainte. Ainsi, Esther, dans sa grande sagesse, prépara un repas empreint d'une grande sainteté pour pouvoir s'organiser et amoindrir les forces du mal.
[...]

Ainsi, suivant son raisonnement, le roi Chaoul a trouvé juste de ne pas tuer Agag, prétextant la future naissance de Rav Chmouel bar Chilat.
Cependant, le roi Chaoul s'est trompé car il ne devait pas rentrer dans les comptes de D.

La guémara dit que Rav Chmouel bar Chilat était un très grand Juste qui enseignait la Torah aux enfants d'Israël. En effet, il y était à ce point affairé qu'il ne vit pas sa propre famille durant 13 années. [guémara Baba Batra 8a]

Le midrach (Béréchit rabba 65,20) rapporte le conseil donné par Bilaam aux nations du monde pour vaincre Israël : "allez dans leurs synagogues et leurs maisons d'études, si vous y trouvez là-bas la mélodie de la voix des enfants, vous ne pourrez pas les vaincre car ils ont reçu comme promesse de leur patriarche : la voix est la voix de Yaacov. Lorsque la voix de Yaacov est audible dans les synagogues, les mains d'Essav restent impuissantes".
Il ressort d'ici que la capacité de nuire des nations dépend de l'étude de la Torah des enfants car leur souffle n'est pas entaché par la faute. Nous comprenons ainsi pourquoi Rav Chmouel bar Chilat a choisi précisément d'enseigner aux enfants : il voulait annuler la force de la klipa d'Amalek dont il était le descendant.

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Nos Sages nous apprennent que le peuple juif a accepté la Torah avec amour à l'époque d'A'hachvéroch. (Shabbath 88a). Pourtant, nos Sages enseignent : "Un mérite est transmis par l'intermédiaire de quelqu'un de méritant et un dommage par l'intermédiaire de quelqu'un de coupable" (Shabbath 32a).
=> Dans ce cas, comment est-il possible que le Nom de D. ait été sanctifié par l'intermédiaire de Haman le racha, descendant d'Amalek, qui incita le peuple juif à accepter la Torah avec amour?

En réponse, on peut préciser que le peuple juif n'a pas accepté la Torah avec amour grâce à Haman, qui était entièrement mauvais (racha), mais plutôt grâce au mérite de l'étincelle de sainteté de Rav Chmouel bar Chilat qui était son futur descendant et qui enseigna la Torah aux enfants de la ville de Bné Brak (guémara Guittin 57b).

[Rabbi Mena'hem Azaria de Pano dfit à propos du nom de Rav Chmouel bar Chilat, que Chilat (שילת) est l'acronyme de : "chiviti Hachem lénegdi tamid" (Je fixe constamment mes regards vers Hachem - Téhilim 16,8). En effet, il emprunta durant toute sa vie le chemin de la sainteté en visualisant en permanence avec kavana le Nom d'Hachem. Etant le descendant direct d'Amalek, à propos duquel nos Sages ont dit que le Nom de d'Hachem ne pourrait jamais être complet tant qu'il vivrait, Rav Chmouel bar Chilat était particulièrement concerné et s'imposait d'avoir la kavana du Nom écrit complètement à chaque instant de sa vie afin d'annuler les forces du mal de ses ascendants. ]

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=> Pourquoi devons-nous dire inconsciemment, lorsque nous sommes en état d'ébriété : "béni soit Haman", afin d'apporter de la lumière à l'étincelle de sainteté qui éclaire et fait vivre la klipa?

-> Le Arizal avait déjà enseigné cette notion au sujet de la faute de l'arbre de la connaissance (qui a entraîné un mélange du bien et du mal dans toute la Création), à la suite de laquelle les étincelles de sainteté et les âmes sont tombées dans les profondeurs des klipot (forces du mal), étant passées sous leur emprise.
Hachem organisa tous les événements du monde pour pouvoir les en extraire comme on extrait l'or pur de la roche. Ainsi, l'âme d'Avraham notre patriarche est sortie de Tera'h, ou celle de Ra'hel et celle de Léa sont sorties de Lavan.

Cependant, nous pourrions craindre que l'âme, au moment même de sortir de l'impureté, ne s'enfouisse très profondément à l'intérieur même de la klipa (force du mal).
Ainsi, dans Sa grande miséricorde Hachem a orchestré les événements pour qu'il y ait toujours une étincelle de sainteté qui éclaire au sein même des forces du mal, afin de nourrir les âmes qui y sont enfermées dans le but de les protéger et d'éviter qu'elles ne se rendent totalement impures.
Et, c'est à ce propos qu'il est écrit : "qui donc pourrait tirer quelque chose de ce qui est impur?" (Iyov 14,4). Le midrach (Bamidbar rabba 19,1) explique : qui a décrété les choses de la sorte si ce n'est l'Unique, le Maître du monde.

C'est cette notion qui s'est dévoilée durant la période de Pourim lorsqu'Esther organisa le festin accompagné de vin, qu'elle prépara avec sainteté pour que Haman puisse en sortir le cœur joyeux, c'est-à-dire avec l'étincelle d'âme de Rav Chmouel bar Chilat qu'il avait en lui.
Cela signifie que chaque homme a le devoir de s'enivrer le jour de Pourim jusqu'à confondre entre maudit soit Haman et béni soit Mordé'haï (guémara Méguila 7b).
Car en bénissant Haman en état d'ébriété, nous attirons une lumière sur l'étincelle de sainteté qui fait vivre la klipa (force du mal) afin de la nourrir jusqu'à ce que Hachem organise les événements pour libérer cette âme qui est enfouie dans les forces du mal.
[Shvilé Pin'has]

Méguilat Esther (suite) – Le saviez-vous?

+ Méguilat Esther (suite) - Le saviez-vous?

6°/ Guéoula & rapporter l'auteur d'une parole :

-> "Celui qui rapporte une parole au nom de celui qui l'a dite apporte la rédemption au monde, comme il est dit : 'Et Esther dit au roi au nom de Mordé'haï'(Esther 2,22)." [guémara Méguila 15a]

=> Le système de la Providence Divine suit toujours un modèle de "mesure pour mesure". Si c'est le cas, quel est le lien qui fait d'une personne possédant cette qualité particulière un présage approprié pour la rédemption (guéoula)?

-> Le Maharal (cité dans Maayané ha'Haïm vol.3) explique que lorsque Hachem apporte la guéoula, il souhaite faire savoir qu'il est la source du salut.
Une personne qui s'attribue le mérite de la déclaration intelligente d'un autre n'aura aucune réserve à s'attribuer le mérite du miracle d'Hachem, et attribuera plutôt la délivrance à sa propre perspicacité et à son talent.
Une personne qui attribue le mérite à qui de droit dans ses relations avec ses semblables fera certainement de même pour Hachem et est donc digne de devenir un conduit pour la délivrance d'Hachem.

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7°/ Se revêtir de cilice et de cendres :

-> Lorsque Yaakov fut informé de la disparition de Yossef, il se revêtit d'un cilice et de cendres.
Le midrach (Béréchit 84,20) raconte que, puisque Yaakov portait un cilice à ce moment-là, il fut décrété que ses descendants porteraient un cilice à l'époque de Mordé'haï, comme il est écrit : "Et [Mordekhaï] se revêtit d'un cilice et de cendres" (Esther 4,1).
=> Qu'est-ce que Yaakov a fait de mal pour que ses descendants soient punis de la sorte?

-> Le 'Hasam Sofer (drachot 'Hatam Sofer p.185a-b) répond que Yaakov a accepté avec joie toutes les nombreuses tragédies qui lui sont arrivées dans sa vie.
Ce n'est que lorsqu'il a cru que Yossef avait été tué, ce qu'il a pris comme un présage qu'il avait perdu sa part dans le monde à venir, qu'il a finalement succombé au chagrin et au désespoir.
Le manque de foi momentané de Yaakov a été transmis à ses descendants, qui ont eux aussi affronté une lutte de la même nature.

Le 'Hasam Sofer dit : "La vérité est que l'acceptation [de la souffrance] avec sérénité accomplit plus que de nombreuses prières".
Esther a compris ce principe et c'est pour cette raison qu'elle a invité Haman au festin, pour démontrer sa joie et sa confiance en Hachem que son salut était imminent.
C'est également la raison pour laquelle nos Sages ne se sont pas contentés d'exiger la lecture de la Méguila à Pourim, mais ont également institué la réjouissance avec un repas de fête.
Le joyeux festin de Pourim démontre que la prière et les supplications sont loin d'être aussi efficaces que le fait de se réjouir en Hachem et de compter avec confiance sur Sa rédemption.

[ainsi Pourim est un moment de l'année où l'on doit renforcer en nous l'idée que dans nos difficultés de la vie, la meilleure réaction est d'être dans la joie de la confiance en Hachem, car comme l'affirme le 'Hatam Sofer : "cela accomplit plus que de nombreuses prières". ]

-> Le Téhilim 22 regorge d'allusions prophétiques à Esther et à la rédemption qu'elle a opérée (guémara Méguila 15b ; Yoma 29a).
Le 'Hatam Sofer explique de nombreux versets de ce Téhilim en accord avec le thème susmentionné :
"Mon D., mon D., pourquoi m'as-tu abandonné? Tu es loin de me sauver, des paroles de mon rugissement" (v.2) = cela veut dire que tant que je rugis d'angoisse, Tu t'éloignes encore plus de me sauver.
"Ô mon D.! Je crie le jour, mais Tu ne réponds pas ; et la nuit, mais il n'y a pas de répit pour moi" (v.3) = c'était le trait de caractère de Yaakov lorsqu'il portait le cilice et ne respectait pas le dicton : "Je te remercie, Hachem, car tu m'as affligé", ne louant pas Hachem lorsque les épreuves s'abattaient sur lui.
Hachem ne souhaite pas cette approche, mais plutôt : "Et Tu es le Saint, trônant sur les louanges d'Israël" (v.4) = Hachem désire et attend qu'Israël Lui offre des louanges, même pendant ses périodes de difficultés.
Le résultat de cette approche est le suivant : "En toi nos pères se sont confiés, ils se sont confiés et tu les as délivrés" (v.5).

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8°/ Malédiction conditionnelle :

La guémara (Makot 11a) affirme que la malédiction d'un Sage, même si elle est sans fondement, c'est-à-dire basée sur une prémisse erronée, elle se réalise néanmoins et affecte l'objet de la malédiction.

=> Si tel est le cas, comment Esther a-t-elle été épargnée que ne prenne effet la malédiction de Mordé'haï : "Car si tu persistes à garder le silence dans un moment pareil, le secours et la délivrance viendront aux juifs d'un autre endroit, tandis que toi et la maison de ton père périront" (Esther 4,14)?

-> Le rav 'Haïm Kanievsky (Sia'h 'Hanouka ouPourim) commente que la malédiction d'un sage a le statut d'un décret (guézéra). Cependant, même un décret céleste peut être aboli par la prière.
Comme Esther a imploré Hachem pour que la malédiction de Mordé'haï ne se matérialise pas, ses prières ont été acceptées.
Nous devons donc conclure que dans les cas de Yéhouda et d'Eli haCohen, desquels nos Sages déduisent le principe selon lequel même la malédiction conditionnelle d'un sage est accomplie, les destinataires de la malédiction ont cru à tort qu'il était inutile de prier puisqu'ils avaient rempli les termes de la condition du sage.

-> Le rav 'Haïm Kanievsky y donne une autre explication :
Une malédiction conditionnelle ne prend effet que si elle a été dite avec sérieux. Mais si on a prononcé une malédiction avec l'intention spécifique qu'elle soit nulle et non avenue, la malédiction ne prend pas effet.
Comme Mordé'haï aimait tendrement Esther, son exhortation fortement formulée était conçue comme une exagération, et sa seule intention était de réussir à la persuader d'entreprendre la difficile mission de se présenter devant le roi à l'improviste.

-> La manière dont opère une malédiction est qu'elle suscite des accusateurs célestes qui exigent que le bénéficiaire de la malédiction soit jugé avec une stricte justice.
Le Alchikh haKadoch écrit que lorsqu'une personne accomplit une mitsva, le membre associé à cette mitsva particulière atteint la perfection. Lorsqu'une personne sert Hachem avec sacrifice total de soi (messirat néfech), son corps entier atteint la perfection.
Mordé'haï a réalisé qu'en raison de la messirat néfech d'Esther, qui s'est rendue à l'improviste chez le roi A'hachvéroch, elle atteindrait une telle perfection spirituelle qu'aucun mal ne lui arriverait.
['Hida - Dévarim A'hadim]

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9°/ 3 jours de jeûne :

=> D'où Esther a-t-elle eu l'idée de demander qu'elle et les juifs jeûnent pendant 3 jours afin de vaincre Haman?

1- Le Rokéa'h (Esther 4,16) écrit qu'Esther décida d'un jeûne de 3 jours afin de se repentir des 3 péchés capitaux que les juifs de Shoushan avaient transgressé :
- l'adoration des idoles = les juifs de Shushan ont transgressé le péché d'adoration des idoles en se prosternant devant Haman ;
- l'immoralité = A'hachvéroch a fait venir des prostituées au festin pour tenter les juifs de pécher, et beaucoup ont succombé. [Méguilat Setarim - Esther 8,16]
- le sang versé = Hasach (que les Sages identifient comme Daniel) était un courtisan du palais d'A'hachvéroch et il relayait les messages entre Mordé'haï et Esther concernant le décret d'Haman. Cela a éveillé les soupçons d'Haman qui a fait tuer Hasach. [Pirké déRabbi Eliézer - chap.49]
Le décret d'Haman étant le résultat des fautes des juifs, ceux-ci sont considérés comme partiellement responsables de la mort de Daniel.

Le Rokéa'h y commente également qu'Esther souhaitait jeûner pendant 3 jours afin d'expier 3 péchés qu'elle avait personnellement commis :
- L'immoralité = en raison de son mariage avec A'hachvéroch.
- L'effusion de sang = être indirectement responsable de la mort d'Hasach.
- Manger de la nourriture non cachère au palais d'A'hachvéroch (guémara Méguila 13a).

2- De son côté, le Panéa'h Raza (Ekev 8,3) commente qu'Esther a vu une allusion à la déclaration d'un jeûne de 3 jours dans le verset suivant : "Il vous a affligés et vous a laissés affamés, puis il vous a nourris de la manne" (Ekev 8,3). Le mot "manne" s'écrit הַמָּן, qui sont les mêmes lettres que "Haman".
"Il vous a affligé" fait allusion à un jour de jeûne, "et vous a laissés affamés" suggère un 2e jour de jeûne. Le troisième jour de jeûne, Hachem "nourrira Haman" entre tes mains.

[le rav Binyamin Wurzburger dit : on pourrait peut-être aussi comprendre cela à un niveau plus profond : Hachem a donné la faim aux juifs dans le désert afin qu'ils reconnaissent qu'Il les nourrit de manière miraculeuse (Hachem aurait pu faire qu'ils n'aient pas besoin de manger). De même, en reconnaissant qu'Hachem contrôle en fin de compte le destin d'Israël, ce qui est le résultat du jeûne et du repentir pendant les jours d'Haman, ils ont mérité de "consommer" Haman (les 2 mots s'écrivant : המן).]

3- Rabbi Tsvi Kahana explique qu'Esther ne voulait pas pouvoir attribuer le succès de sa mission à son charme, son intelligence ou sa beauté. Après avoir jeûné pendant 3 jours, elle n'était clairement pas en état d'être naturellement séduisante devant le roi, sauf par la grâce d'Hachem.
Rabbi Yé'hezkel Lévenstein apporte ici la preuve que l'obligation de hichtadlout n'existe que jusqu'à ce qu'une personne commence à attribuer le succès à ses propres efforts. Une fois qu'il a atteint ce point, il doit arrêter ses hichtadlout. ['Hazon Ich Haggada - où le 'Hazon Ich dit qu'il est d'accord avec ces paroles. ]

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10°/ Le jeûne & la matsa :

-> "Mordé'haï se retira (vayaavor - litt. transgressa) et exécuta exactement ce que lui avait ordonné Esther" (Esther 4,17)

Commentant ce verset, la guémara (Méguila 15a) rapporte que Mordé'haï a transgressé en faisant du premier jour de Pessah un jour de jeûne. [voir aussi Targoum (Esther 4,17) : "Et Mordé'haï transgressa [l'obligation de] célébrer joyeusement la fête de Pessa'h [en instituant le jeûne de 3 jours]."]
Rachi commente : le décret d'anéantissement a été émis contre le peuple juif le 13 Nissan ; et ils ont jeûné le 14, le 15 (qui était le premier jour de Pessah), et le 16.

=> Rabbi Yonathan Eibeshitz (Yaarot Dvach - vol.2) demande pourquoi les Sages se concentrent uniquement sur le décret de Mordé'haï qui a empêché les juifs de célébrer joyeusement Pessa'h en mangeant, et faisant une plus grande faute : s'abstenir de l'obligation de la Torah de manger de la matsa la première nuit de Pessa'h?

Les commentateurs suggèrent un certain nombre de résolutions à cette question :
-> Selon le midrach (Téhilim 22,5), les juifs ne jeûnaient que le jour et mangeaient la nuit.
Les juifs pouvaient donc s'acquitter de l'obligation de manger la matza la première nuit de Pessa'h. [ils ont donc pu faire le Séder la nuit du 15 Nissan]
[Arou'h laNer - Yébamot 121a]

-> Selon le Talmud, les juifs ont jeûné sans interruption pendant toute la durée des 3 jours.
Selon la définition du jeûne de la Torah (comme à Yom Kippour), si une personne mange moins que le volume d'une grosse datte, on considère quand même qu'elle a jeûné (puisqu'une quantité aussi infime n'est pas rassasiante).
Mordé'haï a institué le jeûne de 3 jours selon les critères de jeûne de la Torah. Les juifs pouvaient donc manger de la matsa le jour de Pessa'h et ne pas enfreindre le jeûne. Ceci est dû au fait qu'une personne remplit son obligation de manger de la matza en mangeant simplement la taille d'une olive (kazayit).
Puisqu'une olive est plus petite qu'une grosse datte, on considère que l'on a jeûné ce jour-là.
[Arou'h laNer - Yébamot 121a]

-> Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.49) rapporte que lorsqu'Esther a demandé à Mordé'haï de rassembler les juifs et de déclarer un jeûne de 3 jours, il a d'abord hésité à exécuter la demande d'Esther.
Mordé'haï demanda à Esther : "Comment pouvons-nous instituer un jeûne de 3 jours en ce moment, puisque le jeûne entrera en conflit avec la fête de Pessa'h?". Esther répondit : " Tu es le principal sage d'Israël et un membre du Sanhédrin. Comment peux-tu poser une telle question? Pour qui sera la fête de Pessa'h, s'il n'y a pas d'Israël (de juifs) pour faire un Pessah ?" [s'ils sont tous exterminés par Haman]
Mordé'haï admit qu'Esther avait raison, et institua que personne ne devait manger ni boire le premier jour de Pessah.

Selon ce midrach, les juifs n'ont pas mangé de matsa à Pessa'h en raison du jeûne déclaré par Mordé'haï.
À la lumière de ce midrach, nous pouvons peut-être répondre à la question de Rabbi Yonathan Eibeshitz comme suit : les Sages se sont concentrés sur l'abolition générale de la fête de Pessa'h par Mordé'haï pour souligner que le but du jeûne était de transmettre ce message à Hachem : "Qui célébrera la fête de Pessa'h si Tes enfants sont tués?"

-> Il existe un principe halakhique selon lequel les Sages sont habilités à déraciner un commandement biblique positif de manière passive. (ex: nos Sages ont interdit de sonner du Shofar à Roch Hachana lorsque cela tombe Shabbath, pour empêcher les gens de transgresser par inadvertance l'interdiction de porter le Shofar dans le domaine public pendant Shabbath. )
Les rabbanim, cependant, n'ont pas l'autorité d'ordonner l'exécution d'un acte positif qui contrevient à la Torah.
Le fait que les juifs n'aient pas mangé de la matsa la nuit de Pessa'h n'est pas problématique, puisqu'ils se sont simplement abstenus passivement d'accomplir la mitsva.

Nous pouvons suggérer que le fait pour Mordé'haï de décréter un "jour de jeûne" à Pessa'h ne relevait pas de ses compétences rabbiniques. C'est parce qu'un jour de jeûne n'est pas seulement considéré comme un jour où l'on ne mange pas, mais plutôt comme un acte positif.
En tant que tel, Mordé'haï instituant un jour de jeûne à Pessa'h était considéré comme une annulation active de la mitsva d'être joyeux à Yom Tov.
[rav Binyamin Wurzburger]

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11°/ Absence d'acte de divorce :

-> "Et il [Mordé'haï] éleva (אֹמֵן - omèn) Hadassa" (Esther 2,7)
Le Yalkout Meam Loez explique que ce verset souhaite transmettre le grand amour et le dévouement avec lesquels Mordé'haï a élevé Esther, tant physiquement que spirituellement.
Le mot "élevé" est écrit sans la lettre "vav" (אמן), qui épelle le mot "Amen". Cela signifie que Mordé'haï a appris à Esther à dire Amen alors qu'elle n'était qu'un bébé.
La raison à cela est que si elle devait mourir dans son enfance, le mérite de dire Amen lui permettrait de se lever à la résurrection des morts.
[bien qu'à la tête du Sanhédrin, Mordé'haï s'est occupé de la jeune orpheline Esther avec toute la chaleur et l'amour d'une mère pour son enfant.]

La guémara (Méguila 13a) rapporte que Mordé'haï a épousé Esther lorsqu'elle a atteint l'âge adulte.
=> Si tel est le cas, pourquoi Mordé'haï n'a-t-il pas divorcé d'Esther avant qu'elle ne soit emmenée au palais d'A'hachvéroch afin qu'elle lui soit permise après son retour?

-> Tossafot (Méguila 15a) répond qu'étant donné qu'un acte de divorce (guét) nécessite des témoins, Mordé'haï avait peur que l'affaire ne devienne publique et ne soit connue d'A'hachvéroch.
[On peut supposer qu'il partageait la même inquiétude que celle d'Avraham concernant sa femme, Sarah. Si le monarque avait été au courant de leur relation conjugale, il n'aurait eu aucun scrupule à tuer le mari afin de justifier le fait de prendre sa femme. ]

De plus, selon rabbi Yossef Shalom Eliyachiv (Achré haIch - Ora'h 'Haïm fin chap.43), un acte de divorce qui est donné avec l'intention de se remarier est invalide.
La Torah indique clairement que la défaveur et la haine sont les conditions préalables nécessaires à un divorce dans la loi juive, comme il est écrit : "Si un homme épouse une femme et qu'il se trouve qu'elle ne trouve pas grâce à ses yeux ... et qu'il lui rédige un acte de divorce" (Ki Tétsé 24,3).

Méguilat Esther – Le saviez-vous?

+ Méguilat Esther - Le saviez-vous?

1°/ Nom manquant :

=> Pourquoi le nom d'Hachem n'est-il pas mentionné dans la Meguila?

On peut citer :
-> Puisque la Megilat Esther a été canonisée comme chronique royale officielle de l'empire perse, on craignait que les idolâtres perses ne substituent le nom de leurs idoles aux endroits où le nom d'Hachem était mentionné. [Kad haKéma'h, citant le Ibn Ezra]

-> Tant qu'Amalek n'est pas totalement détruit, le nom d'Hachem est incomplet. Puisque des restes d'Amalek ont survécu au miracle de Pourim, le nom d'Hachem n'apparaît pas dans la Meguila. [Yalkout Méam Loez - Esther]

- Puisque le miracle s'est produit en exil, où la présence divine est dissimulée, il ne serait pas approprié que le nom d'Hachem soit révélé ouvertement. [Yalkout Méam Loez - Esther]

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2°/ Un festin sans musique :

La Méguila décrit en détail les meubles exquis et les beaux ustensiles qui étaient exposés lors du festin de 7 jours organisée par A'hachvéroch pour les citoyens de Shoushan.
Cependant à la lecture de la méguila, un des éléments habituels d'une festivité semble faire cruellement défaut au festin du roi : la musique.
=> Pourquoi A'hachvéroch n'a-t-il pas prévu de divertissement musical pour ses invités au festin?

1- Selon certaines opinions, de la musique était effectivement jouée lors du festin d'A'hachvéroch. Comme il est d'usage qu'un banquet royal soit accompagné de musique, il n'était pas nécessaire que la Méguila mentionne explicitement ce point.
[Maharam Shif - drachot fin de 'Houlin]

2- A'hachvéroch voulait satisfaire les désirs de chacun de ses invités.
Si le mobilier et le décor d'A'hachvéroch étaient objectivement agréables aux yeux de tous, les gens ont des goûts différents en matière de musique.
La musique agréable d'une personne peut être un bruit gênant chez une autre, A'hachvéroch n'a pas été en mesure de trouver un genre de musique qui serait apprécié par toutes les personnes présentes (ex: à la fois aux jeunes et aux plus âgés), il s'est donc abstenu de fournir de la musique au festin.
[Manot haLévi - Esther 1:8]

3- Puisque A'hachvéroch voulait que les juifs assistent au festin , il a n'a pas pu fournir de musique, car il était interdit aux juifs d'écouter de la musique pendant le festin, en signe de deuil de la destruction du Temple.
[Maharam Shif - drachot fin de 'Houlin]

4- L'intention première du festin était de tenter les juifs de pécher. A'hachvéroch était conscient que la musique possède une puissante composante spirituelle qui réussirait à inciter les juifs à se repentir.
Il n'autorisa donc aucune musique lors du festin.
[Manot haLévi - Esther 1:8]

Le Manot haLévi (rabbi Shlomo Alkabetz) ajoute l'observation suivante :
Nous constatons que les jeunes enfants, les infirmes et les personnes âgées sont excités par la musique, plus que le reste de la population. Cela s'explique par le fait que lorsqu'un nouveau-né entend de la musique, cela éveille dans son subconscient le souvenir des anges chantant dans le ciel, qu'il a connu récemment, avant sa naissance. Comme les infirmes et les personnes âgées sont quelque peu détachés de leur corps physique, ils sont également fortement affectés par la nature spirituelle de la musique.

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3°/ La queue de Vachti :

Nos Sages (guémara Méguila 12b) expliquent que la raison pour laquelle la reine Vachti a refusé de venir à la fête du roi pour montrer sa beauté est qu'une queue disgracieuse lui a soudainement poussé.

Il y a deux façons principales de comprendre cet événement :
- Selon certaines opinions, il faut le prendre au pied de la lettre : Vachti s'est vu pousser une queue comme celle des animaux. [Maharcha - Méguila 12b]
- D'autres soulignent que la caractéristique de tous les miracles de Pourim est qu'ils ont été accomplis de manière cachée. Si Vachti avait soudainement fait pousser une queue d'animal, cela aurait certainement été considéré comme un miracle ouvert. [rabbi Shimon Schwab]
Selon le Rachba (Pérouch haAggadot), la "tête" représente symboliquement la partie distinguée d'une entité, tandis que la "queue" représente une partie basse et insignifiante. Une "queue" peut donc également signifier un appendice étranger à son corps, comme une verrue laide et allongée.
Selon le Alchikh haKadoch, cet appendice apparaissait sur son front, ce qui implique que la nature repoussante de cette tare était due à son emplacement bien visible sur son visage.

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=> Pourquoi Vachti a-t-elle été punie en se faisant pousser une queue?

-> Le prophète Yéchayahou a prophétisé la chute de l'Empire babylonien : "Je détruirai de Babylone le nom et le reste, l'enfant et le petit-enfant " (Yéchayahou 14,22).
Nos Sages (Yalkout Chimoni - Yéchayahou 418) expliquent que "petit-fils" fait référence à Vachti, la petite-fille de Névou'hadnétzar.
Vachti était donc la "queue" de la dynastie babylonienne, puisqu'avec son exécution, la famille royale babylonienne a pris fin.
['Hida - Na'hal Echkol - Esther 2,1]

-> Vachti était fière de sa lignée royale, car elle était la descendante de 3 souverains babyloniens : Névou'hadnétzar, Mérodach le mauvais et Belshatsar.
Alors que ces rois agissaient en tant que "tête" de l'empire babylonien, ils sont en réalité plus comparables à une "queue" en raison de leur comportement impitoyable et bas.
Vachti a été humiliée par la croissance d'une queue inconvenante (zanav - זָנָב), dont les lettres correspondent à la première lettre de chacun de ces souverains : בלשצר (Belshatsar), נובכדנצר (Névou'hadnétzar), plus la lettre "ז", dont la valeur numérique [7] est égale à la valeur numérique de la première lettre de ושתי (Vachti) et de אֱוִיל מרודך (évil Mérodach). [vav+ alef =7]
[Ben Ich 'Haï - Ben Yehoyada - guémara Megillah 12b].

[La raison pour laquelle les règnes de Vachti et de Mérodach sont combinés est peut-être que chacun d'eux a eu un règne incomplet. Vachti a été tuée dans la fleur de l'âge et Mérodach le mauvais a été nommé roi pendant la période de 7 ans où Névou'hadnétzar est devenu fou. Après le rétablissement de la santé mentale de Névou'hadnétzar, la population a fait emprisonner le méchant Mérodach jusqu'à la mort de Névou'hadnétzar (Rachi, Yeshayahu 14:19). ]

-> Puisque Vachti obligeait les jeunes filles juives à travailler nues pendant le Shabbat comme des animaux, Hachem lui a donné une queue, une partie du corps exclusive aux animaux.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yehoyada - guémara Megillah 12b].

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4°/ Un sauveur improbable :

Au cours de sa plaidoirie auprès d'A'hachvéroch pour que Vachti soit tuée, Haman dit : "Et aujourd'hui, j'en parlerai" (Esther 1,18).
Le midrach commente ce verset en disant que si cet événement s'était produit un autre jour de l'année, Haman n'aurait pas recommandé l'exécution de Vachti.
=> Pourquoi en est-il ainsi ?

-> Le rav Yonathan Eibeshitz (Yaarot Dvach vol.1 drouch 3) présente la réponse suivante :
Le Rokéa'h dit que le festin de 180 jours d'Achashveroch a commencé au mois de Nissan. Par conséquent, les 180 jours se sont terminés le 3e jour de Tichri. Le roi a ensuite organisé un festin supplémentaire de 7 jours pour les habitants de Shoushan, qui s'est terminée à Yom Kippour (le 10e jour de Tichri).

Après que Haman eut décrété la destruction des juifs, ceux-ci se repentirent de leur péché d'avoir participé au festin du roi, par "le deuil, le jeûne, les pleurs, l'éloge, le sac et la cendre" (Esther 4,3).
Le midrach affirme que ces 6 expressions de repentir correspondent aux 6 jours pendant lesquels les juifs ont participé au festin du roi.
=> Pourquoi n'ont-ils assisté au festin que pendant 6 jours sur les 7 qu'il a duré?
La réponse est qu'ils n'ont pas assisté au dernier jour du festin du roi, car il tombait sur Yom Kippour.

Yom Kippour est un jour de grâce et de faveur divine, et même le Satan est impuissant pour nuire aux juifs.
En ce jour de Yom Kippour, Hachem a transformé Haman, qui était comme le Satan incarné, en un agent de la miséricorde et a mis dans son esprit l'argument illogique d'exécuter Vachti, ce qui a finalement conduit aux événements entraînant l'annulation de son décret contre les juifs ainsi que sa propre disparition.

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5°/ Mordé'haï haYéhoudi :

=> Que signifie le verset lorsqu'il qualifie Mordé'haï de "Yéhoudi" (Esther 2,5)?

On peut citer les explications suivantes :
-> Tous les juifs sont appelés Yéhoudim en référence à Yéhouda, qui a eu le courage de reconnaître sa faute dans l'épisode de Tamar (voir Targoum Yérouchalmi - Béréchit 49,8).
Il apparaît donc que c'est cette caractéristique particulière qui définit le juif. Haman a qualifié Mordé'haï de Yéhoudi car il a fait preuve d'une bravoure et d'un courage remarquables dans son refus de se soumettre à Haman.
[à l'image de Yéhouda, un juif (yéhoudi) doit être prêt à tout pour rester fidèle à la volonté d'Hachem (relayée par nos Sages de la génération), même si cela peut aller à l'encontre de sa nature humaine, de la logique ... ]

-> Le midrach (Esther rabba 6,2) dit que Mordé'haï a été appelé Yéhoudi parce qu'il a fait connaître l'unicité d'Hachem (יחידי - yé'hidi) dans le monde entier, lorsqu'il a refusé de se soumettre à Haman.
(la Torah Témima (sur ce passage) explique que les lettres hé et 'hét sont utilisées de manière interchangeable dans l'exégèse des Sages, car elles sont écrites et prononcées de manière similaire.)
[ainsi, on est appelé juif (yéhoudi) car notre but dans la vie est de faire connaître l'unicité d'Hachem. ]

-> "Nos Sages disent : ne lis pas yéhoudi/juif mais : yé'hidi (=spécial, unique)." [Midrach Rabba Esther 6,2]
=> La définition d'un juif est d'être yé'hidi (spécial). Chacun a un rôle spécifique, et des épreuves tout aussi spécifiques.
Le Rav Sim'ha Bounim de Psi'ha avait l'habitude de dire :
"Si du Ciel, on me demandait : "Veux-tu, Bounim, être Avraham avinou, c'est-à-dire changer ta place contre la sienne?"
Je répondrais : "Quel intérêt D. aurait-Il à ce que je sois Avraham avinou et que je change de rôle?
De toute façon, Tu n'auras qu'un seul Avraham avinou et qu'un seul Bounem.
Cependant, si on me donnait le mérite, dans le ciel, d'arriver au niveau d'Avraham avinou, Tu aurais, D., deux Avraham avinou ... et de cela, il y aurait lieu de réjouir."

-> La raison pour laquelle tous les juifs sont actuellement appelés Yéhoudim est que Yéhouda était la seule tribu complète qui est restée en Israël après l'exil des 10 tribus. Le reste des 10 tribus qui sont restées se sont joints à Yéhouda et ont été dorénavant aussi appelés d'après la tribu de Yéhouda.
Mordé'haï fut appelé "Ich Yéhoudi", un homme de la tribu de Yéhouda, ainsi que "Ich Yémini", un homme de la tribu de Binyamin.
L'appellation de ich signifie une personne de distinction et un leader. Mordé'haï était à l'origine le chef de la tribu de Binyamin avant leur exil d'Israël (Ich Yémini), et après l'exil, il était le chef de toute la nation juive (Ich Yéhoudi).
[Gaon de Vilna - Esther 2,5]

-> Mordé'haï, ainsi que tous les juifs, sont appelés Yéhoudim dans la Méguila (Esther 8,16).
Lors du recensement du peuple juif à sa sortie d'Égypte, la Torah ajoute les lettres youd et hé à chaque famille. Ces lettres (יה) épellent le nom d'Hachem et indiquent que la nation juive a maintenu sa chasteté même pendant son exil égyptien (Rachi - Pin'has 26,5).
De même, la nation juive est appelée Yéhoudim. Le terme : "yéhoudi" (יהודי) comprend les 4 lettres d'Hachem יהוה (lorsque le dernier youd rentre dans le dalét, cela forme la lettre hé), et ce pour démontrer la pureté de leur lignée même en exil.
[Gaon de Vilna - Esther 2,5]

[Hachem a promis qu'Il résidera parmi nous en exil. Ainsi, le nom Yéhoudi nous rappelle que quoi qu'on puisse faire (même les pires choses), on aura toujours une partie divine qui restera intacte en nous. Un juif n'est jamais seul, Hachem reste toujours avec lui. ]

-> Le fait que chaque juif possède une partie d'Hachem en lui, vient éclairer les paroles du Zohar :
- "La joie principale sur laquelle l’homme doit se réjouir, c’est la joie d’être un juif" ;
- si nous avions conscience d'à quel point Hachem aime chaque juif, nous rugirions comme des lions bondissant sur chaque opportunité de pouvoir faire Sa volonté.
Rabbi Na'hman de Breslev exprime dans sa célèbre chanson : "Si un juif avait conscience de ce qu'est être juif, alors il serait joyeux et il danserait jusqu'à 120 ans!" (im yéhoudi aya yodéa ...).
[le plus grand plaisir est le fait d'être proche d'Hachem (notre source de Vie). Ainsi plutôt que de passer notre temps à rechercher notre bonheur à l'extérieur (sans cesse attendant LA chose qui nous rendra heureux), un juif doit plutôt valoriser et se concentrer sur ce qu'il a, sur son trésor interne : son âme.
Un juif a une âme qui vient de l'intériorité d'Hachem, il a une âme beaucoup plus élevée que les non-juifs (qui ont une partie externe d'Hachem), et en ce sens chacune de nos actions (ex: parler) a un impact incroyable sur terre et au Ciel. Nous devons être fiers et responsables de cette réalité!

Ainsi, au début du récit de Pourim les juifs ont participé au festin du roi A'hachvéroch pensant trouver des honneurs et le bonheur dans la société non-juive environnante, mais à la fin de l'histoire ils se sont rendus compte que Mordé'haï (le yéhoudi) avait raison, et il y a eu beaucoup de joie et de lumière chez les juifs (réalisant à quel point en essence un juif est unique (yé'hidi) dans ce monde, faisant écho aux paroles de rabbi Na'hman : "Si un juif avait conscience de ce qu'est être juif, alors il serait joyeux et il danserait jusqu'à 120 ans!" = cela n'est pas que de belles paroles théoriques, c'est une réalité que nous devons internaliser constamment. ]

-> Les termes "ich yéhoudi" (homme juif) ont la même valeur numérique que le nom de : Moché, soit 345 (avec le kolel), pour nous faire comprendre par allusion que Mordé'haï avait des étincelles d'âme de Moché.
['Hida - 'Homat Anakh]
[à chaque génération, les responsables spirituels ont en eux une partie de l'âme de Moché pour guider et conseiller le peuple juif. ]

-> Mordé'haï est appelé : "ich yéhoudi" (un homme juif - Esther 2,5)
Le Targoum commente : "ich yéhoudi" = quelqu'un qui prie pour son peuple.
[ alors à quel point prenons-nous soin et préoccupons-nous d'autrui (en demandant à Hachem de l'aider, de le combler du meilleur)? Prions-nous (assez) pour les autres? En effet, c'est une caractéristique qui fait de nous un juif(ve)! ]

-> A la naissance de Yéhouda, Léa fut particulièrement reconnaissante, ayant plus que sa part (Vayétsé 29,35 ). Chacun doit avoir ce même ressenti : estimer qu’il a plus que ce qu’il mérite.
En ce sens nous portons le nom de Yéhoudi (יהודי), de la racine "odaa" (הודאה), être reconnaissant pour ce que l’on a et se dire que l’on davantage que son lot.
On commence notre journée dans cet état d’esprit avec "modé ani" (מודה אני). Immédiatement au réveil, nous remercions (modé) avant même de penser (ani).
Le midrach (Béréchit rabba 14,9 ) explique que nous devons louer Hachem pour chaque respiration.
[d'après le rav Yéhochoua Alt]

[Mordé'haï avait tellement développé sa reconnaissance et ses louanges envers Hachem, qu'il ne se voyait pas être ingrat en agissant contre sa volonté malgré le danger (festin, prosterner devant Haman, ...).
Plus nous témoignons de la reconnaissance à D. (même sur les "petites" choses de la vie, ce que nous prenons pour acquis/normal), plus nous en venons à apprécier et aimer Hachem pour tout ce qu'il fait constamment pour nous.
Plus cela nous permet d'être juif (yéhoudi), c'est-à-dire d'avoir toujours Hachem qui est unique (yé'hidi) à nos yeux.

(ex: notre yétser ara nous dit : ça va c'est la naturalité des choses, c'est le hasard, ... mais nous affirmons et apprécions que cela est 100% issu d'un décret de papa Hachem, pour notre bien ultime. )

Des étincelles divines et saintes sont dispersées dans le monde entier. La mission du peuple juif est de les trouver et de les élever à un niveau supérieur.
Ils peuvent le faire avec la force de la Torah. Ou, s'ils n'en sont pas dignes, ils doivent partir en exil pour les rassembler.
[Sfat Emet]

Pourim – Le saviez-vous?

+ Pourim - Le saviez-vous?

1°/ Shabbath Shékalim puis Za'hor :

-> Au mois d'Adar, il y a 4 parachiyot (lectures spéciales de la Torah) qui sont lues après la paracha hebdomadaire chaque Shabbat. La première des "quatre parachiyot" est parachat Shékalim, qui contient le récit de l'offrande obligatoire d'un demi-shekel. Elle est suivi par la parachat Za'hor, qui rappelle la bataille d'Amalek contre Israël, et qui est lu le Shabbat précédant Pourim.
Pourquoi la paracha Shékalim précède-t-elle la paracha Za'hor?

-> Le pouvoir d'Haman de détruire les juifs s'est concrétisé lorsqu'il a offert au roi A'hachvéroch 10 000 shékalim d'argent (Esther 3,9). Cette manifestation terrestre de l'ascension d'Haman sur Israël reflète la cause céleste du pouvoir d'Amalek sur les juifs : le désir excessif d'Israël pour l'argent.
La portion de la Torah qui rappelle la bataille d'Amalek est écrite à côté de l'interdiction des faux poids et mesures, car c'est le laxisme d'Israël en matière d'honnêteté dans les questions monétaires qui a favorisé l'agression d'Amalek contre Israël.
Mordé'haï a ordonné aux juifs de ne pas porter la main sur le butin de la bataille afin de corriger ce manquement moral. [Kli Yakar Dévarim 25,13 & Chémot 30,13]

A ce sujet, le rav Michel Ber Weissmandel a fait un jour la remarque effrayante suivante à son élève, le rav Yona Furst (qui le rapporte dans son Divré Yona al haTorah vol.1) :
"Il est ironique de constater que, bien que la Shoa ait pris naissance en Allemagne, davantage de juifs allemands ont réussi à fuir la persécution nazie, et ont même pu s'échapper avec leurs biens, que les juifs d'Europe de l'Est. La raison en est que les juifs d'Allemagne étaient plus honnêtes dans leurs relations d'affaires avec les non-juifs, et que leur argent leur appartenait entièrement.
D'autre part, en raison de l'extrême pauvreté à laquelle les juifs d'Europe de l'Est étaient confrontés, ils trouvaient des justifications pour prendre l'argent qui appartenait légitimement à leurs voisins non-juifs.
C'est pourquoi, le jour de la colère, leur argent leur a été retiré afin qu'il revienne à ses propriétaires d'origine."

La guémara (Méguila 13b) déclare : "Il était clairement connu devant Celui qui a parlé et que le monde ne vienne à exister, que Haman était destiné à peser les shékalim dans le but de détruire les juifs. Par conséquent, Il [Hachem] a fait en sorte que les juifs précèdent leurs shékalim aux shékalim d'Haman".

=> La paracha Shékalim précède celle de Za'hor pour nous rappeler que lorsque la nation juive contrecarre son penchant pour la cupidité en donnant son argent à des causes louables, cela neutralise le pouvoir d'Amalek de nuire à Israël (aux juifs).
[rav Binyamin Wurzburger]

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2°/ Le jeûne d'Esther :

=> Quelle est la source de taanit Esther, ce jour de jeûne le 13e jour d'Adar?

-> Lorsque le peuple juif a combattu ses ennemis le 13e jour d'Adar, à l'époque de Mordé'haï et d'Esther, il a jeûné et imploré Hachem pour le succès de la bataille. C'est pourquoi nous jeûnons en ce jour, afin de nous rappeler comment Hachem est toujours prêt à nous sauver dans nos moments de malheur, lorsque nous nous tournons sincèrement vers Lui en jeûnant et en nous repentant. [michna Broura 686:2]

-> Le Lévouch (Ora'h 'Haïm 686) écrit : "De même que la fête de Pourim a été instituée pour rappeler les miracles qui se sont produits à l'époque, de même il convient de reprendre leur jeûne et leurs supplications à ce moment-là. En effet, est-il convenable de n'accepter que les bons/agréables [aspects de leurs expériences] et pas les mauvais?".

-> Le jeûne sert à faire taire les accusations que Satan porte contre Israël pour ses excès lors des célébrations de Pourim. [Maguid Mécharim - paracha Vayakel]

-> Avant d'accepter la Torah au mont Sinaï, les juifs jeûnaient afin de purifier leur nature physique pour les rendre dignes de recevoir la sainte Torah. [Pirké déRabbi Eliézer]
[d'ailleurs, le Tachbetz (465) écrit que la source de la coutume selon laquelle un individu jeûne le jour de son mariage provient des juifs qui jeûnaient avant de recevoir la Torah au Sinaï, qui était le mariage entre Hachem et Israël.]
Pendant les jours de Mordé'haï et d'Esther, les juifs ont ré-accepté la Torah avec amour (guémara Shabbath 88a), ainsi la fête de Pourim est également une forme de réception de la Torah (kabbalat haTorah).
Tout comme les juifs jeûnaient avant de recevoir la Torah au Sinaï pour purifier leur nature, nous jeûnons avant Pourim pour la même raison.
[Tour Barekét 686:1 (c'est un livre écrit par un élève du rav 'Haïm Vital)]

-> L'intention de ce jeûne était de s'assurer que les gens s'acquitteraient de la mitsva de la lecture de la Méguila la nuit de Pourim. En s'abstenant de manger jusqu'à ce qu'on ait entendu la Méguila, on s'appliquera à entendre la lecture de la Meguila.
[Séfer haEchkol - Hilkhot Taanit p.137]

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3°/ Plus grand que Yom Kippour :

Le Arizal écrit que la sainteté de Pourim surpasse même celle de Yom Kippour. [Yom Kippour est comparable (ne lis pas "Kippour" mais "kéPourim"), mais n'égale pas la grandeur de Pourim. ]
=> Pourquoi cela ?

-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav mé'Eliyahou - vol.2) explique que c'est parce que notre motivation pour le repentir à Yom Kippour est née de la peur. Pourim est plus grande en ce sens que notre désir de proximité avec Hachem s'épanouit à partir de l'amour.
Pour la même raison, la ré-acceptation de la Torah à l'époque d'A'hachvéroch a surpassé l'acceptation initiale de la Torah au mont Sinaï. L'acceptation initiale de la Torah était le résultat d'une coercition, car les Sages disent qu'Hachem a maintenu le Sinaï au-dessus de Bné Israël comme une cuve renversée.
[selon le Maharal, cela ne doit pas être pris au sens littéral. En fait, la clarté de leur décision était si convaincante qu'elle atténuait leur choix du libre arbitre, à l'instar des anges qui sont considérés comme dépourvus de libre arbitre pour la même raison.]

Cependant, à l'époque d'A'hachvéroch, les juifs ont accepté la Torah par amour et par gratitude pour Hachem, ce qui est un niveau bien plus élevé.

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4°/ Matanot la'évyonim :

=> Pourquoi la mitsva de donner de l'argent à 2 personnes pauvres à Pourim est-elle appelée matanot la'évyonim (cadeaux aux pauvres)? Puisque nous sommes obligés de faire la charité aux pauvres ce jour-là, pourquoi cette obligation ne s'appelle-t-elle pas simplement : tsédaka la'évyonim (charité pour les pauvres)?

-> Le rav Nathan Wachtfogel (Kovets Si'hot - vol.4) répond que tout ce qui concerne la fête de Pourim est lié à des sujets qui sont cachés.
La fête de Pourim tire son nom de la loterie d'Haman (pour). De même qu'une loterie est au-delà de tout raisonnement naturel, la fête entière est enveloppée d'une manière cachée et transcendante.
Il en va de même pour la mitsva de matanot la'évyonim. Si nous pénétrons dans l'essence cachée de chaque juif, nous constaterons qu'il n'existe pas d'étiquettes distinctives de riche et de pauvre, puisque tous les juifs sont essentiellement égaux (chacun ayant en lui une sublime partie Divine).
Nous offrons donc des cadeaux de manière respectueuse, comme il convient à un juif pour son prochain bien-aimé.

[Pourim où l'on fête la vraie nature/intériorité des choses, nous ne faisons pas de la charité, mais nous donnons un cadeau aux pauvres. Certes, ils sont en apparence nécessiteux, mais cela reste de sublimes personnes, ayant comme tout juif une magnifique âme divine, et nous devons leur témoigner l'honneur qui leur est dû, sans les traiter de haut ou avec mépris. ]