Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Il prit et plaça le témoignage (les Tables de la loi) dans l'arche" (Pékoudé 40,20)

=> Pourquoi la Torah précise-t-elle : "Il prit", concernant les Tables, ce qui n'a été dit concernant aucun autre ustensile?

En fait, en ce qui concerne un Séfer Torah, il y a des lois à respecter concernant la manière de le prendre. Ainsi, quand on le prend, on le place sur le côté droit et on se diriger vers le côté droit.
De même, on doit accompagner celui qui prend le Séfer Torah.
Ainsi, le fait même de prendre la Torah (et il en est de même pour les Tables) est déjà en soi un Service Divin qui doit respecter certaines règles. C'est pourquoi, il était nécessaire de préciser : "Il prit". Ce qui n'est pas le cas pour les autres ustensiles.
[Taama Dikra]

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-> Il prit et mit le témoignage (les Tables de la loi) dans l'arche" (40,20)

=> Pourquoi le verset introduit-il ce verset en disant : "Il prit", terme qui semble superflu?
Le verset aurait pu se contenter de dire : "Il mit le témoignage dans l'arche".

-> En fait, jusque là, les Tables de la loi se trouvaient dans la tente de Moché. Au moment de les déposer dans l'arche sainte, Moché pouvait ressentir une certaine peine de s'en séparer, car ce pouvait être une perte pour lui.
C'est pourquoi, le verset dit : ''Il prit''. Cela vient enseigner que non seulement Moché n'était pas perdant, mais en plus il en tira un bénéfice et un ajout de sainteté.
En se séparant des Tables à titre personnel et en les livrant à la communauté, en les plaçant dans le Michkan, Moché en ''prit'' et en retira encore plus de sainteté.
=> En renonçant à une grandeur pour en faire profiter la communauté, on en ressort gagnant.
[Mélo haOmer]

"Que le pectoral ne soit pas séparé de l’éphod" (Pékoudé 39,21)

Le Déguel Ma’hané Efraïm pose la question suivante : si la mitsva de ne pas séparer le pectoral de l’éphod compte parmi les 613 de la Torah, comment peut-on l’appliquer aujourd’hui?

Il répond que le mot éphod a la même valeur numérique que le mot pé, bouche. L’essentiel de cette mitsva est donc que le pectoral, c’est-à-dire le cœur, reste toujours sur l’éphod, autrement dit sur la bouche. En d’autres termes, il s’agit d’aligner sa bouche sur son cœur, d’être sincère.

"Le premier mois de la 2e année, le premier du mois, le Michkan fut érigé. Moché érigea le Michkan" (Pékoudé 40,17-18)

-> Rabbi Méïr Schapira de Lublin commente :
Nos Sages ont dit dans le midrach que Moché avait de la peine de ce que tout le monde avait donné pour le Michkan sauf lui, c’est pourquoi Hachem l’a consolé par l’érection du Michkan.
=> Pourquoi n’avait-il rien donné?

On peut le comprendre d’après une histoire arrivée au Baal Chem Tov, qui un jour avait prié pour ses ‘hassidim avec un enthousiasme extraordinaire. Ensuite, il leur avait révélé qu’ils avaient toutes les qualités, sauf un cœur brisé et l’humilité.
Même dans la construction du Michkan, cette qualité manquait, et celui qui a réparé cela était Moché, qui avait de la peine de ne pas avoir donné par rapport à tout autre juif qui était meilleur que lui. En vérité, c’est Moché qui a érigé le Michkan avec son cœur brisé.
Mais dans sa grande humilité, il ne le savait pas et ne se l’imaginait pas, comme si le Michkan s’était érigé de lui-même, comme le dit le verset : "le Michkan fut érigé" de lui-même.

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-> "Le premier mois de la 2e année, le premier du mois, le Michkan fut érigé. Moché érigea le Michkan" (Pékoudé 40,17-18)

-> Rachi explique (Pékoudé 39,33) [au nom du midrach Tan’houma] : "Parce qu’ils (les Bné Israël) n’étaient pas capables de le monter. Et comme Moché n’avait exécuté aucun travail dans la fabrication du Michkan, Hachem lui a conféré l’honneur de le monter. Aucun homme au monde n’aurait été capable de le faire, étant donné le poids des planches, que nul n’aurait pu dresser. Cela, Moché l’a fait. Moché avait dit à Hachem : ‘Comment pourrait-on le monter de la main d’un homme?’ Hachem lui a répondu : ‘Applique ta propre main, et ce sera comme si c’est toi qui le montais!’ En fait, il s’est monté et dressé de lui-même"

=> Nos Sages disent que Moché érigeait le Tabernacle et le démontait chaque jour des sept jours d’inauguration. Pourquoi cela?

-> Rabbi Abraham Mordé'haï de Gour explique que ces 7 montages du Tabernacle (Michkan) représentaient une sorte de préparation aux 7 destructions (ou disparition) du "Tabernacle" de D. : dans le désert, à Guilgal, à Chilo, à Nov, à Guivone, le Premier Temple et le Second Temple.
Par ses sept montages, Moché "releva" ces 7 chutes des Temples afin qu’elles ne soient pas éternelles. En érigeant le Michkan, Moché rétablit la Présence divine sur terre, comme au jour de la Création du Monde.
Ainsi, le midrach (Béréchit rabba 19,7) enseigne-t-il que "l’essentiel de la Présence Divine (Chékhina) résidait initialement sur Terre (dans le Gan Eden). Mais avec la faute d’Adam, elle rejoignit le premier firmament. Avec la faute de Caïn, elle rejoignit le deuxième. Avec Énoch, le troisième. Avec la génération du déluge, le quatrième. Avec la génération de la division (de la Tour de Babel), le cinquième. Avec les Sodomites, le sixième. Et avec les Égyptiens, au temps d’Abraham, le septième.
Toutes ces phases furent contrebalancées par sept Tsadikim : Avraham, Its’hak, Yaakov, Lévi, Kéhat, Amram et Moché.
Avraham vint et fit redescendre la Chékhina au sixième firmament. Its’hak vint et La fit redescendre du sixième au cinquième. Yaakov vint et La fit redescendre du cinquième au quatrième. Lévi vint et La fit redescendre du quatrième au troisième. Kéhat vint et La fit redescendre du troisième au deuxième. Amram (le père de Moché) vint et La fit redescendre du deuxième au premier.
Puis vint Moché, le septième Tsadik, qui la fit redescendre du premier firmament vers la Terre : dans le Michkan".

On retrouve ainsi, le lien fort qui existe entre Moché, le Michkan et le chiffre "sept".
Nous possédons tous un "Moché" intérieur, autrement dit, la capacité de nous attacher à D. de manière désintéressée, par l’intermédiaire de l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot.
Cette force nous permet de relever les défis et les épreuves de nos vies (les "chutes") et de révéler Hachem en nous (le Michkan).
Notre simple volonté de révéler notre "Moché" intérieur peut dévoiler cette capacité qui est en nous, comme le disent nos Sages : «Dans le chemin que l’homme désire emprunter, [du Ciel] on l’emmène" (guémara Makot 10b).
Ainsi, nous mériterons la révélation de la dimension du chiffre "huit", le nombre messianique, au-dessus des forces de la nature (7), lors de la construction du 3e Temple, "huitième" et définitive résidence de la Chékhina (Présence Divine).
[dvar Torah du Collel de Sarcelles - feuillet de la communauté 5782]

"Voici les comptes du Sanctuaire, le Sanctuaire du témoignage, établie par l’ordre de Moché, tâche confiée aux Léviïm sous la direction d’Itamar, le fils d’Aharon le Cohen" (Pékoudé 38,21)

Les Sages ont dit (Tan’houma Pékoudé 38,21) que quand on a compté les offrandes, on a trouvé qu’il manquait un petit peu de tout ce qui avait été offert, et les bné Israël ont immédiatement suspecté Moché d’avoir volé, jusqu’à ce qu’ils comptent de nouveau sous les instructions de Moché et s’aperçoivent qu’ils s’étaient trompés la première fois, parce qu’ils n’avaient pas compté les crochets.

Or c’est difficile à comprendre. Comment les bné Israël ont-ils pu soupçonner Moché, qui les a fait sortir d’Egypte, leur a fait descendre du Ciel la manne et les cailles, les a conduits dans le désert et a été l’envoyé de Hachem pour leur donner la Torah, d’avoir porté la main sur l’argent des offrandes, surtout que Moché était riche, ainsi qu’il est écrit (Ki Tissa 34,1) : "Taille pour toi", pour toi, pour que tu t’enrichisses [des débris de la taille des Tables] (voir Chemot Rabba 46, 2). D’ailleurs, au moment du pillage de l’Egypte, Moché n’a rien pris et a laissé l’argent pour aller s’occuper des ossements de Yossef (guémara Sota 13a).
=> Alors comment est-il possible de le soupçonner?

Il semble que ce soit le résultat d’une intervention du Satan, qui a essayé de toutes ses forces de faire échouer la pureté de la construction du Sanctuaire (Michkan), parce qu’il avait très peur qu’on érige le Sanctuaire, où tout pécheur pourrait apporter un sacrifice en expiation, et où, à Yom Kippour, il serait pardonné à tout le peuple d’Israël.
Alors, la "klipa" (force du mal) y perdrait beaucoup.
C’est pourquoi il a fait rentrer un esprit d’impureté qui s’est étendu au monde depuis la faute du Veau d’Or, et bien que Hachem ait pardonné la faute du Veau d’Or à Israël, la trace en restait.
Le Satan a fait rentrer cet esprit d’impureté dans le cœur des bné Israël au moment de la construction du Sanctuaire, à tel point qu’ils ont soupçonné Moché. Il pensait que peut-être de cette façon il allaient le contester, alors au lieu que la Présence Divine descende sur le Sanctuaire, Hachem punirait les bnei Israël.
Il a fallu que Hachem rappelle à Moché de compter les crochets, alors les bné Israël ont compris combien la faute du Veau d’Or les avait affectés, au point que maintenant ils avaient osé soupçonner le tsadik.
[d'après rabbi David Pinto - La voie à suivre n°666]

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-> Le rabbi Chlomo de Radomsk enseigne :
Tout Israël savait que le Michkan avait entièrement été érigé par la générosité. Et l’argent qui avait été donné sans que l’intention soit pure, n’avait pas été accepté.
Or chacun était petit à ses propres yeux, craignait, hésitait et se disait : "Certainement, mon offrande n’a pas mérité de faire partie de la construction du Sanctuaire, comment l’aurais-je mérité?"

Tout le monde venait trouver Moché et s’inquiétait de savoir quelles offrandes restaient et n’avaient pas mérité de participer à la sainteté.
Toutes les explications ne leur suffisaient pas, jusqu’à ce que Moché leur prouve avec un calcul que toutes les offrandes jusqu’à la dernière avaient été entièrement utilisées pour le travail du Sanctuaire, en leur disant : "Vous êtes tous des tsadikim, vous méritez tous de participer à l’offrande pour le Michkan ..."

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=> Pourquoi ont-ils demandé un compte exact à Moché, qui leur avait demandé de donner pour le Michkan, alors que lorsqu’ils avaient "ramassé" pour le Veau d’Or, quand de tout l’or qui s’était accumulé n’est sorti qu’un petit veau, ils n’ont pas demandé des comptes?
Pourquoi est-ce qu’à toute génération on demande des comptes à ceux qui ramassent pour la tsédaka et non à ceux qui ramassent pour toutes sortes de "veaux"?

b'h, cf. la réponse dans le 2°/ : https://todahm.com/2019/04/16/questions-reponses-paracha-vayakel-et-pekoude

"Car la nuée de Hachem était sur le Michkan le jour et le feu la nuit aux yeux de tous les bné Israël pendant tous leurs voyages" (Pékoudé 40,38)

-> Le Avné Ezel enseigne :
"Pendant tous leurs voyages" = dans tous les voyages et les péripéties que connaîtront les bné Israël dans leurs errances en exil, ils mériteront toujours que Hachem ne les repousse pas et ne les abandonne pas.
Pendant nos meilleures époques, correspondant au moment du "jour", la colonne de nuées est ce qui marche devant nous pour nous guider dans le désert de l’exil.
Et au moment de la "nuit", correspondant à nos moments sombres et difficiles de pauvreté et de persécutions, la colonne de nuées sera comme un feu qui dévorera ceux qui méditent de nous exterminer.
Ils peuvent comploter et légiférer contre les juifs, leurs projets seront déjoués, car Hachem est avec nous comme une colonne de feu, qui protège notre existence dans la nuit et l’obscurité.

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-> "Car la nuée de Hachem était sur le Sanctuaire le jour et un feu y était la nuit" (Pékoudé 40,38)

Rabbi Yéhouda Tsadka (Kol Yéhouda) explique que le talmid ‘hakham, qui représente un "Sanctuaire", doit adopter ces 2 qualités qu’il y avait dans le Sanctuaire : la nuée et le feu.

- La nuée : représente l’humilité. Le talmid ‘hakham doit toujours être réservé et humble, et couvert comme la nuée.
- Le feu : représente le fait que parfois, le talmid ‘hakham doit être comme un feu, pour veiller à protéger la religion juive.

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-> "Car la nuées d'Hachem était sur le Michkan le jour, et un feu s'y trouvera la nuit" (Pékoudé 40,38)

-> Un juif qui sert Hachem est un véritable Michkan. Même si dans son coeur brûle l'enthousiasme et le feu sacré du service d'Hachem, malgré tout, quand il se trouve en plein jour, devant les gens, alors il placera un nuage pour voiler son ardeur.
Par mesure de discrétion et d'humilité, et pour ne pas risquer d'en faire plus pour le regard des autres, le Juste (tsadik) cache son feu intérieur par un ''nuage'' quand il est en plein ''jour''.
Mais la nuit, quand il se retrouve avec lui-même, loin des foules et du publique, c'est là que se révèle son feu intérieur, et, dans la discrétion, il entreprend son Service d'Hachem, dans l'ardeur et le feu qui est en lui.
[Rav Valkovichk]

"Moché ne pouvait pas entrer ... car la nuée reposait dessus" (Pékoudé 40,35)

=> Pourquoi la nuée a-t-elle ici empêché Moché d'entrer dans le Michkan, alors que lors du don de la Torah, Moché a pu pénétrer dans la nuée pour monter sur le mont Sinaï?

En fait, il est certain que la nuée n'a pas empêché Moché d'entrer dans le Michkan. Il aurait aussi pu entrer dans la nuée. Seulement, quand il vit cette nuée, il interpréta qu'Hachem lui signifiait que le moment de pénétrer dans le Michkan n'était pas encore arrivé et qu'il fallait attendre encore un peu.
Or, pour un tsadik comme Moché, le simple fait de constater qu'Hachem ne veut pas encore qu'il entre, lui rendait impossible d'y pénétrer. Car si Hachem ne veut pas, alors on ne peut pas.
Et même si physiquement on pourrait, malgré tout pour un Juif, il ne devrait pas y avoir de plus grand frein que de savoir qu'Hachem ne veut pas.
[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché]

A propos du compte du Omer : "sept semaines entières (témimot)" (Emor 23,15)

-> Le midrach demande: "Quand les sept semaines sont-elles témimot?"
Et répond : "Lorsqu’on accomplit la Volonté de D."

=> La témimout (l’intégrité) consiste à annuler sa volonté devant celle du Créateur. Lorsque l’homme réalise cela, les semaines deviennent "entières" c’est-à-dire qu’il exploite son temps de façon optimale.
Plus encore, s’il efface ses propres intérêts devant ceux d'Hachem, il bénéficie d’une aide du Ciel qui accroit ses capacités au-delà de la normale et de façon surnaturelle.
[d'après le Collel de Sarcelles - feuillet communauté 5782]

L’essence d’un juif

" Si quelqu'un d'entre vous veut présenter à Hachem une offrande de bétail ... il l’approchera, selon sa volonté, devant Hachem" (Vayikra 1,2-3)

-> Rachi commente les mots "Il l’approchera" : Ceci nous enseigne qu’on le forçait ; on pourrait penser qu’il agissait contre son gré, mais le verset précise "selon sa volonté" (lirtsono - לִרְצֹנוֹ).
Comment est-ce possible ? Ils le forçaient jusqu’à ce qu’il dise "Je veux".

=> Dès le début de la Mitsva des sacrifices, une contradiction apparaît. La Guémara (Roch Hachana 6a), rapportée par Rachi, déduit de ce verset que pour valider un Korban (sacrifice), il fallait que la personne l’offre volontier. Or la guémara déduit du même verset que si quelqu’un ne veut pas apporter un Korban qu’il est tenu d’offrir, le Beth Din devait l’y forcer. Comment parler alors de don volontaire, si l’individu y était contraint?
La guémara explique que le Beth Din le forçait jusqu’à ce qu’il affirme vouloir l’apporter, mais ceci ne résout pas le problème soulevé, étant donné que la personne semble obligée de dire une telle chose.

-> Les mots du Rambam, dans son développement sur les lois du divorce, nous aident à répondre à cette question.
Si un homme s’est marié à une femme qui lui était interdite, le mariage est validé, bien que prohibé. [C’est le cas, par exemple du Cohen qui se marie avec une divorcée. Dans d’autres cas, le mariage reste invalidé, même si les "conjoints" tentent de le célébrer (ex: des frères et sœurs ou un homme qui s’unirait à une femme déjà mariée).]
Dans ce cas, le Beth Din oblige le mari à divorcer, ce qui nous mène à la même question, à savoir comment forcer un divorce alors que celui-ci doit se faire avec le consentement du mari.
On répond que le Beth Din contraint le mari à divorcer, jusqu’à ce que ce dernier déclare qu’il accepte de le faire. Comment cet acte peut-il alors être considéré comme effectué de plein gré?

Le Rambam (Hilkhot Guirouchin 2,20) explique : "On ne parle de coercition que si l’individu est contraint de faire ce qui n’est pas imposé par la Torah, comme le fait de vendre ou de donner un objet. En revanche, si c’est le yétser ara qui empêche d’accomplir une mitsva ou qui incite à commettre une faute, on peut être forcé à agir ou à s’éloigner de l’interdit".

Ce principe du Rambam est très important. Chaque juif désire, au fond de lui, faire ce qui est bien. Ainsi, quand il est contraint d’accomplir une mitsva ou de s’abstenir de commettre une faute, on considère que son "moi" véritable souhaite faire le bien et c’est uniquement son yétser ara qui le trouble en lui faisant penser qu’il veut mal agir. Par conséquent, quand il est obligé de faire cette bonne action, c’est de plein gré qu’il le fait, si ce n’est qu’il faille le forcer à exprimer son désir intérieur.

-> Dans cet ordre d’idées, le rav Chlomo Wolbe explique, concernant l’injonction de la Torah de ne pas suivre les désirs de notre cœur et de nos yeux, que le "moi" de l’individu ne correspond pas à ses désirs : le yétser ara le trompe et lui fait croire que ces désirs constituent son essence, mais en réalité, c’est l’âme qui est l’essence de la personne ; or celle-ci désire accomplir la volonté divine.

-> Le rabbi Yéhonathan Gefen ajoute à cela :
On peut ainsi expliquer le sentiment d’échec et de culpabilité que l’homme ressent quand il faute. Il peut facilement tomber dans le piège et prendre ces échecs comme la preuve qu’il est mauvais. En réalité, notre véritable nature est bonne et au fond de nous-mêmes, nous connaissons la vérité.
Le rav Noa'h Weinberg évoquait souvent cette idée, précisant que chacun a étudié toute la Torah, à l’état fœtal, et lors de la naissance, un ange vient donner un coup sur la lèvre supérieure et l’on oublie cette étude. Mais la Torah ne nous quitte pas, elle s’enfouit en nous et c’est grâce à cette connaissance profondément ancrée en chaque juif que nombre de nos frères retrouvent le chemin de la Torah, la voie de ce qui fait réellement partie de nous-mêmes.

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[nous avons tous en nous une âme pure et bonne, une partie infiniment élevée d'Hachem, mais de la poussière s’est accumulée autour. En la retirant, nous pourrons découvrir notre véritable grandeur et faire ce que nous désirons vraiment, à savoir, nous lier à Hachem.
Nous devons faire attention à ne pas percevoir la poussière sale de notre intériorité et se dire que nous ne valons pas grand chose. Mais au contraire nous devons avoir conscience de l'incroyable essence Divine que nous avons en nous une fois la saleté autour retirée, et nous devons aspirer à agir en accord avec cette grandeur interne, la transformant en actes réels, selon la volonté de D.
"selon sa volonté" = notre verset transmet cette idée au moment où l'on apportait un sacrifice au Temple. On brûlait toutes les conséquences du fait d'avoir fauté, ces saletés qui salissent notre vision de notre intériorité, nous laissant croire que nous sommes de "sales juifs". Le but est de sortir de ce processus de téchouva (dont le sacrifice était le terme) en étant persuadé d'être un sublime juif, cet enfant adoré par papa Hachem, cet être humain en apparence mais ayant des pouvoirs Divins (néchama) en lui.]

A propos de la bénédiction octroyée à ceux qui respectent les lois de la Chemita, la Torah affirme : "La terre donnera ses fruits, dont vous vous nourrirez abondamment, et vous y résiderez en toute quiétude. Mais si vous dites : Que mangerons-nous la septième année, puisque nous ne pouvons ni semer, ni rentrer nos récoltes? Je vous octroierai Ma Bénédiction dans la sixième année, tellement qu’elle produira la récolte de trois années" (Béhar 25,19-21)

=> Pourquoi la bénédiction divine est-elle liée au questionnement des Bné Israël: ‘Que mangerons-nous’?

On peut citer les explications suivantes :
1°/ Le premier verset ("La terre donnera ses fruits, dont vous vous nourrirez abondamment, et vous y résiderez en toute quiétude") promet que quelle que soit la quantité de nourriture disponible, celle-ci suffira grâce à la Bénédiction divine.
Cependant, si votre foi n’est pas assez forte pour vous satisfaire de cette promesse et que vous vous demandez comment une seule récolte pourra suffire si longtemps, Hachem promet d’assurer une bénédiction telle, que vous serez tranquillisés en voyant l’abondance de la récolte. [Sforno]

En revanche, le ‘Hazon Ich [Cheviit 18,4] enseigne : La Torah ne garantit pas que chacun jouira d’une grande prospérité d’une nourriture abondante malgré les restrictions de la Chemita. Elle promet seulement à Israël que, contrairement à la nature apparente des choses, le repos de la terre ne provoquera pas forcément un manque de nourriture ; il y aura une bénédiction générale pour ceux qui observent ces Lois. Cependant, comme c’est toujours le cas, les fautes de certains peuvent annuler la bénédiction et des particuliers souffriront peut-être à cause des actes de leurs prochains.

2°/ Puisqu’ils demandent "Que mangerons-nous?", il sera nécessaire de leur accorder la bénédiction.
Mais s’ils avaient une foi parfaite, et n’avaient pas posé de questions, la bénédiction aurait déjà été présente. [Noam Eliméle'h]

3°/ Que signifie la question : "Que mangerons-nous"? Celui qui donne la vie ne donne-t-il pas la subsistance. Etant donné que toutes les générations ne méritent pas que D. leur fasse des miracles, elles veulent savoir comment leur subsistance leur viendra de façon naturelle. La réponse est que la bénédiction reposera sur la récolte de la 6e année, phénomène qui ressemblera à un "évènement naturel".
Mais l’homme doit savoir qu’en réalité, il n’y a pas de différence entre la nature et le miracle. La nature est le miracle le plus grand et le plus extraordinaire qui soit. Si l’on comprend les choses ainsi, la question "Que mangerons-nous?", n’a pas de raison d’être. Pendant toute l’année, avoir de quoi manger est un miracle.
Pourquoi demander comment et de quelle façon ce miracle se produit? Si les Enfants d’Israël posent cette question, cela signifie qu’ils voient une différence entre la nature et le miracle. Il faudra donc que "Ma Bénédiction" se manifeste sous une apparence naturelle. [Sfat Emet]

A ce sujet, on peut citer un enseignement du rav Elimélé'h Biderman :
Si l’homme est véritablement convaincu que c’est Hachem qui conduit le monde et s’il comprend que rien ne se fait tout seul, il saura aussi qu’il n’y a aucune différence entre la nature et le miracle mais que tout est le fruit de la Parole Divine. Il comprendra alors que même après qu’il laboure et ensemence (les autres années), il est encore nécessaire que Hachem fasse germer la récolte et les fruits de la terre et il se gardera de se glorifier en disant : "Voilà l’oeuvre de mes mains!" [certes on doit faire une hichtadlout nécessaire, mais sans un décret d'Hachem rien n'est possible]
C’est ainsi que le ‘Hatam Sofer explique que la génération du désert à la sortie d’Egypte avait été habituée de tout temps à ce que la récolte et la subsistance poussent du sol. Dès lors, lorsqu’ils virent qu’Hachem accomplissait le verset "Voici que Je vais vous faire descendre le pain du Ciel", ils n’en crurent pas leurs yeux. Avait-on déjà entendu pareille chose? La nourriture qui tombe du Ciel pour tout le peuple d’Israël!
Ce transport de la manne attisa en eux la conscience que le Créateur existe. En revanche, leurs enfants, qui naquirent sur le chemin de la sortie d’Egypte, ne s’étonnèrent nullement de ce phénomène car ils y avaient été habitués depuis leur naissance. A quel moment furent-ils saisis de surprise?
Lorsqu’ils entrèrent en terre d'Israël et qu’ils virent de leurs propres yeux que l’on enfonçait des graines de semence dans le sol et que, des profondeurs de la terre, apparaissait soudain une pousse, qui fleurissait, bourgeonnait et finissait par donner naissance à un fruit. Quel grand miracle!
Mais en réalité, la tombée de la manne ne constitue pas un prodige plus extraordinaire que ce qui pousse de la terre et ce qui pousse de la terre n’est pas plus prodigieux que la tombée de la manne (mais seulement l’étonnement de l’homme est fonction de l’habitude). Le travail de chacun consiste à percevoir le miracle d’Hachem dans chaque détail de son existence et la multitude de Ses bienfaits.
Par ailleurs, en réfléchissant aux événements inhabituels qui surviennent parfois, il prendra conscience que la Royauté Divine s’étend sur le monde entier et qu’Hachem peut modifier à Sa guise les lois naturelles.
Il se rendra ainsi à l’évidence que ‘la nature’ elle aussi est gérée selon une providence prodigieuse jusque dans
ses moindres détails ...
Seule la force de l’habitude empêche l’homme de s’émerveiller lorsqu’il voit le même phénomène chaque jour.
C’est pourquoi le véritable croyant devra s’efforcer en permanence de réfléchir et de voir dans chaque chose les merveilles de la Providence Divine.
[d'une certaine façon la Chemita (tous les 7 ans), fonctionne comme le Shabbath (tous les 7 jours), où l'on arrête tout et où l'on doit prendre du recul sur notre train-train quotidien, et y mettre plus fortement le "je place Hachem en face de moi en permanence" (chiviti Hachem lénegdi tamid).]

4°/ Rabbi Leib ‘Harif disait dans le même sens, quelque peu différemment : Si un juif se décharge de son fardeau sur D., s’il éprouve une confiance parfaite en Lui, sans poser de question, il n’a nul besoin d’une bénédiction d’abondance. Il n’est pas nécessaire que son champ de blé produise une récolte abondante, ce qui lui demandera un gros travail de moissonnage, battage et mouture. Il se suffira de peu, alors "que vous mangerez à satiété" = c'est-à-dire : il mangera peu et ce peu lui suffira.
Lorsque les Bné Israël demandent "Que mangerons-nous?", cela montre qu’ils ne sont pas animés d’une foi très intense. Il leur faut donc que "J’accorderai Ma Bénédiction" soit tangible: que le blé soit abondant dans le champ et que le travail soit abondant lui aussi.
Cependant, lorsqu’ils le mangeront, la bénédiction ne sera pas présente et, de ce fait, ils n’éprouveront pas une sensation de satiété.

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-> "Et si vous dites : Que mangerons-nous la 7e année" (Béhar 25,20)

-> La Torah rapporte que si l'homme s'interroge sur ce qu'il mangera lors de l'année de la Chemita, où tout travail agricole lui est interdit, alors Hachem lui répond : "J'ordonnerai Ma Bénédiction la 6e année et la terre produira alors assez de récolte pour les 3 années suivantes ».
Apparemment, Hachem vient ici rassurer ceux qui doutent sur Sa capacité de les nourrir suite à la Chemita et Il promet de leur envoyer Sa Bénédiction. Seulement, Hachem bénira bien-sûr aussi, et même encore plus, ceux qui ont confiance en Lui et ne se posent pas de question.
=> Pourquoi donc relier cette bénédiction à une interrogation qui semble exprimer un certain doute?

-> En fait, pour le 'Hatam Sofer, cette question n'exprime pas un manque de confiance. Bien-sûr qu'Hachem peut nourrir chacun même sans passer par le travail de la terre. Dans Sa Toute-Puissance, Il peut réaliser un miracle et les nourrir en envoyant même de la Manne ou autre. Seulement, nos Sages disent que l'essentiel de la joie qu'un homme éprouve de ses biens provient de l'effort qu'il a investi pour les obtenir. Un bien obtenu sans effort ne procure pas autant de profit que ceux qu'on a peiné pour acquérir.
De ce fait, même s'il sait avec certitude qu'Hachem peut le nourrir même miraculeusement, l'homme pourrait encore se demander : "Que mangerons-nous la 7e année?". Dans la vision de la Torah, ''manger'' ce n'est pas seulement consommer, mais c'est profiter pleinement de ce que l'on consomme. Et si Hachem réalise un miracle et que l'on vit la 7e année en consommant une nourriture miraculeuse, que l'on n'aura pas obtenue par notre effort, on n'en profitera pas pleinement.
C'est exactement cela le sens de la question : "Et si vous dites : Que mangerons-nous la septième année, mais voici que nous ne sèmerons pas et nous n'engrangerons pas notre récolte". Même si Hachem nous entretient miraculeusement, mais que mangerons-nous, c'est-à-dire qu'en profiterons-nous vraiment? Si on n'a pas semé et investi des efforts pour obtenir cette subsistance et que nous n'engrangerons pas notre récolte, obtenue par nos efforts, quel profit en tirerons-nous?
Et Hachem de répondre qu'Il bénira les fruits de la 6ème année, qui auront eux été obtenus par son effort et ils suffiront pour les 3 années suivantes, de sorte que même pendant la Chemita, on profitera de ses efforts.
Hachem souhaite nous donner un bien parfait, qui nous procurera un profit total. C'est aussi pour cela qu'Il nous a donné toutes les mitsvot a accomplir, pour mériter leurs récompenses et recevoir Ses Bénédictions par nos efforts et non gratuitement. C'est seulement ainsi, que nous pouvons profiter pleinement de Ses Bienfaits.

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b'h, d'autres commentaires sur ce verset :
-> https://todahm.com/2020/03/11/13346-2

-> https://todahm.com/2021/05/23/31747
-> https://todahm.com/2020/05/23/13504-2
-> https://todahm.com/2015/06/23/3325-2

La émouna en Rabbi Chimon bar Yo’haï = à la portée de tous!

+ Lag baOmer - La émouna en Rabbi Chimon bar Yo'haï (Rachbi) = à la portée de tous, même les plus simples :

-> Le Beit Aharon enseigne que celui qui a foi en Rabbi Chimon Bar Yo'haï (Rachbi) retirera une force de Rachbi, et de même que Hachem est D. pour tout le monde, Rachbi, également, est Rachbi pour tout le monde, même pour les juifs les plus simples. Ce qui signifie que chaque juif, quels que soient sa situation et l’endroit où il se trouve, peut tirer une grande force et une grande lumière de Rachbi.

Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Ceci est particulièrement vrai s'il accomplit le début des paroles du Beit Aharon et qu’il croit dans la force de Rachbi, lors de sa Hilloula à Lag BaOmer, et accomplit sa volonté qui est de beaucoup se réjouir en ce jour.
Une personne ou une communauté qui agirait ainsi bénéficiera d'une bénédiction abondante du Ciel.

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-> Rabbi Yéochoua de Belz rapporte à ce sujet, le verset (Vayétsé 30,2) où Ra'hel dit à Yaakov : "Donne-moi des enfants, sinon je mourrai", et que celui-ci lui répondit : "Suis-je à la place de Elokim?"
Et il explique l’intention contenue dans la réponse de Yaakov : "La émouna dans le Tsadik est différente de la émouna en Hachem : la émouna en Hachem a en effet le pouvoir de modifier les lois de la nature même si elle n'est pas absolument entière. En revanche, la émouna dans le Tsadik n'a de force que si la personne croit intégralement en lui. Comme tu as dit : "sinon je mourrai", cela traduit que tu n'es pas entièrement convaincue de ma force ; dès lors, je ne peux pas t'aider, parce que : "Suis-je à la place de Elokim" qui a le pouvoir de délivrer même lorsque l'on ne croit pas en Lui d'une émouna parfaite. Seule une émouna intègre dans la force du Tsadik peut opérer des miracles au-delà des lois naturelles".

Quoi qu'il en soit, le Rav de Belz conclut en disant que l'on peut lire le verset sous une forme affirmative (et pas seulement interrogative), soit : "Je suis à la place de Elokim", car "Hachem gazar vétsadik mévatél" (Hachem décrète et le Tsadik annule son décret - הקב''ה גוזר וצדיק מבטל).