Aux délices de la Torah

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Se réjouir à Shavouot

"Rabbi Élièzer pense que soit la fête [juive] est entièrement pour D. (לה), soit elle est entièrement pour vous (לכם).
Rabbi Yéhochoua pense, quant à lui, que le jour doit être divisé en 2 parties : une moitié doit être consacrée à D. et l’autre moitié pour vous.
Rabbi Éléazar dit qu’à Shavouot, tout le monde est d’accord que le pour vous est aussi requis.
Pourquoi donc? Car c’est le jour où la Torah nous a été donnée". [guémara Pessa’him 68b]

-> Rachi explique que [à Shavouot] le "pour vous" (la'hem - לכם) est aussi requis car "[une personne] se réjouit avec des aliments et des boissons pour montrer que le jour où Israël a reçu la Torah est un jour agréable et plaisant"

b'h, quelques autres raisons de se réjouir le jour de Shavouot :
1°/ Le Pélé Yoets (Atséret) écrit : "Shavouot est une fête très sainte, lors de laquelle D. nous a sanctifiés de Sa Torah et de Ses mitsvot et nous a choisi parmi les Nations pour être Son peuple bien-aimé. Si ce n’était ce jour-là, nous serions comme Sodome et Gomorrhe, et les Cieux et la Terre n’auraient pu exister.
Il convient donc de se réjouir en ce jour. Et il est impossible de ne pas se réjouir car la Torah et les mitsvot sont meilleurs pour nous que toutes les bonnes choses de ce monde et que toute la vie du Monde futur".
[en ce sens la Guémara ci-dessus se poursuit ainsi : "Rav Yossef disait le jour d’Atséret [Shavouot] : Qu’on me serve un jeune veau de troisième [portée], car si ce n’était la contribution de ce jour, combien de Yossef trouverait-on dans la rue" = c’est-à-dire explique Rachi : "Si ce n’était le jour de Shavouot, grâce auquel j’ai étudié la Torah et je me suis élevé"]

2°/ On se réjouit car la Torah que l’on reçoit ce jour-là est comme "nouvelle".
Ainsi, sur le verset : "Vous offrirez à Hachem une oblation nouvelle [composée de 2 pains]" (Emor 23,16), le Kli Yakar enseigne : "Ceci fait allusion au jour du don de la Torah, car la Torah doit paraître nouvelle à l’homme, comme s’il venait de la recevoir au Mont Sinaï".

3°/ On se réjouit car nos fautes sont [en mesure d’être] pardonnées ce jour-là.
Ainsi, la guémara (Yérouchalmi Roch Hachana 4,8) enseigne : "Rav Mécharchia a dit au nom Rav Idi : Concernant tous les Sacrifices de fête [énoncés dans les chapitres 28 et 29 de Bamidbar] il est mentionné la ‘faute’ [’hét - חטא](le bouc offert en Sacrifice expiatoire [‘hatat - חטאת ]), mais pour Atséret (Shavouot), il n’est fait aucune mention de la ‘faute’. [C’est que] Hachem leur a dit (aux juifs) : ‘Si vous acceptez de prendre sur vous le joug de la Torah, Je considérais comme si vous n’aviez jamais fauté’."

4°/ On se réjouit car la Torah que l’on reçoit ce jour-là est l’antidote contre notre yétser ara [le dominer nous procure la véritable Liberté].
Ainsi, nos Sages (Kidouchin 30b) enseignent : "D. a dit aux juifs: ‘Mes Enfants, J’ai créé le mauvais penchant (yétser ara) et J’ai créé son antidote, la Torah. Si vous étudiez la Torah, vous ne serez pas livrés entre ses mains’"

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-> Lorsqu’Israël est attaché à la Torah, la bénédiction Divine fait en sorte que son "dénombrement" devient illimité dans le sens qu’il n’est plus celui de "ce monde ci" (olam azé), un nombre qui décrit la quantité du corps, mais celui du "monde à venir" (olam aba), un nombre qui décrit la qualité de l’âme.
C’est le sens du verset : "Si Hachem vous a préférés, vous a distingués, ce n’est pas que vous soyez plus nombreux que les autres peuples, car vous êtes le moindre de tous" (Vaét'hanan 7,7).
[Chla haKadoch]

[ainsi se réjouir à Shavouot, c'est renouveler notre conscience de toutes les bénédictions, purifications, ... que nous apportent l'étude de la Torah.
Appréciant à quel point notre vie (dans ce monde et celui à venir) est meilleure grâce à elle, on remercie Hachem. Et également, on se renforce à encore davantage s'y consacrer sachant que l'on va forcément avoir encore davantage de bénédictions dans notre vie, dont la meilleure des choses : une plus grande proximité avec Hachem.
Comment ne pas être alors fou de joie, surtout avec les non-juifs (la quasi totalité de la population mondiale) qui continuent leur vie normalement sans avoir conscience de ce trésor.
Merci papa Hachem! ]

+ En conclusion des "Malédictions" de Bé’houkotaï, nous trouvons l’évocation du souvenir des Patriarches : "Et Je me souviendrai de Mon alliance avec Yaakov ; Mon alliance aussi avec Its’hak, Mon alliance aussi avec Avraham, Je M’en souviendrai, et la Terre aussi, Je M’en souviendrai" (Bé'houkotaï 26,42)

Ces "Malédictions" font référence aux malheurs qu’ont occasionnés les 4 Exils du peuple juif : Babylone, Perse, Grèce et Rome (voir Targoum Yonathan Ben Ouziel sur le verset 26,44).
Ainsi, le souvenir des Patriarches est-il nécessaire, pour accéder à la Délivrance (promise par Hachem – verset 44, lorsqu’Israël confesse ses fautes – verset 40), car c’est en se souvenant de l’alliance des Pères (brith Avot - ברית אבות) qu’Hachem se souvient du peuple juif et leur manifeste Sa Miséricorde. [Or Ha’haïm haKadoch]
C’est la raison pour laquelle, le midrach [Vayikra rabba 36] enseigne : "Le mérite des Patriarches (Zé'hout Avot - זכות אבות) existe constamment et continuellement nous le mentionnons [dans nos Prières], comme il est dit: ‘Et Il n’oubliera point l’alliance de tes Pères, l’alliance qu’Il leur a jurée’ (Vaét'hanan 4,31)".
Pourtant, la guémara (Shabbath 55a) enseigne que le mérite des Patriarche a disparu : "A quel moment le mérite des Patriarches a-t-il pris fin?
Selon Rav, c’est aux jours de Hochéa Ben Béeri (le Prophète – voir Ochéa 2,12) ... Selon Chmouël, ce mérite dura jusqu’aux jours de ‘Hazaël (le roi de Syrie – voir Méla'him II 13,22) ... Selon Rabbi Yéhochoua Ben Lévi, ce mérite dura jusqu’aux jours d’Eliyahou (le Prophète - voir Méla'him I 18,36) ... Selon Rabbi Yo’hanan, il dura jusqu’aux jours de ‘Hizkiyahou (le roi – Voir Yéchayahou 9,6)" [D. annonça à Avraham, lors de la destruction de Sodome, que le mérite des Patriarches ne durerait que jusqu’à la destruction du 1er Temple. Ainsi, remarquons-nous que les dernières lettres des 5 premiers mots du verset : "Tairai-je à Abraham (pour qu’il implore la Miséricorde) ce que Je fait (הַמְכַסֶּה אֲנִי מֵאַבְרָהָם, אשֲֶׁר אֲנִי עשֶֹׂה)" (Vayéra 18,17) forment, pris à l’envers, le nom du Prophète Yirmiya (ירמי־ה), l’annonciateur de la perte du Temple – Mégalé Amoukot].

=> Le mérite des Patriarches a-t-il disparu?

On peut citer les explications suivantes :
1°/ Le mérite des Patriarches (zé'hout avot) a pris fin (comme l’enseignent nos Maîtres de la guémara) mais non pas l’alliance des Patriarches (brit avot), relative au don de la terre d’Israël aux ancêtres et à leur descendance.
Ainsi, le verset cité de notre paracha mentionne l’alliance et non le mérite : "Et Je me souviendrai de Mon alliance avec Yaakov ; Mon alliance aussi avec Its’hak, Mon alliance aussi avec Abraham" (même en Exil). [Tossafot - Rabbénou Tam]

2°/ Pour les réchaïm le zé'hout avot s’est arrêté mais pour les Tsadikim il continue d’exister. C’est la raison pour laquelle on mentionne le zé'hout avot dans nos prières (non pas que nous soyons tous des tsadikim (justes) mais nous prions Hachem qu’Il octroie le zé'hout avot aux Tsadikim pour que ceux-ci puissent protéger la génération grâce à leurs mérites et à celui des Pères - Divré Yoël). [Tossafot - Ri]

3°/ Le zé'hout avot n’est plus systématique comme il le fut dans les temps anciens (délimités dans la Guémara). Aujourd’hui il est nécessaire d’implorer Hachem dans nos Prières pour invoquer le zé'hout avot. [Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

4°/ Anciennement, le zé'hout avot pouvait procurer au peuple juif une Délivrance totale et miraculeuse (comme ce fut le cas en Égypte). Depuis (les temps cités dans la Guemara), le zé'hout avot ne procure que de petites délivrances. [Anaf Yossef]

5°/ [Nos Sages] ont instauré [dans la première bénédiction de la Amida] le rappel des "Bontés des Pères» à l’endroit où l’on demande la Délivrance : "Rappelle les Bontés des Pères et envoie le Libérateur" (זוכר חסדי אבות ומביא
גואל), pour dire que quand bien même le mérite des Patriarches a disparu, la Délivrance du peuple juif demeure éternelle. [Tour - Orakh ‘Haïm 113]
[d'après le feuillet de la communauté Sarcelles - Bé'houkotaï 5782]

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-> "Je me rappellerai de Mon alliance avec Yaakov ... avec Its'hak, et ... avec Avraham" (Bé’houkotaï 26,42)

=> Ce verset cite nos 3 Patriarches dans l'ordre inverse. Pourquoi?

-> Le Maguid de Doubno enseigne :
Seul le peuple juif descend de Avraham, Its'hak et Yaakov, les 3 Patriarches réunis. Mais, parmi les autres nations du monde, les descendants de Yichmaël descendent aussi de Avraham, et ceux de Essav descendent de Avraham et de Its'hak.
Quand le verset vient parler du mérite des Patriarches, que Hachem se remémorera pour adoucir Sa Rigueur, Yichmaël et Essav pourraient venir exiger leurs dus : "Nous aussi nous avons le Mérite de nos 2 Patriarches, Avraham et Its'hak (pour Essav). Nous méritons que Hachem nous prenne en pitié par leurs Mérites".

C'est pourquoi, Hachem prévient : "Je Me rappellerai de Mon Alliance avec Yaakov", la toute première condition, c'est de bénéficier du Mérite de Yaakov. C'est après, que le mérite de Its'hak et celui de Avraham pourront s’additionner.
Ceux qui ne peuvent se prétendre du Mérite de Yaakov, n'auront pas requis la condition de bénéficier du mérite des 2 autres Patriarches. Ainsi, seul le peuple Juif pourra tirer partie des Mérites de ses 3 Patriarches : Yaakov, Its'hak et Avraham.

Si la tête d’un homme se dégarnit de cheveux, celui-là n’est que chauve, il est pur (Tazria 13,40)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Il existe une sorte de Tsaraat (la lèpre), particulière aux zones pileuses de la barbe et des cheveux de la tête, on l’appelle Néték et ses règles diffèrent de la Tsaraat des zones de peaux.
Ce verset nous explique que quand quelqu’un devient chauve, il perd la spécificité de la tête en tant que zone pileuse et les caractéristiques du Néték ne s’y appliquent plus, mais comme Rachi l’explique, il garde évidement les lois d’une zone de peaux.
On peut aussi voir un autres aspect de ce verset. A la lumière des enseignements du Arizal, on apprend que les cheveux sont une allusion aux forces du Din (le jugement). C’est pour cela qu’il faut penser quand on se coupe les cheveux à faire partir de nous ces Dinim.
D’autre part on sait que les tsadikim grâce à leur Torah et leurs mitsvot sont capables de transformer les forces du Din (justice/rigueur) en Ra’hamim (miséricorde), mais ce, à condition de ne pas refauter, car si on reproduit la même faute non seulement les Dinim reprennent leur place, mais c’est avec plus de dégâts que si on ne les avaient pas délogés auparavant.

C’est le sens du mot "Kéréa’h" (chauve) de notre verset. Le chauve ne verra pas ses cheveux repousser. On peut donc lire ce verset comme suit:
- Si la tête d’un homme se dégarnit de cheveux (וְאִישׁ, כִּי יִמָּרֵט רֹאשׁוֹ), c’est à dire, quand un homme fait Téchouva et enlève de lui les Dinim amenés par ses fautes ;
- celui-là n’est que chauve (קֵרֵחַ הוּא), c’est une condition, s’il est réellement chauve, c’est-à-dire qu’il ne refera plus ces mêmes fautes, alors :
- il est pur (טָהוֹר הוּא), dans ce cas là, il est pur et il sera totalement débarrassé de ces Dinim.

"Ne va point colportant parmi ton peuple, ne sois pas indifférent au danger de ton prochain : Je suis Hachem" (Kédochim 19,16)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
De ce verset nous apprenons 2 conduites morales essentielles : ne pas aller dire du mal des autres et ne pas laisser un quelconque mal atteindre son prochain.
Mais il y a une seconde lecture plus profonde de ce verset, on peut y lire aussi d’une manière plus littérale qu’il est interdit de dire du mal non pas que "parmi ton peuple" mais "à propos de ton peuple" (béamékha), c’est-à-dire qu’on vient ici exclure le droit de dire du mal du peuple en entier, comme on voit que le prophète Yéchayahou l’avait fait et en avait été puni, comme il est écrit : "Et je me dis : Malheur à moi, je suis perdu! Car je suis un homme aux lèvres impures, je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures, et mes yeux ont vu le Roi, Hachem-Tsevaot!" (Yéchayahou 6,59).
Yéchayahou fut ensuite punit pour cette parole, même s’il n’avait pas eu l’intention de colporter ou de dire du mal.
Il en fut de même pour Eliyahou Hanavi (Méla'him 1,19) et Ochéa Hanavi (guémara Pessa'him 87b).

Deuxième conduite cachée dans ce verset : "Al ta'Amod" (ne te tiens pas indifférent) [ici] veut aussi dire "ne prie pas", car Amida veut dire Téfila. On voit ici que, si un racha qui mérite l’appellation de "ton prochain" car juif comme toi, s'il se réveille en toi l’envie ou l’idée de prier pour sa mort, retiens toi. Et apprend du verset : "Que les péchés disparaissent de la terre" yitamou 'hata'im min aarets - Téhilim 104,35).
Il n’est pas dit les pêcheurs, mais les péchés. Donc prie plutôt pour son salut, qu’il fasse téchouva et vive. Comme on l’a vu (guémara Béra'hot 10a) pour les réchayim qui faisait souffrir Rabbi Meir, il a voulu prier pour leur mort et sa femme Brouria lui conseilla de prier pour leur téchouva et ils firent téchouva.
[b'h, également à ce sujet : https://todahm.com/2019/02/14/8428-2 ]

Ils doivent rester saints pour leur D., et ne pas profaner le nom de leur D. ; car ce sont les sacrifices d'Hachem, c’est le pain de leur D. qu’ils ont à offrir : ils doivent être saints (Emor 21,6)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Ce verset nous parle des Cohanim et les enjoints à être saints et ne pas profaner leur fonction sainte. Mais les mots répétés à la fin du verset semblent être en trop, "ils doivent être saints" car ça a déjà été dit au début du verset.
On va le comprendre grâce à une parabole : Un roi avait offert à deux de ses sujets de beaux habits et leur demanda de les porter en son honneur, un simple employé et un ministre. Après quelques temps il s’aperçut qu’ils ne l’avaient pas écouté et continuaient à porter leur habits de tous les jours. Il les jugea et les condamna, mais demanda aux juges d’être beaucoup plus durs avec le ministre, car si l’employé avait enfreint la parole du roi, il n’était qu’un simple employé, tandis que le ministre de part sa fonction avait déjà une obligation de bien s’habiller pour faire honneur à son roi, en enfreignant la parole du roi il commit donc une deuxième faute. Il avait déshonoré son rang et la parole du roi.

Il en est de même avec les Cohanim, Hachem a déjà demandé à tous les Bné Israël d’être saints et de ne pas lui faire honte avec une conduite indigne. Donc quand il vient préciser les Halachot, les lois spécifiques aux Cohanim, il vient aussi leur dire : "ne croyez pas que vous êtes astreints à la même sainteté que tout le reste d’Israël, vous êtes mes ministres, qui s’occupent de mes sacrifices, vous êtes doublement obligés de préserver cette double sainteté".

[d'une certaine façon cela s'applique de nos jours : plus une personne est impliquée dans le service d'Hachem, plus elle a un devoir de sainteté conséquent.
Le monde environnant la percevant comme un proche représentant d'Hachem en ce monde, elle se doit d'être plus irréprochable dans sa sainteté.]

"Je suis Hachem votre D., qui vous ai sortis du pays d’Egypte pour que vous n’y fussiez plus esclaves ; et j’ai brisé les barres de votre joug, et je vous ai fait marcher la tête haute" (Bé'houkotaï 26,13)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
le midrach (Téhilim Sho’her Tov chap.6) raconte l’histoire d’un roi, qui avait décrété que tous les contrevenants à la loi se verraient infligés comme punition, la lapidation par une pierre énorme de plusieurs dizaines de kilos. quand vint le jour ou son propre fils, le prince, fauta. Le roi demanda que faire à ses conseillers, et ils lui dirent que pour ne pas revenir sur sa parole sans tuer son fils, la seule solution était de prendre cette pierre, la briser en petits cailloux et ensuite de les jeter à son fils un par un. De cette manière, la pierre aura bien été jetée à son fils et en même temps il était sauf.

C’est ce qu’on peut lire dans notre verset, Hachem avait pourtant décrété et annoncé à Avraham que ses enfants seraient en exil 400 ans, mais l’esclavage en Egypte ne dura effectivement que 210 ans, car les Bné Israël étaient tombés tellement tombés bas jusqu’à la 49e des portes d'impureté, qu’ils devaient sortir impérativement de suite.
Hachem a donc pris son décret de 400 ans, et a brisé les 190 ans restant à effectuer et les a répartis dans les autres exils.
C’est ce qui est dit : "et j’ai brisé les barres de votre joug" = j’ai brisé le décret des 400 ans à l’instar de la pierre du roi et du prince, "et je vous ai fait marcher la tête haute" = je vous ai laissé survivre et ne vous ai pas achevé avec une punition mortelle.

"Vous vous adjoindrez un homme par tribu (ich ich miBné Israël), un homme qui soit chef de sa famille paternelle (ich roch lévét avotav)" (Bamidbar 1,4)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Dans ce verset, Hachem demande à Moché et Aharon de prendre le prince de chaque tribu pour les assister dans le décompte des Bné Israel. Mais il y a caché ici un détail sur la nature de ces princes.
Il est dans la répétition du mot : "ich ich", il n’était pas nécessaire de répéter ce mot pour comprendre qu’on prend un prince par tribu et un seul. Mais pour le comprendre il nous faut citer le Arizal (Shaar Maamaré Rachbi 19c) qui lui-même cite le Zohar (Noa’h Tome 1 page 260a) qui demande pour quoi il est écrit 2 fois Noa’h à la suite (comme pour Avraham, Yaakov, Moshé et Shmouel)?
Et de répondre que les tsadikim ont 2 néchamot, le Arizal explique qu’une est dans leur corps mais l’autre est à l’extérieur et elle puise de la lumière Divine d’en haut et la renvoi sur la néchama du corps.
De là, il en ressort que les tsadikim, quelque part, comptent double, et c’est ce que veut dire notre verset : "Vous vous adjoindrez un homme par tribu", mais "ich ich" un vrai tsadik qui possède ces 2 néchamot, un qui soit "chef de sa famille paternelle" par sa tsidkout, le mot chef se dit "rosh" la tête c’est-à-dire le plus haut réellement.

C’est ce qu’on voit 13 versets plus loin : "Moché et Aharon s’adjoignirent ces hommes, nommément désignés" (Bamidbar 1,17). Le mot "nommément" est écrit : "בְּשֵׁמֹת" (béchémot – par leur nom), mais peut se lire : "ב-שמות" (beit chémot – deux noms), c’est la double néchama de ces tsadikim qui est encore mise en avant ici.

"Tout homme parmi les Bné Israël et le converti séjournant parmi Israël, qui donnera [quelqu'un] de sa descendance au Molé'h, sera mis à mort" (Kédochim 20,2)

-> Parmi les diverses sortes d'idolâtrie (avoda zara), la Torah évoque le service d’une divinité appelée Molé'h. Elle interdit de faire "passer son enfant au Molé'h".
Le Séfer ha’hinoukh (mitsva 208) décrit le rituel prohibé : les parents de l’enfant l’amenaient au prêtre du Molékh et montraient l’enfant à l’idole, puis ils allumaient un grand feu devant elle. Le prêtre ramenait ensuite l’enfant à son père qui le faisait passer à travers le feu, devant le Molé'h.
Le Séfer ha'Hinoukh rapporte un débat entre les Richonim quant au sort de l’enfant lors de cette pratique.
Rachi et le Rambam estiment que l’enfant passait rapidement dans le feu et n’était pas tué. Cependant, le Ramban pense que l’enfant mourrait brûlé. Selon cet avis, en dépit de la dépravation des idolâtres, il convient d’expliquer le but de cet acte barbare et comment un père pouvait tuer son fils pour la avoda zara.

Pour répondre à ces questions, analysons une autre loi de la Torah concernant le culte du Molé'h.
Le Séfer ha'Hinoukh souligne que la punition n’était appliquée que si la personne sacrifiait une partie de ses enfants. En revanche, si elle sacrifiait tous ses enfants elle n’était pas sanctionnée. Comment cela se fait-il?

Il explique ce paradoxe, ce qui nous aide à comprendre comment un individu pouvait tuer son fils en servant le Molé'h. Il précise que les prêtres du Molé'h promettaient aux parents que s’ils sacrifiaient l’un de leurs enfants pour ce dieu, ils bénéficieraient d’une "bénédiction" pour leurs autres enfants, qui auraient tous une belle vie.
Évidemment, c’était faux, mais nombreux furent ceux qui tombèrent dans le piège et qui furent prêts à sacrifier un enfant en faveur de ses frères. Puisque le culte classique consistait à ne pas sacrifier tous ses enfants, celui qui agissait de la sorte n’était pas sanctionné malgré son acte odieux.

=> Ceci explique comment des parents pouvaient faire tuer leur enfant : ils se souciaient en réalité du bien-être de leurs autres enfants.
En quoi est-ce pertinent dans notre vie?
Nous ne sommes aucunement tentés de servir des idoles, surtout si cela demande de tuer des enfants. Pourtant le rav ’Hanokh Plotnik affirme que cette idée peut s’appliquer dans nos vies, quoique de façon moins drastique.

Les parents désirent parfois "sacrifier" un enfant pour le bien-être de ses frères et sœurs. La vie ne peut rien garantir et l'on ne choisit pas ses enfants. Nous souhaitons tous voir chacun de nos enfants devenir un érudit en Torah, un Grand de la génération future. Mais tous les enfants ne sont pas forcément destinés à cela.
Parfois, une yéchiva de premier, voir de 2e rang, n’est pas adaptée à l’enfant ; celui-ci n’est pas en mesure de tenir le rythme d’une étude si intensive. Mais certains parents s’entêtent : "Non! Notre fils doit étudier dans CETTE Yéchiva. Parce que s’il entre dans un autre type d’institution, ses frères et sœurs auront du mal à se marier". Bien qu’il vivra une expérience difficile dans cette yéchiva, les parents estiment qu’il doit y entrer pour le bien-être de ses frères et sœurs.

Le rav Plotnik montre que parfois, l’erreur est de vouloir, consciemment ou non, placer l’enfant dans un danger spirituel pour le bien des autres. Ce cas n’est qu’un exemple. Il existe d’autres situations où un parent n’agit pas pour le bien de l’enfant, mais pour la réputation de la famille et pour mériter la considération des autres.
[les parents veulent que leurs enfants soient ce qu'ils auraient voulu être, ou bien ce qui leur permettra d'être bien vu dans la société (signe de réussite dans l'éducation s'il a tel métier), ... et par cela on "sacrifie" l'enfant tel qu'il est réellement. On ne veut pas le mieux de l'enfant, mais le mieux pour soi-même. (on le grille/brûle devant le dieu molé'h de notre génération [l'égo, le que dira-t-on, ...])]

-> Le rav Yéhonathan Gefen enseigne :
Si les parents montrent qu’ils acceptent et qu’ils aiment cet enfant [sur le déclin spirituel] en dépit de ses choix de vie, non seulement ce dernier verra qu’on lui voue un amour inconditionnel, mais ses frères et sœurs le comprendront également. Par conséquent, ils réaliseront que l’amour des parents à leur égard est également inconditionnel.
En revanche si les parents font preuve de moins d’amour et d’égards envers l’enfant qui fait "fausse route", les autres auront moins confiance en l’amour de leurs parents. Ainsi le fait de sacrifier un enfant en le renvoyant ostensiblement de la maison "pour le bien des autres", peut avoir un effet négatif également sur ces derniers.
Puissions-nous tous mériter d’élever chacun de nos enfants de la façon qui lui est la plus adaptée.

Utiliser les mauvaises influences pour le bien

-> Avant de nous détailler la liste des relations interdites, nous ordonne : "N’imitez pas les pratiques du pays d’Égypte, où vous avez demeuré, n’imitez pas les pratiques du pays de Canaan où Je vous conduis" (A'haré Mot 18,3).

-> Rachi nous informe que Mitsraïm et Canaan étaient les nations les plus dépravées, et les quartiers où résidaient les juifs étaient les plus immoraux de tous.
=> Pourquoi Hachem a-t-Il placé le peuple juif dans les endroits les plus corrompus du monde?

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou) répond à cette question dans un essai concernant la façon de réagir aux mauvaises influences. Il note qu’un entourage néfaste peut être très nuisible pur l’individu. Néanmoins, si ce dernier est suffisamment fort pour ne pas se laisser influencer par ces emprises négatives, il peut les utiliser pour se renforcer et améliorer son service de D.
Comment y parvenir?

Le rav Dessler remarque que le simple fait de voir le mal autour de nous peut nous dégoûter, parce que ses défauts sont d’autant plus visibles ; ceci nous permet de nous renforcer et d’apprécier davantage le bien.
D’après cet enseignement sur la nature humaine, rav Dessler explique pourquoi Hachem plaça, à dessein, le peuple juif dans les endroits les plus dépravés au monde.
Il écrit : "À chaque fois qu’un tsadik devait s’élever à un haut niveau, il fut placé dans un environnement bas et corrompu afin d’apprendre l’abjection du mal et de s’efforcer de s’en éloigner jusqu’atteindre le bien suprême".

-> Rabbi Yéhochoua Gefen ajoute à cela :
Hachem décida que le peuple juif allait vivre en Égypte pour qu’il développe une répugnance profonde vis-à-vis de l’impureté qui y régnait. C’est effectivement ce qui motiva les Bné Israël à implorer Hachem de les faire sortir de ce terrible endroit. Ce dégoût intense leur permit de passer rapidement du 49ème degré d’impureté à un niveau tel qu’ils purent recevoir la Torah. S’ils avaient vécu dans un environnement moins immoral, ils n’auraient pas pu s’élever et atteindre un si haut niveau.

Cela peut également expliquer pourquoi le peuple juif devait se rendre à Canaan, un endroit si abject. Le fait de voir le comportement extrêmement immoral des Cananéens était censé les dégoûter du mal et leur faire apprécier la moralité de la Thora.
[le peuple juif avait le choix de rejeter complètement les pratiques des Cananéens ou de les accepter comme voisins et de se laisser influencer négativement. L’histoire montre qu’il n’a pas totalement banni ses voisins et qu’il s’est, par moments, laissé influencer par les Cananéens. ]

Le rav Dessler utilise ce fondement pour comprendre un autre passage de la paracha A'haré Mot : le Séir laAzazel (le bouc émissaire). Durant le jour le plus saint de l’année, Yom Kippour, Hachem nous ordonne de traverser le désert avec un bouc et de le jeter du haut d’une falaise.
Pourquoi traverser le désert?
Le rav Dessler répond que le désert est un endroit où les gens sacrifient des boucs pour les démons. En conduisant l’animal dans ce lieu impur et en voyant de près cette impureté le jour de Kippour, le peuple se renforçait dans leur avodat Hachem.

Le principe de rav Dessler nous aide également à comprendre quelques faits liés à la fête de Pessa’h. Nous entamons la Haggada en évoquant nos ancêtres idolâtres. Le rav Dessler demande en quoi cela est relié à l’histoire de la sortie d’Égypte.
Il répond que la grande négativité que côtoya Avraham Avinou lui permit de s’élever à un niveau de kédoucha tel que cette sainteté ne put et ne pourra jamais être supprimée. La sortie d’Égypte est le résultat direct de cette kédoucha. C’est pourquoi nous parlons de l’idolâtrie de nos ancêtres pour montrer qu’en conséquence de leur impureté, Avraham put atteindre un niveau incroyablement élevé et c’est cette grandeur qui permit la sortie d’Égypte.

Nous pouvons à présent mieux comprendre pourquoi la Haggada parle tellement des mauvaises influences de nos ancêtres idolâtres, de l’Égypte et de Lavan. C’est peut-être pour susciter en nous une aversion pour cette immoralité et, par conséquent intensifier notre appréciation du fait qu’Hachem nous fit sortir de ce pays et nous donna la Torah.

Dans la société actuelle, nous devons inévitablement faire face à l’influence du monde laïc ; même lorsque nous vivons dans un milieu orthodoxe, le mal nous harcelle quotidiennement. Il est bien entendu vivement recommandé de l’éviter au maximum, mais il reste impossible de supprimer tout contact avec cet entourage. L’enseignement de rav Dessler peut nous aider à gérer ces influences et peut-être même, à les utiliser positivement.
En prenant conscience des vices de la laïcité, nous pouvons renforcer notre appréciation pour la beauté du mode de vie imposé par la Torah.

[ dans notre vie plus nous sommes capables de pointer du doigt les carences de la façon de vivre des non-juifs, plus cela va mettre en avant tout le positif du fait de vivre en tant que juif. Quelle chance on a, merci Hachem!
La société environnante nous permet ainsi d'être encore plus fiers d'être juifs, et cela nous encourage à agir en ce sens par reconnaissance pour notre papa Hachem. ]

"Lorsqu'il nettoiera les bougies, il fera brûler les encens"  (Tétsavé 30,7)

=> Pourquoi les encens devaient-elles être brûlés au même moment que le nettoyage et l'allumage de la Ménora?

En fait, la Menora symbolise le Sage qui éclaire le monde par la lumière de ses enseignements. La Torah veut nous enseigner que le sage doit avoir également un sens particulier pour sentir qui n'est pas comme il le paraît.
En effet, parfois certaines personnes, qui cherchent à éloigner des juifs du droit chemin, se comportent au début comme il se doit, pour ne pas être identifiées. Ce n'est qu'une fois qu'ils ont réussi à s'imposer qu'ils mettent en pratique leur projet vicieux d'écarter des personnes de la bonne voie.
Le véritable Sage doit, en même temps qu'il allume la Ménora et dispense sa Torah, être capable de sentir et de flairer tous ceux qui, malgré leurs apparences, viennent introduire des idées contraires à la Torah au sein du peuple. Et les encens, qui se réfèrent justement à l'odorat, font allusion à ce flaire dont doit être doté le Sage.
[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché]