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Les 10 jours de téchouva

+ Les 10 jours de téchouva :

-> "Bien que le repentir et l'imploration soient bénéfiques en tout temps, durant les 10 jours entre Roch Hachana et Yom Kippour cela est d'autant plus favorable, et accepté immédiatement." (gémara Roch Hachana 18a)

=> Quelle est la particularité de ces jours entre Roch Hachana et Yom Kippour ?

-> Le Mabit (Beit Elokim - chaar Téchouva - chap.15) écrit : Ces 10 jours renferment une Ségoula particulière (remède) où la téchouva est plus facilement acceptée.
L'origine de cette particularité provient du fait qu'il s'agit des jours de la création du monde. En effet, Roch Hachana est "le jour de la création du monde" (jour où l'homme, raison d'être du monde, a été créé), c'est pourquoi les 10 jours qui suivent sont propices à la téchouva et au rapprochement vers Hachem.

Pourquoi l'idée de la téchouva est-elle rattachée à la création du monde ?
Car au moment de la création du monde, Hachem décida qu'll accepterait la téchouva de Ses créatures.
La raison à cela est que l'homme a été créé à partir de poussière matérielle, et que le penchant de son cœur est mauvais depuis son enfance. Il est donc impossible qu'il ne faute pas. Or, si Hachem n'acceptait pas sa téchouva, la création du monde aurait été vaine, car les fautes de l'homme se multiplient sans cesse, et Hachem aurait finalement détruit le monde.

C'est ce que nos Sages (guémara Pessa'him 54a) disent : "Sept choses ont été créées avant la création du monde, et l'une d'entre elles est la téchouva". Car, comme nous l'avons mentionné, quel est l'intérêt de créer un monde dont on sait depuis le départ qu'il ne pourra exister?

A Roch Hachana, Hachem juge les actes de chaque individu sur la balance du jugement, et tranche Son décret. Qui sera acquitté devant Lui?
Cependant, comme nous l'avons dit, Roch Hachana est le jour de la création du monde où Hachem émit la condition en le créant qu'll accepterait la téchouva du fauteur.
C'est pourquoi, en ce jour, Hachem se lève de Son trône de Justice et s'assied sur Son trône de miséricorde, afin de ne pas punir l'homme en fonction de ses fautes, mais au contraire, accepter son repentir.

Et puisqu'il n'est pas convenable d'effacer ses fautes le jour même du jugement, Hachem prolongea les jours de téchouva jusqu'à Yom Kippour, afin d'accorder un temps au fauteur pour qu'il améliore ses actes et se repente de ses fautes. C'est alors qu'll aura pitié de lui en s'asseyant sur Son trône de miséricorde le jour de Kippour, qui est proche de la période où Il créa le monde et émit la condition d'accepter la téchouva du fauteur.
[rav Barou'h Rozenblum]

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-> Les 10 jours de pénitence (de Roch Hachana à Kippour) sont des jours de miséricorde particuliers.

Le Chem Michmouël rapporte au nom de nos Sages que les jours durant lesquels Bilam tenta de maudire le peuple d'Israël et n'y parvint pas étaient les 10 jours de pénitence.
Ce sont les jours au sujet desquels Bilam dit : "Comment maudirais-je celui que D. n'a point maudit? Comment menacerais-je, quand Hachem est sans colère?" (Balak 23,8).
Durant ces jours, le monde déborde de miséricorde, et il est impossible d'activer la colère de Hachem. Bien que "le Tout-Puissant fait sentir sa colère tous les jours", durant ces jours Hachem emplit la création entière d'une mer de miséricorde, en vue du grand jour divin, au sujet duquel il est dit : "Tous les jours qui m'étaient réservés, avant qu'un seul fut éclos" (Téhilim 139,16).
Rachi explique que ce verset représente le jour de Kippour, le grand Pardon.

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+ Le danger de ne pas utiliser les 10 jours de repentir :

-> [Hachem nous fait à cette période un cadeau incroyable, ainsi si nous refusons d'en profiter, de l'accepter, cela peut se retourner contre nous. ]

La guémara (Roch Hachana 18a) nous enseigne qu'il est de notre devoir d'exploiter ces jours particuliers et cite un verset du prophète (Shmouël I 25,38) : "Environ 10 jours après, Naval frappé d'un coup du ciel, mourait". Pourquoi Hachem patienta-t-ll 10 jours avant de le frapper?
"Rav Na'hman au nom de Rabba bar Avoua dit : par rapport aux 10 jours de pénitence."

C'est-à-dire que Hachem lui accorda 10 jours pour faire téchouva, mais puisqu'il ne se repentit pas, il fut puni.

-> Guédalia ben A'hikam fut tué le 3 Tichri par un juif nommé Ichmaël ben Nétania, et en souvenir de cela, un jeûne fut fixé en ce jour.
La Guémara (Roch Hachana 18b) dit : "Afin de t'enseigner que la mort des tsadikim est semblable au fait que le Temple a pris feu".

Le Maharcha ajoute et explique qu'étant donné que cet acte fut perpétué durant les 10 jours de pénitence, Ichmaël aurait dû s'éveiller au repentir.
Cependant, il ne regretta pas ses actes et continua de fauter en tuant Guédalia, ce qui fut une tragédie pour le peuple d'Israël, comme rapporté dans le Navi (prophète) ...

Ce fut l'accusation contre Ichmaël ben Nétania qui ne prit pas conscience d'exploiter ces 10 jours élevés et ne fit pas téchouva sur sa faute. Ceci représente le plus beau cadeau que Hachem nous offrit dans Sa grande bonté, et l'homme intelligent profitera de ces jours intenses pour faire téchouva et se rapprocher de Hachem.
[rav Barou'h Rozenblum]

Téchouva & résurrection des morts

+ Téchouva & résurrection des morts :

-> Nos Sages (midrach Yalkout Chimoni - Téhilim remez 702) nous enseignent : on a demandé à la sagesse quelle est la punition de celui qui faute. Elle a répondu : "Le mal poursuit celui qui faute".
On a demandé à la prophétie. Elle a répondu : "Il doit mourir".

On comprend logiquement que l'homme qui faute ne peut pas revenir en arrière. Hachem, quant à Lui, a répondu : "Qu'il fasse Téchouva et il sera pardonné".
La téchouva est une grande bonté de Hachem. En s'amendant, l'homme est épargné et son sort est scellé pour la vie. C'est une réelle résurrection des morts.

Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1ere partie - drouch 1) sur la bénédiction de té'hiyat hamétim (résurrection des morts), dans la Amida et sur la mention de la rosée dans cette bénédiction, que lorsque Hachem accepte le repentir de l'homme, Il le ressuscite.
Car le racha est appelé mort de son vivant. Quand il revient vers Hachem, Hachem le ramène à la vie. C'est pourquoi il doit implorer Hachem qu'll lui accorde la vie et qu'll agrée ses prières. Lorsque l'homme faute, son âme se retire et il supplie Hachem de le faire revivre avec une rosée de résurrection.
La rosée, que Hachem fait descendre, ne dépend pas d'un éveil d'en bas.
C'est la raison pour laquelle nous mentionnons la rosée, afin qu'll nous fasse vivre, par l'abondance de sa sainteté. En prononçant la bénédiction de "Mé'hayé Hamétim" (qui fait revivre les morts), nous devons penser à vivre dans ce monde-ci et pour la résurrection des morts.

Par le fait que les végétaux se développent pleinement, il y aura de l'amour dans le monde.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - Aava]

La prière

+ La prière :

=> A quoi sert une prière si Hachem a déjà décrété qu'une mauvaise chose devait nous arriver? Comment peut-elle changer le décret?

-> Le Séfer haIkarim explique :
La prière ne change pas le décret, mais elle va changer la personne qui l'a dite.
Lorsque l'on prie avec intention, nous sommes élevés.
Nous ne sommes plus la personne que nous étions avant de prier, car nous sommes alors quelqu'un qui apprécie pleinement le fait que tous nos besoins sont dans les mains d'Hachem.
Maintenant que nous nous sommes transformés [en un être supérieur appréciant davantage sa totale dépendance à D.], alors le décret devient nul, car il était adressé à "l'ancien" nous-même. [cette personne n'habite plus à cette adresse!]. Et il n'y a jamais eu de décret sur le "nouveau" nous-même.

-> Rachi (guémara Béra'hot 6b) enseigne que la prière fait partie des choses qui se tiennent au sommet du monde (dévarim chéom'dim béroumo chel olam), mais que les gens traitent avec légèreté. Dans ses mots : "la prière qui s’élève jusqu’au ciel".
L'Alter de Kelm (Ohr Yé'hezkel) interprète : "des choses qui se tiennent au sommet du monde" = "quelque chose qui peut amener [une personne] au sommet du monde".
C'est le pouvoir de la prière : élever et transformer une personne.

-> Le Kouzari écrit que le force de la prière est si grande que si nous prions comme il le faut, nous nous transformons d'un être matériel (gachmi) en un être spirituel (rou'hani).
Nous ne sommes plus une personne qui est gérée par sa partie physique. Notre âme (néchama) devient la principale force motrice de notre vie.

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-> "La téchouva, la prière et la tsédaka annulent la rigueur du décret" (guémara Roch Hachana 16b)

=> D'une certaine façon, on voit un point commun entre la téchouva et la prière : cette capacité à devenir une nouvelle réalité!
Ainsi, même si on est descendu plus bas que bas dans notre vie, même si rien ne va comme il faut, lorsque nous investissons tout notre cœur dans la prière on devient un nouvel être, qui est alors apte à recevoir toutes les bénédictions divine.
Le yétser ara fait que l'on aborde avec légèreté la prière (ex: c'est toujours le même texte! Qui suis-je pour que Hachem m'écoute!), et c'est à nous de sans cesse se renforcer pour lui accorder son importance (selon nos Sages : "la prière fait partie des [rares] choses qui se tiennent au sommet du monde"!).

Puisqu'un juif possède cette arme surpuissante (la prière), il ne doit jamais désespérer, mais plutôt se vider de ses "inquiétudes" dans ses moments de prière, et le restant du temps être serein et confiant en son papa Hachem.

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-> La guémara (Béra'hot 6b) dit : il y a des choses qui se tiennent au sommet du monde mais que les gens traitent à la légère.
Rachi explique que cela fait référence à la prière.
Le rav Shmouël Felder dit que les gens n'apprécient pas le pouvoir phénoménale de la prière. En effet, nous ne réalisons pas que nos prières peuvent vraiment nous aider, ainsi que les autres juifs dans le monde.

-> On a demandé une fois au Steïpler si l'on devait prier pour une personne qui avait une maladie incurable. Cela semble une perte de temps!
Le Steïpler a répondu : "Tout d'abord, les prières peuvent aider à ce qu'elle ait moins de douleur. Egalement, les prières peuvent lui permettre de vivre un peu plus longtemps".
Il a donné une 3e raison : même si les prières ne l'aide pas lui, elles peuvent aider d'autres malades dans le peuple d'Israël. Aucune prière n'est perdue!

[même si le décret de mort était non modifiable, même par les prières, chaque prière a une utilité énorme en octroyant des mérites après la mort de cette personne. Puisque sa maladie a provoqué des prières, des bonnes actions, de la téchouva, ... il en reçoit des mérites qui vont l'accompagner dans son éternité. [il y a pas de meilleur cadeau à lui faire!]
(ex: par la prière on a sauvé un autre juif de la mort, alors il a une récompense d'avoir sauvé la vie d'une personne).
Même si on ne se rend compte de rien (yétser ara oblige), n'oublions pas que le Steïpler affirme : Aucune prière n'est perdue!]

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-> b'h, sur le même thème : https://todahm.com/2021/11/07/33589

+ A quel point une personne peut s'élever à Yom Kippour, avec même la plus légère amélioration dans sa téchouva?

Il est impossible de décrire ce que même le plus petit changement [positif] peut accomplir, combien de souffrances cela va nous épargner dans le monde à venir.
Et le moment de s'y préparer est pendant le mois d'Elloul.
[rav Israël Salanter (Ohr Israël - lettre 14)]

Avoir peur du lion

"Aryé (אריה) cha'ag mi lo yira" (Un lion rugit, qui n'aurait pas peur? - Amos 3,8).

Le mot 'aryé' (lion - אריה) renvoie aux yamim noraim (jours redoutables) :
- le א = renvoie à : אלול (Elloul) ;
- le ר = renvoie à : ראש השנה (Roch Hachana) ;
- le י = renvoie à : יום הכפורים (yom aKipourim) ;
- le ה = renvoie à : הושענה רבא (hochaana rabba).

Imaginons notre peur/crainte si nous avions un lion rugissant face à nous. Le verset nous dit que nous devrions avoir les mêmes sentiments lorsque ces jours approchent.

Rabbi Shlomo Teitelbaum demande : pourquoi est-ce que les gens qui vont au zoo n'ont pas peur en entendant les lions rugir? Au contraire, les gens en rigolent (un petit selfie!), se promènent tranquillement, et n'ont aucune crainte des lions.
Bien entendu la raison est parce que les lions sont en cage, qu'il y a une barrière solide entre les gens et les lions.

Rabbi Teitelbaum explique : nous avons le même problème pendant le mois d'Elloul.
Il y a un "rideau de fer" entre Hachem et nous, et c'est pour cela que nous ne ressentons pas de crainte particulière pendant le mois d'Elloul.

Selon nos Sages, Hochana Rabba est un jour propice pour retirer cette barrière, ainsi en ce jour nous demandons à D. de retirer ce "rideau de fer" (mé'hitsat abarzél) qui nous sépare de lui, et ce afin de nous permettre de ressentir Sa présence dans notre vie.

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-> Le mot יראה (yir'a - crainte) est composé des mêmes lettres que אריה (Aryé - lion), rappelant ainsi le sens allégorique du verset : "Le lion אריה [D.] rugit [Sa Royauté se dévoile] : qui ne serait effrayé [durant cette période]?" (Amos 3,8)

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-> Le nom "אריה" est l’acronyme de אלול, ראש השנה, יום כפור, הושענה רבה , qui sont des jours léonins. Qui n’a pas peur durant les 2 mois d’Elloul (אלול) et Tichri (תשרי). [Chla haKadoch - traité Roch Hachana]
Une autre allusion se trouve dans le mot "ét" du verset "ét Hachem Eloké'ha tira" (את א' אלקיך תיר) puisque ét (את) a les initiales d’Elloul (אלול) et Tichri (תשרי). Ce sont des jours placés sous le signe de la crainte (yir'a - יראה).

Le terme "yamim noraïm" (ימים נוראים) signifie simplement "jours redoutables", visant Roch Hachana et Yom Kippour. Une explication alternative est que ce sont des jours vecteurs de yir'a, c’est-à-dire des jours où l’on peut acquérir de la yirat chamaïm, dont l’atmosphère est imprégnée à cette période.

La guémara (Roch Hachana 10b-11a) nous apprend que D. s’est "souvenu" de Sarah, Ra’hel et ‘Hana à Roch Hachana et qu’Il décréta qu’elles tomberaient enceintes. Cela signifie aussi qu’à Roch Hachana, nous accédons aux qualités de leurs fils respectifs : Its’hak, Yossef et Chmouel, tous empreints de crainte (יראה).

Où voit-on que ces 3 Justes sont associés à la crainte (יראה)?
Its’hak incarne la midat hadin.
Dans le guémara précitée, nous apprenons que Yossef fut libéré de prison à Roch Hachana, accédant à la Royauté (malkhout), Royauté qui va bien sûr de pair avec la crainte. Le Roi inspire la crainte à ses sujets qui prient pour le bien du gouvernement sans la crainte duquel les gens s’entre-dévoreraient vivants (Pirké Avot 3,2).
Quant au prophète Chomuel, il possède aussi cette qualité, ayant oint les 2 premiers Rois d’Israel dont le Roi David. (Chmouël I 16,13)

A Roch Hachana, nous disons des versets de "malkhout" (royauté), on retrouve le lien entre la מלכות et la יראה.
Le Sfat Emet note que les lettres intérieures (le milouï) qui remplissent le mot דין (soit דלת, יוד, נון), Roch Hachana étant appelé le יום הדין , équivalent au mot מלכות = 496 (malkhout - Royauté) car la source de la crainte (yir'a - יראה) est dans le Din (דין).

La crainte d’Hachem procure le véritable bonheur comme l’énoncent les Proverbes : "Heureux est l’homme toujours dans la crainte (אשרי אדם מפחד תמיד - Michlé 28,14).
Nous pouvons désormais comprendre les mots du psaume : "servez Hachem dans la crainte, réjouissez-vous dans le tremblement" (וגילו ברעדה עבדו את ה' ביראה - Téhilim 2,11), mots qui ne sont pas contradictoires.
De même, le Tana déBé Eliyahou (chap.3) énonce : "Je me réjouis dans la crainte" (שמחתי מתוך יראתי).
Cela nous permet également de mieux saisir le nom : Its'hak (יצחק), Patriarche qui incarne la crainte. La יראה s’enracine dans le צחוק (ts'hok), le rire, la joie.
[rav Yéhochoua Alt]

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-> Le Steipler avait coutume de dire au nom du ‘Hazon Ich qu’aujourd’hui la crainte du Ciel consiste à avoir la émouna que tout ce qu’un homme traverse au cours de l’année passée est fixé et décrété depuis le Roch Hachana précédent.

-> On a demandé une fois à Rav ‘Haïm Kanievski : pourquoi est-il écrit dans ce verset : ‘le lion a rugi’ (au passé) et non pas ‘le lion rugit’, (au présent), puisque ces jours redoutables reviennent chaque année et que nous nous trouvons en ce moment dans cette période?
Sa réponse fut la suivante : nous avons la émouna, en tant que croyants fils de croyants, que tout ce qui nous est arrivé durant l’année écoulée a été décrété à Roch Hachana. Et lorsque nous réfléchissons à ce qui s’est passé durant celle-ci, nous réalisons soudain qu’un tel qui était alors parmi nous ne fait déjà plus partie de ce monde, tandis qu’un autre qui comptait parmi les riches de la ville tend aujourd’hui la main pour demander l’aumône, que celui-ci est tombé malade (que D. préserve), et qu’un autre a subi de lourdes pertes.
Nous nous rendons ainsi à l’évidence que le "le lion a rugi", à savoir le ‘Lion’ de l’année dernière nous avait crié : ‘Voyez ce qui a été décrété!’
Nombreux sont ceux qui n’auraient même pas imaginé qu’il leur arriverait ce qui leur est arrivé. Et en particulier cette année! (Qui aurait seulement eu l’idée à Roch Hachana dernier que le monde entier ressemblerait à ce qu’il est aujourd’hui, en cette fin d’année ?)
Dès lors : "qui ne serait pas saisi de crainte" à l’approche de la nouvelle année?

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Certains se disent : "Pourquoi avoir peur du ‘lion qui rugit’ ? Je le connais bien de l’année dernière, de l’année précédente et de toutes les années auparavant! Pourquoi faire de Roch Hachana une telle affaire effrayante? Ne s’est-il pas déjà écoulé autant de Roch Hachana que les années de ma vie?"
Mais en réalité, ils ne connaissent pas ‘le véritable rugissement du lion’, mais seulement l’image qu’ils s’en font.
S’ils comprenaient réellement le sens du Yom haDine (jour du Jugement) et réalisaient que toute leur existence et leur avenir sont alors (au sens littéral) placés sur le plateau d’une balance, ils entendraient certainement ce rugissement et seraient saisis de crainte par sa voix.

On a une fois demandé à rav Israël Salanter : "Pourquoi faites-vous de Elloul ‘un si gros ours’ ?"
Il répondit : "Vous avez raison, Elloul ne ressemble pas à un ours, mais il est beaucoup plus que cela.
Voyez vous-même : le roi David ne craignit pas cet animal et le mit en pièces, comme il est dit : "Ton serviteur a frappé le lion comme l’ours" (Chmouël 17,36) et pourtant, il déclara : "Ma chair s’est hérissée de la terreur que Tu inspires et je redoute Tes jugements" (Téhilim 119,120).
Néanmoins, il y a une différence entre la peur provoquée par la présence d’un ours et le besoin de le fuir et celle suscitée par le mois d’Elloul : en effet, un homme fuira en s’éloignant d’un ours menaçant d’autant qu’il le pourra.
En revanche, lorsqu’il est question de la crainte inspirée par Hachem et par l’éclat de Sa Majesté, nous ne prenons
pas la fuite en nous éloignant de Lui, mais nous fuyons vers Lui.
C’est ce que le Rambam exprime dans son commentaire de la Michna (Roch Hachana chap.4) à propos de cette période : "Ces jours sont des jours de travail sur soi, de soumission à Hachem, de peur et de crainte de Lui. On Le craindra, on fuira en trouvant refuge vers Lui."

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-> Le rav Salanter (Ohr Israël - lettre 7) dit que le Shofar doit inciter une personne à se réveiller de son sommeil, à examiner ses actions et à abandonner toutes les futilités avec lesquelles il s'occupe.
Le Rambam (Hilkhot Téchouva) explique que la référence aux "personnes endormies", fait allusion à ceux qui ont oublié la vérité car ils sont trop accaparés par les occupations de ce monde. Ils sont endormis spirituellement parlant.
A ces gens, le Rambam dit que le Shofar crie : "Réveillez-vous! Examinez votre âme et améliorez vos actions! Abandonnez vos mauvaises actions et vos mauvaises pensées!

En effet, on peut être une très bonne personne, mais notre yétser ara nous a endormi dans une routine quotidienne. Sous le poids de nos préoccupations, nous n'avons pas le temps de penser.
La tête dans le guidon nous sommes à 100% pour ce monde où l'on n'est que de bref passage, négligeant de s'investir pour notre monde éternel!

Le rav Israël Salanter (Ohr Israël - lettre 10) écrit : "Les gens sont si préoccupés par les fardeaux de leur vie, qu'ils peuvent tomber dans la faute et ne rien ressentir du tout".
On peut être physiquement réveillé, mais notre conscience dort.
On est trop occupé pour avoir le temps de penser spirituel.
On est prisonnier d'une routine, nous agissons par habitude, plutôt que de mettre des pensées dans nos actions.
Vivre sans pensées spirituelles, c'est être endormi, sans vie.

=> Ainsi, le pouvoir de la routine est si fort que lorsque le mois d'Elloul arrive nous sommes nullement affectés (quelle différence à nos yeux? en apparence, c'est un mois comme un autre!). Nous continuons à vivre comme si de rien n'était!

Le Gaon de Vilna enseigne qu'à l'opposé de celui qui vit sa vie en fonction de ses désirs (moi, j'ai envie de ... et de ... ), il y a celui qui vit une vie avec la crainte d'Hachem (yir'at chamayim).
Avec de la yir'at chamayim, on a conscience du but de notre vie, et de notre finalité.
On comprend à quel point la vie est importante, et combien de belles choses on peut accomplir.
On a conscience que la vie n'est qu'un chemin du trajet vers notre destination finale, le monde à Venir, où l'âme rejoindra Hachem et où il y aura un plaisir inimaginable.
Ce n'est qu'avec de la crainte d'Hachem qu'on peut utiliser ce monde au maximum, qu'on peut réfléchir à nos actions et à quel point elles nous permettent d'accomplir notre mission dans la vie.

=> "Un lion rugit, qui n'aurait pas peur?" = certes Elloul, Roch Hachana, ... sont des rendez-vous annuels très propices pour nous réveiller de notre sommeil spirituel (ex: le Shofar), mais nous devons alimenter notre crainte d'Hachem, au point d'avoir une peur similaire à celle d'être face à un lion rugissant.

Nous devons faire de ces 4 convocations saintes des moments de rugissements du lion (D.) nous conduisant à nous blottir dans Ses bras (Mes enfants, revenez vers-Moi!).
Face à ce lion rugissant férocement, nous réalisons qu'Il est notre unique refuge, qu'Il est Le seul à nous permettre d'être en vie, que seul Lui peut nous sauver/aider à chaque instant.
A tout moment Hachem nous observe, et nous n'existons que grâce à lui (ex: selon nos Sages à chaque respiration notre âme veut nous quitter pour rejoindre le Ciel, mais Hachem lui ordonne de retourner dans notre corps).
Plus nous prenons conscience de la grandeur d'Hachem, de la gravité du rugissement, plus nous nous blottissons contre papa Hachem, et plus de là en découlement un amour puissant et fort qui nous illuminera l'année à venir.
Plus le lion rugit puissamment en nous (crainte d'Hachem), plus nous en viendrons à rugir avec force : "Hachem on t'aime! On ne compte que sur Toi! Il n'y a et on ne veut que Toi!"

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-> Bil'am décrit le peuple juif : "Voyez! Ce peuple se lève comme un léopard, il se dresse comme un lion" (Balak 23,24)

Cela témoigne que nous avons en nous cette capacité à s'élever de nos habitudes quotidiennes, de notre torpeur, et nous pouvons rugir comme un lion.
[Rachi commente ce verset : Quand ils se lèvent le matin après avoir dormi, ils (les juifs) sont forts comme une lionne ou un lion pour se hâter d’accomplir les mitsvot.]

=> "Un lion rugit, qui n'aurait pas peur?" = Ces jours nous rugissent, provoquant une grande peur. Mais ensuite nous devons faire un bilan, se développer, s'améliorer, et alors nous pouvons rugir.
L'idée est très importante : à l'image d'un lion qui a vécu toute l'année dans un poulailler, nous croyons que nous sommes de simples poules, et à l'approche des jours redoutables le rugissement des lions nous fait très peur.
Cela doit provoquer que nous élevons notre intériorité : nous prenons conscience de la grandeur d'un juif, nous agissons de façon beaucoup plus noble et spirituelle, ...
Ainsi au final, nous comprenons qu'à l'image du lion qui est le roi des animaux, les juifs sont au sommet de l'humanité, avec les responsabilités que cela implique.
D'ailleurs, le Zohar nous enseigne que si nous avions conscience d’à quel point Hachem aime chaque juif, nous rugirions comme des lions bondissant sur chaque opportunité de pouvoir faire Sa volonté.

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+ "Ce peuple se lève comme un lionceau, il se dresse comme un lion" (Balak 23,24)

-> Le "lion" est plus fort que le "lionceau".
Quand un juif se lève pour servir Hachem, il est seulement comme un "lionceau", mais rapidement on lui vient en aide du Ciel, "celui qui vient se purifier, on l’aide", et il se dresse comme un lion.
[Maayana chel Torah]

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-> Rabbénou Bé'hayé (Séfer haYira - Kohélet 3,1) écrit : Pourim est le temps pour se réjouir et jeûner, le mois d'Av un temps pour s'endeuiller, et la période d'Elloul à la fin de Yom Kippour, on doit trembler et avoir peur du jugement devant nous.

De même, le Tour (siman 581) dit que le travail des jours d'Elloul est de trembler de crainte, ce qui doit nous amener à faire téchouva.

Le rav David Povarsky dit que pendant tout le mois d'Elloul, on doit être tellement immergé dans notre préparation pour les jours redoutables que si quelqu'un nous demande : "Quel jour on est?", notre première réaction doit être : "Aujourd'hui c'est Elloul!".

Selon le rav Israël Salanter (Ohr Israël - lettre 14), on fait référence à Roch Hachana et Yom Kippour comme des "yamim noraim" (jours redoutables), mais en réalité tout le mois d'Elloul les jours sont vraiment des : "jours de crainte".
Rav Salanter ajoute qu'autrefois, chaque personne qui entendait l'appel au mois d'Elloul tremblait de peur.
Cette peur/crainte générait que les gens deviennent plus proches d'Hachem, chacun personne à son niveau.

-> Le rav Mattisyahou Salomon enseigne :
"Le mois d'Elloul est une extension de Yom Kippour.
Yom Kippour est spécialement dédié à la téchouva et au pardon, car Hachem a pardonné en ce jour au peuple juif.
Mais en réalité, il n'est que l'apogée de 40 jours, dont chacun a fait partie du processus de pardon.
[en abordant chaque jour d'Elloul avec le même sérieux que nous abordons Yom Kippour, nous nous permettons d'en exploiter son potentiel sublime.]
Ainsi, ces jours d'Elloul sont très propices à la prière et au pardon [de nos fautes] ...

Suite au Veau d'or, Moché a passé 40 jours de prières au Ciel, pour en obtenir le pardon. Ces 40 jours ont commencé à roch 'hodech Elloul, jusqu'à Yom Kippour, où Hachem a accordé son pardon.
[chaque année cette période est donc propice pour obtenir nos prières et notre pardon]."

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+ Daniel dans la fosse aux lions :

-> La guémara ('Houlin 59b) rapporte que l'empereur romain a demandé à Rabbi Yéhochoua ben 'Hanania: votre D. est comparé au lion, comme il est dit (Amos 3,8) : "Le lion a rugi: qui n'aurait peur?"
Et c'est difficile à comprendre : quelle est Sa grandeur? Un vaillant chevalier est capable de tuer un lion et ne se laisse pas effrayer par son rugissement.
Rabbi Yéhochoua a répondu à l'empereur : notre D. n'est pas comparable à ce lion-là (terrestre), mais au "sublime lion du royaume céleste", dont le rugissement effraie même les hommes les plus vigoureux.

-> Daniel fut l'un des ministre éminents du roi Darius. Ce dernier l'estimait et l'admirait beaucoup, et, comme ce fut souvent le cas dans notre histoire, les autres ministres (non-juifs) le jalousaient beaucoup, et décidèrent de "monter un dossier contre lui". Ils s'adressèrent à Darius en ces termes : "Écoutez, il n'est pas possible que chaque habitant du royaume prie un dieu différent. Le premier adresse ses prières au soleil, le deuxième à la lune, le troisième au feu, etc. Chacun fait ce que bon lui semble!
Nous devons mettre en place une 'version unique' de la prière, c'est-à-dire que tout le monde devrait s'adresser à vous!"
L'idée lui plut beaucoup à tel point qu'il promulgua une nouvelle loi dans le royaume : "À partir d'aujourd'hui, tout le monde doit prier Darius, et celui qui sera surpris à prier un autre dieu sera immédiatement jeté dans la fosse aux lions!"

Daniel continua à prier 3 fois par jour (il fut attrapé faisant min'ha), et Darius fût forcé de le sanctionner en le jetant dans la fosse au lieu, non sans le bénir avant de le jeter : "Que le D. à qui tu as adressé ta prière te sauve de la fosse aux lions".
Combien de lions contenait cette fosse? Nos Sages (midrach Yalkout Chimoni - Téhilim 787) enseignent qu'il y avait 1464 lions.
Le lendemain matin, Daniel fût trouvé parmi les lions. Darius interrogea Daniel : "Comment as-tu été sauvé?". Daniel lui répondit : "Hachem a envoyé un ange qui a bouché la gueule des lions et ils n'ont pas pu me faire de mal".
En effet, pour s'assurer que les lions n'étaient pas rassasié (expliquant qu'il n'est pas été dévoré), les ministres ayant dénoncé Daniel à Darius (qu'il priait), furent mis dans la fosse, et tout de suite ont été dévorés.

Une question se pose : quel est précisément le type d'ange qu'a envoyé Hachem pour sauver Daniel de la fosse aux lions?
Le rav Saadia Gaon nous répond : il s'agit du "sublime lion du royaume céleste", qui est installé sur le Trône de Gloire, et qui rugissait en disant : "Faites attention, lions, de ne pas causer le moindre dommage au lion fils de lionceau", c'est-à-dire à Daniel qui appartenait à la tribu de Yéhouda, qui est comparée au lion.

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+ Le rugissement du "sublime lion du royaume céleste" :

-> Revenons aux paroles de la guémara ('Houlin 59b) qui continue en disant que l'empereur demanda à Rabbi Yéhochoua de lui montrer le "sublime lion du royaume céleste". Il lui répondit alors qu'il n'avait pas la capacité de le voir, mais l'empereur le força, contre son gré, à le lui montrer.

Rabbi Yéhochoua ben 'Hanania se mit alors à prier, et le fameux lion fut déraciné de son endroit afin de se diriger vers l'empereur.
Lorsqu'il se retrouva à une distance de 400 lieues par rapport à eux, il se mit à grogner et poussa un rugissement. Toutes les femmes enceintes avortèrent tellement elles furent terrifiées et la muraille romaine s'effondra.
Quand il se rapprocha davantage, à une distance de 300 lieues, il poussa un autre rugissement, et les dents des hommes tombèrent, et l'empereur lui-même chuta de son trône et se retrouva à même le sol.

L'empereur s'adressa alors à Rabbi Yéhochoua : je t'en supplie, prie pour que ce lion retourne à sa place.
Le Rabbi pria et lui fit ainsi regagner sa place d'origine.

Ainsi il est écrit dans le Séfer ha'Haïm, rédigé par le frère du Maharal (séfer Séli'ha ouMé'hila - chap.2) :
"Effectivement, il existe un moment spécifique dans l'année où le 'sublime lion du royaume céleste' rugit, et qui n'aurait peur alors?
Et en entendant le son du Shofar qui ne tremblerait? Et c'est aujourd'hui l'anniversaire de la Création du monde, comme une femme enceinte, ce qui est exprimé dans la guémara par 'Toutes les femmes enceintes avortèrent.
Et même les nations (les non-juifs) y sont jugées, ce qui est exprimé dans la guémara par "la muraille romaine s'effondra".
'Et en son sein cent lieues' (400-300) fait allusion aux dix jours de pénitence, c'est-à-dire dix lieues par jour, ce qui correspond à la distance parcourue (en moyenne) par un homme standard, alors les dents des hommes tombèrent', ce qui fait allusion au grand jour de jeûne où tout le monde fait l'effort de jeûner, à savoir le jour de Kippour.
Et le roi est installé sur son trône, souverain et élevé, et jette à terre tout homme orgueilleux et hautain, ce qui est exprimé dans la guémara par 'et l'empereur lui-même chuta de son trône', et alors on prend conscience qu'il existe un D., Juge Suprême sur Terre".

=> Désormais, nous comprenons que le rugissement évoqué dans le verset "Le lion a rugi: qui n'aurait peur?" est celui du "sublime lion du royaume céleste".
Cela signifie que la frayeur qu'aurait dû ressentir le peuple d'Israël à cause de ce terrible rugissement n'aurait pas dû être inférieure à celle qui saisit les romains.
C'est pour cela que Rabbénou Yona nous dit que Elloul est un moment de crainte, et pourquoi?
Car c'est la période où le "sublime lion du royaume céleste" rugit.
[d'après rav Barou'h Rozenblum]

"La téchouva, la prière et la tsédaka annulent la rigueur du décret" [guémara Roch Hachana 16b]

=> Pourquoi particulièrement ces 3 mitsvot?

La téchouva = nous devons regarder à l'intérieur, en nous.
La prière = nous devons regarder vers le haut, vers Hachem.
La tsédaka = nous devons regarder vers l'extérieur, vers autrui.

Ces 3 mitsvot incluent les 3 aspects de la vie juive que nous devons améliorer : notre relation avec nous-même, avec Hachem, et avec les autres.
[d'après rabbi Paysach Krohn]

+ Lorsque nous faisons téchouva, Hachem, dans Sa grande miséricorde, nous pardonne immédiatement.
Ce fait est clairement exprimé dans la bénédiction du pardon que nous disons lorsque nous prions la Amida.
D'abord, nous demandons à Hachem de pardonner nos fautes, et immédiatement après nous prononçons : "Béni soi-Tu hachem, le Miséricordieux, qui pardonne abondamment" (bar'ouh ata Hachem 'hanoun hamarbé lisloa'h).
[Tanya - Iguéret haTéchouva]

+ Un éveil à faire téchouva nous parvient chaque jour, ayant pour origine la voix d'Hachem que nous avons tous entendu au mont Sinaï.
Cette voix déclarait : "Je suis Hachem, ton D." (Yitro 20,2) et "Tu n'auras point d'autre dieu que moi" (Yitro 20,3).
Cette voix a été inscrite sur notre cœur, et chaque jour elle provoque en nous un éveil à se repentir.
[Kédouchat Lévi - 'Hayé Sarah]

+ Lorsque nous nous repentons de nos fautes, nous sommes libérés des klipot (écorces d'impureté).
C'est notre libération, notre sortie personnelle d'Egypte.
[Noam Elimélé'h - Bamidbar]