Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Rabbi Méïr avait l'habitude de mépriser ceux qui transgressaient les Lois de la Torah.
Un jour, le Satan apparut à rabbi Méïr sous l'apparence d'une femme, de l'autre côté de la rivière.
Il n'y avait pas de bac pur traverser cette rivière.
Rabbi Méïr saisit la corde tendue entre les 2 rives et traversa ainsi la rivière (pour la rejoindre).
Lorsque rabbi Méïr arriva à mi-chemin, le Satan se fit reconnaître et lui dit : "Si le Ciel ne m'avait pas recommandé d'avoir des égards pour rabbi Méïr et sa Torah, ta vie n'aurait pas valu 2 sous".

Rabbi Akiva également avait l'habitude de mépriser les fauteurs.
Un jour, le Satan lui apparut sous les traits d'une femme, en haut d'un palmier.
Il grimpa sur le tronc du palmier (pour la rejoindre).
Arrivé à mi-chemin, Satan fit cesser son illusion et dit à rabbi Akiva : "Si le Ciel ne m'avait pas recommandé d'avoir des égards pour rabbi Akiva et sa Torah, ta vie n'aurait pas valu 2 sous!"
[guémara Kidouchin 81a]

<--->

-> Rabbi Méïr avait coutume de se "moquer" des pécheurs, c'est-à-dire de les mépriser, en critiquant leur faiblesse, car il pensait qu'il était facile de lutter contre le mauvais penchant et de réussir à le vaincre si on le veut vraiment.
[Rachi]

-> Par ses propos méprisants envers ceux qui transgressaient les mitsvot, entraînés par leur yétser ara, rabbi Méïr rabaissait ainsi le niveau des tsadikim et celui des baalé téchouva.
En effet, rabbi Méïr minimisait ainsi leurs efforts contre le yétser ara pour arriver à lui résister, car il pensait qu'il était facile pour eux de le vaincre.
C'est pourquoi le Satan a eu l'autorisation du Ciel d'attaquer rabbi Méïr, afin qu'il reconnaisse le haut niveau de ceux qui parviennent à le repousser.
[Ben Ich 'Haï]

-> En méprisant (à son niveau) les pécheurs et leur faiblesse de résistance au yétser ara, rabbi Méïr mettait indirectement en valeur sa grandeur personnelle, lui qui n'avait jamais fauté.
C'est pourquoi, il est tombé dans le piège tendu par le yétser ara qui a cherché à le rabaisser et ce n'est que par le mérite de sa Torah qu'il a été sauvé.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.5, p.354]

[on apprend de là que nous ne devons pas mépriser les agissements d'autrui, car qui peut dire qu'à leur place (même vécu, environnement, tendances naturelles, ...) nous aurions fait mieux qu'eux!
Occupons-nous de corriger nos défauts, plutôt que de s'en dispenser en se sentant supérieur à autrui]

<--->

=> Pourquoi le Satan/yétser ara apparut-il sous les traits d'une femme, et non d'une véritable femme?

-> Le Ben Ich 'Haï donne 2 réponses :
- 1°/ Hachem a accepté que le Satan éprouve rabbi Méïr, afin d'enseigner aux Sages (de toutes les générations) combien le désir suscité par le yétser ara peut être puissant et combien il est difficile de lui résister.

Cependant, Hachem ne voulait pas que rabbi Méïr commette la moindre transgression.
Or, si le Satan lui avait présenté une véritable femme dans cette épreuve, même si rabbi Méïr a finalement été épargné de tout contact avec cette femme, il aurait cependant transgressé l'interdit de l'observation de cette femme.
Maintenant qu'il s'agit d'une femme fictive que rabbi Méïr avait l'illusion de voir, il n'a pas transgressé par ce regard porté sur une illusion.

- 2°/ Si le Satan avait testé rabbi Méïr avec une véritable femme, cette femme saurait que rabbi Méïr, un Gadol d'Israël, aurait porté sur elle un regard de désir, et elle aurait pu s'en vanter et cela constituerait une forme de profanation du Nom Divin ('hilloul Hachem).
C'est pourquoi, le Satan a agi sur l'imagination de rabbi Méïr en créant une illusion dont il a l'art.

<--->

=> A quoi font allusion la rivière et la corde saisie par rabbi Méïr?

-> La corde épaisse tendue fait allusion à la puissance du yétser ara : en effet, rav Assa (guémara Soucca 52a) dit qu'au début, le yétser ara apparaît à l'homme aussi fin qu'un cheveu ou que le fil d'une toile d'araignée, et finit par être aussi épais que la corde qui permet de tirer un char.

D'autre part, le Satan est apparu à rabbi Méïr près de la rivière pour lui faire l'allusion suivante : par le mérite de ta Torah, comparée à l'eau de cette rivière, tu seras épargné de toute transgression dans cette épreuve.
[Ben Ich 'Haï]

<--->

=> Pourquoi le Ciel a-t-il recommandé au Satan d'avoir des égards pour rabbi Méïr et pour rabbi Akiva?

-> Il est certain que le yétser ara attaque davantage les fils d'Israël que les fils des nations, et surtout les plus grands d'entre eux, c'est-à-dire les talmidé hakhamim.
Cependant, le Ciel leur assure que par le mérite de leur étude de la Torah, ils seront protégés des pièges que leur tend le yétser ara, en accord avec la guémara (Soucca 21a) : "L'étude de la Torah nous protège des épreuves et nous sauve du yétser ara".
[Maharcha]

-> Du fait que rabbi Méïr et rabbi Akiva étaient tous 2 des fils de convertis, ils ne bénéficiaient pas du mérite des pères (zékhout avot) pour les protéger des sollicitations du yétser ara.
C'est pourquoi, c'est leur étude de la Torah qui les sauvera.
[Iyoun Yaakov]

-> "Tout est entre les mains du Ciel, sauf la Crainte du Ciel" (rabbi 'Hanina - guémara Béra'hot 33b)
Ainsi, comment le Ciel a-t-il pu intervenir en leur faveur, contrairement à ce principe?

Le Ben Ich 'Haï donne la réponse suivante :
Rabbi Méïr et rabbi Akiva avaient déjà dépassé la moitié de leur vie sur terre lorsque le Satan les a éprouvés. Or, dans la guémara (Yoma 38b), rabbi Yo'hanan dit : "Lorsqu'un homme a passé plus de la moitié de sa vie sans pécher, il ne fautera plus", en s'appuyant sur le verset : "Hachem veille sur les pas de ses hommes pieux" (Chmouël I 2,9).
Donc le principe énoncé par rabbi 'Hanina ne s'applique que dans la 1ere moitié de la vie d'un homme et celui de rabbi Yo'hanan dans la seconde moitié de sa vie.
C'est pourquoi Hachem a pu protéger ces 2 Sages déjà âgés.

-> Selon la guémara (Sanhédrin 82a), un sage qui ferait une faute relative à la débauche est sanctionné par une mauvaise compréhension de son étude avec les autres Sages et une difficulté à transmettre la Torah ; c'est pourquoi, le Ciel a demandé exceptionnellement que l'étude et l'enseignement de la Torah de rabbi Méïr et rabbi Akiva demeure intacte après cette épreuve.
[Hamakné]

<--->

=> Pourquoi est-ce au sommet d'un palmier que le Satan apparut à rabbi Akiva?

-> Le palmier est un arbre très haut sur lequel il est difficile de grimper, car il y a très peu de prise sur son tronc.
C'est pourquoi le Satan lui est apparu sous forme d'une femme illusoire, au sommet du palmier, afin d'augmenter la difficulté pour rabbi Akiva de monter et afin de lui montrer à quel point il était attiré par cette illusion.
[Rachach]

-> Selon le Ben Ich 'Haï, il y a une double allusion :
1°/ Le Satan lui rappelle qu'il est un tsadik, que le roi David compare au palmier, selon le verset : "Le tsadik fleurit comme le palmier" (Téhilim 92,13), et il signifie donc à rabbi Akiva, par allusion, qu'il sera finalement épargné de toute transgression grâce à sa tsidkout.

2°/ Dans la guémara (Ména'hot 29b), on enseigne que rabbi Akiva savait interpréter les taguine (fioritures ou couronnes - תגין) au-dessus des lettres de la Torah.
C'est pourquoi, le Satan apparut au sommet du palmier, l'endroit où ses fruits (les dattes) sont très hauts par rapport au sol, en allusion à la puissance de la Torah acquise par rabbi Akiva. [au point où Moché a demandé pourquoi c'est pas lui qui donnait la Torah à sa place au peuple juif!]
[Ben Ich 'Haï]

<--->

-> Une Braita est enseignée au sujet du verset : "Son époux a révoqué ses voeux et Hachem lui pardonnera" (Matot 30,13). De quoi parle l'Ecriture ? Il s'agit d'un vœu prononcé par une femme, puis annulé par le mari à son insu avant qu'elle ne transgresse sa parole. Pourquoi le Pardon divin est-il nécessaire?
Il s'agit ici d'une femme qui a fait le vœu de nézirout - de prendre le statut de nazir - et dont le mari a pris connaissance et a annulé le vœu sans qu'elle ne le sache. Cependant, cette dernière transgressa son vœu en buvant du vin ou en contractant l'impureté d'un mort. L'Ecriture enseigne qu'elle doit recevoir le Pardon divin car en agissant ainsi, elle avait conscience de profaner son Voeu.

Lorsque Rabbi Akiva parvenait à ce verset, il versait des larmes. Il disait : "si déjà celui qui a songé à manger du porc mais qui finalement a mangé de l'agneau à son insu doit réaliser une réparation et doit se faire pardonner, à plus forte raison celui qui a songé à manger du porc et qui a commis effectivement la transgression ! Ô combien ce dernier doit-il réparer son méfait et recevoir le Pardon divin." [guémara Kidouchin 81b]

-> Rabbi Akiva également avait l'habitude de mépriser les fauteurs. Un jour, le Satan lui apparut sous les traits d'une femme, en haut d'un palmier. Il grimpa sur le tronc du palmier (pour la rejoindre). Arrivé à mi-chemin, Satan fit cesser son illusion et dit à rabbi Akiva : "Si le Ciel ne m'avait pas recommandé d'avoir des égards pour rabbi Akiva et sa Torah, ta vie n'aurait pas valu 2 sous!" [guémara Kidouchin 81a]

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) écrit que Rabbi Akiva pleurait car bien qu'il n'ait pas succombé à la faute, il en avait quand même eu l'intention et il prit conscience qu'il n'avait pas réussi à dominer son mauvais penchant.

Le Ben Ich 'Haï ajoute que bien qu'il y ait un interdit d'aller "d'après ses yeux", cet interdit ne s'applique pas dans le fait de regarder un démon, mais seulement une femme réelle.
Il est cependant évident que nous n'avons plus la capacité de discerner entre un démon et un être vivant, c'est pourquoi nous nous efforcerons de préserver notre regard dans tous les cas. Malgré tout, lorsque Rabbi Akiva arrivait à notre verset, il pleurait car bien qu'en réalité il ne transgressa pas d'interdit, sa pensée nécessitait tout de même une expiation.

<---------------------------------->

-> La guémara (Kidouchin 81a) cite également un 3e récit :
Rav Amram 'Hassida hébergea à l'étage supérieur de sa maison des jeunes filles libérées après avoir été captives, et il fit retirer l'échelle d'accès afin de protéger ces jeunes filles.

Au cours de la nuit, animé d'un grand désir, rav Amram se leva et prit l'échelle très lourde, il fallait plus de 10 personnes pour la soulever, et il monta cette échelle.
Arrivée au milieu de l'échelle, il s'interrompit pour résister à son yétser ara, et il cria : "Il y a le feu dans la maison d'Amram!"

Les voisins, des rabbanim, accoururent : "Tu nous fais honte!"
Rav Amram répliqua : "Il est préférable d'assister à la honte de rav Amram dans ce monde-ci et sans transgression que dans le monde à venir si j'avais transgressé."
Cette honte ressentie en public a eu un effet expiatoire sur son comportement.

<--->

-> "Plus un homme est grand, plus son yétser ara est grand" (guémara Soucca 52a)
Ainsi, plus le yétser hatov grandit, plus le yéter ara grandit.

-> La guémara (Soucca 52a) relate le récit suivant :
"Abbayé entendit un homme dire à une femme : "Allons et prenons la route ensemble".
Abbayé s'est dit : "Je vais les suivre pour leur éviter une transgression".
Après les avoir suivis sur une distance de 3 parsa (environ 12km), il constata qu'ils sont demeurés pudiques.
Abbayé s'est dit alors : "Si c'était moi qui avais été en compagnie de cette femme, je ne suis pas sûr que j'aurai pu me retenir!"

Ainsi, Abbayé témoigna que l'épreuve à laquelle a résisté ce jeune homme, simple, lui-même n'aurait pas pu résister tant le combat contre le yétser ara est difficile pour un Talmid 'Hakham.

[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 91)]

"Annoncez au tsadik qu'il est bon et qu'il profitera du fruit de ses œuvres" (Yéchayahou 3,10)
Y a-t-il un "bon" tsadik et un "mauvais" tsadik? (Tout tsadik est bon!)

En fait, celui qui est bon envers le Ciel et envers les gens est désigné un tsadik "bon", mais celui qui est bon envers le Ciel et mauvais envers les gens est un tsadik qui n'est pas "bon".

[guémara Kidouchin 40a]

<--->

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
L'expression : bonne avec les créatures (tov labéri'ot) est réservée au tsadik "bon" qui s'efforce de trouver des mérites chez son prochain et cela est apprécié par Hachem.
[...]

Celui qui est mauvais avec les créatures (ra labéri'ot) ne signifie pas qu'il fait du mal à autrui en les endommageant ou en les volant par exemple, mais signifie qu'il porte souvent des accusations contre les gens au lieu de mettre en valeur leurs mérites.
Ce comportement, même pour des raisons afin de glorifier le Ciel (léchem chamayim), n'est pas apprécié par Hachem.

Celui qui accomplit seulement les mitsvot qui s'imposent intellectuellement a le pourvoir d'être sauvé des maladies naturelles qu'un médecin peut guérir, mais pas celui d'être également sauvé des maladies dont il est impossible de sortir naturellement.

Mais celui qui accomplit également les mitsvot qu'il est impossible de comprendre, même si l'intelligence ne les saisit pas, aura une aide du Ciel pour être sauvé des maladies dont il est impossible de sortir naturellement.

Cette idée se trouve en allusion dans le verset : "J'ai appelé de tout cœur, réponds-moi, Hachem, j'observerai Tes 'houkim" = par le mérite du fait que j'obéirai à Tes lois, même incompréhensibles, réponds-moi, Hachem, en toute chose que je Te demanderai, même s'il s'agit de dépasser la nature.

[rav Ovadia Yossef]
('Houkat)

[ainsi, plus nous faisons preuve d'une confiance en Hachem au-delà de notre naturalité, plus Hachem peut nous aider au-delà de la naturalité des choses!]

Il convient d'être très prudent à ne pas être triste, mais plutôt de servir Hachem avec joie.
En effet, la tristesse peut être quelque part comparée à l'idolâtrie, car l'homme triste montre qu'il n'est pas satisfait des décisions d'Hachem et de Sa manière de diriger le monde.

[Rabbi Ména’hem Mendel de Vitebsk – le Pri haArets – un des principaux élèves du Maguid de Mézéritch]

La Torah

+ La Torah :

-> Le Stéïpler (rav Israël Kanievsky) écrit dans la préface de son ouvrage (Amal chel Torah) :
"La raison essentielle de la création de l'homme et de sa venue ici-bas est l'étude intensive de la Torah.
"L'homme est né pour le labeur" (Yov 5,7) ... c'est pour le labeur de la Torah qu'il a été créé.

La subsistance du monde repose donc que sur les érudits qui s'adonnent à l'étude de la Torah, comme le déduit la guémara (Pessa'him 65) du verset : "Si ce n'était Mon alliance nuit et jour, Je n'aurai pas placé les lois du ciel et de la terre".

Nos Sages (guémara Sanhédrin 99) affirment également que quiconque ne croit pas dans ce principe qui déclare : "A quoi les Sages nous sont-ils utiles?", est considéré comme un renégat qui dénature la Torah.

Il est également enseigné : "Depuis le jour de la destruction du Temple, Hachem ne conserve dans Son monde que les 4 coudées de la Halakha" (guémara Béra'hot 8).
En clair, la Présence Divine ne repose au sein d'Israël que par le mérite de l'étude.

Il est écrit : "Tes plus chers trésors ne la valent pas" (Michlé 3,15).
La guémara (Yérouchalmi - début de Péa) commente : "Le monde entier [et toutes ses richesses] ne valent pas une seule parole de la Torah", car sa récompense dépasse celle de tous les commandements.

Dans la guémara (Méguila 15), il apparaît que celui qui s'emploie à étudier la Torah a une valeur supérieur à celui qui se dévoue pour sauver une vie humaine, à celui qui respecte ses parents et à celui qui construit le Temple.

Elle surpasse même les sacrifices, comme l'enseignent nos Sages (guémara Roch Hachana 18) au sujet des descendant du Cohen Eli : "Ils ne trouveront pas expiation avec des sacrifices et des oblations, mais ils la trouveront avec les paroles de la Torah".

De plus, il est absolument impossible de vaincre le mauvais penchant, qui se fortifie quotidiennement, sans l'étude.
Nos Sages (guémara Baba Batra 16) énoncent : "J'ai créé le mauvais penchant et J'ai créé la Torah comme remède".
Il apparaît également (guémara Kidouchin 30) que : "Si vous vous adonnez à l'étude de la Torah, vous ne serez pas livrés entre ses mains [...] car s'il est une pierre, il se dissoudra".

Enfin, seuls ceux qui se seront consacrés à son étude bénéficieront de la résurrection des morts.
En effet, nos Sages s'évertuent à trouver quel mérite permettra aux personnes qui n'étudient pas d'y avoir droit :
- ils démontrent que le soutient financier des érudits peut offrir ce mérite (guémara Kétoubot 111) ;
- et que les femmes l'ont également, car elles accompagnent leurs enfants à l'école et attendent le retour de leurs maris des maisons d'étude (guémara Béra'hot 17).
=> Ceci prouve que c'est l'étude de la Torah qui ouvre le droit à la résurrection des morts.

Nul n'est en mesure d'évaluer la récompense de l'étude.
La guémara (Béra'hot 34) souligne : "Tous les prophètes n'ont pu voir que [la récompense de] celui qui marie sa fille à un érudit ... Quant à [la récompense des] érudits proprement dite, aucun œil ne l'a entrevue."

Ainsi, la pérennité du peuple juif depuis sa naissance ne repose que sur l'inspiration et la tutelle des maîtres de la Torah : ce sont eux qui, génération après génération, l'ont enseignée au peuple et lui ont permis de se maintenir au sein de la nation juive.
Par la bienveillance de Hachem, les yéchivot et les cercles d'études n'ont jamais cessé d'exister, multipliant les étudiants de la Torah siècle après siècle, sous l'égide des grands Maîtres."

<----------------------------->

+ Le rav Yé'hezkel Avramski (cité dans Pniné Yé'hezkel - p.12) enseigne :

Sachez que vous, élèves de yéchiva, qui étudiez sans relâche, êtes ceux qui contribuent le plus au mérite du peuple juif!
C'est sur vous que le monde repose, c'est vous qui assurez la sécurité de notre nation et vous vous tenez au plus haut rang du peuple d'Israël.

C'est ce qu'a annoncé Moché à la faction de Kora'h : "Assez donc, enfants de Lévi!" (Kora'h 16,7) en tant que membres de la tribu de Lévi, vos privilèges sont plus élevés que quiconque dans la nation juive.
Moché a ajouté : "Est-ce donc peu pour vous que le D. d'Israël vous ait distingués de la communauté d'Israël, en vous admettant auprès de Lui pour faire le service du Michkan?" (v.9).
Autrement dit, pourquoi n'estimez-vous pas votre dignité à sa juste valeur? Pourquoi est-ce donc "peu pour vous"?

Vous aussi, pourquoi avez-vous une si piètre estime de votre rôle?
"Et vous réclamez encore la Kéhouna (sacerdoce)!" (v.10), autrement dit, vous êtes en quête d'autres fonctions et de responsabilités communautaires diverses, alors que le service qui vous a été confié est supérieur à tous les titres et les fonctions au monde! Vous êtes même supérieurs aux Cohanim, puisque la couronne de la Torah surpasse celle de la Kéhouna!

Je vous demande de ne jamais perdre de vue cette réalité."

Les tsadikim n'attendent et ne réclament rien de Hachem : leur unique ambition est d'accomplir Sa volonté et de sanctifier Son Nom.

Quoi que D. leur accorde, ils en sont satisfaits : même s'ils doivent se suffire de peu, ou même s'ils sont démunis de tout, ils ne récriminent jamais contre Lui et ne se rebellent en aucune circonstance, acceptant toutes Ses décisions avec soumission.

C'est pourquoi les tsadikim sont considérés comme le "support" de la Présence Divine, car si l'on peut dire, Hachem Se tient au-dessus d'eux.
[leurs désirs sont constamment tournés vers D., cherchant à le porter/l'élever/grandir dans ce monde, et non vers leur "moi je"]

[rav Yaakov Neuman - Darké Moussar]

+ Rabbi Its'hak dit : Il existe 4 choses qui peuvent modifier (ou déchirer) la sentence Divine d'un homme ; les voici : la charité (tsédaka), la supplication (en prière), le changement de nom et le changement [positif] de conduite (chinouï hachem) ...

Certains ajoutent (aux 4 choses citées) le changement de résidence : "Hachem dit à Avram : Quitte pour toi ton pays .. Je ferai de toi une grande nation" (Béréchit 12,1).
Mais pour rabbi Its'hak (qui limite à 4 le nombre de cas où la sentence peut changer), c'est le mérite de la résidence en Terre d'Israël qui l'a fait bénéficier de ses bénédictions.

[Selon le Ben Ich 'Haï, rabbi Its'hak ne cite pas cette raison avec les 4 autres, car il hésitait à savoir si Avraham a reçu les bénédictions grâce au mérite de sa résidence nouvelle en Israël ou bien grâce au simple changement de lieu]

[guémara Roch Hachana 16b]

<--->

+ La tsédaka :

-> "La tsédaka délivre de la mort" (Michlé 10,2) vient nous enseigner que même dans le cas où le Ciel a prononcé un verdict de mort sur un homme, si ce dernier multiplie les actes de tsédaka avec son argent, son verdict peut être annulé.
[Maharcha]

-> Un homme qui distribue régulièrement de l'argent de tsédaka peut être sauvé de la condamnation à l'enfer (guéhinam) et d'une mort non naturelle, si sa tsédaka est discrète.
De plus, il créé un intercesseur auprès d'Hachem qui pourra atténuer ou annuler les sentences Divines prises dans le Ciel à son égard.
[d'après la guémara Baba Batra 10a-b]

-> b'h, Quelques réflexions sur la tsédaka : https://todahm.com/2019/07/07/9542

<--->

+ La supplication > à la prière :

-> La supplication d'une personne consiste en des pleurs qui proviennent du plus profond de son cœur, au point qu'il lui devient impossible de sortir et d'exprimer la moindre parole par ses lèvres.
Ainsi, la supplication a un pouvoir supérieur à celui de la prière, exprimée par les lèvres, pour annuler une sentence du Ciel.
[Zohar]

-> La supplication, contrairement à la prière, consiste à crier de toutes ses forces pour appeler Hachem à son secours. Cette supplication Hachem désire l'entendre dans nos moment de détresse, selon le verset : "Laisse-Moi entendre ta voix, car ta voix est agréable" (Chir haChirim 2,14).
Par cette supplication, l'homme prend conscience que seul Hachem peut le sauver, il réveille alors sa personne et son âme pour revenir (faire téchouva) vers Hachem.
[Séfer haBatim]

-> Rabbi Its'hak est conforme à son opinion : "Il est bon que l'homme implore le Ciel aussi bien avant qu'après le verdict" (guémara Roch Hachana 16a).
En effet, d'après le verset : "Dans leur détresse, ils crièrent vers Hachem et Il les délivra de leur angoisse" (Téhilim 107,19), l'homme est délivré de la détresse dans laquelle il se trouve après le verdict, grâce à la supplication ou même la prière [des profondeurs du cœur] récitée entre la prononciation du verdict Céleste et l'exécution de sa sanction.
[Maharcha]

<--->

+ Le changement de nom :

-> Il est vrai qu'après un changement de nom, la faute de cet homme, à l'origine de la sentence Divine, demeure. Cependant ce changement de nom a une influence positive sur le repentir (téchouva) de cet homme qui se dit : "Je ne suis plus le même homme qu'avant, et je me dois de réparer mes actions antérieures."
[Ran]

-> Nous comprenons que par ces 3 choses (actes de charité, supplication et changement de conduite), il est possible que le Ciel annule les mauvais décrets.
Par contre, comment le changement de nom peut-il annuler une sentence?

Nous pouvons répondre que les 3 choses citées, qui se traduisent par des actes et des efforts de l'homme, ont le pouvoir d'annuler un verdict prononcé à la suite d'une faute grave, par contre le changement de nom ne peut annuler que les sentences non liées aux fautes, comme par exemple les souffrances/épreuves d'amour (yissourim chel aava), pour élever le niveau d'un tsadik qui n'a pas fauté.

Cependant, même si une personne a fauté, l'attribution d'un nouveau nom l'aidera à faire téchouva selon le Ran, et donc son décret peut être annulé.
[Maharcha]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Un homme a fait le vœu de ne plus entrer dans la maison de Réouven si ce dernier vend sa maison à Chimon.
Cet homme aura cependant la permission d'y entrer lorsque Chimon devient le nouveau propriétaire.
En effet, il avait fait un vœu relatif à la maison de Réouven, et maintenant c'est la maison de Chimon à qui il n'est lié par aucun vœu.

De même, après une sentence Divine prononcée contre Réouven, si ce dernier change de nom et se fait appeler Chimon, il sera épargné de l'accusation du Ciel à son égard, car par ce changement de nom il est devenu un autre.

[c'est pourquoi d'après le Yoré Déa (335,10), nous avons l'habitude d'attribuer un nouveau prénom à une personne gravement malade, afin d'annuler le verdict prononcé contre elle. C'est ainsi que le Rambam dit dans les Halakhot de téchouva (2,4) : par ce changement de nom, il devient un autre et il n'est plus celui qui avait accompli les actions qui avaient conduit à sa sanction.
(avant d'entreprendre un changement de nom, nous devons voir cela avec un rabbin compétent)]

Les nouvelles lettres hébraïques qui forment son nouveau prénom auront sur lui une telle influence qu'il sera considéré comme un nouveau-né.
[de même, Hachem dit à Avram : "Je vous donne à tous 2 un nom différent et alors votre destinée sera différente" (midrach Béréchit rabba 44,10)]

<--->

+ Le changement de conduite :

-> Comment un changement d'attitude peut-il annuler un verdict du Ciel d'un particulier? N'est-ce pas trop tard?

Le Rachbetz répond : Il s'agit d'un homme qui répare également des actions autre que celles qui ont conduit à la sentence du Ciel.
Par cela, il révèle ainsi que ce n'est pas la crainte qui motive son changement de conduite, mais il accepte dorénavant d'un cœur entier de servir Hachem, avec amour.
Il mérite donc le pardon de l'ensemble de ses fautes et l'annulation du décret qui le frappait pour une faute particulière.

<--->

+ Le changement de résidence :

-> Le Ritba explique :
Il est toujours difficile pour un homme de quitter son lieu de résidence où il est connu, où il a des attaches affectives, amicales, professionnelles, ... et encore plus s'il y est né.

Ce changement de lieu où l'homme arrive, sans repères, sans que personne ne connaisse ses qualités et où toute sa vie doit être reprise "à zéro", l'amène à un état de soumission et d'humilité propice à la téchouva, ce qui explique l'annulation de sa sentence.
C'est ainsi que rabbi El'aï dit : "Lorsqu'un homme ressent qu'il est dominé par les passions (incité par son yétser ara), qu'il aille dans un lieu où il n'est pas connu (afin que l'humilité affaiblisse les passions qui le dominent).

-> D'après le Maharcha, il semble que le changement de résidence ait moins d'effet que le changement de nom.
En effet, le changement de résidence d'Avram a été utile pour la naissance d'Ichmaël, mais pour la naissance de son véritable "héritier" Its'hak, il a fallu attendre son changement de nom et celui de son épouse Saraï (en Avraham et Sarah).

Sur les côtés de la toupie [utilisée à 'Hanoucca] figurent les lettres hébraïques noun, guimel, hé et chine, qui désignent l’expression : ness gadol haya cham ("Un grand miracle a eu lieu ici").

Lorsque la toupie tourne, les lettres disparaissent et deviennent indistinctes, et ne redeviennent visibles qu’une fois la toupie à l’arrêt.
La toupie est donc une métaphore de nous autres, êtres humains, qui, plongés dans le tourbillon vertigineux de la routine quotidienne vertigineuse, sommes incapables de distinguer les miracles qui surviennent constamment autour de nous.
Mais lorsque nous marquons une pause pour méditer à nos vies, nos yeux se dessillent et nous laissent entrevoir les miracles infinis qui jalonnent notre existence.

[rav Ephraim Nisenbaum]

Les voies du Ciel nous sont impénétrables, parce que notre regard est trop superficiel.
Notre vue n'englobe pas l'ensemble des générations passées et futures, et nous ne pouvons pas appréhender l'enchaînement des événements dans leur totalité.

Nous ne sommes pas différents d'un individu qui observerait un seul rouage d'une mécanisme immense, et qui se demanderait à quoi peut bien servir cette roue dentée.
Son étonnement est dû au fait qu'il ne regarde qu'une infime partie de l'appareil, sans voir comment ce simple élément interagit avec l'ensemble des autres pièces.
Dans le cas contraire, il comprendrait que celle-ci est nécessaire pour faire fonctionner tout le mécanisme.

L'homme a une vision des choses étriquée, certaines décisions célestes lui semblent hermétiques, voire aberrantes ...
Dans les temps futurs, il deviendra clair que "tout ce que le Miséricordieux accomplit, c'est pour le bien qu'Il le fait". Nous réaliserons alors que tous les événements passés, incluant ceux que nous vivons, se sont déroulés sur le mode de la bonté et de la justice.

[rav Eliyahou Duchnitser - rapporté dans le Léka'h Tov]

Quiconque a le mérite de s'abstenir d'une union prohibée (erva) bénéficiera d'un miracle en sa faveur.

[guémara Kidouchin 40a]

<---->

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Pourquoi est-ce spécialement en faveur d'un homme mis en situation d'union interdite (erva), et qui fait tout pour ne pas fauter, que le Ciel produit un miracle pour lui, et pourquoi pas s'il s'abstient de fauter dans un autre domaine?

La raison est qu'Hachem réagit avec cet homme, mesure pour mesure. En effet, lorsque cet homme fait de gros efforts pour essayer de maîtriser sa nature, imprimée en lui, qui le pousserait au désir, Hachem produit pour lui un miracle, c'est-à-dire un événement à contre-nature, pour l'aider à ne pas transgresser.
[...]

Un homme mis en situation de commettre une transgression, et qui se retient de fauter, sanctifie Hachem.

Par cet acte de kiddouch Hachem, il s'attache aux 2 niveaux de son Créateur, caractérisés par 2 Noms Divins :
- le Tétragramme (יהוה) formé des 4 lettres, qui pleinement sont : יוד (youd), הא (hé), ואו (vav) et הא (hé) de guématria "pleines" respectives : 20+6+13+6 = 45.

- et le nom אדני qui a une guématria de : 65.
Les 2 Noms Divins ont ainsi une guématria totale de 110 qui est la même que celle du mot : ness (נס).