Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"D. fit le firmament et sépara les eaux qui sont en dessus du firmament de celles qui sont en dessous" (Béréchit 1,7)

-> Rabbénou Bé'hayé (Vayikra 2,13) dit que lorsque le monde a été initialement créé, il n'y avait qu'une seule entité d'eau, et Hachem l'a divisée en 2 entités : les eaux supérieures et les eaux inférieures.
Les eaux inférieures ont alors pleuré car elles étaient ainsi séparées, éloignées de la Présence Divine, qui est en-Haut.
Hachem les a apaisées en disant qu'elles seront utilisées pour la mitsva de libation des eaux (nissou'h hamayim), et que le sel des sacrifices (korbanot) sera pris d'elles.

-> Le rav Aharon Leib Steinman s'étonne : Comment cette promesse faite aux eaux inférieures pour les libations a-t-elle pu les satisfaire?
En effet, ces libations n'avaient lieu que pendant la fête de Souccot, et uniquement lorsque le Temple existait, alors que les eaux supérieures bénéficient de façon permanente de la proximité de Hachem?

Le rav Steinman répond que même si effectivement, celle-ci sont constamment proches de Hachem, elles ne Le servent cependant pas. Tandis que les eaux inférieures, bien que n'étant pas proches de Lui, participent elles à la mitsva que les juifs réalisaient lors des libations, et au service Divin dans le Temple.
Ceci constitue pour nous un grand enseignement : nous vivons dans un monde riche en mitsvot, et ce n'est que par elles qu'il nous est possible de nous rapprocher de Hachem.

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-> "Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes, et nous avons aussi pleuré au souvenir de Sion" (al naarot Bavél ... - Téhilim 137,1)

=> Pourquoi est-ce que les juifs pleuraient particulièrement près des fleuves?

Le 'Hout haMéchoulach explique que lorsque le Temple a été détruit, les eaux inférieures ont pleuré de nouveau, car les mitsvot avec lesquelles elles ont été apaisées ne se faisaient plus.
Le verset : "gam ba'hinou" (nous aussi avons pleuré) = Israël a pleuré avec les eaux lorsque le Temple a été détruit.
Les 2 ont pleuré pour la même raison : ils étaient alors distanciés de la Présence Divine.

-> Lorsque les eaux furent séparées, les eaux d’en-bas ont commencé à pleurer.
Chacune disait : "Je veux être devant le Roi!"
[Tikouné Zohar (5,19b)]

-> "Tout celui qui n’a pas vu la joie de Beit haChoéva (fête de la libation des eaux à Souccot), de toute sa vie, n'a jamais vu une véritable joie" (guémara Soucca 53a)

Nous comprenons ainsi la signification de la libation des eaux : de même que le peuple juif a pleuré sur la destruction du Temple ensemble avec l'eau, de même à l'époque de la présence du Temple, le peuple juif se réjouissait ensemble avec l'eau.
L'eau était heureuse d'être amenée sur l'autel (mizbéa'h), proche de la Présence Divine, et le peuple juif était joyeux d'être proche de la Présence Divine dans le Temple.

[il n'y a pas de plus grande joie authentique que d'être proche de Hachem, que de voir son intériorité (âme) être proche de sa source, de son papa Hachem!]

[Baré'h Moché]

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-> "Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes, et nous pleurâmes au souvenir de Sion" (Téhilim 137,1)

Le rav Yé'hiel Spéro dit que selon nos Sages, si nous aurions versé rien qu’une seule larme, le Temple n’aurait pas été détruit.
Ainsi, "Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes" = pourquoi cela? ; car "nous pleurâmes au souvenir de Sion" = nous n'avons pas pleuré auparavant.

Les eaux inférieures se sont mises à pleurer avec pour objectif : créer davantage de proximité avec D.

[certes dans la Création du monde, elles devaient être séparées des eaux inférieures, mais elles n'acceptaient pas de perdre leur état de proximité avec Hachem. Les juifs auraient dû faire de même avec la perte imminente du Temple.]

=> Nous apprenons de là, que nos larmes (qui sont de l'eau salées à l'image des eaux inférieures) doivent avoir cette même finalité.
En effet, elles ne doivent pas être gaspillées. On ne pleure pas pour s’apitoyer sur notre sort, on pleure, car c’est le langage de de notre âme, du plus profond de nous même, exprimant notre désir intense de vivre au plus proche de D.

[on apprend aussi le pouvoir phénoménal des larmes, à l'image des eaux inférieures qui ont eu gain de cause, et même bien plus : en étant proche de D. d'une manière active par les juifs, les enfants de Hachem!]

[ b'h, par exemple cette idée est développée dans le contexte de la reconstruction du Temple : https://todahm.com/2018/08/08/les-larmes ]

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-> b'h, autre divré Torah en lien avec ce verset : https://todahm.com/2018/12/08/7590-2

Apprends à garder le silence, afin de pouvoir apprendre à parler.
[rabbi Mendel de Vorki]

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-> Enfant, nous apprenons à parler.
Plus âgé, nous apprenons à être silencieux.
[rabbi Na'hman de Breslev]

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-> Le silence est le plus agréable des sons.
[rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk]

-> Le son du silence est plus élevé que le son des paroles.
[Baal Chem Tov]

-> La émoua viendra par le fait de garder le silence.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - Emouna]

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-> Les gens pensent que la grande dignité de l'homme est d'avoir le pouvoir de s'exprimer. Et moi, je pense que le pouvoir de l'écoute est plus précieux que tout le reste.
[rabbi Naftali de Ropshitz]

Puisque l'âme de chaque personne est une partie de Hachem, nous devons avoir pitié pour cette étincelle Divine qui est emprisonnée dans une personne mauvaise, et lui offrir notre amour.
[rabbi Shmouël Horovitz]

[on peut se protéger d'une personne dangereuse, ne pas aimer le mal qui est en elle, mais nous devons témoigner notre amour pour la partie Divine qui est en elle, en priant par exemple pour que tout ce mal parte, et qu'elle devienne une belle personne.]

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-> La guémara (Shabbath 33b) nous apprend que le jour où rabbi Chimon bar Yo'haï et son fils rabbi El'azar sortirent de la grotte après y avoir séjourné pendant 12 ans, tout endroit où se posait leur regard s'enflammait aussitôt.
Une voix du Ciel sortit alors et déclara : "Est-ce pour détruire Mon monde que vous êtes sortis? Retournez dans votre grotte!"

=> Si tous ces endroits où se posait le regard de rabbi Chimon méritaient effectivement de prendre feu, alors pourquoi Hachem lui reprocha-t-Il de "détruire Son monde"?
Et si inversement, si ces lieux ne méritaient pas de brûler, pour quelle raison la chose eut-elle lieu?

Le rav Eliyahou de Kartinga (un ami du rav Israël Salanter) répond que si l'on observe les choses de ce monde avec un regard aussi intransigeant que celui de rabbi Chimon bar Yo'haï, elles méritent effectivement de partir en fumée.
Cependant, la conduite convenable consiste à ne pas porter un tel regard inflexible sur le monde, comme le reprocha Hachem explicitement.

Le rav conclut : "Ainsi en est-il pour nous-mêmes. Si c'est avec de tels yeux que vous regardez le monde, alors rentrez chez vous et cessez d'observer votre voisinage!"

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-> Il y a une notion de "repousser de la main gauche tout en retenant de la main droite."
La guémara (Sanhédrin 37) rapporte :
Des garnements vivaient dans le quartier de rabbi Zira. Celui-ci s'efforçait de les rapprocher de lui pour les encourager à se repentir, mais cette attitude déplaisait aux Sages.
Lorsque rabbi Zira décéda, ces garnements se dirent : "Jusqu'à présent, le "petit aux cuisses brûlées" [surnom donné à rabbi Zira] invoquait la miséricorde pour nous. Qui priera dorénavant pour nous?"
Ils furent pris de remords et ils se repentirent.

[certes la faute, leur attitude est détestable et à repousser au loin, mais d'un autre côté il faut avoir de la bienveillance, de la miséricorde pour la pauvre néchama prisonnière.]

La source de l'exil est le manque de foi.

[rabbi Na'hman de Breslev]

"La terre s'était corrompue devant Hachem" (Noa'h 6,11)

-> La faute de la génération de Noa'h était qu'ils ont mis la terre avant Hachem.
Ils ont fait du terrestre le principal, et de Hachem le secondaire.

[rabbi Dov Ber de Mézéritch]

"Chaque pas que l'homme fait en faveur de son prochain lui en économise mille pour lui-même"
[rav Chlomke de Zwil]

La mitsva du 'hessed évite à celui qui la pratique bien des soucis et des tourments.

"Tout ce qui peut être trouvé sur la terre ferme, peut l'être dans la mer." (guémara 'Houlin 127a)

Le rav Avraham Its'hak Bloch commente :
La seule raison qui empêche l'homme de voir les merveilles de la mer, est qu'elles sont recouvertes par les eaux.
De même, les merveilles de la Création ne sont pas évidentes maintenant parce qu'elles sont masquées par les lois de la nature, mais la sagesse Divine les révèlera dans l'avenir.

[tous les événements "naturels" sont des accomplissements merveilleux de Hachem, mais puisqu'ils se produisent selon un modèle prévisible, l'homme n'arrive plus à se rendre compte que ces phénomène "naturels" sont l'œuvre de D.
Dans le monde futur, nous parviendrons à percevoir clairement le pouvoir intime de Hachem gouvernant le monde.]

"Tous les gains d’une personne sont prédéterminés d’un Roch Hachana à l’autre"
[guémara Beitsa 16a]

-> Un riche marchand s'adressa au 'Hafets 'Haïm pour qu'il bénisse le succès d'une entreprise commerciale.
Le tsadik répondit : "Que la volonté de D. fasse que tu jouisses de l'argent qui était inscrit dans ton registre céleste à Roch Hachana et qui y a été scellé le jour de Kippour".
L'homme riche fut déçu : "Qui a besoin d'une telle bénédiction puisque Hachem l'aurait accordé de toute façon?"

Le 'Hafets 'Haïm expliqua : "Te souhaiter plus qu'il ne te fut alloué à Roch Hachana et Yom Kippour est impossible. Mais prier pour que tu jouisses de ta part exacte est une grande chance.
Certains hommes sont mus par l'avidité et l'ambition d'augmenter leurs richesses ... ils s'arrangent pour gagner beaucoup plus qu'il ne leur a été alloué à Roch Hachana.
Mais il ne leur est pas possible de le garder, car il ne leur a pas été donné par D.
Ils penseront que leur fortune leur cause bien du souci, car ils sont condamnés à de lourdes pertes pour être débarrassés de toutes les sommes qu'ils ont gagnées en trop et sans autorisation.
C'est pourquoi, la meilleure bénédiction est de gagner le montant exact, déterminé au début de l'année, pour pouvoir jouir de chaque centime, sans avoir à subir la plus petite perte financière!"

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-> Le 'Hafets 'Haïm dit également : "Quand quelqu'un me dit qu'il gagne sa vie, mais que ça ne lui ferait pas de mal de gagner un peu plus, je lui demande : "Comment sais-tu que ça ne te ferait pas de mal?"
Hachem a évidemment le pouvoir de donner plus d'argent à un homme. S'Il ne le fait pas, c'est que d'avoir plus d'argent ne ferait qu'empirer les choses!"

"Ne culpabilise pas un enfant agité, il s'agite car il possède une trop grande âme pour un si petit corps! Ce n'est pas de sa faute!"
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - (le rav Ovadia Yossef rapportait souvent ces paroles) ]

"Il (Yossef) reconduisit ses frères lorsqu’ils partirent et il leur dit : Ne vous disputez pas (al tirguézou - אַל תִּרְגְּזוּ) durant le voyage" (Vayigach 45,24)

=> De quelle "dispute" s’agissait-il?

-> Rachi rapporte 3 explications (dont les deux premières tirées de la guémara Taanit 10b) :
1°/ ["aiguiser" les paroles] : "Ne vous engagez pas dans des discussions Halakhiques de peur que vous n’excitiez contre vous le chemin" [de peur que dans votre distraction (ou excitation – voir Maharcha), vous ne vous égariez en chemin - Rachi sur la guémara].

2°/ ["se précipiter"] : "Ne faites pas de grands pas, et arrivez en ville avant le soleil".

3°/ ["se quereller"] (au nom du midrach) : "Comme ils étaient remplis de honte, Yossef craignait qu’ils ne se querellent en route pour l’avoir vendu : tu nous disais du mal de lui et tu nous l’as fait prendre en haine".

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=> A propos de la seconde explication, une question se pose : Pourquoi Yaakov n’avait-il pas fait cette recommandation à ses fils?

-> Nos Sages disent : "Faire de grands pas cause une baisse de la vue, ce qui se rectifie pas le vin du Kiddouch" (guémara Bérakhot 43b).
Lorsqu’ils descendirent en Egypte, Yaakov ne leur recommanda pas d’éviter de marcher à grand pas car ils savaient eux-mêmes que leur vue baisserait et qu’ils ne pouvaient pas boire le vin du Kiddouch pour y remédier étant donné qu’ils ne buvaient pas de vin depuis la vente de Yossef (voir Rachi sur Mikets 43,34).
A présent qu’ils avaient retrouvé Yossef et qu’il leur était permis de boire du vin, Yossef dut les mettre en garde de ne pas faire de grands pas (pour éviter une trop grande précipitation) car ils pouvaient compter sur le vin de Kiddouch pour remédier à l’affaiblissement de leur vue. [Komets haMin’ha]

-> De son côté, le 'Hanoukat haTorah l'explication suivante :
Nos Sages enseignent que Yaackv fut puni d'être privé de son fils Yossef pendant 22 ans, pour s'être séparé de son père Its'hak pendant 22 ans quand il est parti chez Lavan. Seulement, avant d'aller chez Lavan, il resta 14 ans étudier la Torah dans la Yechiva de Ever. Mais il ne fut pas puni pour ces 14 ans où il se sépara de son père. On apprend de là que l'étude de la Torah prime sur le respect des parents.
Mais tant que Yaakov n'avait pas encore retrouvé Yossef, il ne savait pas s'il allait être puni pour les 14 ans d'étude, ou pas. Ainsi, quand il envoya ses enfants en Egypte, il n'avait pas besoin de les prévenir de ne pas étudier en chemin, car comme ils étaient chargés d'une mission par leur père, ils n'allaient naturellement pas retarder cette mitsva par de l'étude. Pourquoi?

Parce qu'ils ils ne savaient pas encore si l'étude primait sur le respect des parents. Du fait de ce doute, ils devraient adopter la rigueur et ne pas étudier au détriment du respect de leur père. Mais quand Yossef se révéla à eux et les renvoya chez leur père, il s'avéra alors que la séparation dura 22 ans et que Yaakov ne fut pas puni pour les 14 ans d'étude.
Ainsi, il ressortait à présent que l'étude prime sur le respect des parents. Aussi, ses frères risquaient maintenant de se mettre à étudier en route, au détriment du respect de leur père de lui transmettre le message de Yossef. Ainsi, Yossef trouva bon à présent de les avertir de ne pas étudier sur la route.

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-> Le midrach [Béréchit Rabba 94,2] cite une autre explication :
"Ne vous arrêtez pas d’étudier la Torah" = Yossef attira leur attention et leur dit : "Bien que vous soyez pressés de rentrer chez vous pour accomplir la mitsva d’honorer votre père, ne cessez pas d’étudier la Torah, car : ‘L’étude de la Torah est plus grande que l’honneur rendu aux parents’ (voir guémara Méguila 16b). [Méor Haomer].

Il n’y a pas de contradiction entre l’enseignement de la guémara (la première explication rapportée par Rachi) et celui du midrach. La guémara affirme que Yossef ne leur a interdit d’étudier la Halakha que de manière approfondie (le pilpoul), ne leur empêchant pas d’étudier les connaissances générales de la Loi (léGuirsa), comme semble l’interpréter le midrach.
Ainsi, la guémara n’a pas trouvé nécessaire d’enseigner qu’il faille étudier la Torah en chemin, du fait qu’il soit clairement indiqué dans le verset : "Et tu en parleras (les paroles de Torah), dans ta maison, et quand tu marcheras en chemin" (Vaét'hanan 6,7). Elle est venue plutôt nous apprendre que Yossef exigea de ses frères qu’ils ne s’approfondissent pas dans l’étude de la Halakha.
Le midrach, quant à lui, souligne la nécessité d’étudier de la Torah en chemin afin de "protéger et sauver" (voir guémara Sotah 21a) des dangers des routes.

-> Tossefot (sur notre guémara Taanit 10b) suggère une autre lecture du midrach, à savoir : "Ne cessez pas de discuter en matière d’Halakha (bidvar halakha)".
Cette autre interprétation de l’expression "al tirGuézou" (אַל תִּרְגְּזוּ) suggère que Yossef les exhorta à s’affairer dans l’étude approfondie de la Halakha, contredisant du coup les propos de la guémara ainsi que la première lecture du midrache.
Pour saisir le commentaire du Tossefot, on peut expliquer que la faculté qu’a l’étude de la Torah de protéger en chemin ou dans toute autre situation dangereuse, réside dans la capacité qu’a l’homme à s’attacher et s’unir à elle (le monde n’ayant pas d’emprise sur la Torah dont l’existence est antérieure à la Création).
Or il est clair que l’étude approfondie comme celle de la Halakha favorise une union parfaite entre l’homme et la Torah, lui assurant ainsi une authentique protection contre les dangers de ce monde.
Ainsi, Yossef exhorta-t-il ses frères à ne pas cessez l’étude approfondie de la Halakha, afin de bénéficier d’une protection totale sur le chemin les conduisant vers leur père en Erets Israël.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]