Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"La femme vit que l'arbre était bon comme nourriture ... elle prit de son fruit et mangea ... leurs yeux à tous deux se dessillèrent et ils surent qu'ils étaient nus ; ils cousirent alors une feuille de figuier et se firent des pagnes" (Béréchit 3,6-7)

-> Rachi (v.3,3-4) commente : 'Hava en a rajouté à l’ordre qu’elle avait reçu. C’est pourquoi elle en viendra à lui ôter [de son efficacité]. Aussi est-il écrit : "N’ajoute pas à Ses paroles" (Michlé 30, 6).
[Le serpent] l’a poussée jusqu’à ce qu’elle touche l’arbre, puis il lui a dit : "Puisque tu n’es pas morte de l’avoir touché, tu ne mourras pas d’en avoir mangé !"

-> Le Gour Aryé dit que 'Hava pensait qu'en réalité, il leur était également interdit de toucher l'arbre.
Si Hachem ne leur a pas explicitement interdit d'en manger, c'est parce que le fruit était séduisant, mais Il n'avait pas besoin de leur spécifier l'interdiction de le toucher, car ils n'avaient pas de raison particulière de le faire.

[ => on voit le danger de tirer soi-même les conclusions en terme de loi juive en se basant sur notre bon sens, au lieu de prendre conseil auprès d'un rav sérieux.
La logique de Hachem nous échappe totalement, alors allons voir ses représentants sur terre : les rabbanim.

Parfois, nous sommes également tentés de penser : "Je suis sûr que Hachem ne verra pas d'inconvénient à ce que j'agisse ainsi, Il sait à quel point dans mon cœur je l'aime et je veux faire le bien ..."
=> Faisons bien attention à ne pas nous créer le Hachem que nous souhaitons avoir, parce que cela nous arrange! ]

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-> Hachem a dit à Adam de ne pas manger de l'Arbre de la Connaissance.
Ensuite, Adam a répété cette interdiction à 'Hava, en ajoutant qu'il fallait également ne pas le toucher par mesure de précaution pour ne pas en venir à le manger.
[le Kli Yakar]

Le Na'hal Kédomin commente :
Bien qu'il soit positif qu'une personne s'ajoute une barrière lui évitant de fauter, Adam a cependant fait une erreur, en ne disant pas clairement à 'Hava que Hachem lui avait seulement interdit d'en manger, et que la mesure de précaution était un ajout personnel.

[On a tous des faiblesses dans des domaines spécifiques, et c'est pour cela que nous devons avoir un "choul'han arou'h" personnel : c'est-à-dire un ensemble de mesures supportables s'ajoutant au "choul'han araou'h normal", qui n'est destiné qu'à nous-même, afin de nous empêcher de fauter.
En effet, nous savons que si nous dépassons un certain point, nous n'arriverons plus à nous retenir et nous fauterons très probablement, alors bien que la loi juive nous le permette, nous mettons en place des barrières pour éviter de tomber dans le précipice.

Par contre, il est important que cela ne se fasse pas au détriment d'autrui, de nos mitsvot obligatoires, ...
Cela doit rester un accessoire au service de l'essentiel, et non l'inverse!]

-> "[Ils] se firent des pagnes" (Béréchit 3,7)

Le Zohar explique le mot : "pagnes" ('hagorot - חֲגֹרֹת) par : cela fait référence à la mitsva des tsitit.

En effet, les tsitsit représentent les 613 mitsvot : le mot tsitsit a une valeur de 600 et chacun de ses coins a 8 cordes et 5 nœuds, faisant un total de 613.

Ainsi, tout de suite après la faute, ils ont porté un vêtement leur rappelant qu'il est certes très important de se faire des barrières de sécurité pour ne pas fauter, mais pour cela nous devons toujours avoir clairement en tête quelles sont les 613 mitsvot, et ce qui provient d'autres sources.

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-> Le serpent n'a pas seulement convaincu 'Hava que ce n'était pas une faute de manger de l'Arbre de la Connaissance, mais il l'a convaincu que c'était une mitsva.

Il a dit : "Regarde. Si une personne évite une chose interdite parce qu'elle n'en a pas de désir, alors cela n'a que peu de valeur.
Cependant, si elle en éprouve beaucoup de désir, et qu'elle évite quand même ce qui est interdit, alors cela témoigne de sa grandeur.
C'est pour cela que tu dois en goûter (rien qu'un peu! ce n'est pas vraiment "en manger"!), car ensuite tu auras un véritable désir de le manger, et en te retenant de le faire, tu montreras un dévouement total à Hachem."

Alors, 'Hava a vu que c'était "bon" de manger de l'Arbre de la Connaissance.
Que Hachem nous sauve de l'état d'esprit perverti du yétser ara.

[le Gaon de Vilna - Adéret Eliyahou]

[à l'image d'une mite, le yétser ara mange petit à petit toutes nos certitudes : en nous retirant une mitsva par si et une autre par là ; en nous faisant passer une avéra pour une mitsva de 1er choix, ...]

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-> Le serpent a dit à 'Hava que cela n'avait aucun sens de ne pas manger de l'Arbre de la Connaissance (éts hadaat), argumentant : "Pourquoi Hachem aurait-Il créé une chose si ce n'est pas pour que les gens en profitent?"

C'est le stratagème classique qu'utilise le yétser ara
Il nous convainc que si Hachem a créé des plaisirs dans ce monde, c'est pour que nous en profitions!

[midrach haGadol]

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-> Le serpent a soumis à 'Hava l'argument suivant :
"Ce n'est pas parce qu'Il Se soucie de votre vie que D. vous a interdit de manger de cet arbre, mais parce qu'Il sait que si vous en mangez, vous atteindrez une sagesse supérieure et que ce discernement vous rendra semblables à Lui.
A ce moment, vous ne dépendrez plus de Lui!"

[Rav Shimchon Raphaël Hirsch]

[ => De même, le yétser ara suscite en nous le doute à l'égard du sérieux des mitsvot.
Il réveille notre égo, notre désir de se débarrasser du joug divin (notre corps disant à notre âme :"Je fais ce que je veux! C'est MOI qui commande!"). ]

-> Rav Hirsch commente la nudité qui a suivi la faute :
"Tant que l'homme se sert de son corps pour servir D., il n'a aucune raison d'en avoir honte ... Sinon, il a honte de sa nudité.
Cette honte, c'est la voix de la conscience qui s'éveille en nous et nous rappelle que nous ne devons pas être semblables à des bêtes."

[ A chaque instant Hachem croit en nous, puisque nous accordant le plus beau des cadeaux : la vie, ainsi que des capacités phénoménales.
Comment pouvons-nous alors les utiliser d'une façon pire que les animaux?? Quel manque de respect, de reconnaissance envers notre papa Hachem!]

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-> "Le serpent dit à la femme : Mourir, vous ne mourrez pas" (Béréchit 3,4)

=> On peut se demander sur quelle certitude le serpent s’est-il basé pour affirmer à ‘Hava qu’elle ne mourra pas en mangeant du fruit? Et aussi, pourquoi cette redondance : "Mourir, vous ne mourrez pas’"?
Le midrash explique que le serpent a joué sur le fait que 'Hava ait ajouté l'interdit de toucher l'arbre. En effet, le serpent a poussé 'Hava contre l'arbre. Puis, il lui dit: "Tu vois, tu n'es pas morte en touchant l'arbre. De même, tu ne mourras pas en en mangeant". C'est ainsi que le serpent réussit à faire fauter 'Hava.
Mais on peut s'interroger. Même si 'Hava pensait qu'il était tout autant interdit de toucher l'arbre que d'en manger, et que le fait de le toucher serait aussi punissable de mort, malgré tout comment en est-elle arrivée à manger?
Finalement, Hachem leur avait dit qu'ils mourront le jour où ils mangeront. Or, la journée n'était pas encore terminée. Ainsi, qu'est-ce qui permettait à 'Hava d'être sûre qu'elle ne mourrait pas pour avoir touché de l'arbre et d'en conclure qu'elle ne mourrait pas non plus en en mangeant? Finalement, elle pouvait encore mourir dans la journée pour avoir touché l’arbre?

-> En fait, 'Hava envisagea effectivement cette hypothèse, qu'elle meurt au courant de la journée pour avoir touché l'arbre. Seulement, elle se dit que dans ce cas, puisque de toutes les façons, elle mourra pour avoir touché, il n'y a donc désormais aucune raison qu'elle se prive de manger et de profiter de ce fruit. En effet, elle ne peut pas mourir 2 fois. Ainsi, perdu pour perdu, pourquoi se priverait-elle de profiter d'un bon fruit?
C’est cela que le serpent lui dit : "Mourir vous ne mourrez pas" = la répétition veut signifier : "Vous ne mourrez pas 2 fois. Alors pourquoi se priver d’en profiter?"

Cette manière de penser fait partie des ruses classiques du mauvais penchant. Comme il sait que l'homme ne l'écoutera pas s'il l'incite directement à transgresser une grave faute, aussi il s'y prend par étape.
Tout d'abord, il séduit l'homme de commettre un petit écart, qui ne semble pas si grave. Puis, il lui fait croire qu'en fait, ce qu'il a commis est déjà trop grave et qu'il ne peut plus réparer.
Ainsi, il lui dit qu'à présent, pourquoi se priverait-il de profiter pleinement de la vie? Perdu pour perdu, il vaut mieux qu'au moins il profite dans ce monde.
L'homme doit être conscient de cette ruse pour pouvoir la reconnaître et se préserver de la faute et de l'effet boule de neige.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

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-> Le Arizal nous enseigne que lorsque "Hava fauta en consommant du fruit de l'Arbre de la Connaissance, son souhait était de faire goûter immédiatement du fruit de l'Arbre à Adam. Elle prit le fruit, le mixa avec d'autres pour en faire un jus et le lui donna comme il est écrit : "Elle en donna aussi à son mari avec elle" (Béréchit 3,6).
C'est-à-dire qu'elle en donna à Adam à son insu. Immédiatement le mauvais penchant domina Adam et il en consomma ensuite délibérément. Puis il en donna à tous les animaux de la Création sauf à un seul oiseau dont le nom est : 'hol, comme il est écrit : "La topaze d'Ethiopie ne l'égale point, on ne peut la mettre en balance avec l'or pur" (Iyov 28,19).

"D. dit : Faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance" (Béréchit 1,26)

Le midrach (Béréchit rabba 8,5) rapporte que l'Attribut de Vérité a dit à Hachem : "Ne crée pas l'homme, car ils sont tous des bagarreurs".
Cela fait référence au combat entre le corps et l'âme, qui est une bataille permanente en toute personne.

A chaque moment où l'âme est dans le corps, elle désire ardemment le quitter et retourner vers la présence de Hachem.
Si une personne transforme son corps en un lieu où la présence divine peut résider, alors l'âme est heureuse au sein du corps.
Cependant, ce niveau de sérénité n'est pas atteint par la majorité des personnes, et c'est pour cela que le corps et l'âme sont généralement en conflit.

[le Noa'h Tsadikim]

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-> "La joie réelle, c’est ce qu’on éprouve quand on fait ce qu’on doit faire ...
Le visage peut refléter les larmes ou la tension ; mais si le voyage est entamé, si on est conscient que nous construisons ce que nous devons construire, notre cœur chantera en nous malgré la peine de notre corps et les larmes sur notre visage."

[rav Akiva Tatz]

=> La joie est la réponse de la néchama (l'âme) lorsque l'on fait ce qui doit être fait.
C'est l'expression d'une paix intérieure lorsque chacun est à sa place (âme & corps).

"Au commencent, D. créa le Ciel et la terre" (Béréchit 1,1)

-> Le monde et tout ce qu'il contient n'ont été créés que par le mérite de la Torah.
[midrach Béréchit rabba 1,4]

-> La guémara (Shabbath 88a) nous enseigne que Hachem a créé le monde avec une condition préalable : si le peuple juif n'accepte pas la Torah, Il (D.) fera revenir le monde au néant.

C'est pourquoi le monde n'a véritablement été terminé qu'à partir du moment où le peuple juif a accepté la Torah, car sinon il aurait cessé d'exister.
Dans la Torah, nous trouvons le terme : "créa" (bara - ברא) uniquement 3 fois :
- 1°/ "Au commencent, D. créa (bara) le Ciel et la terre" (Béréchit 1,1) = c'est le début de la Création du monde ;
- 2°/ "[le 7e] Il s'y était abstenu de tout Son travail que D. avait créé (achèr bara) pour faire (Béréchit 3,2) = Shabbath est l'aboutissement de la semaine de la Création qui s'est terminé par l'apparition de l'Homme ;
- 3°/ "car depuis le jour où D. a créé (achèr bara) l'homme sur terre ... un peuple a-t-il entendu la voix de D." (Vaét'hanan 4,32-33) = la Création est alors complète, puisque la Torah a été donnée au peuple juif.
[les 10 Commandements sont ennoncés à partir de Vaét'hanan 5,1]

[le שמן אפרסמון]

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-> Le mot béréchit (בראשית) contient les mêmes lettres que : bara chété (Il a créé les 2 - ברא שתי).
Cela renvoie au fait que Hachem a créé 2 choses ensembles : la Torah et le Trône de Gloire de D. (kissé haKavod).

A l'origine, ils étaient ensembles car la Torah était au Ciel, mais par la suite, la Torah a été envoyée sur la terre.

[le ‘Hen Tov]

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-> Le mot : "au commencement" (béréchit - בראשית) a la même guématria (avec le +1 du kollel) que : "613 feu" (taryag ésh - תרי"ג אש).

Ainsi, en utilisant le mot : "béréchit", la Torah fait allusion à notre obligation d'étudier la Torah, qui est appelée : "feu"("dans sa droite, une loi de feu pour eux" - mimino ésh dat lamo - Dévarim 33,2), et à la nécessité de prendre garde aux 613 mitsvot.

En vérité, c'est [uniquement] en étudiant la Torah qu'une personne peut dominer son yétser ara et accomplir les mitsvot.

[le 'Hida - חומת אנך]

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-> Le mot béréchit (בראשית) a les mêmes lettres que : ésh brit (אש ברית).
Cela fait référence au fait que le monde a été créé pour la Torah, qui est appelée : "ésh" (un feu) et "brit" (une alliance).

[le Roch - Adar Zékénim]

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-> Selon le Gaon de Vilna, le terme : "béréchit" (בראשית) renvoie aux 6 traits de caractère essentiels afin d'avoir un bon service de Hachem :

- le ב = bita'hon (בטחון) = avoir une confiance [totale en D.] ;
- le ר = ratson (רצון) = avoir la volonté [fervente de Le servir] ;
- le א = aava (אהבה) = avoir l'amour [de Hachem] ;
- le ש = chtika (שתיקה) = [savoir se réduire au] silence ;
- le י = yir'a (יראה) = avoir la crainte [de D.] ;
- le ת = torah (תורה) = avoir en permanence la Torah [comme règle de vie, comme objet d'étude et d'élévation].

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+ "Au commencent, D. créa le Ciel et la terre" (Béréchit 1,1)

Le verset fait allusion à 2 types de personnes :
- "le Ciel" : ceux qui étudient lichma, de manière désintéressée, uniquement parce que telle est la volonté de Hachem ;
- "la terre" : ceux qui étudient lo lichma, avec des motivations intéressées.

En disant cela, Hachem exprime l'idée qu'Il désire le service de tous les juifs, même si cela est fait par intérêt.

[Noam Elimélé'h]

"Le déluge fut sur la terre 40 jours" (Noa'h 7,17)

-> La paracha de Noa'h est lue au tout début du mois Mar'Hechvan.
Le nom des mois de l'année juive provient de Babylonie, puisque dans le Tana'h ils sont simplement nommés en fonction de leur place dans le calendrier (ex: le 1er mois, le 2e mois).

De façon intéressante, nous trouvons un autre nom pour le mois de Mar'Hechvan : "au mois de Boul (בּוּל), c'est-à-dire le 8e mois" (Méla'him I 6,38).

Que pouvons-nous apprendre de ces 2 noms pour ce mois?

-> Le midrach (Yalkout Chimoni Méla'him I 184) explique que si ce mois est appelé : "Boul", c'est par ce que le déluge a commencé en ce mois, et il a duré 40 jours.

En hébreu le déluge se dit : "maboul" (מבול), qui renvoie à : 40 jours (valeur de מ) de "Boul" (בול).
La Torah commence par la lettre bét (béréchit) et se termine par la lettre laméd (Israël). Selon la guémara (Kidouchin 30a), la lettre médiane de la Torah est le vav du mot "ga'hon" (Vayikra 11,42).
Ces 3 lettres forment le mot : בול.

Ainsi : la Torah qui a été donné en 40 jours (même durée que le déluge), a la capacité de transformer complètement une personne en effaçant ce qu'il y avait, et en permettant qu'elle devienne une nouvelle création : une personne plus sainte.
[à l'image du maboul qui a purifié le monde de toutes ses impuretés créées par l'homme]

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-> Le rav Yits'hak Tzvi Zilberberg explique l'origine Babylonienne du mois de Mar'Hechvan.
La guémara (Méguila 27b) enseigne qu'après qu'une personne ait dite la Amida, elle n'a pas le droit d'aller aux toilettes immédiatement, mais elle doit attendre le temps nécessaire pour parcourir 4 amot (environ 2 mètres).

La guémara explique cette nécessité par le fait que la durée de ce bref instant, sa prière est toujours présente dans sa bouche et que ses lèvres sont toujours considérées comme bougeant en prière (ri'houché méra'hsan shifvaté - רחושי מרחשן שפוותיה).

Le rav Zilberberg fait remarquer qu'en changeant les voyelles du mot araméen utilisé pour dire que les lèvres d'une personne bougent toujours (מרחשן), cela permet de former : Mar'Hechvan.
Ainsi, l'origine du nom araméen de ce mois, transmet le message que bien que le mois de Tichri vient de se terminer, nous ne devons pas faire l'erreur de penser que toutes nos prières et notre grande proximité avec Hachem, que nous avons pu y vivre, sont derrières nous.

=> Le nom Mar'Hechvan fait allusion au fait que même un mois après, nous sommes toujours connectés avec l'élévation spirituelle que nous avons pu atteindre durant les yamim noraïm et Souccot (à l'image de la prière qui reste dans notre bouche quelques instants après avoir terminés notre amida!).

==> Le mois de Mar'Hechvan est ce mois où l'on doit capitaliser sur notre vécu de Tichri, et où l'on doit comprendre que pour traverser l'année à venir nous devons nous réfugier dans une vie pleine selon la Torah, qui est la manière d'un juif de survivre face aux déluges extérieurs.

3 Questions/Réponses – Paracha Noa’h

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Noa'h

1°/ Qui est né dans l'Arche de Noa'h?

Le midrach rapporte que le géant Og a survécu au déluge en s'accrochant à l'Arche. Il habitait sur le toit et recevait quotidiennement sa nourriture par Noa'h au travers d'un trou.

La guémara (Nida 61a) dit que Si'hon et Og étaient frères.
On a vu comment son frère a pu survivre, mais comment Si'hon a-t-il pu également vivre sachant qu'il n'a été tué qu'à la fin des 40 années dans le désert des juifs, suivant leur sortie d'Egypte.

Si'hon n'a pas pu naître après le déluge car tous les géants sont morts pendant le déluge.
De plus, il n'y avait pas de relation conjugale dans l'Arche, par respect pour la détresse qui régnait dans le monde pendant le déluge.

Le Daat Zékénim (Bamidbar 21,34) explique qu'après la naissance de Og, sa mère alors enceinte de lui (Si'hon), a quitté son père, et s'est remarié avec 'Ham, le fils de Noa'h, ce qui lui a donné le droit de rentrer dans l'Arche.

=> Puisqu'elle était déjà enceinte à son entrée et que le séjour y a duré 1 an (cf.Rachi Noa'h 8,14), c'est que forcément elle y a donné naissance à Si'hon.

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2°/ Comment Noa'h a-t-il pu prendre le risque d'envoyer le corbeau et la colombe pour savoir si les eaux du déluge avaient reculé? En effet, en ne revenant pas, cela aurait entraîné la disparition de ces 2 espèces!

Le Nétsiv (Haémék Davar) est d'avis que ce corbeau et cette colombe qui ont été envoyés, ne font pas partie des paires ordonnées par Hachem : "de tous les êtres vivants, de chaque espèce, tu en recueilleras deux dans l'arche pour les conserver avec toi" (Noa'h 6,19).

En réalité, puisque Noa'h était une personne respectée avant le déluge, il suivait la pratique des nobles de l'époque d'avoir un oiseau de compagnie, qui était considéré comme un membre du foyer et pouvait ainsi rentrer dans l'Arche en tant que : "toi et toute ta famille, dans l'arche" (Noa'h 71).

=> On comprend ainsi pourquoi leur utilisation ne compromettait en rien l'avenir de ces espèces, puisqu'il y avait encore dans l'Arche une paire de corbeau et une paire de colombe.

-> La colombe avait été entraînée afin de parcourir de longues distances afin de délivrer du courrier et transporter de petits objets dans sa bouche.
Au cours de sa 1ere mission, elle n'a rien trouvé à mettre dans sa bouche et elle était alors remplie de honte d'avoir raté sa mission en revenant la bouche vide : "elle revint vers lui, vers l'arche" (Noa'h 8,9).
Observant qu'elle n'osait pas s'approcher davantage : "il étendit sa main, la prit et l'amena à lui" (Noa'h 8,9).
=> Noa'h a compris ce qu'elle ressentait, l'a réchauffant et lui redonnant des forces.

Le Netsiv de commenter : La compassion de Noa'h nous enseigne que l'on doit réserver autant d'égards à un messager qui échoue qu'à celui qui réussit, si l'échec ne lui est pas imputable.

[On peut naturellement être déçu qu'une chose n'a pas marché, mais celui qui a fait de son mieux n'y est pour rien et ne doit pas recevoir en salaire toute notre frustration!
Au contraire, nous devons lui témoigner beaucoup d'attention, d'encouragements, afin de lui redonner le moral.]

-> Sachant que Noa'h attendrait l'ordre divin pour sortir de l'Arche, pourquoi a-t-il souhaité envoyer le corbeau et la colombe?

Noa'h avait tellement envie de remercier Hachem pour l'incroyable miracle qu'Il a fait pour lui, qu'il les envoya afin de savoir si le déluge était terminé afin de pouvoir alors pleinement remercier D.

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3°/ "Tu feras [cette] Arche en compartiments" (Noa'h 6,14)
En quoi ce détail est-il si important?

-> Selon Rachi (Noa'h 6,13) le déluge est venu en punition à 2 fautes : le vol et l'immoralité.

-> Rabbi Shalom Erlanger dit qu'elles ont pour origine un manque de limitations, puisque les contemporains de Noa'h étaient incapables de reconnaître ce qui appartenait à qui, et à en respecter les limites.
C'est pourquoi, ils ont été punis par le déluge (maboul), qui est lié au mot : bilboul (un mélange), puisque les eaux se sont mélangées entre elles, amenant la dévastation sur tout le monde, sans respecter les limites qui leurs sont normalement assignées.
[à l'image des hommes d'alors, les eaux sont sorties de leurs lieux réservés, partant et revenant selon leur désir, ce qui n'amena que destruction).

Pour cette raison, Hachem a insisté sur le fait que Noa'h fasse des compartiments, des espaces avec des limitations.
Noa'h rectifie alors la faute de sa génération, ce qui lui permet d'être sauvé des eaux du déluge.

[nous devons de même savoir que ce qui appartient à autrui ne fait pas partie de notre zone, nous ne devons ainsi pas le convoiter!
Il faut se satisfaire du "compartiment" que Hachem nous accorde, car étant le meilleur pour notre mission dans ce monde, et éviter de se gâcher la vie en étant perpétuellement à la recherche de ce qu'il y a dans le compartiment de quelqu'un d'autre!]

-> Mais combien y avait-il de compartiments dans l'Arche de Noa'h?

Le Yalkout Chimoni rapporte une divergence à ce sujet :
- selon rav Yéhouda, il y avait 360 compartiments, chacun mesurant 10 coudées sur 10 coudées (entre 23 et 32 m2);
- selon rav Né'hémia, il y avait 900 compartiments, chacun mesurant 6 coudées sur 6 coudées (entre 8 et 12 m2).
[Il y avait un total de 3 étages dans l'Arche]

-> Pourquoi la punition est-elle venue particulière par un déluge?

La guémara (Baba Batra 16a) nous enseigne que D. crée non seulement chaque goutte de pluie dans les nuages, mais en plus, Il va créer pour chacune d’elles un parcours de descente unique.
En effet, si 2 gouttes venaient à tomber via un même circuit, cela endommagerait les récoltes.

Le Kli Yakar dit que puisque les voleurs entraient dans le territoire d'autrui comme ils en avaient envie, alors de même ils vont mourir par un déluge dans lequel chaque goutte d'eau utilisera le trajet personnel d'une autre, amenant ainsi la destruction sur le monde.

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+ Bonus (b'h) - Le saviez-vous? :

-> Le déluge (année 1656 de la Création) n'est pas la 1ere inondation majeure que connu le monde.
En effet, le midrach rapporte qu'à l'époque de Enoch (qui a vécu de 235 à 1042 de la Création), sa génération a été punie pour sa pratique de l’idolâtrie, par le fait que l'océan a débordé jusqu'à submerger 1/3 du monde.
Rachi ajoute qu'en ne tirant pas de leçon, les contemporains de Noa'h vont être punis plus sévèrement par une 2e inondation plus conséquente.

-> La guémara rapporte que pendant toute la semaine qui a précédé le déluge, Hachem a changé les lois de la nature, entraînant que le soleil se lève à l'ouest et se couche à l'est, afin d'avertir les hommes qu'ils allaient être détruits, s'ils ne faisaient pas téchouva.

-> Selon le Yalkout Chimoni (Esther 1056), lorsque la femme de Haman lui conseilla de faire une potence "haute de 50 coudées" (méguila Esther 5,14), soit entre 23 et 30 mètres de hauteur, il a cherché partout une poutre en bois de cette dimension.
Il n'y a réussi que lorsqu'il a trouvé une poutre restant de l'Arche de Noa'h (également "50 coudées sa largeur" - Noa'h 6,15).
Il l'a alors utilisé pour construire la potence sur laquelle il sera finalement pendu.

-> Il est écrit au sujet de la génération de la Tour de Babel : "Confondons leur langage de sorte que l'un ne puisse comprendre le langage de l'autre" (Noa'h 11,7).
C'est à partir de là que sont nées les 70 langues différentes de base de notre monde.
Mais quand sera-t-il à l'époque du machia'h?

Le Métsoudot David (se basant sur Tséfania 3,9) explique que toute l'humanité parlera alors le lachon hakodech (la langue sainte, l'hébreu).

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-> Avant la destruction de la Tour de Babel, toutes les nations parlaient un langage commun : la langue sacrée. De plus, chaque nation possédait son propre langage.
Cela est exprimé dans le verset (Noa'h 11,1) : "toute la terre avait une même langue" = signifiant la langue sacrée ; "et des paroles semblables" = faisant référence aux langues nationales particulières.

=> [Ainsi, jusqu'à la Tour de Babel], la langue avec laquelle les différentes nations communiquaient était la langue sainte : l'hébreu.
La punition que D. leur a infligé était qu'Il leur a ôté la maîtrise de la langue sainte.
[le Imré Pin'has - Noa'h 11]

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-> L'Arche de Noa'h avaient les dimensions suivantes :
- sa longueur = entre 144 et 171 mètres ;
- sa largueur = entre 24 et 29 mètres ;
- sa hauteur = entre 14 et 17 mètres.

Peux-t-on également connaître le poids de l'Arche de Noa'h?

-> Rachi dit : "On apprend que l’arche était enfoncée de 11 coudées au-dessous du niveau des eaux ... c'était le mois de av, qui est le 10e mois à compter de ‘hechvan pendant lequel les pluies ont commencé de tomber."

Le rav Moché Heinemann y appliquant le principe de flottaison, faisant que le poids d'un objet flottant est similaire au poids de l'eau déplacée.
Ici le déplacement d'eau est de : 300 (longueur) * 50 (largueur) * 11 (profondeur d'eau) = 165 000 coudées cube.

Il faut prendre en compte le fait que l'eau de mer a une densité d'environ : 1 025 kg/m3

La guémara (Roch Hachana 12a) dit que l'eau a bouilli pendant les 40 jours qu'a duré le déluge. Cependant, la donnée de Rachi est du 1er Av, qui était 150 jours après la fin du déluge. L'eau y avait sûrement retrouvé sa température normale.

Après calcul, le rav Heinemann rapporte que l'Arche de Noa'h avait un poids total entre 21 tonnes (avis de rav Avraham 'Haïm Naé sur la mesure d'une coudée) et 36 tonnes (selon l'avis du 'Hazon Ich sur la taille d'une coudée).

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Les personnages de la Torah qui sont nés déjà circoncis sont :
-> Adam (midrach Tan'houma Noa'h 5) ;
-> son fils 'Hét (cf.Béréchit 5,3 : formé à l'image de Adam) ;
-> Noa'h, Yaakov et Iyov qui ont tous été dénommés "tam", en référence au fait d'être nés circoncis (Béréchit 6,9 ; Béréchit 25,27 et Iyov 1,8) ;
-> Yossef (cf.Béréchit 37,2 : du fait qu'il est comparé à Yaakov) ,
-> Moché (à sa naissance il est appelé "tov" en référence à cela) ;

-> Le Avot déRabbi Nathan (2,5) ajoute que : Chèm, Bil'am, Chmouël, David, Yirmiyahou et Zéroubavél sont tous nés circoncis.
-> Le Panéa'h Raza est d'avis que tous les enfants de Noa'h sont nés circoncis (pas uniquement Chèm).

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-> Au sujet de Yossef :
Le rav Ména'hem Azaria de Pano (dans son Guilgoulé Néchamot) explique que Yossef était le guilgoul de Noa'h. Il se réincarna afin de réparer la faute de ne pas avoir réprimandé sa génération, ni d'avoir exercé sur eux une influence dans la kédoucha.

Aussi, le tikoun de Noah était de revenir en guilgoul dans Yossef Hatsadik afin de réparer sa carence spirituelle. Hachem orchestra les événements de telle sorte que toutes les néchamot de la génération du déluge furent réincarnées dans les enfants d'Israël, asservis en Egypte.
Ainsi, Yossef Hatsadik, en se préservant de l'immoralité en Égypte, réussit à influencer par sa sainteté le peuple juif tout entier. Par le mérite de Yossef Hatsadik, tous les membres du peuple furent protégés de l'immoralité.

Le Rama miPano conclut qu'à l'appui de ces éléments nous constatons la bienveillance d'Hachem envers Ses créatures et leur réparation, car Hachem a orienté et dirigé l'Histoire du monde afin que Noa'h et sa génération puissent réparer leurs âmes.

-> Au sujet de Moché :
Le Arizal développe cette idée que Noa'h est venu en réincarnation en Moché pour réparer sa défaillance.
[à ce sujet voir par exemple : https://todahm.com/2017/01/12/37660 ]

Par ailleurs, il est écrit : "Elle (Yo'hévét) vit qu'il était "bon" (טוב), elle le cachar pendant 3 mois" (Chémot 2,2).
Le mot טוב (bon) a une valeur numérique égale à 17. Par inspiration divine, Yo'hévet comprit que Moché venait, 17 générations après Noa'h, effectuer le tikoun, c'est-à-dire la réparation de Noa'h.
Dans sa sagesse, elle dressa donc une correspondance : tout comme Noa'h fut sauvé par une arche au milieu des eaux, de même Moché sera sauvé par l'intermédiaire d'une arche au milieu des eaux.

"Car il en sera pour Moi comme pour les eaux de Noa'h : de même que J'ai juré de ne plus jamais déverser les eaux de Noa'h sur la terre ..." (Yéchayahou 54,9 - Haftara paracha Noa'h)

-> Le Zohar haKadoch (3,15a) fait remarque que la haftara de la paracha Noa'h fait curieusement référence au déluge par : "les eaux de Noa'h" (mé Noa'h - מֵי נֹחַ).
Puisque Noa'h a été le seul considéré comme juste dans sa génération, il aurait été plus approprié d'appeler le déluge en fonction des réchaïm qui en ont été la cause.
Pourquoi alors une telle appellation?

Le Zohar explique que durant les 120 années où Noa'h a construit l'Arche, il a négligé de prier pour que ses contemporains se repentent.

Le midrach compare Noa'h a un capitaine qui se sauve lui-même, tout en laissant son bateau et ses passagers couler.
S'il avait été plus concerné par eux, il aurait pu empêcher le déluge, et c'est pour cela qu'on s'en souvient en tant que : "les eaux de Noa'h".

-> Le Arizal écrit que Moché contenait en lui une étincelle de l'âme de Noa'h, et qu'une partie de la mission de sa vie était de rectifier la faute de Noa'h.
Comment a-t-il procédé à cela?

Bien qu'il soit né dans le palais de Pharaon (avec tout le luxe et le confort royal) où il était épargné du terrible destin des juifs, Moché a quand même décidé de ressentir leur douleur et de tout sacrifier pour eux.
=> En passant les 120 années de sa vie à vivre pour les autres, Moché a parfaitement rectifié les 120 années que Noa'h a passé à construire l'Arche uniquement absorbé à assurer sa propre survie.

Au moment du Veau d'or, Moché a prouvé toute l'étendue de son dévouement.
En effet, Hachem a alors voulu détruire tout le peuple, et créer une nouvelle nation constituée des descendants de Moché.
Ce dernier avait toutes les raisons d'être furieux contre les juifs. Mais au lieu de cela, il a prié Hachem que s'Il refusait de leur pardonner, Il devrait effacer le nom de Moché de toute la Torah (cf. Chémot 32,32).

Ce don de soi représente la correction ultime de la faute de Noa'h.
[Pour Moché : que vaut le fait que je continue à exister si ce n'est pas le cas des autres juifs! ]

D'ailleurs, le mot : "efface-moi" (mé'héni - מְחֵנִי), contient les mêmes lettres que :"מי נח" (mé Noa'h).

-> Le 'Hatam Sofer rapporte de façon intéressante que : "מי נח" a la même valeur que : "חמס" ("la terre était pleine de brigandage (חָמָס)" - Noa'h 6,11).

De plus :
- Rachi (Noa'h 6,11) sur : 'hamass (brigandage - חמס) = vol avec violence ;
- Rachi (Lé'h Lé'ha 16,5) sur : 'hamachi (mon injure - חֲמָסִי) = car "tu n’as prié que pour toi. C’est pour nous deux que tu aurais dû prier, et alors j’aurais été exaucée avec toi".
Le 'Hatam Sofer de dire : par ses prières, Noa'h pourrait empêcher le déluge.

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-> Le Messé'h 'Hochma fait remarquer d'un côté qu'il faut faire attention que notre temps et énergie consacrés à autrui ne viennent pas nuire à notre croissance et à notre développement personnel.

Mais d'un autre côté, il rapporte un midrach (Béréchit rabba 36,3) qui dit qu'au début Noa'h était vu comme un juste parfait (Noa'h 6,9 - "ich tsadik"), mais le fait de focaliser sa vie que sur lui-même va le transformer en un homme de la terre (Noa'h 9,20 - "ich aadama").
A l'inverse Moché est décrit au début comme un égyptien en exile (Chémot 2,19 - "ich mitsri"), mais ses efforts pour le peuple juif vont l'élever au sommet de la perfection, lui faisant mériter le titre de : homme de D. (Dévarim 33,1 - "ich aElo'im").

=> Cela nous apprend que l'on ne perd jamais à faire du 'hessed à autrui.

[Un bon exemple se situe dans l'éducation de nos enfants. D'un côté, nous devons leur donner beaucoup d'attention, d'amour, ..., mais d'un autre côté nos Sages nous disent que cela ne doit pas nous empêcher totalement de nous consacrer à nous-même, à notre étude de la Torah.

Il est aussi important d'avoir en tête les priorités de 'hessed. En effet, il ne faut pas faire le beau en public, et dans l'intimité de notre foyer ne faire aucun 'hessed.]

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-> Selon le Sforno : "Noa'h n’a pas enseigné à sa génération à connaître Hachem, comme l’ont fait Avraham, Moché, Chmouël, et encore d’autres."

-> Rabbi Yossef Shlomo Kahaneman (le "rav de Ponevezh") raisonnait que s'il n'arrivait pas à sauver la génération précédente, il devait au moins faire le maximum en son pouvoir pour aider à sauver la génération à venir.

-> Nous aurons chacun à répondre à la question suivante : "Est-ce que j'ai fait tout ce que je pouvais afin de sauver mes contemporains du déluge de notre exil?"

[ex : Avons-nous suffisamment prié pour que notre prochain face téchouva?
Est-ce que dans ma vie je me suffis seulement de ma réussite spirituelle, ou bien j'ai envie d'y inclure autrui? ]

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+ Explication du rabbi 'Haïm Chmoulévitch sur l'attitude de Noa'h :

-> Le Zohar dit que Noa'h a fauté en ne priant pas pour sa génération.
De plus, nos Sages disent : "Quiconque a la possibilité d'implorer la miséricorde divine pour son prochain et ne prie pas, est désigné pécheur" [guémara Béra'hot 12b].

Peut-être que Noa'h n'a pas agit ainsi par humilité, pensant qu'il n'était pas digne de prier Hachem de sauver le monde.
Ceci est de l'humilité mal placée.

On reproche ainsi à Noa'h de ne pas s'être associé à la souffrance et à la douleur d'autrui au regard du drame qui les attendait, et de ne pas avoir supplié D., même s'il pensait que cette prière serait inutile.
Face aux douleurs d'autrui, on ne peut pas rester silencieux, sans réagir vers Hachem [qui peut absolument tout faire].

[adapté de paroles du rabbi 'Haïm Chmoulévitch - Si'hot Moussar]

[Même face à des réchaïm, on peut souhaiter que tout le mal qui est en eux les quitte facilement laissant éclater leur beauté intérieure ... qu'ils se réveillent à une téchouva complète ...
Comment rester insensible lorsque l'on croise un juif qui est gravement malade, voir mort spirituellement?
Nous sommes tous des enfants de papa Hachem, comment ne pas être triste à l'idée qu'un des membres de la famille a mal tourné?
Tous les juifs sont liés les uns avec les autres. Lorsque je prie pour le bien être spirituel d'autrui, j'influence son libre arbitre positivement! ]

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-> Le rabbi Yoël de Teitelbaum de Satmar apporte un enseignement similaire sur l'attitude de Noa'h :
Dans la paracha Noa'h (v.6,9), il est écrit d'abord : "Noa'h fut un homme juste", et ensuite (v.7,1), nous lisons que D. a dit à Noa'h : "car c'est toi que J'ai reconnu juste devant Moi parmi cette génération", en omettant de façon flagrante le mot : "parfait". Quelle est la raison de ce changement de formulation?

Noa'h était effectivement un tsadik parfait, comme en témoigne la Torah. Mais il n'a pas prié pour sauver les gens de sa génération, car dans sa grande humilité, il ne pensait pas que son mérite était suffisamment élevé pour les protéger du désastre imminent.

Selon le Zohar, son incapacité à prier a été considérée comme un défaut dans son caractère parfait. Car, bien que Noa'h fût poussé par l'humilité, il ne se souvint pas que l'humilité ne doit pas nous empêcher de réaliser une bonne action.
En effet, le yétser ara utilise parfois l'humilité comme outil pour vous égarer en vous faisant penser que vous êtes indigne de vous approcher de Hachem.
Mais lorsque vous servez D., vous devez vous imprégnez de fierté, comme il est écrit : "Son cœur grandit dans les voies d'Hachem" (Divré haYamim 17,6).
[la fierté doit nous pousser à réaliser/donner le meilleur de nous-même, à l'inverse du yétser ara qui nous pousse à la retenue, sous couvert d'humilité ("pour qui te prends-tu à vouloir agir ainsi! Calmes-toi, ça suffit largement ce que tu as déjà fait!").]

Ce concept d'humilité mal placée nous aidera à comprendre le changement de formulation de notre verset.
Avant le Déluge, l'humilité de Noa'h était une qualité recommandable. Par conséquent, il est qualité de tsadik parfait.
A l'inverse, dans la génération du Déluge, l'humilité de Noa'h était considérée comme une défaillance puisqu'il s'est retenu de prier pour ses contemporains. A ce moment, il est décrit simplement comme tsadik.

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-> Le midrach (Béréchit rabba 26,6) nous enseigne que si Noa'h a pu être sauvé du déluge, c'est par le mérite de Moché rabbénou, qui va descendre de lui.

-> "Et Noa'h trouva grâce aux yeux de Hachem. Voici la postérité de Noa'h" (Béréchit/Noa'h 6,8-9).
Selon le midrach (Béréchit rabba 29,5) cela peut se comprendre ainsi : Noa'h a trouvé faveur aux yeux de Hachem [en méritant d'être sauvé du déluge] en raison de sa "postérité", c'est-à-dire par le mérite de ses futurs descendants.

-> "Noa'h était un homme juste, intègre" (נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים)
Rabbi Naftali Zvi de Ropshitz (Zéra Kodech) fait remarquer que les 1eres lettres ont la même guématria que : Israël (541 - ישראל).
Noa'h, père de toute l'humanité post déluge, englobe toutes les futures générations du peuple juif (bédorotav - "dans ses générations").

[Il en ressort l'importance d'éduquer au mieux nos enfants selon la Torah, car en se basant sur leur futur, Hachem peut nous accorder des bénédictions dans notre présent, au point même de nous sauver d'une mort certaine grâce à eux!]

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-> Le midrach (Sochèr Tov 37) rapporte que Avraham a demandé à Malki Tsédék (qui est un autre nom de Chem, le fils de Noa'h) : "Comment avez-vous vous et votre père pu survivre au déluge?"
Malki Tsédék lui a répondu : "Par le mérite de la tsédaka".
Avraham demanda alors : "Il n'y avait aucun pauvre dans l'Arche, comment avez-vous pu y accomplir de la tsédaka?"
Malki Tsédék lui a répondu : "Notre mérite était de faire de la tsédaka aux animaux, en les nourrissant et en prenant soin d'eux pendant une année entière."

Avraham se dit alors : "Si des actes de bonté aux animaux étaient suffisants pour sauver Noa'h et sa famille, combien plus important doit être la récompense pour faire des actes de bonté à des êtres humains!"
Se basant sur ce constat, Avraham a établi un lieu où les gens pouvaient manger, boire et dormir.

Le midrach démontre que les bonnes actions de Noa'h ont influencé Avraham, qui a fait du 'hessed en suivant son exemple.
C'est la signification du verset : "Voici la postérité de Noa'h", les bonnes actions de Avraham étaient comme la "descendance" des actions de Noa'h, et il a reçu une récompense sur elles.

[le 'Hida - Pné David]

=> On voit que le trait de caractère majeur d'Avraham : le 'hessed, lui est venu de Noa'h.

On peut remarquer à quel point notre exemplarité dans nos actions est un outil fondamental dans l'éducation de nos enfants.
Si Avraham, le 1er de nos Patriarches, a pu faire ce qu'il a fait, c'est grâce à l'attitude de son ancêtre Noa'h dans l'Arche qui s'est donné à 100% pour les autres créatures.
Rachi (v.6,3) transmet l'idée que le plus beau cadeau que l'on puisse faire à sa descendance, ce n'est pas des biens matériels, mais nos actes méritoires!

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-> Rachi (Noa'h 6,9) commente : Dans sa génération : Certains de nos maîtres y voient un éloge : à plus forte raison, s’il avait appartenu à une génération de justes, aurait-il été encore plus juste.
D'autres y voient un blâme : il était un juste dans sa propre génération, mais s’il avait appartenu à celle d’Avraham, il n’aurait compté pour rien.

-> Selon le Ibn Ezra, ce verset nous enseigne que Noa'h était un juste (tsadik) dans toutes les générations dans lesquelles il a pu vivre, dont celle du déluge.
[il a vécu 950 ans]

Le Maharal Diskin écrit que Noa'h avait reçu le titre de "tsadik" (juste) comme Yossef, parce qu'il avait réussi à dominer tous les mauvais penchants pour ne pas être séduit par les influences extérieures.

-> Selon le Tan'houma Yachan, Noa'h était l'égal spirituel d'Avraham.
Noa'h a vécu 58 ans durant la vie d'Avraham, et c'est en allusion dans la valeur du nom de Noa'h (נח) qui est de 58.

-> Le mot : "déluge" (maboul - מבול) a la même guématria que : "sa bonté" ('hasdo - חסדו).
En réalité, Hachem a fait une grande bonté au monde en amenant le déluge, car en son absence et si les réchaïm de la génération n'étaient pas morts, la sainte nation juive n'aurait jamais pu exister.
En effet, avec l'impureté qui existait avant le déluge, notre Patriarche Avraham n'aurait jamais pu atteindre son niveau de sainteté.
[Rabbi Naftali Zvi de Ropshitz - Zéra Kodech]

[Entre Noa'h et Avraham, chacun doit être jugé selon son époque.
De même, il est important de juger chacun positivement, car nous n'avons pas traverser les mêmes conditions de vie, ni n'avons les mêmes capacités, ... ]

-> Le Baal haTanya enseigne :
"Si l'intention du déluge était uniquement de tuer les réchaïm, certainement Hachem aurait pu les détruire d'une autre façon.
L'objectif du déluge était plutôt de purifier le monde de l'impureté de cette génération corrompue.
Les 40 jours de pluie intensive correspondent aux 40 séa (environ 500 litres) nécessaires à un mikvé. (c'est la quantité d’eau minimale d’un mikvé casher).

De plus, nos Sages nous disent que la sainte terre d'Israël n'a pas été touchée par le déluge, et ceci est une preuve supplémentaire que le but du déluge était de purifier spirituellement le restant du monde."

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+ "Noa'h entra avec ses fils, sa femme, et les épouses de ses fils dans l'Arche, pour se garantir des eaux du déluge" (Noa'h 7,7)

Rachi commente que Noa'h était un homme à la foi vacillante qui parfois croyait, et parfois ne croyait pas que le déluge allait réellement tomber, et n'est entré dans l'Arche que lorsque la pluie l'a forcé à le faire.

=> Comment accepter cela alors que la Torah atteste qu'il "était un juste parfait"?
Pendant 120 ans, il a bâti l'Arche, en obéissant à l'ordre de D., endurant les moqueries et les railleries de ses contemporains. N'y a-t-il pas de meilleure démonstration de foi parfaite que celle-là?

Le Ohév Israël (rabbi Avraham Yéhochoua Heschel d'Apta) de répondre :
Le pouvoir de la foi est tellement puissant qu'une personne qui a une foi parfaite peut transformer ses espoirs en réalité.
La foi est tellement puissante que les choses auxquelles l'on croit avec une foi inébranlable se passeront véritablement.

Noa'h croyait fermement en Hachem, mais il hésitait à croire de façon inconditionnelle que le déluge allait survenir. En effet, il craignait qu'en croyant d'une façon absolue, il serait la cause de ce qui arriverait, faisant de lui l'instrument de la destruction du monde.
Par conséquent, il était dans un dilemme : il croyait en D. et en Son monde, mais il ne voulait pas croire dans la venue du déluge.
[sans y croire totalement, il laissait ainsi toujours la possibilité que le déluge puisse ne pas avoir lieu, suite au changement de comportement de ses contemporains]

=> C'est pourquoi, jusqu'à ce que la montée des eaux lui prouve que le déluge était devenu une réalité, il n'était pas subordonné à sa foi.

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-> Rachi explique que Noa'h avait une foi légère, car il ne croyait pas vraiment que le déluge allait venir et n'est entré dans l'arche que quand il fut poussé par les eaux. Mais on peut s'interroger. Finalement, Hachem a parlé clairement à Noa'h et Il lui a dit clairement qu'Il allait envoyer le déluge. Comment a-t-il pu ne pas y croire?

-> Rabbi Yé'hiel Mikhal de Zlotchov explique d'une façon similaire au Ohev Israël :
en réalité, il est certain que Noa'h avait pleinement confiance en la Parole Divine. Seulement, il savait aussi que si les hommes se repentaient de leurs mauvaises pratiques, Hachem n'enverrait pas le déluge. D'autre part, il faut savoir que quand une personne place sa confiance en quelque chose, cela a une force particulière qui favorisera la réalisation de ce dont il place sa confiance.
Selon un adage 'Hassidique : "Pensez bien et tout ira bien". Croire fort, cela attire ce dont on croit. Quand on est confiant que les choses vont bien se passer, cela influe pour que ça se passe bien.

C'est pour cette raison que Noa'h ne croyait pas que le déluge allait venir. En fait, il retira de son coeur toute pensée de confiance dans le déluge, car il ne voulait pas que le déluge puisse être précipité du fait de sa confiance. Si Hachem veut envoyer le déluge du fait des nombreuses fautes, alors Hachem l'enverra et Noa'h n'en avait aucun doute. Seulement, il ne voulait surtout pas prendre le risque que le déluge puisse être quelque peu précipité à cause de sa foi et sa confiance, pour ne pas en être responsable. C'est pourquoi, il décida de ne pas y croire.

En ce qui nous concerne, le fait de placer sa confiance en Hachem et de savoir qu'Il dirige le monde avec bonté et miséricorde, qu'Il sauve et délivre les gens qui ont besoin, cela permet d'attirer encore plus Sa Bonté. Comme le dit le verset : "Celui qui a confiance en Hachem, la Bonté l'entourera" (Téhilim 32,10), et nos Maîtres de commenter : "Et même un racha qui a confiance en Lui".

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-> Rachi (Noa'h 7,7) écrit : "Même Noa’h faisait partie des gens de peu de foi, croyant sans vraiment croire que le déluge allait se produire, et il n’est entré dans l’arche que lorsque les eaux l’y ont obligé".

-> Rabbi Its’hak de Vork demande : si Noa’h est décrit comme : "Noa'h était un homme tsadik intègre" (תמים צדיק איש - Noa'h 6,9) comment pouvons-nous alors le qualifier de : "gens de peu de foi" (miktané amana - קטני אמנה)?
De plus, le mots : "le tsadik vivra par sa foi [émouna]" (vétsadik béémounato yo'hyé - 'Habakouk 2,4) contredisent cela puisqu’il est appelé un tsadik (צדיק)?

Noa’h croyait que sa génération ferait téchouva et supprimerait ainsi le décret du déluge. Donc, c’est ainsi que nous devrions lire Rachi : מקטני אמנה היה מאמין , Noa’h croyait que même ceux de peu de foi se repentiraient et ne croyait donc pas que le Maboul surviendrait (שיבוא המבול ואינו מאמין) puisque leur téchouva supprimerait le décret.

3 Questions/Réponses – Paracha Béréchit (Partie n°2)

+ 3 Questions/Réponses – Paracha Béréchit (Partie n°2) :

4°/ Quel est le 1er homme à naître avec des doigts séparés les uns des autres?

A la naissance de Noa'h, il est écrit : "[Son père : Lémé'h] appela son nom Noa'h, en disant : "Celui-ci nous procurera le repos, de notre travail et du labeur de nos mains, de la terre que Hachem avait maudite"." (Béréchit 5,29)

-> Le Panéa'h Raza cite un midrach disant que jusqu'à la naissance de Noa'h les mains des personnes étaient comme des moufles, et qu'il a été le 1er enfant à naître avec chacun de ses doigts séparés.
Lorsque son père a vu cela, il a immédiatement réalisé qu'il aurait la capacité de manipuler facilement des outils agricoles.

Le rav Yéhouda ha'Hassid affirme également cela, et ajoute que Noa'h a alors inventé la charrue pour labourer, ce qui a facilité la vie à toute l'humanité.

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+ Petit Bonus b'h :

-> Rachi commente le verset (v.5,29) : "Jusqu'à Noa'h, l'homme ne possédait pas d’instruments de labour. C’est lui qui les a fabriqués.
La terre, lorsqu’on semait du blé, produisait ronces et épines à cause de la malédiction prononcée contre Adam. L'époque de Noa'h a marqué la fin de ces calamités."
[Noa'h ]

-> Le Gaon de Vilna (Adéret Eliyahou) enseigne qu'on ne l'a pas appelé Noa'h à sa naissance, mais ce nom lui a été donné lorsqu'on a vu que la terre avait changé ses habitudes durant sa vie (Noa'h est en relation avec "noua'h" : se reposer [de la labeur des mains]).

-> Noa'h est le 1er enfant à avoir vu le jour après la mort de Adam, la sévérité de la malédiction s'est donc atténuée à partir de ce moment. [Pirké déRabbi Eliézer]
Le Ritva prend le terme des malédictions : "jusqu'à ce que tu retournes à la terre" (Béréhit 3,19), comme preuve que suite à la mort d'Adam la malédiction va être fortement retirée.

-> Le midrach rabba rapporte que Adam a demandé à Hachem jusqu'à quand la malédiction sera effective.
D. lui a répondu jusqu'à ce que naîtra un enfant circoncit, ce qui a été le cas de Noa'h.

-> Selon le Sforno, le nom Noa'h était en réalité une prière à Hachem, Lui demandant que cet enfant amène un soulagement du travail extrêmement difficile de la terre à l'époque.
Hachem a répondu favorablement à sa prière, ce qui nous montre le pouvoir d'une prière faite de tout notre cœur, même contre d'importants décrets.

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5°/ En relatant les détails de la Création, il faut attendre le 52e verset de la Torah pour voir apparaître la lettre : samé'h (ס).
Ce verset est : "Hachem fit alors tomber un profond sommeil sur l'homme et il dormit ; Il prit un de ses côtés et referma un tissu de chair à la place." (Béréchit 2,21)
Rachi commente le terme "referma" (וַיִּסְגֹּר - vayichgor) par : "l'endroit où a eu lieu l’incision".

Pourquoi cette lettre (ס) a mis autant de temps avant d'apparaître dans la Torah? et pourquoi particulièrement ici?

-> La guémara (Yébamot 62b) nous enseigne qu'un homme qui demeure sans femme est privé de plusieurs choses (joie, bénédictions, ...), dont l'une est : 'homa (une muraille - חומה).
Les commentateurs disent qu'une femme permet de protéger et d'encourager son mari.
La lettre ס est un rond, qui renvoie à cette idée de protection.

-> "Hachem dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; Je vais lui faire une aide qui lui corresponde (עזר כנגדו - ézer kénegdo)" (Béréchit 2,18).

Il est intéressant de noter que "עזר כנגדו" a une valeur numérique de : 360, en allusion aux 360 degrés qui forment un cercle.
La femme est cette aide productive qui l'entoure tout autour : le protégeant de l'extérieur, et lui permettant de sublimer son intériorité (kénegdo - litt.contre lui [afin de s'améliorer]).

D'ailleurs, le Targoum Onkelos (Béréchit 2,18) traduit le terme : "une aide" (עזר) par "samé'h (סמך), un mur de soutien.
[la lettre samé'h (ס) s'écrit pleinement : סמך, qui a une guematria de 120 : jusqu’à 120 ans b’h!! ]

-> On peut citer un exemple des nombreuses paroles de nos Sages à ce sujet : "Une femme illumine les yeux de son mari, et le fait tenir sur ses jambes." [guémara Yébamot 63a]

=> On comprend maintenant pourquoi la lettre samé'h se présente pour la 1er fois dans la Torah qu'avec l’apparition de 'Hava, la 1ere femme de l'humanité.

[b'h, quelques idées concernant :
- la femme : https://todahm.com/category/moussarpensee-juive/la-femme
- le couple : https://todahm.com/category/moussarpensee-juive/le-mariagele-couple ]

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-> "Il n'est pas bon que l'homme soit seul" (Béréchit 2,18)
Le Toldot Yaakov Yossef (Ben Porat Yossef) fait une autre interprétation de ce verset :
"Seul" : signifie sans le yétser ara, car alors il resterait inchangé pour toujours.
"Je lui ferai une aide contre lui" = en vertu de son mauvais penchant, l'homme chutera parfois à un niveau inférieur, uniquement pour rebondir, ce qui lui offre une satisfaction authentique.

[une fois marié, il faut toujours entretenir la certitude que c'est notre conjoint le plus adapté pour être : "une aide contre lui".
Personne au monde ne peut mieux nous aider, l'un l'autre, à mettre à jour nos sublimes capacités latentes.
Cette réalisation de construire le plus bel édifice de nous-mêmes, doit nous aider à traverser les moments les plus éprouvants.]

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6°/ Il est écrit qu'une des punitions de la femme pour avoir mangée du fruit défendu est : "Ton désir te portera vers ton époux et lui te dominera" (Béréchit 3,16).
Quelle pratique répandue font de nos jours les femmes, et qui prend sa racine dans cette malédiction?

Le Pirké déRabbi Eliezer (14) enseigne que le fait de se percer les oreilles est une réalisation de la malédiction de 'Hava, et est destiné à démontrer leur soumission à leur mari, de la même façon que le faisait un esclave ne souhaitant pas être libéré.
A ce sujet, il est écrit : "Si le serviteur dit : ... "je ne veux pas sortir libre" ... lui percera l'oreille avec le poinçon et il le servira pour toujours." (Chémot 21,5-6).

-> Selon le Ramban : elle avait ordonné à son mari de manger [du fruit défendu] ; désormais, elle serait soumise à sa volonté.

-> Le roi Salomon (Echèt 'haïl) dit que la femme est "la couronne de son mari" (Michlé 12,4) et qu'elle "est infiniment plus précieuse que les perles" (Michlé 31,10).

[sachant à quel point la Torah et nos Sages témoignent de l'importance à la femme juive, il est évident que le but n'est pas de la réduire en esclavage, mais de mettre en avant une réalité innée présente depuis l'attitude de 'Hava]

"It'shak la conduisit dans la tente de Sarah sa mère ; il épousa Rivka, elle devint sa femme et il l'aima ; et Its'hak se consola de sa mère." ('Hayé Sarah 24,67)

-> Rachi : Aussi longtemps que Sarah était en vie, une lumière était allumée de chaque veille de Shabbath à la suivante, la pâte qu’elle pétrissait était bénie, et une nuée était fixée au-dessus de la tente. Tout cela a cessé à sa mort, pour reprendre à l’arrivée de Rivka.

-> Le Gour Aryié explique qu'il s'agit des 3 mitsvot destinées spécifiquement aux femmes :
- la lumière représente l'allumage des bougies de Shabbath ;
- la pâte, c'est le prélèvement de la pâte de la 'hala (la afrachat 'Hala) ;
- la nuée, symbole de la présence divine (cf. Chémot 40,34), fait référence à la pureté familiale, puisque la pureté permet à une personne de recevoir la présence divine.

-> Lorsque le peuple juif arriva près du mont Sinaï et y érigea le Michkan, Hachem rétablit Sa présence parmi eux. A cet instant précis, ils retournèrent au statut de leurs Pères, qui avaient vécu à un niveau tel que la Présence Divine planait au-dessus de leur demeure.
[Ramban - Introduction au Séfer Chémot]

Le Chem miChmouël ('Hayé Sarah 5671) poursuit que les miracles de Sarah sont à mettre en parallèle avec ceux du michkan :
- sa lampe brillait toute la semaine, de même que la lampe occidentale (nér atamid) de la Ménorah restait miraculeusement allumée continuellement alors même que les autres lumières s'éteignaient.
Les autres lumières étaient du reste allumées par le feu du ner hamaaravi (guémara Shabbath 22b).
- sa pâte était bénie, de même que les pains de proposition (lé'hem apanim), c'est-à-dire les 12 miches de pain qui étaient placées sur la table d'or dans le Michkan, qui restaient chauds et frais pendant toute la semaine.
En effet, après avoir passé une semaine entière sur la table, d'où ils étaient ensuite retirés pour être consommés par les Cohanim, ils avaient encore conservé toute leur fraîcheur et leur onctuosité.
De plus, une bénédiction spéciale accompagnait ce pain, dont il suffisait de consommer une petite quantité afin de se sentir tout à fait rassasié (Rabbénou Bé'hayé - Vayikra 24,7).
- une nuée était fixée au-dessus de la tente, et il en était de même au-dessus du michkan.

Le Chem miChmouël écrit :
"La nuée de Gloire Divine qui planait au-dessus du Michkan était tel un signe venant rappeler au peuple juif que D. était toujours à ses côtés, de manière ostensible. Il s'agissait sans doute de la même Gloire Divine que celle qui se trouvait sur la tente de Sarah Iménou.
En effet, la tente de Sarah était un lieu de repos pour la Présence Divine, un Michkan miniature appelé à remplir le même rôle que ce dernier."
[la tente de Sarah représente la maison juive par excellence, et il nous appartient donc de suivre son exemple]

-> Pourquoi est-ce que : "une lumière était allumée de chaque veille de Shabbath à la suivante"?
Le Chem miChmouël répond : C'est parce que dans la tente de Sarah, la sainteté de Shabbath restait durant toute la semaine sans aucune perte, jusqu'à ce qu'elle soit renouvelée le Shabbath suivant.

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-> "Le soleil se lève, le soleil se couche" (Kohélet 1,5)

Avant que le "soleil" de Sarah ne se couche, celui de Rivka s'est levé.
Rivka a réalisé les mêmes bonnes actions que Sarah, et a ainsi mérité les mêmes bénédictions.
[Rabbénou Efraïm]

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-> Les 3 signes particuliers qui régnaient dans la tente de Sarah correspondent aux 3 principaux devoirs de la femme juive : celui d’allumer les lumières de Shabbath (הדלקה – Hadlaka), celui de prélever la ‘Hala de la pâte ( חלה) et le devoir d’observance des Lois de pureté de la vie conjugale (נדה – Nidda).
Les femmes sont particulièrement concernées par ces 3 Commandement car, héritières de ‘Hava la première femme, elles viennent ainsi réparer la faute originelle attribuée à cette dernière, comme il est dit: "La femme jugea que l’arbre était bon comme nourriture, qu’il était attrayant à la vue et précieux pour l’intelligence ; elle cueillit de son fruit et en mangea ; puis en donna à son époux, et il mangea" (Béréchit 3,"6).

-> L’allumage des bougies de Shabbath : En faisant fauter son mari, ‘Hava éteignit "la Bougie de D."
En effet, en consommant du fruit de l’Arbre de la Connaissance, ‘Hava entraîna la mort dans le monde. Or l’âme de l’homme est comparée à la "Bougie de D.", comme il est dit : "L’âme de l’homme est un flambeau divin" (Michlé 20,27).
En fautant, elle causa la séparation du corps et de l’âme du 1er Homme, entraînant ainsi l’extinction dans le monde physique de la "Bougie de D." : l’âme d’Adam.
=> En allumant les bougies de Shabbath, la femme répare et rétablit cette "Bougie originelle" que ‘Hava endommagea.

-> La pureté familiale : En poussant son mari à manger le fruit défendu, elle versa d’une certaine manière son sang à terre. En effet, D. dit à Adam haRichone : "Du jour où tu en mangeras, tu dois mourir" (Béréchit 2,17).
Or il est écrit: "Celui qui verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé car l’homme a été fait à l’image de D." (Béréchit 9,6).
=> Ainsi, pour expier la faute de ‘Hava, la femme connait-elle une période de menstruation au cours de laquelle la Torah l’oblige à s’éloigner de son mari et à respecter les Lois de pureté familiales.

-> Le prélèvement de la ‘Hala : Adam haRichone est comparé à la "‘Hala du Monde".
De même que la femme mélange la farine avec l’eau avant de pétrir sa pâte, de même Hachem a-t-il imbibé la terre avant de façonner l’homme, comme il est dit : "Et une exhalaison s’élevait de la terre et arrosa toute la surface du sol. Hachem façonna l’homme" (Béréchit 2,6-7).
En faisant fauter Adam, ‘Hava rendit la "‘Hala du Monde" impure.
=> Ainsi, mesure pour mesure, la femme doit accomplir le Commandement du prélèvement de la ‘Hala pour réparer la détérioration causée par ‘Hava à la "‘Hala du Monde".

==> Ainsi, Sarah et Rivka qui vécurent de façon miraculeuse les 3 signes cités plus haut, furent les premières à réparer la faute de ‘Hava.
[d'après le feuillet de la communauté de Sarcelles (n°145) - année 5782]

"Je rendrai ta postérité comme le sable de la mer" (Vayichla'h 32,13)

Pourquoi le peuple juif est-il comparé au sable de la mer?

En réalité, le sable c'est ce qui limite la mer pour qu'elle ne dépasse pas son domaine. Ainsi, le sable réalise la séparation entre la mer et la terre ferme.

Il en est de même pour le peuple juif.
Le juif se doit d’être le protecteur de la sainteté et doit veiller à ce que le mal ne se mélange pas au bien.
Le bien doit rester pur et intact, séparé du mal, sans que la sainteté ne se diffuse trop au point de se mêler à l’impureté, car elle en sera alors entachée.

Par le respect scrupuleux des mitsvot de la Torah, le peuple juif, à l’instar du sable, réalise la séparation entre le bien et le mal.
Chacun restera dans son domaine et la sainteté pourra être préservée.
[le 'Hidouché haRim]

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-> Le Or ha'Haïm haKadoch explique que cette comparaison recèle une bénédiction [aux juifs] : si leur fortune en venait à diminuer, ce manque serait bien vite comblé, par le pouvoir de la sainteté particulière résidant sur leurs biens.
Tel est bien le sens de l'image du sable. En effet, lorsqu'on creuse dans une étendue de sable et qu'on en enlève, très rapidement le trou se remplit de nouveau.
Ainsi, quand des membres du peuple juif perdent des biens, ils jouissent rapidement d'une nouvelle abondance céleste, sans que le moindre manque ne soit plus ressenti.

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-> Cette bénédiction : "Je rendrai ta postérité comme le sable de la mer" se réalisera à l'époque du machia'h.
Lorsque les nations qui auront dévoré le peuple juif, constateront son succès, elles grinceront des dents comme lorsqu'on tente de mordre du sable.
[Leur dépit sera si grand] que nulle quantité de présents conciliatoires ne pourra les apaiser.
[...]
De plus, les juifs dénombrables dans notre monde, seront innombrables au monde futur.
On peut déduire cela des paroles du prophète : "Le nombre des juifs sera comme le sable sur le rivage qui ne peut être mesuré ou compté" (Ochéa 2,1).
[Méam Loez - Bamidbar 2,32]

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-> https://todahm.com/2015/08/10/3637-2
-> b'h, également : https://todahm.com/2018/12/08/7616-2

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-> Le peuple juif a reçu une triple bénédiction :
- 1ere = Hachem à Avraham : "Observe le ciel et compte les étoiles ... c'est ainsi que sera ta descendance" (Béréchit 15,5) ;
- 2e = après la akédat Its'hak, Hachem promit à Its'hak : "Je multiplierai ta descendance comme ... le sable du rivage de la mer" (Béréchit 22,17).
- 3e = Hachem bénit Yaakov en lui disant que sa descendance sera semblable à "la poussière de la terre" (Béréchit 28,14).

"La vie de Sarah fut de 127 ans" ('Hayé Sarah 23,1)

-> Rachi commente : "... Sarah était à 20 ans aussi belle qu'à 7 ans ; et à 100 ans, elle était aussi dépourvue de fautes qu'à 20 ans.
Autre explication : ... il s'agit de Sarah dont les actes étaient irréprochables ...
La vie de Sarah : toutes ses années étaient identiquement bonnes."

-> "Yisska n'était autre que Sarah. Pourquoi l'appelait-on Yisska?
Parce qu'elle "parlait" [sakha] sous l'inspiration divine ...
Autre explication : parce que tous "parlaient" de sa beauté."
[guémara Méguila 14a]

-> Pour sa beauté physique :
La guémara (Méguila 15a) dit que Sarah fait partie des 4 femmes les plus belles de l'Histoire du monde.
D'ailleurs, selon la guémara (Baba Batra 58a), en comparaison d'elle, les autres femmes ressemblaient toutes à des singes.

-> Pour sa beauté spirituelle :
Sarah était détachée des vanités de ce monde, et se consacrait à ses aspirations spirituelles, au point d'accéder à l'inspiration divine et d'atteindre un niveau de prophétie même supérieur à celui d'Avraham son mari (cf. Rachi Vayéra 21,12).

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-> Les Tossafot (guémara Baba Kama 97b) nous enseigne :
"La pièce frappée par Avraham portait d'un côté l'inscription : "Un vieillard et une vieillarde", et de l'autre : "Un jeune homme et une jeune femme"."

Le but de ces inscriptions était d'encourager les hommes à acquérir et à conserver ces deux vertus qui semblent s'opposer : la sagesse d'une part, dès le plus jeune âge, et la vigueur de l'autre, jusqu'à un âge avancé.

Avraham et Sarah incarnaient parfaitement ce message :
-> "Avraham courut au troupeau" et indiqua à sa femme de "prendre vite 3 mesures de farine".
Or à l'époque, ils étaient déjà presque centenaire.
On apprend également (guémara Nédarim 32a), que dès son jeune âge il était doté d'une sagesse : "Avraham découvrit l'existence de son Créateur à l'âge de 3 ans".

-> Sarah, on a pu voir le commentaire de Rachi : "toutes ses années étaient identiquement bonnes".
Le Béer Yossef dit que dans sa jeunesse, on pouvait discerner chez elle la pondération et le discernement des personnes âgées, et à 100 ans, elle était aussi dynamique et active dans sa quête du bien que dans sa jeunesse, lorsqu'elle était dans la force de l'âge.

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-> b'h, A lire également : https://todahm.com/2011/11/24/paracha-haye-sarah
-> et également : https://todahm.com/2014/04/01/1278