Aux délices de la Torah

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"Et la cigogne ('hassida)" (Chémini 11,19)

La cigogne fait partie de la liste des oiseaux interdits expressément à la consommation par la Torah (dans ce chapitre 11 de la paracha).

1°/ Rachi ('Houlin 63a) de nous enseigner :
"Pourquoi [en hébreu, la cigogne] est-elle appelée 'hassida?
Parce qu'elle est généreuse ('héssed) vis-à-vis des autres membres de son espèce et partage avec eux sa nourriture."

=> Si elle est tellement charitable, pourquoi fait-elle partie des oiseaux non cacher?

Le Rabbi de Rizhin de répondre que c'est parce qu'elle ne fait preuve de bonté qu'avec les membres de son espèce mais ne viendra jamais à l'aide des autres.
Pour le judaïsme, une telle 'qualité' n'a rien d'admirable.

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2°/ Dans son commentaire sur ce verset, Ibn Ezra fait remarquer que cet oiseau fait son apparition à des moments spécifiques de l'années.

Le Rabbi de Kotsk ajoutait : "Ceux qui se conduisent extérieurement avec 'hassidout ("piété") à certains moments de l'année (aux jours redoutables ou aux fêtes), sont comme la 'hassida. Ce sont des animaux impurs!"

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L'oiseau est appelé : 'hassida, car il fait du : 'hessed (des actes de bonté), et parce qu'il partage sa nourriture avec ses amis.

Le Talmud de Jérusalem (Baba Métsia 3,5) nous rapporte qu'une souris est mauvaise car lorsqu'elle voit un tas de graines, elle appelle tous ses amis pour en manger

Pourquoi la façon d'agir de la cigogne est appelée : "bonté", tandis que celle de la souris est caractérisée de : "cruauté", "méchanceté"?

La cigogne partage la nourriture qu'elle a amassé pour elle-même avec ses amis.

De son côté, la souris appelle ses amis à profiter du tas de quelqu'un d'autre.

Etre généreux avec ce qui appartient à autrui, n'est pas de la bonté, mais son contraire.

Source (b"h) : compilation personnelle du 'houmach Artscroll + du "Talelei Orot" du rav Yissa’har Dov Rubin + traduction personnelle issue du "Védibarta Bam" du  rabbi Moshe Bogomilsky

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-> Le rabbi Yéhochoua Gefen enseigne au sujet de la cigogne :
La ’Hassida est égoïste, elle n’est concernée que par ses égaux, alors que la loi de ’Hayékha Kodmim est basée sur un sens de responsabilité : nous avons un devoir vis-à-vis de nous-mêmes et de note famille ; leurs besoins sont donc prioritaires, et le fait de les négliger serait une entorse au règlement de la Torah.
Cela n’enlève rien au privilège que l’on a d’aider tout juif dans le besoin ; mais cela nous donne une échelle de valeurs ; nous sommes prioritaires, avec notre conjoint et nos enfants ; puis on fait passer les autres membres de notre famille, nos amis, de notre communauté, avant les étrangers.

Le non-respect de cet ordre des priorités peut avoir de graves conséquences. On raconte qu’un enfant issu d’une famille pratiquante s’était éloigné de la voie de la Torah et s’engageait dans certaines activités très douteuses. Un organisme spécialisé décida de s’occuper de ce garçon et de le placer une famille chaleureuse et bienveillante qui lui porterait l’affection et l’attention dont il manquait.
On trouva une famille d’accueil tout à fait appropriée, réputée pour son ’hessed débordant envers les membres de sa communauté. Quelle surprise quand on découvrit que l’enfant en question n’était autre que le fils de ces mêmes gens. Ses parents étaient tellement intéressés et occupés à aider les autres qu’ils négligèrent les besoins de la personne envers qui ils avaient la plus grande obligation. C’est un très grand challenge pour toute personne qui souhaite œuvrer pour la collectivité.
D’autre part, cela ne signifie pas qu’il faut négliger toute personne qui ne fait pas partie de notre famille. L’un n’empêche pas l’autre ; au contraire, le ’hessed à l’égard d’autrui peut être un outil très bénéfique dans l’éducation de nos enfants, cela peut leur inculquer certaines qualités, telles que la générosité ou l’empathie. Si l’équilibre est gardé, le ’hessed peut cibler plusieurs bénéficiaires.

"Et les anciens d'Israël." (Chémini 9,1)

Rabbi Akiva a enseigné : "Israël est comparé à un oiseau.
De même que celui-ci ne peut voler sans ses ailes, de même Israël ne peut rien accomplir sans ses anciens." (Vayikra Rabba 11,8)

Le rav 'Haïm Shmoulevitz note que cette similitude établie spécifiquement pour Israël montre que, par leur nature même, les nations diffèrent profondément de notre peuple.

-> De même que les animaux non volatiles sont à même d'accomplir dûment leurs missions sans ailes, et que celles-ci leur seraient totalement inutiles, de même les nations du monde peuvent-elles remplir leurs rôles sans "anciens".

-> Mais Israël, quant à lui, est comparé à un "oiseau" : s'il perd ses ailes, il est privé d'un élément vital et se retrouve dans un état plus grave que les autres animaux, car il ne peut même plus marcher.

=> Telle est la nature profonde de notre peuple : Nous détacher de nos "anciens" nous fait perdre notre principe vital et nous rend incapables d'agir/d’œuvrer.

 

Source (b"h) : issu du "Talelei Orot" du rav Yissa’har Dov Rubin

Aimer D. … (par le Rambam)

+ Aimer D. ... (par le Rambam)

"Lorsqu'un homme aimera D. comme il se doit, il observera tous les commandements par amour.

Quel est cet amour convenable?

Il s'agit d'aimer D. d'un amour immense et ardent, au point que son âme soit unie avec l'amour de D. et soit continuellement ravie par celui-ci comme un homme qui se languit d'amour [pour une femme], et n'a pas l'esprit tranquille du fait de cet amour pour cette femme, et y pense continuellement, à son lever, à son coucher, en mangeant et en buvant.

Plus intense encore doit être l'amour de D. dans les cœurs de ceux qui L'aiment.
Cet amour doit continuellement les posséder, comme Il nous a ordonné : "de tout ton cœur et de toute ton âme."

[le Rambam - Hilkhot Téchouva 10;2-3]

+ "Quel est le meurtre qui ne se voit pas et dont le châtiment est très grand, alors que la faute paraît légère mais est en réalité très grave en-haut?
C'est l'humiliation.

Celui qui humilie son prochain en public ou lui cause de la peine alors qu'il est sensible et se vexe facilement, il vaut mieux encourir la mort que de lui faire honte."

[Rabbi Yéhouda ha'Hassid - Séfer 'Hassidim - 54]

Nos Sages nous enseigne : "Il vaut mieux pour l'homme qu'on le fasse tomber dans une fournaise ardente plutôt que de faire honte à son prochain en public." (guémara Baba Métsia 59a)

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-> "Quiconque fait honte à son prochain en public n'a pas de part au monde à venir" (guémara Baba Métsia 59a)

-> "C'est mon D. et je L'embellirai" (Chémot 15,2)
La guémara (Shabbath 133b) commente : "embellis-toi devant Lui par les mitsvot, fais devant Lui une belle Soucca, aies un beau loulav et un beau shofar, des beaux tsitsit, un beau Séfer Torah, et écris dedans en Son honneur avec une belle encre, une belle plume, une écriture artistique et un manteau de belle soie.
Abba Chaoul dit : "Je L'embellirai" = cherche à Lui ressembler, de même qu'Il est miséricordieux et bon, sois toi aussi miséricordieux et bon".

Le Pardess Yossef dit qu'il a vu beaucoup de gens qui ne lésinent pas sur l'achat d'un bel étrog ou choses de ce genre, mais quand on en arrive à la mitsva de tsédaka, ils deviennent de pierre.
C'est ce que Abba Chaoul vient ajouter : bien qu'il soit souhaitable d'avoir une belle soucca, ce n'est pas tout. L'essentiel est d'être miséricordieux comme lui.

Le Pardess Yossef ajoute qu'il est écrit : "Je suis un ver et non un homme" (Téhilim 22,7).
L'explication en est que parmi les ennemis du roi David, beaucoup étaient très pointilleux sur les mitsvot entre l'homme et D., et avant de mettre de la nourriture à la bouche, ils vérifiaient qu'elle ne contenait pas d'insectes.
[bien faisons-nous attention à la cacherout de ce qui rentre dans notre bouche, par rapport à ce qui en sort!]
Mais en ce qui concerne les mitsvot envers le prochain, ils les négligeaient tant et plus, et ne cessaient de persécuter le roi David, en lui rendant la vie amère.
Le roi David les interpelle : "Moi aussi je suis un ver et non un homme", et vous faites attention aux vers, alors faites attention à moi aussi!

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-> "Du moment qu'on a fait une faute et qu'on l'a répétée, elle devient comme permise" (guémara Kidouchin 20a)

Nous commettons tellement facilement et fréquemment des fautes avec notre bouche, nous piétinons le respect dû à notre prochain, au point de se convaincre que c'est une mitsva que nous faisons (c'est pour son bien!), qui procure de la satisfaction à notre Créateur (Hachem).

"Il n'existe pas d'homme libre en dehors de celui qui étudie la Torah."

[paroles de nos Sages dans les pirké Avot 6,2]

=> Nous qui venons de sortir à Pessa'h de notre esclavage d'Egypte (1), profitons-en pour être véritablement libres!!

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(1) : "A chaque génération, l'homme doit se considérer comme s'il sortait lui-même d'Egypte." (guémara Pessa'him 116a)

"L'homme veut devenir un savant et une sommité du jour au lendemain et en plus dormir cette nuit-là!"

[l'Alter de Novardok]

+ On rapporte, au nom du Saba de Kelm, que toutes les choses dans le monde ont été créées pour une utilité ou un but.
On lui demanda un jour à quoi sert l'esprit tordu?

Voici sa réponse : on en a besoin pour juger son prochain favorablement ...

Le terme yéchiva …

+ Le terme yéchiva ...

Pourquoi appelle-t-on cet endroit où l'on étudie la Torah : une "yéchiva" (littéralement : un lieu où l'on s'assoit) et pas "beth haMidrach" ou "beth haLimoud"?

La guémara (Yoma 28b) nous enseigne que la "yéchiva" n'a jamais quitté nos patriarches (les avot) un seul jour de leur vie.

Le terme : "yéchiva", semble suggérer que l'étude de la Torah se fait exclusivement dans une position assise (cf.sens littéral).
Or, la guémara (Sota 49a) nous enseigne que depuis la mort de Raban Gamliel Hazaken, l'honneur de la Torah n'est plus.
Rachi explique (guémara Méguila 21a) que jusqu'à sa mort, la bonne santé régnait dans le monde et que l'on étudiait la Torah uniquement debout et ce n'est qu'ensuite que les étudiants en Torah se sont mis à s'asseoir pour l'étudier.

=> Il est étonnant de constater que, depuis nos patriarches jusqu'à la mort de Raban Gamliel Hazaken, les lieux d'études s'appelaient également "yéchiva", et pourtant on y étudiait debout!

Rachi de nous répondre que le mot : "yéchiva", renvoie au : "yishouv hadaat", c'est-à-dire à la réflexion pondérée, dont l'objectif premier est d'agir, mais uniquement au moyen de la pensée, en évacuant toute considération d'ordre sentimental.

Le Sfat Emet le résume de la façon suivante :
"Avant chaque action qu'un homme accomplit, il doit la juger et s'efforcer de discerner la vérité grâce au yichouv hadaat, en tournant la question sous tous ses angles [...].
Car c'est en évitant d'agir sous l'impulsion du cœur et en essayant de toujours voir l'aspect contraire des choses (le bien si trouvant peut-être!), que l'on parvient à la vérité."

=> La yéchiva n'est pas un lieu dont le but est de s'asseoir physiquement et confortablement sur un chaise afin de tuer le temps.
C'est le lieu qui nous apprend à vivre, à porter un regard juste/objectif permettant de piloter sa vie dans le vrai à chaque instant.

 

Source (b"h) : issu d'un dvar Torah du rav 'Haï Azriel

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+ b'h, également :
-> La yéchiva de nos jours : http://todahm.com/2020/12/26/la-yechiva-de-nos-jours
-> La Yéchiva & Israël : http://todahm.com/2015/03/24/la-yechiva-israel

"Un être ne peut être complet que s'il a conscience d'avoir un manque"

[Maharal de Prague]

Une personne orgueilleuse se pense au dessus de tout, et n'a malheureusement plus une démarche d'aller vers l'avant, de se remettre en question.
Or, tant qu'il y a de la vie, il y a moyen de progresser, de s'améliorer ...

Le terme ‘Haïm… (la vie)

+ Le terme 'Haïm... (la vie)

1°/ Il est intéressant de noter que le mot hébreu pour : vie ('haïm - חיים) nous indique un pluriel.

Notre vie doit toujours être vécu avec la conscience que la tombe n'est pas une finalité, car après le olam azé (ce monde), il y a le olam aba (le monde à venir).

Il est écrit dans les pirké avot (3,1) : "Sache d’où tu proviens, où tu aboutiras et devant qui tu es appelé à rendre compte."
=> N'hésitons pas à se demander avant d'agir si on pourra défendre fièrement ce qu'on s'apprête à faire devant D. au moment de rendre des comptes ...

Chaque acte est unique et éternel, à nous d'agir au mieux afin qu'il soit pour nous un trésor, et non un boulet ...

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2°/ Après notre mort, nous pouvons vivre, non seulement dans le monde à venir, mais aussi en ce monde.

Le mot חיים a la même valeur numérique (=68) que :
-> le mot : ויבן (vayivène) = "et il construit" = ce qu'on a construit avec nos efforts durant notre vie dans ce monde : c'est notre héritage, notre monnaie qui fera notre vie dans le monde à venir ;

-> le mot : בניו (banav) = "ses enfants" = nos enfants (notre descendance, nos élèves, ...) sont notre prolongement nous permettant de vivre dans ce monde même après notre mort.

On peut remarquer que : "Yom aKippourim" est un pluriel.
En effet, à Kippour, D. juge les vivants (pour les actions qu'ils ont fait) et aussi les morts (en fonction des actions de leurs descendants).

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3°/ La Torah nous dit qu'il n'est pas bon à l'homme d'être seul (lo tov éyot aadam lévado), le monde n'est pas bon lorsqu'une personne est seule.
Rien n'est satisfaisant lorsque l'on voit la vie avec 2 yeux au lieux de 4.

Ainsi, le mot חיים a 4 lettres (comme les 4 yeux d'un couple) et est au pluriel, renvoyant au fait qu'une vie, pour être véritable, ne peut être vécue seul, il faut sortir de sa tendance égoïsme et s'ouvrir aux autres, afin de les aider à réussir leur vie au mieux selon lors personnalité unique.

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4°/ Le mot חיים a en son centre le nom de D. (יי), et de part et d'autre le mot : חם ('ham) : chaud.
=> Dans la vie, il faut mettre au centre de tout D. et l'entourer de beaucoup de chaleur ...

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5°/ Le roi Salomon nous apprend : "L'enseignement du sage (חכם) est une source de vie (חיים)" (Torat 'ha'ham mékor 'haïm - Michlé 13,14).

Le mot : חיים a la même guématria que le mot : חכם (une personne sage).
Une personne sage a conscience de la valeur de la vie, en sublimant dans la réalité ses potentialités latentes.
A l'inverse, une personne sotte est prisonnière de ses pulsions, vit dans l'imaginaire, ... et sera comme tout le monde bientôt enlacée par la mort.

=> Tâchons de suivre les conseils de nos Sages afin de vivre une vie intelligemment et pleinement vécue, sans risquer de se réveiller à la fin de notre vie en ayant vécu totalement à côté de la plaque, dans du vide ... (que D. nous en préserve!)

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6°/ Selon la loi juive, 4 types de personnes doivent remercier D. pour leur délivrance.

On peut remarquer que chacune des lettres du mot חיים renvoie à un type de ces personnes :
-> חולה ('holé) = un malade suite à son rétablissement ;
-> ים (yam) = une personne qui a traversé avec succès une mer, un océan ;
-> יוצא מבית האסורים (yotsé mibét aassourim) = une personne sortant de prison au terme de sa détention ;
-> מדבר (midbar) = une personne ayant survécu à la traversée d'un désert.

Il est écrit : vé'hol a'haïm (החיים) yodou'ha shéla = et tous les êtres vivants te loueront.
Ce verset prend tout son sens avec ce que l'on vient de voir : le mot חיים étant l'acronyme de : חולה (malade) ; ים (la mer) ; יוצא (celui qui sort) ; מדבר (le désert) ...

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+ Supplément :
-> Il est intéressant de constater que le mot : 'haï (חי : vivant) a une valeur numérique de 18.
Nous sommes véritablement proche de D. les jours des fêtes juives, qui sont selon la Torah : Pessa'h (7 jours) ; Shavouot (1 jour) ; Roch Hachana (1 jour) ; Yom Kippour (1 jour) ; Souccot (7 jours) et Chémini Atséret (1 jour) : soit un total de 18 jours.

-> Le mot חיים peut se décomposer en : חי ים, est-ce une façon de dire que pour un juif, à l'image d'un poisson, la vie c'est vivre immergé dans la mer (la yam - ים), l'océan de la Torah ... ???

 

Source (b"h) : traduction et compilation personnelle de divrei Torah du rabbi Benjamin Blech