Aux délices de la Torah

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"Si tu vois l'âne de ton ennemi crouler sous sa charge, t'abstiendrais tu de l'aider?" (Michpatim 23,5)

-> Le Baal Shem Tov (Keter Shem Tov - ot 21) explique ce verset ainsi :
"Lorsque tu vois le 'hamor (l'âne)" = lorsque tu vois que ta " 'homriout" (חומריות), c'est-à-dire ton corps, et que tu penses qu'il est "ton ennemi" parce que les désirs physiques (matériel) s'opposent à la spiritualité, tu dois reconnaître que le corps est "croule sous sa charge", ce qui signifie qu'Hachem a accordé au corps la capacité de se purifier en acceptant le fardeau de la Torah et des mitsvot.
Cependant, il est très difficile d'y parvenir et l'on pourrait penser que le moyen de purifier le corps est de "refuser de l'aider" en l'affligeant afin de détruire la matérialité.

Le verset précise que ce n'est pas la bonne façon de procéder. Il faut plutôt "l'aider" en purifiant le corps par la Torah et les mitsvot, plutôt que de le détruire par des afflictions.

Un homme humble est un serviteur d’Hachem

+ Un homme humble est un serviteur d'Hachem :

"L'homme dans la main duquel la coupe a été trouvée, celui-là sera mon serviteur" (Mikets 44,17)

-> Le rav Moché Leib de Sassov (cité dans 'Hidouché MahaRamal) explique ce verset en citant la Michna (Pirké Avot 4,4) qui dit : "Il faut être très, très humble d'esprit".

Il explique qu'une coupe symbolise l'humilité, car il doit être placé en dessous d'une bouteille afin d'y verser quelque chose. Si on le place en hauteur, rien ne peut y pénétrer.
De même, si quelqu'un veut obtenir une forme quelconque de connaissance, il doit se placer dans une position basse (humble) afin de pouvoir apprendre des autres.

En conséquence, le verset dit que "l'homme dans la main duquel la coupe a été trouvée", c'est-à-dire celui qui est humble et qui se transforme en un récipient capable d'accepter la connaissance des autres, "celui-là sera mon serviteur" (yiyé li avéd), c'est-à-dire qu'il pourra être un véritable serviteur d'Hachem.

Fixer constamment de son regard Hachem

"Je fixe constamment mon regard vers Hachem" (chiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8)

-> Selon le Rama dans ses premiers mots sur le Choul'han Aroukh (OH 1,1) :
"Je fixe constamment mon regard vers Hachem" = c'est un principe important de la Torah (klal gadol baTorah) et il est parmi les qualités des justes qui marchent devant Hachem.
Une personne ne s'assoit pas, n'agit pas et ne se conduit pas lorsqu'elle est seule chez elle de la même manière que lorsqu'elle se trouve devant un grand roi. Elle ne parle pas non plus librement comme elle le souhaite parmi sa famille et ses amis, comme elle le ferait devant un roi.
C'est encore plus vrai lorsqu'une personne prend à cœur de réaliser que le Grand Roi, Hachem, remplit la terre entière de Sa gloire. Hachem se tient au-dessus de lui et observe toutes ses actions, comme il est écrit : "Quelqu'un peut-il se dissimuler dans une cachette, et Je ne le verrai pas?" (Yirmiyahou 2,24).
Avec cette prise de conscience, il sera immédiatement inspiré par l'admiration, la soumission et la crainte d'Hachem, et aura honte (de fauter) devant Lui."

-> Le Gaon de Vilna corrige le texte du Rama pour dire que "chiviti Hachem" n'est pas seulement "parmi" les qualités des justes, mais c'est la "qualité la plus importantes", etelle est le "seul" moyen pour une personne d'atteindre n'importe quel niveau de piété.

-> Rabbénou Bé'hayé appelle "chiviti Hachem" : "l'accomplissement ultime et le niveau le plus précieux parmi les échelons des pieux" ; la pierre angulaire et le fondement d'une vie de judaïcité".

-> Le Baal Chem Tov est né de parents âgés qui sont décédés alors qu'il n'avait que 5 ans. Les dernières paroles de son père, Rabbi Eliezer, les instructions données sur son lit de mort, reflètent l'importance de vivre avec chiviti Hachem : "Israel (son fils le Baal Chem Tov), ne crains personne ni rien d'autre que Hachem ; souviens-toi qu'Hachem est toujours avec toi, et 'Mélo kol haaretz kévodo' (le monde entier est rempli de Sa gloire) ...'. Pense-y constamment, où que tu te trouves, n'importe où, tout le temps, à chaque heure et à chaque minute!"

-> Le rav Moché Lichtenstein a dit :
Comment acquiert-on la midah du témimout (simplicité/intégrité avec Hachem)?
"Chiviti Hachem lénegdi tamid" = je place Hachem devant moi en permanence.
Une personne qui fait l'expérience d'Hachem "devant ses yeux" à tout moment est une personne qui atteint le niveau des tsadikim qui sont "marchant devant Hachem" (hol'him lifné Hachem).
Le trait caractéristique de ces tsadikim est qu'ils sont des hol'him, qui progressent et grandissent constamment. Ils pensent toujours à Hachem ... Toute leur vie est axée sur la progression dans la avodat Hachem et l'étude de la Torah. Tout le reste n'a pas d'importance. Ce mode de vie crée le témimout.

-> Le Baal Chem dit :
"Il faut accomplir la Torah et les mitsvot avec simplicité de cœur. Mais les érudits comme nous (il était avec quelques uns de ses disciples), dont la avoda (service Divin) est, dans une large mesure, caractérisée par une haute analyse intellectuelle et rationnelle, pensent souvent qu'ils doivent tout comprendre à l'avance et être au niveau spirituel approprié avant d'agir.
Les personnes simples ont un avantage dans leur avoda, car elles accomplissent les mitsvot non pas sur la base d'un raisonnement, mais parce qu'elles acceptent la Royauté d'Hachem avec émouna simple.
Nous devrions aspirer à ce genre de témimout!"

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[ une des forces principales du yétser ara est son pouvoir d'imagination. Pour le contrer et développer en nous le "chiviti lénegdi tamid", nous devons travailler à visualiser la Présence d'Hachem à nos côtés (ex: en Le remercier sur de petites choses, en Lui demandant de l'aide sur de petites choses), nous devons constamment trouver des astuces et stratégies qui nous parlent pour ancrer en nous qu'Hachem est en permanence face de nous.
Cela implique également de se défaire d'une fausse humilité (générée par notre yétser ara) : "qui sommes-nous pour qu'Hachem s'intéresse à nous, qu'Il soit toujours avec nous!"]

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-> Le rav Zvi Yéhouda Kook enseigne que vivre avec une conscience "chiviti Hachem" transforme l'image de notre âme (tsoura nafchit). Lorsque nous sommes liés à la conscience constante de la nature Divine et spirituelle de la création, notre tsélem Elokim brille.
Cela nous amène à voir le monde différemment et, par conséquent, à nous conduire d'une manière élevée.

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-> Le Yessod véChorech haAvoda enseigne que toutes les bénédictions quotidiennes ont été ordonnées afin que nous nous souvenions de notre Créateur à tout moment et à chaque instant, car toutes les bonnes choses qui nous parviennent viennent d'Hachem et sont des expressions de Son amour pour nous.
Que ce soit par reconnaissance avant et après le repas, ou par louange en réponse à des expériences marquantes, les bénédictions sont comme des rappels tout au long de la journée pour ralentir et placer devant nos yeux le fait que tout vient d'Hachem (chiviti Hachem), et que nous sommes tous en Sa présence constante.

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-> L'accomplissement du "chiviti Hachem" naît d'une profonde conviction que chaque facette de notre vie est guidée par la providence Divine. C'est la reconnaissance de l'omniprésence d'Hachem, le fait que Hachem est Tout et que Tout est en Hachem.
"Chiviti Hachem" est la conscience d'être en présence d'Hachem et que tout ce que nous vivons est l'expression de la volonté et du désir d'Hachem.

-> Le "chiviti Hachem" consiste à placer le nom d'Hachem devant nos yeux à tout moment, peut être compris comme la recherche d'une étincelle divine dans tout ce que nous rencontrons ; de voir Hachem exprimé ou reflété dans tout ce que nous rencontrons et dans chaque personne que nous rencontrons.
"Chiviti Hachem" = Je place le nom d'Hachem, le יהוה, devant moi" = le nom Hachem (יהוה) est le Nom Divin représentant Son Attribut de compassion, et de bonté.
Lorsque je place ce nom devant mes yeux, c'est comme une lentille de compassion et de bonté à travers laquelle je vois tout le monde. Tout ce que je vois ou expérimente est teinté de ra'hamim (miséricorde) Divin.

-> Le Sefer Maguid Mécharim (paracha Vayakel) raconte que le Mala'h (ange) dit au Bet Yossef (rabbi Yosef Karo) :
"Le secret pour vivre avec l'attachement à D. (dvékout) est de ne pas s'inquiéter de quoi que ce soit dans le monde, à l'exception des choses qui concernent l'avodat Hachem.
Si le bien et le mal de ce monde ne sont pas absolument équivalents à vos yeux, il ne peut y avoir de d'union et de d'attachement authentiques (avec Hachem)".

-> Le terme "Chiviti" est lié au mot-racine : "chavé" (égal). La qualité (mida) de maintenir l'équanimité, la sérénité et la stabilité dans toutes les situations est une valeur et un objectif fondamentaux dans la poursuite d'une vie religieuse authentique.
Ainsi "chiviti Hachem lénegdi tamid" se comprend : "parce que je réalise qu'Hachem est devant moi et avec moi à tout moment, chiviti = tout est égal pour moi".

[la racine première derrière toute chose/événement est Hachem, rien ne pouvant exister/se produire sans un décret permanent d'Hachem, ainsi à mes yeux tout est "chavé" (équivalent), car peut importe ce que je peux y comprendre sur le moment, cela provient de mon papa adoré Hachem. Tout a un sens, rien n'est aléatoire, injuste. ]

-> "Chiviti Hachem", c'est savoir avec certitude qu'Hachem est toujours avec nous, et que nous ne sommes jamais loin de Lui, même lorsque nous nous sentons éloignés.
[qu'un juif fasse les meilleures choses ou les pires (D. préserve), une partie d'Hachem restera toujours pure en lui. Un juif n'est jamais seul, Hachem est toujours avec nous (souffrant même lorsque l'on souffre!).]

-> Le terme "Chiviti" est lié au mot-racine : "chavé" (égal).
Le rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 234,3) dit que l'on doit faire de nous-même un semblable au Divin, à Hachem, en L'imitant.
[on a tendance à comparer Hachem à nos standards humains, et nous devenons alors comme notre définition du divin. On ne doit pas faire d'Hachem notre idole, correspondant aux désirs de notre égo.
Ainsi, d'un côté, on doit avoir une vision infinie d'Hachem, et on doit faire de notre mieux pour tendre vers cette hauteur d'action, de spiritualité.]

-> Hachem agit comme mon ombre. En fonction de mon comportement, si je fais ça volonté et Le place devant moi, alors "lénegdi", Son apparence, la façon dont je vais sentir et bénéficier de Sa proximité, vont en être dépendante (comme une ombre).
Ainsi, tout juif en fonction de ce qu'il fait à la force d'avoir Hachem constamment devant Lui (lenegdi tamid).

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-> "Les ténèbres mêmes ne sont pas obscures pour toi, la nuit est lumineuse comme le jour, l’obscurité est clarté [pour toi]" (Téhilim 139,12)

Lorsque nous savons que tout dans ce monde vient d'Hachem et est une expression d'Hachem, nous pouvons comprendre que ce que nous percevons comme "mauvais" est, du point de vue Divin, un autre élément de l'ensemble sacré.
Comme le dit le rabbi Mendel de Kotzk : "si je sais que l'obscurité vient de Toi, alors elle n'est pas sombre".
L'obscurité est comme la lumière, car "én od milévado" (il n'y a rien d'autre qu'Hachem).
La réalité de "chiviti Hachem lénegdi" est "tamid" (continue).

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-> "Sache que les obstacles de chacun ne sont que proportionnels à ses capacités, à ce qu'il est capable d'endurer et de gérer, à condition qu'il le veuille.
Et, en vérité, il n'y a pas d'obstacles du tout, parce que Hachem est enfermé dans l'obstacle même ...
Et le plus grand de tous les obstacles est celui de l'esprit..."
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan 1,61]

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-> "chiviti Hachem lénegdi tamid"
Selon rabbi Nah'man de Breslev (Likouté Moharan II,46), le terme "lénegdi" inclut un aspect de "mitnakéd", d'opposant, d'adversaire.
De même, le Tosher Rabbi explique "lénegdi" (face/opposé à moi), comme faire quelque chose qui s'oppose à ma nature limitée ou à mon inclination naturelle.
Ainsi, aller lénegdi, contre moi-même (mon égo, mon moi JE), est le moyen de trouver Hachem.

Rabbi Na'hman de Breslev dit que pour passer de son potentiel à la réalité (min hakoa'h el hapoal), il est nécessaire de surmonter les obstacles, les défis qui se présentent. Lorsque nous rencontrons une résistance/opposition à la sainteté, qu'elle soit interne ou externe, nous avons un trésor, une possibilité de grandir spirituellement, d'être plus attaché et proche d'Hachem.
Chaque situation de la vie nous donne l'occasion de prendre conscience d'Hachem et de nous en rapprocher.

[ainsi, dans nos difficultés (lénegdi) on doit "chiviti Hachem", on doit se projeter dans quelques semaines/mois, et se rendre compte que cela nous aura permis de grandir, d'avoir des bontés d'Hachem (impacts éternels), et que la souffrance sera un longtemps souvenir.
Si tu veux "chiviti Hachem" alors cela passe par "lénegdi tamid", toujours combattre, faire face à des oppositions que ton yétser ara, ta naturalité humaine, va mettre en permanence sur ton chemin. ]

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-> Le Maggid de Zlotchov enseigne que puisque יהוה est le Nom Divin qui exprime la bonté ('hessed), "chiviti Hachem lénegdi" signifie que même lorsque nous avons l'impression que Hachem est lénegdi, opposé ou "contre" nous, nous pouvons toujours reconnaître "ki mi'yémini" (car Il est à ma droite), que cela vient du yamin, le "côté droit" des Attributs d'Hachem, à savoir celui de la bonté.
Ainsi, même si Hachem semble être lénegdi, il y a de la douceur et de la joie à savoir qu'Il est toujours avec nous. Tel est le pouvoir du "chiviti Hachem".

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-> Le Téhilim 16, commence par "chiviti Hachem lénegdi tamid", et qu'après "la'hen sama'h libi ..." = mon cœur se réjouit, tout mon être exulte, et mon corps se repose en sécurité".
Cette séquence met en évidence une causalité. Le "chiviti," l'équanimité, est le produit d'un choix conscient de vivre en sachant qu'Hachem est toujours avec moi.
Lorsque je suis en sécurité et que je sais que je ne suis pas seul, mon cœur peut commencer à s'ouvrir à la joie.

Alors qu'ils partaient pour la terre d'Israël, le Gaon de Vilna a béni ses élèves : "Vous devriez avoir la chance d'accomplir des chné temidim (les 2 tamid)!".

Il s'agit de celui au début du Rama sur le Choul'han Aroukh (chiviti Hachem lénegdi tamid) [placer constamment Hachem devant nous], et celui de la fin où le Rama résume les lois de Pourim Katan : "Tov lev michté tamid" (un cœur joyeux est toujours en fête).
Accomplir les deux témidim, c'est unir l'équanimité de chiviti à la joie de la fête d'être en vie (cadeau d'Hachem à chaque seconde).

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-> Vivre en étant conscient de notre source divine et de la réalité de la présence d'Hachem dans nos vies est de la plus haute importance pour mener une vie juive épanouie.
Pour savoir que nous sommes un ben Mélé'h ou une bat Mélé'h, un enfant du Roi, nous devons savoir qu'Il est avec nous et que nous portons quelque chose de Sa noblesse et de Sa puissance royales.
Le Malbim explique que le mot chiviti vient de la même racine que le mot chavé, qui signifie "valeur".
Chiviti signifie donc : "Je reconnais ma propre valeur ..." Ma vie a un impact sur le monde, et je suis donc habilité en fonction de la profondeur avec laquelle je perçois la présence du Souverain Divin dans ma vie".

-> Le Arou'h Hachoulchan affirme que la directive de chiviti nous oblige à nous engager dans nos tâches quotidiennes et nos expériences banales telles que manger, boire et dormir, avec l'intention d'accomplir la volonté d'Hachem : "Après la mort de l'homme, il lui est montré en haut lieu que toutes ses actions ont été enregistrées, comme dans un livre, avec sa propre signature".

-> Rabbi Nathan de Breslev (Likouté Halakhot) développe cette lecture positive de l'expression "un œil qui voit". Pourquoi devons-nous placer Hachem devant nos yeux?
C'est pour nous faire prendre conscience que nous sommes également devant Ses yeux (à Hachem).
Nous voyons et savons que nous sommes vus. En réalité, Hachem est toujours avec moi ; il n'y a pas d'endroit dépourvu de la présence d'Hachem.
Quel que soit le degré de ma chute spirituelle, Hachem est toujours avec moi et devant moi, "négdi, tamid". Même si je suis au plus bas, "Il est à ma droite, je ne serai jamais ébranlé".
Hachem est avec nous comme un parent aimant, un conjoint fier, un ami cher, nous soutenant dans les moments difficiles, se réjouissant de nos succès, et surtout, appréciant notre présence et notre compagnie constante.

-> Le Maggid de Mézéritch et rav 'Haïm de Volozhin, les principaux élèves du Baal Chem Tov et du Gaon de Vilna, respectivement, proposent des interprétations parallèles et étendues de "da ma lémaala mim'ha" (Pirké Avot 2,1) = Sache qu'au-dessus de toi il y a un œil qui voit ...
Ils lisent tous deux cette phrase comme signifiant : "Sachez que ce qui est décrété en-Haut est mim'ha (de vous)".
En d'autres termes, nos efforts, nos intentions, nos pensées et nos actions ont un impact et "influencent" la réponse divine en-Haut. Ce que nous faisons en bas nous est reflété en haut.

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-> Le Chla Hakadoch (Vaét'hanan) explique : "Chiviti" nous rappelle qu'il faut étudier la Torah avec sincérité et sérieux, avec la bonne intention et le bon objectif, pour finalement se rapprocher d'Hachem.

-> Le rav Yé'hezkel Abramsky disait : "Chaque fois que je suis sur le point de donner un cours, j'ai à l'esprit que je vais servir Hachem en accomplissant la mitsva de l'étude de la Torah. Parfois, le simple fait de se concentrer sur cette idée est plus difficile que de donner le cours lui-même".

Le rabbi Levi Its'hak de Berditchev "interrompait" la prière ou l'étude de la congrégation en frappant sur la bima et en annonçant : "Il y a un D. dans les cieux et nous sommes responsables devant Lui!"

Comme un muet

"Or, voici, nous liions des gerbes dans le champ ; et voici que ma gerbe s'est dressée et est restée debout ; et voici que vos gerbes sont placés tut atour et elles se sont prosternées devant ma gerbe" (Vayéchev 37,7)

-> Le séfer Imré Pin'has explique que le mot "aloumim" (les gerbes - אֲלֻמִּים), peut également signifier une personne muette (ilém - אילם).
La guémara ('Houlin 89a) déclare : "Que doit faire une personne dans ce monde? Elle doit agir comme un muet".
Ainsi, le verset peut être compris comme disant que les tribus ont agi comme des muets. Ils ne parlaient pas de sujets mondains.

Cependant, même en ce qui concerne ce concept élevé, il existe différents niveaux. Yossef atteignit un niveau encore plus élevé que ses frères. C'est pourquoi il rêva que son mutisme/silence était supérieur au leur.

"N'allumez pas de feu le Shabbath dans tous vos lieux de résidence." (Vayakel 35,3)

-> Le Chlah haKadoch enseigne :
Shabbath est un jour de repos où l'on peut avoir d'avantage de temps pour s'occuper d'affaires personnelles, communautaires, ... (et donc davantage d'occasions de se "prendre la tête" avec autrui).
Le verset nous met donc en garde : "N'allumez pas de feu le Shabbath dans tous vos lieux de résidence" = n'allumez pas le feu de la querelle ce jour-là!!
Ce n'est pas dans ce but que le Shabbath a été donné!
Le Shabbath est certes "un jour de repos", mais aussi un jour "de sainteté".

[On dit Shabbath Shalom et Shavoua tov, car Shabbath est un jour où la colère peut être facile, il est donc besoin de se souhaiter spécifiquement du shalom, contrairement aux autres jours de la semaine.]

-> Le Shémen Afarsimon commente également qu'à Shabbath nous avons plus de temps pour discuter et en venir à dire du lachon ara, qui tourne en disputes.
Les disputes sont du "feu" qui entraînent une séparation des cœurs et une distanciation entre des personnes.
C'est ce feu qui détruit l'harmonie parmi les gens.
Pour cette raison, avant de déclarer cette interdiction : "Moché rassembla toute l'assemblée des enfants d'Israël" (Vayakél Moché ét kol afat bné Israël) = cela nous enseigne que les juifs doivent être ensemble, unis, et éviter tout feu qui les séparerait.

-> En ce sens le 'Hatam Sofer apporte l'explication suivante :
"Moché craignait que puisque la faute du Veau d'or était maintenant pardonnée, le peuple juif allait s'accuser l'un l'autre d'en être à l'origine.
C'est pourquoi Moché les a averti de ne pas allumer le "feu" de la colère et de la controverse le Shabbath.

Mais pourquoi tout particulièrement le Shabbath?
Toute la semaine, les juifs étaient occupés par la construction du Michkan, et ils n'avaient donc pas le temps de se quereller.
A Shabbath, [n'étant pas pris par ce travail], ils avaient du temps supplémentaires, et ils avaient donc beaucoup d'opportunités pour se disputer.
Moché les a donc avertis d'être conscients de cette réalité, et de faire le nécessaire pour que cela n'arrive pas."

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-> Le Réchit ‘Hokhma (chap. sur l’humilité) écrit : Celui qui se met en colère le Shabbat, c’est comme s’il allumait le feu de l’enfer. En effet, il est écrit "N’allumez pas de feu dans toutes vos demeures le jour du Chabbat."

-> Le Saba de Kelem mettait beaucoup en garde contre la colère, disant qu’il l’avait examinée sous tous les angles et n’y avait rien trouvé de bon. Il fallait l’éliminer totalement, comme le ‘hamets à Pessa’h.

-> Le rabbi Naftali Amsterdam raconte : "Un jour, j’ai demandé au Admor (son maître : le rabbi Israël Salanter) quel était le remède à la colère. Il m’a répondu : Si on travaille à se montrer bienfaisant et à ne faire que du bien au prochain, la colère se trouvera éliminée automatiquement."

Rabbi Israël Salanter se montrait très sévère vis-à-vis de la rancune envers autrui, disant qu’il fallait absolument l’extirper totalement, car elle était la cause de nombreuses fautes. Il disait que presque toutes les fautes envers autrui avaient leur cause dans la rancune.

Il a également dit que l’homme doit réfléchir au fait que toutes les affaires de ce monde-ci sont des vanités, et que l’homme ne connaît pas le moment où il devra quitter ce monde. Par conséquent, de quoi peut-on tenir rigueur? D’un monde qui de toutes façons n’est pas à moi?

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-> Explication du Alchikh haKadoch :
Une faute commise le Shabbath est beaucoup plus grave qu'une faute commise les autres jours de la semaine.
Ainsi, la Torah nous met en garde : le Shabbath n'allumez pas, par vos fautes le feu du Guéhinom!
Soyez particulièrement vigilants à ne pas commettre de faute le jour du Shabbath.

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-> "J'affirme que tout foyer qui a une dispute le vendredi après-midi ou bien le vendredi soir, il est certain, de façon prouvée et véridique, que quelque chose de mauvais leur arrivera durant la semaine.
Vérifiez-le et vous verrez que c'est ainsi."
[rabbi 'Haïm Palaggi - Kaf ha'Haïm 27,35]

-> Le Ben Ich 'Haï ajoute que si quelqu'un dans notre maison fait quelque chose de mal le vendredi au sujet des préparatifs du Shabbath ou autre chose semblable, il ne faut pas se même en colère car ce n'est pas de sa faute.
Le Satan les a amené à faire l'erreur, afin de provoquer une dispute le vendredi.

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Il y a 39 travaux créatifs (méla'hot) qu'une personne n'a pas le droit de faire pendant Shabbath.
Pourquoi la Torah cite particulièrement celle d'allumer un feu?

-> Rabbi Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan) note que le midrach enseigne que le feu n'a pas existé pendant les 6 jours de la Création.

En effet, le midrach (Béréchit rabba 11,2) rapporte :
Lorsque Adam fut créé, il y avait la lumière du jour pendant 36 heures de suite : 12 heures le vendredi (depuis l’heure de sa création en ce jour), 12 heures pour la nuit du vendredi soir, et 12 heures pour le Shabbath.
Lorsque le soleil s’est couché à la sortie de Shabbath, Adam en a été terrifié.
Banni du Gan Eden, il pensait qu’il faisait face à des dangers mortels invisibles à ses yeux (puisqu’il faisait nuit noire!).
Mais Hachem a fourni à Adam un instinct de survie, et il a frotté des pierres ensembles qui ont alors créé un feu, lui apportant de la lumière et de la chaleur.
A ce moment, Adam a récité une bénédiction sur le feu : "Boré méoré a'éch" (Qui créé les lumières du feu).

Le concept du Shabbath est de suivre l'attitude de Hachem qui s'est reposé de ses travaux créatifs à la fin de la semaine.
=> Pour éviter qu'une personne n'en vienne à penser à tord qu'il est permis d'allumer le feu Shabbath, puisqu'étant une activité qui n'est apparue qu'à la sortie du 1er Shabbath, alors pour cette raison la Torah va particulièrement insister sur cette interdiction parmi les 39 méla'hot.

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-> D'après le sens simple et littéral, Rabbénou Bé'hayé explique que la Torah a choisi le travail d'allumer le feu comme exemple pour parler de tous les travaux, car le feu, qui représente l'énergie, est présent dans la majorité des travaux.
Travailler c'est d'abord mettre en marche de l'énergie. Et dans la majorité des travaux on retrouve que le feu est présent et y trouve sa place.

-> D'un point de vue moral, le Zohar explique que le feu ici question est une allusion à la colère qui dévaste et ravage sur son passage à l'image du feu.
Le Shabbat est un jour de repos et de quiétude, et la colère s'oppose frontalement à cette sérénité du Shabbat. De plus, comme toute la famille se trouve réunie le Shabbat, et que tout le monde dans le foyer est ensemble, le risque de se contrarier et se disputer est encore plus grand.
D'où la nécessité de préciser que l'on ne doit pas allumer le feu de la colère en ce jour.
Bien que la colère soit interdite tous les jours de l'année, malgré tout il y a des occasions où la colère ''de surface'' est souhaitée. Il s'agit de certaines occasions, comme par exemple dans le but d'éduquer ses enfants ou de montrer une désapprobation claire à un certain mauvais comportement, où il convient de jouer la colère et de montrer un visage irrité en vue de pouvoir passer son message, tout en gardant intérieurement tout son calme et en n'étant nullement affecté par la colère.
Malgré tout, le jour de Shabbat il convient d'être tellement serein et apaisé au point de ne même pas avoir recours à cette colère superficielle.

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan) explique que le Shabbat est dotée d'une lumière qui éclaire les yeux de l'homme pour percevoir la Présence Divine dans le monde et dans les événements de la vie.
C'est justement cette lumière de Shabbat qui resplendit et éclaire dans le Michkan et plus tard dans le Temple. C'est la sainteté de Shabbat qui permet à la Présence Divine de résider dans ces lieux saints. Cela permet de mieux comprendre le lien entre l'injonction du Chabbat et la construction du Michkan, qui sont juxtaposées dans notre paracha.
Mais si le peuple en vient à transgresser le Shabbat, la Lumière Divine qui éclaire et illumine dans le Temple en viendrait à se retirer et le Temple en sera détruit. Or, le Temple à été détruit par le feu, les ennemis d'Israël ont brûlé les 2 Temples. Ainsi, la Torah met en garde de respecter attentivement le Shabbat et de n'y effectuer aucun travail. De la sorte, la Présence Divine pourra résider dans le Temple.
En respectant Chabbat, on préserve le Temple pour qu'il ne soit pas brûlé. D'où la raison pour laquelle la Torah explicite le travail d'allumer le feu. Car la profanation du Shabbat a pour conséquence que l'on allume le feu pour brûler le Temple. Aussi, la délivrance et la reconstruction du Temple pourront se réaliser également grâce au respect du Chabbat.

-> Le 'Hatam Sofer rapporte que chaque homme se doit d'éveiller en lui l'amour d'Hachem et l'enthousiasme pour l'accomplissement des mitsvot. Cet élan du coeur est comparé au feu qui brûle et enflamme l'homme, allusion au feu de l'amour d'Hachem et de Son Service avec empressement et ardeur.
Néanmoins, ce feu dévorant pour le Service Divin, il faut commencer à l'éveiller et à l'allumer dès le début de la semaine. Dès lors, il ira en grandissant et quand arrivera le Shabbat, ce feu sera intense, comme il doit être eut égard à la sainteté du Chabbat.
Mais la Torah vient mettre l'homme en garde de ne pas sombrer toute la semaine dans la matérialité et les occupations profanes, et commencer à éveiller le feu intérieur quand Chabbat entre.
"N'allumez pas le feu (intérieur) le jour du Shabbat", sous entendu : commencez à l'allumer déjà dès le début des jours profanes.

[il ne faut pas attendre le Shabbath, pour allumer de zéro un feu d’amour passionné pour ce jour.
Dès le dimanche, nous devons attendre impatiemment le prochain Shabbath, en alimentant toujours davantage notre feu intérieur pour ce jour : en s’y préparant matériellement et dans notre cœur.]

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-> Hachem dit : "Mon feu (au Guéhinam) n'est pas allumé durant le Shabbath grâce à votre observance du Shabbath, et de même votre feu ne doit pas être allumé."
[Baal haTourim]

[lorsque nous pratiquons le Shabbath, nous accomplissons un 'hesséd énorme : tous nos frères juifs (et parmi eux sûrement des ancêtres directs à nous!) qui souffrent pour réparer leurs fautes au guéhinam, bénéficient d'une journée "agréable" sans feu le Shabbath!
Ainsi de même que nous n'allumons pas, Hachem n'allume pas!]

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-> Le Michkan était le témoignage que Hachem avait pardonné au peuple juif pour la faute terrible du Veau d'or (idolâtrie).
Grâce à quoi ont-ils pu recevoir une telle expiation?
C'est par le mérite du Shabbath, comme la guémara (Shabbath 118b) l'enseigne : "Celui qui observe le Shabbath correctement voit ses fautes pardonnées, même si l’idolâtrie figure au nombre de ses fautes."
[Af Péri Tévoua]

["N'allumez pas de feu le Shabbath" => de même que vous respectez comme il le faut le Shabbath, de même après votre mort vous n'aurez pas besoin de passer sur un feu allumé pour vous (au guéhinam) afin de réparer vos fautes. L'observance du Shabbath ayant permis de tout pardonner! ]

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-> A ce sujet, le Tiféret Yonathan ajoute une autre explication sur le fait que c'est particulièrement l'interdiction d'allumer le feu Shabbath qui est explicité dans ce verset, et pas un autre des 39 méla'hot.

La Torah évoque ici le respect du Shabbat, car ce passage vient juste après que le pardon pour la faute du Veau d’or ait été obtenu. Or, on vient de voir que le respect du Shabbat contribue à réparer la faute d’idolâtrie.
Dans ce sens, la Torah interdit d’allumer le feu le Shabbat, car pour la fabrication du Veau d’or, tous les bijoux furent jetés au feu, et alors apparut l’idole. Et selon la règle que "l’accusateur ne peut devenir défenseur", le feu qui a servi à la faute du Veau d’or, ne pourra être allumé le Shabbat, jour de réparation pour cette faute.
=> Le fait d’utiliser le feu qui a causé la faute, éveille celle-ci et empêche sa réparation.

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+ Respecter le Shabbath = réparer la faute du Veau d'or : [or la colère = nier D., vouer un culte à son "moi je"]

-> Le Chla haKadoch (Ki Tissa) explique que Moché rassembla le peuple d'Israël et lui ordonna de respecter le Shabbath dans le but d'expier la faute du Veau d'or.
Ce raisonnement s'appuie sur l'enseignement (guémara Shabbath 118a) : "Rabbi Yo'hanan a enseigné que tout celui qui observe le Shabbath selon la loi, même s'il pratique l'idolâtrie, comme durant la génération d'Enoch, sera pardonné."

Ainsi, Hachem dans Son infinie miséricorde, souhaite donner la possibilité aux juifs d'expier la faute du Veau d'or (idolâtrie), même après la destruction du Temple et l'annulation de la mitsva du demi-Shékel, par la mitsva du Shabbath qui perdurera jusqu'à la fin des temps.

-> Nos Sages (guémara Yérouchalmi Shékalim 9b) enseignent que Hachem ordonna de donner un demi-Shékel dans le but d'expier la faute du Veau d'or.
-> Selon la guémara (Sanhédrin 102a) : aucune punition ne vient sur Israël sans qu'il y ait une part de châtiment relative à la faute du Veau d'or.

Nous pouvons observer que les premières lettres des 3 mots : "Shabaton kodech l'Hachem" (jour du repos consacré à Hachem - שַׁבָּתוֹן קֹדֶשׁ לַיהוָה - Ki Tissa 31,15) forment le mot : Shékel (שקל).
Le 'Hidouché haRim explique que le Shabbath est à moitié pour l'homme et à moitié pour Hachem.
Hachem se délecte de cette moitié et c'est le sens du demi-Shékel.
Ainsi, le demi-Shékel fait clairement allusion à la sainteté du Shabbath, et de la même façon que le demi-Shekel expie la faute du Veau d'or, celui qui respect le Shabbath expie également cette faute.

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-> Le jour du Shabbath est le secret sur lequel repose toute la foi.
[rabbi Chimon bar Yo'haï - Zohar - Yitro 92a]

- "Tout celui qui respecte le Shabbath d'après la loi, même s'il a pratiqué l'idolâtrie comme durant la génération d'Enoch, sera pardonné" (guémara Shabbath 118b)

-> Le Yaarot Dvach explique que la raison est puisque l'idolâtrie est une négation de la foie en Hachem et le respect du Shabbath étant le fondement de la foi (émouna) en D., celui-ci vient en fait réparer cette négation.
[la faute du Veau d'or étant considérée comme de l'idolâtrie]

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-> En évoquant l'interdiction de faire du feu plutôt que tout autre forme de travail interdit le travail, la Torah sous-entend que, contrairement aux fêtes où certains travaux nécessaires pour la préparation de nourriture sont autorisés (Bo 12,16), ce genre de travail est également interdit le Shabbath.
[cela pour éviter une mauvaise interprétation en pensant que cela nous est permis, en se basant à tord sur le Yom Tov].

Or, comme le feu est indispensable pour cuire, la Torah le cite comme prototype de travail nécessaire à la préparation d'aliments.
En précisant ici qu'on ne peut pas allumer de feu le Shabbath, la Torah souligne que s'il est interdit, le Shabbath, de faire ces travaux, a fortiori tout autre labeur sera-t-il interdit.
[Ibn Ezra ; Rachbam ; Ramban]

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"Vous n'allumerez de feu dans aucune de vos demeures le jour du Shabbath" (Vayakel 35,3)

En hébreu ce verset est : לֹא-תְבַעֲרוּ אֵשׁ, בְּכֹל מֹשְׁבֹתֵיכֶם, בְּיוֹם, הַשַּׁבָּת (lo tévaarou éch bé'hol mochvoté'hem béyom aShabbath).
Le rav David Hoffman fait remarquer que les dernières lettres des mots de ce verset peuvent se réarranger pour former : אמת שלום (la vérité ; la paix - émét shalom).
Le mot : un feu (אש - éch) est l'acronyme de ces 2 mots.

[Un feu peut être très positif, comme destructeur, tout dépend de l'utilisation que l'on en fait.
L'interdiction de l'allumer pendant Shabbath, nous sensibilise au fait de devoir maîtriser son utilisation (parfois c'est permis et parfois c'est interdit!).
On en vient ainsi à comprendre que nous devons dompter notre feu intérieur, et savoir l'utiliser sous contrôle de la vérité et de la paix (émet shalom) selon la Torah, et non pas pour allumer des feux de disputes et de mensonges autour de nous.]

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-> Le Méchiv Devarim enseigne
Les dernières lettres de "Teva’arou éch békhol mochvoteikhem" forment le mot "shalom" (paix), or nous nous saluons le Chabbat en disant "Shabbat Shalom".
Le sujet de cet ordre est que comme le jour du Shabbat les gens sont libres de tout travail, ils se rencontrent et se mettent à parler de toutes sortes de choses, si bien qu’ils risquent d’en venir à la médisance et au lachon ara, en "allumant" le feu de la dissension, ce qui est une interdiction absolue un jour de semaine et à plus forte raison le Shabbat.
C’est pourquoi on nous met en garde "vous n’allumerez pas de feu dans vos demeures le jour du Chabbat". Au contraire, si un feu s’est allumé un jour de semaine, le Shabbat on fera la paix, on pardonnera et on reviendra à Hachem.
[à Shabbath c'est Shalom, avant tout!]

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-> "Deux personnes se querellaient chaque veille de Shabbath, excitées par le Satan.
Rabbi Méïr s'est invité chez eux 3 veilles de Shabbath consécutives jusqu'à rétablir la paix.
Rabbi Méïr entendit alors le Satan qui disait : 'Malheur à moi, car Méïr m'a chassé de ma maison!' "
[guémara Guittin 52a]

-> "Vous n'allumerez pas de feu dans vos demeures le jour de Shabbath" (Vayakel 35,3)
Le Zohar commente qu'il nous est également interdit d'attiser le feu de la dispute, car le Shabbath est un jour incompatible avec les discordes (on dit pas : Shabbath Shalom, pour rien!).

C'est pourquoi le yétser ara utilise tous les moyens pour troubler notre sérénité la veille et le jour du Sabbath (ex: on relâche la pression/fatigue de la semaine, l'arrivée précipitée du Shabbath, plus de temps pour parler et dire du lachon ara, ...).

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2020/03/23/13061-2

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-> Rabbi Nissim Yaguen enseigne :
Nos Sages (guémara Shabbath 119b) disent : "2 anges de service accompagnent l'homme à son retour de la synagogue jusqu'à son domicile. Un bon et un mauvais. Lorsqu'il arrive à son domicile et trouve les lumières allumées, la table dressée et le lit fait, l'ange bon dit : "Qu'il soit de Sa volonté qu'il en soit ainsi Shabbath prochain", et le mauvais ange répond contraint : "Amen".
Dans le cas contraire, le mauvais ange dit : "Qu'il soit de Sa volonté qu'il en soit ainsi Shabbath prochain", et l'ange bon de répondre contraint : "Amen"."

Lorsque les anges arrivent, la maison doit être entièrement prête, afin que les membres du foyer bénéficient de la bénédiction de l'ange bon, et non à D. ne plaise, de la malédiction du mauvais ange.

Mais, par les actes du Satan, particulièrement à ce moment si élevé, le mauvais penchant sème de nombreux pièges, et engendre des raisons pour se disputer ...
[lorsque que par colère le mari/femme crie, pleure ... ] le mauvais penchant se frotte les mains : "D. merci, j'ai de la bonne marchandise aujourd'hui".
Après tous ces cris, l'ange mauvais dit : "Souhaitons que ça soit ainsi chaque Shabbath", et l'ange bon est contraint de répondre Amen.

Nous devons le savoir et l'inculquer au plus profond de nous-mêmes : le vendredi n'est pas un moment pour se chamailler ou se mettre en colère.
[ce n'est pas vraiment de la faute de mon conjoint, mais c'est le yétser ara qui a davantage de puissance pour générer parmi nous de la colère en ce jour.
S'il y a un problème il vaut mieux en discuter plus tard, car en cas de colère on permettra au mauvais ange de nous maudire, et on s'empêchera de recevoir la bénédiction du bon ange de nous bénir. Quel dommage!]
[...]

Le soir du Shabbath est le moment où on ressent le plus les tentatives du mauvais penchant, qui tente de toutes ses forces de faire surgir notre colère dans toute sa violence. Nous connaissons tous ce genre de situation, lorsque l'évier se bouche, le petit tombe, le manger brûle ou le mari est en retard, ...

Le Satan s'acharne à allumer le feu dans tous les coins, mais cela est sûr et certain, si une fois ou deux nous prenons le dessus et disons : "Monsieur le mauvais penchant, cela ne sert à rien ... je ne m'énerverai pas, je ne provoquerai aucune dispute à aucun prix" ; il comprendra alors qu'il n'a plus d'emprise et abandonnera ...

Par exemple si la table n'a pas été mise, le mari dira à sa femme : "Tu es réellement fatiguée, dépêchons-nous de dresser la tache ensemble" ; tout s'arrange en quelques instants et le mari commence à chanter : "Heureux qui a rencontré une femme vaillante! Elle est infiniment plus précieuse que les perles", et j'en ai une ...
Les sourires et la joie font résider la bénédictions dans ce foyer.

"Vous ne ferez point de feu" (Vayakel 35,3) = le feu de la dispute et de la colère sont interdits ;
"dans aucune de vos demeures" = dans aucune circonstance ;
"en ce jour du Shabbath" = le jour où le Satan attise particulièrement la dispute et le conflit.

Bien que le feu de la dispute soit également interdit les autres jours de la semaine, quoi qu'il en soit la Torah précise "en ce jour du Shabbath", car d'habitude, durant 6 jours de la semaine, les réchaïm sont punis dans le feu du guéhinam, et le Shabbath, ils bénéficient d'une accalmie, et seulement à la sortie du Shabbath, le feu de cette dernière se rallume. Mais dans le cas d'une dispute, le feu se rallume même le Shabbath.

Hachem nous met en garde : "Laissez le feu éteint, ne l'allumez point! Soyez très vigilants, de toutes vos forces, évitez la plus petite colère à la moindre sévérité!"

L’avis du ‘Hafets ‘Hayim sur les juifs ne pratiquant pas Shabbath …

+ L'avis du 'Hafets 'Hayim (1838-1933) sur les juifs ne pratiquant pas Shabbath ...

"Comment peut-on rejeter un juif?
Comment peut-on affirmer de celui qui n'observe pas le Shabbath qu'il n'est pas un vrai juif?
Regardez ceux de Moscou! [il fait allusion à l'expulsion des 30 000 juifs de Moscou en 1891]
Pendant des dizaines d'années, ils ont foulé aux pieds les prescriptions sur le respect du Shabbath, acharnés comme ils l'étaient à amonceler des fortunes, et persuadés que le travail effectué le samedi contribuerait à les rendre plus riches encore.
Et pourtant, ces mêmes juifs ont courageusement sanctifié le nom divin lorsqu'on a voulu remettre en cause leur appartenance à notre peuple!
[refusant le baptême, ils ont préféré renoncer à toute la richesse qu'ils avaient acquis pendant des dizaines d'années et alors subir les privations de l'exil, afin de rester juif!].

Quand le Talmud ('Houlin 5a) affirme que celui qui profane le Shabbath ressemble à un idolâtre, il ne désigne certainement pas les gens comme ceux-là, qui refusent de renier leur foi quand on les met à l'épreuve.
Non, la valeur d'une âme juive est incommensurable!
Les enfants d'Israël sont tous saints!
C'est le fait de vivre parmi les non-juifs qui les incite à de telles infractions!"

+ Un proche du 'Hafets 'Hayim lui demanda un jour si une yéchiva pouvait accepter des dons de juifs qui profanent le Shabbath.
"Oui, répondit-il, dès lors qu'ils n'agissent pas ainsi pour se rebeller contre D."

+ En revanche, quand le 'Hafets 'Hayim parlait de l'importance de l'observance du Shabbath, il était très sévère et d'une grande intransigeance.
Il disait souvent : "si le Rambam (lois sur le Shabbath 30;15) a jugé que celui qui profane publiquement le Shabbath ressemble à un idolâtre "à tous égards", cela signifie certainement aussi qu'un tel juif ne sera pas ramené à la vie lors de la résurrection des morts."

Source (b"h) : compilation de dvar Torah du Rav Yissa’har Dov Rubin (dans son livre : "Talélei Orot")

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-> "Pendant 6 jours tu feras ton travail, et le 7e jour ... est un Shabbat pour Hachem" (35,2)

Le ‘Hafets ‘Haïm a expliqué un jour au nom des Sages dans la guémara (Shabbat 10b) que Hachem a dit à Moché : "J’ai un beau cadeau dans mon Trésor, qui s’appelle Shabbat, et Je veux le donner à Israël, va le lui annoncer!"
Et maintenant, réfléchissons : Si la fiancée renvoie au fiancé les cadeaux qu’il lui a donnés, cela prouve certainement qu’elle ne veut plus de lui, et que l’union proposée est rompue.
Le ‘Hafets ‘Haïm dit que c’est la même chose en ce qui concerne l’observance du Chabat. Si les bnei Israël n’observent pas le Shabbat comme ils en ont reçu l’ordre du Créateur du monde, ils semblent rendre à Celui qui a donné la Torah le cadeau le plus précieux qu’il ait donné à Son peuple, et par là c’est comme s’ils proclamaient qu’ils ne veulent pas du lien sacré qui existe depuis toutes les générations entre Israël et Hachem.

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-> "Entre Moi et les enfants d’Israël, c’est un signe éternel (ot hi léolam)" (Ki Tissa 31,17)

Selon le ‘Hafets ‘Haïm, le Shabbath est le signe caractéristique du Juif.
De même qu’une plaque fixée à une porte indique le nom de l’occupant, le Shabbath indique l’adresse du Juif.

Ainsi, un magasin fermé le Shabbath porte l’enseigne d’un commerce juif ; s’il est ouvert le Shabbath, l’enseigne indique le contraire.
Source (b'h) : Rav Alexander Zoucha Friedman (dans son ''mayana chel Torah'')

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-> Rabbi 'Haïm Kanievsky (Taama Dékra) écrit que : "Celui profane [volontairement] en public le Shabbath est considéré par la loi juive comme un non-juif, et c'est comme s'il proclamait publiquement que Hachem n'a pas créé le monde.
A l'inverse, lorsque nous nous rassemblons ensemble en communauté pour étudier les lois de Shabbath, c'est comme si l'on proclamait publiquement que Hachem a créé le monde."

"Pendant 6 jours sera fait le travail, et le 7e jour sera pour vous sainteté ..." (Vayakhél 35,2)

-> "Microcosme de l'univers, le Michkane a pris forme au moyen des diverses sortes de "travaux" qui avaient abouti à l'émergence du monde lui-même.
C'est pourquoi, en nous abstenant de ces 39 travaux pendant Shabbath, nous attestons de la création par D. de l'univers en 6 jours et de Sa cessation "de travail" de création pendant le 7e."
(Rav Yits'hak Eiziq 'Havèr)

-> Le Mélo haOmèr fait aussi observer que le Michkane représentait un microcosme de l'univers.
Nos Sages nous apprennent que le concept de créationdu monde a pris forme en Tichri, mais que la création elle-même n'a eu lieu qu'en Nissan, 6 mois plus tard.
Il en est de même pour le Michkane : l'ordre de contruire a été donné le lendemain de Yom Kippour (donc en Tichri), mais il a été effectivement érigé en Nissan seulement.

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+ On peut noter l'emploi dans notre verset de la forme passive : "sera fait le travail", et non "vous ferez le travail".
Rav Chlomo Ganzfried explique que celui qui ne croit pas que sa nourriture lui est fournie par D. a beaucoup de mal à observer le Shabbath.
Persuadé que plus, il travaille, plus il gagnera de l'argent, il s'imagine qu'il essuiera des pertes financières en se reposant.

Mais une personne convaincue que toutes ses ressources sont fixées par décision divine à Roch Hachana, et que ses bénéfices ne dépendent pas de l'effort qu'elle investit, n'aura aucune difficulté à observer le Shabbath.

C'est pourquoi, la Torah commence par nous dire que "pendant 6 jours "sera fait" le travail", par lui-même, comme décidé/ordonné par le Ciel.

+ L'emploi de cette forme passive peut s'expliquer au travers de la guémara (Béra'hot 35) = "Lorsque le peuple juif respecte la volonté divine, leur travail est accompli par d'autres".

Source (b"h) : dvar Torah du Rav Yissa’har Dov Rubin (dans son livre : "Talélei Orot") + Rav Alexander Zoucha Friedman (dans son "mayana chel Torah")

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+ "Celui qui s’affaire aux préparatifs érev Shabbath en bénéficiera le Shabbath" (guémara Avoda Zara 3a)

-> Le Béer Mayim 'Haïm donne l'explication suivante :
"Celui qui se prépare pendant les 6 jours de la semaine, et qui est vigilant à ne pas profaner la volonté de Hachem ; alors lorsque Shabbath arrive, il va recevoir "l'éclat délicieux" (ziv ataanoug) de la lumière Divine.
Mais si quelqu'un se salit par les fautes durant la semaine, il est alors certain que pendant Shabbath, il lui sera incapable de percevoir la lumière de Hachem ou d'expérimenter l'âme supplémentaire (néchama yétéra) de ce jour. En raison du fait qu'il vient de l'obscurité des 6 jours de la semaine, alors il va également marcher dans l'obscurité pendant le saint jour du Shabbath."

[le fait d'être vigilant à respecter la volonté de Hachem pendant les 6 jours de la semaine, est une préparation indispensable pour pouvoir ressentir au maximum les trésors de proximité avec D., que le Shabbath peut nous offrir!
=> "Pendant 6 jours sera fait le travail" = tu agiras selon ce que D. attend de toi, "et le 7e jour sera pour vous sainteté" = par conséquent, tu pourras profiter pleinement de l'énorme sainteté propre à ce jour.]

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-> "Pendant 6 jours on travaillera, mais au 7e, vous aurez une solennité sainte"

Le "Sandlar" (Rabbi Moché Yaakov) explique ce verset par la comparaison suivante.
Lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il est Roch Yéchiva, on veut dire qu’il est à la tête (roch) de tous les Rabbanim de la Yéchiva. Lorsqu’on qualifie un homme de Av beit din (président du tribunal rabbinique), cela signifie qu’il est le plus grand de tous les juges. Toutes proportions gardées, si l’on désigne un individu par l’appellation de chef (roch) des voleurs, cela veut dire qu’il est plus dévergondé que tous les autres voleurs.

Dans la prière du Shabbat matin, nous disons "Tu l’as appelé le délice des jours". Le Shabbat est le meilleur de tous les jours de la semaine. Toutefois, afin de savoir si c’est un titre d’honneur ou non, il faut vérifier la manière dont l’homme se comporte durant la semaine. S’il vit à l’aune de la Torah et du respect des mitsvot, l’appellation "délice des jours" donnée au Shabbat est honorifique. Par contre, si, durant la semaine, il gaspille son temps dans l’accomplissement de mauvais actes et s’enfonce dans ses vices, cette appellation est dépréciatrice.

Cette idée peut se lire en filigrane dans les versets "Voici les choses que Hachem a ordonné d’observer. Pendant 6 jours on travaillera, mais au 7e, vous aurez une solennité sainte" = si, durant tous les jours de la semaine, on se comporte convenablement, on sera à même de s’élever encore davantage grâce à la sainteté du Shabbat.

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-> Le rabbi Avraham Twerski fait remarquer qu'en rassemblant tout le peuple juif, Moché donne une grande leçon : le peuple plein d'enthousiasme aurait pu penser que ce que voulait Hachem plus que tout était que l'on construise le Michkan (pour la bonne cause, c'est pas si grave si l'on profane le Shabbath!). Du coup Moché leur a affirmé clairement : la volonté de D. est que le Shabbath vous cessez tout travail créatif.

=> Servir Hachem consiste à faire Sa volonté, et non pas ce que l'on pense personnellement qu'Il aurait besoin, car ceci est en réalité se servir soi-même, c'est de l’idolâtrie.

On a beau avoir les meilleures intentions du monde (comme vouloir bâtir le Michkan, lieu de résidence de D. sur terre), profaner le Shabbath c'est forcément une mauvaise chose, c'est aller à l'encontre de la volonté de Hachem.
Servir Hachem, c'est faire Sa volonté!

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-> Le rav David Povarsky enseigne que si la Torah aurait commencé par décrire directement les lois relatives à la construction du Michkan, et uniquement ensuite elle aurait mentionné l'interdiction de le bâtir pendant Shabbath, alors un juif entendant/lisant cette paracha pourrait brièvement penser que c'est permis de le faire, jusqu'à ce qu'il arrive au verset l'interdisant.
Puisque chaque pensée laisse un impact sur une personne, il en résulterait une impression temporaire de manque de sévérité du fait de travailler à Shabbath (pour la bonne cause, cela pourrait être permis de l'enfreindre!), et cette impression psychologique pourrait avoir des conséquences sur notre observance future du Shabbath.
=> Moché rassembla tout le peuple, et avant d'aborder le Michkan (lieu de résidence de D.), il parle tout d'abord de l'importance de respecter le jour du Shabbath. Par là il empêche que dans le futur, un juif n'en vienne éventuellement à le déprécier, même inconsciemment.
En effet, la moindre baisse d'estime du Shabbath à nos yeux est à éviter!

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+ "Les enfants d’Israël observeront le Shabbath (véchamérou bné Israël), pour faire du Shabbath (laassot ét aShabbath) une alliance éternelle pour leurs générations" (Ki Tissa 31,16)
Le rabbi de Klausenbourg explique que dans le passé l'épreuve du peuple juif consistait à : pouvoir observer le Shabbath (chmirat Shabbath), mais de nos jours l'épreuve principale réside dans le fait de : faire du Shabbath un jour spécial (laassot ét aShabbath).
En effet, nous devons en faire un jour unique : plein de joie, d'unité, de sainteté, ...
Le principal du Shabbath est le : "brit olam" (l'alliance éternelle) avec Hachem, ce lien unique de proximité avec notre Papa,  le Créateur et Maître unique du monde.

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-> L'empereur Hadrien a demandé à Rabbi Yéhochoua ben 'Hanina : "Pourquoi est-ce que la nourriture préparée pour Shabbath sent-elle si bon?"
Rabbi Yéhochoua lui a répondu : "Nous avons une épice spéciale que nous y mettons, et dont son nom est : Shabbath"

L’empereur lui a demandé : "Donne-m’en!"
Rabbi Yéhochoua lui a rétorqué : "Cela fonctionne pour une personne qui observe le Shabbath, mais pour ceux qui ne l’observent pas, cela n’a aucun effet."
[guémara Shabbath 119a]

-> Dans le texte de la guémara : "une épice spéciale" se dit : "tavlin é'had yéch lanou" (תבלין אחד יש לנו).
Le Ben Ich 'Haï écrit que le mot : תבלין (épice - tavlin) a les mêmes lettres que : יתן לב (il doit donner/mettre le cœur - yitèv lev).
=> Nous devons donner notre cœur en faisant des efforts pour se préparer matériellement et spirituellement au Shabbath, afin de ressentir la sainteté et recevoir les bénédictions propres à ce jour.

-> Le 'Hatam Sofer commente le verset suivant : "vous n'allumerez de feu dans aucune de vos demeures le jour du Shabbath" (v.35,3), comme signifiant qu'il ne faut pas attendre le Shabbath, pour allumer de zéro un feu d'amour passionné pour ce jour.
Dès le dimanche, nous devons attendre impatiemment le prochain Shabbath, en alimentant toujours davantage notre feu intérieur pour ce jour : en s'y préparant matériellement et dans notre cœur.

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-> "6 jours durant, le travail sera effectué" (Vayakél 35,2)
Le verset nous enseigne que le fait de traiter le Shabbath comme il le faut, aura pour conséquence de nous rendre les 6 autres jours de la semaine plus faciles.
[Rabbénou Bé'hayé]

-> "[Shabbath] est la source de toutes les bénédictions" (ki y mékor abéra'ha - chant du Lé'ha Dodi)
Selon le Zohar, le Ciel et la terre sont dépendants du Shabbath, car : "c'est la source de toutes les bénédictions".

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-> "6 jours tu t'affaireras à ton travail, et le 7e jour sera saint ... Vous ne ferez pas de feu dans vos demeures en ce jour de repos" (Vayakél 35,2-3)

Le 'Hatam Sofer explique :
- "6 jours tu travailleras" = pendant 6 jours, tu feras ta hichtadlout, mais rappelle-toi que la parnassa ne vient pas par cette hichtadlout, mais du Ciel, grâce à la sainteté du Shabbath.
- C'est ce que dit la suite du verset : "le 7e jour sera saint".
- C'est pourquoi, faites particulièrement attention à ne pas "allumer le feu" des conflits "le jour de Shabbath", car cela risquerait d'affaiblir la sainteté du jour et de causer la perte de la parnassa.

"Moché rassembla toute la communauté des enfants d'Israël ... " (Vayakhél 35,1)

Alors que les enfants d'Israël étaient unis quand ils ont reçu la Torah au mont Sinaï "comme un seul homme, d'un seul cœur" (Rachi sur Chémot 19;2), fait remarquer le Rav Yaakov Kaminetsky, leur unité s'est disloquée quand ils ont péché avec le veau d'or.

Talmud Yérouchalmi (Sanhédrin 10,2) = chaque tribu a réalisé son propre veau d'or.
Talmud de Babylone (Sanhédrin 63b) = les bnei Israël ont adoré de nombreux dieux.

Nous ne trouvons pas un tel phénomène chez les autres nations!
En effet, chacune d'elles sert les divinités communes à son ethnie, comme "les dieux de Moav" et "les dieux d'Edom".
Si les Hébreux en ont adoré beaucoup, c'est assurément à cause des divisions profondes qui régnaient entre leurs tribus.

Quand Moché s'est apprêté à communiquer aux enfants d'Israël les instructions du Michkan, sa tâche la plus urgente a été d'apaiser leurs différends et de les réunir.
Voilà pourquoi, pour commencer, "il fit assembler toute la communauté des enfants d'Israël", afin qu'ils soient de nouveau "comme un seul homme, d'un seul cœur".

[le Michkan est venu en réparation de la faute du Veau d'or.
Tout le peuple s'est uni pour sa construction, qui a été faite par Bétsalel le petit-fils de 'Hour qui avait été tué car s'opposant au Veau d'or, et les juifs ont donné largement de l'or en parallèle à l'or donné largement pour faire le Veau d'or.]

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-> Lors du don de la Torah au Sinaï les Bné Israël étaient unis, comme il est dit "Israël campa là, face à la montagne" (19,2).
Nos Sages expliquent sur place : "comme un seul homme, avec un seul cœur".
Cependant après la faute du Veau d’or, cette unité s’est défaite et le Satan accusateur a provoqué des divisions et des querelles au sein des tribus d’Israël.

Le Malbim (Erets 'Hemda) explique : comme nous le savons, la construction du Michkan devait, entre autres, expier la faute du Veau d’or commise par Israël. Ainsi Moché s’est efforcé de rassembler "toute la communauté des enfants d’Israël" pour leur parler de l’œuvre du Michkan. Il voulait à travers cela restaurer l’ancienne splendeur et rétablir l’unité d’Israël telle qu’elle était au moment du don de la Torah.

-> Le Imré Shéfer écrit :
Moché rassembla toute la communauté pour que ce soit une réparation à la faute du Veau d'or. En effet, le peuple s'était réuni autour de Aharon pour lui demander de fabriquer le veau d'or. A présent, Moché réunit le peuple pour lui transmettre la mitsva du Shabbat.
Ce rassemblement se devait de réparer le mauvais rassemblement pour faire le Veau d'or.

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-> "6 jours le travail sera fait" (Vayakel 35,2)

Dans cette paracha de Vayakel, la mitsva du Shabbat précède l'injonction du Michkan, alors que dans les parachiot précédentes, le Michkan (dans Térouma) précède le Shabbat (dans Ki Tissa).
=> Pourquoi cette différence ?

En fait, les parachiot précédentes se trouvent avant la faute du Veau d'or. Les juifs étaient alors tellement élevés que même leurs actions profanes étaient empreintes de sainteté à l'image du michkan qui représente le fait que la Présence Divine repose dans les actions profanes.
Dans cette situation, le Michkan devait précéder le Shabbat car les actions profanes de la semaine étaient déjà si élevées qu'elles pouvaient préparer le Shabbat et lui accorder encore plus de sainteté.
Mais après la faute du Veau d'or, le peuple est tellement descendu qu'il leur est devenu impossible d'élever les actions profanes. Désormais, on a besoin du Shabbat pour élever les actions profanes et leur permettre de devenir un Michkan. Dès lors, le Chabbat doit précéder le Michkan.
['Hidouché haRim]

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"Moshé rassembla toute la communauté des enfants d'Israël et leur dit : "Voici les paroles que D. [vous] a commandé d'observer ..." (Vayakhél 35,1)

+ Le Rabbi de Tchortkov = s'il existe des différences entre les hommes quant à leur compréhension profonde et leur intention au moment où ils accomplissent une mitsva, l'acte de la mitsva reste toujours le même pour tous.
Quand il s'agit "d'observer" les commandements, il est possible de rassembler toute la communauté des enfants d'Israël sans distinction.

+ Rachi = "Moché rassembla : le lendemain de Yom Kippour."
Ce n'est pas seulement la veille de Yom Kippour que chacun doit faire la paix avec son prochain.
Le lendemain de ce saint jour aussi, il faut aussi se rassembler et vivre dans la paix et la fraternité.

Source (b"h) : dvar Torah du Rav Yissa’har Dov Rubin (dans son livre : "Talélei Orot") + Rav Alexander Zoucha Friedman (dans son "mayana chel Torah")

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+ "Moshé rassembla toute la communauté des enfants d'Israël et leur dit : "Voici les paroles que D. [vous] a commandé d'observer ..."

-> C'est l'unique endroit dans toute la Torah où une paracha commence par : "rassembla" (vayakél) = tous les juifs se sont rassemblés ensemble.
Hachem a demandé à Moché de réunir de grands groupes de juifs tous les Shabbath dans les lieux d'étude (beit midrach) pour leur enseigner les mots de la Torah, ce qui est permis et interdit de faire.
De cette façon, le nom de Hachem sera loué parmi Ses enfants.
[Yalkout Chimoni]

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-> Rabbi 'Haïm Kanievsky (Taama Dékra) écrit que : "Celui profane [volontairement] en public le Shabbath est considéré par la loi juive comme un non-juif, et c'est comme s'il proclamait publiquement que Hachem n'a pas créé le monde.
A l'inverse, lorsque nous nous rassemblons ensemble en communauté pour étudier les lois de Shabbath, c'est comme si l'on proclamait publiquement que Hachem a créé le monde."

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+ "Moshé rassembla (vayakél Moché) toute la communauté des enfants d'Israël"

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°665) enseigne :
Le mot "Vayak'el" (ויקהל) se divise en deux :
- les lettres "vav youd" (וי) ont la valeur numérique du mot "tov" (en comptant le mot lui-même), ainsi qu’il est écrit (Michlé 4,2) : "Car je vous ai donné un bon (tov) cadeau, n’abandonnez pas Ma Torah."
- Alors que les lettres "kouf lamed" (קל) correspondent à ce qui est dit : "La voix (kol - קל) est la voix de Yaakov" (Béréchit 27,22).
On peut donc dire que la voix de Yaakov, qui est la voix de la Torah (appelée "leka’h tov", un bon cadeau) doit résonner et se faire entendre le Shabbat avec encore plus de puissance.
Le fait que la mitsva de Shabbat soit citée dans la parachat Vayakél fait allusion à ce sujet très élevé.

Jérusalem a été détruite parce qu’on n’y observait pas le Shabbat (guémara Chabbat 119b).
Or a priori, il semblerait que cette génération ait observé le Shabbat, mais le reproche qu’on lui fait est de n’avoir pas veillé à étudier la Torah le jour du Shabbat, ce qui est l’étude la plus élevée et la plus purifiée.
De plus, si un malheur arrive à quelqu’un, qu’il examine sa conduite et vérifie pourquoi cela lui est arrivé. S’il a cherché et n’a rien trouvé, qu’il le fasse dépendre de la faute de la négligence dans l’étude de la Torah (guémara Béra'hot 5a).
La négligence la plus grave en la matière est celle qui a lieu le Shabbat, car alors on a le temps, c’est pourquoi on doit consacrer ses moments libres à l’étude de la Torah le Shabbat.
[ex: en étudiant à Shabbath alors que nous avons du temps de libre, nous témoignons rétroactivement que nous aurions bien voulu étudier en semaine mais nous étions occupés (pour la parnassa, le train-train quotidien, ...)]

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-> "Pendant 6 jours tu feras ton travail et le 7e jour sera pour vous saint" (Vayakel 35,2)

Le Séfer Chaaré haKodech écrit au nom de nos Sages :
Quand quelqu’un consacre le jour du Shabbat à l’étude de la Torah, et que tous les jours de la semaine son cœur se soucie de ne pas avoir le temps d’étudier la Torah, et il attend et espère le jour du Shabbat, un tel homme, non seulement sanctifie de cette façon le jour du Shabbat et sa récompense est grande, mais il élève également en sainteté tous les jours de la semaine et reçoit une récompense comme s’il avait étudié pendant toute la semaine.

C’est la signification directe du midrach: "Si quelqu’un voulait faire une mitsva et il n’a pas pu la faire, la Torah le lui compte comme s’il l’avait faite".
C’est également la même chose dans le sens inverse. Si au moment où il a le temps d’étudier, par exemple le jour du Shabbat, il ne profite pas de ce temps pour étudier la Torah, alors non seulement on le punit pour ce moment-là, mais également pour les moments où il n’a pas le temps d’étudier, puisque même quand il a le temps, il ne le fait pas.

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-> b'h, à ce sujet de l'importance d'étudier pendant Shabbath : https://todahm.com/2018/03/05/shabbath-un-jour-special-pour-letude-de-la-torah

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-> Le Rama de Pano enseigne : quelqu’un qui délaisse l’étude de la Torah finit par se réincarner en poisson ; en effet, il est écrit : "Il expira et fut rassemblé à son peuple" (Béréchit 49,33), et à propos des poissons nous trouvons : "Faut-il leur rassembler tous les poissons de la mer?" (Bamidbar 11,22).
Et le Shabbat, toutes ces réincarnations trouvent leur réparation.
Donc quelqu’un qui mange un poisson, ce qui est une chose matérielle faisant partie du repas de Shabbat en l’honneur du saint Shabbat, fait un tikoun (réparation) à ce poisson, qui est dans sa racine une réincarnation spirituelle."
[rapporté par le rav David Pinto (la voie à suivre n°616)]

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-> "Pendant 6 jours tu feras ton travail, et le 7e jour est un Shabbat pour Hachem ton D." (v.35,2)

Le Maguid de Doubno enseigne :
Hachem a donné à l’homme une âme élevée, et pendant tous les jours de la semaine elle s’écarte de sa source en s’occupant des affaires profanes.
Mais le 6e jour, Hachem a donné une double part, pour que le jour du Shabbat nous puissions jouir des paroles du D. vivant, par l’étude de la Torah, afin de nourrir notre âme élevée.

C’est cela :
- "Pendant 6 jours tu feras ton travail" = cela signifie vaquer aux besoins du corps ;
- "Et le 7e jour est un Shabbat pour Hachem ton D." = le Shabbat est consacré à Hachem, c’est pourquoi Il t’a donné tout ce dont tu as besoin pour le jour du repos, afin que tu étudies la Torah : il faut aller au beit haMidrach, aller à des cours de Torah, et ne pas dormir le jour du saint Shabbat. Le Chabat est pour Hachem ton D.!

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-> "Moché rassembla toute la communauté des enfants d'Israël ... " (Vayakhél 35,1)

-> Le 'Hida explique le terme : "vayakel" (ressamebler - וַיַּקְהֵל) a la même guématria que le mot : "mikvé" (מקוה).
Ainsi, le Maître de l'univers nous a ordonné d'établir des rassemblements pour exposer et enseigner la Tora, et particulièrement le jour du Shabbath qui a une importance particulière et qui a la propriété de purifier l'homme comme s'il s'immergeait dans les eaux du mikvé.
[selon le Ben Ich 'Haï, la capacité de l'étude le jour du Shabbath est multipliée par 1 000.]

La coutume d’offrir un Talit le jour du mariage …

+ A propos de la coutume (de certaines personnes) que la Kalla offre au 'Hatan un Talit le jour du mariage (Sédei chemed - 'hatan vékalla 11) ...

Pourquoi une telle coutume?

1°/ La guémara Ména'hot 44a rapporte l'histoire d'une personne qui observait de façon méticuleuse la mitsva des tsitsit, et nous dit à quel point cela l'a sauvé de commettre un adultère.
Nous trouvons une allusion à cette protection dans un verset de Michlé : "Celui qui commet un adultère avec une femme, manque de cœur (lev)" (Michlé 6;32).
Le mot lév (cœur) a une valeur numérique de 32, comme les 32 fils des tsitsit (8 à chacun des 4 coins).

La kalla exprime ainsi au 'hatan, qu'il doit toujours lui être fidèle et lui fournit un talith, qui va l'aider à l'être.

2°/ Par le fait de transmettre un talith, la kalla exprime à son 'hatan les mots que Ruth a dit à Boaz : "daigne étendre le pan de ton manteau (kénafé'ha) sur ta servante" (Ruth 3;9), voulant lui dire : "s'il vous plaît, épousez-moi".

Le mot "kénafé'ha" pouvant renvoyer au Talith, la Torah disant : "Tu te feras des cordons en franges aux quatre coins (kanfot) du vêtement dont tu te couvres." (Dévarim 22;12).
De plus, ce verset est immédiatement suivi par : "si un homme a épousé une femme ..." (Dévarim 22;13), indiquant l’existence d'un lien entre le mariage et le talith.

3°/ A l'origine, 'hava et Adam étaient une même entité, tous 2 étant unis dos à dos.
Le talith étant porté sur le dos de l'homme, la kalla dit : bien que D. a séparé le 1er couple en 2 entités distinctes, j'espère, toujours, ne pouvoir former qu'une seule entité avec mon 'hatan.

Source (b"h) : traduction & adaptation personnelle d’un commentaire de Rabbi Moshe Bogomilsky

+ Dans la michna ouvrant la guémara Méguila, il est écrit : "la Méguila est lue le 11, 12, 13, 14 ou 15 du mois d'Adar, pas avant et pas après."

Quelle est la signification de ces 5 jours?

Si on fait l'addition des jours où la Méguila peut être lue (11+12+13+14+15), on arrive à 65, qui correspond à la valeur numérique du nom de D. : Ado-naï (à dire : "ado et puis naï" - 'אדנ).

Ce nom de D. accentue le fait qu'Il est le Maître suprême et incontesté du monde, ce qui est l'essence de l'histoire de Pourim racontée dans la Méguilat Esther.

 

Source (b"h) : traduction & adaptation personnelle d’un commentaire de Rabbi Moshe Bogomilsky