Aux délices de la Torah

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Tou Bichevat

+++ Tou Bichevat :

"Le 15e jour du mois de Chevat est "le nouvel an des arbres" (Guémara Roch Hachana 2a)

La Torah compare les Hommes aux arbres :
- "l'Homme est comme un arbre des champs ..." (Dévarim 20;19)
- "comme les jours des arbres seront les jours de mon peuple ..." (Yéchayahou 65;22)
- "Il sera tel un arbre planté au bord de l'eau ..." (Yirmiyahou 1;8)

= Pourquoi une telle comparaison (homme et arbre) ?

Pour survivre, un arbre a besoin, à l'image des êtres humains, des 4 éléments de base : le sol, l'eau, l'air et le feu (le soleil).

+ Le sol = le lieu d'absorption de la nourriture + le lieu d'ancrage des racines (permettant de résister face aux vents/intempéries de la vie).

+ L'eau :
Sans eau, l’arbre va flétrir et mourir.
La Torah est comparée à de l’eau, comme Moché le proclame : "Que mon enseignement s’épande comme la pluie" (Bamidbar 32;2).
La Torah confère de l’entrain et de la vitalité à l’esprit humain, elle permet un épanouissement dans la vie en déployant de la sagesse et des bonnes actions (sans elle, on est déshydraté et sans toute sa tête ...)

+ L'air :
La Torah (Béréchit 2;7) établit que D. a insufflé la vie en l’Homme.
Le terme hébraïque désignant la respiration (=néchima) est le même que celui désignant l’âme (=néchama).
Notre force de vie spirituelle provient, métaphoriquement, de l’air et de la respiration.

+ Le feu :
Les hommes ont également besoin de feu/de chaleur, pour survivre.
C’est la chaleur de l’amitié et de la communauté.
Les êtres humains absorbent l’énergie de leurs semblables, de leurs amis, familles, voisins et associés pour se forger une identité et la traduire en actes.

Le rabbi moché Bogomilsky donne des raisons sur la comparaison entre l'homme et l'arbre :
- Un arbre provient de la plantation d'une graine dans le sol.
Il est nécessaire d'arroser fréquemment le sol et de retirer les mauvaises herbes pour permettre à l'arbre de se développer.
Au sein de chaque juif, D. a implanté une âme.
L'Homme est obligé de l'arroser avec de la Torah et de se protéger en enlevant les mauvais amis et les mauvaises influences.

- un arbre en bonne santé ne cesse de se développer.
De même, un juif en bonne santé ne doit cesser de grandir spirituellement en étudiant la Torah et en faisant des mitsvot.

- Afin de s'assurer qu'un jeune arbre va grandir de façon droite, on l'entoure de 2 supports, un de chaque côté.
Afin de s'assurer qu'un jeune enfant grandisse de belle façon, les parents doivent toujours être à ses côtés et constamment le surveiller/superviser.

- La force d'un arbre dépend de la qualité de son enracissement.
Les racines d'un juif = sa émouna!!

- La beauté d'un arbre est les fruits qu'il produit.
Les mitsvot et les bonnes actions sont les fruits de l'homme.

Bonne année fructueuse à chaque arbre d'Israël et ainsi qu'à toute la forêt d’Israël!!!

Source : compilation (b"h) d'un dvar Torah du rabbin Shraga Simmons (aish.fr) + un dvar torah traduit de l'anglais du rabbi moché Bogomilsky

"Au plus profond de la colère existe le désir puissant que la personne (=l'objet de la colère) meure sur le champ!"

[Rav Wolbe - dans son livre le Alei Chour]

"Moché a dit au peuple : N'ayez crainte! ... D. combattra pour vous et vous, gardez le silence! (vé'atem ta'harichoun)" (Béchala'h 14,13-14)

Pourquoi Moché a rajouté "gardez le silence!"?

Le Midrach rapporte que le Satan (à prononcer en disant : Sa [et puis] tan) s'est plaint à D. que les juifs commettent de nombreuses infractions.
D. lui a répondu : "plutôt que de dire du mal à propos des juifs, comparons leurs actes avec ceux des non-juifs, et tu verras à quel point les juifs sont droits."

Cependant, D. a eu du mal à répondre aux plaintes du Satan concernant le fait que les juifs parlent pendant la prière, car les non-juifs ne discutent pas et se comportent bien/avec respect dans une église.

Ainsi, Moshé dit : "N'ayez crainte! ... D. combattra pour vous", mais la condition est : "gardez le silence!" (vé'atem ta'harichoun) durant la récitation de la prière et la lecture de la Torah, car lorsque vous bavardez/dites des paroles inutiles, D. trouve difficile de vous défendre face au Satan.

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++ Le fait de parler durant la prière entraîne 3 problématiques :
- interdiction de se conduire avec légèreté dans la synagogue.
On doit avoir le même respect pour la synagogue que pour le beit hamikdach.
- il est interdit de parler durant la prière ;
- notre attitude conduit à faire fauter autrui (car on entraîne d'autres à parler = effet boule de neige - ex : donne à autrui l'idée d'y parler, de participer à la discussion).
On réalise une sorte de 'hilloul Hachem en public.

Il faut être très vigilant car à force de faire une avéra, elle devient une chose autorisée (le yétser ara peut même nous faire croire qu'on réalise une mitsva! - que D. nous en préserve!!).

La Guémara Shabbath 32 = c'est à cause de 2 fautes que les ignorants sont condamnés à mourir :
- ils appellent l'arche sainte = l'armoire ;
- ils appellent le beit haknesset = lieu de réunion pour discuter, échanger des paroles comme au bar/restaurant.

La synagogue est le cœur de la vie juive collective, c'est un lieu de réunion de la communauté dans un but de faire un, par la prière, avec D.

Parler pendant la prière, c'est un signe de dédain, de mépris envers D. (j'ai mieux à faire!! il y a plus important/plus intéressant que D.!!), c'est renier la suprématie de D. dans notre échelle de valeur.

Il y a un temps pour tout dans la vie, et quand on prie, on prie de tout cœur (seul face à D., au sein d'une communauté unie vers D.) !!

Source (b"h) : traduction & adaptation personnelle : d’un commentaire de Rabbi Moshe Bogomilsky (livre : védibarta bam) [1ere partie] + d'un discours du rav Mévorah Zerbib [2e partie]

La manne …

+ La manne ...

Quand les juifs ont vu la manne, ils ont dit : "manne ou" (Béchala'h 16;15) = "c'est une nourriture" (le verset continue par : "car ils ne savaient pas ce que c'était").

La manne = l’abréviation des 2 mots : 'maasé nissim' (= quelque chose faite de façon miraculeuse).

La manne = l’abréviation de "Ma Névaré'h " (Quelle bénédiction doit-on réciter?)

En effet, ils ont demandé à D. : quelle est la bénédiction à faire?

"Moché leur dit : "c'est le pain (ou alé'hém) que D. vous a donné à manger"" (Béchala'h 16;15)

Alors, quelle est la bénédiction à faire pour manger de la manne?

== comme le pain venait du Ciel, ils devaient faire la bénédiction : "amotsi lé'hem min achamayim."

Source (b"h) : traduction & adaptation personnelle d’un commentaire de Rabbi Moshe Bogomilsky (livre : védibarta bam)

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->Selon la guémara (Taanit 24b), nous ne devons pas tirer profit d'un élément qui est le fruit d'un miracle.
Or, comme nous venons de le voir, le terme "manne" est l’abréviation des 2 mots : "maasé nissim" (= quelque chose produite de façon miraculeuse).
"Les enfants d’Israël se dirent les uns aux autres : "Qu’est ceci?" (מָן הוּא - manne ou)" (Béchala’h 16,15) = ils ne savaient pas s'ils leur étaient permis d'en consommer, puisque provenant d'un miracle. Moché leur a alors dit : "C'est le pain que Hachem vous a donné à manger" = ceci est une récompense du pain avec lequel Avraham a nourri ses invités (les 3 anges).
[De plus,] On peut profiter d'un miracle lorsqu'il s'agit d'une situation de vie ou de mort. C'est pour cela que la Torah écrit : "Il [Hachem] t'a affamé et Il t'a fait manger la manne" (Ekev 8,3), puisque vous étiez affamés, alors il vous était permis d'en manger.

[le 'Hida - Torat ha'Hida]

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-> Dans le désert, sur la manne, les juifs faisaient : "amotsi lé'hem mi achamayim", puis le birkat amazone.
Mais cela avait pour conséquence de ne pas pouvoir réciter toutes les autres bénédictions (ex: boré péri aéts, haadama, chéakol niya bidvaro, boré néfachot, ...) et également "achèr yatsar", puisque la manne n'entraînait pas de déchets.
La guémara (Yoma 4b) dit qu'avant que D. ne parle à Moché, lors du don de la Torah, Moché dut attendre dans la nuée 6 jours pour que disparaisse toute trace de nourriture et de boisson qui se trouvait dans ses intestins.
Or Moché ne mangeait que de la manne, qui est entièrement assimilée par les organes sans laisser de déchets.
Rabbi 'Haïm Kanievsky enseigne que Moché avait, semble-t-il, acheté de la nourriture aux non-juifs des environs, comme l'avaient fait les juifs.
Si Moché avait la possibilité de manger la manne, le pain spirituel que mangent les anges, pourquoi est-il allé acheter de la nourriture aux non-juifs?
Rabbi 'Haïm de répondre que Moché voulait gagner les bénédictions qu'il pourrait réciter sur ces aliments car, sur la manne, il ne disait que hamotsi et le birkat hamazone.
En achetant des aliments aux non-juifs, il a pu réciter la bénédiction de mézonot, haéts, haadama, boré néfachot et achèr yatsar.

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-> La guémara (Béra'hot 48b) enseigne que les juifs récitaient le Birkat haMazon après avoir mangé de la manne.

Selon nos Sages, la manne avait le goût de pratiquement tout ce qu'une personne peut désirer.
Rav 'Haïm Kanievsky s'interroge : Est-ce que la manne prenait le goût et également la composition de l'aliment désiré, ou uniquement son goût?

La manne ne pouvait pas avoir le goût d'aliments, tels que : les concombres, les melons, les poireaux, les oignions ou bien l'ail.
Puisque ces aliments ne sont pas sains pour les femmes allaitant des bébés, la manne ne pouvait pas avoir leur goût (selon Rachi - Bamidbar 11,5).

Or, comme ce n'est pas le goût qui est néfaste, mais la nourriture en elle-même, on peut en déduire que la manne changeait de goût et également de composition pour s'aligner sur l'aliment désiré.

Se basant sur cela, le rav 'Haïm Kanievsky dit que les juifs faisaient le Birkat haMazone uniquement lorsqu'ils mangeaient la manne en tant que pain (ayant ce goût et cette composition).

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+ "La maison d'Israël (beit Israël) donna à cette substance le nom de manne" (Béchala'h 16,31)

Le rav 'Haïm Kanievsky commente que "beit Israël" fait référence aux femmes (Rachi - Yitro 19,3).
Puisque les femmes sont généralement celles qui s'occupent de la préparation de la nourriture, elles ont eu le privilège de donner un nom à cette "substance" : la manne.

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-> Chaque jour, chaque personne recevait une portion unique de manne, qui tombait à une distance variable.
La guémara (Yoma 75a) rapporte que pour ceux qui étaient méritants, elle tombait immédiatement à l'extérieur de leur tente, mais pour ceux qui l'étaient moins, ils devaient marcher (plus ou moins loin) afin de la ramasser.
[la manne était un révélateur publique des fautes d'une personne, obligeant à faire tous les jours une téchouva totale, sous peine de subir une honte aux yeux de tous!]

Le rav 'Haïm Kanievsky s'interroge : dans la dispute avec Kora'h, pourquoi est-ce qu'on n'a pas regardé qui de Moché ou Kora'h avait sa manne qui tombait le proche de sa tente?

Et de répondre : lorsqu'une personne veut créer une dispute, elle va trouver tous les arguments possibles afin de l'alimenter, de repousser toute contradiction.
[par exemple, Kora'h pouvait argumenter que si la manne tombait plus loin de sa tente, c'était car il n'avait pas combattu Moché avec assez de forces!]

Ainsi, l'unique preuve était l'encens de l'offrande, qui avait le pouvoir de tuer toute personne n'étant pas autorisée à l'apporter.

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+ "Les enfants d'Israël se dirent les uns aux autres : "Qu'est ceci?" car ils ne savaient ce que c'était" (Béchala'h 16,15)

-> Rabbi Mendel de Rimanov enseigne :
La manne qui tombait pour les juifs dans le désert, était une nourriture Céleste, un aliment spirituel, la subsistance des anges.
Elle avait un impact si incroyable sur les gens l'ayant mangée, qu'ils en étaient modifiés (même) physiquement, devenant méconnaissables pour leur prochain.
C'est pour cela que le verset déclare : "ils se dirent les uns aux autres : Qu'est ceci?", et ce n'est qu'après que Moché leur explique : "c'est l'aliment que Hachem vous a donné à manger", qu'ils ont compris.

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-> "Voici ce que D. a ordonné : chaque homme prendra autant qu'il a besoin, un omer par tête, selon le nombre de personnes que chaque homme a dans sa tente" (Béchala'h 16,16)

-> Ce verset contient toutes les lettres de l'alphabet hébreu, qui composent la Torah.
C'est là un signe que si un homme s'adonne à l'étude de la Torah, il obtiendra sa subsistance sans effort, comme les juifs dans le désert.
[Baal haTourim]

-> Puisque Hachem octroya à chacun une quantité suffisante de manne, les enfants risquaient de ne plus respecter leurs parents. En effet, s'ils étaient capables de ramasser leur propre nourriture, ils pourraient devenir totalement indépendants.
Hachem ordonna donc que seul le chef de famille cueillît la manne afin que soit préservé le respect qui lui était dû.
['Houpat Eliyahou]

Juger son prochain favorablement

+++ Juger son prochain favorablement :

+ "Bétsédek tichpot amité'ha" = Juge ton prochain avec droiture (Paracha Kédochim 19,15)

La Guémara Chevouot 30a explique ce passage = Juge ton prochain favorablement.
Rachi = le texte ne parle pas d'un jugement au tribunal mais d'un homme qui verrait son prochain accomplir un acte que l'on peut interpréter positivement ou comme une avéra : 'qu'il l'interprète positivement et ne soupçonne pas la avéra'.

Cette mitsva s'appelle : "Ladoune lékaf zé'hout" = juger son prochain du côté favorable.

Selon le Rambam = c'est une des mitsvot de la Torah les plus difficiles à appliquer car la nature humaine tend souvent à s'y opposer!
Cependant, c'est une faute grave que de juger négativement et le fait de soupçonner une personne cachère est l'un des interdits dont la Téchouva est impossible (car il est dur de se rappeler de tous ses mauvais jugements et de les remettre en cause).

S'agissant d'une mitsva de la Torah (d'après de nombreux décisionnaires), il vaut mieux avoir jugé notre prochain favorablement et découvrir ensuite qu'en fait, il avait fauté.
Ainsi, nous aurons accompli la mitsva et gagné par notre attitude un mérite extraordinaire.

En effet, il est connu que == "Celui qui juge son prochain favorablement [mesure pour mesure], qu'On le Juge ainsi dans le tribunal céleste" et inversement, celui qui est pointilleux sur le comportement de ses semblables, mérite que l'On soit pointilleux avec lui dans le tribunal céleste (que D. nous en préserve!).

+ On apprend cette mitsva (Juger autrui du "côté méritoire") dans la paracha Kédochim, qui débute par : "Soyez kédochim (élevés/saints) car je suis Kadoch (élevé/saint)."

Ceci est étonnant car c'est l'une des parachiyot qui contient le plus de mitsvot entre l'homme et son prochain (ben adam la'havéro), alors qu'on aurait pu penser que l'acquisition de la sainteté devrait plutôt passer par l'observance des lois entre l'homme et D. (ben adam laMakom).

On en apprend que notre élévation spirituelle est étroitement liée à notre comportement avec nos semblables!

La relation avec notre prochain demande peut-être encore plus d'efforts et de travail que notre relation avec D.

En effet, avec D. nous sommes des "receveurs" et avec autrui, il faut faire preuve de beaucoup d'humilité et de bonne volonté car chacun veut imposer sa volonté et s'élever au-dessus de l'autre.
[Il est facile de juger l'autre négativement, le rabaissant pour mieux se valoriser et se dire qu'on est quelqu'un.
Mais, être prêt à renoncer à ce besoin de se sentir meilleur, afin de donner de l'honneur à autrui, c'est nettement plus dur!]

+ Le Rav Dov Yafé = lorsque que l'on cherche un objet précieux/de valeur que l'on a perdu, on va le chercher et le rechercher dans tous les coins pour le retrouver.
A plus forte raison, l'honneur de notre prochain doit être tellement précieux à nos yeux, qu'on cherchera toutes les possibilités/cheminements pour le juger favorablement.

+ Guémara Shabbath 127a = "Juger son prochain favorablement fait partie des mitsvot qui donnent à celui qui les accomplit un salaire sur terre, tout en lui laissant son capital intact pour le monde futur".

+ Quelques conseils = peut-être qu'il est en droit d'agir ainsi, peut-être qu'il ignore que c'est interdit, peut-être qu'il n'est pas conscient de la gravité de son acte, peut-être qu'il nous manque des éléments (circonstances atténuantes, contexte particulier,...)

Tâchons d'appliquer le verset = "Ne juge pas ton prochain avant d'arriver à sa place!" (Avot 20-5)

+ Le 'Hafets 'Haïm a écrit :
Voici que l'homme doit énormément se renforcer dans la mida (qualité) de juger son prochain favorablement, car c'est par cette mida que l'on peut acquérir le titre de tsadik (juste) ou par son absence celui de racha (impie), aux yeux de D., et pour l'éternité.

Qu'est-ce qui permet à un homme de mériter que D. le juge avec indulgence et non avec rigueur?

== l'indulgence que lui-même aura eu en faveur de son prochain.

D. juge une personne de la même manière qu'elle-même juge les bné Israël.

Le 'Hafets 'Haïm conclut en disant : "que l'Homme sache qu'au moment même, où il s'occupe de trouver les points positifs ou les justifications des actes de son prochain (ou le contraire), il prépare son propre jugement."
[Chmirat halachone - Chaar atvouna chap.4]

+ A SAVOIR :
Cette mitsva (juger favorablement) s'applique seulement à une pensée.
A partir du moment où nous exprimons notre jugement verbalement, nous transgressons des interdits bien plus graves, tels que le lachon ara (médisance) ou la ré'hilout (colportage).

La Torah distingue 3 catégories de personnes :
- le talmid 'ha'ham = le vrai érudit possédant beaucoup de crainte de D.
Il devra être jugé favorablement dans tous les cas, même si une situation laisse penser qu'il a commis une faute, il faudra essayer (dans la mesure du possible) d'interpréter son acte comme une chose permise.

D'ailleurs la Guémara béra'hot 19a va jusqu'à dire = "si tu as vu un Talmid 'ha'ham accomplir une vraie faute la nuit, ne le suspecte pas un instant le lendemain, car il a déjà fait téchouva".

[Le Rav Outner dit que ce n'est pas une coïncidence si dans la amida la bénédiction qui suit celle de la Sagesse de la Torah est celle de la Téchouva (où nous disons : "ramène-nous, notre Père, vers ta Torah" car la Torah nous ramèneras de façon certaine vers D.).
En effet, la Torah que le vrai érudit étudie quotidiennement, a la propriété de ramener vers le bien immédiatement.]

- le "bénoni" = l'homme moyen, qui, en règle générale, fait attention à ne pas trop fauter.
Nous avons une obligation de faire pencher notre jugement du côté du mérite seulement si son acte est neutre (= il peut être interprété de manière positive ou de manière négative).

Si son acte penche plutôt vers la faute, il n'y a pas d'obligation de l'interpréter positivement.
Il est tout de même conseillé de lui accorder le bénéfice du doute et de ne pas le considérer comme un impie (racha) en notre for intérieur.

Celui qui veut appliquer cette mitsva avec une mesure de piété supplémentaire, pourra juger l'homme moyen favorablement même dans ce cas.

- le vrai Racha = l'impie notoire = celui qui a l'habitude de "fauter" même en connaissance de l'interdit.
Il devra être jugé défavorablement car il est interdit de juger favorablement un homme qui peut entraîner ou influencer des juifs à fauter.

[Le 'Hazon Ich explique qu'il n'y a plus de "réchaïm" aujourd'hui chez les juifs, même parmi les personnes les moins pratiquantes de notre peuple]

Dans tous les cas, si j'ai le droit de penser qu'il est "coupable" et que je dois me méfier de lui, je n'ai pas le droit de le haïr, de me venger ou de faire de la médisance (lachon ara) sur lui [sauf sous 6 conditions détaillées dans le 'Hafets 'Haïm].

Au contraire, à l'image de D., je dois espérer et prier pour qu'il fasse Téchouva et revienne sur le bon chemin.

Source (b"h) : compilation du livre : "la Mitsva et son histoire" de C. et J.Hagège

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-> "Celui qui ne reconnaît pas les bontés de son prochain en viendra à ne pas reconnaître les bontés de D."

[midrach haGadol - chémot 1,8]

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+ A savoir :
1°/ Lorsque l'on juge quelqu'un favorablement, on attire ce même jugement sur nous-mêmes.
Le Baal Chem Tov explique que lorsque l'on veut juger d'en-Haut la faute d'un homme, on le place dans une situation où il verra son ami faire cette même faute et on observe de quelle façon il jugera celui-ci.
De la même façon qu'il jugera son prochain, on le jugera d'en-Haut sur cette faute : s'il l'a jugé avec rigueur, lui-même sera jugé avec rigueur et s'il l'a jugé favorablement, il sera jugé favorablement.
Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachone) d'écrire :
"Si son habitude était de juger favorablement, il sera jugé de la même façon, mais si son habitude était d'accuser ses semblables et de parler d'eux négativement, les anges aussi parleront de lui négativement.
Il faut donc que l'homme soit vigilant sur ses pensées parce qu'au moment où il juge son ami, ses décrets peuvent se retourner contre lui."
=> Il en ressort que les sentences que nous décrétons à l'égard des autres nous sont en fait destinées!
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Le Baal Chem Tov enseigne que lorsqu'une personne meurt, son âme monte dans le tribunal d'en-Haut, et elle doit y subir un jugement.
On lui monde la vidéo de toutes ses années de vie.
Chaque action, chaque mot et chaque pensée passent devant ses yeux. Tout est très réel et clair.
Alors, on demande à cette personne de juger tout ce qu'elle a vu, déterminant ainsi son propre verdict.

On est dans le monde de Vérité et on ne peut y dire que la vérité.

Si durant sa vie cette personne était habituée à juger autrui favorablement, alors son âme va automatiquement n'avoir que des choses favorables à dire, même concernant ses méfaits.

Mais si elle était habituée à critiquer et condamner les actions de autres, alors elle va se juger elle même d'une façon identique.

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2°/ La mystique juive nous enseigne que le Satan ne peut accuser quelqu'un sans témoin et lorsque nous jugeons quelqu'un défavorablement, nous nous associons au Satan sans le savoir puisqu'il utilisera notre témoignage.
Le Baal Chem écrit à ce sujet :
"Lorsque le Satan veut accuser un enfant d'Israël devant Hachem, D. le fait taire en demandant qu'il y ait 2 témoins.
Mais lorsqu'un juif interprète les actes de son ami négativement, ne serait-ce que par la pensée, il réjouit le Satan, car il a trouvé un témoin et son accusation sera acceptée.
Par cet acte, il s'associe au Satan pour accuser son ami".
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-> Rabbi Aharon Rokéa'h habitait en plein centre de Tel Aviv et, de son appartement, on entendait le Shabbath les bruits des voitures passer au-dehors.
Il disait : "Mazal Tov! C'est certainement une femme qui doit accoucher qu'on conduit à l'hôpital en voiture!"
Un Shabbath, un bruit retentissant de moteur s'est fait entendre : un camion semi-remorque passait sous ses fenêtres.
Comme à son habitude, Rabbi Aharon a dit : "Mazal Tov!", mais les personnes présentes ont répliqué : "Mais c'est un camion qui passe!"
Le Rabbi leur a répondu : "Et si le chauffeur n'a pas de voiture, il doit laisser sa femme à la maison?"

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-> Lorsque nous jugeons autrui favorablement, cela l'inspire à changer [positivement].
[rabbi Na'hman de Breslev]

+ "Voyant les Égyptiens [litt. l’Égypte] à leur poursuite, le peuple fut rempli d'effroi." (Béchala'h 14;10)

Rachi = [les Égyptiens se lancèrent à la poursuite des enfants d'Israël] avec un seul cœur, comme un seul homme.

Sur l'arrivée des enfants d'Israël au mont Sinaï ("Israël campa là" - Paracha Yitro) :
Rachi = comme un seul homme, avec un seul cœur.

Comment expliquer l'emploi des termes en sens inverse/contraire?

Le Rabbi de Sokhatchov (auteur du Avnei Nézer) donne l'explication suivante :
- A la racine, les enfants d'Israël sont réellement comme un seul homme.
Il ne leur manque qu'une volonté commune et un seul cœur pour être unis comme un seul homme.

- Quant à elles, les nations sont séparées à leur racine ; c'est uniquement leur cœur et leur volonté d'obtenir la même chose qui fait d'elles un seul homme.

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Le Maor vachéméch pose une question sur ce verset : "le peuple fut rempli d'effroi. Les enfants d'Israël crièrent vers D." (14;10) :

Pourquoi ils crièrent vers D.?

= car un homme craignant vraiment D. a honte d'avoir peur d'autre chose que de D.
Ainsi, les bnei Israël crièrent car ils étaient contrariés d'avoir eu peur d'êtres humains, comme eux.

 

Source (b"h) : le livre "Mayana chel Torah" du Rav Alexander Zoucha Friedman

 "On demanda à Rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk : où se trouvait D. ;
ce à quoi, il répondit : "Où ne se trouve-t'Il pas?!"

Les ségoulot …

+ Les ségoulot ne doivent pas se substituer au bon sens dans la vie ...

1°/ Un homme interrogea le Rabbi de Loubavitch sur le sens de la ségoula consistant à plier son talith dès la sortie de Shabbath, comme signe favorable pour que la paix règne dans le foyer.

Le Rabbi répondit : "Après la sortie de Shabbath, il existe une ségoula propice à une bonne entente entre les époux : plier ses manches et les retrousser pour aider sa femme!"

2°/ A la veille de son mariage, un jeune homme alla trouver l'Admour de Przeworsk, Rabbi Yaakov.
Il lui demanda de lui indiquer une ségoula pour que la paix règne dans sa maison (pensant apprendre un verset à dire en cas de querelle afin de ramener la sérénité, ...).

Rabbi Yaakov le prit par la main et le conduit à la cuisine : "Le matin, lorsque tu boiras ton café avant d'aller prier, ne laisse pas ta tasse et ta cuillère sales dans l'évier. Lave-les, essuie-les, puis remets-les à leur place dans le placard. C'est là une excellente ségoula, un moyen de faire régner la paix dans ta maison ..."

 

Source : issu du livre "Comment maîtriser la colère?" du Rav Avraham Sitbon

+ Les lettres du mot : שכל (ché'hel = l'intellect) sont les mêmes que celles du mot כשל (=trébucher/échec).
Ainsi, la logique, la réflexion peut être préjudiciable pour servir D.

Il est écrit : "Car vos pensées ne sont pas mes pensées, ni vos voies ne sont mes voies, dit D." (Yéshayahou 55;8)

Arrêtons de nous prendre pour plus intelligent que D., et appliquons pour notre intérêt (D. n'a besoin de rien!), la phrase que nous avons tous dit : "nous ferons et nous comprendrons".
[et non l'inverse ...]

 

Source : sur une idée originelle d'un commentaire du Rabbin Gérard Touaty

Bo – les matsot

++ Bo - les matsot :

+ "Vous garderez les matsot" (ouchmartém ét amatsot - וּשְׁמַרְתֶּם אֶת הַמַּצּוֹת - Paracha Bo 12;17 )

En changeant la ponctuation, on peut lire ce verset : ouchmartém et amitsvot = vous garderez les mitsvot (le mot matsot pouvant être lu mitsvot).
Ainsi, de même, qu'on ne laisse pas lever/fermenter une matsa, on ne diffère pas l'accomplissement d'une mitsva.

Si une mitsva se présente à nous, il convient non seulement de la pratiquer sans délai et ne pas la retarder, mais mieux encore, de se précipiter pour l'accomplir.

On n'accomplit pas une mitsva avec un air de contrariété mais plutôt avec joie et enthousiasme ("Servez D. avec joie" - Téhilim 100;2)

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+ "Le 1er mois, le 14e jour du mois, vous mangerez des matsot (מצת)" (Paracha Bo 12;18)

Dans ce verset, le mot matsot est écrit sans la lettre vav.
Les 3 lettres, constituant ce mot, permettent de former : "Tsédaka tatsil mimavét" (צְדָקָה תַּצִּיל מִמָּוֶת - Michlé 10;2) = le don de la tsédaka sauve de la mort.
Le lien entre 'matsot' et 'tsédaka' fait allusion à la coutume répandue depuis des générations, d'être particulièrement généreux dans le don de la tsédaka à Pessa'h (ex: les paniers de Pessa'h).

Le don de la tsédaka et la consommation de la matsa, préservent tous 2 de la mort.

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+ "Vous ne mangerez d'aucune pâte levée, dans toutes vos demeures vous consommerez des matsot." (Paracha Bo 12;20)

Contrairement aux interdits de la cacherout, où il est admis qu'une quantité inférieure à 1/60e introduite par inadvertance puisse être tolérée, en matière de 'hamets, aucune quantité n'est tolérable.
Il est interdit de manger ou de posséder la moindre quantité de 'hamets, même la plus infime.

Il y eut des périodes où il était très difficile de s'acquérir de la matsa.
On consommait alors une quantité minimale de matsa de 1 ou 2 olives (kazayit) le 1er soir, pour s'acquitter de l'obligation de consommer la matsa, et le reste de la fête, on se nourrissait de fruits, légumes, viandes et poissons.

Cette particularité de l'interdiction du 'hamets, même en quantité infime, correspond à la similitude qu'on peut établir entre le 'hamets et le mauvais penchant.
Si on laisse lever le 'hamets, il est envahissant.
De même, si on laisse s'introduire en nous le mauvais penchant, ce dernier finira par prendre des proportions démesurées et nous envahir.
C'est pour cela que le 'hamets est interdit même en quantité infime et qu'il faut se préserver du mauvais penchant depuis le départ.

On peut noter que les mots חמץ ('hamets) et מצה (matsa), ont pour seule différence que l'un est écrit avec un ה et l'autre avec un ח , signifiant ainsi que le mal peut être déguisé et paraître comme un bien.

En effet, la différence entre ces 2 lettres tient à un tout petit espace vide (hé de matsa), d'où la nécessité d'être vigilant et de prendre toutes les précautions.

Le 'hamets représentant le mal, la lettre 'hét comporte une grande ouverture par le bas, qui constitue une large issue donnant accès au mauvais penchant.
La seule issue ouverte est vers le bas, signe que le yétser ara n'a aucun désir de nous quitter et souhaite nous maintenir plus bas que bas.

Tandis que la lettre hé de matsa comporte 2 issues (en bas et en haut) : nul n'étant infaillible, une fois le mauvais penchant entré par la grande porte du bas, il faut le combattre et s'en débarrasser par l'issue de secours, celle du haut .
Ainsi, le hé est ouvert sur son côté gauche, en haut, pour nous signifier que si on est tombé dans sa avoda Hachem (=fauter), il y a toujours une entrée/possibilité de faire Téchouva.
De plus, dans notre vie, il faut toujours avoir une fenêtre/ouverture vers le haut/ciel, vers D. (gratitude, intégrité/bonne foi avec D., …).

=== La différence entre ces 2 lettres/mots est le fait de boucher cette fenêtre du haut!

A l'image de la matsa qui est faite d'eau (venant du ciel - spirituel) et d'un céréale (venant de la terre - matériel), laissons D. illuminer notre vie quotidienne d'une façon pure, sans aucune interférence/'hamets.

Par ailleurs, on constate que le mot matsa = 135 = valeur numérique du mot קלה (à la légère) = nous mettant en garde de ne pas prendre les commandements à la légère.

Concernant le 'hamets, il est d'autant plus facile de transgresser ce commandement que cette même nourriture est permise toute l'année.
Il faut s'en souvenir et doubler de vigilance pour ne pas la consommer pendant les 8 jours de Pessa'h.

On ne peut pas vaincre son inclinaison naturelle au mal (yétser ara) sans l'aide de D. et sans appliquer le : éloignes-toi du mal et fais le bien!

Le yétser ara est comme une mite, qui bien qu'étant minuscule/invisible à l’œil nu, peut arriver à terme à faire s’effondrer le plus grand/solide des immeubles (en mangeant incognito miette par miette les fondations!).

Souvent, on a tendance à relativiser une attaque du yétser ara : il n'y a pas de dégât apparent, alors pourquoi s'inquiéter!
Mais en regardant de plus près, chaque attaque conduit à accentuer une petite fissure/faille qui avec le temps va s'accentuer, pour finir par nous faire tomber.

Source: compilation & adaptation de commentaires issu du livre "Guévourot aTorah" de Gabriel Cohen (+ reprise d'une idée émise par le rav Ron Chaya)