Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Chaque année, pendant ces jours-ci, qui sont ceux de Ben Hametsarim (entre le 17 Tamouz et le 9 Av), a lieu un dévoilement immense de la bonté Divine, car on sait que tout se déroula pour le bien d’Israël lorsque D. jeta sa colère sur du bois et des pierres et évita par là l’anéantissement du peuple juif. Et cela eut lieu parce qu’un immense amour se réveilla à ce moment, dans les mondes supérieurs.
C’est pour cette raison que, chaque année lorsque cette période arrive, la même influence se reproduit, cet amour à notre égard se réveille à nouveau, et une grande bonté et une grande miséricorde se déversent alors sur nous et sur tout le peuple d’Israël."
[rabbi Its'hak de Nach'hiz]

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
"Ben Hametsarim est un temps de deuil et de peine en raison de la destruction du Temple qui fut le joyau de notre splendeur.
Néanmoins, nos Sages nous enseignent (Eikha rabba 4,14) que cette destruction contenait un immense bienfait et fut une source de salut pour le peuple d’Israël. En effet, "Hachem jeta alors sa colère sur du bois et des pierres, et non sur son peuple!

Le Imré Noam (paracha Massé) rapporte à ce sujet un enseignement du Arizal selon lequel les mois de Tamouz et de Av sont à mettre en relation avec les yeux.
Et il explique que c’est "pour nous faire savoir que le Créateur ne retire jamais Sa protection ni Sa miséricorde de Son attention, même durant cette période.
Car la source de tout cela demeure la miséricorde Divine, à ceci près qu’elle est dissimulée et non révélée aux yeux de tous."

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[d'un côté, on doit s'attrister que nos fautes ont entraîné la destruction du Temple et un éloignement avec Hachem, mais dans la souffrance Hachem est encore plus proche de chaque juif (ressentant leur douleur), et ainsi cette période difficile est également une source de réconfort car nous voyons "yeux dans les yeux" (Tamouz et Av renvoyant à l'œil), que Hachem nous aime, qu'Il sera toujours notre Père aimant (ménah'em av = on se réconforte à l'idée d'avoir un tel papa!).
Particulièrement durant cette période (ben hamétsarim), on doit obscurcir notre monde (le Temple n'étant plus là), et de là on voit à quel point Hachem est une lumière dans notre vie, à quel point Il compte sur nous, Il nous aime et veut notre ultime bien, Il peut tout faire, ... ]

Le 9 Av = un jour de joie

+ Le 9 Av = un jour de joie :

-> Le midrach (Bamidbar rabba 13,5) dit que le 9 Av n'est pas un jour tragique et douloureux, mais plutôt un jour de joie, un jour où nous devrions être plein de joie.

-> Le 'Hatam Sofer rapporte que Ruth s'est marié et a consommé son mariage avec Boaz le soir du 17 Tamouz. Boaz est ensuite mort.
Ainsi, le 17 Tamouz est l'initiation de la descendance de la dynastie de David, commençant avec la naissance de Oved (grand-père de David), et qui comprend le machia'h.
Le 'Hatam Sofer dit que cela illustre le fait que Hachem fournit le remède avant le malheur.

-> L'après-midi du neuf Av, est né le machia’h (guémara Yérouchalmi Bérakhot 2,4).

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach - 2e partie - amoud.104) ajoute l'idée que le machia'h, qui célèbre son anniversaire le 9 Av, a été en réalité conçu le 10 Tévét, le jour où le siège de Jérusalem a commencé.
[cela illustre que dans nos tragédies, réside déjà le remède qui nous amènera la joie de la Délivrance.]

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+ L'incroyable enseignement du 'Hatam Sofer :

-> Le ‘Hatam Sofer (Drouch du 7 Adar 5587) écrit que lors de la destruction du Temple, les fautes des Bné Israël furent expiées, comme l’écrit Rachi (sur Yé'hezkiel 20,5 inspiré du midrach Vayikra rabba 7,1) : "Cette haine (suscitée par les Bné Israël lors du veau d’or) était réprimée par Hachem depuis près de 900 ans, depuis la sortie d’Egypte" (jusqu’à la destruction du Temple).
Il est également rapporté
dans un autre midrach (Esther Rabba Péti’ha 11) à propos du verset : "Et voici que lorsque Jérusalem fut assiégée" (Yirmiyahou 38) que "même ce verset n’est pas un malheur mais une joie", car en ce jour, Ména’hem (le Machia’h) est né et Israël a payé sa dette pour ses fautes.
C’est ce qu’enseigne Rabbi Chmouël : Israël a payé une grande dette pour ses fautes au moment où le Temple a été détruit, comme il est dit (Eikha 4,22) : "Ta faute est expiée, fille de Sion".

Le ‘Hatam Sofer poursuit : "C’est pourquoi, si je ne craignais pas (de l’innover), je dirais que le jour du 9 Av en lui-même est un jour de joie et d’allégresse puisqu’il est dit à son sujet : "Ta faute est expiée, fille de Sion, Il ne continuera pas à t’exiler". Mais le deuil et les pleurs de chaque année portent sur la nouvelle destruction, par nos grandes fautes. Car chaque jour, la malédiction est plus grande que la veille et c’est comme si chaque année, le Temple était à nouveau détruit.
Cela signifie qu’il conviendrait en réalité de se réjouir en ce jour sur la destruction passée, mais, comme nos fautes ont retardé le terme de notre délivrance et ajoutent de l’affliction à nos péchés, le deuil actuel repousse la joie passée".

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-> Rabbi Pin’has de Koritz (Imré Pin’has, Ticha béAv 388 ) explique pourquoi le 9 Av est appelé un Moed. Il explique que pour créer, il faut d’abord qu’il y ait destruction. Il en va de même pour le ‘hourban (destruction) où la grande lumière de machia’h (voir midrach Tan’houma, Nasso 11) est précédée par la destruction du Temple.
La destruction du Temple qui s’est réellement produite ce jour-là est donc en fait une partie cruciale de la rédemption. Le but ultime de ce jour spécial est de devenir un Moed, destiné à être le jour où Hachem révèlera Sa lumière. C’est donc intrinsèquement un jour où la célébration est de mise.

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+ La joie au milieu de la douleur :

-> Se souvenir de la destruction de Jérusalem est un cause de chagrin. Pourtant, nous prions pour la reconstruction de Jérusalem à Moussaf de Shabbath, lorsque la tristesse est interdite et que la joie est obligatoire.
=> Comment concilier ces 2 émotions contradictions?

Le visage du 'Hazon Ich rayonnait de joie même lorsqu'il parlait de sujets tristes.
Interrogé à ce sujet, il expliquait : dans Eikha, le prophète Yirmiyahou se lamente de la destruction de Jérusalem, qu'il a pu vivre. Sans aucun doute, lorsqu'il écrit : "[Jérusalem] pleure amèrement dans la nuit et sa larme est sur sa joue" (Eikha 1,2), ainsi Yirmiyahou lui-même pleurait sur cette tragédie.
Pourtant, il a écrit ces mots avec l'inspiration Divine, qui ne peut venir que lorsque le prophète est dans un état de joie.
Nous voyons de là qu'il est possible d'avoir simultanément 2 émotions contradictoires : une personne peut pleurer amèrement sur la destruction de Jérusalem, et en même temps être dans un état de joie.

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+ La lecture de la méguilat Eikha après la venue du machia'h :

-> Des 'hassidim ont un jour demandé à Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev, le défenseur du peuple juif : "Rabbi, lirons-nous encore le livre d’Eikha lorsque la Délivrance complète aura eu lieu?"
Il leur a répondu : "Bien sûr, et nous ferons même, pour sa lecture, la bénédiction de Chée'héyanou!"
Ils se sont étonnés : "Comment cela sera-t-il possible?".
Il a alors expliqué : "Après la Délivrance, nous le lirons d’une autre manière ... Ainsi, nous lirons toute cette Méguila avec une nouvelle signification et ce sera un réel bonheur".

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-> Après la rédemption finale, le livre des Lamentations (Eikha) sera réinterprété comme un livre de la rédemption.
[Ben Ich 'Haï - Né'hamat Tsion]

-> Le jour du 9 Av, nous lisons le livre d'Eikha, qui pleure la destruction du Temple, la chute de Jérusalem et l'exil du peuple juif, tout cela au niveau de pschat (sens simple).
Pourtant, en utilisant le niveau d'interprétation drouch, le Ben Ich 'Haï transforme les versets d'Eikha en une description joyeuse de la future rédemption.
En fait, son commentaire d'Eikha s'intitule : "Né'hamat Tsion" (Réconforter Sion).

-> ainsi selon le Ben Ich 'Haï (introduction à son commentaire sur Eikha - Né'hamat Tsion), à l'époque du machia'h, la méguilat Eikha changera, prenant un sens optimiste et joyeux. Elle sera remplie de bénédictions et de réconfort.

De même, Rabbi Binyamin haCohen Vital (dans son commentaire Alon bakhout) présente une approche où il explique les versets de la méguilat Eikha avec un message positif, optimiste et réconfortant.

On a pu voir que Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Likoutim 'hadachim sur le 9 Av) écrit que lorsque le machia’h arrivera, notre lecture de la méguilat Eikha justifiera une bénédiction de Chéhé’hiyanou, réservée aux mitsvot accomplies avec joie.
Eikha n’aura plus de tonalité triste ; au contraire, ce sera une source de réconfort et de joie. De toutes les Méguilot, Eikha sera la plus heureuse. Elle sera lue comme une déclaration de la gloire et de la grandeur qui imprégneront Jérusalem.
Eikha sera comprise comme une comparaison de Jérusalem en temps de ruine avec son état reconstruit.

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Par exemple :

-> Le Ben Ich ‘hai (Né’hamas Tsion, Eikha 1,1) explique comment le 1er passouk d’Eikha sera compris à l’avenir. Il dit que tout comme le peuple juif atteindra une importance spirituelle indépendante et inhérente, il en sera de même pour Jérusalem.
Généralement, indépendamment de la taille et de la population d’une ville, elle dépend presque toujours des ressources des autres villes. Aucune ville ne cultive tous les types de produits ou ne possède toutes les ressources naturelles pour répondre aux besoins de ses habitants. La prophétie de Yirmiya sur Yerouchalayim est une vision de son autosuffisance future.

Ainsi, nous devons comprendre les premiers mots d’Eikha : "eikha yachva badad" (איכה ישבה בדד - le sens simple est : "Hélas! Elle est assise dans la solitude") = Comment se fait-il que Jérusalem soit seule, c’est-à-dire complètement autonome. Toutes les matières premières, les produits nécessaires seront disponibles dans la ville!
Dans le passé, Jérusalem, comme toutes les autres villes, devait compter sur les importations, mais lorsque le machia’h viendra, les gens se demanderont comment Jérusalem échappe aux limitations affectant les autres villes du monde.
Peut-être qu’on avancera la faiblesse démographique de Jérusalem comme tentative d’explication. Mais la suite du verset d’ouverture (1,1) le dément : "a'ir rabatu am" (העיר רבתי עם - la ville sera populeuse) mais cela n’impactera pas son autosuffisance.
Combien de personnes y aura-t-il? Les mots suivants répondent à ceci : "ayéta kéalmana (היתה כאלמנה - le sens simple est qu’ "elle est devenue comme une veuve") le mot "almana" (אלמנה) peut être vu comme la contraction de אל מנה (qui ne peut pas être comptée). C’est-à-dire qu’il y aura tellement de gens dans la future Jérusalem que l’on ne pourra les compter.
Les juifs seront aussi abondants que les grains de sable. (voir Ochéa 2,1)

-> Un autre exemple de la façon dont un verset de Eikha sera compris à l’époque du machia’h est : "La fille de Tsion a vu partir toute sa splendeur ; ses princes, tels des cerfs qui ne trouvent pas de pâturage, s'avancent à bout de forces devant qui les pourchasse" (Eikha 1,6)
[ויצא מבת ציון כל הדרה היו שריה כאילים לא מצאו מרעה]
Ses chefs étaient comme des cerfs qui ne trouvaient pas de pâturage. Ce verset déplore la gloire ayant quitté Tsion.
Le Ben Ich ‘hai (Né'hamat Tsion Eikha 1,6) explique ces mots concernant l’avenir. La Torah est présente dans le monde entier, mais idéalement, doit émaner de Jérusalem : la Torah sortira de Tsion et la parole d’Hachem de Jérusalem (ki mi tsion tétsé Torah ... - Yéchayahou 2,3)
Quand le machia’h viendra, le centre de l’étude de la Torah sera à Jérusalem et c’est de là que la Torah se diffusera du monde entier.
on a : ויצא מבת ציון כל הדר ה =Toute la gloire et la majesté de la Torah émaneront de Tsion et de là, la Torah se répandra au reste du monde.
et : היו שריה כאילים לא מצאו מרעה = (les dirigeants des juifs seront perdus et erreront sans but) : de nos jours, pendant que nous sommes en exil, nous avons besoin d’érudits de la Torah pour être guidés. Cependant, à l’avenir, chaque juif sera un éminent érudit de la Torah.
Les dirigeants juifs (שריה ) seront des bergers à la recherche d’un troupeau à soigner, mais ils n’en trouveront aucun parce que personne n’aura plus besoin de leur instruction.
Les dirigeants de la Torah seront sans pâturage ( לא מצאו מרעה ), mais pour de bonnes raisons.

Un dernier exemple est le verset : "Aux jours de misère et de souffrance, Jérusalem se souvient de tous les biens qu'elle possédait dans les temps passés. Quand son peuple tomba entre les mains du vainqueur et que personne ne vint la secourir, les ennemis, en la voyant, se sont divertis de ses ruines. " (Eikha 1,7).
[ זכרה ירושלים ימ י עניה ומרודי ה בנפל עמה ביד צר ואין עוזר לה ראוה צרים שחקו על משבת הכל מחמדיה אשר היו מימי קדם]
Le Ben Ich ‘haï (Né'hamat Tsion Eikha 1,7) explique que nous allons reprendre une comptabilité avec laquelle générer une facture à présenter à Hachem. Les 2 Temples ont duré 830 ans, tandis que l’exil dure depuis près de 2 000 ans. Pour rééquilibrer les choses, Hachem nous "doit" de bons moments.
on a : זכרה ירושלים ימי עניה ומרודיה כל מחמדיה אשר היו מימי קדם = Jérusalem se souviendra des jours de souffrance ainsi que des bons moments, rééquilibrant le bon et le mauvais. Jérusalem fera alors une comptabilité pour déterminer la récompense qu’Hachem fournira en compensation de toute la détresse et la misère.
et : בנפל עמה ביד צר ואין עוזר לה = pour élucider cela, fournissons une illustration contemporaine en utilisant l’Holocauste comme exemple. Tout au long de cette période, des millions de juifs ont été assassinés par les Allemands avec l’aide des Ukrainiens et les Polonais. En plus de ceux qui ont personnellement infligé de la douleur et causé la mort, il y avait aussi ceux qui étaient au courant de ce qui se passait mais choisirent de garder le silence bien qu’ils aient la capacité d’intervenir. Dans notre "facture", nous demandons à Hachem que les indifférents et les complices passifs ne soient pas considérés comme innocents.
et : ראוה צרים שחקו על משבתה = il y avait des nations qui ont vu notre sort et non seulement, ont fermé les yeux, mais se sont même réjouies. Dans notre appel à Hachem, nous implorons que ces personnes malveillantes soient incluses dans le compte.

Le 9 Av : jour de célébration de l’immense amour d’Hachem envers Ses enfants (les juifs)

+ Le 9 Av : jour de célébration de l'immense amour d'Hachem envers Ses enfants (les juifs) :

-> Le frère du Maharal de Prague, Rabbi 'Haïm (dans son Iguéret haTioul), fait remarquer que dans toute la Méguilat Eikha, il n'apparaît à aucun endroit le nom Elokim qui suggère l'attribut Divin de rigueur mais seulement celui d'Hachem, la Source de toute miséricorde.
Cela, dit-il, afin de nous faire savoir que "dans Sa colère, D. se souvient de Sa miséricorde", et qu'Il ne juge pas son peuple en déversant sur lui tout Son courroux. Car même les souffrances qui doivent être infligées ne le sont qu'avec miséricorde et non avec rigueur et colère.

-> Bien au contraire, c'est précisément au moment où Hachem inflige à un homme des épreuves qui le plongent dans une totale déchéance, que se révèlent la plus grande proximité et l'amour le plus intense.
Voici ce que le 'Ohev Israël' écrit à ce propos (Shabbat 'Hazon) :
"On m'a demandé une fois d'expliquer le midrach selon lequel il n'y eut jamais d'autre jour de Moèd (de solennité) pour Israël comme celui où le Temple fut détruit, ce qui est à priori très étonnant.
Cependant, une intuition me pousse à dire à ce sujet, qu'au moment d'une séparation, l'amour entre 2 êtres se dévoile à son paroxysme. Et, c'est pourquoi, au moment de la destruction du Temple, lorsque les Bné Israël s'apprêtèrent à partir pour un long et dur exil, Hachem se sépara (si l'on peut dire) de Ses enfants et se réveilla alors l'amour profond et intense existant entre Hachem et Ses enfants''.

-> Le Nétivot Shalom explique que l'amour d'un père pour son fils a 3 aspects différents :
- le niveau le plus ordinaire se traduit lorsque le fils se trouve à proximité de son père, que ce dernier s'amuse avec lui et lui offre un cadeau pour lui exprimer l'intensité de son amour.
- Un deuxième niveau est lorsque, le fils étant loin de son père et qu'ils ne peuvent se voir, ce dernier ne cesse de le languir.
- Il écrit : "Mais l'amour qui dépasse tout est celui d’un père, rempli de compassion, qui
doit étreindre son fils de toutes ses forces pour l’empêcher de se débattre lorsque le médecin va l’opérer pour lui sauver la vie. Ou encore lorsque le père n’a d'autre choix que d'opérer lui-même son fils et de le faire saigner abondamment.
On ne peut décrire par des mots, l'amour qui brûle alors dans le cœur du père pour son fils! Et paradoxalement, quelqu'un qui observerait cette scène de l'extérieur qualifierait un tel acte de cruel de la part du père".

Et le Nétivot Shalom conclut alors par ces mots :
"Chez notre Père céleste, la miséricorde est au-dessus de tout ce que nous sommes capables de concevoir. Et lorsqu'Il est obligé de se conduire avec rigueur envers l'individu ou envers la communauté, on ne peut imaginer l'intensité de l'amour qui s'exprime précisément à cet instant où la mesure de rigueur prend le dessus."

[il explique grâce à cela le midrach selon lequel il n'y eut jamais d'autre jour de Moèd (de solennité) pour Israël comme celui où le Temple fut détruit, à savoir au moment-même où le Maître du monde fut forcé de "les opérer" ].

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-> b'h, également de nombreux éléments dans le divré Torah : https://todahm.com/2016/08/22/quand-je-souffre-mon-papa-hachem-souffre-encore-plus-que-moi

Av = 2 mois ?

+ Av = 2 mois ?

Dès le début du mois d'Av, il faut restreindre les activités joyeuses et éviter des litiges judiciaires avec des non-juifs. [Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 551,1]
Cependant, il y a un débat parmi les décisionnaires pour savoir si ces interdictions s'étendent sur tout le mois d'Av ou se terminent avec le jeûne du 9 Av.

-> Selon le Magen Avraham (Ora'h 'Haïm 551,2), il faut maintenir un état de joie diminuée jusqu'à la fin du mois d'Av. La raison de cela peut être dérivée de la déclaration de la michna : "lorsque le mois de Av commence, nous réduisons notre joie" (guémara Taanit 26b).
La formulation de cette déclaration est parallèle à la déclaration opposée : "quand le mois d'Adar commence, nous augmentons notre joie" (guémra Taanit 29a).
Tout comme nous savons que la joie d'Adar se répand dans le mois entier (voir Rachi Taanit 29a), de même la joie est réduite en Av pour la durée du mois.

-> Le 'Hatam Sofer n'est pas d'accord. Selon lui, le mois d'Av est en fait composé de 2 mois.
Le mois d'Av triste, qui est un signe de mauvais augure pour les juifs, qui commence au début du mois et termine avec le 9 Av.
Celui-ci est suivi du mois de "ména'hem Av" (litt. le réconfort d'Av), qui commence le 10 Av et qui se poursuit jusqu'à roch 'Hodech Elloul. C'est une période de réconfort et de consolation Divine (Av signifiant aussi : père = papa Hachem qui nous réconforte), et aucune restriction sur les activités joyeuses ne s'applique pendant cette période.
[ainsi, selon le 'Hatam Sofer il y a un mois qui s'appelle Av, et un autre mois qui s'appelle "ména'hem Av".
On peut noter que le fils aîné du 'Hatam Sofer, le Ktav Sofer s'est renseigné pour savoir comment son père noter sur les documents légaux (comme un guét), et il a découvert que le 'Hatam Sofer écrivait "Av" tout le long du mois (et non "ména'hem Av" à partir du 10). ]

Le 'Hatam Sofer présente une source pour étayer son affirmation.
Avec la destruction du Temple, les péchés d'Israël ont été effacés.
[le midrach Eika 4,25 enseigne : "le livre d'Eikha de Yirmiyahou a profité davantage au peuple juif que les 40 années durant lesquelles il prophétisait pour que les juifs améliorent leurs voies. Car à la suite de la destruction du Temple, le compte des péchés d'Israël a été effacé, comme il est dit : "Tu as été entièrement puni pour tous tes péchés, il n'y a donc pas besoin d'un exil supplémentaire" (Eikha 4,22 - traduction basée sur le Rachi de ce même verset)."]
La guémara (Yérouchalmi Taanit 26b) écrit que cela a également activé un "bouton de réinitialisation" dans la dimension du temps, ce qui a entraîné que le lendemain de la destruction du Temple devienne un nouveau mois : un mois de réconfort et de bonheur.

De même, concernant le fait d'éviter les litiges avec les non-juifs pendant le mois d'Av, le Zohar écrit que cela ne s'applique qu'à partir du début du mois jusqu'après le 9 Av.
Le Zohar (Yitro 78b) enseigne : "Essav a pris 2 mois [de l'année sous sa domination] : Tamouz et Av. Mais concernant le mois d'Av, seuls les 9 premiers jours sont à lui".

[on voit là que le 9 Av est un jour qui nous lave de nos fautes, et qui a la force d'être un moment de réinitialisation transformant la tristesse en joie, un état de destruction morale à celui rempli d'espérances positives. Et oui, nous avons un papa Hachem dont le réconfort dépasse toute tristesse possible ... ]

Le 9 Av = un jour où l’on se rappelle de la guéoula imminente

+ Le 9 Av = un jour où l'on se rappelle de la guéoula imminente :

Dans un but de renforcer notre croyance dans la Délivrance prochaine, le jour du 9 Av nous avons de nombreuses mitsvot, coutumes et pratiques. On peut citer :

1°/ Il est de coutume de manger un repas plus copieux le matin avant le 9 Av.
L'une des raisons de cette coutume est de rappeler comment le jour du 9 Av était célébré comme une fête alors que le 2e Temple était debout, et de le prendre comme un signe que le 9 Av reviendra bientôt un jour de réjouissance. [Magen Avraham - Ora'h 'Haïm 552,11]

2°/ Il y avait une coutume (abandonnée) datant de l'époque des Richonom que les femmes se lavent les cheveux l'après-midi du 9 Av.
Le Kol Bo (62) a défendu cette coutume en déclarant : "Tout comme nous devons nous souvenir du deuil et de la destruction [du Temple], nous devons nous souvenir de notre consolation et de notre rédemption futures afin de ne pas désespérer de notre croyance en la Délivrance future ...
Ce signe (c'est-à-dire cette coutume de se laver les cheveux) n'est nécessaire que pour les femmes [analphabètes], celles qui n'ont absolument rien appris et qui ont besoin d'être renforcés dans leur foi.
Mais [cette coutume n'est] pas pour celles qui connaissent les paroles des prophètes, qui sont remplies de promesses de la future rédemption, et celles dont la foi et forte".

3°/ Certains avaient la coutume de reciter des versets réconfortants dans le Tana'h après Min'ha du 9 Av.[Birké Yossef - Ora'h 'Haïm 559,7]
[Le Birké Yossef cite le Arizal qui a donné 2 raisons pour cette coutume :
1°/ nos Sages (midrach Eikha rabba 4,14) disent que lorsque les juifs ont vu le Temple en train d'être consumé par le feu, ils se sont réjouis et ont chanté des louanges à Hachem pour avoir déversé Sa colère sur le bois et les pierres et d'ainsi épargner la nation juive de l'anéantissement.
2°/ Puisque le machia'h est né après min'ha du 9 Av (midrach Eikha rabba 1,51, c'est un moment de réconfort.
Le Birké Yossef cite également des opinions dissidentes qui sont opposées à cette coutume, comme le fait que l'étude de la Torah est interdite toute la journée du 9 Av, mais le permet à ceux dont la foi est faible, afin qu'ils ne perdent pas espoir dans la future rédemption.)]
Rabbi 'Haïm Vittal (chaar hakavanot 89) explique que nous pouvons nous asseoir sur des bancs après la moitié de la journée du 9 Av, car le machia'h ben David va naître le jour du 9 Av.

4°/ Les rabbanim ne se sont pas opposés aux femmes qui nettoyaient avec énergie leur maison après 'hatsot du 9 Av, puisque cela était fait pour renforcer fermement leur croyance en la guéoula future.
[Birké Yossef - OH 559,7 ; 'Hida (Moré béEtsba 237)]

5°/ Les ta'hanoun ne sont pas lues le 9 Av car c'est un jour qui est dénommé : "moéd" (une fête [juive]). [Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 552,12 - basé sur Eikha 1,15]
Le Maamar Mordé'haï (557,4) souligne : "le 9 Av n'est pas considéré comme une fête [juive] dans tous les domaines, comme nous récitons : "anénou" (la prière propre à un jour de jeûne), ce jour-là. C'est plutôt une allusion ; et [nous omettons les ta'hanoun] en tant que petite mesure symbolique, afin que nous n'en venions pas à perdre espoir dans la Délivrance".

6°/ Les 7 haftarot de réconfort qui sont lues à partir du Shabbath suivant le 9 Av jusqu'à la fin de l'année [juive], ont été instituées pour soulager la nation de sa douleur de la destruction du Temple. [Lévouch - Ora'h 'Haïm 993]
[le rabbin Yossef Youzpha, un contemporain du Chla haKadoch, écrit dans le Séfer Yossef Omets (993) :
"Après que soient passés le 9 et le 10 Av, il faut détourner son esprit de la destruction du Temple et se rappeler des consolations [d'Hachem]. Pour cette raison, le Shabbath suivant le 9 Av s'appelle "Shabbath Na'hamou", et il convient que l’on chante des chants de louange et que l'on éprouve ce jour-là plus de plaisirs que tout autre Shabbath de l'année C'est une mitsva de se conduire soi-même le Shabbath Na'hamou comme on le fait à vrai Yom Tov".]

7°/ Certains communautés prennent soin de lire la haftara hebdomadaire sur un parchemin, mais lisent le livre d'Eikha le 9 Av sur un livre imprimé.
La raison à cela est que les juifs anticipent leur guéoula imminente, quand le livre d'Eikha ne sera plus nécessaire.
Si le livre d'Eikha était lu à partir d'un rouleau manuscrit similaire à la méguilat Esther, cela créerait une impression de permanence, et ferait ainsi perdre aux gens l'espoir de la rédemption.
[Lévouch - Orah 'Haïm 559,1]

8°/ Rabbi Chmouël Kellin, l'auteur du Ma'hatsit haShékel, ne rapportait pas chez lui son livre de Kinot qu'il a pu utiliser le 9 Av à la fin du jeûne.
Au lieu de cela, il le rendait sans propriétaire, le laissant à la synagogue, et il achetait un nouveau livre de Kinot chaque année.
Il sentait que s'il le ramenait chez lui et qu'il le remettait sur son étagère, alors cela semblait qu'il avait abandonné tout espoir dans l'arrivée immédiate de la guéoula [puisque ce livre ne sera alors plus nécessaire].
[rabbi Yaakov Sofer (Torat 'Haïm - OH 559,2)]

Toutes les mesures de rigueur ne peuvent pas s'éveiller le jour du Shabbath, et sont automatiquement adoucies.
[Zohar - Yitro 88b]

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-> "Toute l'emprise des forces extérieures à la sainteté ('hitsonim) qui proviennent du côté de la colère et les accusateurs qui proviennent de la rigueur se retirent et s'enfuient le jour du Shabbath, ils n'ont aucune emprise dans les mondes"
[Agra déPirka - 252a]

-> Lorsque le Shabbath commence, celui-ci proclame l'unité et les forces du mal (sitra a'hra) et toutes les forces de rigueur n'ont aucune emprise.
[Zohar - Térouma 135b]

-> Le Zohar (Pin'has 231b) rapporte que les 2 jours de Roch Hachana, Hachem juge toutes les créatures de l'univers avec 2 beit din. Le premier jour de Roch Hachana, Il juge le monde avec la pleine mesure de rigueur (dina kachia), tandis que le second jour, Il juge par la mesure de rigueur atténuée (dina rafia).

Selon le Arizal, nous sonnons le Shofar en ces 2 jours afin d'atténuer l'attribut de la rigueur Divin.
Le Bné Yissa'har explique que nous ne sonnons pas du Shofar lorsque Roch Hachana tombe le jour du Shabbath, car il a en lui-même la capacité d'adoucir les rigueurs qui sont sur nous (rendant inutile de sonner le Shofar).
Quelle chance nous avons d'avoir le Shabbath chaque semaine!

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-> "Et D. bénit le 7e jour" (Béréchit 2,3)
Selon le Zohar (Yitro 88b), c'est de ce jour que provient la bénédiction de tous les autres jours de la semaine.

 Lorsqu'une personne faute, qu'elle se rend compte qu'elle a transgressé et qu'elle demande à Hachem de lui pardonner, ses sentiments du coeur brisé sont eux-mêmes le plus grand mérite qu'elle puisse avoir.
Se considérer comme "rien" à cause du mal que l'on a fait, cela en soi nous élève!
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

Ben haMétsarim

+ Ben haMétsarim (période entre le 17 tamouz et le 9 Av) :

-> La guémara (Shabbath 31) dit que lorsqu'un personne est niftar (décédée), l'une des premières questions que le ciel lui posera est : "tsipita lichoua" = As-tu espéré dans la venue imminente du machia'h?

-> Rabbi Yaakov Emden (Siddour Beit Yaakov, Ticha béAv 6,16) écrit :
"Si notre seul péché était de ne pas pleurer Jérusalem [et la reconstruction du Temple], cela seulement suffirait à prolonger notre exil.
À mon avis, c'est la cause première de toutes les terribles destructions, qui dépassent l'entendement, qui nous arrivent pendant l'exil. Nous sommes poursuivis et nous n'avons pas la paix ... Tout cela parce que le deuil a quitté nos cœurs. "

-> Le Magan Avraham (551,45) écrit : "Le Arizal a enseigné que l'on doit se lamenter pendant ces jours [des 3 semaines] après midi et pleurer pendant environ une demi-heure".
[ainsi, dans la yéchiva du 'Hatam Sofer, il récitait le tikoun 'hatsot, tous ensemble, et prenaient le deuil de la destruction du Temple l'après-midi des 3 semaines. ]

[d'une certaine façon, nous ne pleurons pas spontanément de tout notre coeur la destruction de Jérusalem, parce que nous ne le ressentons pas (pris dans nos problèmes du quotidien), mais en réalité c'est justement par qu'au début nous nous en forçons, parce que nous développons notre sensibilité et notre connaissance du manque occasionné par cette perte du Temple, par le fait que Hachem et Son honneur sont en exil, que nous pourrons alors prendre le deuil au fond de nous même. ]

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-> Pendant les 3 semaines, un certain tsadik rendit visite au Sfat Emet.
"Qu'est-ce qui vous amène ici? Vous vivez très loin d'ici!" demanda le Sfat Emet.
Le tsadik expliqua : "La tradition de ma famille est de voyager pendant les 3 semaines. Hachem est, si l'on peut dire, en galous, et c'est donc notre coutume d'aller en galous aussi, pendant cette période".
Le Sfat Emet répondit : "L'essentiel est de se rappeler que nous ne sommes pas chez nous".
Le Sfat Emet voyageait rarement, mais il se rappelait souvent qu'il n'était pas chez lui.
Nous ne sommes pas là où nous devrions être. Cette réalité ne devrait jamais notre conscience. [Hachem exil confortable]

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+ Une période de proximité particulière avec Hachem :

-> "Ses persécuteurs/poursuivants, tous ensemble, l'ont atteint entre les étroites barrières" (kol rodféa ichigoua ben amétsarim - Eikha 1,3).

-> Le Maguid de Koznitz (Avodat Yisrael - Pirké Avot 2,14) écrit :
"kol rodféa" (כל רודפיה) signifie כל רודף י"ה = tout celui qui poursuit Hachem
ichigoua (השיגוה) = peut atteindre un lien avec Hachem,
"ben amétsarim" (המצרים בין) = pendant la période de bein hamétsarim, car durant ces jours, il est plus facile pour une personne de se rapprocher d'Hachem que le reste de l'année.

Il est intéressant de noter que ce n'est pas ce que nous supposons. Nous pensons que pendant ces jours de deuil, nous sommes éloignés d'Hachem, alors qu'en réalité, c'est pendant cette période de l'année que nous avons le plus de chances, de facilité de nous rapprocher d'Hachem.
Le Maguid de Koznitz nous donne un indice à ce sujet dans le verset : éhéyé acher éhéyé" (אהי"ה אשר אהי"ה - Je serai qui Je serai - Chémot 3,14), la guématria de אהי"ה est égale à 21.
Ainsi, le verset peut être traduit : אהי "ה = Hachem dit : "Je serai avec la nation juive, אהיה אשר, pendant les 21 jours de bein hamétsarim".

Pourquoi est-il plus facile de se rapprocher d'Hachem ces jours-ci ?
Le Maguid de Koznitz explique par un exemple (machal) : "Lorsqu'un roi est dans son palais, il est difficile pour les gens de l'atteindre. Des gardes entourent le roi et empêchent les gens de s'approcher.
[De plus, s'il obtient une audience avec le roi, ] il devra lui offrir un cadeau précieux.
Mais lorsque le roi est en voyage, il est facile de l'atteindre, et un petit présent sera aux yeux du roi comme un grand cadeau ... Le roi acceptera le cadeau avec une mine réjouie, et ce parce qu'il est en voyage".

[ainsi, en cette période symbolisant la destruction de la maison sur terre d'Hachem (le Temple), Il est comme sans domicile fixe, et Il nous est donc plus facilement accessible, pour peu que nous le cherchions, que nous Lui exprimions notre tristesse, regret, d'une telle situation tragique par notre comportement. ]

-> Le Magid de Mézréitch rapporte un exemple similaire :
"Lorsqu'un roi sort de son palais et traverse la place du marché et les rues, il est proche de tous ceux qui l'appellent, et il écoute les cris de ceux qui appellent son nom.
De même, nous devons savoir qu'en ce moment [pendant les 3 semaines], à un moment où il est comme un oiseau qui a quitté son nid [Hachem est en exil], chacun a la permission de s'approcher du Roi du monde, et Il répond à tous."
[ainsi, ben amétsarim est un moment propice pour que nos prières soient acceptées. ]

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-> Ailleurs, le Maguid de Koznitz (Avodat Israël - Massé) développe l'importance de l'étude de la Torah pendant ces jours de bein hamétsarim :
"Bien que nous devrions être tristes ces jours-là et pleurer la destruction du Temple, nous devons néanmoins être forts et purifier nos cœurs pour servir Hachem par la Torah et la prière avec joie, en particulier lorsque nous offrons des louanges à Hachem [telles que les pessouké dézimra et autres].

Ceci peut être expliqué par un exemple.
Un roi humain possède de très nombreuses choses qui peuvent le rendre heureux : des chanteurs, des tambours, des danses, des flûtes et des harpes, ...
Lorsque le roi est heureux, il n'a pas besoin des chanteurs et des musiciens. Il est heureux sans eux.
En revanche, lorsqu'il est triste, il fait appel à ses musiciens pour qu'ils chantent et jouent devant lui et le rendent heureux.
Si l'on peut dire, il en est de même avec Hachem. Les anges du ciel chantent et louent Hachem ; cependant, [chaque année] au moment du de la destruction du Temple ('hourban), il y a de la tristesse dans les chambres extérieures, et quelqu'un qui se soucie d'Hachem doit se renforcer et entrer dans les chambres intérieures pour se débarrasser de toute tristesse et rendre le roi heureux."

Ce sont donc des jours où l'on étudie la Torah et où l'on prie Hachem avec joie. C'est une période où nous devons Lui apporter de la joie.
[Hachem se réjouit énormément lorsqu'un juif (quelqu'il soit) étudie la Torah, se tourne vers Lui en prière, et ainsi en cette période difficile on doit être particulièrement vigilant à davantage étudier/prier, et à le faire dans la joie et l'amour d'Hachem. De cette façon, on exprime concrétement notre désir de Le réjouir, de provoquer la reconstruction de Sa maison et le retour d'une relation de grande proximité avec Lui. ]

-> Pendant la Shoa, les gens étaient stupéfaits de voir rabbi Pin'has d'Oustila (le gendre de rabbi Yissa'har Dov de Belz) apprendre la Torah avec une immense assiduité.
Comment pouvait-il mettre de côté toute la douleur et la dévastation [que devait lui provoquer les scènes horribles de la Shoa], et se plonger dans l'étude de la Torah?

Il a répondu : "Les gens ont posé la même question à mon beau-père pendant la Première Guerre mondiale. Les gens ne comprenaient pas comment il pouvait avoir la tranquillité d'esprit nécessaire pour étudier la Torah à ce moment-là.
Il a expliqué que dans les moments difficiles, il est encore plus important d'étudier la Torah.
La Michna dit : "lorsqu'une personne souffre, la Chékhina (Hachem) dit : "J'ai mal à la tête, j'ai mal aux bras". [kalani mérochi kalani mzro'i - guémara Sanhédrin 46a]
J'ai mal aux bras" = ce qui signifie qu'Hachem souffre avec nous. Or, nous vivons à une époque où le peuple,juif est en détresse, et Hachem souffre certainement avec nous.
Il est de notre devoir de rendre Hachem heureux, et rien n'apporte plus de joie à Hachem qu'un juif qui étudie la Torah".

[ainsi, il ne suffit pas de s'attrister sur Jérusalem, mais il faut également rendre joyeux Hachem, particulièrement en cette période du 17 tamouz au 9 Av. ]

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-> Rabbi Aharon de Belz enseigne que lorsqu'un juif apprend la Torah, il n'est pas en exil. C'est la raison pour laquelle on peut manger de la viande et boire du vin lors d'un siyoum pendant les 9 jours (de roch 'hodech Av au 9 Av).
En effet, là où il y a de la Torah, il n'y a pas d'exil.

Le 'Hozé de Lublin dit : la halakha stipule que lors d'une brit mila pendant les neuf premiers jours du mois d'Av, seules 10 personnes peuvent prendre part à la viande et au vin du repas.
[précision : pour les Ashkénazes : dans la semaine du 9 Av, la consommation de viande est permise uniquement pour la famille proche et uniquement pour une dizaine d’autres personnes]
Mais lors d'un siyoum dans les 9 jours, plus de 10 personnes peuvent prendre de la viande et du vin au repas. Il n'y a pas de limite au nombre de participants.

Le 'Hozé explique que la destruction du Temple est apparu parce qu'ils n'étudiaient pas la Torah comme ils le devraient, comme il est dit : " Pourquoi le pays est-il ruiné (et) desséché comme un désert, sans que personne n'y passe? Hachem a dit : "C'est parce qu'ils ont abandonné Ma Torah" (Yirmiyahou 9,11-12).
Lorsque l'on termine une massechta (traité) et fait un siyoum, il répare la racine et la cause de la destruction du Temple ('hourban).
L'odeur de la géoula est dans l'air, et par conséquent, tous les participants peuvent prendre part au repas.

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+ Ben hamétsarim = avoir du deuil ou de la joie?

-> Le Shoulchan Aroukh (561:5) enseigne que "dans ce monde, on ne peut pas remplir sa bouche de rires".

Le Yessod véChorech HaAvodah enseigne que c'est particulièrement le cas pendant les 3 semaines (17 tamouz au 9 av). Cependant, cela ne signifie pas que nous devons être tristes. Un juif doit toujours servir Hachem avec joie.

=> Alors, comment un juif peut-il combiner le deuil avec la joie?

-> Rabbi Shmelke de Nikelsbourg répond par un machal :
Un roi fut contraint de s'enfuir de son palais. Il arriva dans un pays lointain et séjourna dans la maison d'un bon ami. Le roi remarqua que l'humeur de son hôte alternait entre la joie et la tristesse.
Déconcerté, le roi lui demanda : "Es-tu heureux ou triste? Si tu es heureux, pourquoi pleures-tu? Et si tu es triste, pourquoi parais-tu heureux?"
L'hôte répondit : "Je suis heureux et je suis triste. Je suis triste parce que le roi a dû quitter son palais pour venir ici. Et je suis joyeux parce que j'ai le privilège d'accueillir le roi dans ma maison".

Rabbi Shmelke de Nikelsbourg explique que cela décrit nos émotions pendant les 3 semaines.
Nous pleurons amèrement et nous nous lamentons parce que la Chékhina (présence d'Hachem dans ce monde) est en exil.
Mais nous nous réjouissons également parce que la Chékhina est avec nous.

De plus, nous pouvons expliquer que que le deuil et la joie ne sont pas contradictions.
En fait, le deuil devient le fondement de notre bonheur. Cela est dû au fait que lorsque l'on pleure le Temple, on attire sur nous un élément [central] du Temple.
Le Temple était un lieu rempli de joie (comme nous le chantons dans un chant de Shabbath : "Retour au Temple et au Kodech Kadochim, un lieu où les âmes se réjouissent" - למקדשך תוב ולקדש קודשין אתר די ביה יחדון רוחין ונפשין), et par son deuil, on attire à nous cette joie immense.

Certaines personnes ont peur de pleurer parce qu'elles ne veulent pas être tristes, ne réalisant pas que le deuil entraîne la plus grande des joies.

[le rabbi de Nikelsbourg nous enseigne qu'en prenant le deuil de Jérusalem, on attire sur nous la joie incroyable qu'il y avait. (ex: si on avait des comptes à faire, on devait sortir de la ville, car à Ja)]

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-> Le Choul'han Aroukh (554:25) : "Celui qui pleure/s'endeuille sur Jérusalem mérite de la voir dans sa joie" (כל המתאבל על ירושלים זוכה ורואה בשמחתה).
זוכה ורואה (zo'hé our'é - mérite de la voir) est écrit au présent.

Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) et d'autres expliquent que lorsque l'on pleure le Temple, on ressent immédiatement la joie de la guéoula.
Le Kédouchat Lévi (Eikha) écrit : "Lorsque l'on pense à la sainteté et que l'on pleure Jérusalem... on perçoit immédiatement un élément de la joie de Jérusalem, de ce qu'il en sera à l'avenir".
[d'une certaine façon, plus on s'attriste on détaillant tout ce qu'on a perdu à cause de sa destruction, plus on se réjouit que très bientôt on en profitera pour l'éternité. Ainsi, plus on s'en attriste, plus on s'en réjouit d'impatience, de la grandeur d'être juif, de la bonté d'Hachem à notre égard d'avoir une chose si grande que le Temple, qui arrivera avec le machia'h très rapidement. ]

-> Lors d'un mariage, nous cassons un verre sous la 'houppa, le 'hatan porte des cendres sur sa tête, ...
Ces coutumes nous aident à nous souvenir de Jérusalem et du Temple.

Le Sfat Emet (Ki Tavo 5653) explique que le but de ces coutumes n'est pas de nous faire pleurer lors d'un mariage, mais plutôt de parfaire la joie de la fête.
Nous voulons que la joie de la fête soit complète, mais comment un bonheur peut-il être complet dans l'exil? C'est pourquoi nous portons le deuil, et le deuil attire la lumière et la joie totale de l'épqoue du machia'h, et cela complète la joie du mariage.

Le Sfat Emet écrit :
"À chaque sim'ha (célébration), il faut se souvenir du Temple ...
Lorsque le Temple était érigé, la joie était totale. Aujourd'hui, nous méritons cette joie par le deuil et la nostalgie du Temple.
Comme il est dit : "Réjouissez-vous avec Jérusalem et soyez dans l'allégresse à cause d'elle, vous tous qui l'aimez! Prenez part à sa joie, vous tous qui êtes en deuil à son sujet!" (Yéchayahou 66,10).
Par notre deuil, nous mériterons la joie de Jérusalem."

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-> la grandeur particulière des Shabbath de ben hamétsarim : https://todahm.com/2023/08/20/la-grandeur-du-shabbath-en-exil

Le don de la Torah

+++ Le don de la Torah (par le Sfat Emet) :

+ "Tout le peuple a vu le tonnerre [les voix] et les flammes, le son du shofar et la montagne fumante ; le peuple a vu et a tremblé et s'est tenu de loin" (Yitro 20,15)

-> Ce verset décrit le tremblement du peuple après avoir vu les voix du mont Sinaï.
Chaque mot de ce verset a une signification. Tout d'abord, la Torah souligne que le peuple tout entier a vu la voix, ce qui implique que chaque membre et chaque nerf de chaque individu a vu la lumière de la Torah. Il est bien connu que chaque membre du corps correspond à l'un des 248 commandements positifs, qui sont comparés à des étincelles émanant d'une source de lumière, la Torah.
Ainsi, à l'époque où la Torah a été donnée, chaque membre et chaque nerf du corps juif dans son ensemble a non seulement ressenti l'aura des mitsvot, mais a également été imprégné de la lumière de la Torah.

L'expression "les voix" (ét akolot), fait également allusion au même phénomène. Le mot "ét" (את) indique généralement la présence d'une dimension supplémentaire au-delà de la signification superficielle des mots. Ici aussi, nous pouvons déduire que l'expression "ét akolot" (אֶת הַקּוֹלֹת - les voix), fait allusion à la pénétration de la lumière de la Torah et des mitsvot dans chaque fibre de la personnalité juive.
[Sfat Emet - Shavouot 5640]

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-> Il est intéressant de noter que, malgré l'élément supplémentaire de l'audition, notre verset décrit cette expérience comme une expérience de la vue. Cela peut s'expliquer par le fait que, lorsque la Torah a été donnée, le peuple tout entier a atteint le même niveau de communication avec Hachem que celui dont les Patriarches avaient bénéficié, comme le dit Hachem (Vaéra 6,3) : "Je suis apparu à Avraham, à Its'hak et à Yaakov.
[Sfat Emet - Shavouot 5636]

-> Un autre objectif du miracle de la double perception (entendre, voir) peut avoir été de souligner le fait que la Torah est bien au-delà de tout un phénomène physique, y compris les sens.
Dans le cours normal de la nature, les sons sont perçus par les oreilles et la vue par les yeux ; dans le domaine de la Torah, cependant, cela peut être inversé.
[Sfat Emet - Shavouot 5631]

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-> Lorsque Hachem a commencé à prononcer les 10 Commandements. Les mots : "Je suis Hachem, ton D.", que le peuple a non seulement entendus mais aussi ressentis avec tous ses sens, pénétrant dans chaque fibre de son corps, ont laissé une marque indélébile dans la psyché juive.
... cette impression éternelle que Son nom a laissée sur le peuple dans son ensemble [ne pourra jamais être effacé].

Ainsi, l'expression "voir les sons" (ro'im ét akolot), fait référence à ce moment où un lien émotionnel inséparable a été forgé avec le Créateur, un lien qui ne permettra jamais à l'une des parties d'abandonner l'autre.
À ce moment-là, les juifs ont compris qu'Hachem était la source de leur âme, et donc de leur existence même.
La plupart du temps, la nature matérielle de notre existence obscurcit ce fait, mais ceux qui ont eu le privilège de se tenir au mont Sinaï ont pu voir que leur âme était enracinée dans Hachem.

Le 2e commandement : "Tu n'auras pas d'autres dieux en Ma présence" (lo yiyé lé'ha élokim a'hérim al panaï), n'est pas seulement une interdiction, mais aussi une promesse que rien ne mettra jamais en péril cette relation unique entre Hachem et Son peuple.
[...]

L'ambiance dramatique (éclairs, tonnerres, ...) entourant le don de la Torah était plus nécessaire au reste de l'humanité qu'aux juifs. C'est eux qui avaient besoin d'une preuve irréfutable qu'Hachem dominait le monde. Les juifs, cependant, ont une propension innée à voir la présence d'Hachem dans le monde, et une fois que D. leur a annoncé Sa volonté, ils l'ont acceptée immédiatement.

Il était normal que les juifs soient choisis pour témoigner de l'existence d'Hachem, comme le dit le prophète Yéchayahou : "vous êtes Mes témoins, dit Hachem" (atèm édaï néoum Hachem - v.43,10).
En tant que nation, nous avons une conviction innée de l'existence d'Hachem qui nous rend dignes d'en témoigner.
Une croyance qui repose sur des miracles spectaculaires peut être facilement érodée par les doutes et les épreuves ; chaque miracle a ses détracteurs. La croyance intuitive en Hachem, en revanche, ne peut jamais être réfutée.

Cette conviction innée, bien qu'elle existe en permanence, est particulièrement convaincante le Shabbath. La néchama yétéra (le "supplément d'âme" donné à tout juif à Shabbath) perçoit la Présence d'Hachem avec plus d'acuité que pendant la semaine.

Il convient de noter que la Torah dit que le peuple voit (kol a'am ro'im), au présent, plutôt qu'ils ont vu, au passé. Cela suggère que non seulement ceux qui étaient présents à ce moment-là, mais aussi toutes les générations futures ont cette capacité de "voir" une partie de la lumière du Sinaï.
En particulier, les prophètes de toutes les générations tirent leur inspiration des sources de la Torah qui ont jailli pour la première fois à ce moment spectaculaire.

L'utilisation au présent de 'voir' (ro'im), fait également allusion à la néchama (l'âme), une "partie" d'Hachem qui réside en chaque juif.
De la même manière qu'Hachem perçoit le passé et l'avenir aussi clairement que le présent, nos âmes résident à un niveau spirituel si élevé qu'elles peuvent "voir" des choses qui, normalement, ne sont qu'entendues.

Que voient donc nos âmes au quotidien?
Elles voient la même chose que ce qu'elles ont vu au mont Sinaï, les mots "ano'hi Hachem Eloké'ha" (Je suis Hachem, ton D.), aussi clairement qu'elles les ont vus la première fois.
Nous disons chaque jour dans le Shéma : "que je vous ordonne aujourd'hui" (achèr ano'hi métsavé'ha ayom), chaque jour Hachem nous ordonne de croire en Lui aussi clairement qu'Il l'a fait au mont Sinaï.
[et de cela notre âme en a clairement conscience au quotidien! ]
[Sfat Emet - Shavouot 5661 ; paracha Yitro 5661]

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-> "Tout le peuple a vu le tonnerre [les voix] et les flammes, le son du shofar et la montagne fumante ; le peuple a vu et a tremblé et s'est tenu de loin" (Yitro 20,14)

-> Pourquoi ce verset nous dit-il 2 fois que le peuple a vu ?
Peut-être que la 2e utilisation du mot "voir" indique une autre vision ; ils ont vu les générations futures qui seraient également censées accepter et observer la Torah.
Si c'est le cas, leur tremblement peut être dû à la crainte pour leurs descendants, qui devraient respecter la Torah sans avoir reçu le même esprit que celui qu'ils avaient reçu au mont Sinaï.
[Sfat Emet - Shavouot 5640]

-> Il est également possible qu'ils aient vu leur propre potentiel de croissance dans la Torah et qu'ils aient tremblé de peur de ne pas être assez forts pour réaliser leur potentiel.
Le début de notre verset fait également allusion à cette reconnaissance du potentiel : le peuple tout entier a vu les voix (kolot signifie voix et son, c'est-à-dire ici le tonnerre).
Le peuple ne s'est pas contenté de croire, il a vu la voix d'Hachem qui disait "Je suis Hachem, ton D." (ano'hi Hachem Eloké'ha) ; à ce moment-là, comme nous l'avons dit plus haut, il a pu voir et sentir les racines de son âme, c'est-à-dire son potentiel à servir Hachem.

Moché décrivit plus tard le don de la Torah par la phrase : "face à face, Hachem t'a parlé" (panim bépanim dibér Hachem ima'hem - Vaét'hnan 5,4).
Cette image (face à face) fait également allusion à la capacité de la Torah à montrer à chaque individu son potentiel. Cela repose sur l'idée que [la Torah est comme] un miroir dans lequel chaque personne se voit.
De la même manière qu'une personne regarde la Torah, la Torah lui renvoie son image. Plus une personne est disposée à exposer son moi intérieur à la Torah et à se laisser emporter par le désir de comprendre les profondeurs de la Torah, plus elle méritera de comprendre sa part unique dans la Torah, cette partie de la Torah qui parle à la racine de son âme.

Comme on le sait, nos Sages Sages ont souvent comparé la Torah à de l'eau : "les mots de la Torah sont comparés à de l'eau" (nimchélou divré Torah lamayim - guémara Taanis 7a). [de même : "l’eau ne fait référence qu’à la Torah" - guémara Avoda Zara 5b - én mayim ella Torah]
Peut-être nos Sages font référence à ces qualités de miroir de la Torah, à sa capacité à montrer à quelqu'un son véritable potentiel.
En outre, plus on s'efforce d'atteindre ses capacités en matière de Torah, plus la Torah reflète sa lumière sur ceux qui l'étudient.
[Sfat Emet - Shavouot 5639]

-> Notre verset se conclut par : "vayaamédou méra'hok" (ils se sont tenus [debout] à distance).
Dans son sens simple, ce verset suggère que le peuple s'est éloigné de la montagne, peut-être par crainte de l'obligation que sa proximité imposait sur eux ou imposera sur les générations futures.
D'un point de vue homilétique, cette phrase peut également être interprétée à la lumière du dicton de nos Sages (guémara Béra'hot 26b) : "én amida éla téfila" = le mot "debout" dans la Torah fait toujours référence à la prière.
Peut-être étaient-ils "debout" pour prier afin que leurs générations futures (évoquées dans le mot "ra'hot" - loin) soient dignes de la Torah donnée au mont Sinaï.
[Sfat Emet]

"Souviens-toi du Shabbat pour le sanctifier" (Yitro 20,8)

-> Ce verset [qui est le 4e Commandement] peut être interprété littéralement.
Lorsqu'un juif observe le Shabbath, il renforce la sainteté de ce jour très saint. En même temps, le Shabbath nourrit et renforce la sainteté inhérente à chaque juif.
Ainsi, il existe une interdépendance entre la sainteté du Shabbath et celle de la nation juive : lorsqu'ils observent le Shabbath "pour le rendre saint", ils font à leur tour fleurir l'aura de sainteté qui leur est inhérente.
[Sfat Emet - Shavouot 5637, 5638]