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Sans le Temple = on est comme un corps sans vie

+ Sans le Temple = on est comme un corps sans vie :

-> Une coutume vieille de plusieurs siècles, rapporté par nos Sages (Massé'het Sofrim - perek 18), veut que le jour du 9 Av, un séfer Torah soit posé sur le sol, enveloppé de noir.
La Torah représente la Chékhina, la Présence d'Hachem, et lorsqu'elle est posée sur le sol, on dit : "nafla atérét rochénou" (la couronne de notre tête est tombée - Eikha 5,16).
On prononce alors un éloge funèbre, comme s'il s'agissait d'un cadavre.
L'avoda (service) du 9 Av est de développer le sentiment que la perte du Temple n'appartient pas seulement au passé, mais qu'il s'agit plutôt d'une tragédie actuelle.
Le jour du 9 Av, une personne doit se sentir comme si elle était assise en présence d'une personne décédée. Ce sentiment doit durer depuis le début du 9 Av jusqu'au moment de Min'ha, lorsque nous disons Na'heim.
[chaque année où le Temple est détruit, c'est comme si sa destruction avait eu lieu en cette année. Nous ne devons pas aborder le Temple comme des pierres en ruine depuis très longtemps, mais comme si on venait d'avoir un véritable mort qui nous est proche qui vient de se passer, avec toute la tristesse que cela implique pour nous. ]

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-> Le roi Shlomo écrit : "Le coeur des sages (lev 'hakhamim) se porte vers une maison de deuil (béit ével), le coeur des fous (lev kessilim) vers une maison de joie/plaisir" (béit sim'ha)" (Kohélet 7,4).
Le Targoum explique : "beit ével" fait référence à la destruction du Temple.
Le cœur des personnes sages se concentre sur la destruction du Temple et pleure l'exil du peuple juif.
Le cœur des fous sont heureux de se réjouir, et ils ne prennent pas à cœur la douleur et le supplice du peuple juif.

Le roi Shlomo nous dit qu'il faut un "lev 'hakham" (un cœur sage), pour être capable de ressentir le deuil du Temple et la douleur de l'exil du peuple juif.
=> Quelle est cette sagesse nécessaire pour comprendre pourquoi nous portons le deuil de la destruction du Temple?

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+ Un corps en décomposition :

-> Le Gaon de Vilna brosse un tableau effrayant de ce à quoi ressemble le peuple juif sans le Temple.
Il écrit : le Temple était l'âme du peuple juif. Lorsque le Temple a été détruit, notre (partie d'âme) roua'h nous a quittés. Nous sommes devenus comme un corps sans âme, comme un cadavre, un corps sans vie.
Comme nous le disons dans les bénédictions qui suivent la haftorah : "ki hi beit 'hayénou" (car c'est la maison de notre vie).
Pour le peuple juif, le Temple était la maison de la vie. L'exil du peuple juif (suite à la destruction du Temple) en dehors de la terre d'Israël est comparable à l'enterrement d'un cadavre.
Le peuple juif parmi les non-juifs voit son corps consumé, comme un cadavre consumé par les vers.

Immédiatement après la destruction du Temple, le peuple juif disposait encore des grandes yéchivot de Bavel, Soura et Poumbédissa.
Lorsque le corps du peuple juif s'est désintégré, les yéchivot ont été détruites. Puis, comme nous avons perdu les grands talmidé 'hakhamim de la génération précédente, même les os du peuple juif ont été perdus.

L'un des disciples du Rachba, dans son séfer sur Eikha, pose la question suivante : "Quel est le sens de l'affliction? Quelle est la signification des souffrances que nous subissons le jour du 9 Av, comme ne pas manger, ne pas boire et ne pas se laver?
Quel est le lien entre l'interdiction de porter des chaussures et d'avoir des relations conjugales et la destruction du Temple?
Il répond en expliquant la définition de la mort. La mort signifie la séparation de l'âme et du corps.
L'obligation de pleurer le Temple consiste à ressentir une douleur similaire à celle que l'on ressent lorsque l'âme quitte le corps.
Une personne dont le corps est dépourvu d'âme n'éprouve aucun plaisir. Lorsque nous nous abstenons de ces plaisirs, cela nous rappelle et nous donne une idée de ce qu'est réellement la destruction du Temple.

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+ L'âme et le cœur :

-> La Chékhina dans le Temple est comparable à l'âme dans le corps. Tout comme l'âme donne à une personne la capacité de parler, la présence de la Chékhina dans le Temple a révélé au peuple juif les désirs d'Hachem, comme il est dit :"et les paroles d'Hachem [sortent] de Jérusalem" (oudévar Hachem miYérouchalaim - Yéchayahou 2,3).
En outre, l'âme donne à une personne la capacité de sentir ; de même, la Chékhina dans le Temple a permis aux sacrifices d'avoir "un arôme satisfaisant pour Hachem" (réa'h ni'hoakh l'Hachem - Vayikra 1,9), c'est-à-dire d'être acceptées.
Lorsque la Chékhina était dans le Mikdach (le Saint), il est dit : "Et Tu écouteras du Ciel" (véata tichma min achamayim - Divré haYamim 6,25). Ceci est comparable à l'âme qui donne à une personne la capacité d'entendre.
Tout comme un corps perd ses capacités lorsque son âme s'en va à la mort, lorsque la Chékhina nous a quittés à l'époque de la destruction du Temple, le peuple juif a perdu ces connexions célestes.

Il est écrit : "c'est si amer, car cela atteint jusqu'à ton coeur" (Yirmiyahou 4,18).
Le midrach dit que
"ton coeur" (libé'h) est le Temple, qui est le coeur du peuple juif, comme le dit le verset : "mes yeux et mon coeur seront là tous les jours" (Méla'him I 9,3).
Le cœur d'une personne est la source de sa vie ; de même, le Temple est comparé au cœur du peuple juif.

Le Temple n'est pas seulement comparé au cœur, il est également assimilé au cou.
Le verset : "Comme Migdal David (le Temple) est votre cou" (Chir haChirim 4,4). Le midrach dit que le Temple est comparé à un cou, parce que lorsque le peuple juif avait le Temple, il était plus haut que les autres nations, comme un cou tendu élève la tête vers le haut.
La Torah (Vayigach 45,14) raconte que Binyamin et Yossef tombèrent l'un sur le cou de l'autre et pleurèrent. Le midrach explique qu'ils ont pleuré la destruction du 1er et du 2e Temple, le cou du peuple juif.
Le lieu de la ché'hita (l'abattage rituel casher) se trouve sur le cou de l'animal, car le cou est le lieu de la vie. De même, lorsque le Temple a été détruit, le peuple d'Israël a perdu la vie.
[par rapport à tout ce que nous apportait spirituellement et matériellement le Temple, nous sommes comme morts en comparaison. ]

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+ La punition pour l'absence de deuil :

-> Une guémara dans Guittin raconte qu'il y avait une ville avec de grands Tsadikim qui étaient capables de résister à de fortes tentations. Cependant, la ville fut détruite. La guémara se demande pourquoi Hachem les a punis s'il y avait là des gens si justes (tsadik).
La guémara répond : parce qu'ils n'ont pas pleuré pour Jérusalem.

Le rav Yaakov Emden (le Yaabets) explique cette guémara dans son siddour. Il écrit ce qui suit : "Si le peuple juif devait rectifier toutes ses fautes, mais qu'il lui en restait une, celle de ne pas avoir pleuré Jérusalem de manière appropriée, ce serait une raison suffisante pour qu'ils reste en exil. À mes yeux, c'est la raison la plus claire, la plus révélée et la plus forte pour toutes les persécutions extrêmement terribles qui ont eu lieu tout au long de l'exil dans tous les endroits où nous avons été dispersés.
L'étendue de nos problèmes est effrayante. Nous avons été constamment persécutés par les non-juifs, malgré notre petitesse et notre misère".
Il s'agit là d'un langage très puissant.

Le peuple juif connaît des difficultés, des persécutions et des décrets difficiles. Pourquoi cela?
Le rav Yaakov Emden poursuit : "Parce que le cœur du peuple juif est dépourvu du sentiment de vide (que nous laisse la perte du Temple). Le deuil a quitté nos cœurs parce que nous sommes heureux et satisfaits. Nous avons oublié Jérusalem et sa perte ne touche pas nos cœurs ; par conséquent, nous avons été oubliés, comme une personne décédée est oubliée après quelques générations.
Quiconque cherche la vérité admettra que c'est exact. Cela est particulièrement évident en ce jour amer du 9 Av. Qui pleure et qui gémit au plus profond de son cœur à propos de la destruction du Temple Combien de larmes sont versées à ce sujet?
Il va sans dire que les autres jours, nous ne nous souvenons pas non plus du Temple".
Le rav Yaakov Emden conclut en expliquant que c'est la raison pour laquelle la ville des tsadikim a été détruite, car un endroit qui ne pleure pas la destruction du Temple mérite d'être détruit lui-même.

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[le 9 Av ont pleure sur l'ensemble des malheurs que le peuple juif a pu connaître, car tous prennent racine dans la perte du Temple. Nous devons avoir en tête que plus nous pleurerons sincèrement cette année, le moins nous aurons à pleurer sur de nouveaux malheurs (collectif et individuel) aux 9 Av à venir.
Par ailleurs, le 9 Av nous remet en phase avec la Vérité. Souvent nous avons tout ce qu'il faut pour être heureux dans notre vie, mais on se focalise sur une chose qui pourrait nous manquer, et nous nous attristons, plutôt que d'apprécier ce que l'on a et remercier Hachem pour cela.
Ainsi, le 9 Av nous apprend qu'il y a un moment limité pour pleurer (le restant on doit être joyeux et confiant en Hachem) et qu'on doit plutôt s'attrister sur de vraies choses : savoir que Hachem n'a pas de maison (Temple), que Sa grandeur est actuellement profanée, les pertes dues à l'absence du Temple, ... ]

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+ Le but de l'humanité :

-> Lorsque rav Yonathan Eibshitz explique les bénédictions de la Amida, nous avons un aperçu de ce que Jérusalem et le Temple signifiaient pour les grands juifs. Dans son livre Yaarot Dvach, il donne une longue explication de tous les bénédiction de la Amida, mais en ce qui concerne "véli Yérouchalayim Ir'ha" et "Et Tséma'h", il dit :
"Il n'y a pas besoin d'une longue explication, parce que l'on doit crier sans cesse pour la reconstruction de Jérusalem et le retour de la royauté de la maison du roi David. Le but de l'humanité est de construire Jérusalem et le royauté de la Maison de David (beit David), et si nous ne les avons pas, alors pourquoi devrions-nous vivre?
Jérusalem est le siège d'Hachem. Les anges d'en-Haut récitent sans arrêt des lamentations pleines de larmes sur la destruction de Jérusalem, tous les jours et toutes les nuits. Si les anges pleurent Jérusalem, comment ne pas pleurer la profanation du Nom d'Hachem par la destruction de Jérusalem et de la Royauté de David (malkhout beit David)?

Chaque personne doit se dire : "Maître du monde, je donne mon âme pour l'amour de Ton Saint Nom, et si je ne suis pas digne de voir Tsion construit et la Malkhout Beit David restaurée, je mourrai afin de sanctifier Ton Nom, et je ne la verrai pas.
S'il te plaît, construis Jérusalem et restaure la royauté de la maison du roi David , afin que Ton Nom soit sanctifié. Aie pitié de Tes enfants bien-aimés qui souffrent énormément en exil et qui sanctifient Ton nom en public".
Puisque nos fautes ont causé la destruction de notre magnifique Temple et de la Malkhuout Beit David, tout le monde sait à quel point nous manquons de bonté à cause de cela et comment nous sommes passés de la vie à la mort, et cela sera inversé lorsque Hachem réalisera le retour à Sion."
[Ici termine les paroles du rav Eibshitz. ]
Il n'est donc pas nécessaire d'expliquer longuement ces bénédictions.
Tout le monde sait ce qu'ils signifient et ce que nous sommes censés ressentir en les prononçant.

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Si notre situation est si difficile, c'est parce que nous sommes si loin d'Hachem.
La source de subsistance et de salut du peuple juif est le Temple et lorsque nous ne l'avons pas, "la malédiction de chaque jour est plus sévère que celle du jour précédent" (guémara Sotah 49a).
Plus nous nous coupons de notre source de vie, plus notre situation est grave. La vie nous manque et c'est pourquoi, chaque année, c'est comme si un cadavre se trouvait devant nous.
[comme nous l'avons vu, chaque année sans le Temple c'est comme s'il était détruit actuellement devant nos yeux, mais en plus de cela chaque année qui passe c'est 365 jours de malheur plus sévère les uns des autres que nous subissons. ]
Cela nous oblige à nous lamenter et à faire l'éloge de ce corps en disant : "nafla atérét rochénou" (la couronne sur notre tête est tombée).

[d'après un dvar Torah du rav Asher David May ]

Le mois d’Elloul

+ Le mois d'Elloul :

-> Les jours d'Elloul sont appelés "yémé ratson", jours de faveur Divine.
Le Bné Yissa'har ('Hodech Ellul - maamar 1,9) écrit que pendant cette période, les portes du Ciel
sont grandes ouvertes pour accepter tous nos prières.
Une personne peut alors accomplir par ses prières, en peu de temps, ce qui impliquerait généralement un plus grand effort et prendrait beaucoup plus de temps pendant le reste de l'année.

-> Le Shaar haMélé'h (chaar 1, perek 5) écrit que la guémara (Béra'hot 60a) dit que pendant les 40 premiers jours après la conception, nous pouvons prier pour le sexe du bébé. Il est possible que le bébé soit censé être un garçon et que, grâce à nos prières, il devienne une fille, ou vice versa.
De même, les 40 jours entre Roch 'Hodech Elloul et Yom Kippour marquent le début de la nouvelle année. C'est à ce moment-là que tout se décide. Si, à D. ne plaise, quelque chose de négatif a été décrété, cela peut être changé par la prière.

-> De nombreux tsadikim et guédolim, tels que le rav Its'hak Chaver (Chaar bat Rabim 4,63), nous ont exhortés à "ne pas perdre une seconde de ces jours d'Elloul, car ils peuvent nous élever aux plus hauts niveaux de proximité avec notre Créateur".

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-> Le Alter de Kelm écrit : "Certaines périodes de l'année sont propices à la croissance spirituelle, et le mois d'Elloul en fait partie.
C'est pourquoi, pendant ces jours, nous devrions utiliser cette occasion en or pour renforcer les fondamentaux, ce qui nous apportera le succès dans d'autres domaines de la religion.
Quels sont ces fondements à renforcer?
Intérioriser le fait que tout ce qui arrive dans la vie ne vient que d'Hachem (akol bidé chamayim)."

Le Alter de Kelm écrit plus loin : "Nous devons renforcer la croyance fondamentale que tout ce qu'Hachem fait est le meilleur pour nous, même si cela ne semble pas être le cas."

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=> Dans toutes les situations de la vie, la clé est d'être conscient des opportunités qui nous sont offertes et d'en tirer parti. Le mois d'Elloul est propice à la spiritualité. Tout ce que nous faisons compte davantage. Nos prières sont plus facilement acceptées.
Ce qui peut nécessiter des dizaines de prières pendant le reste de l'année peut être accompli aujourd'hui avec beaucoup moins. Notre étude de la Torah a plus de valeur, nos mitsvot ont plus de valeur.

Hachem veut que nous soyons proches de Lui. Nous devons utiliser l'opportunité qui nous est offerte pendant le glorieux mois d'Eloul et profiter de Sa miséricorde inépuisable.
[...]

Parfois, nous entendons des gens dire : "Je sais que c'est une période si importante de l'année, mais je ne le sens pas! Je n'ai pas envie d'en faire plus. Je ne sens aucune différence dans mes prières. En fait, je me sens moins haut spirituellement parlant".

Nous devons réaliser que ce n'est pas le moment où Hachem nous donne nécessairement des dons spirituels gratuits. Il est tout à fait normal de ne pas ressentir un surplus de spiritualité. Il est même possible d'en ressentir moins. Ce n'est pas ce qui importe. Ce qu'il est important de savoir, c'est que tout ce que nous faisons maintenant a beaucoup plus de valeur. Hachem est si proche de nous. Si nous ressentons de la résistance, cela signifie simplement que l'opportunité est plus grande.
[rav David Ashear]

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-> Le Shabbat précédant un nouveau mois, nous annonçons généralement Roch 'Hodech à la synagogue et prions pour que le mois soit rempli de bénédictions. Pourtant, lors de la paracha Nitsavim, qui est lue le dernier Shabbat de l'année juive et qui est également un Shabbat avant Roch 'Hodech, nous n'annonçons pas le nouveau mois (voir Magen Avraham - Ora'h 'Haïm 417:1).

Le Baal Shem Tov (séfer Kéter Chem Tov) en explique la raison : Ce Shabbath, Hachem Lui-même annonce et bénit le nouveau mois pour nous à travers les mots de la Torah, et c'est cette bénédiction qui nous donne la capacité de bénir les 11 autres mois également.
Où Hachem annonce-t-il et bénit-il Roch 'Hodech (Elloul)?

Le verset : "atém nitsavim ayom" (Nitsavim 29,9) = vous vous tenez aujourd'hui, vous tous, devant Hachem, votre D.
Le mot "ayom" (aujourd'hui) fait référence à Roch Hachana, qui est également Roch 'Hodech Tichri, comme l'indique le Targoum (dans Iyov 1,6).
Hachem dit : "atèm nitsavim" = vous serez en mesure de résister au jugement de Roch Hachana. C'est la plus grande bénédiction.
[rav David Ashear]

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-> L'un des aspects de la avoda du mois d'Elloul consiste à se rappeler qu'Hachem nous aime tellement qu'Il acceptera même la plus petite parcelle de téchouva de notre part.
Nous ne devrions pas nous retenir du repentir parce que nous ne pouvons pas devenir complétement parfaits (le tout ou rien), car Hachem nous dit : "Ouvre-Moi une ouverture de téchouva grande comme le chas d'une aiguille, et Moi [alors] Je te ferai une ouverture telle que des charrues et des bœufs pourront rentrer à l'intérieur" (Midrash Shir HaShirim 5,3-6).

Le midrach s'interroge : Des carrosses remplies de quoi?
Et de répondre : "Pleins d'aide et d'assistance divine et de bénédictions spirituelles sans fin!"

Le Rabbi de Kotsk nous explique au sujet du fait que l’on attend de nous qu’un petit trou de la taille d’une aiguille : "Mais, ce doit être un début approfondi. Il peut être infime en proportion, mais doit pénétrer totalement la personnalité.".
[A l’image de l’aiguille qui fait, certes un tout petit trou en taille, mais qui est très pénétrant en profondeur.]

-> De son côté le rav Yaakov Feitman remarque qu'en Elloul l'essentiel n'est pas de pleurer de douleur sur nos fautes passées, mais plutôt de verser des larmes de joie d'avoir le privilège de servir Hachem.
Même si nous n'étions pas parfaits auparavant, le mois d'Elloul lui-même à la force de nous remettre sur le bon chemin (non seulement à faire de nous de nouvelle créature suite à notre téchouva, mais également plus nous exprimons des ambitions/désirs spirituelles, plus nous pouvons recevoir de ressources et bénédictions pour y parvenir).

-> Le rav 'Hatzkel Lévenstein dit à ses disciples qu'il vivait constamment avec et par la conscience qu'Hachem l'aidait à s'élever au niveau supérieur, et qu'Hachem souriait à ses efforts et le soutenait à chaque étape pour devenir le juif idéal.
[Elloul est un moment où l'on doit mettre des sentiments dans notre avodat Hachem, dans notre relation avec Lui (un Père aimant, qui veut notre bien, qui apprécie le moindre effort que l'on fait pour Sa volonté, ...). ]

-> Le Baal HaTanya enseigne qu'il fut un temps où il était facile de passer de la tristesse à la joie. Mais à son époque, il a compris que ce n'était plus le cas, et il a donc insisté sur l'essentialité d'être dans la joie.
Bien qu'il soit toujours nécessaire d'assigner une période de temps pour s'attrister sur nos fautes, cela devrait également être abordé avec la joie de savoir que nos fautes peuvent être éradiqués et qu'Hachem est désireux d'accepter notre téchouva.
[le mois d'Elloul est une période d'intense téchouva, ce qui implique de sortir les poubelles de ce qui ne sent pas bon en nous. Le risque est d'en sortir déprimé (je suis nul, je ne vaux rien), nous empêchant alors d'avoir de l'eambition spirituelle. D'où l'importance d'avoir un temps très limité pour s'attrister sur nos fautes, pour pleurer sur quelque une demande à Hachem, et ensuite d'être dans la joie, confiant et heureux d'avoir un papa Hachem si énorme, si miséricordieux, si aimant envers nous.
Par notre joie, nous témoignons de notre confiance dans le pouvoir de la téchouva (et non notre inconscience)]

-> Le Bné Yissa'har (maamaré 'Hodech Elloul 1,2) enseigne que pendant le mois d'Elloul, notre téchouva doit se faire dans la joie.
Quelle bonne nouvelle de savoir que quelque soit les bêtises qu'on a pu faire auparavant, le pardon nous attend, Hachem est là les bras grand ouvert (les fautes créant une distanciation/séparation avec Hachem, que le repentir répare).

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-> Le rav Israël Salanter passait tout le mois d'Eloul dans un état de grande crainte.
Quelqu'un lui a même demandé directement : "Rabbi, de quoi avez-vous si peur? Pensez-vous que le mois d'Eloul est un ours?"
Il lui répondit : "Elloul est bien plus effrayant qu'un ours. Le roi David a dit à Shaoul : "Ton serviteur a tué même le lion et l'ours' (I Shmouel 17,36), mais il a néanmoins témoigné à son propre sujet : 'Ma chair a tremblé de peur de Toi et j'ai craint Tes jugements'" (Téhilim 119:120).

-> Le rav Itzélé de Peterbourg ('Hokhmat haMatspoun) avait l'habitude de dire, il y a plus d'un siècle, que pour nous, les préparatifs de Roch Hachana devraient en fait commencer à Roch 'Hodesh Shevat.
Il semblait vouloir dire par là que si, dans le passé, un mois de préparation suffisait, il nous fallait aujourd'hui une demi-année pour nous préparer au jugement. En effet, dans les yéchiva de Novardok, la coutume était qu'à partir de l'été, ils annonçaient : "Cinq mois avant Elloul ... trois mois avant Elloul".
Ainsi, même si nous n'avons pas leur niveau d'exigence, on doit passer notre Elloul en sachant et réalisant les moments précieux qui nous attendent.

-> Le rav Its'hak Ausband souligne que pendant le mois d'Elloul, nous récitons le téhilim : "léDavid Hachem ori" (Téhilim 27), qui nous rappelle à plusieurs reprises que nous n'avons rien à craindre (puisqu'Hachem est là!). Le but est de nous libérer de toutes les autres crainte du monde afin de pouvoir nous concentrer sur la crainte du Ciel, dont nous avons si profondément besoin pendant ces jours cruciaux.
Elloul est donc un répit de nos préoccupations et de nos soucis matériels, afin que nous puissions satisfaire des besoins éternels sans avoir à nous préoccuper de simples inquiétudes matérialistes.

-> Le mois d'Elloul comporte deux éléments distincts. Nous devons faire téchouva et profiter de chaque instant. Mais nous sommes presque dans le palais du Roi, dans lequel nous entrerons à Roch Hachana (rav Nathan Wachtfogel - Léket Rechimot - Roch Hachana).
=> Elloul est une synthèse de 2 approches : la crainte et l'amour d'Hachem, qui nous aide à redécouvrir notre lien avec Hachem.

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-> L'Alter de Kelm (Kitvé Yamim Noraïm) enseigne que la principale avoda du mois d'Elloul consiste à sortir de l'état d'esprit décrit par le prophète (Yéchayahou 29,13-14) : "Ce peuple ... m'a honoré de sa bouche et de ses lèvres, mais il a éloigné son cœur de Moi".
Il explique qu'il s'agit là du danger de la routine, qui consiste à s'habituer à une situation sans se rendre compte qu'elle peut ou doit changer (durant l'année on suit machinalement son train-train quotidien).
Comme les choses peuvent changer radicalement en un instant, nous devons anticiper l'arrivée imminente d'une nouvelle année et nous revitaliser spirituellement pour repartir de l'avant.

[notre yétser ara ne veut pas qu'on prenne le temps de se poser sur notre vie, de tout remettre à plan, ... pour nous éviter de faire téchouva, d'avoir davantage conscience de ce qui est essentiel (ne pas se perdre dans le futile), reprendre de meilleures habitudes et objectifs de vie, ...
On ne peut pas changer du tout au tout, mais on peut demander pardon et de l'aide à Hachem, et faire de notre mieux pas à pas. ]

Roch Hachana est le premier jour des 10 jours de Téchouva.
La première étape de la téchouva consiste à devenir une nouvelle création. Tout au long de l'année, nous sommes occupés à courir partout, et le jour de Roch Hachana, nous nous arrêtons. C'est le jour où le monde a été créé. Tout est créé à nouveau ; le monde entier est tout neuf.

Une personne peut être méritante à cette occasion et devenir une nouvelle personne.
Il n'y a pas d'autre façon d'aborder Yom Hadin et de mériter un jugement favorable que celle-là : se déconnecter complètement du passé et se transformer en une nouvelle personne.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot ]

"Mais moi, grâce à Ta bonté abondante, j'entrerai dans Ta maison" (vaani bérov 'hassdé'ha avo vété'ha - Téhilim 5,8).

-> Le 'Hida (Pessa'h Einayim) interprète le mot 'hasdé'ha (חַסְדְּךָ) comme "les règles de bonté que Tu nous as enseignées", ce qui signifie que nous pouvons entrer dans nos synagogues pour prier pour une bonne année parce que nous portons le mérite de tout le 'hessed (bonté) que nous avons accompli.

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-> Dans sa vieillesse, le 'Hafetz 'Haïm se plaignait de ne plus pouvoir se déplacer autant qu'avant.
"Si je le pouvais", déclara le tsadik, "j'irais de maison en maison à cette époque de l'année (les jours menant à Roch Hachana) en citant uniquement nos Sages (Shabbath 151a ; voir aussi Chaaré Téchouva 3,36) qui disent : "kol haméra'hem al habériyot méra'hamim alav min hachamayim" (quiconque fait preuve de compassion envers autrui, le Ciel aura également de la compassion pour lui'".
Apparemment, le 'Hafetz 'Haim estimait que faire preuve de bonté envers autrui est le moyen le plus infaillible d'être béni par une bonne nouvelle année.

A Roch Hachana, les trésors célestes sont ouverts. Hachem ouvre les portails de la vie, attribuant la vie à tous les vivants. Telle est la bonté accordée par le Ciel à Roch Hachana.
Au fil des jours de l'année, cette bonté est répartie en fonction de l'état des bénéficiaires. La personne jugée méritante par Hachem reçoit chaque chose particulière dont elle a besoin en temps voulu. Il lui sera accordé ce que son âme demande et ce dont elle a besoin.
Mais à Roch Hachana, la bonté qui vient d'Hachem est encore simple. Elle est encore cachée sur le plan de la "voix" non articulée, non particularisée.

C'est pour cette raison que nous soufflons dans le Shofar à Roch Hachana. La sonnerie du Shofar symbolise la voix avant qu'elle ne soit exprimée par la parole. Nous réveillons la voix céleste pour que la bonté descende. Il s'agit également d'une voix qui n'est pas articulée.
La bonté est diffusée d'en-Haut et descend vers tous les mondes et tous les anges.
Telle est la dynamique sous-jacente de la sonnerie du Shofar.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Roch Hachana]

Nos Sages (Roch Hachana 26b) enseignent que le shofar doit être plié ou courbé parce que plus nous nous plions et nous soumettons à Roch Hachana (proclamant en nous-même la Royauté d'Hachem), mieux les choses se passeront. [plus nous acceptons pleinement Hachem dans tout notre intériorité, dans tous les aspects de notre vie, plus de bonnes choses en résulteront. ]
Mais qu'est-ce que cela signifie exactement?

Le rav Aharon Leib Steinman analyse tous les Yamim Tovim. À Pessa'h, nous sommes jugés sur les récoltes et nous mangeons donc un produit céréalier, la matsa. À Shavouot, nous sommes jugés sur les arbres fruitiers, et nous apportons donc des bikourim.
À Souccot, nous sommes jugés sur l'eau, et nous agitons donc le loulav, l'esrog, les hadassim et les aravot, qui poussent au bord de l'eau.
Mais à Roch Hachana, nous sommes nous-mêmes jugés, et nous nous offrons donc nous-mêmes à la place d'un sacrifice.
Or, nous ne croyons pas aux sacrifices humains, alors qu'offrons-nous exactement à Hachem? La réponse est que nous offrons notre soumission complète et totale à notre Créateur.
[nous offrons chaque once de notre égo (moi je) à Hachem, le Roi des rois. ]

-> Tous les anges et tous les saintes 'hayot craignent le jour du jugement (yom haDin).
Il en va de même pour l'homme : chacun de ses membres tremble devant le jour du jugement.
Mais si une personne réfléchit, elle se rendra compte qu'elle n'a aucune raison d'avoir peur, car Hachem est un père, et un père juge certainement son fils avec une abondance de bonté, avec toutes sortes de bonté.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Roch Hachana]

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-> Lorsqu'un père joue avec son petit enfant, il éprouve du plaisir même si son enfant fait quelque chose qui, à un autre moment, le contrarierait.
Par exemple, si l'enfant tire la barbe ou les cheveux de son père, cela le contrarierait normalement, mais pendant qu'il joue avec son fils, le père s'en réjouit.
De même, il est entendu que Roch Hachana, qui est un moment propice où les fautes délibérés/volontaires sont transformés en mérites (par une téchouva par amour), est un moment où Hachem éprouve un grand plaisir.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Roch Hachana]

Les 10 jours de repentir – La terrible faute de ne pas faire téchouva

+ Les 10 jours de repentir - La terrible faute de ne pas faire téchouva :

-> Nous allons voir un enseignement du rav Its'hak Blazer de Pétersbourg (Kokhvé Ohr - siman 5), un des principaux disciples du rav Salanter :
Est-ce que ne pas faire téchouva, est-ce uniquement une occasion perdue? (à l'image d'une mitsva qu'on aurait pu faire, qui nous aurait apportée éternellement beaucoup, mais dont on est passé à côté de l'occasion)

Le rav de Pétersbourg explique que ne pas faire téchouva constitue bien plus qu'une simple opportunité perdue ou le fait de ne pas profiter d'un présent d'Hachem. Si une personne ne fait pas téchouva, non seulement elle doit payer pour la faute commise en premier lieu, mais elle doit maintenant également payer pour la faute de ne pas avoir fait téchouva.

-> Ce concept est illustré par Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 1,2), qui décrit le cas de celui qui reporte à plus tard la téchouva, préférant attendre la vieillesse pour se repentir. Celui qui adopte une telle attitude, enseigne Rabbénou Yona, encourt la colère d'Hachem chaque jour où il tarde et ne fait pas téchouva.
Cette situation est comparable à celle de voleurs ayant été arrêtés et emprisonnés par le roi. À la faveur de la nuit, les bandits creusèrent un tunnel souterrain leur permettant d'atteindre l'extérieur des murs de la prison et ils s'échappèrent. Lorsque le gardien de la prison pénétra dans la cellule le lendemain matin, il aperçut le tunnel et se rendit compte que la bande de voleurs s'était enfuie. Un seul prisonnier était resté dans la cellule. Le garde se mit à le battre en lui criant : "Idiot! Le tunnel était juste devant toi et tu aurais pu t'échapper facilement. Le fait que tu n'aies pas fui montre que tu ne crains pas le roi. Si c'était le cas, tu aurais fait tout ce qui était en ton pouvoir pour éviter la punition."

De même, explique Rabbénou Yona, celui qui faute s'expose à la colère d'Hachem. S'il craint vraiment Hachem, il fera tout son possible pour éviter le châtiment.
Bien entendu, on ne peut échapper à Hachem. Mais il existe la téchouva, qui peut aider une personne à éviter une punition. Celui qui ne fait pas téchouva, qui ne saisit pas cette opportunité pour échapper à son sort, devra finalement payer pour la faute commise, et il sera également puni pour avoir porté atteinte à l'honneur de Hachem en ne faisant pas techouva.

Le rav de Pétersbourg souligne que nous apprenons de Rabbénou Yona que non seulement faire téchouva est une mitsva, mais que s'en abstenir est également une avéra (faute).

-> L'obligation de faire téchouva :
Le rav de Pétersbourg cite une guémara (Ména'hot 43a) qui rapporte que les convertis (guérim), endurent des souffrances parce qu'ils ont tardé à passer sous les ailes d'Hachem.
Que dirons-nous alors d'un juif qui est en réalité obligé d'observer toutes les mitsvot de la Torah? S'il faute, il est obligé de faire techouva. S'il tarde à se repentir, il sera alors sûrement tenu responsable de ce délai, ce qui entraînera de graves répercussions.

De plus, le rav de Pétersbourg explique que l'on a l'obligation de faire téchouva toute l'année, et que tout retard en ce domaine constitue une faute ('het). Cependant, lors des 10 jours de repentance entre Roch Hachana et Yom Kippour, l'obligation de faire téchouva s'élève à un tout autre niveau.
Tout au long de l'année, nous sommes obligés de nous repentir, et nous devons le faire sans retard.
Toutefois, nous avons la circonstance atténuante qu'il n'est pas facile de faire téchouva.
Mais, pendant les 10 jours de téchouva, la téchouva est beaucoup plus facile à effectuer (ex: Hachem est plus proche, on est aidé, on accepte même une téchouva de faible qualité, ...), et donc, durant cette période, nous n'avons aucune excuse pour ne pas nous repentir de nos fautes.

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-> La guémara (Roch Hachana 18a ; Yébamot 49a) évoque une contradiction entre 2 versets.
Un verset déclare : "Ainsi est Hachem, notre D., Qui est proche de nous à tout moment" (Vaét'hanan 4,7).
L'autre verset dit : "cherchez Hachem lorsqu'Il peut être trouvé" (Yéchayahou 55,6), ce qui implique que Hachem n'est pas toujours disponible.
Il semble qu'il y ait des moments où Il peut être trouvé et d'autres, non. La guémara répond que le premier verset fait référence au tsibour, la communauté, tandis que le second concerne l'individu (le ya'hid).
Pour un tsibour, pour un minyan, Hachem est toujours disponible, mais pour un individu, Il est parfois accessible et parfois Il ne l'est pas.
Quand Hachem est-Il disponible pour un particulier? demande Rabba bar Avouha, Durant les 10 jours entre Roch Hachana et Yom Kippour. Lors des 10 jours de repentir (asséret yémé téchouva), Hachem Se rend pour ainsi dire accessible à chaque individu.

Au cours de l'année, lorsque Hachem est plus difficile d'accès, il peut être ardu pour un individu de faire téchouva. Cependant, durant les 10 jours de téchouva, Hachem est disponible, Il est à proximité ("cherchez Hachem lorsqu'Il peut être trouvé"). C'est alors que la téchouva est beaucoup plus facile à réaliser.

Le Rambam (Hilkhot Téchouva - chap.2) enseigne que même si la téchouva et les pleurs sont toujours appropriés et bénéfiques, lors des 10 jours de téchouva, ils sont encore plus efficaces et immédiatement acceptés.
Ainsi, le rav de Pétersbourg dit puisque la téchouva est d'autant plus aisée à réaliser lors des 10 jours de téchouva, la punition pour celui qui ne profite pas de cette opportunité est d'autant plus grande.

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-> Pas d'excuses lorsque la techouva est plus facile :
Le rav Its'hak Blazer de Pétersbourg poursuit son développement.
La guémara rapporte que chaque fois que quelqu'un insultait ou blessait Rav Zéira, celui-ci passait intentionnellement près de cette personne, se rendant disponible pour que cette dernière puisse plus facilement lui demander pardon pour ses méfaits.

La guémara (Yoma 87a) illustre ce concept en relatant un épisode concernant Rav. Un certain boucher lui avait causé du tort. Certes, celui-ci aurait dû venir voir Rav avant Yom Kippour pour lui demander pardon, mais il ne le fit pas et Rav décida d'aller apaiser le boucher.
En chemin pour aller le voir, Rav rencontra Rav Houna qui lui demanda où il allait. Lorsque Rav l'informa qu'il allait se réconcilier avec le boucher, Rav Houna lui déclara qu'il ne réussirait pas dans cette entreprise, et qu'il tuerait plutôt le boucher.
Néanmoins, Rav se rendit à la boucherie et trouva le boucher occupé à ouvrir le crâne d'un animal. Le boucher aperçut Rav et lui ordonna de partir. "Je n'ai rien à voir avec vous", lança-t-il.
Tandis qu'il tranchait la carcasse, un morceau d'os s'envola et le frappa à la gorge, le tuant.

Des questions évidentes se posent : la halakha exige que si quelqu'un blesse ou insulte une autre personne, elle doit demander pardon, à la partie lésée. Mais la halakha ne spécifie pas que la personne blessée doit faire tout son possible pour que l'autre personne puisse facilement demander pardon (mékhila).
En ce qui concerne le cas de Rav et du boucher, nous pouvons également nous demander : n'est-il pas indigne de la part de Rav de se rendre chez le boucher? Cela semble être un manque de kavod HaTorah ; d'où Rav a-t-il appris un tel comportement?
De plus, quel est le sens de la réponse de Rav Houna lorsqu'il annonça que Rav tuerait le boucher?

Le rav Pétersbourg répond ainsi à ces questions :
Rav apprit ce comportement d'Hachem Lui-même. Car c'est exactement ainsi que Hachem Se comporte avec celui qui transgresse.
Il sait qu'un fauteur est vraiment obligé de venir à Lui et de faire téchouva, tout au long de l'année. Mais c'est peut-être trop difficile pour lui ; peut-être suis-Je trop loin de lui, envisage Hachem, et faire téchouva devient un défi trop écrasant pour le fauteur.
Hachem choisit donc d'aller vers l'homme, de venir à nous, et de Se rendre plus facilement disponible pour que nous Lui demandions pardon.
Hachem nous offre 10 jours dans l'année pendant lesquels Il se rend accessible pour nous. Il nous donne 10 jours par an pendant lesquels il est plus facile de faire téchouva, car Il est là, devant nous, tout près.

S'il n'est pas indigne de la part de Hachem d'aller vers celui qui a fauté afin de faciliter sa tâche dans la téchouva, alors cela ne l'est certainement pas non plus pour Rav ou Rav Zéira, car ils ont appris ce comportement de Hachem.

Le rav de Pétersbourg continue. Les conséquences de cette guémara sont plutôt effrayantes. Observez le sort du boucher. Si Rav n'avait pas fait tout son possible pour permettre à l'artisan de demander pardon plus facilement, il est probable que rien ne lui serait arrivé.
Même si celui-ci avait croisé Rav dans la rue, il n'aurait peut-être pas été puni aussi sévèrement. Mais parce que Rav fit tout son possible pour permettre au boucher de demander pardon facilement, et que ce dernier ne profita néanmoins pas de cette opportunité, il subit une mort terrible.

C'est pour cette raison que Rav Houna prévint Rav qu'il tuerait le boucher. Il considérait que si Rav restait à l'écart et que le boucher ne lui demandait pas pardon, la situation ne serait pas aussi défavorable pour l'artisan. Si toutefois Rav lui facilitait la tâche pour demander pardon et qu'il s'y refusait encore, ce serait la mort du boucher.

Tel fut le sort d'un boucher qui ne demanda pas pardon à Rav, un être humain, alors que Rav lui facilitait la tâche. Quel sera alors, demande le rav de Pétersbourg, le sort d'une personne qui ne profite pas de l'occasion de faire téchouva pendant les 10 jours de pénitence, lorsque Hachem, le Roi des rois, s'approche d'elle pour lui faciliter la tâche de faire téchouva? On ne peut qu'imaginer quel sera son sort!
Puis, Yom Kippour arrive, et Hachem est encore plus proche et plus disponible pour nous qu'à tout autre moment de l'année. Si nous ne faisons toujours pas téchouva, les conséquences en sont terrifiantes.

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-> Au début de Yom Kippour, tout le monde se tient à la synagogue pendant le Kol Nidré et récite ensemble la bénédiction avec une immense émotion : "chéé'héyanou vékiyémanou véhiguianou lazman azé". A l'entrée de Kippour, nous exprimons : merci Hachem, pour nous avoir accordé le privilège de survivre pour arriver à ce jour, où il est plus facile de faire téchouva.

Le rav Méir Sim'ha haCohen, le Méssekh 'Hokhma (Nitsavim 30,20), affirme que certaines personnes auraient peut-être été mieux loties de ne pas avoir vécu jusqu'à Yom Kippour.
Il est vrai que Yom Kippour est une opportunité incroyable, mais seulement si vous en profitez, seulement si vous saisissez cette occasion.
Si vous ne le faites pas, alors, D. préserve, c'est comme lorsque Rav Houna mit en garde Rav : "Savez-vous où vous vous rendez? Vous allez tuer le boucher. Si cet homme renonce à cette opportunité qui rend la techouva si facile, les conséquences seront dévastatrices".
Et il en fut précisément ainsi. Si telle est la situation quand on ne demande pas pardon à un être humain, imaginez ce qui peut arriver si on ne se repent pas auprès de Hachem.

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-> La Michna (Pirké Avot 3,5) dit au nom de Rabbi 'Hanina ben 'Hakhinaï : Celui qui veille la nuit et celui qui marche seul sur la route et détournent leur attention mettent leur vie en danger.
Le Noda BiYéhouda (rav Yé'hezkel Landau - drouch 20 sur 10 jours téchouva), propose l'explication suivante :
"Celui qui veille la nuit" fait référence à celui qui, pendant les jours de Séli'hot, durant les 10 jours de téchouva, se lève dans l'obscurité de la nuit pour implorer Hachem.
"Et celui qui marche seul sur la route" fait également allusion aux 10 jours de téchouva. Tout au long de l'année, Hachem n'est facilement accessible qu'à un minyan de juifs, mais pendant les10 jours de repentir, Hachem Se rend disponible même à un individu seul (ya'hid), même à quelqu'un qui voyage seul sur la route de la téchouva.
"Celui qui détourne son attention" implique que si dans un moment comme celui-là, où il est si aisé de faire téchouva, une personne se préoccupe d'autre chose et ne profite pas de l'occasion, alors elle "met sa vie en danger".

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-> Le rav de Pétersbourg poursuit :
Si une personne ne fait pas téchouva, elle peut bien étudier la Torah, prier, donner de la tsédaka, accomplir des centaines, voire des milliers de mitsvot, la faute de ne pas se repentir durant les 10 jours de téchouva est si écrasante qu'elle l'emportera sur tous les mérites qu'une personne parviendrait à accumuler.
Lors des 10 jours de téchouva, et plus particulièrement à Yom Kippour, la téchouva devient d'autant plus facile que Hachem se rend disponible. Ne pas profiter de cette opportunité est une transgression si grave qu'aucune mitsva ne peut la contrebalancer.

Avant Roch Hachana, il existe aussi l'obligation de faire téchouva, mais si quelqu'un s'en abstient à ce moment-là, ce comportement est considéré comme n'importe quelle autre faute. Ainsi, tant qu'une personne possède davantage de mitsvot que de fautes (avérot), elle sera inscrite pour la vie.
Mais dès qu'elle aborde la période des 10 jours de téchouva en tant que bénoni (après Roch Hachana, tout juif doit se considérer comme bénoni, ni inscrit comme racha ou tsadik, comme si notre jugement est en suspend jusqu'à Kippour), un changement radical s'opère. Désormais, il ne lui reste qu'une seule option, qu'un seul chemin vers le rachat.

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=> Nous devrions prendre en considération les ramifications du fait que Hachem Lui-même vient personnellement à nous durant les 10 jours de téchouva, nous suppliant littéralement de faire techouva. C'est une opportunité que nous devons saisir. Ces jours sont extrêment importants pour notre existence, toute notre vie (dans ce monde et le monde à Venir, car on peut tout changer b'h).

La téchouva ne signifie pas que nous devons corriger tous nos échecs d'un seul coup. Mais il faut commencer (exprimer ce regret, ce désir de s'améliorer, de toujours davantage agir selon la volonté de D.).
Nous devons choisir un domaine dans lequel nous améliorer. Même une légère modification (que l'on tiendra dans le temps) revêt une énorme signification.

Le Ram'hal (Ma'amar ha'Hokhma) explique qu'il y a 2 façons pour Hachem de se comporter avec le monde : Soit il révèle Sa gloire et Sa royauté, soit Il les cache.
Dans l'exil, Hachem garde Sa gloire dissimulée. Cependant, à Roch Hachana, Hachem agit en tant que Roi sur son monde et Sa royauté nous est, d'une certaine manière, révélée.
Nous devons profiter de ce moment et prier pour que Sa royauté soit complètement révélée, pas seulement ce jour-là, mais tout au long de l'année.

Nous voulons atteindre le point de "Car Tu effaceras le royaume du mal de la terre" (ki taavir mem'chélét zadon min haarets).
C'est notre avoda à Roch Hachana. C'est le point principal de Roch Hachana, et tout le reste tourne autour de lui.
Lorsque nous disons les versets de Malkouyot, Zi'hronot et Shofarot, nous essayons d'obtenir l'accomplissement de "Vous effacerez le royaume du mal du pays". Et ensuite, "Toi, Hachem, tu seras le seul Roi" (vétimlo'h ata, Hachem, lévadé'ha).

Au début du mois d'Elloul, Hachem révèle Sa divinité et Sa souveraineté au peuple juif. Il révèle comment Il dirige tous les mondes avec une grande bonté. En réponse, le peuple juif, Sa nation sainte, accepte le joug de sa royauté.
[...]

Le jour de roch 'Hodech Elloul, Hachem révèle à l'âme juive qu'Il dirige le monde ...
[en appréciant ["s'attacher au"] fait que Hachem dirige le monde et qu'Il est donc le centre le plus important de notre attention, nous pouvons nous connecter ["attacher nos cœurs"] à Lui. ]
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Roch Hachana]

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=> En préparation des jours saints de Tichri, nous faisons le nœud qui nous relie/attache nos cœurs à Hachem, au mois d'Elloul.

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-> À partir du mois d'Elloul, la Divinité commence à se contracter pour devenir accessible. Une nouvelle contraction a lieu à Roch Hachana et à Yom Kippour, ce qui permet à Sa bonté d'imprégner tous les mondes.
[...]

Un avis affirme que le monde a été créé en Nissan, tandis qu'un autre soutient qu'il l'a été en Tichri (guémara Roch Hachana 10b).
Le principe sous-jacent est le suivant : Hachem accorde sa générosité en permanence. Il y a cependant des moments où les mondes retournent au "néant", c'est-à-dire que leur énergie vivifiante se lie au "néant" Divin afin que Hachem puisse ensuite se contracter avec chaque personne selon son niveau.
Ceci est analogue à l'intellect d'un étudiant qui s'élève jusqu'à l'intellect de son professeur afin que ce dernier puisse condenser ses conceptions pour enseigner à l'étudiant en fonction de la capacité de compréhension de ce dernier.
[l'idée est que pour recevoir la "lumière directe" d'Hachem au mois de Nissan (miracle et bonté dévoilés), il faut d'abord s'attacher à Lui pendant le mois de Tichri avec notre "lumière réfléchie". ]

[d'après un enseignement du rabbi de Berditchev - Kédouchat Lévi - Roch Hachana]