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Les désirs de ce monde

+ Les désirs de ce monde (selon le Baal Chem Tov) :

-> Il faut savoir que tout, que ce soit dans le monde céleste (le monde des Anges) ou dans le monde du Trône Divin, est insignifiant par rapport à D., qu'Il soit béni. Tout existe dans le vide produit par la constriction de la Lumière Infinie, lorsque D. s'est resserré [pour ainsi dire, au début de la création], et tout a été amené à l'existence par une parole divine. [voir Ramban pérouch al haTorah Béréchit 1,1]
Par conséquent, pourquoi devrions-nous être attirés par un quelconque désir pour tout ce qui existe dans ces mondes, alors que tout n'est qu'une partie d'une parole prononcée par Lui?
Il serait préférable de s'attacher avant tout au monde surnaturel, au Créateur, qui est la réalité essentielle, et non à ce qui est secondaire.

C'est ce que le Zohar (II, 134b) veut dire [lorsqu'il déclare] : "Méritoires sont les tsadikim qui savent ce qui a une vraie valeur. Le désir de leur cœur est dirigé vers le Roi Surnaturel et non vers ce monde et ses passions sans valeur."
Car le destin de tous les mondes est la destruction. [Au lieu de cela], on devrait toujours s'attacher au Créateur, avec un amour absolu. On doit l'aimer plus que tout ce qui existe dans le monde, car toute bonne chose qui existe est incluse dans sa Source, qui est D.
[Tsavaat haRivach 84, section 3]

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-> Il faut s'abstenir de regarder avec désir les choses matérielles et les belles femmes en particulier.
Ce type de regard est égoïste et s'apparente à l'adoration d'une idole.
Au contraire, si l'on voit soudainement une belle femme, il faut se dire : "Qu'est-ce qui la rend belle si ce n'est la force Divine de vie qui l'habite? Et si cette force vitale Divine est la source de la beauté, pourquoi serais-je attiré par une petite partie de cette force? Au lieu de cela, je m'attache à la Source et à l'Essence de tous les mondes, où se trouve toute la beauté."

De même, lorsque l'on contemple un objet matériel, tel qu'un vase, on doit se demander : "D'où vient la beauté de ce vase (si ce n'est du Créateur)?"
L'aspect physique de l'objet n'est pas important. Sa beauté et son design, cependant, reflètent sa spiritualité et sa force vitale. [Cet aspect intérieur de l'objet] est aussi une partie de D.

De même, lorsque l'on mange, il faut se rendre compte que le goût et l'agrément de la nourriture proviennent de sa force vitale intérieure et des délices du monde surnaturel.
Même les objets inanimés sont imprégnés de force vitale, ce qui peut être déduit du fait même de leur existence. Ainsi, la force vitale Divine est partout. [sans D. aucune chose ne pourrait exister, même une seule seconde supplémentaire]

Si quelqu'un regarde de cette manière, et si son regard est pour l'amour de l'Infini (Hachem), cela l'aidera grandement à surmonter les pensées impures.
[Tsavaat haRivach 90 , section 1]

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-> "Détournez-vous du mal et faites le bien, cherchez la paix et poursuivez-la" (Téhilim 34,15).

Le Baal Chem Tov enseigne : Dans chaque chose physique autorisée par la Torah, il y a le bien et le mal. L'aspect matériel est mauvais, et la force vitale Divine qui anime l'objet est bonne.
La personne qui utilise un objet physique doit "se détourner du mal" et ne pas désirer le plaisir qu'il procure. Elle doit plutôt "faire le bien" en tirant sa subsistance et son aide de la force de vie Divine qui se trouve à l'intérieur de l'objet.

"Cherchez la paix et poursuivez-la". Celui qui "se détourne du mal et fait le bien" doit s'efforcer de faire la paix entre l'aspect physique et la force de vie Divine qui l'anime.
[Pour ce faire, il faut l'utiliser d'une manière sacrée et non pour le plaisir physique].
En effet, c'est le but ultime de la création de l'homme et de sa descente dans ce monde physique : il doit élever le physique/matériel vers le spirituel.
[Séfer haMaamarim - Yiddich p.76]

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-> Prenons un exemple : une petite pièce de monnaie, si elle est tenue devant nos yeux, elle nous empêchera de voir une grande montagne.
Même si la montagne est des milliers de fois plus grande que l'objet, pourtant, parce que la pièce se trouve devant nos yeux, elle bloque la vision de sorte qu'un objet beaucoup plus grand ne peut pas être vu.

De même, lorsque le moment est venu pour une personne d'entrer dans ce monde, elle s'enfonce dans ses vanités et pense que rien ne pourrait être mieux. Ce monde, bien que petit et insignifiant, l'empêche de voir la grande lumière de la Torah ...
Cependant, si l'on pouvait enlever le petit obstacle devant ses yeux, si l'on pouvait détourner son regard (de la matérialité), et au lieu de cela, lever la tête, lever les yeux et regarder au-dessus des occupations mondaines qui interviennent, on mériterait de voir la grande lumière de la Torah et des tsadikim.
En vérité, leur lumière est des milliers et des myriades de fois plus grande que ce monde et ses futilités ...

C'est ainsi que le Baal Chem Tov s'est exclamé : "Hélas! Le monde est plein de lumières et de mystères merveilleux et impressionnants, mais une petite main se tient devant les yeux, les empêchant de voir ces grandes lumières".
[Likouté Moharan 1:133 , abrégé]

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-> Il faut attacher ses pensées au-dessus (au Ciel) et ne jamais manger ou boire à l'excès, mais uniquement dans le but de préserver sa santé.
On ne devrait prêter aucune attention [aux flatteries de] ce monde [matériel], et les considérer comme totalement sans valeur.
De cette façon, on peut se détacher de la matérialité.
[Cependant,] en fixant son attention sur les choses du monde, on se rend [d'autant plus] corporel.
[à la différence des non-juifs, ce monde est un moyen au service de notre vie juive, et non une finalité, sur laquelle on va se focaliser, mettre toute notre attention]
Nos Sages (guémara Ména'hot 43b) ont enseigné que le fait de voir amène à notre esprit [notre nature inférieure] et des désirs matériels.
C'est ainsi qu'il est dit que l'Arbre de la Connaissance était "désirable à voir et bon à manger" (Béréchit 3,6). En d'autres termes, le simple fait de contempler l'Arbre de la Connaissance suscite le désir.
[ainsi plus on prête "œil", notre attention, à ce monde, plus on permet aux désirs de ce monde de s'installer en nous. Nous devons nous plutôt s'en protéger et développer un "œil" juif sur ce qui nous entoure. ]
[Tsava'at haRivach 5]

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-> Le Baal Chem Tov a dit un jour : Pourquoi la sexualité est-elle une si grande passion? En effet, on éprouve aussi du plaisir en mangeant et en faisant d'autres choses physiques.

[Cependant,] l'homme est né en conséquence d'un désir sexuel. [C'est pourquoi] tous les plaisirs sont secondaires et inclus dans ce désir. C'est pourquoi il s'agit de la plus grande passion.
Cela étant, [tous les désirs physiques] sont tous enracinés dans quelque chose d'insignifiant. Il faut au contraire s'attacher à Hachem.
[Likouté Amarim de Rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk 40 ; Tsavaat haRivach 101]

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-> Une personne ne doit pas se sentir le moins du monde déprimée parce qu'elle n'a pas satisfait ses désirs. Au contraire, il doit se réjouir d'avoir mérité de les maîtriser pour la gloire de D.
Ainsi, nos Sages déclarent : "Il est écrit, à propos de ceux qui se réjouissent de leurs afflictions : "Que ceux qui L'aiment soient comme le soleil qui se lève dans sa force"" (guémara Shabbath 88b). Puisque l'on ne suit pas ses désirs, même en pensée, mais qu'on les méprise, on est capable de maîtriser les klippos (enveloppes du mal).

"Qui peut monter sur la montagne de Dieu? Celui qui a les mains propres et le cœur pur" (Téhilim 24,3-4).
Le Zohar (I, Béréchit 10a) explique : "Un cœur pur" se réfère à quelqu'un qui ne permet pas à sa volonté et à son cœur d'être attirés par l'Autre Côté (les forces du mal, son yétser ara)."
[Une personne ne peut faire l'expérience de la Divinité que dans la mesure où elle a surmonté ses passions physiques. ]
[Tsavaat haRivach 9]

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-> Imaginons qu'une fantaisie vous vienne à l'esprit, une envie de quelque chose de ce monde.
Éloignez votre esprit de cette fantaisie. Méprisez cette envie jusqu'à ce qu'elle vous soit odieuse et répugnante. Réveillez votre envie de bien contre l'envie de mal et contre cette envie, et vainquez-la de cette manière.

Mais ne laissez pas cette envie insatisfaite vous déprimer. Au contraire, réjouissez-vous d'avoir le privilège de soumettre vos désirs pour l'honneur du Créateur, béni soit-il !

C'est une façon de comprendre ce que nos rabbins voulaient dire lorsqu'ils parlaient de "ceux qui se réjouissent de leur souffrance".
[Tsavaat haRivach 9 ]

+ [ Le jour de Roch ‘Hodech Elloul, Moché est à nouveau monté sur le mont Sinaï pour prier en tant qu’émissaire d’Israël, demandant à D. d’avoir pitié d’eux et de les pardonner. Le jour de Yom Kippour, leur repentir a été pleinement accepté. Moché est descendu pour donner aux juifs le 2e ensemble de Tables de la Loi et pour les informer qu’ils étaient pardonnés de la faute du Veau d'or. ]

La montée de Moché sur le mont Sinaï pour recevoir la Torah (les Lou'hot) une seconde fois, maintenant à la tête d'une nation de pénitents (chacun ayant fait téchouva sur le Veau d'or), met en lumière un objectif central d'Elloul : le retour à la Torah.
Chaque juif a une contribution unique à apporter à notre mission nationale d'étude et de diffusion de la Torah, comme nous le demandons trois fois par jour dans nos prières : "Accorde-nous notre part de Ta Torah" (véten 'helkénou béToratékha).

Les origines de ce concept remontent même avant la Création du monde, puisque les Sages enseignent (Yalkout Chimoni - Béréchit 2) qu'Hachem a utilisé la Torah comme plan pour construire l'univers. Ainsi, le monde est apparu et continue d'exister uniquement pour la Torah ; il s'ensuit que chaque être individuel n'est soutenu que grâce à sa part unique dans la Torah.
Bien qu'un juif puisse s'éloigner de ses racines dans la Torah au cours de l'année, lorsque Elloul arrive, il retrouve toujours le chemin de ses racines.

En effet, c'est précisément ce processus de reconnexion aux racines de la Torah qui constitue l'essence de la téchouva : s'extraire du marasme du matérialisme qui engloutit le monde et s'attacher à nouveau à Hachem et à Sa Torah.
Dans cette optique, nous pouvons constater que la téchouva n'est en aucun cas réservée exclusivement aux fauteurs, puisqu'il s'agit ni plus ni moins que de se détourner de notre préoccupation excessive pour les modalités du monde matériel et de revenir à Hachem.
C'est ainsi que nous prions 3 fois chaque jour de la semaine : "Ramène-nous, notre Père, à Ta Torah" (achivénou avinou léToratékha).
[Sfat Emet - Likoutim]

La matérialité au service de la spiritualité

+ La matérialité comme moyen au service de la spiritualité :

-> Dans les Pirké Avot, on nous enseigne que lorsqu'un homme s'assoit pour prendre un repas, il s'agit d'une expérience qui peut être soit édifiante, soit avilissante. Lorsque trois personnes mangent ensemble et ne prononcent pas de paroles de Torah à table, c'est comme si elles avaient mangé une offrande idolâtre. Mais si elles prononcent des paroles de Torah, c'est comme si elles avaient mangé à la table même d'Hachem.
Il n'y a apparemment pas de juste milieu ; c'est soit comme si l'on avait mangé à la table d'Hachem, soit de la avoda zara (idolâtrie).
Il existe une différence fondamentale entre les juifs et les non juifs quant à la manière dont ils perçoivent ce monde.
Les non juifs croient que le monde physique (matériel) et le monde spirituel sont deux mondes complètement séparés. Ils croient qu'ils peuvent se connecter au monde spirituel en priant, mais dès qu'ils cessent de prier et s'engagent dans le monde physique, comme manger, il n'y a plus de connexion avec le monde spirituel.
Cependant, nous croyons que notre travail dans ce monde est d'infuser des étincelles de sainteté dans toutes nos actions physiques et d'élever chaque partie de notre vie.

Un juif est autorisé à apporter un Korban Shélamim, qui est mangé par celui qui l'apporte, alors qu'un non-juif n'est autorisé à apporter qu'un Korban Ola, qui est complètement brûlé.
Ils ne peuvent pas apporter un Korban Shélamim parce que nous ne voulons pas qu'ils en mangent, car ils ne reconnaissent pas que le fait d'en manger peut être transformé dans le monde spirituel.
Le peuple juif prend part aux Shélamim et les élève au rang de spiritualité.

Manger est une nécessité de la vie, et si l'on n'insuffle pas de spiritualité dans son alimentation, on est comme les non-juifs, et d'ailleurs comme toutes les créatures de la terre qui mangent de la nourriture pour vivre. Il faut manger, boire, dormir et accomplir toutes les actions physiques et banales en pensant qu'on le fait pour que son corps fonctionne correctement et qu'on puisse servir Hachem.
Celui qui dit des divré Torah lors d'une séouda (repas) élève toute sa séouda de telle sorte qu'il a l'impression d'être assis à la table de Hachem et d'y prendre part.
[le Emet léYaakov ]

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-> Selon le Avodat Israël :
Le fait de manger peut être fait d'une façon spirituelle et peut être une expérience spirituellement édifiante, ou, D. préserve, cela peut être une chute spirituelle.
Une table devient comme une sainte Mizbéa'h lorsque l'on est méticuleux et que l'on imprègne son repas de sainteté, par exemple en se lavant les mains, en récitant des bénédictions et en prononçant des divré Torah.
C'est ce que nous appelons un "choul'han".

Cependant, si une personne n'élève pas sa séouda au rang de spiritualité, mais qu'au contraire elle se concentre sur la satisfaction physique, matérielle, par la consommation de nourriture, alors les lettres de "שולחן" (choul'han - table) sont réarrangées pour épeler "לנחש" (léna'hach - le serpent [originel] ), qui symbolise Satan, c'est-à-dire que le repas va au serpent, ce qui signifie que la table est occupée par Satan et qu'il cherche à inculper la personne pour ses fautes.

En ce sens le moment du repas du séder de Pessa'h s'appelle "Choul'han Orékh" (la table dressée), afin d'appuyer sur notre nécessité de se comporter pour que les lettres de choul'han sont dressées et doivent le rester, de sorte que notre séouda doit participer à la sainte avoda du Mizbéa'h.

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-> Selon le 'Hatam Sofer :
La table d'une personne est comme une Mizbéa'h, comme il est dit, à propos du Mizbéa'h : "zé achoul'han acher lifné Hachem" (Yé'hezkel 41,22).
Etant donné que la Choul'han (la table) est comme un Mizbéa'h, la maison est comme un Temple (Beit Hamikdach).
"zé Eli véan'véou" (voici mon D., je Lui construirai un Sanctuaire" (Béchala'h 15,2). (Rachi dit que
"véan'véou" (וְאַנְוֵהוּ) peut également être traduit par "embellir").
"zé Eli" (זֶה אֵלִי) est l'acronyme pour les mots : "zé haChoul'han acher lifné Hachem".
Si l'on fait de notre table un mizbéa'h, alors "וְאַנְוֵהוּ" - je ferai [pour Hachem] que ma maison soit un lieu magnifique pour la demeure de la Chékhina.

Les mitsvot = le plaisir de passer d’une réalité matérielle à spirituelle

+ Les mitsvot = le plaisir de passer d'une réalité matérielle à spirituelle :

-> Le plaisir que nous procure ce monde physique ne provient pas de la matérialité elle-même, mais de l'étincelle de spiritualité qui l'habite.
Alors que les gens ont tendance à avoir l'impression que la matérialité est agréable, c'est le contraire qui est vrai. La matérialité interfère avec le plaisir. Moins il y a de matérialité, plus il y a de plaisir.
Si c'est le cas, la façon d'obtenir plus de plaisir de tout ce qui est physique/matériel est d'élever la matérialité et de la transformer en quelque chose de spirituel.
Lorsque l'on fait cela, la matérialité n'interfère pas avec le plaisir, mais devient plutôt un canal pour celui-ci. Tel est le secret du plaisir.
Hachem est le plaisir [ultime], et plus Il est présent, plus l'expérience sera agréable.

Comment transformer la matérialité en spiritualité?
La Torah est le livre d'instructions pour transformer ce monde physique en quelque chose de spirituel.

En se rapportant au monde matériel conformément aux instructions de la Torah, nous rendons le monde matériel spirituel.
Faire des bénédictions sur la nourriture, par exemple, transforme la nourriture d'un objet physique en un récipient de spiritualité et augmente par conséquent le plaisir que l'on éprouve à la manger.
Manger de la nourriture le Shabbat, ou conformément aux halakhot de casherout, élève la nourriture physique, la transformant en un objet de spiritualité et de plaisir.
Les mitsvot sont les moyens d'accroître le plaisir dans ce monde, et une vie de Torah est incroyablement agréable.

Que se passe-t-il si l'on n'éprouve pas de plaisir à accomplir les mitsvot? Comment expliquer cela?
Si l'on n'éprouve pas de plaisir à réaliser les mitsvot, la raison en est que notre propre réalité physique, notre corps, s'y oppose.

Il y a deux façons d'aborder la avodat Hachem : l'une est que la Torah est ce que nous gardons. L'autre est que la Torah est ce que nous sommes.

Lorsque la Torah est ce que nous gardons, nous la suivons parce qu'elle est importante pour nous, mais il s'agit essentiellement de règles, une succession d'obligations.
C'est un système extérieur à nous-mêmes autour duquel nous construisons notre vie.

Cependant, il existe une autre façon d'aborder la Torah, qui considère que la Torah n'est pas une question de règles, mais qu'elle permet d'établir un lien avec Hachem.
À ce niveau, la Torah n'est pas ce que nous faisons ou ce autour de quoi nous construisons notre vie, c'est ce que nous sommes.
Dans cette approche, la Torah est la vie elle-même, et non pas simplement une valeur dans notre vie.
Enfreindre la halakha, c'est nous enfreindre nous-mêmes, puisqu'elle est l'essence même de notre être. Et observer la Torah, c'est vivre vraiment la vie, puisque notre vie même est Torah.

La véritable avodat Hachem ne consiste pas à "garder" (observer) la Torah. Il s'agit d' "être" la Torah.
En fait, c'était exactement la mida de Moché Rabbénou. La Torah dit que Moché était un "anav mikol adam" (le plus humble des hommes - Béaaloté'ha 12,3).
C'est précisément parce qu'il n'était pas rempli de lui-même qu'il pouvait devenir saturé de Torah (de spiritualité).
Moché dit à Hachem : "Mi ano'hi" (qui suis-je?) et Hachem répond : "Eyé im'ha" (Je serai avec toi).
C'est précisément parce que Moché a dit " mi ano'hi " qu'Hachem a pu " être avec " lui.
Moché était le paradigme du serviteur d'Hachem, car il n'y avait rien d'autre pour lui que la Torah.
La véritable avodat Hachem ne consiste pas à "garder" la Torah, mais à "être" la Torah elle-même.

Pour ressentir le plaisir des mitsvot, nous ne pouvons pas nous contenter d'observer la Torah, notre corps nous en empêcherait. Si nous voulons ressentir le plaisir de la Torah, nous devons devenir la Torah, c'est-à-dire permettre à la Torah de nous changer et de nous modeler.
Plus nous devenons ce qu'est la Torah, plus nous ressentirons le plaisir des mitsvot que nous accomplissons.
Mais si la Torah reste seulement ce que nous faisons, et que ce que nous sommes reste essentiellement le même, nous n'éprouverons que peu de plaisir, car notre corps nous en empêchera.
Plus nous changeons en observant les mitsvot, plus les mitsvot nous procurent du plaisir.

Hachem est la source de tout plaisir. Si nous nous saturons de Torah (et de ses mitsvot), nous nous saturons de Son essence, et nous aurons du plaisir même si nous souffrons.
La vie est plus agréable lorsque notre vie est Hachem.

Dans ces conditions, les périodes difficiles de notre vie sont en fait celles qui offrent le plus de possibilités de plaisir. Puisque le plaisir vient du fait de modeler notre corps à la Torah, plus l'effort pour garder la Torah (et ses mitsvot) est grand, plus la Torah nous change, et plus nous éprouvons de plaisir.
[ Hachem nous a donnés des mitsvot par le biais desquelles nous façonnons une nouvelle réalité de nous-même plus spirituelle, les mitsvot nous permettent de faire ce lien entre le matériel et le spirituel, et d'ainsi se connecter le plus possible avec Hachem, ce qui provoque la plus grande joie possible. ]

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Chémot 5702 (1942) ]

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-> Par essence, tous les plaisirs de ce monde proviennent d'Hachem Lui-même, et par conséquent, s'engager dans le plaisir physique (de ce monde) à travers la ligne directrice de la Torah fournit le plus grand accès au plaisir et les plus hauts niveaux de plaisir dans ce monde.
[ rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Shavouot 5685]

-> "Il est impossible d'obtenir le plaisir des plaisirs supérieurs (noam el'yon) sans monter de niveau (chéyél'hou mé'hayil el 'hayil) ... parce que le plaisir principal est de révéler la sainteté, et toute personne qui court après le plaisir et le désir dans ce monde est seulement [due au fait que] son âme n'a pas ressenti le plaisir de révéler la sainteté et qu'il (le plaisir) est vide".
[ rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Shouva 5690]

-> L'idée est que l'observance idéale de la Torah ne consiste pas simplement à respecter les mitsvot (Hachem n'ayant besoin de rien!), mais plutôt à devenir après chaque mitsva une personne davantage élevée spirituellement.

"Vous serez pour Moi un royaume de prêtres (cohanim) et une nation sainte" (Yitro 19,6).
Le rabbi de Piaseczno fait référence au midrach (voir Tana déBé Eliyahou Zouta - chap.4), qui souligne que la directive d'Hachem "tiyou li" (litt. soyez pour moi) ne concerne pas l'action mais l'essence, dans le sens où la Torah n'est pas destinée à être un simple code de conduite, mais plutôt elle permet de développer une personne.

[Hachem nous a créé avec des ressources à notre naissance, mais durant toute notre vie, par le biais d'une vie selon la Torah, on devient un être totalement différent, on va tendre davantage vers la spiritualité (nous n'aurons pleinement conscience de ce que nous sommes devenus par une vie juive, qu'après notre mort, où le matériel ne limitera plus notre perception du spirituel). ]

Notre relation avec la matérialité (1ere partie)

+ Notre relation avec la matérialité (1ere partie) :

-> "La raison pour laquelle les gens sont à la recherche de plaisirs, est pour dissiper la tristesse résultante de l'obscurité de notre matérialité brute"
[Rav Aharon Kotler - Intro - Michnat Rav Aharon]

[on est toujours à la recherche de ce que nous n'avons pas, pour combler le vide qui est en nous parce que nous ne nourrissons pas notre âme de sa spiritualité vitale à son épanouissement.]

Le rav Akiva Eiger déclarait : "La joie de plonger dans la Torah de Hachem : c'est la joie ultime qu'on peut atteindre dans ce monde!"

-> Le culte de l'argent, comme le culte des idoles, provient d'un manque de confiance en Hachem.
Le plus il est déraciné, le plus le monde rayonne de la bénédiction de Hachem.
[Rabbi Na'hman de Breslev]

-> Nous ne pouvons pas vraiment aimer l'argent, car l'argent ne peut pas nous aimer en retour.
Il vient et va d'une poche à l'autre.
Les gens convoitent simplement l'argent, et c'est pour cela qu'ils ne sont jamais satisfaits.
[Rabbi Meïr d’Apt]

-> Rav Yé'hezkel Levenstein dit : "Je n'ai jamais été attaché aux préoccupations matérielles, et quelle belle vie j'ai pu mener dans ce monde!"
Il explique que si l'on veut atteindre de hauts niveaux spirituels, on doit maîtriser le trait de se satisfaire de son sort avec peu.

-> Selon le Ramban (paracha Kédochim), un épicurien est "un racha dans les paramètres de la Torah"
[certes on respect la loi juive, mais pas son état d'esprit latent!
Dans le matériel, tout ce qui ne permet pas une amélioration de notre service de Hachem ne doit pas être recherché!]

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-> "Hachem veut que nous profitions des plaisirs du monde physique. Mais c'est une erreur de faire du matérialisme une fin en soi."
[rav Noa'h Weinberg]

-> "En t’écartant de ce dont tu n’as pas besoin, tu parviendras à obtenir ce dont tu as vraiment besoin."
[Rabbi Chlomo Ibn Gabirol]

-> Les excès de plaisirs matériels totalement débridés ont pour conséquence de renforcer notre yétser ara, et de lui permettre de contrôler une personne, la rendant esclave.
[Rabbénou Yona - Chaaré Avoda]
Chaque personne doit se connaître avec sincérité, et savoir ce qui est considéré comme vraiment nécessaire à ses yeux.

-> Lorsque l'homme suit les désirs de son cœur, la matière domine son intellect et aveugle sa raison, or un aveugle est considéré comme un homme mort.
[Méam Loez - Nitsavim 30,6]

-> Combien est agréable ce monde si nous n’y sommes pas soumis, et combien il est difficile sinon.
[Rabbi Barou’h de Mezhibuzh]

-> Certes nous devons répondre à nos besoins physiques, puisque sinon il serait impossible de vivre. Cependant, nous n’avons pas besoin de sans cesse en parler.
[l’Alter de Novardok]

-> "En fonction de ses possessions matérielles, les hommes se glorifient et pensent être importants. Ils ont fait de leur estomac un dieu, de leur habit une Torah, et de l'amélioration de leur maison une moralité."
['Hovot haLévavot]

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin fait remarquer qu'une personne qui possède une petite fortune, va ressentir que ses opinions sont importantes, et va parler avec une confiance absolue.
Il faut que Hachem (qui a donné, et qui peut tout reprendre) soit toujours devant nous (cf. Téhilim 16,8), et non pas notre richesse, car sinon on en vient à être ébloui par notre réussite, oubliant notre totale dépendance à D. et érigeant notre "égo" en dieu (j'ai fait, j'ai réussi, je suis, ...).

-> Le désir pour la richesse emprisonne une personne pour la vie et l'enchaîne avec une faim jamais satisfaite pour elle.
Cela va lui retirer toute sa moralité et ses obligations religieuses.
[...]
Le plus d’efforts une personne mettra pour reconnaître l’insignifiance de la matérialité, le plus facile il lui sera de purifier ses pensées.
[le Ramh’al - Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato]

-> La richesse peut être extrêmement dangereuse.
En effet, trop d'attaches avec ce monde peut mener à l'hérésie, que D. nous en préserve.
[Rav Yé'hezkel Levenstein]

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-> Plus on persévère dans la Torah et les mitsvot, plus on les aime.
Mais plus on persiste dans les plaisirs matériels, plus on les trouve (la Torah et les mitsvot) répugnantes.
[Ben Ich 'Haï - (בן איש חיל ד - זכור תרל"ב)]

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-> Lorsqu'une personne satisfait continuellement ses désirs, elle renforce son yétser ara.
Lorsqu'elle exerce une maîtrise de soi, son yétser ara diminue.
[Séfer ha'Hinoukh]

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-> Lorsqu'un homme aime quelque chose ou quelqu'un et le désire fortement, il y pense tout le temps.
Il se lève alors avec en tête, son amour et son désir, et il se couche également avec la même idée qu'il aimerait atteindre.
Celui qui se comporte ainsi avec la matérialité, la désire et y pense tout le temps, en espérant s'en délecter, a annulé la mitsva d'aimer Hachem.
Celui qui agit ainsi avec Hachem Lui-même a accompli la mitsva."
[Séfer ha'Hinoukh - concernant la mitsva : "d'aimer Hachem"]

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-> Le Baal Chem Tov a affirmé qu’il peut arriver que quelqu’un étudie la Torah et accomplisse les mitsvot sans pour autant ressentir de crainte de D. ni d’élévation dans le service Divin. Il l’attribue au fait qu’en se levant le matin, la personne en question place ses besoins et ses désirs avant la volonté de D.
En commençant sa journée dans la matérialité, elle perd la capacité de se vêtir d’un habit spirituel qui est la crainte Divine intérieure.

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-> Lorsque vous donnez votre cœur à Hachem, votre avodat Hachem devient l'essence première de votre vie, avec tous les autres sujets qui deviennent secondaires par rapport à cette ambition.
[Mé haChiloa'h - Béréchit]

[nous devons faire en sorte que Hachem soit Un (é'had) à nos yeux, et pour cela nous devons Lui donner tout notre coeur (sans en même temps avoir pleins d'autres sujets matériels qui viennent détourner, amoindrir, notre lien avec Lui [notre coeur étant aussi pris par des choses attirantes de ce monde,]). ]

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+ Par respect pour Hahem :

-> "Comment puis-je vivre confortablement tandis que la présence divine et en exil, et que la Maison de Hachem n'est pas reconstruite ?"
[rav Yossef 'Haïm Sonnenfeld]

-> Dans la maison du 'Hafets 'Haïm, on s'asseyait sur des bancs, et il disait à ce sujet : "Tellement de personnes peuvent s'asseoir sur un banc qui a 2 pieds, pourquoi alors une seule personne devrait s'asseoir avec 4 pieds?
La Chaise de Hachem est incomplète, pendant notre époque d'exil!"

-> Le rav Yéhochoua Leib Diskin vivant dans un 2 pièces très simples, montrant par la fenêtre le mont du Temple désolé, il disait : "Un serviteur n'a pas besoin de demander davantage que son maître (Hachem). "

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+ Le Pidiyon haBen :

-> Lors du rachat d'un 1er né (pidiyon haben), le Cohen demande au père : "Qu'est-ce que tu préfères : ton enfant ou bien les 5 sélaïm [pièces]?"

=> Quel père va répondre en public devant tous ses proches : je préfères quelques pièces à mon fils?

En réalité, selon le rav de Poniovitch, l'idée est de faire réfléchir le père sur ses priorités dans la vie.
Est-ce qu'il va préférer "sacrifier" son fils pour amasser le plus d'argent possible (se donnant bonne conscience en lui achetant des cadeaux)?
Ou bien va-t-il fixer comme priorité l'épanouissement de son enfant selon ce qu'il est (et non ce que le père aimerait qu'il soit!), le guidant sur le bon chemin et le comblant d'amour?

[un exemple de reformulation de cette question peut être : est-ce que tu préfères donner de l'écoute/de l'affection à ton enfant ou bien être sur ton téléphone, ordinateur?]

-> Le désir pour l'argent est plus important que toute autre attirance matérielle, puisque c'est la seule qui est insatiable.
Il y a une limite à ce qu'une personne peut manger, et au nombre de fois où l'on peut commettre un faute terrible, mais il n'y a pas de limite concernant la quantité d'argent que nous pouvons accumuler.
La quête de richesse peut devenir la plus grande des obsessions, et trop souvent, les enfants sont le prix à payer à cette course vers la richesse.
[rav Tsadok haCohen de Lublin]

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+ Adam - L'essence d'un juif :

-> Le Ach Pri Tévoua rapporte qu'en hébreu, les termes caractérisant un être humain (une personne) ont tous un singulier et un pluriel.
Ainsi, on a :
-> Ich (איש) qui est singulier ; et anachim (אנשים) qui est pluriel ;
-> guéver (גבר) qui est le singulier ; et guévarim (גברים) qui en est le pluriel.
-> Seul le mot: Adam (אדם) n’existe qu’au singulier.

Nos Sages (guémara Yébamot 61a) nous enseignent que c’est seulement le peuple juif qui est appelé : adam (אדם), car ce n’est que parmi le peuple juif qu’il existe un sentiment intrinsèque d’unité, qui conduit au fait que toutes les individualités de la nation se fusionnent en une seule, unifiée.

-> Le Chla haKadoch (paracha Béréchit) fait remarquer que le 1er homme s’appelle : Adam (אדם). [allusion plus généralement au juif, comme on vient de le voir b'h]
Habituellement, on explique ce nom, comme lié à : "adama" (la terre – אדמה), puisqu’il a été créé à partir de la terre. [matérialité]
Cependant, ce mot est également lié au mot : "Je serai l’égal du Très-Haut" (adamé lééli’on – אֶדַּמֶּה, לְעֶלְיוֹן – Yéchayahou 14,14), qui décrit le désir de l’homme d’être similaire à Hachem. [spiritualité]

=> Ainsi, un être humain juif a le choix entre soit être similaire à la poussière de la terre, ou bien s’il se travaille il peut ressembler à D.

-> Le terme : "Adam" (אדם), désigne le juif accompli.
Il est la fusion du de
- la lettre "aléph" (א), symbole du 1, l'aspect Divin de l'homme ;
- et du mot "dam" (sang - דם), allusion au côté corporel et physique de l'homme.
Par conséquent, Adam (renvoyant au juif) est une personne dont le "aleph", qui représente les aspirations spirituelles, précède et domine son : "dam", ses bas instincts [naturels et matériels].

Cela implique également que nous devons respecter notre prochain juif en zoomant sur son élément "aléph", l'étincelle Divine en lui, tout en dézoomant ses aspects corporels : ses défaillance et faiblesses de la chair [propres au fait d'être humain].
[en ayant un regard plus spirituel que matériel, nous en arrivons à aimer pleinement notre prochain! A vouloir le meilleur pour nous même, en restant focalisés sur le Véritable objectif de notre vie!]
[d'après le Tiférét Chlomo (rabbi Chlomo Rabinowitz de Radomsk)]

-> 45 est la valeur numérique du mot Adam (homme – אדם) et également du mot : "ma" (Quoi? Que suis-je? - מה) :
[En ayant toujours ces questionnements en tête, nous n'en venons pas à oublier Hachem, noyés dans la matérialité et notre train-train quotidien.
Notre vie a une finalité, nous devrons rendre compte à D. de chacune des capacités, occasions, ... que nous avions en notre possession!]

-> Une "personne" [juif] se dit en hébreu : Adam (אדם).
Si l’on écrit pleinement chacune des lettres de ce mot, on a :
-> le א = aléph = אלף ;
-> le ד = dalét = דלת ;
-> le מ = mém = מם
Lorsque l’on garde de ces lettres uniquement celles qui ne sont pas présentes dans le mot Adam (אדם), on peut former le mot : mitpalel (מתפלל), mot qui caractérise une personne qui prie.
[issu d’un dvar Torah du rav Daniel Abdelhak]

=> Ainsi, l’homme, dans son essence, dans son intériorité, a été créé pour prier, se tourner vers D.

[la matérialité n'est qu'un moyen au service de l'essentiel. En effet, le plus important n'est pas d'obtenir l'objet de notre prière, mais plutôt le rapprochement avec D. qui en résulte, puisqu'ayant mis en Lui tous nos espoirs!]

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-> Qui est appelé "Adam"? Seul Israël est appelé Adam et non les nations du monde. (guémara Yébamot 61a)
Rabbi 'Haïm Vital ajoute : car les Bné Israël ont leurs racines implantées dans le Nom Divin : יוד הא ואו הא, dont la guématria est aussi celle du nom Adam : אדם, soit 45.

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-> "Alors que l'homme est désigné généralement pas un de ces 4 noms : ich, énoch, guéver, et haAdam, qui incluent : les juifs et les non-juifs, le nom Adam désigne exclusivement l'homme juif, d'après le verset : "Vous, Mes enfants, vous êtes désignés Adam" (Yé'hezkel 34,31)."
[Tossefot - guémara Yébamot 61a]

-> Le Maharal (Nétsa'h Israël - chap.10) enseigne :
"A la Création du monde, Adam a été créé en dernier, après toutes les autres créatures minérales, végétales et animales.
Adam vint donc parfaire la Création et devint ainsi la créature essentielle de l'existence dans le monde, jusqu'à la sortie d'Egypte.
A ce moment, la naissance du peuple juif devint la dernière création de Hachem et devint alors, au sein de l'humanité, le peuple essentiel dans le monde (am ségoula), puisqu'aucune nation n'a été créé après ce peuple.
Même les grandes nations, mentionnées avant la sortie d'Egypte telle que Amon, Moav et Essav ont précédé la Nation d'Israël. Cela justifie la dénomination Adam réservée aux Bné Israël."

[du fait de sa stature plus élevée, le peuple juif ne peut pas avoir la même relation avec la matérialité que les autres nations environnantes. Alors que chez eux la matérialité peut constituer une fin en soi, pour les juifs elle n'est qu'un moyen à disposition afin de rendre réel une finalité bien plus élevée.]

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-> Lorsqu'un esclave se fait percer l'oreille (matérialisant le désir du serviteur de servir pour toujours son maître), il est amené devant la porte ou le montant de la porte où l'on lui perce l'oreille.
Nos Sages (Kidouchin 22b ; Rachi Michpatim 21,6) demande en quoi la "délét" (la porte) et la mézouza (le montant de la porte) sont différents des autres choses de la maison? Pourquoi sont-ils utilisés au cours de ce processus?

Hachem a déclaré que la porte et le montant de la porte étaient des témoins lorsque [au moment de la plaie des premiers-nés] Il est passé sur le linteau et les montants des maisons juives en Egypte, et qu'Il a dit "ki li bné Israël avadim avadé hém" (Béhar 25,44 - ils sont Mes serviteurs et non des serviteurs de serviteurs).
Pourtant, ce juif s'est trouvé un autre maître (que Hachem). C'est pourquoi qu'il se fasse donc percer l'oreille devant ces objets (porte et mézouza).

-> La guémara (Yébamot 61a) enseigne que nous sommes appelés adam par opposition aux non-juifs, comme il est dit : "adam atèm" (Yé'hezkiel 34,31).

Le terme : adam (אדם) est l'acronyme de : ozèn (oreille), délét (porte) et mézouza. En effet, cela indique indique que nous sommes des serviteurs d'Hachem (à l'image du serviteur qui se faisait percer l'oreille (ozen) devant la porte (délét) ou le montant de la porte (mézouza) - cf. Michpatim 21,6).
[ainsi, à la différence d'un non-juif, un juif doit constamment se rappeler qu'il a la chance d'être le serviteur du Roi des rois (Hachem), en plus d'en être son fils adoré. (avinou, malkénou)]

Le simple fait de pratiquer la Torah et les mitsvot ne signifie pas nécessairement que quelqu'un s'attache à Hachem. Pensons-nous consciemment à Hachem tout au long de la journée?
Le Rambam (Hilkhot Béra'hot 1,3) écrit que les Sages ont institué les bénédictions : "pour se souvenir constamment d'Hachem".
[la Mezouza sur la porte symbolise la conscience active de la présence de D., comme l’affirme le Rambam dans son Michné Thora : "On se doit d’être attentif [au propos de la] mézouza, car c’est une obligation qui incombe en permanence à tout un chacun : à chaque fois que l’on entrera et que l’on sortira [de chez soi], on rencontrera l’unité d'Hachem et on se souviendra de son amour pour Lui ; on se réveillera de son sommeil et de son quotidien dans les vanités du temps, et l’on prendra conscience que rien d’autre que la connaissance du Créateur du Monde ne dure éternellement."
La mézouza est fixée à la porte qui est le passage à travers lequel on entre dans son domicile et à travers lequel on le quitte. Symboliquement, on prend avec soi les enseignements divins qu’elle contient partout où l’on se rend. Notre Torah n’est pas vouée à être reléguée aux étagères d’une bibliothèque ou seulement aux lieux d’étude ou encore au statut de simple exercice intellectuel. Elle est à tout moment un facteur de notre vie et toutes nos actions sont guidées par la conscience que "Hachem notre D. est Un" (Dévarim 6,4), comme il est écrit dans la mézouza. ]

Cette leçon peut être tirée du : ozen, delet, et de la mezuza, car c'est grâce à eux que nous pouvons nous rapprocher d'Hachem. [cette conscience que notre Maître n'est pas notre égo, mais Hachem. Et la joie et fierté d'être dans la Vérité, d'avoir l'honneur de Le servir (conséquences éternelles), alors que les non-juifs font des choses futiles/éphémères. ]
C'est ainsi que le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Kidouchin 22b) interprète : "ézéhou 'hakham ha'lomèd mikol adam" = celui qui apprend d'adam (אדם) [référence à : ozen, délet, mézouza], est une personne sage.

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-> Le Maharal enseigne (Nétsiv Issourine - chap.3) :
"L’homme a un profil avant et profil arrière, on peut le voir de face et on peut le voir de dos, à la différence de beaucoup d’autres créatures.
En effet, cela fait allusion au fait qu’Hachem a ancré dans l’homme deux mondes : tout à fait opposés l’un à l’autre.
La lumière du visage et de la face de l’homme fait allusion au monde futur qui est ancré en lui.
Le côté froid obscur et matériel de ce monde-ci est incarné par le dos de l’homme et par sa nuque.
L’homme n’est pas vraiment reconnaissable de dos, de même qu’il n’est pas différenciable par son aspect corporel.
C’est dans son aspect spirituel qu’il se différencie des autres, qu’il est libre, infini, unique et cela est incarné par son visage qui se dit panim et fait allusion au pnim (intériorité) de l’homme."

[Lorsque l’homme suit les conseils de son yétser ara sur terre et qu’il s’assujettit aux désirs de ce monde-ci, autant que les non-juifs et que les animaux le font, il s’attache en réalité à une partie extrêmement superficielle de son être qui dans notre métaphore pourrait être appelé son dos.
Le racha s’occupe tellement de cette partie obscure et matérielle de son être qu’il peut en arriver à en oublier complètement l’existence même de son visage (panim) qui est la métaphore de son pnim (intériorité).]

Notre relation avec la matérialité (2e partie)

+ Notre relation avec la matérialité (2e partie) :

-> Ne gâchez pas votre énergie à courir après le luxe, il vaut mieux l'utiliser pour profiter de ce que l'on a déjà.
[Rambam - Iguéret haMoussar]

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-> "Le manque et l'insatisfaction chez l'homme sont proportionnels à [son] attrait pour le matériel"
[Maharal - Nétivot Olam]

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-> "Telle est la voie qui mène à la Torah : de pain et de sel tu te nourriras, de l’eau avec mesure tu boiras, sur le sol tu dormiras, une existence de peine tu vivras, et dans [l’étude de] la Torah tu te dépenseras.
Si tu agis ainsi, tu es heureux et tu t’es acquis le bonheur.
Tu es heureux : dans ce monde-ci ; tu t’es acquis le bonheur : dans le Monde Futur."
[Pirké Avot 6,4]

=> On peut comprendre que l'on aura une récompense dans le monde à venir, mais en quoi cela nous garantit une vie heureuse dans ce monde?

-> Le Sfat Emet répond qu'il s'agit d'une personne qui est contente quoiqu'elle puisse avoir (même le minima), sans avoir de demande particulière.
[ce que j'ai réellement besoin, c'est ce que Hachem a déjà mis en ma possession.]

-> Le Ramban explique qu'on ne garantit pas à une personne qui craint Hachem d'avoir tout le bien du monde, mais ce sentiment de manquer de rien.
Une telle personne est satisfaite de son sort, du coup il ne lui manque rien!

A l'inverse, chez quelqu'un d'autre, qui ne place pas sa émouna en D., il sera toujours dans une situation de manque, et d'une certaine façon même si il a énormément de richesses, il sera beaucoup plus pauvre que l'autre, puisque lui manquant tellement!

[ => avec la émouna, on apprécie ce que l'on a (puisque fait sur mesure par Hachem), tandis que sinon, on apprécie ce que l'on n'a pas, entraînant une tristesse à l'évocation de ce que l'on a (quoiqu'il puisse avoir, il pensera : il me manque tellement!)!]

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-> "Pourquoi est-ce que les fêtes à Bavél étaient tellement joyeuse?
Car ses habitants étaient pauvres"
[guémara Shabbath 145b]

Le ‘Hatam Sofer explique que c’est également parce que les riches ont tellement de soucis, d’inquiétudes, comme il est écrit : "l’abondance de biens entraîne l’abondance de soucis" (Pirké Avot 2,7).
Pour cette raison, il est plus dur pour les riches d’être joyeux au moment des fêtes.

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-> La guémara ('Haguiga 9b) dit que la pauvreté (caractérisée par des manques) sied bien à Israël, car dans cet état, leur cœur est brisé et ils ne comptent que sur Hachem pour combler leurs manques, s'attachant ainsi davantage à Lui.
[drachot rabbi Iben Cho'im]

-> "Toute année qui commence dans la pauvreté [de l’égo] finira dans la richesse"
[guémara Roch Hachana 16b]

Rabbi Leib ‘Hassman (Ohr Yahel) enseigne que le principe de base de notre conduite à Roch Hachana, dans notre prière et nos supplications, est que nous devons exceller dans le métier de mendiants, et plus un homme s’humiliera, plus il sera digne de louanges, comme nos Sages l’on dit : "Plus l’homme s’abaisse, plus son esprit est grand" (guémara Roch Hachana 26b).

Les Tossefot explique : Si les enfants d’Israël se sentent véritablement pauvres en début d’année, leur cœur est alors brisé, et depuis le Ciel, on aura pitié d’eux pour les sortir de cet état de pauvreté et les "enrichir".

-> "Lorsqu’un juif reconnaît que son seul espoir réside en D., qu’il s’en remet uniquement à Lui, alors cette dépendance vis-à-vis de son Créateur lui donne le mérite que ses requêtes soient agréées."
[Rav Chlomo Levinstein]

-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer : "D’où (méayin – מאין) viendra mon aide?" (Téhilim 121,1).
Mon aide viendra de : אין (ayin – rien). [מ : signifiant : de]
=> Si je me considère comme rien (à l'image d'un mendiant qui a besoin même du minimum vital!), si je reconnais mon manque de valeur, c’est de là que viendra mon aide de Hachem.

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-> "Il est très facile au pauvre de s'en remettre à Hachem. A qui d'autre voudriez-vous qu'il se confie?
Mais qu'il est difficile au riche d'avoir confiance en Hachem. Toute sa fortune est là qui lui cire : 'Fie-toi à moi' "
[rabbi Moché Leib de Sassov]

-> Le défaut du pauvre? Il s'imagine que la richesse va le sortir de sa détresse!
[rabbi Ber de Radochitz]

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-> Si les riches n'ont pas honte de leur richesse, pourquoi les pauvres auraient-ils honte de leur pauvreté?
[rabbi Naftali de Ropshitz]

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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
"Lorsque nous voulons convaincre un enfant de bien étudier ou de faire ses devoirs, on lui promet une récompense : une friandise.
Chaque homme sensé sait bien que la friandise n'est pas un but en soi, mais le moyen d'encourager l'enfant à s'investir dans ses études. Lorsque l'enfant pense à la récompense promise, il étudie avec joie et fait facilement face aux difficultés.

Dans ce ce sens, nous devons nous rappeler que les plaisirs de ce monde, ne sont en quelque sorte qu'une friandise pour nous encourager à accomplir et acquérir des mérites éternels.
Tous les plaisirs et les profits n'ont été conçus qu'en tant que moyens pour servir Hachem, mais en aucun cas, ils n'ont de réelle valeur.
La valeur de tous les profits de ce monde, n'atteint pas un millionième du plus petit profit du monde futur.

[...]

En réalité, la chose qui nous pousse à toujours vouloir plus, dans la spiritualité comme dans la matérialité, a été enfouie en nous par Hachem, pour notre bien.
Hachem a fait l'homme avec une nature à aspirer à toujours plus, pour que toute sa vie, il ambitionne d'atteindre des niveaux supérieurs, plus élevés, qu'il ne se suffise jamais de ce qu'il a obtenu, qu'il aspire sans cesse à une plus grande perfection.

En ce qui nous concerne, que faisons-nous? Cette tendance, qui a été créée pour nous permettre d'acquérir une vie spirituelle, nous aider à gravir les échelons de la spiritualité, nous nous en servons pour "progresser" dans ce monde matériel.
Nous ne nous suffisons pas de ce que nous possédons, nous désirons toujours plus ...
Si nous avons une villa, nous en voulons deux. Si nous avons une voiture datant d'un an, nous en voulons une neuve. Si nous voyons un bel habit sur un autre, nous le jalousons et voulons le même, et ainsi de suite ...

Si nous voulons réellement être heureux, nous devons consacrer l'énergie de notre ambition, uniquement à un but spirituel. Nous mériterons dans ce cas de remplir notre tâche ici-bas et d'obtenir une merveilleuse existence éternelle.
[...]

Nos Sages disent : "Celui qui prend sur soi le joug de la Torah, se verra préservé du joug de la royauté et du joug de ce monde" (Pirké Avot 3,5).
Leur intention est de nous dire que l'homme est né pour devenir esclave, mais esclave de qui?
L'homme choisit lui-même : moins il sera l'esclave d'Hachem, plus il sera l'esclave des autres.

Le choix est simple ..."

[moins on est esclave de la spiritualité, plus on sera esclave de la matérialité. Et inversement!]

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-> Rabbi Yéhouda haNassi dit : "Quiconque accepte les jouissances de ce monde-ci, on le privera des jouissances du monde futur ; et quiconque n’accepte pas les jouissances de ce monde-ci, on lui accordera les jouissances du monde futur."
[Avot déRabbi Nathan – chap.25]
[chacun définira, en toute honnêteté, sa limite caractérisant une jouissance non vitale, non nécessaire (nous sommes humains et non des anges!)]

-> Se lancer dans des poursuites superflues, c'est le signe le plus évident d'un attachement excessif au monde matériel.
[rav Shraga Mendelowitz]

-> Selon rav Israël Salanter acheter quelque chose de non nécessaire est détestable.
[car signifiant que nous accordons trop d'importance au matériel!]

-> Habitues ton âme au minimum, car sinon, il [ton corps avec ses désirs] va t'exiger le maximum.
[Tséma'h Tsédek]

["Celui qui a 100, veut 200, ..." = Plus on a, plus on veut davantage!
Quoiqu'on puisse avoir, plutôt que d'en profiter, on a déjà la tête sur la prochaine chose à devoir posséder!
Plutôt que de vivre sa réalité, dans la Torah/Hachem, on est sans cesse dans l'imaginaire, esclaves de nos désirs matériels superflus.]

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 387) explique que la mitsva de ne pas aller après notre cœur et nos yeux, fait référence à tous nos désirs pour la nourriture, l'argent, ...

-> A Novardok, le propriétaire d'un nouveau vêtement, le donnait à quelqu'un d'autre pour qu'il le porte pour la 1ere fois.
C'était une façon de diminuer l'attachement aux choses matérielles.
En ce sens, d'une manière plus générale, les étudiants y avaient l'habitude de se prêter des vêtement ou autres objets, dans l'espoir de retirer leur dépendance à ces choses.

[lorsque l'on témoigne de l'excitation pour de la matérialité, on affaiblit notre attachement à la spiritualité.
Par exemple, en faisant de la nourriture et de la boisson le principal, nous renforçons en nous l'idée qu'il n'y a pas d'autre monde que l'actuel (alors profitons à fond!), ne percevant pas le besoin de se préparer au monde à venir.
Il faut manger pour avoir les forces nécessaires à notre santé et à nos réalisations spirituelles, et non par pure gloutonnerie.]

-> Lorsque l'on fait de la Torah notre priorité, et qu'on limite son business, on en vient rapidement à réaliser que beaucoup de nos "nécessités" sont purement du luxe, et que nos vrais besoins sont rapidement pourvus.
[Pélé Yoets]

-> Quand est-ce qu'une personne sait qu'elle a besoin de quelque chose?
Lorsque Hachem la lui fournit.
[Rabbi Shlomke Zhviller]

-> Une fois, on a demandé à rabbi Moché Feinstein s'il fumait, et il a répondu : "Je ne me rappelle pas avoir mis quelque chose dans ma bouche uniquement pour le plaisir".
Son fils Réouven, rapporte qu'il ne s'appuyait pas sur le dossier de sa chaise lorsqu'il étudiait la Torah, toujours en avant, pencher avec ferveur sur le livre devant lui.
Il n'a jamais dormi plus que le minimum nécessaire pour maintenir sa santé.

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-> Lorsqu'un tsadik prie, il est certainement attaché à Hachem avec des pensées pures, claires et saintes.
Cependant, lorsqu'il mange, il tremble à l'idée que cet acte matériel/physique puisse le rabaisser et rompre sa connexion avec la sainteté.

Ainsi, lorsqu'il mange un tsadik lutte bien davantage pour se sanctifier et se lier à Hachem avec un grand attachement spirituel.
Il en découle qu'un tsadik est plus saint lorsqu'il mange que lorsqu'il prie
Pour la majorité des gens, c'est le contraire ; ils se sanctifient par leur prière davantage que lorsqu'il mange.
[Noam Elimélé'h - Kora'h]

-> "Ne vous adonnez pas trop librement à un repas que vous appréciez" [guémara Guitin 70a]
Le Divré Emet (Réé) dit que nous devons manger en l'honneur de Hachem (pour la mitsva, pour prendre des forces pour mieux Le servir, ...), et si nous apprécions trop fortement la nourriture, alors cela signifie que nous n'en mangeons plus de manière désintéressée.
Il faut alors savoir se retenir et casser son désir, jusqu'à ce que l'on ressente que nous pouvons manger avec les bonnes intentions, et alors nous pouvons retourner à notre repas.
[Hachem ne nous interdit pas de prendre de bons repas, mais même dans un acte matériel, l'essence doit rester spirituelle, et l'animalité en nous ne doit pas prendre le dessus.]

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-> La Torah (et la sagesse) ne peuvent s'accomplir qu'en "écrasant" sa matérialité, comme on "broie" les olives pour en faire de l'huile.
[Ben Ich 'Haï - guémara Kidouchin 49b]

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-> Le Maharal de Prague (Nétsa'h Israël - chap.7) enseigne :
"La matérialité du corps et la spiritualité de la Torah sont totalement antinomiques. La Torah ne peut s'acquérir que par quelqu'un qui annule complètement ses désirs corporels et domine parfaitement son mauvais penchant.
S'il en est ainsi, comment peut-on accomplir la Torah dans un univers de matérialité?
La Torah ne peut s'accomplir que chez celui qui est prêt à se tuer pour elle."

-> D'après cet enseignement, nous pouvons comprendre la question posée par Alexandre le Grand aux Sages d'Israël : "Que doit faire un homme pour vivre? Les Sages répondent qu'il doit se tuer lui-même. Alexandre le Grand demande alors : que doit faire un homme pour mourir? Il doit se laisser vivre". (guémara Tamid 32a)

A présent, expliquons les paroles énigmatiques de cet échange : lorsque les Sages répondent à la première question d'Alexandre le Grand en disant que l'homme doit "se tuer lui-même" cela signifie qu'il doit tuer son égocentrisme qui le pousse à poursuivre les futilités de ce monde et à assouvir ses envies primaires.
Il ne peut pas accéder à une vie authentique, comme cela est rapporté dans la Michna : "La jalousie, l'envie et les honneurs sortent l'homme du monde" (Pirké Avot 4,21).
A la seconde question d'Alexandre le Grand, qui demandait comment un homme doit-il faire pour mourir, les Sages répondent : "Il doit se laisser vivre" = c'est-à-dire se laisser emporter par ses désirs et ses pulsions. Il ne pourra jamais se connecter à ce qu'il vit ou tirer un quelconque profit authentique dans sa vie et sera considéré comme mort.
[Tsor ha'Haïm - 'Houkat]

-> Rabbi Yéhouda Hanassi dressa ses 10 doigts vers le ciel et déclara avant de mourir : Maître de l'univers, il est établi devant Toi que je n'ai pas tiré profit dans ce monde-ci même de mon petit doigt. (guémara Kétoubot 104a)
Tossefot explique que l'homme doit prier pour que la Torah pénètre intégralement son corps afin de pouvoir le dominer.

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-> "Depuis que le Temple a été détruit, Hachem n'a dans Son monde que 4 coudées de halakha" (guémara Béra'hot 8a)

=> Que signifie "4 coudées"?

Le Maharal nous explique que le minimum vital dans ce monde est de 4 coudées (environ 2 mètres).
Car la guémara (dans Baba Batra) nous dit que si 2 voisins ont un terrain de 7 coudées au carré, on ne peut pas le partager en leur donnant à chacun 3 coudées et demie. Ce n'est possible que s'ils ont 8 coudées, on pourra alors partager en 2 en attribuant à chacun 4 coudées.

Le Maharal dit ainsi : un homme désirant être attaché à Hachem ne doit prendre de ce monde que le strict minimum. S'il prend un peu plus que ce qui lui est nécessaire, c'est sur le compte de son attachement à Hachem.

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+ L'étude de la Torah = ce qui compte c'est l'effort investi!

-> "Quiconque aime la richesse et les plaisirs ne peut pas étudier la Torah Orale, car celle-ci exige que l’on se donne beaucoup de peine, que l’on se prive de sommeil et que l’on sacrifie son corps pour elle"
[midrach Tan’houma – paracha Noa’h]

-> Le midrach (Tan'houma - Parachat Noa'h, sec. 3) demande :
"Que signifie '[la Torah] ne se trouve pas dans la terre des vivants' (Ivov 28,13)? Peut-elle se trouver dans la terre des morts?
Cela veut dire que la Torah Orale ne se trouve pas chez celui qui recherche les plaisirs terrestres, [la satisfaction de ses] désirs, l'honneur et le prestige dans ce monde.
Elle se trouve seulement chez l'homme qui 'se tue' pour elle, comme il est écrit (Bamidbar 19,14) : 'Voici la Torah : un homme qui meurt dans une tente'.
Voici la voie de la Torah : mange du pain trempé dans le sel, bois de l'eau modérément, dors à même le sol, mène une vie de souffrance, et peine dans l'étude de la Torah."

-> Moché dit à Israël : "Combien ai-je souffert pour la Torah! Combien ai-je peiné et combien me suis-je acharné pour l’acquérir … J’ai dû passer au milieu des anges et des Séraphins, dont un seul d’entre eux pourraient brûler le monde entier … Je suis allé parmi les créatures célestes, j’ai donné mon âme et mon sang pour la Torah !
De même que je l’ai apprise dans la souffrance, vous aussi, étudiez-la dans la souffrance"
[midrach Yalkout Chimoni - chap.942]

-> "Les paroles de Torah ne se maintiennent que chez les hommes qui se sacrifient pour elle." [guémara Shababth 83b]
Le Maharcha (dans la guémara Guittin 57) précise que "se sacrifier" pour la Torah signifie : "donner la mort à son corps, en le privant de toute jouissance superflue."

-> "La Torah que j’ai étudiée dans la frustration (af), c’est elle qui s’est maintenue"
[le roi Salomon – midrach Kohélét rabba – chap.2 : "même (af) ma sagesse se maintint"]

-> "Chez qui trouve-t-on la Torah?
Chez celui qui laisse son visage se noircir pour elle [par l’exténuement], autant que le corbeau est noir "
[guémara Erouvin 21b]

-> "La Torah n’est pas au Ciel" (Dévarim chap.30) : mais si elle y était, tu aurais dû y grimper pour la retrouver, et si elle était au-delà des océans, tu aurais dû les franchir pour l’obtenir."
[guémara Erouvin 55a]

-> "L’homme peine pour comprendre [jusqu’à la limite de sa compréhension], et la Torah œuvre pour lui [révéler ses secrets]."
[guémara Sanhédrin 99b]

-> Les Tossafot (guémara Kétoubot 104a) écrivent : "Avant que l’homme prie pour que la Torah pénètre en lui, qu’il prie d’abord pour que les plaisirs matériels n’envahissent pas son corps."
En effet, un intérêt trop important envers les plaisirs matériels empêche la réussite de nos recherches spirituelles.

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-> Le Kédouchat Tsion (rabbi de Bobov) disait que pour l'étude de la Torah, les femmes auront une récompense supérieure à celle de leur mari, car elles font des sacrifices pour leur permettre d'étudier, tout en se privant de ressentir la joie de l'étude de la Torah lichma.

D'ailleurs le rav 'Haïm Chmoulévitch conseillait de dire chaque jour à sa femme avant de quitter la maison combien nous la remercions et combien nous lui demandons pardon pour tout le temps passé loin d'elle [puisqu'étant en train d'étudier la Torah].

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-> "Celui qui est rassasié fait fi des rayons de miel, mais pour celui qui a faim, tout ce qui est amer semble doux" (michlé 27,7)
Le Gaon de Vilna explique que si un homme cède à tous ses désirs, il ne ressentira aucune attirance pour l’étude de la Torah.
S’il abstient de ces satisfactions, toutes les difficultés de l’étude continue de la Torah lui seront favorables et agréables, car il goûtera la douceur de la sagesse enfouie dans la Torah.

-> "Sans farine [de quoi se nourrir], point de Torah ; sans Torah, point de farine" (Pirké Avot 3,17)
Le Knesset Israël commente : S'il n'y a pas de satisfaction avec les nécessités de base, symbolisées par la farine, et qu'une personne recherche le luxe, alors elle ne méritera pas de véritables accomplissements dans la Torah.

-> Dans la guémara (Sanhédrin 111a), on trouve l’anecdote suivante : Rav vit que rav Kahana se frottait la tête [Rachi : et il se détendait pendant qu’il étudiait la Torah ].
Lorsqu’il se présenta devant Rav, ce dernier lui dit : "Elle est introuvable au pays des vivants" (Iyov 28) = on ne trouvera pas la Torah chez ceux qui se préoccupent de leur bien-être en l’étudiant."

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-> Hachem a placé la nourriture de l’âme et la sainteté dans la bouche, qui est le lieu de la nourriture du corps et de sa force, afin que l’homme s’en inspire pour que la tâche sainte, qui se déroule en cet endroit, soit accomplie au moins aussi bien que la tâche profane.
Puisqu’avec la bouche on accomplit le travail du corps avec plaisir et beaucoup d’empressement, de tout son corps, qu’on accomplisse de la même manière la tâche sainte, qui est l’étude de la Torah, et se trouve également dans la bouche, ainsi que l’ont dit nos Sages : "Elle est la vie pour ceux qui la font sortir de leur bouche".

Si les deux tâches ne sont pas exécutées de la même façon, il n’aura rien à répondre au moment du jugement.
C’est pourquoi l’homme doit se sanctifier par l’étude de la Torah avec joie et enthousiasme, par la force de la matérialité qui se trouve dans la même bouche, qu’elles soient au moins comparables.
[Ben Ich 'Haï]

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-> Le Rav Wolbe écrivit une fois une de ses lettres alors qu'il voyageait en avion de la Suisse à la France :
"La durée du trajet que j'entreprends est d'environ une demi-heure car je voyage par les airs. Le même trajet par la terre ferme prendrait à peu près 8 heures, même en train (et en voiture encore bien plus).
La raison en est que, malgré les performances du chemin de fer, celui-ci demeure encore tributaire du relief du terrain sur lequel il doit avancer, les montagnes et les plaines, les descentes et les montées.
Il en est de même du travail de l'homme : tant qu'il est encore lié au matérialisme, son chemin pour parvenir à des degrés spirituels est beaucoup plus long. Plus il s'efforcera de s’en détacher, plus il raccourcira ce chemin et atteindra facilement ce qui lui demande de fastidieux efforts tout au long de l'année."

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-> Rabbenou Bé’hayé ('Hovot haLévavot - prichout chap.2) au sujet des effets de l'étude :
"l'intention de la Torah est que l'esprit dirige tous les penchants et désirs de l'âme et tous les plaisirs du corps ; et que l'esprit soit plus fort qu'eux.
Il est très connu que le renforcement des désirs (taavot) contre l'esprit est la racine de toutes les fautes et la raison de toutes les dégénérescences. Je sais que le Peuple ne s'est rapproché de la matière qu'après s'être éloigné de l'étude de la Torah".

-> "Celui qui demande le désir (taava) se sépare (nifrad)" (Michlé 18,1).
Le Gaon de Vilna explique : le roi Shlomo vient enseigner que seul celui qui se sépare de la Torah réclame la taava, car la Torah casse les taavot. Quand l'homme s'éloigne de la Torah alors les taavote le poursuivent et il les poursuit également.

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-> "Ni de ton manger tu en tireras un profit" (Béhar 25,37) = c'est-à-dire la Torah nous met en garde que même le manger qui t'est permis, il faut en consommer mesurément, car si l'homme se laisse entrainer par son palais, il dépasse les limites de ce qui est bien, et par cela la lumière de son âme s'obscurcit.
Lorsque l'un se relève l'autre redescend = c'est-à-dire, que lorsque l'homme augmente les plaisirs matériels il diminue en lui les désirs spirituels.

[Ohr ha'Haïm haKadoch - Béhar 25,37]

Notre relation avec la matérialité (3e partie) :

+ Notre relation avec la matérialité (3e partie) :

-> Le luxe nécessite de l'argent. L'argent demande un grand investissement en temps.
Qui est-ce qui veut échanger des milliers de pages de guémara pour des extravagances décoratives?"
['Hafets 'Haïm]

[le fait de décorer luxueusement notre maison dans ce monde éphémère, vient au détriment des décorations de notre "maison" dans le monde à venir éternel.]

Au cours d'une visite chez un de ses proches qui avait des stores à ses fenêtres, le 'Hafets 'Haïm a dit : "Je vois des pages de guémara suspendues aux fenêtres".

=> En ce sens, le Steïpler faisait remarquer que l'on met des pages du talmud sur nos murs, des pages de michnayot sur nos tables et nos chaises élaborées, et toutes les halakhot décorent nos habits à la mode.

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-> Chacun ressent qu’il lui manque de l’argent, mais peu de personnes réalisent qu’il leur manque de la sagesse.
[Baal Tsor haMor – Rav Moché Saba]

-> Le 'Hafets 'Haïm déplorait que l'on consacre tellement de temps, de soucis à acquérir des biens dans ce monde passager, et qu'en parallèle, nous ne pensons que très peu à notre monde à venir.
[en témoigne le fait que l'on va jalouser autrui sur ce qui a une durée de vie courte, au lieu d'avoir une jalousie positive afin d'acquérir un maximum de mérites éternels.]

Le 'Hafets 'Haïm disait : "Nous investissons la plupart de nos efforts à agrandir et à décorer notre maison dans ce monde, et nous ne réalisons pas que par cela nous réduisons la taille de notre maison éternelle ".

-> Le Séfer 'Hassidim (84) explique que les plaisirs dans ce monde diminuent notre récompense dans le monde à venir.
[Nous ne devons pas oublier que ce que nous voulons véritablement, ce n'est pas ce monde-ci, mais c'est avoir le plus possible de proximité avec Hachem.]

-> Lorsque nous arriverons dans le monde de Vérité et que nous nous rendrons compte que nous avons préféré échanger des diamants (Torah, mitsvot) contre de vulgaires lentilles, et même pire que nous avons jalousé d'en avoir, en arrivant à critiquer la gestion du monde faite par Hachem, nous en ressentirons alors une honte terrible et éternelle, qui ne diminuera jamais en intensité.
[Rav Shabsai Yudelevitz - Drachot haMaggid]

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Nos Sages font remarquer que la Torah a été donnée :
- dans le désert = lieu où il y a le strict nécessaire, allusion au fait que nous devons savoir être heureux avec peu ;
- avec le feu = il faut avoir un enthousiasme et une dévotion ardentes pour l'étude de la Torah ;
- avec l'eau (selon le Shirat Dvora, les Nuées faisaient aussi tomber de l'eau). Or, selon la guémara (Taanit 7a), l'eau symbolise l'humilité, car dès que possible elle quitte sa place la plus élevée pour aller vers le bas.

=> Pour acquérir la Torah, il faut sacrifier de la matérialité, afin de pouvoir laisser de la place pour se lier au maximum à la spiritualité.

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-> "C’est un avantage pour moi d’avoir connu la misère, pour que j’apprenne Tes préceptes." (Téhilim 119,71)

-> "Soit vigilant à l'éducation des enfants de pauvres, car c'est [plus probable que ce soit] d'eux que sortira la Torah!"
[guémara Nédarim 81a]

-> Le roi David dit à Hachem : "Maître de l’univers! … Le riche se fait remarquer [devant Toi] grâce à sa richesse [qui lui permet d’être généreux]. Mais que doit faire le pauvre?"
"Le pauvre atteindra la célébrité grâce à ses enfants … D. accorde aux pauvres des fils qui deviennent des maîtres de Torah."
[Tana débé Eliyahou rabba – chap.18]

-> Lorsqu'il était jeune, le Nétsiv a rendu visite au Rachash, et ce dernier lui a demandé de clarifier une difficile explication de la guémara (Tossafot), qu'il n'arrivait pas à solutionner.
Le Netsiv lui a brillamment répondu avec un commentaire sublime.
Le Rachash a été ravi de sa réponse, et il a demandé au Nétsiv : "Pourquoi est-ce que cette explication ne m'a-t-elle pas été révélée? [Pourquoi est-ce que moi je n’ai pas trouvé la même chose?]"
Le Nétsiv lui a alors dit : "Parce que vous étudiez la Torah dans l’abondance, la richesse et les honneurs, alors que moi je peine dans l’étude de la Torah. Quand on acquiert la Torah avec difficultés, par des efforts, de nouvelles sources s’ouvrent à l’homme".

=> On voit de là que même si une personne étudie à la perfection dans le luxe, elle aurait pu atteindre des niveaux plus élevés si elle l'avait fait en se contentant du minimum.
[ainsi, lorsque l'on jalouse les biens d'autrui (souhaitant être plus riche), on doit avoir conscience que l'on renonce à de la Torah qui va avec notre situation actuelle!]

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-> Le rabbi Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou II, p.39) explique que : "celui qui tient à son âme s’éloignera de l’abondance en ce monde-ci et se consacrera uniquement à l’étude de la Torah et à l’accomplissement des mitsvot avec amour.
Malheur à celui qui aspire à ce monde-ci et le poursuit, s’imaginant qu’il méritera les deux. Il finira par trébucher, car le matérialisme aura une emprise sur lui et le transformera en quelque chose de totalement matériel, et la gloire de la Torah s’en trouvera amenuisée.
Celui qui opte pour la Torah et fuit les désirs de ce monde-ci est comme quelqu’un qui fuit un danger mortel."

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-> Nous apprenons du roi David que le juif ne se lie pas à l'argent et à l'or.

On raconte à son sujet qu'il était paré d'une couronne en ornée de diamants, trophée de guerre, qui pesait plusieurs centaines de kilos.
La guémara (Avoda zara 44a) rapporte qu'il parvenait à la porter par un phénomène magnétique qui la maintenait en l'air, au-dessus de sa tête. [selon rabbi Yossi, ben rabbi 'Hanina]

Le roi David voulait ainsi faire comprendre aux juifs que l'or et l'argent n'avaient aucun rapport avec lui, se trouvant au-dessus de tête, hors de son esprit.
De plus, il ne passait pas son temps à compter sa fortune, si bien que son esprit, ainsi libre, pouvait s'imprégner de Torah et de sainteté, comme il est écrit : "Ta Loi (Toraté'ha) a pénétré jusqu'au fond de mes entrailles" (Téhilim 40,9).

La Torah était en lui, dans son corps et dans sa tête. Quant aux honneurs et à la couronne royale, ils étaient suspendus dans les airs, n'ayant aucune prise sur son corps.
Ce fut de cette manière qu'il combattit le mauvais penchant durant toute son existence.

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-> L'amour de l'argent est comparé à l'idolâtrie.
[Iguéret haKodéch - à la fin du Noam Elimélé'h]

[d'une certaine façon lorsque nous donnons tellement d'importance à notre argent, au point de lui vouer un cule idolâtre, nous ne laissons alors plus de place pour que Hachem réside en nous. Ainsi, plus la matérialité a de la place à nos yeux, moins D. n'a de place pour être avec nous!]

["Tout homme qui a en lui de l'orgueil, c'est comme s'il était idolâtre" - guémara Sotah 4b]

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-> "L’homme court après l’argent et cherche la richesse, mais il ne sent pas et ne comprend pas du tout que plus il reçoit d’un côté, plus les forces du mauvais penchant augmentent en proportion.
Le pauvre croit que s’il avait de l’argent, il serait le maître de son argent, alors que le résultat est que l’argent qu’il a acquis devient son maître."
['Hafets 'Haïm]

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-> "Accorde-moi ni la pauvreté ni la richesse" (Michlé 30,8)
Rabbénou Bé'hayé explique que le roi Chlomo affirme qu'il est préférable de n'être ni pauvre ni riche, car ces 2 états sont mauvais.
Lorsqu'un homme est riche, il devient aisément orgueilleux. Le monde lui appartient, et il ne prête aucune attention au monde futur.
Quand un homme est pauvre, il flatte autrui, ment et accomplit d'autres péchés sans s'en rendre compte.

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-> "La fortune ne sert à rien au jour de la faute" (Michlé 11,4)
-> "Par le 'hessed et la verité, la faute sera expiée" (Michlé 16,6)
-> "Celui qui donne la tsédaka et pratique la justice est préféré par Hachem à un sacrifice" (Michlé 21,3)
-> "La tsédaka sauve de la mort" (Michlé 10,2)
Nos Sages expliquent : Même si quelqu'un a fauté et que l'ange a la permission de le frapper, la tsédaka qu'il a donnée a aidé des gens à vivre, et elle sauvera son âme de la mort.

=> Combien nous devons voir nos richesses comme un moyen magnifique pour améliorer notre vie spirituelle, et non uniquement notre confort matériel éphémère, ou bien encore de le laisser dormir à la banque plutôt que de l'investir pour fructifier nos mérites éternels.

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-> Une personne qui renonce aux plaisirs matériels obtient [entre autre] le bénéfice suivant : elle ne réduit pas la récompense qui lui est destinée au monde futur. Si un homme profite de la vie en ce monde et assouvit tous ses désirs, il risque de perdre une si grande part de sa récompense qu'il ne lui restera rien au monde futur.
[...]

Dans le domaine spirituel, l'âme vient en ce monde pour acquérir les pierres précieuse et l'or que sont les commandements et les bonnes actions. Ces richesses peuvent être acquises seulement ici-bas.
Au monde futur, elles seront revendues à très bon prix.

Lorsque le voyage se fait long, certains commettent l'erreur d'échanger ces magnifiques "pierres précieuses" contre de vulgaires valeurs matérielles.
Ils perdent ainsi leur capital pour le monde futur.

Par contre, les hommes perspicaces ne vendent pas leurs bonnes actions à bas prix. Ils savent que la différence entre prix d'une bonne action en ce monde et dans le monde futur dépasse l'imagination.
Elle est bien plus importante que celle de la vente d'une pierre précieuse en Inde ou à Venise.
Comme l'enseigne nos Sages : "Une heure de tranquillité au monde futur est meilleure que toute la vie en ce monde" (Pirké Avot 4,22).

[Méam Loez - Kédochim 19,1-2]

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-> L'avare n'a pas confiance en Hachem et porte constamment son œil (ayin - עין) sur son argent (késsef - כסף).
Ce lien entre son œil (עין) de guématria 130 et son argent (כסף) de guématria 160, donne une guématria totale de 290, qui est la valeur numérique du mot : "tsar" (étroit - צר).

[lorsque nous regardons notre vie par des yeux matériels (argent), plutôt que spirituels, il en découle que nous avons un regard qui est très étroit. Nous passons à côté de notre vie, se comportant de façon très petite par rapport à nos potentialités! ]

Par contre, l'homme généreux et bienveillant fait confiance à Hachem et porte constamment ses yeux vers Lui.
[Ben Ich 'Haï]

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-> voir également : L'attirance pour l'argent, un esclavage : https://todahm.com/2022/05/18/lattirance-pour-largent-un-esclavage

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+ Pourquoi est-ce la sagesse ou la richesse, et non pas les deux?

-> Rabbi Its'hak dit : Celui qui veut acquérir la sagesse (de la Torah) doit tourner son visage vers le Sud et celui qui veut acquérir la richesse (matérielle) doit tourner son visage vers le Nord.
Il existe un signe (pour se souvenir de ces directions) : la Table (dans le Sanctuaire) était placée au Nord et la Ménora était placé au Sud.
[guémara Baba Batra 25b]

-> Selon rabbi Its'hak, un homme tourne son visage vers le sud dans sa prière pour acquérir la sagesse ou bien son visage vers le nord pour acquérir la richesse.
Du fait que s'il tourne son visage vers le sud, il ne peut pas simultanément le tourner vers le nord et inversement, il semble donc qu'il soit impossible de devenir à la fois Sage en Torah et riche ; c'est l'un ou l'autre!
Pourquoi cela?
C'est parce que tout don attribué à un homme (la sagesse ou la richesse) dans ce monde-ci est une épreuve pour lui : va-t-il s'enorgueillir de ce don et ramener les choses à lui, preuve que cette sagesse ou cette richesse matérielle est extérieure à sa personne, ou bien va-t-il utiliser ce don pour autrui et pour mieux servir Hachem?
Or, l'épreuve d'un homme sage est différente de l'épreuve d'un homme riche ; c'est pourquoi le Ciel ne donne pas en général à un même homme riche ; c'est pourquoi le Ciel ne donne pas en général à un même homme sagesse et richesse, car cela constituerait 2 épreuves très difficiles à gérer.
Cependant, si un homme a travaillé sa qualité d'humilité, modestie, alors il ne se sentira pas "propriétaire" de cette sagesse ou de cette richesse matérielle, et pour lui, ces dons ne sont qu'un outil pour mieux servir Hachem ; un tel homme pourrait bénéficier des 2 tables : spirituelles (par sa sagesse) et matérielle (par sa richesse).
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.4]

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-> "Ce qui se trouve dans les Cieux, en haut, ou sur la terre, en bas" (Vaét'hanan 5,8)

Le Ben Ich 'Haï interprète : pour le niveau spirituel (bachamayim - dans les cieux), regarde plus haut (mima'al) que toi, et pour le niveau matériel (baarets - sur la terre), regarde plus bas (mita'hat) que toi.

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=> Quelle est l'intention des signes : la Table et de la Ménora?

L'emplacement dans le Temple de la Table, symbole de la parnassa, au nord, et de la Ménora, symbole de la sagesse au Sud ont été choisis par rabbi Its'hak pour se remémorer des directions dans lesquelles il faut se trouver pour acquérir la richesse ou la sagesse.

-> Le Maharcha explique :
La Table, placée au Nord dans le Temple, ne contenait que les pains de proposition (lé'hem apanim) consommés par les Cohanim de service. Si cette Table (choul'han) symbolise la richesse matérielle, c'est-à-dire la table des princes et des riches, c'est pour enseigner à ces derniers qu'ils ne doivent pas compter sur leurs excédents financiers et matériels, car ils ne se rassasieront que du pain qui vient de la direction Sud opposée.
La Ménora placée au Sud se suffit de l'huile mise dans les gobelets pour éclairer.
Cette Ménora, qui symbolise la lumière de la Torah et sa sagesse, vient enseigner à celui qu'aspire à la sagesse qu'il doit se suffire (et être content) de peu, afin d'illuminer son âme appelé : lumière Divine (ner Elokim).

-> Le Méor Enayim enseigne :
L'activité essentielle d'un homme doit s'exercer sur les choses qui ont le plus de valeur, c'est-à-dire les paroles de Torah et la sagesse qui sont plus précieuses que l'or fin ...
Si la recherche des besoins matériels devient l'essentiel et l'activité de la Torah provisoire et secondaire, nous ne pouvons acquérir ni l'une ni l'autre.
C'est ce message qui est véhiculé dans les signes de la Table et de la Ménora.
En effet, la Ménora, symbole de la sagesse de la Torah, est placée au Sud, donc à droite (si on se place à l'ouest, face à l'est) et la droite représente le côté fort (comme la main droite) ; la Table symbole de la parnassa (subsistance) est placée au Nord, donc à gauche et la gauche représente le côté faible (comme la main gauche).

Notre relation avec la matérialité (4e partie)

+ Notre relation avec la matérialité (4e partie) :

+++ Le matériel est quand même nécessaire :

-> "L'argent est une bonne chose, tant qu'il est utilisé à de bonnes fins, et tant que l'on n'en devient pas trop attaché."
[l'Alter de Novardok]

-> En donnant la manne avant la Torah, Hachem a indiqué que les besoins matériels nécessaires sont un prérequis pour le service Divin.
[Rabbi Meir d'Apta - élève du 'Hozé de Loublin - Ohr Lashamayim]

-> "Etre excessif avec ses désirs est un extrême, et l'absence totale du moindre plaisir en est l'exact opposé.
Les 2 sont détestables."
[Rambam - Chémona Pérakim - chap.4]

-> Celui qui prend la route de l'ascétisme est appelé un fauteur.
[Rambam - Hilkhot Déot 3,1]

-> Lorsque nous sommes anxieux, tendus, tristes, ... nous ne pouvons pas donner notre maximum à Hachem.
Dans la limite du raisonnable, il peut alors être nécessaire de profiter des plaisirs de ce monde (permis par la loi juive), afin de retrouver nos pleines aptitudes pour servir Hachem dans la joie.
[Rav Yossef Leib Bloch - Chiouré Daat]

-> Le Maharil rapporte que Rabbénou Tam plaçait des pièces en or sur sa table d'étude dans le but d'élargir sa compréhension des passages difficiles de son étude.
[l'idée est qu'il ne faut pas repousser totalement la matérialité, mais faire en sorte de l'utiliser pour que notre spiritualité s'en trouve renforcée!]

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-> Le Pélé Yoets transmet l'idée que le fait de se réjouir des plaisirs matériels de ce monde, n'a pas pour finalité de toujours en vouloir davantage (en enviant ce que possède autrui), mais cela doit être canalisé pour développer notre amour de Hachem.
En effet, si j'apprécie ce bien matériel passager, à plus forte raison je me dois d'aimer mon Créateur qui est la Source de tout amour et de tout plaisir.

-> Le Kli Yakar développe également cette idée, en comparant l'argent au feu.
D'un côté, on ne peut pas s'en passer, mais d'un autre côté, nous ne devons pas en être trop près.
Les plaisirs doivent nous servir afin d'aimer davantage D. (reconnaissance) en réponse à tout ce qu'il fait pour nous.
A l'inverse, une attitude ingrate où la finalité est d'avoir toujours davantage ou différemment, ne fait que développer de la jalousie.

-> Le Réchit 'Hokhma dit que les bontés de D. doivent inspirer en nous de la joie dans notre cœur, comme il est écrit : "Je serai heureux et en joie par Ta bonté" (Téhilim 31,8).

[De nos jours, quoique nous puissions avoir, cela semble ne jamais être assez.
Ce qui étaient les luxes d'hier, sont devenus les indispensables d'aujourd'hui.
=> N'oublions pas de l'apprécier, de remercier Hachem pour ces bontés! En effet, combien notre vie est luxueuses/confortables par rapport à celles de nos ancêtres de par le passé!]

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-> "L'homme doit apprendre de son aspiration pour la matérialité comment aspirer à la spiritualité".
[rav Saadia Gaon]

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-> "L'essentiel de l'amour dont on aime son propre corps et sa propre âme doit provenir de l'amour qu'on porte à son Créateur, comme un homme aime les instruments de son art et veille à ce qu'ils ne se salissent pas et ne se cassent pas, parce qu'il s'aime lui-même et veut pouvoir continuer à s'en servir.
C'est bien plus encore qu'il doit veiller sur son corps et son âme, afin qu'ils ne se souillent ni ne se brisent, car ce sont eux les instruments qui lui permettent de servir Hachem.
C'est là-dessus que doit porter toute l'intention quand on veille sur son corps et son âme, alors Hachem viendra à notre aide et sera notre soutien."
[Pélé Yoets]

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-> "Ne fais pas pour toi d'idoles de métal" (Ki Tissa 34,17)
Selon rabbi Mendel de Kotzk, cela signifie : "ne fais pas du métal un dieu!"

-> "Tu réuniras l'argent dans ta main" (Réé 14,25)
Le rabbi Méir de Prémichlan explique : "Il faut que tu restes, en toute circonstance, le maître de ton argent et que lui ne devienne jamais ton maître".

[ainsi il faut être vigilant à ce que la matérialité soit un outil permettant de mieux servir et grandir Hachem, et non l'inverse comme s'efforce à le faire notre yétser ara.]

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-> "Avraham se leva de bonne heure, sangla son âne" (Vayéra 22,3)
Nos Sages ont dit à propos de cet âne, qu'il est celui qui a porté la femme et les enfants de notre maître Moché, et il sera l'âne qui portera le machia'h ...

Le Maharal explique : l'âne qu'a monté Avraham, Moché, et qui portera le roi machia'h, c'est "le matériel" (un âne en hébreu se dit 'hamor, le matériel se 'homer, la différence est seulement dans la ponctuation, mais les 2 s'écrivent de la même manière : חמר), car ces 3 tsadiim ont complètement vaincu le matériel, au point de le dominer entièrement.

Avraham a dominé son penchant au matériel, et il a pu surmonter ses instincts naturels pour aller sacrifier son fils unique qui est né lorsqu'il avait 100 ans.
Moché a été choisi pour devenir le libérateur du peuple d'Israël, juste après avoir complètement dominé son penchant au matériel.
Le machia'h sera celui qui réussira à dominer le penchant au matériel et le dompter entièrement.

Quant à nous, bien que parfois nous ne réussissions pas à entièrement dominer le matérialisme, il est recommandé de prendre cette tâche à cœur. On s'efforcera au moins de ne pas se laisser dominer par lui ...
Que ce ne soit pas une domination illimitée, afin de ne pas marcher dans la rue avec le matériel sur nos épaules.
[rabbi Nissim Yaguen - Nétivé Or]

Personne ne sait qui restera en vie et survivra aux 'hevlé machia'h, mais le rav Yéhochoua Leib Diskin dit que si l'on veut être sauvé des souffrances de la naissance de machia'h, il faut se déconnecter complètement du mode de vie, de la mentalité et des perspectives [d'aborder la vie comme] des non-juifs.
Plus nous maintenons notre sainteté en nous dissociant de toute influence non-juive ou non-Torah, moins nous aurons de souffrances à endurer pendant les 'hevlé machia'h.
[rav Moché Sternbuch]

L’importance qu’on accorde à la matérialité = le test pour savoir qui est attaché à Hachem

+ L'importance qu'on accorde à la matérialité = le test pour savoir qui est attaché à Hachem :

=> Une question se pose : comment un individu peut-il savoir à quel point il est attaché à Hachem?

-> Rabbénou Tam (dans son Séfer haYachar - chap.9) écrit :
"Sache que celui qui veut savoir si Hachem le désire et l'aime devra faire un examen de conscience.
Il devra vérifier s'il est plus attiré par les plaisirs de ce monde (l'argent, le vol, les femmes) que par le service divin (la prière, les actes de générosité et les commandements positifs).
Si la réponse est positive, il est racha et Hachem ne donne pas son aval à ses comportements. S'il tend à accomplir plus de mitsvot que de mauvais actes, son souvenir monte en bien vers Hachem ...

Lorsque l'individu désire accomplir une mitsva, si l'occasion se présente et qu'aucun empêchement ne survient, c'est la preuve qu'il a trouvé grâce aux yeux d'Hachem.
S'il désire commettre un acte répréhensible et qu'il a les coudées franches alors que lorsqu'il s'apprête à faire une mitsva, il a plein d'embûches, c'est que Hachem éprouve du dégoût envers lui et n'aime pas ses actes"

[ "Hachem qui est à ta droite comme ton ombre" (Téhilim 121,5). Rabbi Tsadok haCohen nous enseigne qu'Hachem se souvient de nous, de la même façon qu'on se souvient de Lui, comme le reflet de notre ombre. ]