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 "Tu craindras l’Éternel, je suis D." (Kédochim 19;14)

Un jour, Rabbi Barou'h de Mézhibuz déclara à ses fidèles :
"Si la vue d'un seul cosaque me plonge dans la peur, à plus forte raison la perspective de passer au milieu de 2 rangées de 500 cosaques armés jusqu'aux dents.
Mais sachez, qu'une telle frayeur n'est rien en comparaison avec celle que m'inspire la perspective de transgresser ne serait-ce qu'une seule faute!"

 

Source (b"h) : le "Pniné haTorah" du Rav David Haddad

Vous ne volerez point …

"Vous ne volerez point." (Kédochim 19,11)

b"h, illustrons ce verset avec quelques histoires/exemples de nos Sages ...

1°/ On raconte que le Rav Isser Zalman Meltser (l'auteur du Even Haézer), marchait une fois dans les rues de Sloutsk (en Biélorussie), dont il était le Rav, aux abords d'un bâtiment en construction.
Perdu dans ses pensées, il fonça tout droit dans un bac à chaux.
Quelle fut sa réaction?

Plutôt que de s'apitoyer sur ses vêtements et ses chaussures maculés de tâches, il se désola en pensant aux quelques centilitres de chaux, dont il avait privé l'entrepreneur ...
Mettant de côté, la prestigieuse position qu'il occupait, il ne quitta pas le chantier avant d'avoir mis la main sur l'entrepreneur, l'avoir dédommagé de sa "perte", et lui avoir présenté ses plus plates excuses ...

2°/ Un élève du 'Hafets 'Haïm raconte qu'un jour, il devait se rendre à Varsovie, et le 'Hafets 'Haïm l'appela pour lui demander : "Pourrais-tu remettre cette lettre à Untel qui habite dans cette ville?"
L'élève répondis par l'affirmative et pris la lettre.
Le 'Hafets 'Haïm prit alors l'enveloppe, décolla le timbre et ... le déchira!

L'élève stupéfait, demanda : "Pourquoi déchirez-vous le timbre?"
Et son maître de répondre : "Parce que je ne veux pas voler la poste.
Par le fait que je te délègue ses services, je lui fais perdre de l'argent."

3°/ Des heures durant, le 'Hafets 'Haïm (1838 - 1933) restait penché sur sa table pour vérifier chacun de ses livres après leur reliure.
Il observait alors soigneusement chaque page, et chaque couverture.
Si le volume lui paraissait complet et sans défaut, il inscrivait au crayon, sur la page de garde, la mention : "contrôlé".
Et lorsqu'il trouvait une page mal imprimée, altérée, déchirée ou maculée, il apposait un morceau de papier sur l'endroit défectueux, et le rapportait à l'imprimeur afin qu'il remédie au problème.

Il lui expliquait alors aimablement que le prix de l'ouvrage ayant été fixé, celui qui l'acquérait s'attendait à recevoir un volume entier et sans anomalie.
Or, la valeur d'un livre détérioré s'en trouve réduite.
Vendre celui-ci à son prix fixe sans avoir réparé son défaut est donc constitutif de vol ...

4°/ Selon l'habitude en cours dans les shetls, le 'Hafets 'Haïm avait une vache, au lait de laquelle sa famille s'abreuvait, et qu'il surveillait avec la plus grande vigilance afin qu'elle ne s'échappe pas de son domaine, et n'aille pas causer de dégâts chez les autres.

En 1865, ayant été appelé à diriger la yéchiva de Veislischok, il quitta temporairement Radin (où resta sa famille), pour se vouer à cette fonction qu'il assuma pendant quelques années.
Il correspondait alors avec son épouse, et lui faisait parvenir ses lettres par les voituriers locaux.

Un jour, un des cochers, ne put maîtriser sa curiosité, et ouvrit une lettre adressé par le saint homme à sa femme ...
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit que le 'Hafets 'Haïm y priait son épouse de ne pas laisser sortir leur vache dans les rues de la ville, les jours de marché, car de nombreuses voitures de non-juifs y circulaient, et risquait d'y perdre un peu de paille préparée par les propriétaires à l'intention de leurs bêtes.
Ce qu'elle prenait ainsi, valait certainement moins d'une perouta.
Mais comme, il ne fallait pas compter sur le fait que les victimes leurs pardonnent ce vols, le Maître et son épouse risquaient de se rendre coupable de vol!

[de plus, comme le dit la Tossefta sur la guémara (Baba Kama 10;8) : "Voler un non-juif est plus grave que voler un juif, en raison de la profanation du nom divin qui en résulte."]

5°/ On raconte que'un homme se rendit un jour chez le Gaon Rav Yaakov Israël Kaniewsky (auteur du Kéhilot Yaakov), et aperçut une lettre qui devait vraisemblablement être photocopiée.

Le visiteur déclara : "Je dispose d'une photocopieuse sur mon lieu de travail.
Si le Rav le souhaite, je pourrai photocopier la lettre en m'y rendant demain."

Ébranlé par cette proposition, le Rav Kaniewsky répliqua : "As-tu demandé la permission à ton patron?
Ne sais-tu pas qu'utiliser cette photocopieuse à des fins autres que ton travail serait du vol à l'état pur!"

6°/ Ayant besoin d'une feuille de papier lors d'une réunion de rabbins, le 'Hafets 'Haïm a demandé à l'Admor de Loubavitch, s'il pouvait prendre la sienne. L'admor de lui répondre : "Bien sûr!".

Le 'Hafets 'Haïm a voulu le payer, mais l'Admor a refusé : "Ce n'est pas la peine. C'est une simple feuille de papier."

Le 'Hafets 'Haïm lui a répondu : "Sachez que le vol d'une feuille de papier comme celle-ci peut créer un ange destructeur capable de brûler toute la ville de Varsovie!"

7°/ Une fois, aux bains publics, le 'Hafets 'Haïm a vu une personne utilisant un objet appartenant à quelqu'un d'autre.

Le 'Hafets 'Haïm est allé le voir et lui a chuchoté : "Une personne qui se lave avec une chose qui ne lui appartient pas, finit plus sale que lorsqu'elle a commencé."

Source (b"h) : le "Pniné haTorah" du Rav David Haddad + le "binéoth déché" du rav David Chaoul Greenfeld + le "Talelé Oroth" du Rav Yssa'har Dov Rubin

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+ A propos du vol :

-> Le Méam Loez (Vayikra 1,17) écrit :
Le prophète dit : "Celui qui amasse illégalement sa richesse la perdra au milieu de ses jours, et finira par être un sot." (Yirmiyahou 17,11).
Ce verset désigne l'homme qui amasse des biens par le vol ou la malhonnêteté.
Sa richesse ne restera pas en sa possession, mais sera perdue.
De plus, dans l'autre monde, son âme descendra du lieu saint où elle se trouvait avant son arrivée sur terre car elle ne méritera pas d'entrer dans le domaine de Hachem. Elle errera sans mériter de repos.

Le seul qui puisse entrer dans le domaine de D. au monde futur est l'homme innocent de tout vol, comme le dit le roi David : "Qui montera sur la montagne de D. et qui se tiendra sur Son lieu saint? Celui aux mains propres et au cœur pur" (Téhilim 24,3-4).
Le roi David nous révèle que seule la personne dont les mains ne sont pas tâchées par le vol sera autorisée à pénétrer dans le domaine de D.

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-> Le Méam Loez (Emor 23,26-32) enseigne :
L'une des fautes les plus graves est le vol.
La prière d'un voleur est détestable aux yeux de Hachem.

Les mammifères sont entièrement consumés sur l'autel [en tant que sacrifices], mais Hachem nous a ordonné d'ôter l'appareil digestif d'un oiseau avant de l'offrir (Vayikra 1,16) car les volatiles mangent de la nourriture volée.

Cela doit nous servir de leçon [la prière remplaçant les sacrifices]. Il faut savoir que les prières d'un hommes ayant un objet volé en sa possession ne sont pas acceptées.
Dans le monde à venir, il sera écarté et ne jouira pas de l'éclat de la Présence Divine.

Bien que la génération de Noa'h fût coupable de nombreux péchés, le décret du déluge fut scellé à cause du vol.
[...]

Il est interdit de voler un juif comme un non-juif, serait-il idolâtre.
Sous de nombreux aspects, voler un non-juif est pire que de voler un juif car il s'agit, outre le vol, d'une profanation du Nom de D. ('hiloul Hachem).
Le racha en viendra à maudire la religion juive et à mépriser les juifs.
La Torah nous interdit donc de voler même un non-juif.

Si un homme trompe un non-juif, l'ange gardien de la nation de laquelle le non-juif appartient se tient en Haut et le dénonce devant Hachem.
Un décret est alors scellé et les bienfaits Divins destinés au voleur sont remis à l'ange gardien de ce peuple. Cette nation s'empare donc d'un bénéfice qui était assigné à Israël et le voleur est laissé sans aucun bienfait.

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-> Tout celui qui soustrait à son prochain ne serait-ce que la valeur d'une prouta [valeur monétaire minine] est considéré comme s'il lui ôtait son âme ...
[la guémara ensuite précise qu'un voleur ôte également l'âme des enfants de ce propriétaire, et que même un vol commis indirectement compte]
[Rabbi Yo'hanan - guémara Baba Kama 119]
[on voit que concernant les questions pécuniaires, la rigueur Divine est implacable, prenant en compte toutes les répercussions des actes, et leurs conséquences indirectes.]

-> Il y a 3 fautes devant lesquelles le « rideau » [séparant ce monde de la Présence Divine] ne fait pas obstacle [et qui montent tout droit devant Hachem pour accuser l’homme].
[Il s’agit de] : causer du tort à son prochain, voler, et vouer un culte aux idoles.
[Rabbi Abahou – guémara Baba Métsia 59a]

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-> De toutes les fautes qui empêchent une prière d’être exaucée, la plus grave est le vol.
En effet, si une personne est mêlée à un vol, elle aura beau crier et implorer, sa prière restera bloquée.

J'ai par ailleurs découvert, au nom des Mékoubalim, l'un des barrages à la prière, l'empêchant d'être acceptée même si l'on prie convenablement et avec les intentions adéquates, est le fait de porter des habits en chaatnez (mélange de lin et de laine) au moment où on la formule ; dans ce cas, celle-ci n'est pas écoutée, car les lettres de chaatnez sont en hébreu les mêmes que celles des mots : Satan az ("Satan effronté").
[Yessod véChorech haAvoda]

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-> "Aucune injustice ne souille mes mains et ma prière est pure" (Iyov 16,17)
Ce qui signifie qu'il existe une prière pure et une prière souillée.
L'homme dont les mains sont salies par des gains malhonnêtes aura beau crier, Hachem se détournera de ses prières ; car son discours est tâché.
Mais la prière de Iyov était pure. Il était honnête, et ses mains étaient propres.
[midrach Chémot rabba 22,24]

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-> Le midrach (Chémot 22,3) dit : "Une personne doit purifier son cœur avant de faire la prière."
Comme l'a dit Iyov (16,17) : "Je n'ai pas de vol dans mes mains, et ma prière est pure".
Rabbi Yéhochoua haCohen, fils de Rabbi Né'hémia dit : "Existe-t-il une prière impure? Mai plutôt, une personne dont les mains sont souillées par le vol peut appeler Hachem, mais Il ne répondra pas.
Pourquoi cela? Parce que sa prière est récitée dans la faute [du vol].
Cependant, puisque le travail de Iyov était exempt de vol, sa prière était pure. Comme l'a dit Iyov, "Mais il n'y a pas de vol dans mes mains" ; parce que mes mains et mon travail sont exempts de vol, "ma prière est pure".

Rabbi 'Hama, fils de Rabbi 'Hanina, a dit : "Comment savons-nous que si quelqu'un a des biens volés en sa possession, sa prière est impure? Puisque le verset dit : 'Lorsque tu étendras tes mains [en prière], Je te cacherai mes yeux ; même si tu intensifiais ta prière, Je ne t'écouterais pas' (Yéchayahou 1,15).
Pourquoi cela? Et comment savons-nous que si quelqu'un s'éloigne du vol, sa prière sera pure?
Puisque le verset dit : "Celui qui a les mains propres et le coeur pur, qui n'a pas juré en vain par Mon âme, et qui n'a pas juré de manière trompeuse" (Téhilim 24,4), et juste après il est dit : "Il recevra une bénédiction d'Hachem, et une juste bonté du D. de son salut" (Téhilim 24,5).

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-> A cause d'un vol ou d'une honte qu'il aurait infligé à autrui, la prière de l'individu ne sera pas écoutée.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - Téfila]

-> Celui qui respecte l'adage : "Que le bien d'autrui te soit aussi précieux que le tien" (Pirké Avot 2,12), méritera de prier avec ferveur.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - Téfila]

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-> Le rav 'Haïm Chmoulévitch rapporte les paroles de nos Sages (guémara Baba Batra 16a) : "Iyov, qui était goy, volait la terre des orphelins, l'améliorait, puis la leur rendait" : cette conduite était louable.
Toutefois, il est interdit à un juif de voler, même dans l'intention de rendre 2 fois plus à son propriétaire (guémara Baba Métsia 61b), car il y a là en effet une dimension de vol.
Il en ressort que ce qui est convenable pour les autres peuples peut être interdit aux juifs du fait de leur importance et de leur rang.

[le rav Yérou'ham Leibowitz disait par exemple qu'il est interdit spécifiquement aux juifs de manger des reptiles, car cela a sur eux un effet malfaisant, mais non sur les autres nations.]

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-> Le Rama de Pano (Assara Maamarote) fait remarquer que toutes les défenses de la Torah sont exprimées au futur, par exemple : "Toute graisse et tout sang vous n’en mangerez pas".
La raison en est que Hachem se porte garant pour nous que nous ne fauterons pas.

D'après cela, demande le Amoud haAvoda (rabbi Barou'h de Kassov), comment expliquer l'introduction : "Tu ne voleras", alors que nous voyons que certaines personnes le font?

C’est qu’en fait, lorsque Réouven vole mille chékels à Chimon et qu’il semble avoir ainsi gagné mille chékels, tandis que Chimone les a perdus, cela ne traduit pas la vérité.
Car si Réouven s’était abstenu de voler et de prendre ces mille chékels de manière interdite, il les aurait reçus par un biais entièrement permis.
A présent qu’il les a volés, Hachem ne lui enverra pas les mille chékels qui lui étaient destinés mais il les enverra à Chimon afin de compenser ce qui lui manque.
Il en ressort que lorsque Réouven a volé ces mille chékels, ce n’est pas Chimon qu’il a volé mais bien lui-même.

D’après cela, on comprend pourquoi la Torah exprime également la défense de voler au futur "Tu ne voleras", car en vérité aucun vol ne peut se produire.
Et même si le voleur pense avoir ainsi gagné, il n’a pris que de ce qui lui revenait.
A l’inverse, pour ce qui concerne sa victime, si cet argent devait lui revenir, le Créateur le
dédommagera en lui donnant cette somme par un autre moyen, et sinon, il l’aurait de toute façon perdue d’une autre manière.

-> "Personne ne peut rien prendre de la portion réservée à un autre, fût-ce l’épaisseur d’un cheveu" (guémara Yoma 38b)
-> "Tous les gains d’une personne sont prédéterminés d’un Roch Hachana à l’autre" (guémara Beitsa 16a)

Le Amoud haAvoda écrit également :
La plupart des gens pensent que ce qu’ils ont acquis grâce à leur travail et qu’ils possèdent à présent leur appartient. Dès lors, lorsqu’ils perdent de l’argent, ils se lamentent et s’en plaignent.
En réalité, il est très possible que, même si cet argent se trouve en leur possession, il ne fasse pas partie de ce
qui leur a été octroyé par le Ciel.
C’est pourquoi, le moment venu, ils le perdent.
Si tout le monde en était convaincu, les lois relatives aux préjudices deviendraient inutiles puisque personne ne
revendiquerait une créance, sachant qu’il est impossible d’augmenter ou de diminuer ce qui lui a été fixé.
Seulement, la Torah ne s’exprime (à travers toutes les lois relatives aux préjudices financiers) que contre le yétser Hara qui aveugle les yeux de la raison et poussent l’homme à considérer avec son regard humain qu’un tel lui a causé une perte.

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-> Le ‘Hafets ‘Haïm (dans son Kountrass Midot OuMichkalot et dans son livre Chem Olam) écrit :
L’homme doit savoir que l’argent qu’il amasse illégitimement et par des moyens malhonnêtes le quittera au milieu de ses jours, c’est-à-dire soit que sa richesse sera abandonnée par lui au milieu de ses jours, soit qu’il sera abandonné par sa richesse au milieu de ses jours ...
Cela signifie que soit la richesse disparaîtra au milieu de la vie de l’homme, soit c’est l’homme qui disparaîtra.
Et parfois, la disparition vient par plusieurs maladies et malheurs, que Hachem nous en protège, au point qu’il reçoit plus de souffrance qu’il n’a eu de joie pendant qu’il accumulait son argent.
En effet, quand la richesse ne provient pas d’une bénédiction de Hachem, par exemple si elle lui vient parce qu’il a transgressé Sa volonté, on lui donne le malheur en même temps que la fortune, et plus sa fortune grandit, plus les malheurs s’accumulent, par exemple les maladies, ou les soucis à cause des enfants, ou de se faire attaquer et voler, et toutes les épreuves qu’on peut connaître dans le monde, au point qu’on ne connaît aucune satisfaction de sa fortune.

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-> Le Or'hot Tsadikim enseigne :
"Lorsque l’homme croit du plus profond de son cœur que le Créateur accomplira tout ce qui est écrit dans la Torah, punira le méchant et récompensera ceux qui la respectent, il observe la Torah.
En effet, si tous les voleurs savaient avec certitude qu’ils seraient tués pour leur vol sans pouvoir y échapper, ils s’abstiendraient. Mais ils sont tous certains de pouvoir s’en tirer, c’est pourquoi ils font ce dont ils ont envie.
Le pécheur ne fauterait pas non plus s’il était certain de recevoir un châtiment terrible. C’est pourquoi toute la Torah est comprise dans la foi, ainsi qu’il est écrit : "le juste vivra par sa foi" (‘Habakouk 2,4)."

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-> Il est à noter les notions de vol (le guézél) suivantes :

1°/ le guézél shalom = ne pas répondre à une salutation d'autrui = on lui vole une possibilité de se dire : "je suis quelqu'un de bien, je suis aimé/important aux yeux d'autrui".

Ce sentiment d'être une personne de valeur sous cette forme est vital, et par exemple :
- il donne à autrui beaucoup de forces positives de vie (permettant alors de faire de grandes et belles choses) ;
- il peut permettre à autrui d'éviter de déployer plein d'énergie, de temps futilement en faisant son "intéressant", afin d'avoir sa dose de "je suis quelqu'un de bien, d'important, d'aimé".

-> La guémara (Béra'hot 6b) statue qu'une personne est obligée de répondre au salut d'une autre personne à son égard, et que le fait de ne pas le faire s'assimile à du vol (guézel shalom).

Rabbi Yechezkel Sarna (Daliyot Yechezkel - vol2) a dit : " Si on apprécie le fait que l'homme est créé à l'image de D., on considérait comme un privilège de pouvoir saluer ses semblables"

2°/ le guézel du amen = lorsque l'on ne fait pas une bénédiction à voix haute, empêchant autrui de confirmer par un "amen" que tout vient de D.
=> On empêche alors autrui d'avoir une récompense et de développer sa confiance en D.

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-> Rabbi Mendel de Kotzk disait que tout homme doit annoncer, avant de se mettre en état de prier, qu'il accepte le Commandement : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" et que sa prière n'est pas seulement personnelle, sans quoi elle constituerait une forme de vol.

[en ce sens, le Arizal a institué quelques mots à dire au tout début de la prière du matin : "Je prends sur moi la mitsva positive d'aimer mon prochain comme moi-même, et j'aime chaque juif comme mon âme ..." (aréni mékabel alaï mitsva assé chél véaavta léréa'ha kamo'ha ...)]

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-> Détourner à son profit un honneur qui revient à quelqu'un d'autre, cela aussi s'appelle du vol.
[rabbi Israël Méïr]

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-> b'h, également cf. 8e Commandement : Tu ne voleras pas : http://todahm.com/2017/07/10/les-10-commandements-2

-> aussi : http://todahm.com/2021/09/10/33057

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"Ceux qui sont honnêtes en matière d'argent sont ceux qui mériteront d'être avec Hachem dans Sa section (bim'hitsato), comme il est écrit : "Mes yeux sont sur les fidèles du pays, afin qu'ils habitent avec Moi" (Téhilim 101,6)"
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.15]

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-> Le Réchit 'Hokhma (chap. Massa ouMatan) dit que le véritable déterminant pour savoir si une personne est considérée comme un tsadik est la façon avec laquelle elle traite les autres en ce qui concerne l'argent.

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+ Tout celui qui vole est un fou et un racha, car son vol ne va pas lui faire gagner davantage que ce qui a été décrété pour lui à Roch Hachana ...
Comme il est écrit (Dérékh Erets Zouta 3) : "Si tu prends ce qui n'est pas à toi, ce qui est à toi te sera repris" ...

[Voler c'est acquérir quelque chose par le bien d'une faute, et au-délà du prix de la faute, c'est ne pas avoir de bénédiction dessus. De plus, si cela nous avait été destiné alors D. nous l'aurait donné d'une façon permise. Et si nous ne devions pas l'avoir, alors nous devrons le rendre, ce qui nous causera de la peine, de la souffrance, qu'on aurait pu se dispenser en ne volant pas!]

De même, selon nos Sages (guémara Sanhédrin 8a) Hachem dit aux réchaïm : "Ce n'est pas suffisant que vous ayez volés, mais vous M'obligez également à retourner le bien volé à son bon propriétaire."
C'est ce qui s'est produit avec Lavan : "votre père [Lavan] s'est joué de moi et 10 fois a changé mon salaire" (Vayétsé 31,7).
Tout ce que Lavan a pu volé est finalement retourné chez Yaakov : "Un ange de D. me dit dans le songe ... Lève donc les yeux et vois que tous les mâles qui fécondent le bétail sont cerclés, pointillés et rayés ; car J'ai vu tout ce que te fait Lavan" (Vayétsé 31,11-12).
Yaakov a vu dans son rêve que des anges prenaient des moutons de Lavan et les apportaient sur le territoire de Yaakov.

Combien les anges pouvaient-ils faire cela : n'est-ce pas du vol?
"J'ai vu tout ce que te fait Lavan" = l'ange lui explique que ce qu'il t'a pris, t'es maintenant retourné.
['Hafets 'Haïm - Chaat haTévouna 11]

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-> Il faut être particulièrement vigilant car : "la majorité des gens faute par le vol" (guémara Baba Batra 165a)

Le Ram'hal (Messilat Yécharim - 11) précise : "Bien que la majorité des gens ne volent pas directement ... néanmoins la plupart goûte le goût du vol [comme] dans leurs affaires professionnelles"

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-> Celui qui prive autrui de sa subsistance (parnassa), finalement, ses [propres] enfants mourront prématurément.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - Enfants]

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-> b'h, également sur le vol (génération du Déluge) : http://todahm.com/2019/10/02/10801-2
-> également sur le vol : http://todahm.com/2015/04/30/3118-2

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-> Noa'h - La faute du vol : http://todahm.com/2023/11/02/noah-la-faute-du-vol

 "Ne hais pas ton frère en ton cœur. Tu réprimanderas le membre de ton peuple, et tu ne porteras pas de faute à cause de lui." (Kédochim 19;17)


-> Selon le Kanféi Nécharim :
Nos Sages enseignent : "Corrige-toi, et ensuite, corrige les autres."
C'est ce que dit ici le verset : "Tu réprimanderas le membre de ton peuple", mais veille à "ne pas porter la faute" = au moment où tu lui fais des reproches, ne sois pas toi-même coupable de la faute, que tu l'as vu commettre.

-> Le Sfat Emet donne une interprétation sublime ...
Réprimande-toi au moment où tu réprimandes ton prochain, car sache qu'en toi aussi se trouve une partie de la faute de chaque juif (kol Israël arévim!).

"Et tu ne porteras pas de faute à cause de lui" = ne lui impute pas toute la faute.
==> Si tu te sens associé à sa faute, ta réprimande porteras et lui aussi se repentira.

D'ailleurs, le rav Moché Yéhoshua Heshel (dans son Yam haTalmud) donne une explication allant dans ce sens.
- Rachi (Kédochim 19;18) = "Rabbi Akiva dit : "[Tu aimeras ton prochain comme toi-même] est un grand principe de la Torah."
- Guémara Shabbath 31 = "ce que tu détestes, ne le fais pas à ton prochain, c'est là toute la Torah, et les détails, va les étudier."
Le rav Heshel se demande comment peut-on dire : c'est là toute la Torah?
En effet, de nombreux commandements entre l'homme et son Créateur n'ont aucun rapport avec celui-ci!
==> Nous savons que "tout le peuple est responsable l'un de l'autre."
Ainsi, quand un juif commet une faute, bien qu'il soit le seul à avoir tiré un profit, les autres sont punis à cause de lui.

On devrait tous réfléchir et comprendre qu'à cause de la faute que l'on commet par intérêt personnel, des personnes innocentes souffriront à cause de nous, alors qu'elles n'auront tiré aucun bénéfice de notre faute.
Est-ce que nous sommes prêt à payer pour les fautes des autres?
Par conséquent, comment peut-on faire souffrir autrui pour son bénéfice personnel?
Cette réflexion doit nous empêcher de commettre la moindre faute.

Ainsi, ce principe : "ce que tu détestes, ne le fais pas à ton prochain", constitue donc bien le fondement de toute la Torah, car il empêche l'homme de commettre la faute.

Dans le même sens, le Rav 'Hayim Vital explique que les enfants d'Israël sont comparables aux membres d'un même corps.
Quand l'un d'eux vient à pécher, tous les autres sont responsables de ce qui a été commis.
Telle est la raison pour laquelle, lorsque nous récitons le vidouï (la "confession"), nous employons la forme plurielle : 'hatana (= nous avons péché), et non 'hatati (=j'ai péché).
==> Même celui qui prie seul chez lui s'exprime ainsi, au pluriel, car le manquement de l'un est considéré comme ayant été perpétré par tous (leurs âmes étant liées, et garantes les unes des autres).

-> On apprend aussi de ce verset, que pour réprimander son prochain, il faut tenir compte de son tempérament, de ses traits de caractère et de son niveau spirituel.
Il ne faut pas agir en fonction de son tempérament à soi.
"Tu réprimanderas le membre de ton peuple" = réprimande-le en tant que "membre de ton peuple", selon sa nature, et non la tienne.

[ Un maître du moussar tire aussi de ce verset : "Réprimande ton prochain de la façon dont tu te réprimandes toi-même : avec le même ton et la même intensité."
En effet, on a tous tendance à être clément avec nous-même, et à être très sévère/intransigeant avec autrui ... ]

---> Il est écrit dans la guémara (Baba Metsia 31a) : "Réprimande, tu réprimanderas, même 100 fois".
-> Selon le Rabbi Waldenstein d'Ostrovsta :
Généralement, quand pour une fois, un homme éprouve l'envie de faire une réprimande à quelqu'un, il le fait précipitamment et n'a plus ensuite aucun rapport avec lui.
Ce n'est pas ainsi, qu'il faut accomplir la mitsva de réprimander son prochain.
Il ne faut pas se contenter de parler une fois : il faut lui parler de façon à ce qu'on ait quoi se dire le lendemain.

-> Selon le Rabbi david Bekkher de Mézéritch :
Parfois, tu n'es pas capable de dire ce qu'il faudrait dire ; parfois, l'autre n'est pas capable d'entendre ce qu'il doit entendre.
Au bout de 100 fois, l'occasion se présentera peut-être où tu pourras dire ce qu'il faut et où l'autre pourra entendre.

---> A propos de la destruction du 2e Temple, on a :
- Guémara (Yoma 9) = "Le 2e Temple a été détruit à cause de la haine gratuite."
- Guémara (Shabbath 119) = il a été détruit parce que les juifs ne se réprimandaient pas.

-> Le Avnei Azel, nous explique que ces 2 raisons n'en sont qu'une = comme la haine gratuite régnait parmi les enfants d'Israël, ils ne pouvaient pas se réprimander l'un l'autre.
Il manquait la condition essentielle pour pouvoir réprimander son prochain.

En effet, le Avnei Azel dit que l'homme ne peut réprimander son prochain que s'il éprouve de l'affection pour lui.
S'il l'aime, il s'inquiète de sa situation, et cherche vraiment à ce qu'il s'améliore, comme un père qui sermonne seulement son fils.

Plus l'amour est grand, plus la réprimande mue par l'affection a davantage d'effet : la personne ressent l'amour de celui qui la corrige, et accepte ses paroles.
Mais si un homme hait son prochain, il ne peut pas le réprimander, car son reproche sera inefficace.

=> Grâce au commandement "ne hais pas ton frère", il est possible d'accomplir "tu réprimanderas".

 

Source (b"h) : compilation du "mayana chel Torah", du Rav Alexander Zoucha Friedman + le "talelé orot" du Rav Yissa'har Dov Rubin

"Ne mangez pas sur le sang" (Kédochim 19;26)

Voici une des explications du Maguid de Mézéritch sur ce verset.
L'essentiel pour la vie de l'homme, c'est son sang.
C'est pourquoi, le nom du 1er homme est dam (le sang), mais comme l'homme prie devant le D. unique, un aleph (un - א), précède son nom, si bien qu'il s'appelle adam (homme - אדם).
Mais, s'il ne prie pas devant D., le nom qui lui reste, c'est dam (דם).

La Torah dit donc : "Ne mangez pas sur le sang" = ne mangez pas avant de prier le matin, vous qui, avant d'avoir prié, êtes encore appelés dam (sang).


[ --> Guémara Sanhédrin 73 = "Ne mangez pas avant d'avoir prié pour votre vie." ]

 "Tu te lèveras devant des cheveux blancs." (Kédochim 19;32)

"Devant les cheveux blancs" = avant que n'arrive la vieillesse,
---> "tu te lèveras" = commence à agir pour le bien de ton âme.

"N'abîme pas les coins de ta barbe" (Kédochim 19,27)

=> La Torah interdit de se raser à la lame, pour ne pas abîmer les poils de la barbe. Bien plus, idéalement, un juif doit porter la barbe. Mais pourquoi cela?

-> Rabbi Nathan de Breslev explique que l'essentiel du judaïsme consiste à apprendre à connaître Hachem. Le juif doit grandir et s'élever dans la connaissance d'Hachem de jour en jour. Hachem est Infini, et on peut toujours Le connaître de plus en plus, jusqu'à l'infini. Ainsi, certaines connaissances peuvent être inaccessibles à une personne, du fait de son niveau spirituel actuel. Mais, il pourra avec le temps, par des efforts de réflexion et en se sanctifiant, accéder plus tard à ces connaissances. Toute sa vie, l'homme intègre des connaissances qui lui étaient encore occultés jusque là.
Les poils de la barbe, qui sont à l'extérieur de son visage, mais pénètrent à l'intérieur de son corps, sont les
canaux qui permettent de faire passer la connaissance d'Hachem de l'extérieur à l'intérieur. C'est par la barbe que la Sagesse Divine jusqu'à présent trop haute pour soi, qui était encore extérieure à soi, pourra pénétrer en lui et lui devenir accessible. Et cela constitue toute la vie du juif.
Quand on détruit le poil par la lame, on déracine ce conduit qui pouvait permettre à la connaissance d'Hachem de pénétrer en soi et par cela, on se prive d'une élévation qui est vital pour le juif. D'où l'importance de cette mitsva.

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"Ne taillez pas les coins (péat - פְּאַת) de votre tête, et ne rase pas les coins de ta barbe" (Kédochim 19,27)

-> Concernant la 2e partie du verset, Rachi explique qu’il s’agit de la barbe et ses côtés, à savoir 5 endroits : deux à chaque joue, en haut près de la tête, là où elle est large et où il y a deux coins aux tempes, et un au bas du menton, à la jonction des deux joues.
[la guémara (Makot 20a) explique que l’on est condamnable uniquement si l’on a rasé la barbe avec une lame, et uniquement s’il s’agit d’un rasage qui provoque une destruction du poil, arraché à la racine, mais s’il s’agit de se raser avec des ciseaux, même si le résultat de ce rasage ressemble à celui du rasage à la lame, il n’y a là aucun interdit selon le Din – Voir Choul’han Aroukh Yoré Déah 181]

-> Au-delà du caractère divin de cette interdiction, les commentateurs rapportent différentes raisons, parmi lesquelles :

1°/ Tout juif doit prendre soin que sa physionomie ne puisse se confondre avec celle des non-juifs, appelés "ceux qui rasent les coins de la barbe" (Yirmiyahou 9,25) [Zohar I, 219b] ; la barbe représente pour le juif l’insigne de sa dignité : הדרת פנים זקן (Hadrat Panim Zakan - la barbe est l’ornement de la face de l’homme) [Shabbath 152a].
Le Rambam écrit : "Il était coutume chez les prêtres idolâtres d’enlever leur barbe. C’est pourquoi la Torah a défendu de retirer la barbe". [Lois sur l’idolâtrie 12,7]

2°/ "Raser la barbe» est considéré comme un signe de deuil en usage chez les populations non-juives. [Ibn Ezra]

3°/ L’emploi du rasoir donne au visage de l’homme une apparence féminine, le dépouillant du caractère distinctif que lui a donné la nature. [Abravanel]

4°/ Hachem a interdit de se raser la barbe, afin de ne pas abolir le signe qu’Il a inscrit dans le genre masculin, pour le séparer du genre féminin, car celui qui fait cela fait le contraire de Sa Volonté, comme celui qui sème des mélanges de plantes interdits.
Il est écrit à propos de tout ce qu’a fait Hachem dans la Création "selon son espèce", alors que ce geste viendrait
mélanger les espèces. [Rabbénou Bé’hayé]

5°/ L’homme est créé à l’image de D. et c’est avant tout sur le visage de l’homme couvert d’une barbe que se reflète cette apparence divine, comme l’explique le Zohar [Idra Zouta Kadicha] : Les "treize Attributs de Miséricorde" se dévoilent à travers la "Barbe du Petit Visage".

Le Tséma’h Tsédek [Dérekh Mitsvotékha] explique que des "13 Attributs de Miséricorde", représentés par les 13 touffes de la barbe, émane une puissante miséricorde qui atténue les sévérités. Il en résulte, que grâce au port de la barbe, les rigueurs sont transformées en situations agréables et adoucies.
C’est le sens profond du verset: "C’est comme la bonne huile qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe, sur la barbe d’Aharon, qui descend sur le bord de ses vêtements (ou au sens figuré, sur les treize Attributs de Miséricorde qu’elle symbolise)" (Téhilim 133,2).

C’est sur la base de cet enseignement, que les Tsadikim professent le conseil (Ségoula) de laisser pousser la barbe, à ceux dont l’Attribut de rigueur a molesté (à noter que le mot פאה [Péa - coins] a pour valeur numérique 86 comme le Nom divin de la Rigueur [ אלקים Elokim], pour indiquer que le fait de ne pas se raser les «coins» de la barbe, adoucit la Rigueur sur soi).

Ainsi, révèle le Midrache Yalkout Réouvéni, celui qui respecte le précepte "Ne taillez pas (en rond) les coins de votre tête, et ne rase pas les coins de ta barbe» est protégé des Klipot (forces du Mal) par l’intermédiaire des trois anges MikhaEl מיכא־ל , GabriEl גבריא־ל et NouriEl נוריא־ל , dont les initiales des noms forment le mot מגן (Maguen) – Bouclier.

6°/ Les deux Péots, que certains laissent pousser de chaque côté du visage, représentent deux signes et deux témoins de la judaïcité de l’homme. [Ben Ich 'Haï - Ben Ich ‘Haïl – ‘Helek 1 – drouch 3]

C’est pourquoi il existe une coutume qui consiste à laisser les Péots à l’enfant qui rentre au ‘Heder, lors de sa première coupe de cheveux à l’âge de trois ans. En effet, explique le Zéra Kodech, les Péots, qui descendent le long du visage en direction du coeur, permettent de relier la tête (l’esprit) au coeur (les sentiments). Ils symbolisent le principe "le cerveau dirige le coeur" - l’intellect, représenté par les trois Attributs ‘Hokhma (חכמה - Sagesse), Bina (בינה - Intelligence) et Daat (דעת- Connaissance) [correspondant aux 3 premières années de l’enfant] domine le yétser ara qui loge dans le coeur de l’homme.

Juger son prochain favorablement

+++ Juger son prochain favorablement :

+ "Bétsédek tichpot amité'ha" = Juge ton prochain avec droiture (Paracha Kédochim 19,15)

La Guémara Chevouot 30a explique ce passage = Juge ton prochain favorablement.
Rachi = le texte ne parle pas d'un jugement au tribunal mais d'un homme qui verrait son prochain accomplir un acte que l'on peut interpréter positivement ou comme une avéra : 'qu'il l'interprète positivement et ne soupçonne pas la avéra'.

Cette mitsva s'appelle : "Ladoune lékaf zé'hout" = juger son prochain du côté favorable.

Selon le Rambam = c'est une des mitsvot de la Torah les plus difficiles à appliquer car la nature humaine tend souvent à s'y opposer!
Cependant, c'est une faute grave que de juger négativement et le fait de soupçonner une personne cachère est l'un des interdits dont la Téchouva est impossible (car il est dur de se rappeler de tous ses mauvais jugements et de les remettre en cause).

S'agissant d'une mitsva de la Torah (d'après de nombreux décisionnaires), il vaut mieux avoir jugé notre prochain favorablement et découvrir ensuite qu'en fait, il avait fauté.
Ainsi, nous aurons accompli la mitsva et gagné par notre attitude un mérite extraordinaire.

En effet, il est connu que == "Celui qui juge son prochain favorablement [mesure pour mesure], qu'On le Juge ainsi dans le tribunal céleste" et inversement, celui qui est pointilleux sur le comportement de ses semblables, mérite que l'On soit pointilleux avec lui dans le tribunal céleste (que D. nous en préserve!).

+ On apprend cette mitsva (Juger autrui du "côté méritoire") dans la paracha Kédochim, qui débute par : "Soyez kédochim (élevés/saints) car je suis Kadoch (élevé/saint)."

Ceci est étonnant car c'est l'une des parachiyot qui contient le plus de mitsvot entre l'homme et son prochain (ben adam la'havéro), alors qu'on aurait pu penser que l'acquisition de la sainteté devrait plutôt passer par l'observance des lois entre l'homme et D. (ben adam laMakom).

On en apprend que notre élévation spirituelle est étroitement liée à notre comportement avec nos semblables!

La relation avec notre prochain demande peut-être encore plus d'efforts et de travail que notre relation avec D.

En effet, avec D. nous sommes des "receveurs" et avec autrui, il faut faire preuve de beaucoup d'humilité et de bonne volonté car chacun veut imposer sa volonté et s'élever au-dessus de l'autre.
[Il est facile de juger l'autre négativement, le rabaissant pour mieux se valoriser et se dire qu'on est quelqu'un.
Mais, être prêt à renoncer à ce besoin de se sentir meilleur, afin de donner de l'honneur à autrui, c'est nettement plus dur!]

+ Le Rav Dov Yafé = lorsque que l'on cherche un objet précieux/de valeur que l'on a perdu, on va le chercher et le rechercher dans tous les coins pour le retrouver.
A plus forte raison, l'honneur de notre prochain doit être tellement précieux à nos yeux, qu'on cherchera toutes les possibilités/cheminements pour le juger favorablement.

+ Guémara Shabbath 127a = "Juger son prochain favorablement fait partie des mitsvot qui donnent à celui qui les accomplit un salaire sur terre, tout en lui laissant son capital intact pour le monde futur".

+ Quelques conseils = peut-être qu'il est en droit d'agir ainsi, peut-être qu'il ignore que c'est interdit, peut-être qu'il n'est pas conscient de la gravité de son acte, peut-être qu'il nous manque des éléments (circonstances atténuantes, contexte particulier,...)

Tâchons d'appliquer le verset = "Ne juge pas ton prochain avant d'arriver à sa place!" (Avot 20-5)

+ Le 'Hafets 'Haïm a écrit :
Voici que l'homme doit énormément se renforcer dans la mida (qualité) de juger son prochain favorablement, car c'est par cette mida que l'on peut acquérir le titre de tsadik (juste) ou par son absence celui de racha (impie), aux yeux de D., et pour l'éternité.

Qu'est-ce qui permet à un homme de mériter que D. le juge avec indulgence et non avec rigueur?

== l'indulgence que lui-même aura eu en faveur de son prochain.

D. juge une personne de la même manière qu'elle-même juge les bné Israël.

Le 'Hafets 'Haïm conclut en disant : "que l'Homme sache qu'au moment même, où il s'occupe de trouver les points positifs ou les justifications des actes de son prochain (ou le contraire), il prépare son propre jugement."
[Chmirat halachone - Chaar atvouna chap.4]

+ A SAVOIR :
Cette mitsva (juger favorablement) s'applique seulement à une pensée.
A partir du moment où nous exprimons notre jugement verbalement, nous transgressons des interdits bien plus graves, tels que le lachon ara (médisance) ou la ré'hilout (colportage).

La Torah distingue 3 catégories de personnes :
- le talmid 'ha'ham = le vrai érudit possédant beaucoup de crainte de D.
Il devra être jugé favorablement dans tous les cas, même si une situation laisse penser qu'il a commis une faute, il faudra essayer (dans la mesure du possible) d'interpréter son acte comme une chose permise.

D'ailleurs la Guémara béra'hot 19a va jusqu'à dire = "si tu as vu un Talmid 'ha'ham accomplir une vraie faute la nuit, ne le suspecte pas un instant le lendemain, car il a déjà fait téchouva".

[Le Rav Outner dit que ce n'est pas une coïncidence si dans la amida la bénédiction qui suit celle de la Sagesse de la Torah est celle de la Téchouva (où nous disons : "ramène-nous, notre Père, vers ta Torah" car la Torah nous ramèneras de façon certaine vers D.).
En effet, la Torah que le vrai érudit étudie quotidiennement, a la propriété de ramener vers le bien immédiatement.]

- le "bénoni" = l'homme moyen, qui, en règle générale, fait attention à ne pas trop fauter.
Nous avons une obligation de faire pencher notre jugement du côté du mérite seulement si son acte est neutre (= il peut être interprété de manière positive ou de manière négative).

Si son acte penche plutôt vers la faute, il n'y a pas d'obligation de l'interpréter positivement.
Il est tout de même conseillé de lui accorder le bénéfice du doute et de ne pas le considérer comme un impie (racha) en notre for intérieur.

Celui qui veut appliquer cette mitsva avec une mesure de piété supplémentaire, pourra juger l'homme moyen favorablement même dans ce cas.

- le vrai Racha = l'impie notoire = celui qui a l'habitude de "fauter" même en connaissance de l'interdit.
Il devra être jugé défavorablement car il est interdit de juger favorablement un homme qui peut entraîner ou influencer des juifs à fauter.

[Le 'Hazon Ich explique qu'il n'y a plus de "réchaïm" aujourd'hui chez les juifs, même parmi les personnes les moins pratiquantes de notre peuple]

Dans tous les cas, si j'ai le droit de penser qu'il est "coupable" et que je dois me méfier de lui, je n'ai pas le droit de le haïr, de me venger ou de faire de la médisance (lachon ara) sur lui [sauf sous 6 conditions détaillées dans le 'Hafets 'Haïm].

Au contraire, à l'image de D., je dois espérer et prier pour qu'il fasse Téchouva et revienne sur le bon chemin.

Source (b"h) : compilation du livre : "la Mitsva et son histoire" de C. et J.Hagège

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-> "Celui qui ne reconnaît pas les bontés de son prochain en viendra à ne pas reconnaître les bontés de D."

[midrach haGadol - chémot 1,8]

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+ A savoir :
1°/ Lorsque l'on juge quelqu'un favorablement, on attire ce même jugement sur nous-mêmes.
Le Baal Chem Tov explique que lorsque l'on veut juger d'en-Haut la faute d'un homme, on le place dans une situation où il verra son ami faire cette même faute et on observe de quelle façon il jugera celui-ci.
De la même façon qu'il jugera son prochain, on le jugera d'en-Haut sur cette faute : s'il l'a jugé avec rigueur, lui-même sera jugé avec rigueur et s'il l'a jugé favorablement, il sera jugé favorablement.
Le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachone) d'écrire :
"Si son habitude était de juger favorablement, il sera jugé de la même façon, mais si son habitude était d'accuser ses semblables et de parler d'eux négativement, les anges aussi parleront de lui négativement.
Il faut donc que l'homme soit vigilant sur ses pensées parce qu'au moment où il juge son ami, ses décrets peuvent se retourner contre lui."
=> Il en ressort que les sentences que nous décrétons à l'égard des autres nous sont en fait destinées!
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Le Baal Chem Tov enseigne que lorsqu'une personne meurt, son âme monte dans le tribunal d'en-Haut, et elle doit y subir un jugement.
On lui monde la vidéo de toutes ses années de vie.
Chaque action, chaque mot et chaque pensée passent devant ses yeux. Tout est très réel et clair.
Alors, on demande à cette personne de juger tout ce qu'elle a vu, déterminant ainsi son propre verdict.

On est dans le monde de Vérité et on ne peut y dire que la vérité.

Si durant sa vie cette personne était habituée à juger autrui favorablement, alors son âme va automatiquement n'avoir que des choses favorables à dire, même concernant ses méfaits.

Mais si elle était habituée à critiquer et condamner les actions de autres, alors elle va se juger elle même d'une façon identique.

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2°/ La mystique juive nous enseigne que le Satan ne peut accuser quelqu'un sans témoin et lorsque nous jugeons quelqu'un défavorablement, nous nous associons au Satan sans le savoir puisqu'il utilisera notre témoignage.
Le Baal Chem écrit à ce sujet :
"Lorsque le Satan veut accuser un enfant d'Israël devant Hachem, D. le fait taire en demandant qu'il y ait 2 témoins.
Mais lorsqu'un juif interprète les actes de son ami négativement, ne serait-ce que par la pensée, il réjouit le Satan, car il a trouvé un témoin et son accusation sera acceptée.
Par cet acte, il s'associe au Satan pour accuser son ami".
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-> Rabbi Aharon Rokéa'h habitait en plein centre de Tel Aviv et, de son appartement, on entendait le Shabbath les bruits des voitures passer au-dehors.
Il disait : "Mazal Tov! C'est certainement une femme qui doit accoucher qu'on conduit à l'hôpital en voiture!"
Un Shabbath, un bruit retentissant de moteur s'est fait entendre : un camion semi-remorque passait sous ses fenêtres.
Comme à son habitude, Rabbi Aharon a dit : "Mazal Tov!", mais les personnes présentes ont répliqué : "Mais c'est un camion qui passe!"
Le Rabbi leur a répondu : "Et si le chauffeur n'a pas de voiture, il doit laisser sa femme à la maison?"

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-> Lorsque nous jugeons autrui favorablement, cela l'inspire à changer [positivement].
[rabbi Na'hman de Breslev]

"Un homme craindra sa mère et son père, et mes Shabbat vous respecterez (véét shabétotaï tichmorou)" (Kédochim 19,3)

=> Pourquoi la mère précède ici le père? Et pourquoi il est dit : "Mes Shabbat" au pluriel?
Enfin, quel lien entre la crainte des parents et le respect du Shabbat?

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique :
Chaque Shabbat, Hachem donne à chaque juif une âme supplémentaire. Cette âme a 2 dimensions, une féminine que l'on reçoit le vendredi soir, et une masculine que l'on reçoit le Shabbat dans la journée.
En effet, la Torah évoque 2 termes par rapport à Shabbat : "Chamor (observe)" et "Zakhor (souviens-toi)".
Chamor correspond à la sainteté du vendredi soir, de dimension féminine. Et Zakhor, au niveau de la journée de Shabbat, de dimension masculine (Zakhar – masculin).
La nuit étant liée au féminin, et le jour au masculin. Ainsi, puisque la sainteté du vendredi soir précède celle de la journée, c'est pourquoi la Torah dit : "L'homme craindra sa mère et son père", la mère (féminin) avant son père (masculin).

Cet ordre correspond à la sainteté de l'âme supplémentaire que l'homme reçoit le Shabbat, la dimension féminine du vendredi soir, avant la dimension masculine du jour.
Ainsi, le verset poursuit : "Et Mes Shabbat vous respecterez", allusion aux deux aspects de la sainteté de Shabbat, la féminine avant la masculine.

Paracha Kedochim

- "Chaque homme, sa mère et son père vous craindrez et vous observez Mes shabbaths, Je suis l'Eternel votre D." (Kedochim 19,3)

1°/ Dans les 10 commandements on à : "Honore ton père et ta mère!"
- Quelle est la différence entre le respect et l'honneur?
Rashi : "Qu'est-ce que la crainte? Il ne s'assoit pas à sa place, ni parler à sa place, ni contredire ses paroles. Qu'est-ce que l'honneur? Il doit leur donner à manger et à boire, les habiller et les chausser, les faire entrer et sortir".
- Pourquoi l'ordre des parents n'est pas le même?
Rashi : "Ici le verset a fait précéder la mère au père parce qu'il est révélé devant D. que le fils craint son père plus que sa mère; tandis que pour l'honneur à donner aux parents, le père est évoqué avant la mère, parce qu'il est révélé à D., que le fils honore sa mère plus que son père parce qu'elle l'encourage avec des paroles agréables".
- Pourquoi y-a-t-il une juxtaposition entre l'observance du sabbath et la crainte des parents?
Rashi : "Le verset juxtapose l'observance du shabbath à la crainte du père pour dire : bien que Je t'ai ordonné la crainte du père, si ton père te dit : "Profane le Shabbath", ne l'écoute pas. Il en est de même pour tous les autres commandements".
La Torah dit :  "un homme doit craindre", afin d'enseigner qu'un homme doit obéir à ses parents en tout temps, tandis qu'une femme, après son mariage, doit respecter la volonté de son mari plutôt que celle de ses parents (cf. Rashi).

2°/ Le Hida dit à propos de ce verset : "tu veux honorer ton père et ta mère? Dis un nouveau commentaire de Torah le Shabath".

-  "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" (Kedochim 19,18)

1°/ Quel est le rapport entre le début et la fin de ce verset?
Rabbi Haïm Vital explique que lorsque 2 personnes s'aiment sincèrement, D. souhaite leur proximité et fait reposer sa présence entre eux.
On en trouve l'allusion dans le mot aava ("amour"), qui a la valeur numérique de 13. Ainsi, lorsqu'il y a un amour réciproque, il y a 2 fois aava (13), soit 26, qui est la valeur numérique du nom de D. : le Tétragramme.
2°/ Rashi, rapport sur ce passage : "Rabbi Akiva dit : "c'est un grand  principe de la Torah" [aimer son prochain comme soi-même].
On peut y rapprocher la réponse de Hillel à une personne lui demandant de lui enseigner toute la Torah le temps qu'elle se tienne "sur un pied" : "Ce que tu n’aimes pas, ne le fais pas à autrui".
3°/ La valeur numérique du mot "comme toi-même" ("kamo'ha") équivaut à 86, même valeur que le mot Elokim, nom divin sous son attribut de justice. A la fin du verset, il y a l'attribut de bonté ("Je suis Hachem").
Le Hida explique que lorsqu'un juif parvint à aimer son prochain de tout son cœur, il transforme l'attribut divin de justice en clémence.
L'annulation de son "Moi" (Kamo'ha = comme toi-même = attribut de rigueur) pour autrui amène la bonté.