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3 Questions/Réponses – Paracha Ki Tavo

+ 3 Questions/Réponses – Paracha Ki Tavo :

1°/ La paracha commence par le sujet des bikourim (v.26,1-11).
On peut trouver dans ce passage toutes les lettres de l'alphabet hébraïque à l'exception d'une seule.
Laquelle et pourquoi?

-> Le Baal haTourim (Ki Tavo 26,4) note qu'il manque la lettre samé'h (ס).

Cela fait allusion à l'enseignement de la guémara ('Houlin 137b) disant que bien qu'il n'y a pas de montant minimal que l'agriculteur doit apporter afin de réaliser la mitsva des bikourim, nos Sages ont institué qu'il doit amener 1/60e de sa récolte.

=> On retrouve cela avec l'absence de la lettre samé'h, qui a une guématria de 60.

De plus, la Torah utilise un mot inhabituel lorsqu'elle demande à l'agriculteur d'apporter ses premiers fruits (bikourim) dans un panier (הַטֶּנֶא - aténé - v.26,4) au cohen.
La raison est que ce mot : "panier" (טֶּנֶא - téné) a une valeur numérique de : 60.

-> Rabbi Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsadik) enseigne très joliment :
"Dans toute la section des bikourim et du vidouï, nous ne trouvons pas la lettre samé'h (ס), qui représente le Satan (סמאל - SamaEl).
La raison est que cette section est comparable à un fils parlant et implorant son père.
Heureusement, le Satan ne peut pas interférer pendant ce moment de tendresse et d'émotions (père/fils)."

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2°/ Il est écrit : "Tu [Moché] inscriras sur les pierres toutes les paroles de cette Torah, en [les] expliquant bien" (Ki Tavo 27,8)

Rachi, qui cite nos Sages (Sotah 32a), explique qu'elle devait être écrite de façon à ce qu'elle soit claire pour tous ceux qui désireraient la lire, c'est-à-dire dans les 70 principales langues de l'époque.

La guémara (Avoda Zara 2b) rapporte que chacune des autres nations s'est vue proposer la Torah, et elles ont toutes refusées de l'accepter.

Si elles ne la voulaient pas, pourquoi était-il nécessaire de leur rendre accessible la Torah?

-> Rav Yossef Sorotzkin (Méged Yossef) note que la guémara (Shabbath 88b) enseigne qu'au moment où la Torah a été donnée aux juifs au mont Sinaï, chacun des mots qui sortait de la "bouche" de Hachem était exprimé simultanément dans les 70 langues.

Le rav Sorotzkin explique que certes les autres nations ont rejeté à un niveau collectif la Torah, mais il y avait des individualités minoritaires parmi elles qui ont exprimé le désir de l'accepter.
A toutes les époques, les non-juifs qui se convertissent de façon halakhique au judaïsme, sont des descendants de ces personnes qui ont accepté initialement la Torah.

=> On comprend maintenant mieux la nécessité de rendre accessible et de traduire la Torah pour ceux qui désirent sincèrement observer ses lois, puisque leurs âmes étaient également présentes au moment du don de la Torah (puisque l'ayant acceptées).

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-> Le Gaon de Vilna demande : Pourquoi D. a-t-Il proposé aux peuples du monde les dernières paroles, et ne leur a-t-Il pas cité d'abord les 1erers, comme Il l'a fait avec les bnei Israël?
[aux enfants d'Essav = "Tu ne tueras pas" ; à ceux d'Amon et Moav = "Tu ne commettras pas l'adultère" ; et aux enfants d'Ichmaël = "Tu ne voleras pas".]

Il répond : les 10 Commandements étaient écrits sur 2 Tables de pierre, les 2 premiers sur la Table de droite et les 5 autres sur celle de gauche.
Mais comme dans les langues des autres peuples, on lit de gauche à droite, les yeux des peuples ont été attirés en premier par la Table de gauche où il est écrit : "Tu ne tueras pas", "Tu ne commettras pas l'adultère", "Tu ne voleras pas".
En revanche, la lecture dans la langue sainte (hébreu) se fait de droite à gauche, c'est pourquoi les bnei Israël sont arrivés de façon naturelle vers la Table de droite. C'est pourquoi Hachem a commencé par "Je suis Hachem ton D."

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3°/ La guémara (Taanit 8b ; Baba Métsia 42a) dérive du verset (Ki Tavo 28,8) que la bénédiction ne se trouve que dans ce qui est caché du regard.
En effet, ce qui est étalé sur la place publique est sujet à être endommagé par le mauvais œil (ayin ara).
Comment est-ce que ce concept fonctionne-t-il?

Le rav Eliyahou Dessler (cité dans le Sia'h 'Haïm I,237) explique que lorsque Hachem a décidé et décrété initialement qu'une personne avait le droit à quelque chose, Il trouvait qu'elle était méritante pour bénéficier d'un certain avantage personnel.

Cependant, si cette personne va s'en servir de façon ostentatoire, cela risque d'entraîner de la souffrance et de la jalousie chez d'autres (pourquoi elle a et pas moi!).
Hachem doit alors refaire les comptes. En effet, certes elle mérite d'avoir ce plaisir pour elle-même, mais il faut maintenant également considérer que cela va entraîner de la souffrance chez autrui par le fait de l'avoir publiquement exhibé.

Après le nouveau verdict : soit elle est encore méritante pour avoir ce bien, soit Hachem va considérer qu'elle ne mérite plus d'avoir ce profit à cause des conséquences que cela va avoir sur son environnement.

=> Ainsi, le ayin ara peut entraîner indirectement la perte de bénédictions, et il est judicieux de prendre en compte le conseil de nos Sages en profitant d'elles de manière plus privée, plus "cachée du regard".

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+ Questions bonus (b'h) :

Il est écrit :
-> "Hachem enverra en ton sein le manque, le désarroi et l'angoisse" (Ki Tavo 28,20)
-> "Je susciterai sur vous la panique" (Bé'houkotaï 26,16)

Ces 2 parachiot ont de commun de contenir de très nombreuses malédictions.

-> 1°/ Pourquoi est-ce que celles de la paracha Ki Tavo sont à la 3e personne ("Hachem"), tandis que celles de Bé'houkotaï sont à la 1ere personne ("Je")?

Rabbénou Bé'hayé explique que les malédictions mentionnées dans Bé'houkotaï se sont réalisées durant le 1er Temple, où la présence divine y résidait, et c'est pour cela que c'est écrit à la 1ere personne car Hachem infligea lui-même ces punitions.

Les malédictions de Ki Tavo se sont réalisées durant le 2e Temple, où la présence divine était absente du Temple (guémara Yoma 21b), elles sont donc écrites par la voix de Moché (3e personne) relatant ce que Hachem a fait.
[ceci témoigne de la distanciation]

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-> 2°/ Le Ohr ha'Haïm fait remarquer que dans la paracha Bé'houkotaï, il y a l'utilisation du pluriel ("vous"), et dans Ki Tavo c'est le singulier qui est utilisé ("tu").
Pourquoi une telle différence?

- Le singulier renvoie à des malédictions nationales, s'appliquant à l'ensemble du peuple juif, s'il ne se comporte pas comme il le faut.
- Le pluriel s'adresse à chaque individualité, qui même si la nation juive se comporte globalement bien, lorsqu'une personne faute, elle s'expose à des malédictions.

-> 3°/ Cela nous permet de comprendre pourquoi les malédictions de Bé'houkotaï se terminent par des paroles d'encouragement, ce qui n'est pas le cas pour celles de Ki Tavo.

Quelles soient les fautes, la nation juive a une garantie de toujours pouvoir exister, et ce par le mérite de l'alliance de Hachem avec nos Patriarches.
C'est pourquoi le passage se termine par des mots de consolation, car la collectivité est toujours assurée de se maintenir.
Cela n'est pas le cas au niveau individuel, où il n'y a pas une telle assurance.

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Selon l'Alter de Kelm, cela permet d'expliquer une dualité de Roch Hachana :

- en tant que nation, nous sommes plein de confiance dans la miséricorde divine, et nous nous comportons avec plein de joie et d'optimisme (de beaux habits, de beaux repas, ...).

- en tant qu'individualité, nous sommes plein de crainte et d'effroi, par la conscience que nous n'avons pas une telle garantie (nous tremblons à l'idée que l'avenir de notre vie va se jouer en ce jour! Qui peut dire s'il va avoir le droit de continuer à vivre? Rien n'est assuré, tout est remis en question!).

L'Alter de Kelm enseigne qu'on apprend de là l'importance de nous lier, d'être utile à la collectivité juive.
En effet, lorsque nous sommes nécessaire, utile à d'autres personnes, on nous dispensera d'un mauvais jugement pour ne pas handicaper les autres, et au contraire on nous comblera du meilleur afin de continuer dans ce sens.

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-> "Je me souviendrai de mon alliance avec Avraham" (Bé'houkotaï 27,46)

=> Cette promesse de consolation se cache dans un long passage de punitions. Hachem finira par nous prendre en pitié de par l'alliance de nos ancêtres.
La paracha Ki Tavo également contient de nombreuses punitions, on peut même en conter 2 fois plus. Et pourtant, aucune promesse de consolation ne s'y trouve. Comment comprendre cette différence?

-> Le 'Hatam Sofer explique :
L'essentiel de la souffrance face aux difficultés de la vie, vient du fait qu'on n'y voit pas de sens. Un homme est prêt à passer des moments même désagréables, s'il y voit un intérêt et un sens. Il est prêt à suivre des soins douloureux s'il sait que cela lui redonnera sa santé. Mais quand une personne souffre et sent qu'il souffre pour rien, cela lui est bien plus difficile.

- La paracha Bé'houkotaï introduit les punitions par le verset : "Si vous marchez avec moi de façon hasardeuse", c'est-à-dire que vous considérez les événements comme étant le fruit du hasard. Ainsi, les épreuves que vous endurerez dans un tel état d'esprit, en pensant qu'elles viennent par hasard, sans raison, seront insoutenables. Hachem a donc senti le besoin d'introduire un verset de consolation pour apaiser.
- Mais les souffrances évoquées dans la paracha de Ki Tavo, même si elles sont plus dures et bien plus nombreuses, mais vous ne les vivrez pas comme venant par hasard. Vous aurez la conscience qu'elles viennent d'Hachem, que c'est votre Père Qui est aux Cieux, qui vous éprouve. Et quand notre Père Qui nous aime est avec nous, quand on sent Sa Proximité, alors les souffrances deviennent plus supportables. Il n'y a donc plus besoin d'y ajouter une consolation, car le fait même de sentir Hachem à ses côtés est déjà la plus grande des consolations.

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2020/09/21/15282-2

"Et ce sera, lorsque tu entreras dans le pays que Hachem te donne en héritage" (Ki Tavo 26,1)

-> Au moment de la brit ben habétarim, Hachem a dit à Avraham que ses enfants iront en exil pendant 400 ans.
Cette période a démarré lors de la naissance de Its’hak (cf. Rachi Lé’h Lé’ha 15,13), et s'est terminée avec la sortie d'Egypte.

Par la suite, avant d'entrer en Israël, ils ont été 40 années dans le désert, faisant un total de : 440.

La valeur numérique de : "Lorsque tu entreras (Ki Tavo - כִּי תָבוֹא) est de : 439.
=> Après 439 années pleines, et dans la 440e année, le peuple juif est entré dans la terre d'Israël.

[Rabbi David Feinstein]

"Tu [les] mettras dans une corbeille" (Ki Tavo 26,2)

-> Selon la guémara (Baba Kama 92b), les riches présentaient leurs prémices dans des paniers d'or et d'argent qui leur étaient restitués, tandis que les pauvres les offraient dans des corbeilles d'osier que les Cohanim conservaient.

-> Rav Aharon Bakst, explique que cette différence de traitement a pour but de préserver la dignité des pauvres.

Les paniers des riches étaient remplis à ras bords de fruits succulents, tandis que ceux des pauvres en contenaient moins et de qualité médiocre.
Si les Cohanim avaient vidé les paniers des pauvres pour les leur restituer, ceux-ci auraient redouté qu'ils se rendent compte de l'insignifiance de leur contribution.

=> Pour leur épargner cette gêne, les Cohanim conservaient donc les corbeilles, faisant comme s'ils n'avaient pas vu leur contenu.

-> Rav Yaakov Neuman apporte une autre explication.
Quand un homme riche venait offrir ses bikourim dans des récipients d'argent et d'or, il était naturel qu'il fût aussi bien vêtu et fier de son apparence.
Les Cohanim lui restituaient donc aussitôt son panier, comme pour lui signifier que son "moi" avait rendu son offrande presque inacceptable.
En revanche, les paniers des pauvres étaient accueillis par les Cohanim presque à bras ouverts, en témoignage de ce que Hachem aime les offrandes présentées dans la soumission et l'humilité.

-> Le Rav Yaakov Neuman explique :
Les riches, qui apportaient des paniers somptueux, bien qu’en soi leur objectif était d’honorer et d’embellir la mitsva, malgré tout il se pouvait que se mêle une certaine part d’orgueil et de hauteur dans leur mitsva. Finalement, les voilà en train d’étaler leur richesse et leur fortune, même si c’est dans le cadre de louer Hachem et accomplir Sa Volonté. Or, Hachem a l’orgueil en dégoût. Il rejette et repousse ce sentiment à l’extrême. C’est pourquoi, ces paniers des hommes riches qui ont ce risque de générer l’orgueil de leurs propriétaires, ne pouvaient aucunement être acceptés par Hachem. C’est pourquoi, on les leur restituait. Hachem n’en avait pas besoin.
Mais les hommes pauvres quant à eux, se présentaient avec de simples et modestes paniers, sans aucune prétention, et les remettaient au Cohen non sans ressentir une certaine pointe de honte de se présenter si modestement, comparativement aux riches qui venaient avec de bien plus beaux paniers. Il est clair qu’aucune once d’orgueil ne pouvait s’infiltrer. Bien au contraire, Ces paniers venaient même renforcer l’humilité et la modestie de leurs propriétaires qui les présentèrent avec un coeur brisé et honteux. Tous ces sentiments sont si appréciés par Hachem qu’Il tenait à garder ces paniers si précieux à Ses Yeux.

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=> Les pauvres amenaient des paniers de modeste valeur au Temple, car ils n'avaient pas les moyens d'acheter des objets plus coûteux. Laisser ces paniers aux Cohanim constituait donc pour eux une grade perte, alors que les riches, en reprenant leurs corbeilles, ne perdaient rien de leur fortune. Comment comprendre cela?

Le rav Yossef Tsvi Diner, cite les paroles du Malbim : "Les pauvres n'avaient même pas les ressources nécessaires pour acheter des paniers ; c'est pourquoi ils les confectionnaient eux-mêmes à partir des branches de saules (éléments constitutifs des paniers en osier) utilisées pour la mitsva des 4 espèces de la fête de Souccot, et dans lesquels ils déposaient les prémices destinées aux Cohanim".
Comme ils s'étaient beaucoup investis dans l'accomplissement de la mitsva, les pauvres méritaient de laisser leurs paniers aux Cohanim.
En revanche, les ustensiles des riches, dont la valeur spirituelle était faible, n'étaient pas offerts aux Cohanim.

Le rav Diner conclut que dans toute mitsva que nous accomplissons, Hachem ne considère pas seulement l'action elle-même : Il prend également en compte les efforts et l'abnégation dont chacun a fait preuve. Et selon l'effort que l'on aura consenti dans la réalisation des mitsvot, celles-ci seront agréées devant Hachem.

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-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch fait le commentaire suivant :
"Tu les mettras dans une corbeille (baténé)" = c'est une allusion au fait que toutes les bonnes activités auxquelles on se livre doivent suivre les enseignements de nos Sages.
Or, la Torah et les lois ont été expliquées par nos Sages dans les 60 traités de la guémara, ce qui est la valeur numérique du terme : "téné" (corbeille/parnier - טֶּנֶא).
En effet, sans cela même si l'on fait toutes les mitsvot du monde, cela ne servira à rien.

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-> "Tu les placeras dans un panier ... et le Cohen prendra le panier de ta main" (Ki Tavo 26,2-4).

De façon générale, ces paniers étaient en osier et étaient remis aux Cohanim. Le don des paniers aux Cohanim faisait partie intégrante de la mitsva des prémices (bikourim).
On peut voir en cela 2 éléments opposés. D’une part, les prémices étaient sélectionnées parmi les meilleurs fruits, uniquement parmi les sept espèces par lesquelles on prononce l’éloge de la terre d'Israël.
Mais, d’autre part, ces fruits devaient nécessairement être apportés dans un panier d’osier, c’est-à-dire fait d’une matière très simple et bon marché, sans valeur spécifique.
=> Comment expliquer ce paradoxe apparent?

-> Les fruits qui glorifient la terre d’Israël symbolisent les âmes juives tandis que le panier qui les porte symbolise le corps dans lequel s’habillent les âmes (néchamot). Les âmes divines descendent ici-bas, dans ce monde matériel et inférieur. Elles s’introduisent dans un corps physique, qui devient leur réceptacle, leur "panier". Or, ce dernier enferme l’âme et rend plus difficile l’expression du lien qui l’attache à Hachem. Il peut même dissimuler totalement la volonté véritable de cette âme.
Ceci conduit à reformuler la question précédemment posée : pourquoi les prémices, avec toutes leurs qualités, sont-elles placées dans un panier aussi simple? Pourquoi une âme pure et noble, qui possède les sentiments d’amour et de crainte de D. les plus hauts, et jouissant de la Lumière divine du Gan Eden, doit-elle descendre ici-bas, s’introduire dans un corps physique, y rester pendant un certain temps, enfermée et limitée?

La réponse à cette question est la suivante : la descente doit se solder par une élévation (yérida tsoré'h alyia). La chute vertigineuse de l’âme au sein d’un corps physique doit la hisser vers des hauteurs bien supérieures à celles connues avant sa descente ici-bas. En effet, en descendant dans ce monde physique et en étant confrontée à l’obscurité spirituelle de la matière, l’âme révèle sa force véritable et essentielle, celle de purifier et de sanctifier son enveloppe physique, grâce aux mitsvot qui sont mises en pratique, d’une manière concrète.
De cette façon, elle peut, par la suite, dépasser le niveau qui était le sien avant sa descente.

Il est en de même pour notre Service divin. Nous ne devons pas nous satisfaire de notre propre ascension spirituelle, de l’élévation de notre âme du fait de sa proximité avec Hachem (à l’instar de la place de la Néchama dans le Gan Eden avant sa descente sur terre). Nous devons aussi nous efforcer d’attirer ici-bas la spiritualité, dans le monde, afin de le purifier et de le sanctifier.
C’est ainsi que dans chaque aspect de notre vie profane et professionnelle nous tenterons d’accomplir les deux instructions suivantes : "Tous tes actes soient accomplis au nom des Cieux" (Pirké Avot 2,12) et "Connais-le dans toutes tes voies" (Michlé 3,6).
C’est aussi le sens de la mitsva des Bikourim : Consacrer à la sainteté le meilleur du travail de l’homme, afin d’élever nous-même et ce monde inférieur vers une "Demeure pour l’Essence de D." (à l’instar de la place de la Néchama après l’ascension qui suit l’accomplissement de sa mission sur terre).
[d'après dvar Torah du Collel de Sarcelles]

"Maudit est celui qui n'accomplira pas les paroles de cette loi pour les faire" (Ki Tavo 27,26)

-> La dernière partie de cette phrase semble superflue.
En effet, si on accomplit, c'est qu'on le fait, non?

Le Ktav Sofer explique qu'en réalité, ces mots condamnent allusivement l'opinion proclamée par certains, selon laquelle Hachem veut que nous restions fidèles à l'esprit de la Torah, la pratique de ses mitsvot étant d'importance secondaire.
["pour moi, je porte D. dans mon cœur!"]

Pour marquer son opposition à cette façon de voir, le verset commence par : nous devons "accomplir", puis il ajoute que le but est de "faire" = le seul moyen d'adhérer à la Torah consiste à observer ses mitsvot à la lettre.

-> Le haKtav véhaKabbala observe que pour certains, l'adhésion aux mitsvot ne constitue qu'un moyen de se définir par rapport à la communauté.
Ils s'affirment comme des défenseurs résolus de la foi, mais ce n'est que pour rechercher honneurs public et avantages.

C'est pourquoi la Torah insiste afin que notre engagement pour les mitsvot soit pour les "faire", et ce sans arrière-pensées.

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-> Tout juif doit accepter la Torah dans son intégralité.
On ne doit pas dire qu'une seule mitsva est sans importance.
La malédiction n'est pas pour une personne faisant une faute, mais pour celle qui va renier une partie de la Torah, quelqu'elle soit.
[le Ramban]

"Béni es-tu à ta venue et béni es-tu à ta sortie" (Ki Tavo 28,6)

-> Les écoles de Chammaï et de Hillel ont débattu pendant 2 ans et demi du point de savoir s'il aurait mieux valu ou non que l'homme ne naisse pas.
[guémara Erouvin 13b]

La conclusion de leur controverse a été qu'il aurait été préférable qu'il ne naisse pas.

-> Selon les Tossafot, la discussion concernait exclusivement les gens ordinaires, mais s'agissant du tsadik, tous s'accordaient à dire que sa venue au monde au monde était bénéfique.

-> Le Torat Moché fait alors remarquer :
Si tu es béni "à ta sortie", c'est-à-dire si tu es libre de tout péché (en faisant téchouva et en s'améliorant), on peut dire que tu étais béni "à ta venue".

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-> "Bénis sois-tu à ta venue et bénis sois-tu à ta sortie" (Ki Tavo 28,6)

Rachi explique ce verset en disant : "Que ta sortie de ce monde soit sans faute, comme à ta venue".

=> Mais d'après cela, l'essentiel de cette bénédiction se trouve dans la sortie, qui soit comme ton entrée. Dès lors, on aurait pu se contenter de dire que tu sois béni à ta sortie du monde, qui sera sans faute. Pourquoi avoir besoin de rappeler ta venue?

En fait, nos Sages disent que l'homme est tellement proche de la faute qu'il eut mieux valu qu'il ne soit pas créé, car il risque trop de fauter. Mais un homme qui quitte ce monde sans aucune faute, une telle personne révèle rétroactivement que sa venue au monde était une réussite et un vrai bien.
C'est ce que nous enseigne le verset : "Bénis sois-tu à ta venue et bénis sois-tu à ta sortie" = Même ta venue au monde sera une bénédiction si ta sortie sera sans faute.
Ainsi, Rachi explique : "Que ta sortie de ce monde soit sans faute, comme à ta venue", c'est-à-dire que si ta sortie est sans faute, alors ta venue aussi deviendra une bénédiction.
[Ktav Sofer]

"Hachem te placera à la tête, et non à la queue" (Ki Tavo 28,13)

Cette métaphore semble plus s'appliquer à des animaux qu'à des êtres humains.
En effet, n'aurait-on pas dû avoir plutôt : "à la tête, et non au talon"?

Rav Mordé'haï Guimpel répond à l'aide de la guémara (Kétoubot 66b) :
"Heureux est Israël! Quand il fait la volonté de Hachem, aucune nation ni aucune idéologie n'a prise sur lui.
Mais lorsqu'il ne fait pas Sa volonté, il est livré à une nation méprisable, et pas seulement à une nation méprisable, mais aux animaux de cette nation méprisable."

"Si tu écoutes la voix de Hachem ton D. observant avec soin tous Ses préceptes que je t'impose en ce jour" (Ki Tavo 28,1)

-> " "Si écouter tu écoutes" = si tu écoutes en ce monde-ci, tu pourras écouter [les paroles de la Torah] dans le monde futur de la bouche de Hachem.

Rabbi Lévi dit au nom de Rabbi Aba : La Torah n'aurait pas dû être donnée dans ce monde-ci.
Pourquoi?

Parce que dans les temps futurs, tout le monde l'apprendra de la bouche de Hachem.
Alors pourquoi fut-elle tout de même donnée aux hommes ici-bas?

Afin que lorsque D. l'enseignera dans le monde futur, tous sachent de quel sujet Il traitera."
[midrach Tan'houma]

-> Selon le 'Hafets 'Haïm (Torah Ohr - chap.9), nous apprenons de ce midrach que lorsque, dans les temps futurs, Hachem révélera aux hommes tous les secrets et la sagesse suprême contenus dans chaque lettre de la Torah, seules les personnes s'étant adonnées à son étude dans ce monde-ci comprendront Ses enseignements.

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+ "Si tu écoutes la voix de Hachem ton D." (véaya im chamoa tichma békol Hachem)

-> Le Méam Loez (Ki Tavo 28,1) commente :
Dans l'expression "im chamoa tichma", le verbe écouter (lichmoa) est répété [et peut se lire : "si tu écoutes, tu écouteras"].

1°/ Cela nous apprend que si l'homme n'a pas l'intelligence nécessaire pour comprendre la Torah mais qu'il aime écouter les paroles de Torah, il méritera en récompense d'écouter et de comprendre la Torah dans le monde futur.
Nos Sages ont déclaré : "Quiconque fréquente la synagogue et écoute des paroles de Torah méritera de siéger parmi les Sages au monde futur."

2°/ Nos Sages commentent : "Si tu écoutes (im chamoa) la voix de D. en observant avec soin tous Ses commandements" alors "tichma" = ta prière sera écoutée par D.
En d'autres termes : si tu désires que Hachem écoute ta prière, commence par écouter la voix de D. en observant Ses commandements.

3°/ "Si tu écoutes la voix de Hachem ton D. en observant avec soin tous Ses préceptes que je t'impose en ce jour"
L'expression "chamoa tichma" est redoublée pour nous apprendre également qu'il faut commencer par nous éloigner du mal et ensuite faire le bien.
C'est pourquoi le verset dit : "en observant" (lichmor), on se gardera de faire le mal ; "avec soin" (laassot) = pour ensuite faire le bien.
Si l'homme accomplit convenablement les commandements, il peut s'attacher à D. au point de devenir prophète.
Lorsque tu observeras les commandements, "toutes ces bénédictions viendront et se réaliseront pour toi" et "si tu écoutes la voix de Hachem" (chamoa) = tu atteindras la prophétie et tu entendras (tichma) la voix de D.

"Ce sera, si tu n’écoutes pas" (Ki Tavo 28,15)

-> Dans cette paracha de Ki Tavo, il y a 98 malédictions si on n'écoute pas la Voix d’Hachem et qu'on ne respecte pas Ses commandements.

A l’occasion d’un mariage, on récite les Chéva Bra'hot (7 bénédictions) pendant les 7 jours suivants le mariage, idéalement 2 fois par jour : au repas de midi et à celui du soir.
Ainsi, les 7 bénédictions sont récitées 2 fois par jour, pendant 7 jours, soit un total de : 98 bénédictions (7 x 2 x 7 = 98).

=> Par le mérite de ces 98 bénédictions à l’occasion du mariage, on peut contrebalancer et même neutraliser les 98 malédictions de notre Paracha.

[le 'Hidouché haRim]

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-> Le Zohar dit que dans chaque malédiction est évoquée aussi une bénédiction.

Dans cette paracha, la section de la Punition (to'hékha) contient 676 mots, la valeur du mot : "raot" (malheurs - רָעוֹת).
De même, le nom divin (Tétragramme) est employé 26 fois dans cette section. Or 26 fois le nombre 26 est égal à : 676.
Cela nous fait comprendre que, par la force du Nom divin, les malédictions se transforment en bénédictions.

Le midrach sur ce verset commente en rapportant le Téhilim (34,20) :
- "Le juste rencontre de nombreux malheurs (רָעוֹת)" : cela fait allusion aux nombreuses malédictions annoncées dans cette section (raot = 676) ;
- mais "D. le sauve de tous" = le Nom divin qui y est mentionné le sauvera de ces malédictions (676 = 26 fois le Tétragramme).

[Rabbi Méïr de Prémichlan]

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-> Si un juif accepte les réprimandes de D., alors Il le bénit en retour.
En réalité, les mots de reproche sont les mêmes que ceux des bénédictions.
[Sfat Emet]

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+ Pourquoi 98 malédictions?

-> Le Tossefot Rid fait remarquer que le mot Guéhinam (גהנם) a une guématria de : 98. C'est pourquoi Moché a menacé le peuple par 98 malédictions, dans l'espoir que cela les exempterait de subir le Guéhinam.

-> Le rav Daniel Yéhouda Bloch suggère que les 98 malédictions renvoient aux 98 niveaux spirituels qu'une personne peut atteindre.
Lorsque les juifs ont été libérés d'Egypte, ils étaient au 49e niveau d'impureté.
Pendant les 7 semaines de préparation avant le don de la Torah, ils sont montés jusqu'à atteindre le 49e niveau de pureté.
Moché a ainsi mentionné 98 malédictions pour faire référence à notre obligation de monter l'échelle spirituelle de notre vie, car à défaut de cela, nous descendrions vers des bassesses dangereuses.

[dans la vie soit nous grandissons spirituellement, soit nous chutons. Il n'y a pas de situation neutre.]

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-> Selon guémara (Méguilla 31), nous lisons les malédictions de la Torah avant Roch Hachana afin que se terminent l'année et ses malédictions.

-> Le Tiféret Chlomo (rabbi de Radomsk) explique que de même que la prière remplace les sacrifices, si des malheurs ont été décrétés sur le peuple juif, on en sera quitte par la lecture des malédictions.
Dans la pratique, seules des bénédictions seront accordées au peuple juif.
[rapporté dans le "Mayana Chel Torah" de rabbi Alexander Zoucha Friedman]

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-> Le Kli Yakar enseigne :
Dans le passage des malédictions de Vayikra, il n'y a que 49 malédictions, alors qu'ici il y en a 98.
La raison en est que les malédictions de Vayikra ont été écrites avant la responsabilité qu'ont pris sur eux les juifs par serment au mont Guérizim et au mont Eval, alors que celles de Dévarim ont été dites après cette prise de responsabilité.
=> C'est pourquoi leur nombre [de malédictions] a été doublé, ce qui correspond à ses propres fautes plus celles de l'autre (mon prochain juif).

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-> La Paracha de "Ki Tavo", lue à proximité de la fête de Roch Hachana, comporte "98 malédictions" [dans le cas où les Commandements divins ne sont pas respectés].
La guémara (Méguila 31b) rapporte qu’Ezra a instauré à Israël de lire les malédictions [de "Bé’houkotaï" (dans Vayikra) avant Chavouot, et celles] de "Ki Tavo" avant Roch Hachana, afin que l’année se termine avec ses malédictions (תכלה שנה וקללותיה).
Les malédictions de "Ki Tavo" sont sous le signe de la Miséricorde Divine (comme un père qui châtie son fils unique avec amour). Ainsi, sont-elles introduites par le mot "Véaya" (וְהָיָה) ["Et ce sera (וְהָיָה) si tu n’écoutes pas la voix de Hachem" (Ki Tavo 28,15)], formé des même lettres que le Nom divin de la Miséricorde (le Tétragramme – שם הויה). Le Tétragramme est mentionné 26 (valeur numérique du Nom de D.), dans les malédictions de "Ki Tavo" : 26x26 totalise : 676, le nombre de mots que comporte le texte des malédictions et valeur numérique du mot רָעותֹ (malheurs) issu du verset : "Nombreux sont les malheurs (ra’ot - רָעותֹ) du Juste, mais de tous Hachem (הויה) les débarrasse" (Téhilim 34,20).

Les malédictions de "Ki Tavo" sont au nombre de 98 en référence à différents enseignements, parmi lesquels :
1°/ "98" s’écrit en hébreu צ״ח qui signifie "clair" [comme il est dit : "דוֹּדִי צַח ואְָדוֹם" - Mon amant est clair et vermeil" (Chir haChirim 5,10)], car la lecture des "98 malédictions" de "Ki Tavo" [appelées aussi תכחות réprimandes], à l’approche de Roch Hachana, réveille les juifs à la Téchouva, transformant ainsi leur âme purifiée en réceptacle propre et «clair», prêt à recevoir la "nouvelle Lumière" (אור חדש) de la nouvelle année.
[Si’hot Kodech]

2°/ Les klalot (malédictions) de "Ki Tavo" correspondent aux malheurs liés à la destruction du second Temple [tandis que celles de "Bé’houkotaï" sont celles de la destruction du premier Temple]. [Zohar ‘Hadach]
Le second Temple fut détruit à cause de la haine gratuite (שנאת חנם - sin'at 'hinam - guémara Yoma 10a), or le mot חנם ('hinam - gratuite) a pour valeur numérique 98 (la gravité de la haine résidait principalement dans son caractère gratuit). [‘Hida]

3°/ La Torah avertit : S’ils transgressent les "613" mitsvot, ils provoqueront la destruction du Temple et s’exposeront à 98 malédictions, soit un total de "99" malheurs (צ״ט) : le Milouï (remplissage) des lettres צ״ט est : צדיק טת – a pour valeur numérique 613 (204+409). [Maassé Rokéa’h].
Ainsi, à travers les "98 malédictions", Hachem agit "mesure pour mesure" (מדה כנגד מדה - mida kénéguéd mida) [guémara Sanhédrin 90a] (le mot Mida [מדה - mesure] a pour valeur numérique 49 : מדה כנגד מדה [mesure pour mesure] – correspond donc à 2x49 = 98).

4°/ Le Mot צַח (Tsa’h = 98) se lit à l’envers חץ ‘Hets (flèche), en allusion aux "armes" de D. employées contre Son Peuple fauteur, comme il est dit : "J’entasserai sur eux tous les malheurs ; contre eux j’épuiserai mes flèches" (חִצַּי אֲכַלֶּה-בָּם - Haazinou 32,23) [ce verset fait aussi allusion à la clémence des malédictions, comme l’enseigne Rachi : "Mes flèches seront consumées, mais eux ne le seront pas"].
[Likouté Moharan]

5°/ Yaakov qui vécut 147 ans, nous protège des 147 malédictions (49 de Bé’houkotaï et 98 de Ki Tavo: 98 + 49 = 147)
[‘Hakel Its’hak]

6°/ Il existe au total 100 malédictions : 98 mentionnées dans "Ki Tavo" et deux qui ne sont pas écrites, comme il est dit : "Bien d’autres maladies encore (kol 'holi - כָּל-חֳלִי), bien d’autres plaies (vé'hol maka - וְכָל-מַכָּה) non consignées dans le Livre de cette doctrine (séfer haTorah)" (Ki Tavo 28, 61).
כָּל-חֳלִי (Kol ‘Holi) est aussi grave que l’ensemble des 98 malédictions (aussi כָּל-חֳלִי a pour valeur numérique 98 – Baal Hatourim).
Ces "malédictions" absentes du Livre, font allusion à la disparition des Tsadikim, considérée comme plus grave que la destruction du Temple (midrach Eikha Rabba 1). [‘Hatam Sofer]
Les 100 bénédictions que nous récitons chaque jour (Choul’han Aroukh OH 46,3), nous protège des 100 malédictions.
[Baal Hatourim]

"L’araméen a fait perdre mon père et il est descendu en Egypte" (Ki Tavo 26,5)

Nos Sages expliquent que l’araméen c’est Lavan, qui a voulu éliminer mon père, Yaakov.

On peut cependant se demander quel est le lien entre la volonté de Lavan de faire disparaître Yaakov notre père, et la descente en Egypte. Apparemment ces 2 faits sont bien distincts et n’ont pas de lien.

-> Selon Rachi, le lien entre les 2 est la volonté des autres peuples de faire du mal à Israël.
Non seulement Lavan a voulu faire du mal à Israël, mais d’autres encore ont aussi cherché à nous nuire, tels que les Égyptiens qui ont fait du mal aux Hébreux après que Yaakov soit descendu en Egypte.

-> Selon le Alchikh haKadoch, si Lavan n'avait pas trompé Yaakov en lui faisant épouser Léa alors que c'est de Ra'hél qu'il voulait faire sa femme, c'est celle-ci qui lui aurait donné tous ses enfants, et l'on peut penser que Yaakov aurait alors été son aîné, accepté comme tel par tous ses frères
En conséquence de cela, c'est Lavan, d'une certaine façon, qui a causé la jalousie entre les fils de Yaakov et Yossef, et sans cette détestation, il n'y aurait pas eu de descente en Egypte.

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-> Rabbi Moché Feinstein (Darach Moché) explique que lorsque Yaakov vécut chez Lavan, celui-ci voulut le "faire perdre" spirituellement, par son influence mauvaise et pécheresse. Et malgré cela, Yaakov réussit à tenir et à y respecter les 613 mitsvot, sans se laisser aucunement corrompre par la perversité de Lavan.

Cette expérience permit à Yaakov d’en conclure que même quand il vit dans une influence mauvaise, il a la capacité de réussir à tenir spirituellement.
De la sorte, lorsque plus tard Yossef se trouvait en Egypte et qu’on proposa à Yaakov d'y descendre pour le rejoindre, il accepta.
En effet, bien qu'il savait qu'en Egypte se trouvait aussi beaucoup d’impureté, malgré tout, il s'inspira de son expérience chez Lavan pour être rassuré que même en Egypte, il saura garder sa pureté.

Ainsi, c’est parce que "Lavan a voulu faire perdre mon père (Yaakov)" spirituellement, par son influence dépravée, et que Yaakov a quand même tenu, que lorsqu'on proposa plus tard à Yaakov de rejoindre Yossef, il accepta et "il descendit en Egypte", assuré qu’il y tiendrait aussi et préserverait sa sainteté.

En effet, s’il n’avait pas connu l’expérience chez Lavan, alors il n’aurait pas accepté de descendre en Egypte, même pour rejoindre Yossef, car il aurait eu peur de l’influence négative des égyptiens.

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-> Le 'Hatam Sofer propose une autre explication, qui s’éloigne de la réponse précédente.
Il rapporte l’enseignement de nos Sages selon lequel l’esclavage d’Egypte a servi à purifier et à raffiner les juifs de l’impureté originelle (faute d'Adam haRichon) se trouvant en chaque être vivant.

D'après le midrach, Avraham a transmis à Yichmaël la part de cette impureté originelle qui était en lui. De la sorte, Yits’hak est sorti plus raffiné.
Mais celui-ci avait encore une part d’impureté en lui qu'il fit passer chez Essav. Ainsi, Yaakov est sorti complètement pur.

On peut alors se demander pourquoi fallait-il aller en Egypte pour se raffiner de l’impureté originelle, puisque cette impureté était complètement éliminée dès la génération de Yaakov?

La réponse est que Lavan a réussi quelque peu à introduire une certaine souillure très fine dans l’âme des tribus, qui ont évolués dans son entourage (c'est en cela que cette réponse s'éloigne de la réponse du Darach Moché pour qui Lavan n’a pas réussi à avoir d’influence néfaste sur Yaakov et ses enfants).
Et c’est justement pour se raffiner et s'épurer de cette impureté reçue de par l'influence de Lavan qu'il fallait descendre en Egypte pour y être asservi et ainsi se nettoyer de cette souillure.

=> C'est ce à quoi le verset fait allusion : "Lavan a fait perdre mon père", en introduisant cette souillure spirituelle en lui et en ses enfants. Et de ce fait, "il est descendu en Egypte" pour s’épurer et se raffiner de cette impureté.

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-> Selon le 'Hidouché haRim, l’araméen qui se dit "Arami" (ארמי) fait allusion au "Ramaï" (רמאי), le fourbe et le trompeur (ces 2 mots ont les mêmes lettres).

Ainsi, celui qui trompe les autres (et lui-même) et s’écarte de la vérité de la Torah, même si un tel individu a des parents illustres dont le mérite devrait le protéger, malgré tout il ne pourra pas bénéficier du mérite de ses ancêtres.

=> "Le Ramaï", le malhonnête qui est en moi, c'est-à-dire ma tromperie, "a fait perdre mon père" = m’a privé du mérite de mes pères, pour ne plus pouvoir en profiter.

Couteaux & birkat hamazon

+++ Couteaux & birkat hamazon :

+ "Si Tu construiras là un autel pour Hachem ton D., un autel de pierres; tu ne lèveras pas le fer sur elles" (Ki Tavo 27,5)

-> Il existe une coutume (Choul'han Arou'h 180,5 ; Michna Broura 180,11) : "Nous avons l'habitude de recouvrir les couteaux au moment du birkat hamazon mais nous n'avons pas l'habitude de les recouvrir durant le Shabbat et les jours de fête."

-> La source de cette coutume est rapportée dans le Beit Yossef (rabbi Yossef Karo) qui en donne 2 raisons :
1°/ la premier est rapportée au nom du Rokéa'h qui s'appuie sur un verset au sujet du Mizbea'h : "Tu construiras là-bas un autel pour Hachem ton D., un autel de pierre. Tu ne lèveras pas sur lui le fer." (Ki Tavo 27,5)
Rachi (Yitro 20,22) explique que l'autel fut créé pour prolonger la vie de l'homme alors que le fer le fut pour l'abréger. Il ne convient donc pas à ce qui raccourcit la vie d'être aiguisé sur ce qui la rallonge.
A notre propos, il est rapporté dans la guémara ('Haguiga 27a) : "A l'époque du Temple, l'autel réparait la faute de l'homme. A présent que le Temple est détruit, c'est la table d'une personne qui répare ses fautes".
Ainsi, il ne convient pas de laisser des couteaux sur la table au moment du birkat hamazon.

2°/ La 2e raison est rapportée par Rabbi Sim'ha : "J'ai entendu une autre raison : une fois, une personne faisait les bénédictions du birkat hamazon et lorsqu'il arriva à la bénédiction de la reconstruction de Jérusalem où est mentionnée la destruction du Temple, il saisit le couteau et se tua. Depuis ce tragique incident, nous avons l'habitude de retirer les couteaux au moment de faire le birkat hamazon".

A ce propos, le Beit Yossef écrit : "Ces 2 raisons sont rapportées dans le Or'hot 'Haïm (Hilkot Birkat haMazon 8) et nous avons l'habitude de ne pas recouvrir les couteaux durant les Shabbat et les jours de fête.
Cependant, d'après la raison rapportée par Rabbi Sim'ha, il n'existe aucune différence entre les jours profanes et le jour de Shabbat.

-> Le Maguen Avraham (fin siman 180) écrit que la raison pour laquelle nous ne recouvrons pas les couteaux ces jours-là est que la construction du Temple est interrompue durant ces jours. Par conséquent, même le Mizbeah (Autel) qui est comparable à la table ne peut être construit durant Shabbat. Ainsi, nous n'avons pas besoin de recouvrir les couteaux.

[d'autres commentateurs expliquent que même la nuit, durant la semaine, nous n'avons pas besoin de recouvrir les couteaux car nous ne construisons pas le Temple durant la nuit.]

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-> Rabbi 'Haim Vital ajoute une précision sur cette coutume suivant le sens ésotérique, qu'il rapporte au nom de son Maître le Arizal (chaar roua'h hakadoch 9B) :
"Mon Maître m'a enseigné que tout homme dont la racine de son âme provient de Caïn, devra être très attentif à retirer complètement les couteaux de la table au moment du birkat hamazon car tous les ustensiles qui s'apparentent à une arme sont directement en lien avec Cain, le premier meurtrier de l'humanité. Un tel homme ne devra jamais verser le sang, même le sang de la brit mila. Il devra également être attentif à ne pas tuer ne serait-ce qu'une punaise ou des poux."

Cependant, le Arizal (chaar haguilgoulim hakdama 30) explique qu'aujourd'hui nous ne connaissons plus réellement la provenance de nos âmes car depuis la faute d'Adam le premier homme, les étincelles d'âmes se sont mélangées les unes aux autres.
Par conséquent, nous retirerons les couteaux de la table avant de procéder au birkat hamazon même le Shabat.

-> Le Kaf ha'Haïm (OH 180;15) s'appuie sur les propos du Arizal et explique : "Puisque les âmes se sont mélangées, on devra retirer les couteaux de la table au moment du birkat hamazon même durant les jours de Shabbat et les jours de fête qui sont des jours de repos car l'origine de la néchama (âme) ne change pas le jour de Shabbat ou de yom tov."

=> Pour conclure, d'après la halakha, nous pouvons laisser les couteaux sur la table découverts pendant le birkat hamazon les jours de Chabbat et de fête. Cependant, d'après le sod, nous les couvrirons ces jours-là.