Aux délices de la Torah

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L’importance d’être parmi les 10 premiers à la prière

+ L'importance d'être parmi les 10 premiers à la prière :

-> "On doit toujours se rendre tôt à la synagogue, afin d’avoir le mérite d’être compté parmi les 10 premiers.
En effet, il reçoit le salaire équivalent à celui de tous les autres arrivés après lui, même s’ils sont une centaine."
[guémara Béra'hot 47b]

-> Rabbénou Yona explique : chacun des 10 premiers reçoit une récompense équivalente à celle de ceux qui viennent ensuite, parce que la Présence Divine réside dans la synagogue quand il y a un minyan, ainsi qu’il est écrit : "D. Se tient dans la communauté".
[les 10 premiers sont ceux qui font descendre la Présence Divine dans la synagogue, c’est la raison pour laquelle ils reçoivent une récompense équivalente à celle de tous.]

-> Le rav Yéhouda Tsadka enseigne que lorsque nous arrivons à l'heure à la synagogue, nous recevons une récompense pour chacun des pas que nous faisons pour aller et revenir de la synagogue.
Par contre, celui qui arrive en retard, sa récompense ne commence qu'à partir du moment où il prie.

-> Au moment où un minya commence à se former, les anges annoncent le nom du 1er qui arrive, et il est béni.
Lorsque le 2e vient les anges annoncent le 2e et également le 1er.
Lorsque le 3e arrive, les anges disent les noms du 3e, du 2e et du 1er.
Et il en est de même pour les 10 premiers hommes formant le minyan : les anges annoncent le nouveau participant, suivi des autres l'ayant précédés.
C'est ainsi que le 1er qui arrive est béni 10 fois.
[Zohar - Térouma p.131]

-> Le Ben Ich ‘Haï (Ben Yéhoyada sur la guémara Béra'hot) explique de façon identique :
"Pour mériter de compter parmi les 10 premiers, il faut comprendre qui les compte, et où ils sont comptés.
On sait que toute mitsva que fait l’homme en bas, l’ange proclame en haut : "Glorifiez Untel, qui a fait telle
chose", pour que les tsadikim entendent et le bénissent.
Et inversement, quand les réchaïm commettent des fautes, on le proclame pour qu’ils entendent et les maudissent.

C’est pourquoi dans une mitsva aussi importante, il y a évidemment une proclamation que grâce à ces dix premiers la Présence Divine va venir reposer, donc on proclame pour le premier : Glorifiez Untel qui a été le premier de dix premiers, et sur le second on proclame : qui a été le second, et ainsi de suite pour le troisième, jusqu’au dernier des dix.
Et quand on proclame que le second a été le second, le premier est béni en même temps que lui, car s’il ne l’avait pas précédé en étant le premier, l’autre n’aurait pas pu être le second.
Et ainsi de suite, il est donc compté avec chacun des suivants, car c’est comme une proclamation à son sujet."

-> "On doit toujours s’efforcer d’arriver tôt à la synagogue", et même si l’on ne fait pas partie des dix premiers, on doit tout de même arriver le plus tôt possible.
Pourquoi?
Parce que quiconque arrive tôt est plus proche de la source de la sainteté, alors que les derniers ne reçoivent que de façon très détournée.
[Atarat Zékénim (90)]

-> Il faut faire plus attention à arriver parmi les 10 premiers pour la prière de min’ha.
Même si un boutiquier peut gagner un peu plus s’il tarde à venir à la synagogue parmi les dix premiers, il vaut mieux qu’il perde un peu de bénéfice, et sa récompense sera plus grande que celle de ceux qui se lèvent tôt pour la prière de cha’harit, à un moment où il n’y a pas de perte financière.
[Rabbi ‘Haïm Falagi - Kaf Ha’Haïm (19,2)]

[quand la Présence Divine descend à la synagogue après l’arrivée des dix premiers, elle se trouve là, et il est possible et souhaitable de présenter des requêtes particulières au Roi des rois avant le début de la prière.]

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-> Le Réchit 'Hokhma dit qu'arriver tôt pour la prière, fait que nous sommes considérés comme un tsadik par la Présence divine.
Il rapporte qu'à son époque (au 16e siècle), certaines personnes jeûnaient si elles n'étaient pas arrivées parmi les 10 premières à la synagogue.

-> Rabbi Yéhochoua ben Lévi a dit à ses fils : "Soyez les premiers le matin et les derniers le soir à la synagogue, pour avoir une longue vie."
[guémara Béra'hot 5a]

-> Arriver à la synagogue en premier garantit une longue vie.
[Ménorat haMaor 3,3]

-> A l'époque de la guémara, Rabbi Yo'hanan s'interrogeait sur pourquoi y avait-il autant de personnes âgées vivant à Bavél? Par quel mérite?
La raison est : c'est parce qu'ils arrivaient tôt à la synagogue pour la prière du matin et du soir, obtenant ainsi une longue vie.
[cf. guémara Béra'hot 8a]

-> Le rav Eliyahou Lopian (intro au Lev Eliahou) attribuait sa longévité (94 ans!) au fait d'avoir toujours été parmi les 10 premiers formant un minyan.

-> Le Pélé Yoéts dit que c'est une des mitsvot les plus faciles à faire, et pour laquelle on peut recevoir une récompense énorme.

-> Si les gens connaissaient l'importance d'être le 1er à la synagogue, ils se bagarreraient l'un l'autre pour avoir ce privilège.
[Méam Loez - Dévarim p.533]

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-> Le Ben Ich 'Haï (Halakhot - 1ere année - Mikets) écrit :
Il y a une mitsva d’arriver dans les 10 premiers à la synagogue pour la prière, et ce, pour sha’harit comme pour Min’ha et ‘Arvit. Plus on arrive tôt, plus on est proche de la Kédoucha (sainteté).
Il y a également un mitsva de rester jusqu’à qu’il ne reste plus que dix personnes. Et il est bon d’éviter d’être le premier des dix derniers qui sort, car c’est lui qui entraîne que la Shéchina (Présence Divine) quitte l’endroit.

Il y a une mitsva de courir pour aller à la téfila, comme pour toute mitsva. Mais il faudra faire attention de ne pas se faire moquer. Le fait de courir pour les mitsvot entraîne que la Shéchina nous accompagne en exil et que les anges de la défense aillent plus vite que ceux de l’accusation.
On courra jusqu’à l’entrée de la synagogue, mais à l’intérieur il est interdit de courir par égard à la sainteté du lieu.

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-> Sur l'importance de prier en communauté, b'h, voir par exemple : https://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute

-> b'h, Voir aussi l'importance de ne pas parler à la synagogue : https://todahm.com/?s=parler+synagogue

L’importance de garder sa langue (4e partie)

+ L'importance de garder sa langue (4e partie) :

+ L'impact sur nos prières :

-> La bouche agit comme le représentant de tous les autres membres, priant et chantant des louanges à Hachem.
Si nous avons parlé du lachon ara, alors nos lèvres et notre langue se sont également rebellées contre le Roi. Comment peuvent-elles alors venir plaider la cause des autres membres devant D.?
L'unique chose qui peut nous sauver lorsque tout est perdu est d'avoir une bouche pure.
[Yétev Lev - Métsora]

-> Notre lachon ara crée une armée entière de soldats qui aide notre yétser ara à bloquer nos tentatives de prier.
Lorsque nous nous retenons de dire du lachon ara, nous tuons un, parfois plusieurs, de ces soldats.
[Rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot]

-> Les mots de prière prononcés par une personne qui ment et qui dit du lachon ara sont transportés dans le royaume du mal, et n'atteignent jamais Hachem.
Même les meilleures prières n'arriveront pas au Ciel si une personne ne s'est pas repentie du lachon ara qu'elle a pu dire.
['Hozé de Lublin]

-> Celui qui dit régulièrement du lachon ara, ses prières ne vont pas devant Hachem, car un esprit d'impureté (roua'h atoum'a) l'entoure entièrement.
Cependant, celui qui fait téchouva, ses prières sont acceptées.
[Zohar - sur Métsora 14,2]

Rabbi Réphael haCohen d'Hambourg (Marpé Lachon) commente :
"Qui n'aurait crainte en lisant ou en entendant ces paroles?
Celui qui souille sa bouche par du lachon ara, s'il ne se repent pas de ses actes, sa prière ne monte pas dans le Ciel pendant 40 jours, correspondant au nombre de jours séparant Roch 'Hodech Elloul de Yom Kippour, et toutes les portes de la prière se fermeront devant lui, alors qu'elles sont ouvertes au maximum pendant cette période sainte.
En quoi l'aidera sa prière, s'il ne s'est pas repenti de ses nombreuses fautes, et notamment des dommages causés par sa langue?"

-> Celui qui dit des mots interdits (comme le lachon ara) empêche sa Torah et sa prière d'avoir le mérite de monter au Ciel.
[Introduction au Séfer 'Hafets 'Haïm]

-> Des paroles futiles avant la prière empêchent l'acceptation des prières.
[midrach Cho'har Tov - Téhilim 17]

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2021/04/25/31312

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+ Le silence :

-> "Le silence est bon pour le sage, combien plus l'est-il pour le sot"
[guémara Pessa'him 99a]

-> Un mot vaut 1 Séla, mais le silence en vaut 2.
[guémara Méguila 18a]

-> Après avoir été exilés en Babylonie, lorsque les juifs sont retournés en terre d'Israël, il s'est avéré que le livre contenant la lignée de chaque famille juive a été perdu.
Comment alors déterminer qui appartenait à une famille d'une lignée purement juive?
Ceux qui maîtrisaient l'art du silence ont été les premiers à être choisis.
[guémara Kidouchin 71b]

-> "La préservation de la sagesse, c’est le silence" (Pirké Avot 3,13)
Le Sfat Emet commente que c'est uniquement pour ce qui est matériel que le silence est d'or.

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-> L'essentiel pour mériter le monde à venir est de garder sa bouche.
C'est une chose très précieuse, et jusqu'au jour de sa mort l'homme doit exercer une ascèse (privation), non pas par des jeûnes et des mortifications, mais en freinant sa bouche pour l'empêcher de céder à ses instincts.
Cela vaut plus que tous les jeûnes et les mortifications du monde.

A chaque instant où l'homme retient sa bouche (hors paroles nécessaires), il mérite la lumière cachée qu'aucun ange ni aucune créature ne peut imaginer
Quand il garde sa bouche, tout péché lui est pardonné, et il sera sauvé de l'abîme.
Malheur à celui qui se tue lui-même à cause d'une seule parole.

L'essentiel est de ne pas parler des autres.
Le Shabbath et les fêtes, ne parlez pas du tout de choses qui ne sont pas indispensables, et même les choses nécessaires, parlez-en brièvement, car la sainteté du Shabbath et des fêtes est très grande.
[Gaon de Vilna - Iguéret haGra]

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-> Une personne élève son niveau spirituel et protège son âme de la faute en muselant sa bouche.
[Gaon de Vilna - Even Shléma - chap.7]

-> A une telle personne, Hachem devient son protecteur et défenseur (Za'hor léMyriam - chap.3) et elle mérite une place spéciale dans le monde à venir ('Hovat haChmira - chap.5).
['Hafets 'Haïm]

-> "Ainsi grandissait Chmouël, et Hachem était avec lui, et il ne laissait tomber à terre aucun de ses mots" (Chmouël I 3,19)

Le Béer Moché commente : Hachem était avec lui car il faisait très attention à ce qu'il disait.

-> Le Baal haTanya explique le passage de la Haggada de Pessa'h de la façon suivante : "racha ma ou" (Qu'est-ce qu'un racha?), "omer" : c'est celui qui parle (sur les autres).

-> Une personne qui passe sont temps à discuter, en viendra inévitablement à dire du lachon lachon.
Elle peut commencer par parler des voisins, mais elle finira par parler mal des Sages, et finalement du Créateur Lui-même.
[Kad haKéma'h - lettre laméd]

-> Le colporteur de ragots en viendra inévitablement à transgresser les 10 Commandements.
[Baal haTourim - Kédochim 19,16]

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-> Il y a des moments où la chose la plus juste à faire est d’accepter la situation en faisant totalement confiance à D.
Comme le dit le Roi David : "Repose-toi en silence sur Hachem, et espère en lui" (37,7).

[à certain moment de notre vie, notre silence vaut plus que toute parole, que toutes autres actions!]

-> "Le monde n'existe que grâce à celui qui reste silencieux (bolèm) pendant une dispute, comme il est dit : "il suspend la terre sur le néant (belima)"
[rabbi Ila'a - guémara 'Houlim 89a]

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-> "Qui est comme Toi parmi les forts, Hachem" (Béchala’h 15,11)

Nos Sages (guémara Guittin 56b) ont interprété ce verset par : "Qui est comme Toi parmi les muets".
=> Il entend les insultes et se tait, là réside sa force!

[à notre niveau, nous devons suivre l'exemple de Hachem, et là sera notre force!]

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-> "Toute ma vie, j’ai grandi parmi les Sages et je n’ai rien trouvé de plus bénéfique pour l’individu, que le silence" (Pirké Avot 1,17)

Le 'Hida, cite le Ramak (rabbi Moché Cordovero), qui divulgua le secret suivant :
Il n'y a rien qui élève l'âme et qui expie nos fautes aussi complètement que d'être humilié sans respect, par des mots en colère, et de rester silencieux plutôt que de répondre, comme nous y pousse notre nature humaine.
Aucune quantité de jeûne ou d'afflictions ne peut égaler cette expiation.

-> La guémara (Roch Hachana 17b) rapporte que rav Houna était sur son lit de mort et rav Papa est venu lui rendre visite.
Il le vit allongé presque sans vie, et il s'est dépêché de demander à sa famille de préparer son linceul.
Soudainement, rav Houna s'est réveillé et rav Papa était très embarrassé.
Rav Houna le calma : "Tu n'as pas fait d'erreur. Mon âme était déjà montée à la court Céleste. Mais tout à coup, on m'a accordé un temps supplémentaire de vie, et je n'ai pas été jugé avec rigueur, et cela grâce au fait que je me suis toujours détourné des affronts qui m'étaient faits.

-> Rabbi Moché Cordovéro (Tomer Dévora - chap.2) écrit :
Parfois il est décrété qu'une personne doit mourir.
Les anges de miséricorde sont d'accord d'adoucir son verdict par de la maladie.
Les anges de miséricorde supplient de nouveau de la miséricorde, et le verdict est échangé pour une perte de parnassa.
Mais les anges ne cessent pas d'implorer pour davantage de miséricorde, puisque la pauvreté est dure à supporter.
Les anges parviennent alors à obtenir un dernier accord permettant d'adoucir le plus possible le verdict : sous la forme d'insultes, et quelqu'un est envoyé pour l'insulter.

[si sans raison on nous insulte, lèse, et que nous n'y répondons pas, nous devrions danser de joie, car du Ciel on nous accorde de la vie supplémentaire!]

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-> Le rabbi Shlomke de Zhvil avait l'habitude tous les jours de s'immerger dans un mikvé avec beaucoup de kavana.
Après son immersion, il était dans un tel état de sainteté qu'il arrivait à faire des miracles, comme guérir des malades dont les médecins avaient abandonnés tout espoir.
[à son niveau élevé, le mikvé lui était indispensable pour servir D. avec le plus de sainteté possible]
Un jour, sur son chemin vers le mikvé, un juif lui a crié dessus et le déshonora en public.
Rabbi Shlomke n'a pas prononcé un mot jusqu'à ce que ce juif finisse de parler et s'en aille.
Il a ensuite dit à ses élèves : "Aller au mikvé est vertueux, mais se faire humilier/déshonorer l'est encore bien plus. Je n'ai plus beaucoup de mikvé aujourd'hui."
Il a fait demi-tour et ne s'est pas immergé ce jour.

[de même, on raconte qu'à quelqu'un qui n'arrivait pas à avoir d'enfant depuis des 10-15 ans, le rav 'Haïm Kanievsky lui a dit que s'il rencontre un homme qui le déshonneur en lui criant dessus en public, et qu'il ne lui répond pas, alors par ce mérite, il aura sûrement un enfant. Et c'est ce qui se passa.

=> D'un côté, nous avons un bénéfice instantané de suivre notre naturalité (c'est moi qui est le dernier mot! je suis le meilleur, le plus fort!), et d'un autre côté pour un effort momentané de prendre sur soi, nous obtenons un énorme bénéfice éternel (ex: on aura un enfant qu'on aurait jamais eut sinon! ; ou bien nous gagnons du temps de vie supplémentaire en bonne santé!).
Dans la tempête de l'action, faisons preuve d'intelligence et ne laissons pas passer cette opportunité de gain énorme! ]

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-> Une personne ne peut pas imaginer combien de douleurs elle se dispense en acceptant avec amour et confiance, les insultes, les coups et les attaques qu'elle peut recevoir d'autrui.
A la place de réagir radicalement et avec colère, on doit accepter que cela nous vient en place de souffrances beaucoup plus importantes, et que cela peut même venir sauver notre vie.
[Ben Ich 'Haï]

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2013/12/01/garder-le-silence-pour-preserver-la-paix

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+ Nécessité d'avoir un regard positif sur autrui :

-> Lorsque l'on parle mal d'autrui, les anges se souviennent alors de nos fautes et parlent mal de nous.
Parce que l'on a amplifié les fautes d'autrui, alors le tribunal céleste amplifiera nos fautes.
[le Maggid de Vilkomir - Einé Yits'hak - guémara Ara'hin 16]

-> Tout celui qui juge favorablement son prochain, sera jugé favorablement en-Haut.
[guémara Shavouot 30]

-> Si une personne juge régulièrement favorablement les gens et parle bien d'eux, alors elle devient un conduit pour toutes les choses saintes.
[Séfer 'Harédim]

-> Nos Sages citent plusieurs exemples de personnes jugeant favorablement, qui se terminent tous par les mots : "Que Hachem vous juge positivement, de la même façon que vous m'avez jugez positivement".
[guémara Shabbath 127b]

-> Le Kédouchat Lévi (Béchala'h) dit également à ce sujet :
"Lorsque nous déclarons que des actions d'une autre personne sont du vol pur et simple, Hachem regarde alors dans notre cœur s'il n'y a pas une tromperie.
Est-ce que nous avons commencé à rêvasser lorsque nous responsable au travil est parti? ...
Est-ce que nous regardons les actes d'autrui avec autant d'attention que nous le faisons pour les nôtres? ...
Honte à nous d'avoir lancé une telle investigation sur nos propres actions. Qui pourra en sortir indemne?"

[lorsque nous zoomons sur les erreurs d'autrui, cela va éveiller le fait que Hachem va également zoomer sur nos erreurs, et les conséquences peuvent alors être terribles!]

-> Avant qu'une personne ne naisse, on l'avertit qu'elle doit être un tsadik et non un racha.
Selon le Kli Yakar, on peut comprendre ces mots d'une autre façon : c'est une recommandation de juger autrui favorablement, l'élevant au statut de tsadik.

[en élevant autrui à nos yeux, Hachem va, mesure pour mesure, en faire de même avec nous.
Si tu veux être un tsadik aux yeux de D., alors commence par faire d'autrui un tsadik à tes yeux!]

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-> On nous ordonne de ne pas juger autrui avant d'avoir été à sa place.
Puisque nous ne pourrons jamais être à sa place, nous ne pourrons jamais le juger.
[rav Azriel Mayer Eiger de Lublin]

-> Le Sfat Emet nous enseigne que lorsqu'un fauteur habituel va chercher à se retenir de fauter, la sanctification du Nom de Hachem peut être plus grande que lorsque des tsadikim ne fautent pas du tout.
Ainsi, il est difficile de pouvoir juger autrui.

[Chacun a ses lieux de batailles personnels avec le yétser ara. Ce qui pour moi est très dur, va être inexistant pour autrui. On ne peut ainsi pas émettre d'avis sur ce que nous ne connaissons pas.

Par exemple le roi Ménaché a dit à Rav Achi : "Si tu avais vécu à mon époque, tu aurais relevé le bas de ton vêtement et tu aurais couru auprès des lieux d’idoles" (guémara Sanhédrin 102a) ]

-> On n'a demandé au rav Ben Tsion Abba Chaoul pourquoi ses bénédictions étaient tellement plus efficaces que celles des autres.
Il a répondu : "C'est parce que j'aime véritablement les gens".

[Une personne âgée a dit au rav Wolbe qu'avant on remerciait Hachem dès qu'on voyait un nouveau juif, par ces mots : "Merci de me donner une l'occasion d'aimer un autre juif". ]

-> "Tu es le Saint, trônant au milieu des louanges d’Israël" (Téhilim 22,4)

Hachem attend les louanges des juifs ne regardant pas le mal chez d'autres juifs, de celui qui : "ne voit point de mal en Israël" (Balak 23,21).
Hachem est aux côtés de ces personnes vertueuses.
[le Divré 'Haïm]

-> Rav Sim'ha Zissel Ziv Broida disait que si l'esprit tordu existe c'est uniquement pour nous permettre d'en arriver à juger positivement notre prochain dans toutes les situations.

-> Le rabbi Aharon de Belz disait : "De même que l'on fait de grands efforts pour comprendre un difficile Rambam, de même nous devons travailler dur pour trouver du mérite à un autre juif."

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-> Si une personne voit un défaut chez un autre juif, c'est la preuve qu'elle a en-elle ce même défaut, car c'est identique au fait de regarder dans un miroir.

De même qu'on observe un visage sale en reflet dans un miroir lorsque notre visage est sale, de même une personne qui trouve toujours à redire, le fait car elle voit ses propres défauts.
Elle voit son ami comme une image d'elle-même.
[Méor Enayim - 'Houkat]

-> Selon le 'Hafets 'Haïm, c'est seulement si l'on se corrige soi-même que l'on peut arriver à voir les autres clairement (sans que nos défauts nous aveuglent), et alors pouvoir éventuellement penser à les aider à s'améliorer.

-> Le 'Hafets'Haïm (Chem Olam) dit que nous avons une tendance naturelle :
- pour autrui = à minimiser ce qu'il fait de bien, et à rendre plus grave ce qui peut apparaître comme mauvais ;
- pour nous = lorsque nous faisons quelque chose de bien, nous l'embellissons beaucoup, tandis que nous minimisons et excusons nos fautes.

Un juif se doit d'avoir un regard inverse : il doit se focaliser sur les qualités d'autrui, et sur ses propres faiblesses (dans un but constructif).
[sauf exception, comme un manipulateur ou autre personne pouvant nous nuire]

=> Dès que l'on se sent embarqué à juger négativement notre prochain, on doit se dire : Je suis juif, et ce n'est pas la façon dont je dois regarder la vie.

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-> Lorsqu'une personne condamne son ami en le jugeant, elle transgresse à la fois : la mitsva de juger favorablement, celle d'aimer son prochain comme soi-même et vraisemblablement celle de : "Ne hais point ton frère en ton cœur" (Kédochim 19,17) ...
Lorsque que nous jugeons favorablement, en témoignant de la compassion pour notre prochain juif, nous imitons l'Attribut de Hachem, en réalisant notre obligation de : "attache-toi à Lui seul" (Ekev 10,20).
[Rambam - Hilkhot Déot]

-> "Il [Noa'h] envoya le corbeau, et il partit, allant et venant jusqu'à ce que les eaux aient séché de dessus la terre" (Noa'h 8,7)

Rachi rapportant la guémara (Sanhédrin 108b) explique que : le corbeau ne cessait de tournoyer autour de l’arche et n’accomplissait pas sa mission, parce qu’il suspectait Noa'h d'avoir eut une relation avec sa compagne, qui était restée dans l'Arche.
Le Ibn Ezra dit même que le corbeau a continué à tourner autour de l'Arche jusqu'à ce que Noa'h en sorte.

Cette suspicion semble totalement absurde, car une telle relation n'est physiologiquement pas possible.
De plus, pourquoi c'est uniquement le corbeau qui était concerné par cela, et pas la colombe que Noa'h va envoyer juste ensuite?

Il y a un principe dans la guémara (Kidouchin 70a) : "Tout celui qui trouve des fautes en autrui, le fait en se basant sur ses propres fautes" (kol aposhél, bémoumo poshél), et ce même si l'autre n'a aucune faute.

La guémara (Sanhédrin 108b) rapporte que 3 créatures ont eu des relations maritales dans l'Arche, bien que cela y était interdit, et il s'agit : du chien, du corbeau et du fils de Noa'h : 'Ham.

Il semble que le corbeau suspectait les autres d'une faute dont lui était coupable.
=> En effet, nous avons une tendance naturelle à vouloir attribuer à autrui nos fautes, même si cela n'a aucun sens, comme le fait de penser possible une union entre un oiseau et un homme.

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+ Émettre un jugement sur autrui = se juger soi-même :

1°/ Lorsque l’on juge quelqu’un favorablement, on attire ce même jugement sur nous-mêmes.
En effet, le Baal Chem Tov explique que lorsque l’on veut juger d’en-Haut la faute d’un homme, on le place dans une situation où il verra son ami faire cette même faute et on observe de quelle façon il jugera celui-ci.

De la même façon qu’il jugera son prochain, on le jugera d’en-Haut sur cette faute : s’il l’a jugé avec rigueur, lui-même sera jugé avec rigueur et s’il l’a jugé favorablement, il sera jugé favorablement.

Le ‘Hafets ‘Haïm (Chmirat haLachone) d’écrire :
"Si son habitude était de juger favorablement, il sera jugé de la même façon, mais si son habitude était d’accuser ses semblables et de parler d’eux négativement, les anges aussi parleront de lui négativement.
Il faut donc que l’homme soit vigilant sur ses pensées parce qu’au moment où il juge son ami, ses décrets peuvent se retourner contre lui."

=> Il en ressort que les sentences que nous décrétons à l’égard des autres nous sont en fait destinées!

-> Le Baal Chem Tov enseigne que lorsqu'une personne meurt, son âme monte dans le tribunal d'en-Haut, et elle doit y subir un jugement.
On lui monde la vidéo de toutes ses années de vie.
Chaque action, chaque mot et chaque pensée passent devant ses yeux. Tout est très réel et clair.
Alors, on demande à cette personne de juger tout ce qu'elle a vu, déterminant ainsi son propre verdict.

On est dans le monde de Vérité et on ne peut y dire que la vérité.
Si durant sa vie cette personne était habituée à juger autrui favorablement, alors son âme va automatiquement n'avoir que des choses favorables à dire, même concernant ses méfaits.
Mais si elle était habituée à critiquer et condamner les actions de autres, alors elle va se juger elle même d'une façon identique.

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2°/ La mystique juive nous enseigne que le Satan ne peut accuser quelqu’un sans témoin, et lorsque nous jugeons quelqu’un défavorablement, nous nous associons au Satan sans le savoir puisqu’il utilisera notre témoignage.

Le Baal Chem écrit à ce sujet :
"Lorsque le Satan veut accuser un enfant d’Israël devant Hachem, D. le fait taire en demandant qu’il y ait 2 témoins.

Mais lorsqu’un juif interprète les actes de son ami négativement, ne serait-ce que par la pensée, il réjouit le Satan, car il a trouvé un témoin et son accusation sera acceptée.
Par cet acte, il s’associe au Satan pour accuser son ami."

-> Lorsqu'une personne en vient à défendre les juifs (à l'encontre de sa tendance naturelle, de son environnement), ses mots peuvent amener la délivrance à son prochain juif.
Quelle chance a une telle personne! Combien est grand son mérite!!
[Damések Eliézer - Sanigoria]

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-> Au début de la prière du matin, nous récitons les quelques mitsvot qui apportent une récompense déjà dans ce monde (sans rien réduire de ce l'on aura dans le monde à venir).
Il s'agit de : honorer ses parents, les actes de 'hessed, rendre visite aux malades, ... , apporter de la paix entre un homme et son prochain, entre un homme et sa femme.

Ce passage provient de la guémara (Shabbath 127), et Rachi commente que le fait d'amener la paix est : une extension du fait de juger favorablement autrui.

=> Ainsi, essayer de toujours voir le positif en un autre juif est une des très rares mitsvot qui nous apportent une pluie de bénédictions divines déjà dans ce monde, avec le principal que nous recevrons dans le monde à venir.

-> A l'inverse : "Il existe 4 transgressions pour lesquelles l’homme paye dans ce monde et dans le monde futur : l’idolâtrie, l’immoralité et le meurtre.
Ainsi que le lachon hara qui est équivalent (en gravité) à toutes (les 3 autres fautes)."
[guémara Yérouchalmi 1,1]

+ "La bénédiction (barou'h - béni ...) avec laquelle nous bénissons le Maître du monde amène des bénédictions au Ciel et sur la terre.
Celui qui bénit le Maître de l'Univers est béni.
Celui qui ne Le bénit pas, ne l'est pas."
[le Zohar - Vayéhi]

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-> La bénédiction élève la nourriture, la purifiant avant de la consommer.
[Knesset Yé'hezkel - Béréchit]

-> Celui qui récite les bénédictions avec les bonnes intentions permet de détruire les forces négatives, qui viendraient sinon sur lui en consommant l'aliment.
[Arizal - Chaar haGuigoulim]

-> Les bénédictions sont autant d'occasions de remercier Hachem et d'acquérir des mérites éternels.
Comment ne pas en être fou de joie?

"Hachem lui apparut dans les plaines de Mamré" (Vayéra 18,1)

-> Selon Rachi : C’est Mamré qui l’avait conseillé à propos de la circoncision. Ainsi est-ce sur ses terres que Dieu S’est révélé à Avraham.

-> Dans le Parpéraot léParachat haChavoua, il est enseigné que Mamré (מַמְרֵא) est l'acronyme de différentes difficultés que Avraham a pu endurer :
- le מ (mitsrayim) = lorsque Pharaon a pris Sarah ;
- le מ (méla'him) = les rois que Avraham a dû combattre ;
- le ר (ra'av) = la famine dans le pays ;
- le א (ésh) = Avraham a été jeté dans le feu de la fournaise à Hour Kasdim.

=> C'est ce à quoi Mamré faisait allusion à Avraham : il convient que tu fasses la volonté de D. en te circoncisant, Lui qui t'a sauvé de toutes ces épreuves.

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-> "Avraham n’est appelé parfait qu’après s’être circoncis"
[guémara Nédarim 31b]

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-> "Hachem lui apparut dans les plaines de Mamré" (Vayéra 18,1)

-> Les Sages du midrach nous expliquent pourquoi Hachem Se dévoila à Avraham, précisément dans les plaines de Mamré : "C'est Mamré qui lui a donné le conseil de faire la mila, c'est pour cela que Dieu apparut à Avraham dans les plaines de Mamré".

Le Ktav Sofer pose la question suivante : "Est-il possible qu'un juste de l'envergure d'Avraham, pilier du monde, puisse prendre conseil auprès d'un idolâtre comme Mamré, afin de savoir s'il fallait accomplir l'ordre de D. et comment procéder si ce dernier lui conseillait de ne pas accomplir la mitsva du Créateur, serait-il venu à l'esprit d'Avraham de suivre son conseil et de ne pas accomplir la volonté de Hachem"?

Le Ktav Sofer répond qu'Avraham souhaitait augmenter la puissance de la valeur de l'épreuve de la brit mila. Pour cela il se dit dans son coeur, que même si ses amis et ses proches lui conseillaient de ne pas faire la mila, il ne prendrait pas leurs paroles en considération et se remplirait de joie d'accomplir la mitsva d'Hachem.
Dans ce cas, la mitsva serait d'autant plus grande et revêtue d'importance.
C'est ainsi qu'Avraham se tourna vers ses deux amis : Avner et Echkol, qui lui conseillèrent de ne pas faire la mila. Pourtant, Avraham se détourna du conseil de la majorité de ses proches, et accomplit la parole de D., et ainsi il éleva son épreuve à un niveau supérieur.

4 Questions/Réponses – Paracha Vayéra

+ 4 Questions/Réponses – Paracha Vayéra :

1°/ Après avoir sacrifié un bélier sur l'autel qui était initialement destiné à Its'hak, la Torah relate (v.22,19) que Avraham est retourné auprès de Eliézer et Yichmaël, qui l'attendaient à distance, et ensemble ils allèrent vers Béer Chéva.
On peut constater qu'aucune mention n'est faite concernant Its'hak.
Où est-il allé après la Akéda?

-> Le Targoum Yonathan ben Ouziel écrit que les anges ont amené Its'hak dans la yéchiva de Chèm, où il a étudié pendant 3 ans, jusqu'à ce que Rivka soit assez âgée pour se marier avec lui.

Selon le rav Chloma Margolis (Darké Hachlémout), on peut tirer d'ici une importante leçon de vie.
En effet, même après avoir atteint les plus hauts niveaux, on ne doit pas devenir indulgent avec soi-même, et l'on doit toujours s'efforcer de devenir encore plus grand.
[tant qu'il y a de la vie, c'est qu'il y a encore moyen de grandir, de devenir plus proche de Hachem]

Selon le Sifté Cohen, il était important que Its'hak parte précisément à ce moment, car Avraham avait alors davantage d'amour pour son fils, et il aurait semblé comme s'il regrettait sa décision de vouloir le sacrifier.
En montrant qu'il était prêt à se séparer de son fils (le quittant au loin pour la yéchiva), il montrait alors clairement que sa décision n'a pas été prise dans un instant de folie, sur un coup de tête.

-> Le Daat Zékénim enseigne que Avraham a fait partir Its'hak, en cachette pendant la nuit, afin de le protéger du mauvais œil (ayin ara).   [les gens pouvaient le lui porter en disant : "comment a-t-il pu réussir à passer une telle épreuve, et dans un si grande joie!" ]
Il fait remarquer que suite au sauvetage miraculeux de la fournaise de 'Hanania, Michaël et Azaria, il n'est plus fait aucune mention d'eux. Une opinion de la guémara (Sanhédrin 93a) est qu'ils moururent à cause du mauvais œil.

-> Le Panéa'h Raza est d'avis que Avraham a blessé Its'hak pendant la Akéda, et que suite à cela des anges l'ont pris au Gan Eden pour qu'il récupère et guérisse.

-> A ce sujet, le mékoubal rav Yissa'har Chmouëli Beniahou (rapporté dans le Tsor ha'Haïm - 'Hayé Sarah) enseigne :
il est écrit dans le Zohar Hakadoch que puisque la trachée d'Its'hak fut en grande partie sectionnée, il risquait de perdre la vie. Aussi, Les anges de service vinrent le récupérer après la Akéda et l'amenèrent au Gan Éden afin de le guérir. Il y resta 3 années consécutives.
Ainsi, lorsque Yaakov se présenta devant Its'hak son père afin de recevoir les bénédictions, Its'hak lui dit : "vois l'odeur de mon fils est comme l'odeur du champ que Hachem a béni" (Toldot 27,27), en effet Its'hak notre Patriarche connaissait déjà parfaitement l'odeur du Gan Eden, et c'est le sens du verset : "et Its'hak revenait du puits (du nom de) "vivant de ma vision"" (וְיִצְחָק בָּא מִבּוֹא, בְּאֵר לַחַי רֹאִי - 'Hayé Sarah 24,62), qui a la même valeur numérique que les mots "היה בא מגן עדן" = "il revenait du Gan Eden" (aya ba miGan Eden).
[Toutefois, d'après le sens littéral du verset, il ne ressort pas de l'écriture que la gorge d'Its'hak fut réellement sectionnée puisque l'ange dit à Avraham : "ne lui fait aucun défaut" (Vayéra 22,12). ]

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2°/ "[Avaham] vit 3 hommes debout près de lui" (Vayéra 18,2)
Selon Rachi : L’un pour annoncer la bonne nouvelle à Sarah, un autre pour détruire Sodome, et un troisième pour guérir Avraham (de sa circoncision).

La guémara (Baba Batra 16b) nous enseigne que Avraham portait un pierre précieuse autour du cou, qui avait le pouvoir de guérir toute personne qui la regardait.

Ainsi, pourquoi Hachem avait-Il besoin d'envoyer un ange pour guérir Avraham, alors qu'il pouvait le faire lui même en regarder sa pierre?

-> Selon le Maharcha, certes Avraham pouvait se guérir tout seul, mais il ressentait que pour être vraiment entier avec Hachem (tmimout), il devait laisser son rétablissement dans les mains de D.

-> Le 'Hida, le rav Moché Feinstein et le rav 'Haïm Kanievsky expliquent que puisque sa douleur provenait d'une mitsva, alors elle lui était précieuse.
En effet, il ne voulait rien faire qui puisse être interprété comme un regret d'avoir réalisé cette mitsva, en raison de ses conséquences.

-> Selon la guémara (Taanit 20b), les miracles qui sont réalisés pour une personne réduisent sa part dans le monde à venir.
Cet enseignement nous permet de comprendre le désir de Avraham de ne pas avoir recours à un remède miraculeux (sa pierre précieuse).

-> Le Panéa'h Raza a un avis différent des précédents.
Il cite la guémara (Béra'hot 5b), rapportant que Rabbi Yo'hanan avait la capacité de guérir les autres, mais pas lui même, car : "une personne emprisonnée ne peut pas se libérer elle-même de prison".
Ainsi, tout comme Rabbi Yo'hanan, Avraham ne pouvait pas se guérir tout seul, il avait besoin de l'aide de quelqu'un d'autre (ici l'ange).

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-> Le Maor vaChéméch apporte l'explication suivante sur la nécessité de Avraham, malgré sa douleur, de se mettre à l'entrée de la tente : "en plein soleil ardent" et que 3 anges vinrent à sa rencontre.

Avraham après avoir fait l'énorme mitsva de la brit mila, est parvenu à un niveau d'attachement avec Hachem inimaginable.
Tout de suite, Avraham chercha quelqu'un qui lui permettrait de descendre de ce niveau d'attachement extrême, et ainsi lui permettre de redescendre vivre dans ce monde.
Et "ce soleil ardent" = c'est en réalité le rayonnement resplendissant d'Avraham qui était vraiment très proche/lié à D.

Si Hachem avait envoyé des hommes, Avraham par son niveau tellement élevé les aurait tous brûlés, et c'est pourquoi D. a envoyé des anges d'apparence humaine qui eux pourront le faire descendre un peu de cet attachement extrêmement élevé avec Hachem.

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-> Nos Sages nous disent : "Le but de la visite des anges à Avraham était, en fait, de préparer le futur don de la Torah au mont Sinaï, afin que les anges ne puissent accuser les Bnei Israël de ne pas être aptes à recevoir la Torah."

Le midrach (Chémot rabba 28,1) explique : "Et Moché monta vers Hachem", Comme il est écrit : "Tu es monté dans les hauteurs après avoir fait des prises, Tu as reçu des dons parmi les hommes" (Téhilim 68,19) ... (Moché reçut la Torah).
A ce moment, les anges de service voulurent attaquer Moché. Hachem transforma le visage de Moché et le fit ressembler à Avraham. Hachem dit aux anges : "N'avez-vous pas honte ... c'est celui chez qui vous êtes descendus, vous avez mangé dans sa maison."

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3°/ "Ne porte pas ta main sur le jeune homme" (Vayéra 22,12)

Le midrach Plia dit que ces paroles de l'ange de Hachem à Avraham, servent de preuve à la résurrection des morts.
Ce même midrach ajoute que juste après ces mots, Its'hak a prononcé la bénédiction : "barou'h mé'hayé amétim" (Bénis soit Celui qui fait revivre les morts).

Puisque Its'hak n'a finalement pas été sacrifié, en quoi est-ce une preuve de la résurrection des morts?
Pourquoi a-t-il prononcé la bénédiction?

Nous allons voir (b'h) la réponse du Imré Shéfer.

Selon le midrach Aggada (mentionné dans le Shibalé haLékét Téfila - Siman 18), Avraham a réellement sacrifié Its'hak et il l'a brûlé en haut de l'autel jusqu'à ce qu'il soit réduit en cendres.
C'est seulement après cela, que Hachem l'a fait revivre.

=> Ainsi, il y a bien eu une résurrection des morts, et c'est pour cela que Its'hak a dit la bénédiction : "mé'hayé hamétim".

Pourtant cela semble contredire le verset : "Ne porte pas ta main sur le jeune homme et ne lui fais rien", qui semble indiquer que Hachem a stoppé Avraham avant qu'il ne lui fasse quoique ce soit.

Le Imré Shéfer explique que ces paroles ont été dites une fois que Its'hak avait déjà été sacrifié et que Hachem lui avait redonné la vie, et ce afin d'éviter que Avraham ne porte sa main afin de tuer Its'hak une 2e fois.

Ce midrach permet également de comprendre pourquoi la 2e bénédiction de la amida, celle de la résurrection des morts (té'hiyat hamétim), est appelée : "birkat Its'hak".
[la 1ere bénédiction se terminant par : "magen Avraham" (bouclier d'Avraham)]

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-> Le Chla haKadoch explique au nom du Zohar qu'au moment de la Akéda, l'âme de Its'hak l'a quitté, et elle a alors été remplacée par une nouvelle âme, qui lui a permis d'avoir des enfants.
[Its'hak était âgé de 37 ans lors de la Akéda. N'ayant pas reçu de d'âme masculine jusqu'à cette épreuve, Rivka son âme sœur ne pouvait pas venir au monde. Elle naquit juste après la Akéda. C'est lorsqu'elle atteignit l'âge de 3 ans qu'elle accepta de suivre Eliezer pour se marier avec Its'hak alors âgé de 40 ans.]
Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch, c'est la raison pour laquelle la naissance de Rivka est mentionnée juste après la Akéda : puisque Its'hak pouvait avoir des enfants, alors sa future femme est née.

Le Ohr Guédaliyahou dit que l'on peut tirer d'ici une leçon de vie importante.
Avraham est parti plein d'enthousiasme pour sacrifier son fils, en pensant que cela allait conduire à anéantir tout futur du peuple juif.
Et cependant, c'est spécifiquement cet événement qui a été le moyen permettant la naissance du peuple juif.
Ainsi, pour celui qui a confiance en Hachem, ce qui ressemble à un échec, à une perte assurée, n'est en réalité qu'un catalyseur de notre succès futur.

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=> Comment est-il possible que Avraham ait offert le bélier à "la place de son fils"? Est-ce que le sacrifice du bélier venu par hasard, peut être considéré comme un remplacement de son fils?

-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) explique :
Hachem a ordonné à Avraham de sacrifier son fils comme holocauste, Avraham avait le potentiel de satisfaire la volonté d'Hachem. Mais Avraham savait que ce potentiel ne valait rien tant qu'il ne le mettait pas en action. Parfois, on voit des gens qui ont été créés à l'image de D. avec du potentiel [sublime], mais en pratique, ils ressemblent à des animaux ...

C'est la raison pour laquelle Avraham a demandé à Hachem l'autorisation de faire une toute petite blessure à Its'hak. Ce n'était pas une cruauté de sa part, mais Avraham avait l'intention de réaliser son potentiel, de lui donner un sens, et de mettre en avant ce mérite pour ses enfants, qui en auraient besoin dans les temps troublés, lorsqu'il leur manquerait des mérites pour être sauvés de nombreux malheurs.

Mais Hachem n'accepta pas cela non plus ... Hachem ordonna à Avraham de ne rien faire à Its'hak, et à sa place, Il lui envoya un bélier, celui qu'Avraham offrit en holocauste. Lorsque Avraham sacrifia le bélier, il ne l'a pas fait simplement, il a mis en action son potentiel à sacrifier son fils comme holocauste.

Lorsque Avraham a égorgé le bélier, il pensait qu'il était prêt à agir ainsi avec son fils, comme si Hachem lui avait ordonné d'agir de cette façon. C'est la raison pour laquelle la chose lui a été comptée comme s'il avait égorgé son fils. En conséquence, le mérite de cette énorme épreuve reste pour ses enfants et leurs descendants jusqu'à la fin des temps.

[cela nous enseigne l'importance de mettre nos capacités en action, d'employer notre vie à passer du potentiel au réel. ]

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-> Its'hak est né à Pessa'h (cf.Rachi 18,10), et c'est exactement 400 années plus tard, jour pour jour, le 15 Nissan 2448, que le peuple juif va naître en sortant d'Egypte.

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-> Hachem dit à Avraham "Prends s'il te plaît ton fils" (קַח נָא אֶת בִּנְךָ - Vayéra 22,2)
Le Ran (Drachot - 6) écrit que le mot : "na" (s'il te plaît - נָא) implique que ce n'était pas une obligation, mais une requête, comme si D. lui disait : "Tu n'es pas obligé de le faire, mais c'est Mon souhait".
Le Ran ajoute que Avraham n'aurait ainsi jamais été puni s'il avait refusé d'aller sacrifier son fils.

Avraham avait de nombreuses raisons pour justifier de ne pas réaliser la demande de D., prouvant même qu'en refusant il pourrait mieux servir Hachem.

Par exemple : Sans fils, qui assurera la succession pour diffuser son message?
De plus, le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Lé'h Lé'ha) dit que Avraham causerait un énorme 'hilloul Hachem en égorgeant son fils. En effet, ayant dévoué sa vie entière à enseigner la bonté et la miséricorde de D., critiquant les sacrifices humains des religions païennes, ... en offrant lui-même son fils en sacrifice il serait la moquerie du monde entier.
Les dizaines de milliers de ses fidèles retourneraient alors à leur vie/croyance d'avant.

=> Cependant, pour Avraham l'essentiel était d'être fidèle, de mettre au-dessus de tout la Volonté de Hachem.
Et même si ce n'est qu'un souhait (et non un ordre), et même si c'est très douloureux (la plus dure des 10 épreuves!), Avraham s'empressa avec zèle d'aller sacrifier son fils (Its'hak).
Peu importe les conséquences, le prix à payer, tant que c'est le désir de D., alors c'est forcément ce qu'il y a de mieux à faire!!

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4°/ Cette épreuve de la Akédat est attribuée à Avraham, comme il est écrit : "Et Hachem éprouva Avraham" (Béréchit 22,1).
=> Mais pourquoi ne pas attribuer cette épreuve plutôt à Its'hak? En effet, ce dernier avait 37 ans ce jour-là, et malgré le fait qu'il aurait pu s'opposer, il accepta de plein gré d'être sacrifié, ce qui est un très grand mérite. Ainsi, pourquoi ne pas parler de cette épreuve comme celle de Its'hak?

-> Le Ets haDaat Tov rapporte un enseignement de nos Sages (guémara Kidouchin 31a-b) selon lequel celui qui fait une bonne action parce qu’il en a reçu l’ordre, recevra une récompense plus grande que s’il la faisait sans ordre.
Les Tossefot en explique la raison. En effet, accomplir un acte suite à un ordre est encore plus difficile, car le yétser ara se renforce et tente d'empêcher l'homme de se plier à cet ordre. En revanche, quand on fait une bonne action de par soi-même, sans ordre, cela est plus facile car on a l'impression de faire ce qu'on veut soi-même et on n'est pas confronté aux attaques du penchant.
Ainsi, la Akéda est l'épreuve d'Avraham, car il en reçut l'ordre d'Hachem, ce qui lui a rendu l'épreuve plus difficile qu'à Its'hak qui s'est livré au sacrifice de plein gré, faisant donc cet acte de sa propre et unique volonté.

-> Le 'Hatam Sofer se base sur les propos de Rachi qui explique que le trajet vers la Akéda dura 3 jours, pour qu'Avraham aie le temps de réfléchir et de réaliser ce qu'il allait faire. Ainsi, son acte n'allait pas être pulsionnel et irréfléchi. En effet, il aura eu le temps de prendre la pleine conscience de cet acte et aura pensé à tout ce que cela représente, et malgré tout, il sacrifiera son fils. Cela est une véritable épreuve!
Si le sacrifice avait eu lieu dans la précipitation, on aurait pu dire qu'Avraham a été troublé et a agi sans mesurer son acte. Mais, ces 3 jours de réflexion lui ont permis d'agir avec tout son esprit.
En revanche, Its'hak, qui fut informé qu'il allait être sacrifié au dernier moment, cela n'était donc pas pour lui une réelle épreuve comme pour Avraham, car il a accepté d'être sacrifié sans avoir eu le temps de réfléchir et de peser les choses. Il a donc pu agir aussi par impulsion et précipitation.

[Nos Sages disent : "Il n'y a pas de récompense pour les mitsvot en ce monde" (guémara Kidouchin 39b).
Comment pouvons-nous bénéficier d'une récompense pour la Akéda?
Le Gaon de Vilna répond que nous n'avons pas de récompense pour la Akéda en elle-même, mais nous bénéficions de la récompense pour toutes les préparations d'Avraham pour la Akédat.
En effet, nous pouvons recevoir dans ce monde une récompense pour la préparation faite pour les mitsvot.
C'est ainsi que nous profitons de très nombreuses bénédictions dans ce monde, grâce à ces 2 journées intenses de préparation qui ont précédées la Akédat.]

-> Le Apiryon explique que quand une épreuve a déjà été surmontée une 1ere fois, elle devient plus facile les fois
suivantes, comme si la porte de cette épreuve a déjà été ouverte. Mais quand c'est la 1ere fois qu'elle doit être réalisée, l'épreuve a toute sa difficulté.
Certes Its'hak devait se sacrifier selon la Parole d'Hachem, mais un tel acte a eu son précédant. En effet, Avraham a déjà été prêt, dans le passé, à donner sa vie à Hachem, quand il a été jeté dans la fournaise par Nimrod, pour avoir refusé de faire de l'idolâtrie. Ainsi, le chemin pour Yitshak a déjà été tracé par Avraham.
Certes il allait se sacrifier pour Hachem, mais Avraham a déjà donné la force à ses descendants de faire une telle chose.
En revanche, l'épreuve d'Avraham consistait à sacrifier son fils bien-aimé. Or, une telle épreuve n'a jamais encore été réalisée. Jamais un père n'a encore sacrifié son fils pour réaliser la Volonté d'Hachem. Et même si des idolâtres ont déjà tué leurs enfants pour leurs idoles, malgré tout jamais une telle épreuve de tuer pour
Hachem ne s'est encore présentée.
D'ailleurs au contraire, Avraham luttait corps et âme contre ce culte idolâtre qui prônait le sacrifice humain. Et à présent, il devait aller à l'encontre de tous ses enseignements et convictions, en sacrifiant son fils pour Hachem.
Évidemment, tout cela n'a fait qu'augmenter la difficulté de cette épreuve, qui peut être qualifié pour cela d'épreuve d'Avraham, car Its'hak de son côté, ne faisait que reproduire une épreuve déjà surmontée par son père : se sacrifier soi-même pour Hachem.

-> Le Beit haLévi explique que Its'hak devait certes se sacrifier et mourir pour Hachem, mais son épreuve allait durer quelques instants, le moment d'être abattu. Mais Avraham, quant à lui, devra ensuite vivre et passer tout le restant de ses jours avec la conscience et la peine de ne plus avoir son fils bien-aimé. Son épreuve n'allait pas durer que le moment de l'abattage (comme ce fut pour Yits'hak), mais son épreuve allait se poursuivre les dizaines d'années qui lui restaient à vivre. Il allait devoir vivre sans Its'hak, son héritier spirituel.
L'essentiel de l'épreuve d'Avraham allait venir après le sacrifice. Comment allait-il continuer son existence sans Its'hak?
Telle était la grande difficulté de cette épreuve qui en fit l'épreuve d'Avraham, et non celle d'Its'hak.

-> Par ailleurs, la difficulté de cette épreuve se trouve aussi dans la pensée. En effet, un midrash dit que le Satan est venu troubler Avraham et lui révéla qu'en vérité Hachem cherche simplement à tester s'il était prêt à sacrifier son fils. Mais qu'en vérité, Il ne veut pas qu'il le sacrifie.
D'après cela, la difficulté de l'épreuve était qu'Avraham devait s'apprêter à abattre son fils, comme si le Satan ne lui avait rien dit, alors qu'il savait que ce n'était qu'un test. Cette lutte intérieure ne concernait bien qu'Avraham.

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-> Le Chem miChmouël rapporte qu'Ichmaël était la réincarnation guilgoul de Caïn tandis qu'Its'hak était le guilgoul d'Hével, comme cela est rapporté dans le Zohar. Hével fut assassiné et ne bénéficia pas de la protection d'Hachem Hou à cause d'un fait bien précis. (Tikouné Zohar 69,102a)
En effet, le Arizal explique que lorsque le feu divin descendit pour accepter le sacrifice d'Hével, ce dernier contempla la Chékhina et fut condamné à mort.

Le Arizal nous dévoile au sujet d'Its'hak, qui était la réincarnation d'Hével, qu'il ne put monter sur l'autel en sacrifice avant l'âge de 37 ans, qui correspond à la valeur numérique du nom de Hével (הבל soit 37) afin de réparer le dommage que ce dernier avait causé en contemplant la Présence divine.

C'est le sens des paroles d'Avraham à son fils Its'hak : "D. pourvoira à l'agneau pour l'holocauste mon fils" (אֱלֹהִים יִרְאֶה לּוֹ הַשֶּׂה לְעֹלָה בְּנִי - Vayéra 22,8)
Nous pouvons remarquer que les initiales des trois derniers mots du verset forment le nom d'Hével (הבל). Its'hak devait donc être ligoté sur l'autel pour expier la faute commise par Hével.

Parallèlement, Ichmaël était la réincarnation de Cain. Sarah dit à Avraham : "Renvoie cette servante et son fils car il ne restera pas avec mon fils, avec Its'hak" (Vayéra 21,10).
Rachi explique que Sarah ne voulait pas que le fils de cette servante hérite avec son fils. En effet, Ichmaël se disputait avec Its'hak au sujet de l'héritage et il disait : "Je suis l'aîné et je prendrai une double part".
Et lorsqu'ils sortirent dans le champ, Ichmaël prit son arc et tira sur Its'hak des flèches.
Le Chem miChmouël explique qu'Ichmaël avait un point commun avec Caïn, celui de vouloir tuer son frère.

[en ce sens : Pourquoi Avraham était-il si réticent à l'idée de renvoyer Ichmaël au point d'attendre l'injonction d'Hachem qui lui dit : "Ne t'oppose pas au renvoi du garçon et ta servante. Tout ce que te dira Sarah, écoute sa voix car c'est par Its'hak que tu auras une descendance" (Vayéra 21,12).
Avraham pensait qu'Ichmaël avait réussi à réparer l'âme de Caïn. Aussi, c'est une mitsva de l'unir avec Its'hak, comme nous l'apprenons de la mitsva des tsitsit qui ne sont pas soumis à l'interdiction du mélange de lin et de laine puisqu'ils sont conçus d'un mélange de lin et de laine.
Ainsi, le Créateur avertit Avraham qu'Ichmaël était un racha et qu'il ne répara pas l'âme de Caïn. Par conséquent, il ne devait pas préserver cette union fraternelle tout comme il est interdit d'unir le lin et la laine. ]

"Its'hak parla à Avraham son père, il lui dit : "Mon père". Il (Avraham) dit : "Me voici mon fils" ..." (Vayéra 22,7)

On peut expliquer cet échange de la façon suivante.
Avraham représente la bonté et Its'hak la rigueur.
Ainsi, Its'hak demande à Avraham : "Mon père" = toi qui représentes la bonté, comment t’apprêtes-tu donc à réaliser un acte d’une si grande dureté que de me sacrifier?
Alors, Avraham lui répondit : "Me voici mon fils " = à présent, me voici (que je suis) mon fils. J’ai saisi ton attribut, mon fils, qui est la rigueur, et c’est avec ton caractère de rigueur que je m’apprête à réaliser cet acte de dureté que de te sacrifier.

=> Lorsque cela est nécessaire pour réaliser le service de Hachem, un tsadik doit être prêt à agir d'une façon contraire à la noble qualité qui le caractérise (à l'image de Avraham qui a été prêt à faire un acte contredisant en apparence toute son essence et ses enseignements, qui n'étaient que bonté).

[le Beit Yits’hak]

-> "Avraham était un" (Yé'hezkiel 33,24 - é'had aya Avraham)
Avraham avait tellement soumis sa volonté à celle de Hachem, qu'il faisait "un" avec Hachem.
Une seule volonté était présente en lui : celle de D.
[le 'Hen Tov]

-> "Si Hachem avait demandé à Avraham de se creuser les yeux, il l'aurait fait.
Non seulement, il aurait donné ses yeux, mais il aurait renoncé à son bien le plus précieux : son âme."
[Yalkout Chimoni Dévarim 943]

-> Les 10 épreuves d'Avraham n'avaient pas pour but de déterminer si oui ou non il obéirait au commandement de D., puisqu'il est clair qu'Avraham n'a jamais désobéi à Hachem. Il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'il accomplisse son devoir.
Mais ce qu'il faut souligner, c'était la joie avec laquelle Avraham réalisait ces choses, même extrêmement difficiles.
Quant il partit sacrifier son fils aimé, il le fit avec autant de joie que s'il le menait sous le dais nuptial.
Il n'y a pas de plus grande joie que d'obéir aux commandements Divins.
[Méam Loez - Béréchit 2,7]

-> Selon nos Sages, Avraham et Its'hak avaient chacun autant de joie et d'enthousiasme d'aller accomplir un commandement de D.
Ils formaient ensemble "un" avec la volonté de Hachem : un devant tuer son fils, et l'autre devant se laisser égorger par son père.
[cf. Rachi sur la double apparition du mot : ya'hdav, avant la Akéda]
Après la Akéda, Avraham n'a eu aucun sentiment d'orgueil pour avoir surmonté une épreuve aussi difficile.
[le 'Hen Tov - 3e apparition de ya'hdav juste après la Akéda- v.22,19).

=> Ils ont réussi le test d'avant la Akéda, et celui d'après.

"Quand un homme est en proie soudainement à une grande amertume et à de tristes pensées qui l’accablent, cela indique que des accusations se dressent contre lui d’En-Haut.
Alors, s’il se renforce à avoir des pensées de profond repentir, puis s’il tente de se réjouir et de repousser les pensées tristes qui l’assaillent, par cela la rigueur sera adoucie."

[le Shomèr Emounim]

"Avraham courut vers le troupeau" (Vayéra 18,7)

-> Le Baal haTourim note que le mot : abakar (le troupeau - הַבָּקָר), a les mêmes lettres que : haKéver (la tombe - הקבר), faisant que le verset peut se lire également : "Avraham courut vers la tombe".

Vers quelle tombe?

Selon nos Sages, c'est de cette façon que Avraham a découvert la tombe de Machpéla.
Un des veaux de son troupeau, qu'il souhaitait égorger pour ses invités a couru, et il l'a suivi jusqu'à arriver à la Méarat haMachpéla.

-> Le Pirké déRabbi Eliézer ajoute que lorsque Avraham y est arrivé, il a vu Adam et 'Hava couchés, avec des bougies allumées et il a senti l'odeur des sacrifices du Temple.
Il a alors immédiatement compris que c'était un lieu extrêmement saint, au point de l'acquérir pour lui et sa famille.

"Il était debout pour eux sous l’arbre, et ils mangèrent" (Vayéra 18,8)

La Torah nous dit ici qu'Avraham attendait sous l’arbre, le temps que les anges "mangent". Mais pourquoi ajouter : "Il était debout" ?

-> Lorsque quelqu'un invite une autre personne, il ne doit pas montrer de supériorité par rapport à son invité. Au contraire, si nécessaire, un hôte doit se rabaisser au niveau social et intellectuel de son invité pour qu'il se sente plus à l'aise.

Nos Sages enseignent que :
- les anges sont appelés : "ceux qui sont debout" (Omdim), car ils ne peuvent pas avancer et progresser, ils restent toujours dans l’état où ils ont été créés.
- les hommes sont appelés : "ceux qui marchent" (Méalé'h), car tant qu’un homme est vivant, il peut avancer, progresser et toujours s’améliorer.

=> Ainsi, quand Avraham a reçu les anges, il ne voulait pas montrer sa supériorité par rapport à eux : lui peut avancer alors qu'eux sont statiques.

C'est ce que dit le verset : "Il était debout pour eux" = Avraham, dans l'accomplissement parfait de la mitsva d'offrir l'hospitalité, s'est abaissé du niveau d'homme ("qui marche" et avance) à celui inférieur de ses invités : les anges ("debout" et statiques), et cela pour ne pas montrer sa supériorité par rapport à ses invités.

[le Kédouchat Lévi]

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-> Le 'Hidouché Tossafot apporte une autre explication à ce sujet.

"Sous l'arbre" se dit dans le texte : ta'hat aéts.
Le mot ta'hat, en plus de signifier : "sous", peut également se traduire par : "à la place de".

Nos Sages (fin du traité Sofrim) rapportent que Avraham était extrêmement grand de taille.

=> Ce verset peut se comprendre alors : "Il était debout pour eux à la place de l'arbre" afin de les protéger du soleil, et c'est seulement alors que : "ils mangèrent".

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-> On peut ajouter cet enseignement du Zohar (Vayéra 102b) :
L'arbre révélait à Avraham les pensées internes de ses visiteurs.
S’ils croyaient dans le Créateur, l’arbre déployait ses branches, amenant de l’ombre.
S’ils étaient des idolâtres convaincus, l’arbre repliait ses branches, retirant l’ombre.
Avraham n’était alors pas apaisé tant que ses invités ne croyaient pas en D.
[l'arbre lui permettait de savoir comment s'adresser aux étrangers, en déterminant la nature véritable de chaque visiteur. Avraham ne se préoccupait que des hommes, car Sarah se chargeait d'accueillir les femmes.]

=> On peut se rend compte que même en voyant que ce n'était pas des personnes distinguées (de simples arabes), et à priori des idolâtres convaincus (cf.l'arbre qui ne se déploie pas), malgré cela Avraham les a reçu comme des rois.

-> Il leur a fait abattre 3 veaux pour : "leur servir 3 langues avec de la moutarde" qui est "un plat de princes et de rois" (guémara Bab Métsia 86 & le Rachi sur cette guémara).

-> "Avraham rentra en hâte dans sa tente ... Avraham courut au troupeau ..." (Vayéra 18,7)
=> Il se dévoue corps et âme à leur service.

Surtout que ne parallèle, c'était le 3e jour suivant sa circoncision :
-> "Tout homme qui se circoncit éprouve une grande douleur le 3e jour" (Pirké déRabbi Eliézer - chap.29) ;
-> "Lorsqu'Avraham se circoncit, il éprouva le 3e jour une très grande douleur à sa plaie" (midrach Yalkout Chimoni - chap.82) ;
-> De plus, ses bandages l'accaparèrent beaucoup ce jour-là, puisqu'il dut à plusieurs reprises les défaire et les refaire (guémara Baba Métsia 86) ;
-> En ce même jour, Hachem avait fait sortir le soleil de son "enveloppe" et fit régner sur la surface de la terre une chaleur telle qu'aucun être ne pouvait la tolérer. (Pirké déRabbi Eliézer - chap.29).

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-> Il est également écrit dans le Zohar (Vayéra 102b) précédant que :
Près de cet arbre, il y avait également un petit bassin d'eau de source.
Tout individu impur qui s'en approchait, l'eau s'élevait [comme si elle voulait le purifier].
Avraham était donc averti des souillures du visiteur qui devait se purifier en s'immergeant dans ce bassin [qui n'était autre qu'un mikvé].
Si ce dernier s'asséchait complètement, l'étranger devait se purifier pendant 7 jours avant de s'immerger.

"Il (Avraham) implanta une auberge à Beer Chéva" (Vayéra 21,33)

-> Le terme : auberge, qui se dit "éshel" (אשל), forme les initiales des 3 mots : manger (a'hila - אכילה), boire (chtiya - שתיה) et raccompagner (lévaya - לויה), qui sont les 3 marques d'attention fondamentales qu'un hôte doit assurer à ses invités.
Avraham recevait les passants, leur donnait à manger, à boire, et il les raccompagnait.

Ces 3 actes se devaient d’être une réparation pour 3 fautes commises avant lui.
Par le fait de donner à manger, il voulait réparer la faute d’Adam, qui a fauté en mangeant de l’arbre de la connaissance.
En leur donnant à boire, il voulait réparer la faute de Noa’h qui, en sortant de l’arche, planta une vigne et se mit à boire.
Enfin, en raccompagnant ses invités, il voulait contrebalancer la perversion des habitants de Sodome qui interdirent de recevoir des invités.
[Gaon de Vilna]

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[ "Abraham planta un bouquet d'arbres (אֶשֶׁל) à Béer Shava et y proclama le Nom d'Hachem D. de l'Univers" (Vayéra 21,33)
Le Zohar explique que puisqu'Adam a endommagé le monde et l'humanité par l'intermédiaire de l'arbre de la connaissance, a présent mesure pour mesure Avraham entreprend la réparation par l'intermédiaire d'un arbre.]

[Rachi commente : Rav et Chemouel sont en désaccord. L’un enseigne que échel était un verger producteur de fruits qu’il servait à ses hôtes pendant le repas, l’autre que c’était une auberge pour accueillir les passants, dans laquelle on trouvait toutes sortes de fruits. ]

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-> Le midrach (Téhilim 37) ajoute que les lettres du mot : éshel (אשל), peuvent se réarranger pour former le mot : sha'al, qui signifie : demander.
Cela indique que Avraham demandait à ses invités ce que leur cœur désirait, et il s’efforçait ensuite de répondre à leurs demandes.

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-> Nos Sages enseignent que Avraham recevait des invités et qu’après leur avoir donné à manger, il leur demandait de remercier D.
S’ils refusaient, alors il leur imposait de payer une forte somme, et là les invités remerciaient D.
=> Ainsi, il semble que les invités, contraints de payer, ne remerciaient pas D. sincèrement, mais uniquement pour ne pas payer!

En réalité, quand Avraham leur imposait de payer, c’était pour leur apprendre que tout bienfait à un prix et doit se payer.
Il leur montrait à quel point l'homme reçoit sans cesse des bienfaits de D., et en plus gratuitement.
C’est ce message que Avraham voulait leur transmettre en leur demandant de payer, et une fois le message compris, l’invité remerciait D. de tout son cœur.

De même qu'il les nourrissait matériellement, il les nourrissait spirituellement.

-> b'h, les paroles du rav Israël Salanter illustrent bien cela : https://todahm.com/2013/12/01/657

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+ "Il implanta une auberge à Beer Chéva"

-> Selon nos Sages, le terme : auberge, qui se dit "éshel" (אשל), est l'acrostiche de : "a'hila" (la nourriture), "chetiya" (la boisson), et de "lina" (le coucher).
Cela comporte une allusion à nos 3 Patriarches.

1°/ la nourriture = c'est la charité d'Avraham, qui nourrissait tous ceux qui passaient par chez lui, et de cette façon propageait la foi dans le Créateur du monde.

2°/ la boisson = c'est une allusion à Its'hak, qui a creusé des puits.
Or, le fait de creuser renvoie au service Divin.

3°/ le coucher = c'est Yaakov, qui ne dormait jamais, c'est pourquoi il n'est pas mort (guémara Taanit 5b).
La 1ere fois où il a dormi (midrach Béréchit rabba 68,11) était lorsqu'il a rencontré "l'endroit" où il a placé une pierre sous sa tête (Béréchit 28,11), et ensuite (Béréchit 29,1).

C'est ce que nous disons dans la prière : "Le D. d'Avraham, le D. d'Its'hak et le D. de Yaakov", parce que les Patriarches ont tracé la voie qui permet de servir Hachem, ainsi qu'il est écrit : "Le monde repose sur 3 choses : la Torah, sur le service de D. et sur la générosité" (Pirké Avot 1,2).
Ce sont en réalité les 3 choses que nous trouvons chez les 3 Patriarches :
-> la Torah, c'est Yaakov.
On peut citer le guémara (Yoma 28b) : Yaakov a étudié la Torah durant toute sa vie.
Ainsi que le midrach (rabba Vayichla’h) : "Personne n’a autant peiné dans la Torah comme il a pu le faire.
Après avoir étudié (sans interruption, même pour dormir!) dans le bét midrach de Chèm, il est immédiatement parti pour celui de Eivèr, puis pour celui de Avraham."

-> Il est écrit à propos d'Avraham : "il planta un éshel = il a implanté ces qualités dans toutes les générations, pour que les juifs en apprennent la façon de servir Hachem comme il convient.
D'Avraham nous avons appris la générosité.

-> La qualité d'Its'hak est le service de Hachem, qui doit se faire dans la joie.
[la joie de l'amour de D., et ainsi que la crainte de devant qui nous nous tenons constamment!]

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-> Le mot "éshel" (אשל) se compose des mêmes lettres que : "cha'al" (שאל), qui signifie : "demander" ou "interroger".
En effet, Avraham demandait à chaque visiteur ce qu'il souhaitait manger, et le lui apportait.

Un "éshel" est en réalité un arbre.
L'hospitalité est comparable à un arbre fruitier. Quiconque est hospitalier aura de bons enfants.
Cela est d'autant plus vrai lorsque l'invité est un érudit. Permettre à un tel homme d'utiliser nos biens est pareil à une offrande apportée devant D.

Rabbi Yossi (guémara Béra'hot 63) commenta le verset : "Tu n'auras pas en abomination l'égyptien car tu as été étranger en son pays" (Dévarim 23,8).
On en tire la conclusion suivante : si les égyptiens méritent notre respect, alors qu'ils n'ont accueilli Israël que dans leur propre intérêt, celui qui offre l'hospitalité à un érudit, a droit à encore plus de considération.
[...]

Le précepte de l'hospitalité ne concerne pas seulement les pauvres ... un individu qui se trouve dans un lieu étranger, ne connaissant personne, est considéré comme un pauvre ...
On veillera à lui donner un lit confortable, car ceci est aussi important que de mets délicats, car souvent un voyageur est épuisé par la route.

[de nos jours ont doit également être à l'écoute de la pauvreté émotionnelle/psychologique d'autrui (ex: besoin d'être valorisé, d'être écouté, ...).
Un sourire, un compliment, ... (qui sont gratuits) peuvent faire revivre une personne plus que tout l'or du monde!]
[...]

Nos Sages relatent qu'Avraham demanda à Chèm, le fils de Noa'h, grâce à quel mérite ils avaient échappé au Déluge en séjournant dans l'Arche.
Chèm répondit : "Par la charité que nous avions accomplie".
Avraham demanda : Se trouvait-il des pauvres autour de vous? Je pensais qu'hormis vous, l'humanité toute entière avait été tuée.
Chèm répondit : C'est la vérité, mais nous restions éveillés toutes les nuits, nourrissant chaque animal selon ses besoins.
A la suite de cette conversation, Avraham commença à offrir l'hospitalité aux voyageurs.

[Certains disent que le mot "éshel" signifie : verger.] Avraham planta un verger, composé de toutes sortes d'arbres fruitiers, dans lequel il érigea une maison d'accueil destinée aux voyageurs.
Les fruits avaient un goût si délicieux, qu'ils voulaient bénir Avraham, qui leur disait de louer le maître de tout. Il leur enseignait alors les actions de grâces dites après le repas.
S'ils refusaient de louer Hachem, alors Avraham ne leur donner pas la nourriture gratuitement, mais la leur facturait à un prix exorbitant. S'ils se plaignaient, il leur rappelait que la nourriture est rare dans le désert, et qu'elle y vaut 10 fois plus.

[d'après le Méam Loez Vayéra 21,33-34]

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b'h, Par exemple, également sur le thème de l'hospitalité :
-> https://todahm.com/2017/12/11/lhospitalite-2
-> https://todahm.com/2013/12/01/lhospitalite

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"Avraham planta un bosquet d'arbres (éshel) à Béer Chéva" (Vayéra 21,33).
Rech Lakich déduit de ce verset qu'Avraham fit un verger où il planta toutes sortes d'arbres aux fruits délicieux.
Rabbi Yéhouda et rabbi Né'hémia sont en désaccord sur le sens du mot "éshel" : l'un dit qu'il s'agit d'un verger (pour y récolter les fruits à servir à ses hôtes) et l'autre dit qu'il s'agit d'une auberge (pour y accueillir ses hôtes).
[...]
Après que ses hôtes aient mangé et bu, et se levaient pour bénir Avraham, ce dernier leur disait : "Avez-vous mangé de ce qui m'appartient? Non, vous vous êtes nourris de la nourriture qui appartient au D. de l'Univers!"
Alors ils remerciaient, louaient et bénissaient Celui (Hachem) qui n'a eu qu'à dire : "Que le monde soit" et le monde fut.
[guémara Sota 10a-b]

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-> Le mot "éshel" ne représente pas le nom d'un arbre, mais d'un ensemble de nombreux arbres (fruitiers) ou bosquet.
Les fruits de ce verger (pardess) étaient mis à la disposition des nombreux invités d'Avraham.
[Béer Maïm 'Haïm]

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 54,8), le mot : "éshel" (אשל) est formé des 3 lettres initiales : "a'hila" (la nourriture - אכילה), "chtiya" (la boisson - שתיה), et de "lina" (le coucher/l'abri - לינה).
Il y avait un grand arbre prodiguant de la nourriture, de la boisson au moyens de ses fruits, ainsi que de l'ombre et l'abri au moyen de ses nombreuses branches et de son riche feuillage. [cela reste transposable pour ceux traduisant "eshel" par auberge.]
Ainsi, à travers cette hospitalité, Avraham amenait ses hôtes de la gratitude envers l'homme à la gratitude envers Hachem.
[rav Chimchon Raphael Hirsch]

-> Le mot "éshel" (אשל) est l'acronyme de : "a'hila" (la nourriture - אכילה), "chtiya" (la boisson - שתיה), et de "lévaya" (accompagnement - לויה).
La mitsva de raccompagner ses invités, complète la mitsva d'hospitalité, comme le souligne le verset : "Avraham les accompagna afin de les reconduire" (Béréchit 18,16).
Par le mérite de cet accompagnement, le verset suivant (v.17) signale qu'Hachem apparut à Avraham pour lui révéler ce qui allait se passer à Sodome.
[midrach Téhilim 37,1]

On raconte qu'un homme, après avoir reçu un invité, a vu sa maison brûler partiellement.
Le Gaon de Vilna fut consulté pour comprendre pourquoi la mitsva d'hospitalité de cet homme ne l'a pas protégé de ce feu?
Il répondit : c'est parce qu'il avait l'habitude d'accomplir la mitsva de donner à manger et à boire seulement, mais il ne pratiquait pas la mitsva de raccompagner ses invités (sur au moins 2 mètres [4 amot]).
D'ailleurs, si on retire dans le אשל la lettre ל qui symbolise l'accompagnement, il reste le mot : éch (le feu - אש).

-> En plantant son lieu d'hospitalité nomme : "éshel" (אשל), mot formé des initiales de : manger (a'hila - אכילה), boire (chtiya - שתיה) et raccompagner (lévaya - לויה), l'intention de Avraham était de réparer (faire le tikoun) les fautes des anciens, à savoir la nourriture consommée par Adam, le vin bu par Noa'h et l'hospitalité des habitants de Sodome.
[Gaon de Vilna]

-> Le mot "éshel" (אשל) est constitué des mêmes lettres que le mot : "chaal" (questionner - שאל).
Il y a ici une allusion au fait qu'Avraham interrogeait chacun de ses invités : que désirez-vous, des figues, des raisins, des grenades? Et il leur donnait selon leur choix.
[midrach rabba]

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=> Pourquoi Béer Shéva comme lieu d'hospitalité?

-> C'est à Béer Chéva qu'Avraham avait creusé un puits, et un miracle se produisit, car les eaux de ce puits allèrent à sa rencontre.
C'est pourquoi, afin de publier ce miracle, il planta à cet endroit un grand arbre, arrosé par les eaux de ce puits, qui produisit de beaux fruits et de l'ombre.
De plus, Avraham a choisi ce lieu pour son éshel, car là où s'est produit un miracle une fois, la probabilité de bénéficier d'autres miracles à cet endroit est grande.
[Tiféret Tsion]

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=> Les 2 sens du mot éshel (cf. guémara) : verger ou auberge, sont-ils contradictoires?

-> Il est possible qu'Avraham ait installé un verger (pardess) pour que ses hôtes puissent s'y promener , jouir des fruits et de l'ombre, pendant la saison chaude.
Il aurait aussi installé une auberge pour y loger ses hôtes pendant la saison froide.
Ainsi, les avis de rabbi Yéhouda et rabbi Né'hémia ne seraient pas contradictoires, mais complémentaires.
[Iyoun Yaakov]

[Dans les 2 sens du mot éshel, la nourriture matérielle n'était qu'un prétexte à la nourriture spirituelle, permettant à Avraham d'attacher les gens à Hachem]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Le mot "échel", avec ses 2 sens : pardess (verger) et poundak (auberge), désigne en réalité les 2 composantes d'une maison d'étude.
[d'ailleurs les 3 lettres du mot אשל sont les initiales des 3 mots de l'expression : "assifa chel lamdanim" (réunion d'étudiants de Torah - אסיפה של למדנים), donc אשל désigne un lieu d'étude.]
En effet :
- le verger symbolise la maison d'étude dans lequel les disciples d'Avraham étudiaient la Torah, car de même que dans un verger, les divers arbres sont disposés en rangées, les disciples sont disposés en rangées dans la maison d'étude.
- l'auberge désigne le lieu où les étudiants de Torah prennent leurs repas et y dorment.

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-> Avraham désirait nourrir ses hôtes de façon qu'ils récitent le birkat hamazone pour bénir Hachem :
- le maître qui traduit "échel" par auberge, où le repas est servi avec du pain, pense que le birkat hamazone ne se récite que si on a mangé du pain, d'après la Torah.
- mais le maître qui traduit "échel" par verger, où se trouvent uniquement des fruits, pense que la bénédiction sur les fruits d'Israël (raisins, figues , grenade), est également de la Torah (déOraïta).
[Ein Eilyahou]

-> Le verger symbolise les fruits délicieux qui procurent un plaisir délicat, réservés habituellement aux gens riches.
Par contre, l'auberge symbolise un abri nécessaire, réservé même aux gens simples et peu fortunés.
Ainsi, rabbi Yéhouda et rabbi Né'hémia s'opposaient pour savoir si Avraham avait commencé son oeuvre de rapprocher les idolâtres par les gens riches et importants (verger) ou bien par les gens simples qui avaient peu de moyens financiers et qu'il nourrissait et logeait (auberge).
[Oréa'h Yécharim]

-> Le Maharal (Gour Arié) enseigne :
Avraham peut être comparé soit au verger soit à l'auberge :
- de même qu'un verger est composé d'arbres, dont on tire profit des fruits, Avraham est le premier "arbre fruitier" planté par Hachem après 2 millénaires d'obscurité spirituelle, et chacun tirait profit de ses fruits (sa sagesse, son 'hessed, ...).
- de même qu'une auberge est un lieu de réunion et d'accueil des voyageurs, Avraham réunissait les gens et leur prodiguait leurs besoins (parnassa) ; c'est pourquoi il est désigné : le père d'une multitude (av hamone).

Ainsi, rabbi Yéhouda et rabbi Né'hémia s'opposaient sur l'origine de la bénédiction qu'Avraham a amenée dans le monde : est-ce parce qu'Avraham est le premier "arbre fruitier" qu'Hachem a planté, ou bien est-ce parce qu'Avraham était le père d'une multitude, en réunissant et en unifiant une multitude de personnes?

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=> Comment Avraham pouvait-il obliger ses hôtes à bénir Hachem?

-> Selon le midrach, les hôtes d'Avraham, après s'être restaurés, refusaient de louer Hachem et de Lui adresser une bénédiction.
Avraham exigeait alors d'eux de payer leur nourriture et leur boisson à un prix élevé, car dans le désert l'approvisionnement est plus difficile, donc plus coûteux. Ils préféraient alors ne rien payer et réciter une bénédiction "forcée" adressée à Hachem.
[Tossefot Santz]

-> Comment Avraham pouvait-il se contenter d'une bénédiction forcée et non sincère de ses hôtes, motivée uniquement par un intérêt financier?
Avraham était persuadé qu'à la fin, ses hôtes en arriveraient à une véritable reconnaissance d'Hachem, selon le principe : une attitude intéressé (répétitive) finira tôt ou tard par se transformer en une attitude désintéressée (mito'h chélo lichma ba lichma).
[Torat haKinéot]

-> Avraham était prêt à renoncer à des sommes importantes, afin que ses hôtes bénissent Hachem, dans le but de sanctifier D. (kiddouch Hachem).
La plupart de ses hôtes, impressionnés par l'attitude désintéressée d'Avraham, non seulement bénissaient Hachem avec cœur, mais de plus désiraient se convertir.
[Zaït Raanan]

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=> "Alors ils remerciaient, louaient et bénissaient (Hachem)".
Quelles allusions contient le message adressé par Avraham à ses hôtes?

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Avraham leur disait : "michél El a'haltem" (c'est la nourriture qui appartient à Hachem que vous avez mangé - משל אל אכלתם).
Cela est en allusion dans le mot אשל (éshel) où on retrouve les 2 mots : של (chel) et אל (El), en associant la dernière lettre ל du mot אשל respectivement à la lettre voisine ש et à la première lettre א.

De plus, Avraham proposait à ses hôtes : "Remerciez (hodou) et bénissez (baré'hou)", c'est-à-dire seulement par des paroles, sans qu'aucune action ne vous soit demandée, car louer Hachem par des paroles prend toute son importance envers Celui qui a réé ce monde uniquement par Sa parole.

Pourquoi Avraham a-t-il demandé à ses hôtes 3 choses : remerciez, louez et bénissez?
C'est pour faire allusion au birkat hamazone complet composé de 3 bénédictions : celle de la nourriture (birkat hazane), celle du pays (birkat aarets) et celle de la ville de Jérusalem.
[ce n'est que bien plus tard que les sages de Yavné instaurèrent dans le birkat hamzone la 4e bénédictions de "hatov véhamétiv" après que les morts de Bétar aient été enterrés dignement, après avoir jonché les rues de la ville très longtemps, sans sépulture et sans s'être décomposés par miracle.
Ainsi, jusque-là, le birkat hamazone complet était constitué de 3 bénédictions seulement.]

Enfin, le nom d'Avraham (אברהם) fait allusion à l'ordre formulé à ses hôtes, puisque les lettres qui composent son nom sont les initiales des mots de son instruction : "amar baré'hou ra'houm hazan michélo" (Il leur disait : "Bénissez le Miséricordieux à qui la nourriture appartient!" - אמר ברכו רחום הזן משלו).

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-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome.4,p.291) écrit :
Au début de la paracha (Lé'h Lé'ha 12,2), Hachem avait dit à Avram : "véhéyé bérakha" (deviens source de bénédiction!), c'est-à-dire que toute relation d'Avram avec les autres était utile pour ces derniers, et leur apportait une bénédiction, notamment sur le plan spirituel.
La bénédiction envers Hachem, réclamée par Avraham à ses hôtes, après les avoir nourris, appelée : "birkat Avraham", avait le pouvoir d'élever le niveau de libre-arbitre de ses hôtes.
Quiconque s'approchait d'Avraham et le respectait, s'élevait et était digne de recevoir une bénédiction sur les 2 plans : matériel et spirituel, selon la promesse Divine énoncée : "Je bénirai ceux qui te béniront (t'encourageront et te respecteront)" (Béréchit 12,3).