Aux délices de la Torah

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"Et lorsque celui qui a l'écoulement verra cesser son écoulement, il comptera lui-même 7 jours ...
Le Cohen obtiendra pour lui la réparation devant Hachem, de son écoulement." (Métsora 15,13-15)

-> La paracha Métsora se termine en détaillant les étapes nécessaires pour un zaz (celui qui est affligé d'un écoulement de matière séminale ["zaz" : masculin, et "zaza" : féminin, avec tout ce qui est lié aux lois de pureté familiale]).

Ces 3 versets disent :
- 1er étape = verset 13 : "lorsque celui qui a l'écoulement verra cesser son écoulement, il comptera pour lui-même 7 jours à partir de cette interruption, puis il lavera ses vêtements et immergera sa chair dans l'eau vive, et il deviendra pur."
- 2e étape = verset 14 : "le 8e jour, il prendra pour lui-même 2 tourterelles ou 2 jeunes colombes et il viendra devant Hachem ..."
- 3e étape = verset 15 : "Les Cohen les fera, l'un comme offrande de faute et l'autre comme offrande d'élévation, et le Cohen obtiendra pour lui la réparation devant Hachem, de son écoulement ".

-> Rabbi Guershon Henoch de Radzin fait remarquer qu'il y a des similitudes entre ces 3 versets et le processus de purification des juifs lorsqu'ils sont sortis d'Egypte.

Il y a 49 mots dans ces versets, en correspondance avec les 49 jours entre la sortie d'Egypte et le don de la Torah à Shavouot, durant lesquels les juifs sont passés du 49e niveau d'impureté au 49e niveau de pureté, se purifiant totalement jour après jour.
A l'image du zaz, chaque année pendant la période du Omer (49 jours entre la fin de Yom Tov de Pessa'h et Shavouot), nous travaillons à élever notre niveau spirituel.

Par ailleurs, on peut remarquer que :
- le 33e mots de ces 3 versets est : "moéd", qui renvoie à Lag baOmer (le 33e jour du Omer), qui est un jour de moéd (fête) pour les juifs.

- le 29e mot est : "Hachem", en allusion au fait que le 29e jour du Omer est celui de Pessa'h Chéni, et selon le Zohar en ce jour Hachem ouvre les Portes du Ciel.

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-> Le Zav est un homme qui a eu des écoulements anormaux. Les 3 versets (Métsora 15,13-14-15) qui décrivent sa purification, contiennent en tout 49 mots, allusion aux 49 jours du Omer, qui s'étendent de Pessa'h à Shavouot. Ainsi, la Torah fait allusion que cette période du Omer est également une période de purification et de progression spirituelle, à l'image du Zav qui doit se purifier.
La Torah dit ici que la purification du Zav dure 7 jours, allusion aux 7 semaines de purification du Omer. Et si c'est l'impureté des écoulements qui est la référence pour la période du Omer, c'est que cette période est propice pour se repentir et corriger les fautes commises par la Brit, telle que la faute d'entraîner des écoulements, D. préserve.
[Pardes Yossef]

"Le 8e jour, on circoncira la chair de son excroissance" (Tazria 12,3)

=> Pourquoi la circoncision est-elle tout particulièrement douloureuse le 3e jour?

En effet :

1°/ "Hachem apparut [à Avraham]" (Vayéra 18,1), Rachi commente : On était au 3e jour après la circoncision.
- "Tout homme qui se circoncit éprouve une grande douleur le 3e jour" (Pirké déRabbi Eliézer – chap.29) ;
- "Lorsqu’Avraham se circoncit, il éprouva le 3e jour une très grande douleur à sa plaie" (midrach Yalkout Chimoni – chap.82) ;

2°/ "Chékhem, fils de 'Hamor ... vit [Dina, fille de Léa], il la prit, cohabita avec elle et lui fit violence" (Vayicha'h 34,2)
Les fils de Yaakov ont réussi à faire que tous les hommes de la ville de Chékhem se circoncisent.
"Or, au 3e jour, comme ils étaient souffrants, 2 des fils de Yaakov, Chimon et Lévi, frères de Dina, prirent chacun son épée et marchèrent sur la ville en confiance, et tuèrent tous les mâles. Et 'Hamor et Chekhem son fils, ils [les passèrent au fil de l'épée. Ils prient Dina de la maison de Chékhem et sortirent." (Vayichla'h 34,25-26)]

Le Ibn Ezra de commenter : le 3e jour suivant la circoncision est le jour où la douleur est la plus forte.

[sachant qu'ils seraient très faibles en ce 3e jour, ils étaient confiants de pouvoir tous les tuer]

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-> La michna (Taanit 26a) rapporte que puisque toute la nation juive ne pouvait pas être présente à Jérusalem lorsque l'offrande journalière était apportée, les 1ers prophètes (Shmouel et David) ont institué une division des Cohanim en 24 gardes, entraînant que chaque Cohen servait pendant environ 1 semaine, et ce 2 fois par an.

De plus, pour chacune de ces gardes de Cohanim, il lui était associée une garde composée de Lévi'im et de Israël (juif autre que Cohen et Lévi), qui assistaient en tant que représentants du peuple lorsque le sacrifice quotidien de la nation juive était offert au Temple
Ces représentants de la nation (autre que Cohanim) s'appelaient : les anché maamad.

Ils devaient jeûner toute la semaine où ils étaient appelés à "exercer" à Jérusalem, à l'exception du vendredi, du Shabbath et du dimanche. [ce qui fait 4 jours : de lundi à jeudi].

La guémara (Taanit 27b) explique qu'ils ne jeûnaient pas le vendredi et le Shabbath, car cela aurait été un manque de respect pour le Shabbath, et également le dimanche car c'est le 3e jour qui a suivi la création de l'être humain (Adam ayant été créé le vendredi, veille de Shabbath).

=> Quel est le problème de jeûner 3 jours après notre création?

Rachi explique que ce 3e jour de la Création de l'homme n'est pas un jour propice à jeûner car c'est un jour faible de façon inhérente. Comme source à cette idée, Rachi cite l'épisode abordé précédemment avec Chimon et Lévi.

Selon le rav Yéhouda Wagschal, Rachi nous enseigne que la douleur ressentie le 3e jour suivant une circoncision (brit mila) ne provient pas d'un processus naturel de guérison, comme on serait tenté de le penser.
La réalité est qu'une circoncision est considérée comme une forme de création.

=> Ainsi, puisque l'humain qui est circoncis est considérée comme venant d'être créé, et puisque que le 3e jour suivant la création d'un homme est naturellement un jour faible, c'est pour cette raison que le 3e jour suivant une brit mila est le plus difficile.

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-> La guémara (Kiddouchin 38a) enseigne que Hachem complète les jours des tsadikim, d'un jour à jour, et d'un mois à mois, comme il est écrit : "Je comblerai le nombre de tes jours" (Michpatim 23,26)
Cela est compris traditionnellement comme signifiant que D. leur permet de vivre des années complètes, en les faisant mourir à la date à laquelle ils sont nés.

Cependant, à l'enterrement du rav 'Haïm de Volozhin, le rav David de Novardok a fait remarquer que rav 'Haïm est né le 2e jour de Shavouot (le 7 Sivan), et qu'il est mort le 14 Sivan.
=> Pourquoi un tel tsadik n'a-t-il pas "complété" ses années de vie?

Le rav de Novardok a répondu que le véritable anniversaire d'une personne n'est pas le jour où il sort du ventre de sa mère, mais plutôt celui de sa brit mila, moment où il naît spirituellement parlant.

Ainsi, bien que la source de l'enseignement de la guémara est Moché rabbénou, qui est né et mort le 7 Adar, cela s'explique car il est né déjà circoncis.

Le rav 'Haïm de Volozhin est mort une semaine après son anniversaire, et plus précisément le jour de sa brit mila.

=> Nous voyons de là que la brit mila n'est pas simplement une mitsva, mais comme l'écrit Rachi, c'est considéré comme une véritable création de l'être, c'est la date de naissance d'une personne.

"Le Cohen regardera et voici, il y a une séét blanche sur la peau et elle a rendu le poil blanc, ou bien il y a de la chair saine et vive dans la séét" (Tazria 13,10)

-> Rachi commente : un seul des 2 signes : le poil blanc ou la peau vive suffit à prouver que la plaie est une tsaraat.

-> Le Rambam (Michné Torah) déclare : "[En ce qui concerne le métsora], dans le cas où il y a un doute à savoir ce qui est apparu en premier : les cheveux blancs ou bien la tâche blanche sur la peau, la personne est déclarée impure."

-> La guémara (Baba métsia 86a) rapporte que selon la loi juive, si la tâche blanche (bakérét) apparaît avant le cheveu blanc (séet) alors la personne est impure, mais si c'est l'inverse, alors elle est pure.

Il y a eu un débat dans la yéchiva d'En-Haut, à savoir ce qu'il en était lorsque l'on avait un doute sur lequel de ces 2 signes est apparu en premier.
Hachem était d'avis que l'individu est pur, tandis que les autres membres de la yéchiva soutenaient : elle est impure.
Ils se sont mis d'accord pour que Rabba bar Na'hmani arbitre le débat (ce dernier encore vivant, avait déclaré qu'il dépassé tout le monde dans les lois de la lèpre).

Au moment où l'ange de la mort prenait son âme, Rabba bar Na'hmani a dit que la réponse est qu'il est pur.
Ceci a mis fin au débat de la Yéchiva d'En-Haut sur ce sujet.

=> Puisque cela est rapporté dans la guémara, comment le Rambam a pu émettre une opinion contraire, qui plus est contraire à un Sage qui se déclarait comme sans pareil dans ces lois de tsaraat?

Rabbénou Yossef Karo (Kessef Michné) répond : il y a une règle bien connue : "La Torah n'est pas au Ciel".
Cela signifie que la Torah a été écrite par Hachem, qu'Il l'a transmise aux juifs, et qu'à partir de ce moment Il leur a donné une maîtrise totale d'émettre les décisions finales de la loi juive (par nos rabbanim).
Ainsi quelque soit les décisions dans le beit din d'En-Haut, ce qui compte c'est les décisions dans le beit din d'en-bas.

La guémara (Baba métsia 59b) enseigne que Rabbi Eliezer apporta toutes les réponses du monde pour prouver son opinion mais malgré cela les rabbins refusèrent.

Il leur dit : "si j'ai raison que ce caroubier le prouve" et le caroubier se déplaça de 100 coudées (certains disent 400 cents).
Les rabbins lui dirent: "on n'apporte pas de preuve des caroubiers".

Il continua: "si j'ai raison que la rivière le prouve", et la rivière changea son cours. Ils lui dirent: "on n'apporte pas de preuve des rivières".

Il dit :"si j'ai raison que les murs de la maison d'étude le prouvent". Alors les murs commencèrent à s'affaisser.
Rabbi Yéhochoua gronda les murs : "Si les disciples de sages discutent de la halakha, en quoi cela vous regardent-ils?"
Les murs ne tombèrent pas en l'honneur de Rabbi Yéhochoua, mais ils ne se redressèrent pas en l'honneur de Rabbi Eliézer et ils sont toujours ainsi.

Il leur dit: "si j'ai raison que les cieux le prouvent". Alors une voix céleste proclama: "pourquoi vous opposez à Rabbi Eliézer, alors que la halakha suit toujours son opinion?"
Rabbi Yéhochoua se leva et dit: "Elle n'est plus dans les cieux".

Que signifie : "elle n'est plus dans les cieux"?
Rabbi Yirmiya répond: "du fait que la Torah a été donnée au Sinaï, on ne tient plus compte de la voix céleste puisqu'il est dit dans la Torah : "vous suivrez la majorité".

Rabbi Nathan rencontra le prophète Eliyahou, et lui demanda : "Que fit Dieu en entendant le propos?"
Eliyahiou haNavi de répondre: "Il riait en disant : Mes enfants m'ont vaincu, Mes enfants m'ont vaincu".

=> Rabbénou Yossef Karo conclut en disant que puisque les mots de Rabba bar Na'hmani ont été prononcés au moment où son âme le quittait, sa décision ne peut pas être considérée comme provenant de "ce monde", et c'est pourquoi le Rambam a totalement le droit d'émettre la décision contraire.

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-> Le 'Hatam Sofer dit également que personne n'était présent au moment de sa mort, personne d'autre n'a entendu la proclamation Divine demandant à Rabba bar Na'hmani de décider de la halakha dans cette dispute du Ciel.
Si les Sages ont eu connaissance de cet incident, c'est uniquement parce qu'il leur a été révélé du Ciel, et cela nous permet d'affirmer que : "la Torah n'est pas au Ciel".

"Il [Moché] dit à Aharon : Prends pour toi un veau adulte comme offrande de faute et un bélier comme offrande d'élévation, sans défaut, et offre[-les] devant Hachem.
Et aux enfants d'Israël parle en disant : Prenez un bouc comme offrande de faute, ainsi qu'un veau et un mouton dans leur 1ere année, sans défaut, comme offrande d'élévation" (Chémini 9,2-3)

-> Le Torat Cohanim et le Targoum Yonathan enseignent qu'avant l'inauguration du Michkan, Aharon et le restant des juifs ont demandé à être pardonnés pour leur faute du "début" et leur faute de la "fin".

Celle du "début" = c'est la faute des frères qui ont trempé la tunique de Yossef dans le sang d'un bouc (cf. Vayéchèv 37,31) => le bouc apportait par le peuple venait en expiation.

Celle de la "fin" = c'est la faute du Veau d'or, que les juifs ont crée avec l'aide de Aharon => le veau venant en expiation.

=> Pourquoi demander l'expiation de ces 2 fautes en même temps, le jour de l'inauguration du Michkan?

-> Rabbi Its'hak Danzig (le Maharid) rapporte un midrach selon lequel les frères ont vendu Yossef parce qu’ils ont vu par inspiration Divine, que Yossef allait avoir comme descendant, plusieurs siècles plus tard, un homme du nom de Yéroboam Ben Névat, qui allait instaurer un culte idolâtre et qui allait entraîner beaucoup de juifs dans l’idolâtrie.
[ce roi racha a détourné Israël du service de D., au point que les 18 rois qui lui succédèrent ont tous pratiqué l’idolâtrie en entraînant l’ensemble du peuple à les suivre]

Les frères de Yossef souhaitaient empêcher tout cela en faisant disparaître Yossef, et c'est pour cela qu’ils l’ont vendu.

Ainsi, jusqu’à la faute du Veau d’or, les tribus avaient une sorte d’excuse pour la faute de la vente de Yossef.
Mais quand le peuple fit le Veau d’or et se voua à l’idolâtrie, ils montrèrent par là que eux aussi pouvaient s’adonner à un culte idolâtre. Par cela, toute leur excuse pour avoir vendu Yossef s’effondra, car les tribus aussi allaient avoir des descendants qui firent l’idolâtrie du Veau d’or et Yossef n’était pas le seul.

=> C'est pourquoi au moment où le peuple apporta une expiation pour la faute du Veau d’or, il devait aussi apporter une expiation pour la vente de Yossef, car la faute du Veau d’or réveilla et réactualisa la faute de la vente de Yossef.

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-> Le Messé'h 'Hochma propose une autre explication.

Le Torah évoque que les tribus haïrent Yossef car il rapportait à leur père tous les mauvais comportements qu’il voyait chez eux (cf. Vayéchev 37,2). Ainsi, leur raison était qu’il aurait dû les réprimander directement et non par le biais de leur père.

Mais, lors de la faute du Veau d’or, les enfants d’Israël tuèrent 'Hour, le fils de Myriam, pour les avoir réprimandé. Ils montrèrent par là qu’ils ne sont pas capables d’accepter les réprimandes directement.
Par cela, toute la raison que les tribus invoquèrent pour avoir vendu Yossef s’annula, car Yossef a bien fait de craindre de les réprimander en face à face. Il préféra donc, à juste titre, passer par l’intermédiaire de son père.

=> C'est pourquoi, la faute du Veau d’or réactiva la faute de la vente de Yossef? et à présent que l’on expie la faute du veau d’or, il fallait donc aussi se racheter pour la vente de Yossef.

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-> Le Kli Yakar explique que c’est la faute de la vente de Yossef qui généra la faute du Veau d’or.

Il est écrit :"Ses frères furent jaloux de lui (de Yossef)" (Vayéchev 37,11). C'est cette jalousie qui a entraîné la vente de Yossef.
Suite à cette faute de jalousie, ce défaut s’enracina dans le cœur des juifs pour les générations futures, et c’est cette jalousie latente qui s’éveilla pour entraîner la faute du veau d’or.

En effet, beaucoup d’entre le peuple jalousait Moché, à l’instar de Kora’h et son assemblée, un peu plus tard.

Puisque dans cette génération Moché avait des jaloux, lorsque le peuple dit : "Cet homme Moché, nous ne savons pas ce qu’il est devenu de lui" (Ki Tissa 32,1), ils souhaitaient par cela se libérer de l’autorité de Moché pour "élire" ce Veau d’or à sa place
(en se faisant son propre dieu, on en vient à respecter ses propres commandements, et donc à se servir soi-même! [pourquoi c'est lui le responsable, et pas moi!]).

=> C’est donc bien la faute de la vente de Yossef qui, à travers la jalousie qu’elle imprégna dans le cœurs des juifs, provoqua la faute du veau d’or.

Le Kli Yakar poursuit son raisonnement et explique pourquoi Aharon ne devait pas, lui aussi, offrir un bouc, pour se racheter de la part de son ancêtre, Lévi, qui avait lui aussi participé à cette faute de la vente de son frère.

En effet, Aharon est caractérisé comme l’homme de la paix, comme le dit Hillel : "Sois parmi les disciples d’Aharon, en aimant la paix et en poursuivant la paix, en aimant les créatures et en les approchant à la Torah" (Pirké Avot 1,12).

Aharon a travaillé pour éradiquer la jalousie et la haine de son cœur, et pour n’y faire régner que l’amour de la paix et des hommes.
Il n’avait donc pas besoin d’offrir un bouc pour expier sa part dans la vente de Yossef, puisqu’il s’était déjà amendé pleinement de cette faute, par son travail personnel de renforcement de la paix et de l’amour des autres.

=> Puisqu'il ne lui restait plus aucune trace de ce défaut de la jalousie (racine de la vente de Yossef), il n’avait donc plus aucune raison de l’expier par l’offrande d’un bouc.

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+ Pourquoi la Torah demande-elle précisément un bouc et un veau pour expier ces fautes?

-> On a pu voir que le bouc renvoyait au bouc qui a été tué pour mettre du sang sur la tunique de Yossef, et que le veau faisait allusion au Veau d'or.

-> Rabbi Its'hak Soloveitchik apporte une autre explication.
En demandant à Aharon de lui construire un "dieu" pour remplacer Moché, le peuple avait prouvé sa trop grande dépendance vis-à-vis de son guide. Ils pensaient qu'ils ne pourraient pas subsister sans Moché ou autre chose qui prendrait sa place.

=> C'est donc un veau, un animal docilement attaché à sa mère, qui devait être apporté en sacrifice.

En revanche, en vendant Yossef, ses frères avaient fait preuve d'un esprit de rébellion et avaient refusé de s'incliner devant le choix de Yaakov qui destinait Yossef à être le chef de famille.
Ils s'étaient conduits comme un effronté, et c'est donc cet animal qu'il fallait apporter pour obtenir le pardon.

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+ "Comme offrande d'élévation (léola)" (Chémini 9,2 (pour Aharon) et aussi v.9,3 (pour le restant du peuple))

-> Un sacrifice d'élévation (korban ola) est un moyen pour élever [spirituellement] quelqu'un, comme tout autre sacrifice.

Nous apprenons de là que si une personne souhaite véritablement s'élever et se rapprocher de D. alors "offre[-les] devant Hachem" = on doit sacrifier sa propre volonté, comme nos Sages disent : "Accomplis Sa volonté comme si elle était la tienne, de sorte qu’Il accomplisse ta volonté comme si elle était la Sienne. Efface ta volonté devant la Sienne" [Pirké Avot 2,4 - Rabban Gamliel]
[Maguid de Mézéritch]

=> De nos jours où il n'y a plus le Temple/Michkan, chaque fois que nous sacrifions notre volonté pour respecter celle de Hachem, c'est comme si l'on avait apporté un korban qui nous permet de nous élever spirituellement vers D.
On ne perd pas à renoncer à notre volonté, puisqu'on y gagne une proximité, un attachement accru avec Hachem.

"Ce fut au 8e jour" (vayéhi bayom achémini - Chémini 9,1)

Il est intéressant de constater que ce 8e jour, où fût inauguré le Michkan, possède un mélange :

-> de souffrance. La guémara (méguila 10b) dit : "Nous savons par tradition que partout où il est écrit "vayéhi" (Et ce fut), c’est toujours l’expression d’une douleur".

-> de joie : "Le jour de l'inauguration du Michkan était aussi joyeux pour Hachem que le jour où Il a créé la terre et le Ciel."
[guémara Méguila 10b]
D'ailleurs, la Torah utilise la même terminologie : "Et ce fut le soir et ce fut le matin".
Dans les 2 cas, le verset commence par : "Et ce fut" (vayéhi - ויהי)

De même, au sujet de la joie le Apiryon écrit :
"Nos Sages (Yalkout Chimoni Chémini 98) enseignent que la joie de D. dans les sphères supérieures au moment de l’inauguration du Michkan fut égale à celle régnant lorsque le ciel et la terre furent créés.
Comment en comprendre la raison ?
En fait, quand Hachem créa le monde, Sa Présence emplit la création. Mais alors, l'homme commit la faute, et suite à cela, la Présence Divine se retira. Puis, les générations suivantes aussi fautèrent et repoussèrent la Présence Divine. De la sorte, Hachem n'avait plus où résider dans ce monde.
Cette situation continua jusqu'à la venue de Moché qui inaugura le Michkan. Alors, la Présence Divine reposa dans le Michkan, et par cela, dans le monde, comme ce fut le cas lors de la création du monde.
Ainsi, ce fut la première fois où on revint à la même situation qu'à la création. La joie fut donc semblable à celle de la création du monde.

=> Comment comprendre qu'il y avait 2 sentiments opposés?

1°/ Car 2 enfants de Aharon, Nadav et Avihou, sont morts en ce jour, entraînant de la douleur chez tous les juifs qui ne comprenaient pas pourquoi un jour aussi joyeux devait comporter une si grande perte.

Selon le rav David Hoffman, cela illustre le fait que nous ne comprenons pas pourquoi Hachem agit ainsi, mais néanmoins nous devons croire d'un cœur rempli de émouna qu'il y a une raison derrière chaque chose, et que Hachem fait tout pour le bien.
[c'est la particularité de ce monde où un événement peut sembler bon ou mauvais, mais dans le monde de Vérité, nous prendrons conscience que ce n'était que bonté!
C'est également cette force du yétser ara : le doute (mélange de : Hachem est bon/miséricordieux (inauguration du Michkan, lieu de résidence de la Chékhina) et Il est également cruel/très rigoureux avec nous (mort des tsadikim Nadav et Avihou : comment des personnes aussi élevées sont mortes en voulant faire Sa volonté, à cause de détails!)]

[Rachi (10,3) : Lorsque D. applique la stricte justice même aux tsadikim, on Le craint et on Le vénère, car on dit : si tel est le sort réservé aux tsadikim, à plus forte raison le sort réservé aux réchaïm doit-il être sévère.]

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2°/ Après que les juifs aient fauté avec le Veau d'or, ils ont recherché des signes de pardon de Hachem. Ils ont donné de tout leur cœur au Michkan, et l'ont construit avec un dévouement exemplaire.
Moché les a informé qu'un signe apparaîtra du Ciel symbolisant l'acceptation par Hachem de leur téchouva.

Pendant 7 jours de suite, Moché a construit le Michkan, y a fait le service Divin, avec l'ensemble du peuple qui venait y assister, et rien ne s'est passé.
Le 8e jour (chémini) les juifs étaient déçus, à l'exception de Moché qui était plein de confiance comme au 1er jour.

[ => Vayéhi = mélange de joie liée à l'inauguration, et également de douleur, car pour le moment D. n'avait pas encore manifesté qu'Il leur pardonnait leur faute!]

Le Messekh 'Hokhma écrit que Moché était à un niveau supérieur aux autres, et bien qu'il n'a pas vu de signe de progrès, il est resté quand même totalement confiant dans le fait que Hachem ne les laisserait pas tomber, et c'est par le mérite de sa confiance, que Moché a amené le feu du Ciel.

[v.9,24 : le feu est descendu comme un pilier du ciel vers la terre - Sifra.
Le chiffre 7 représente les 7 jours de la semaine (la naturalité de ce monde), et le 8 correspond à ce qui est au-delà. C'est cette persévérance et cette émouna surnaturelle de Moché qui a permis de créer le miracle!]

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3°/ Rabbi Binyamin Adler enseigne qu'en suspendant au 8e jour l'arrivée du feu comme signe de pardon, Hachem voulait montrer que les sacrifices (de nos jours = c'est la prière) ne sont pas une formule magique, D. désire notre cœur, et sans une connexion sincère nous ne pouvons pas pleinement susciter Son amour.

=> Hachem attend impatiemment de pouvoir nous combler de bénédictions abondantes, mais cela dépendant du cumul : action + intention.

[Ainsi, en ce 8e jour, il y avait un mélange de joie de pouvoir inaugurer le Michkan, mais également de la douleur, allusion au fait de briser totalement son cœur vers D.
Le peuple voulait tellement être pardonné pour le Veau d'or, qu'ils ont vidé toutes leurs forces à papa Hachem. Or, il est écrit : "D. est proche de tous ceux qui L’appellent, de tous ceux qui L’appellent avec sincérité" (Téhilim 145,18).

=> De même, nous devons faire attention à ce que nos prières ne soient pas routinières, un simple mouvement de nos lèvres, car sinon elles produisent beaucoup moins de résultats!]

[pendant nos prières, on doit injecter toutes nos souffrances, en vidant notre cœur à papa Hachem. Il s'y mêle la joie de s'adresser à l'Unique, à notre papa Hachem qui peut tout et qui nous aime tellement! ]

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4°/ Le Sforno enseigne qu'avant la faute du Veau d'or, chacun des juifs étaient digne de la Présence Divine.

[Par exemple, au sein des familles, chaque aîné aurait joué le rôle du Cohen, et suite au Veau d'or ce sont les Cohanim qui ont rempli ce rôle pour tous! ]

Cette faute ayant entraînée une chute désastreuse du peuple, la construction du Mickan devint nécessaire pour servir de résidence à la Présence Divine.

=> Rabbi Israël de Rozhin explique que le regret d'avoir perdu la possibilité d'une sainteté encore plus grande se mêlait à la joie de l'inauguration du Michkan.

Il explique que le but essentiel du Michkan comporte une trace de malheur, car au début Hachem avait envisagé que Son saint Michkan soit dans le cœur de chaque juif, ainsi qu’il est écrit : "ils Me feront un Michkan et Je reposerai en eux".
Le cœur juif devait être un réceptacle pour la Présence Divine, et alors il n’y aurait pas eu besoin de construire le Michkan. Mais comme les bnei Israël ont commis la faute du Veau d’Or, il s’est avéré nécessaire de réduire la Présence Divine entre les murs du Michkan.

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5°/ Vayéhi est un langage de douleur, Moché était peiné de ne pas être le Cohen Gadol (il l'a été jusqu'au 8e jour, où Aharon et ses descendants ont été nommés à ce poste : cf.v.9,1).

Puisque les juifs était des baalé téchouva (faute du Veau d'or), ils avaient besoin d'un baalé téchouva pour accomplir le Service Divin à leur place : Aharon haCohen.
[Sfat Emet]

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6°/ Aharon était si humble et modeste que le fait d'être nommé Cohen Gadol était douloureux pour lui (d'où l'utilisation du Vayéhi).
En réalité, il est plus facile pour un tsadik d'être jeté dans une fournaise ardente, que de devenir renommé comme un des grands tsadikim du peuple d'Israël!

[Rabbi Ouri de Strelisk (le Saraf)]

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7°/ La paracha Chémini (le 8e) aborde ce qui s'est passé le 8e et dernier jour de la période d'inauguration du Michkan, c'était alors Roch 'Hodech Nissan.

Rachi rapporte que pendant chacun des 7 jours précédents, Moché construisait le Michkan, y exécutait à lui seul tout le service, puis démontait le Michkan.
A partir du 8e jour, seul les Cohanim (Aharon et ses enfants) pouvaient exécuter ce service, et c'est en ce jour que le Michkan va être édifié de façon définitive.

=> Quel était la nécessité pour Moché d'édifier, puis de démonter le Michkan à chacun des 7 jours?

Selon rabbi Barou'h Simon, cela nous enseigne la force de la téchouva.
Le midrach (Béréchit rabba 3,7) nous rapporte qu'avant de créer ce monde, Hachem a créé des mondes et les a détruit.

D. étant parfait, pourquoi devait-Il agir ainsi?
Le Noam Elimélé'h répond que c'est parce qu'Hachem voulait intégrer dans la Création le concept de regret, de tout recommencer à zéro, qui est la base de la téchouva.

D'ailleurs, selon la guémara (Pessa'him 54a), la téchouva est l'une des 7 choses qui a été créée avant même la Création de ce monde (au même titre que la Torah!).

=> Même si Hachem ne fait pas d'erreur, Il a quand même agit comme s'Il regrettait Ses actions, voulant recommencer à nouveau, et cela uniquement pour nous apprendre de ne jamais désespérer puisque nous avons la téchouva.

=> Moché a agit de la même façon pour montrer aux yeux de tous que si l'on veut mériter de voir Hachem résider parmi nous, nous devons saisir l'importance de la téchouva.
Cette capacité d'effacer le négatif, pour encore mieux générer du positif.

[on peut imaginer que le terme "vayéhi" renvoyant à une notion de douleur, fait allusion au peuple qui ayant vu pendant 7 jours Moché leur expliquer ce concept, commencer à faire une téchouva très profonde en eux-mêmes, dans la douleur d'avouer leurs fautes à Hachem.
Suite à cela (le 8e jour), la Présence Divine est venue résider dans le Michkan, et en chacun des juifs, ce qui génère la plus grande des joies!]

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-> "Ce fut le 8e jour, Moché appela Aharon, ses enfants et tous les anciens d'Israël" (Chémini 9,1)

=> Pourquoi Moché a-t-il dû les appeler [précisément ce 8e jour] alors que les 7 jours précédents, ils se présentèrent d'eux-mêmes devant Moché?

La guémara explique que le terme "ce fut" (Vayehi), qui introduit ce verset, évoque un malheur et fait ici allusion au fait que ce jour connaîtra le drame de la mort de Nadav et Avihou, deux des enfants d'Aharon.
Et même si bien sûr personne ne pouvait prévoir à l'avance ce drame, malgré tout, selon l'expression de nos Sages, même si eux ne savaient pas, leur âme le pressentait.
Ainsi, sans même savoir pourquoi, Aharon, ses enfants et les anciens, avaient des réticences à s'approcher du service ce jour-là. Leur esprit pressentait que ce service, qui allait attirer le feu céleste, sera la cause de l'acte qui allait entraîner la mort de Nadav et Avihou.
Et comme Moché constatait que Aharon, ses enfants et les anciens ne venaient pas, il fut contraint de les appeler.
[Imré Shéfer]

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-> "Prends pour toi un veau" (Chémini 9,2)

Rachi explique que ce veau que devait apporter Aharon venait en expiation à la faute du veau d'or.

On peut s'interroger : pendant les 7 jours de préparation, on apporta un taureau en sacrifice. Et nos Sages enseignent qu'il venait en expiation pour la faute du Veau d'or, le petit du taureau.
=> Dès lors, pourquoi apporter encore une fois de plus une expiation pour cette faute par ce Veau?

En fait, quand pendant ces 7 jours préliminaires on apporta ce taureau, la faute du Veau d'or fut expiée. Dès lors, le niveau d'Aharon et du peuple s'éleva considérablement, puisque cette faute ne venait plus les freiner.
Mais, une fois qu'ils s'élevèrent, une dimension plus fine de la faute du Veau d'or s'éveilla. En effet, un certain aspect de la faute, qui n'était pas considéré jusqu'à présent comme une faute, apparut. Comme le peuple s'éleva, les exigences envers eux devinrent plus strictes. Et même ce qui n'était pas une faute jusque là apparut à présent comme une faute, selon leur nouveau niveau plus élevé.
Et il fallait dès lors expier même ce nouvel aspect de la faute. Tel était le but de ce veau à sacrifier le 8e jour, en expiation à cet aspect plus fin de cette faute.
[Chem miChmouel]

[d'où une certaine dualité : on termine d'expier la faute du Veau d'or, mais alors un nouvel aspect beaucoup plus fin fait son apparition, qui nécessite à son tour d'être expié]

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-> Chaque fois que le mot "vayéhi" est employé, il exprime la tristesse. Qu’y avait-il donc de triste le jour de l’inauguration du tabernacle?

Le Imré 'Haïm (l'Admour de Vizhnitz), répond ainsi à cette question :
"Le saint peuple juif a 7 jours. L’homme se salit, jour après jour, avec la poussière de la matière et des péchés ; la saleté s’accumule et la couche s’épaissit de plus en plus. La poussière du premier jour ne peut être comparée à celle du sixième. Que faire?
Finalement, vient le 7e jour, le Shabbat, lors duquel l’homme se lave et se purifie de toute la poussière accumulée les jours précédents. Ouvrant une nouvelle page dans sa vie, il a l’air d’un autre homme.

Et le lendemain? Ce n’est pas le 8e jour, mais le premier.
Cependant, s’il ne s’est pas purifié de ses fautes, le Shabbat passera sans laisser sur lui la moindre trace, tandis que l’épaisse couche de poussière et de saleté persistera sur lui et continuera encore à s’épaissir la semaine suivante, si bien que le premier jour, qui sera une continuation de la semaine passée, correspondra à un 8e jour ...
Face à une telle situation, il y a de quoi se désoler en disant : “Quand on fut (vayéhi) au 8e jour”."

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-> Le Tiféret Torah écrit :
"Le jour de l'inauguration du Michkan, on apporta des sacrifices. Puis alors, le verset vient relater que : "Un feu sortit de devant Hachem et consuma (les sacrifices de) sur l'autel".
Ce moment était intense en joie et constitua le moment tant désiré et tant espéré par tout le peuple d'Israël, car alors on a pu voir qu'Hachem a agréé tout le travail de la construction du Michkan et par cela, on comprit qu'Hachem a pardonné la faute du Veau d'or. Ce fut donc un événement d'une joie intense.
Puis, juste après, lorsque les enfants de Aharon allumèrent un feu étranger et offrirent des encens non ordonnés, alors la Torah emploie exactement la même formule et la même expression pour décrire leur punition : "Un feu sortit de devant Hachem et les consuma". Cela constitua bien-sûr un moment très dur et d'une extrême sévérité.

Et ces 2 événements qui se sont suivis, le premier qui constitua un bonheur extrême et l'autre une peine inimaginable, survinrent exactement de la même façon, comme l'atteste l'utilisation de la même formule qui les décrit (vayéhi).
Tout le peuple put alors constater que la grande bonté et l'extrême sévérité proviennent de la même Source et alors on s'est rendu compte par cela de l'Unicité Absolue d'Hachem. Effectivement, le bien et le mal proviennent de la même origine.
Par cela, la mort de Nadav et Avihou a concouru à dévoiler aux yeux de tous l'Unicité d'Hachem et par cela, le Nom d'Hachem a été sanctifié. Et le Michkan a pu aussi être sanctifié. Son inauguration a pu aboutir. Car ce Michkan, où la Gloire Divine allait résider, se doit d'attester l'Unicité d'Hachem.
Ce Michkan qui témoigne du pardon de la faute du veau d'or, quand les juifs ont laissé apparaître l'idée d'une dualité, se doit de proclamer la totale Unicité d'Hachem, Qui va y résider et par cela, s'installer au sein du peuple d'Israël.

Et quand on s'est rendu compte que le mal provient de la même origine que le bien, à travers la mort de Nadav et Avihou, cela a pu renforcer cette Unicité, et constitua justement l'aboutissement de l'inauguration du Michkan, dont la vocation était justement de proclamer cette Unicité. Tout cela attesta de la grandeur de Nadav et Avihou, car ce sont précisément eux qui furent choisis par Hachem pour révéler l'Unicité et ainsi parachever l'inauguration du Michkan ...
Cela a renforcé la conscience de l'Unicité d'Hachem, Qui est le Seul à être l'Auteur de tout ce qui arrive dans le monde."

Les sacrifices

+++ Les sacrifices (par le Méam Loez) :

-> Hachem n'est pas un être physique ... N'ayant aucune existence corporelle, quel profit D. tirerait-Il d'un sacrifice?

En réalité, le sacrifice répare les fautes commises pour de nombreuses raisons. Certaines sont si profondes que l'esprit humain ne peut les appréhender.
Ainsi, Nous ne parlerons que de celles qui sont accessibles à notre entendement.

+ 1ere explication :

-> Le but 1er d'un sacrifice est d'éveiller le cœur de l'homme.
Celui-ci doit savoir que s'il faute et se rebelle contre D., son péché est très grave.
Qu'il médite à la petitesse de son corps ... Rien n'est plus faible que sa chair, substance semblable à la poussière.
Comment aurait-il l'audace de se rebeller contre le Maître de l'univers?

Il doit également considérer les innombrables actes d'amour et de bonté dont Hachem l'a comblé à toute heure et à tout moment. Le monde entier n'a-t-il pas été créé uniquement pour l'homme? ...

Hachem a ordonné qu'une personne ayant fauté se repente, modifie son comportement et offre ensuite un sacrifice.
L'animal offert en sacrifice subit les 4 formes de mort ordonnées par le tribunal (beit din).
L'homme voit alors de ses yeux le châtiment qu'il mérite. Cependant, notre D. miséricordieux donne à l'homme une chance de s'amender et ne le détruit pas.
Le sacrifice remplace l'individu, âme pour âme.
Le châtiment qui aurait dû être administré à l'homme est subi par l'animal.

Chaque fois que la Torah mentionne un sacrifice, elle ne dit pas : "un sacrifice pour Elohim", nom de D. qui désigne l'attribut de Justice.
La Torah emploie plutôt l'expression : "un sacrifice pour Hachem", qui désigne Son attribut de bonté.
=> Cela nous apprend que Hachem accepte le sacrifice du fauteur par compassion et par pitié. Il ne désire pas que l'homme meure à cause de sa faute, Il consent donc à prendre l'animal en échange de sa vie.
Si l'Attribut de Justice (midad hadin) prévalait, Hachem n'accepterait pas de sacrifice, mais anéantirait l'homme pour sa rébellion.

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-> Examinons les différentes étapes du sacrifice :
1°/ tout d'abord, l'animal est jeté à terre. Ceci correspond à la peine de mort par lapidation (shékila) ;
2°/ ensuite, il est égorgé, ce qui rappelle la peine de mort par l'épée ('hérég) ;
3°/ la gorge de l'animal est fermement saisie, ce qui correspond à la peine de mort par strangulation ('hénék) ;
4°/ ensuite, l'animal est brûlé sur l'autel, ce qui équivaut à la peine de mort par brûlure (sréfa).

En assistant au sacrifice, l'homme est pris de remords et se dit :
"C'est moi qui mérite toutes ces punitions. Néanmoins, Hachem a pitié de moi et ne désire pas ma mort. Cet animal est pris à ma place."

Il regrette alors ses fautes et change de comportement.

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-> Les actes d'un individu proviennent pour la plupart de 3 facultés : la pensées, la parole et l'acte.
Avant d'agir, il réfléchit, exprime sa pensée en paroles puis la réalise.

Par conséquent, lorsqu'il offre un sacrifice pour s'amender, il doit repasser par les 3 étapes qu'il a franchies pour fauter.
1°/ il doit accomplir un acte = appuyer les mains sur la tête de l'animal.
2°/ il récite ensuite la confession (vidouy) devant Hachem en énonçant sa faute = ceci correspond à la parole impliquée dans son péché.
3°/ enfin, les organes internes et les reins de l'animal sont brûlés sur l'autel, car ils sont le siège de la pensée et du sentiment = cette étape correspond à la pensée de commettre sa faute.

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-> Hachem s'adresse ainsi : "Je n'ai nul besoin de prendre un taureau de ta maison ni des boucs de ton bétail [en sacrifice], car tous les animaux des forêts et les bêtes qui vivent dans les montagnes par milliers M'appartiennent. Je connais chaque oiseau des montagnes, les animaux des champs sont Miens.
Si J'avais faim, Je ne te le dirais pas car c'est à Moi qu'appartient la terre et tout ce qu'elle renferme.
Est-ce que Je mange la char de taureaux gras? Est-ce que Je vois le sang de boucs?
Sacrifie à Hachem pour Le remercier, et acquitte tes vœux au D. suprême" (Téhilim 50,8-14)

=> De ces versets, nous comprenons que Hachem n'a pas ordonné l'offrande de sacrifices parce qu'Il en a besoin ou qu'Il en tire un quelconque bénéfice ...
De plus, il ne faut absolument pas penser que Hachem soit semblable à un être humain contraint de manger et de boire. Il n'a pas à demander de sacrifice pour Sa nourriture.

Hachem désire seulement la confession du fauteur. Outre l'offrande de son sacrifice, l'homme doit admettre ses fautes, se repentir.
[sacrifier l'animal, doit conduire à sacrifier l'animalité/bestialité en nous, à soumettre notre cœur à D.]

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+ 2e explication :

-> Hachem a ordonné d'offrir les sacrifices pour pourvoir aux besoins des Cohanim.
En effet, les Cohanim n'exerçaient ni artisanat ni commerce car ils devaient être disponibles pour le service du Temple.
Ils avaient donc besoin d'une rémunération quelconque pour avoir l'esprit libre de servir Hachem.
Les sacrifices représentent une forme de charité au profit des Cohanim.

"Faire la charité et la justice est plus agréable à Hachem qu'un sacrifice" (Michlé 21,3).
Ce verset indique que Hachem nous a ordonné d'offrir des sacrifices non parce qu'Il a besoin de présents mais pour assurer des revenus aux Cohanim.

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+ 3e explication :

-> Le sacrifice représente une amende imposée au fauteur. S'il essuie une perte d'argent à cause de sa faute, il ne la reproduira pas. Son péché lui aura coûté très cher!
[d'ailleurs un conseil pour éviter de refaire une faute, est de s'obliger à payer une amende chaque fois qu'on la refait.]

L'holocauste (ola) expie les mauvaise pensées ... [Un jour,] un homme qui avait voulut commettre une faute mais s'en retient, s'exclama au Cohen : "Comme la pensée de commettre une faute est grave! Pour une simple pensée, il faut sacrifier un animal! Si cela est si sérieux, je m'engage désormais à éviter toute pensée interdite [et donc de fauter]".

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+ 4e explication :

-> Un homme doit méditer et éveiller ses sentiments, et lorsqu'il voit l'animal égorgé, brûlé et réduit en cendres, il se rend compte que telle est la fin de tout homme.

Après avoir compris cela, il ne se laissera plus entraîner à des plaisirs matériels et il les considérera futiles.
L'homme n'emporte rien au monde futur si ce n'est l'observance des commandements, les bonnes actions et la charité qu'il a accomplies en ce monde.
Lorsqu'il pense à la mort, son cœur devient humble et son attachement au service Divin est ravivé.
[par exemple : le taureau fait le beau de son vivant, mais qu'emporte-t-il dans sa mort? Le point positif c'est que j'ai une part de Divinité en moi, alors exploitons là à fond!]

La Torah commande que 3 parties de l'animal soient brûlées (cf. Vayikra 3,3-4) :
1°/ la graisse = elle fait fauter l'homme, comme il est écrit : "Yéchouroun engraissa et se rebella" (Dévarim 32,15).
Un homme qui vit dans le luxe est facilement conduit à la faute.
2°/ les reins = ils sont responsables du conseil et des émotions, source des fautes de l'homme.
3°/ le foie = il est à l'origine de la colère, il suscite en l'homme un sentiment d'importance et de fierté qui l'entraîne vers les plaisirs matériels.

=> Ces 3 organes sont brûlés sur l'autel pour nous enseigner que l'homme doit se débarrasser de tous ses mauvais traits de caractère et des désirs matériels pour ne pas qu'ils l'anéantissent.

Il semble que tel soit le sens du verset des Téhilim : "Un vrai sacrifice à D. est un cœur brisé" (Téhilim 51,19).
Le sacrifice que Hachem désire réellement, c'est l'humilité du cœur de l'homme à la vue de la mise au feu du sacrifice.
L'homme doit se rendre compte que sa fin sera semblable, en y réfléchissant, il ne manquera pas de se repentir.

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+ 5e explication :

-> Le but des sacrifices est d'écarter les juifs de l'idolâtrie.

En Egypte, ils s'étaient compromis aux cultes idolâtres. Ils voyaient les égyptiens adorer le signe du Capricorne (talé) et ne permettre nul sacrifice de mouton.
Du reste, ils haïssaient les bergers (Béréchit 46,34), car ils vouaient un culte au mouton ...
[le Méam Loez rapporte aussi que : d'autres peuples idolâtres la vache comme les hindous, d'autres peuples adoraient les démons (chédim) et pensent qu'ils s'incarnent dans les boucs, ...]

Afin d'éloigner les juifs de ces formes d'idolâtries, Hachem ordonna d'offrir en sacrifice les animaux sacrés des nations.
=> Nous offrons ces espèces en sacrifice à Hachem pour montrer que les cultes idolâtres sont dépourvus de fondement.

La Torah dit donc : "Lorsqu'un homme parmi vous offre un mammifère à Hachem, cette offrande doit être prise du gros bétail et du menu bétail" (Vayikra 1,2).
Nos sacrifices proviennent uniquement des espèces que les nations païennes considéraient comme sacrées et qu'elles adoraient ... Ceci doit nous faire comprendre l'absurdité du culte offert à des animaux.

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+ Conclusion :

-> L'âme est une entité spirituelle. C'est un esprit saint qui provient de sous le Trône de Gloire Divine. Nous voyons pourtant que l'âme réside dans un corps formé des mêmes éléments que la poussière ...
Nous devons conclure que la combinaison du corps et de l'âme est une choses inaccessible à notre entendement. Il faut donc présumer que ce mystère est connu de D. seul.

Ainsi en est-il des sacrifices : Hachem est spirituel, tout comme l'âme.
Nous, en tant que peuple, sommes des êtres physiques comme le corps l'est à l'âme. Cependant, la Présence Divine peut reposer parmi nous comme l'âme repose dans le corps.

Du moins en était-il ainsi tant que nous apportions des sacrifices au Temple.
Par la "nourriture" des sacrifices, la Présence Divine reposait parmi nous.
A présent qu'ils nous ont été enlevés, la Présence Divine nous est retirée aussi, comme l'âme quitte le corps en l'absence de nourriture.

Nous en comprendrons le mystère de ce lien entre l'âme et le corps que lors de la venue du machia'h.
Nous saisirons alors le mystère de la Présence Divine.
Nous n'avons pas aujourd'hui à y méditer pour tenter d'y trouver une réponse.
Il nous suffit de constater que tant que nous offrions des sacrifices, la Présence Divine reposait parmi nous.
Cela ressemble à un médicament que le médecin prescrit à un malade. Le patient a-t-il besoin de connaître l'effet du remède pour guérir?
Il lui suffit de constater qu'il a a un effet bienfaisant.

Avec l'aide de D., lorsque viendra le machia'h, nous espérons qu'Il nous révélera tous les mystères de notre Torah ...

Il est écrit dans le Kouzari, que le roi des Khazars dit au Rav : "Il ressort de vos propos qu'à présent, en l'absence de sacrifices, vous êtes semblables à des ânes, à des corps dépourvus d'âme."

Le Rav répondit : "Bien dit! J'irai même plus loin : aujourd'hui, nous ressemblons à des ossements desséchés. C'est exactement ce que Yé'hezkel perçut dans sa vision. Cependant, les os desséchés, que sont Israël aujourd'hui, valent mieux que les corps vivants des nations idolâtres. La prospérité que goûtent les idolâtres leur donne un semblant de vie, mais en fait ils ressemblent à des cadavres, à des statues d'or et d'argent.
Ils paraissent vivants à cause de l'or et de l'argent qui les recouvrent mais si l'on les regarde de l'intérieur, on s'aperçoit qu'ils sont morts, privés d'âme."

[Méam Loez - Introduction à Vayikra]

-> "N'oubliez jamais la grandeur de la prière.
Elle a le pouvoir de changer le cours de la nature, de sauver de tout dommage, et d'annuler les décrets difficiles."
[Rabbénou Bé'hayé - Ekev 11,13]

-> La prière annule non seulement les décrets difficiles, mais c'est aussi la source de toutes les bénédictions spirituelles et matérielles.
[Noam Elimélé'h - Tzetel Katan]

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-> Aujourd'hui avant la venue du machia'h, la principale forme de service [Divin] est la prière.
[rabbi 'Haïm Vittal - rapporté dans le Tzetel Katan du Noam Elimélé'h]

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-> "Les gens doivent savoir que la bataille principale contre le yétser ara se tient pendant la prière.
Car même si une personne étudie une grande quantité de Torah, réalise les mitsvot, et donne son temps et son argent aux pauvres, le yétser ara ne s'y opposera pas totalement, puisque de telles actions ne sont pas une véritable menace pour lui.

Cependant, lorsqu'un juif déverse son cœur en prières à Hachem, alors le yétser ara va l'attaquer sans cesse, perturbant ses pensées. En effet, de telles prières coupent l'essence même du yétser ara, et peuvent le vaincre, davantage que toutes les mitsvot."
[Maor vaChémech - Ki Tétsé]

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-> Une personne peut prier sans retenue pour devenir sage dans le service Divin, car aucune force Accusatrice ne peut se tenir face à de telles prières.
['Hozé de Lublin - Avné Zikaron 563]

-> Le rabbi 'Haïm Kanievsky, se basant sur le ‘Hazon Ich (Ora’h ‘Haïm 156) enseigne :
"Hachem nous donne la pleine liberté de choix de faire le bien ou le mal.
Cependant, tous les juifs étant responsables les uns des autres, ils sont considérés unis comme une seule personne.
Ainsi, lorsqu’un juif utilise son libre arbitre pour prier pour l’amélioration spirituelle d’un autre juif, sa prière peut avoir un effet sur la transformation spirituelle d’autrui, et cela n’est pas considérée comme venant du Ciel, puisqu’étant le résultat d’un choix libre d’un juif."

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-> Face au pouvoir extraordinaire de la prière, dans le cadre du libre arbitre, le yétser ara s'y oppose de toutes ses forces afin qu'on la néglige.

On peut citer par exemple :
1°/ Rav Bibi bar Abaye (guémara Béra'hot 6b) dit : "Que signifie l’expression : "kéroum zoulout aux gens ?"
Il répondit : "Ce sont les choses qui se tiennent au sommet du monde, mais que les gens traitent avec légèreté."
Rachi affirme à ce sujet : "Par exemple, la prière qui s’élève jusqu’au ciel."
[Le rav Moché Sternbuch dit que le fait que tant de personnes ont de si grandes difficultés à prier avec ferveur/concentration est la preuve de son importance.]

2°/ D'après la guémara (Béra’hot 32b) : "Nos Sages enseignent qu’il existe 4 domaines qui nécessitent d’être constamment renforcés, et il s’agit de : la Torah, les bonnes actions, la prière et le déré’h érets."
[si on ne se rappelle pas fréquemment la véritable importance de notre prière, alors on en vient inévitablement à la dévaloriser! ]

"Et voici la loi de l'offrande de festin de paix (aChélamim) ... s'il l'offre comme offrande de remerciement" (Tsav 7,11)

-> Nos Sages enseignent qu'après la venue du machia'h, le monde atteindra un degré de perfection dans lequel les offrandes de réparation deviendront inutiles, car les hommes ne commettront plus de fautes.
En revanche, selon le midrach (Vayikra rabba 9,7), les offrandes de remerciement continueront pour l'éternité, ce qui souligne combien il est important d'exprimer notre reconnaissance.

La guémara (Pessa'him 50a) nous apprend qu'aux temps du machia'h, les hommes béniront Hachem même pour ce qui peut sembler mauvais car ils réaliseront que tous Ses actes sont des bienfaits (tout est pour notre ultime bien, même si cela peut être momentanément désagréable).

-> Le sacrifice de remerciement (Toda), est un sacrifice apportait par une personne qui a été dans une situation dangereuse, et qui en a été sauvée.
[la guémara (Béra'hot 54) illustre 4 types de dangers : un voyage dans le désert [ou tout autre voyage comportant des risques], un emprisonnement présentant un danger, une maladie grave, et un voyage en mer.]

En lien avec ce sacrifice, le midrach (Vayikra rabba 9,2) cite le verset : "Quiconque offre un sacrifice de remerciement m’honore" (Téhilim 50,23).
Le midrach fait alors remarquer que : "m'honore" (yé'habédanéni - יְכַבְּדָנְנִי) est bizarrement écrit avec un double "נ", au lieu d'un seul comme d'habitude, et cette répétition implique : "un honneur après un honneur" (כבוד אחר כבוד).

=> Qu'est-ce que cela veut dire?

-> Selon le midrach (Vayikra rabba 9,1), on n'amène pas ce sacrifice afin d'obtenir le pardon de nos fautes, mais uniquement dans un but d'honorer Hachem.
[la valeur de la lettre "noun" est de 50 => 2x50= 100, comme le fait qu'on apporte le sacrifice à 100% pour Hachem, et non en partie pour nous : pour expier nos fautes!]

-> Le Ktav Sofer donne la réponse suivante :
Lorsqu'une personne est sauvée d'un danger, qu'elle reconnait que c'est grâce à Hachem, alors elle va remercier D. pour cela.
Cependant, on doit également réaliser que tout ce que fait Hachem est pour le bien. Même ce qui nous est paru comme une mauvaise situation était en réalité une bonne chose.
C'est pour cela que celui qui amène un sacrifice de remerciement, se doit d'exprimer un double merci à Hachem : un portant sur la situation difficile qui a été traversée, et un autre sur le fait d'en avoir été sauvée.

[plus on développe les occasions de remercier Hachem, et de reconnaître qu'absolument tout est pour notre bien, plus on permet à notre émouna de se répandre en nous, de devenir vivante et non uniquement théorique! La vie est alors tellement plus agréable!!]

-> Si une personne exprime sa gratitude à Hachem, alors Hachem lui fournira davantage de délivrances et d'opportunités de témoigner sa gratitude et d'amener de tels sacrifices.
[Rabbi Akiva Eiger - Drouch vé'Hidouch - Tsav 7,12]

["un honneur après un honneur" => dire merci à D., c'est enclencher une spirale positive, où les occasions de Le remercier vont s'enchaîner!]

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-> "De ses propres mains, il l'apportera" (Tsav 7,30)
Rachi commente que le propriétaire et le Cohen participent tous les 2 au service.
Pendant le balancement, le propriétaire tient les morceaux entre ses mains et le Cohen place ses mains sous les siennes.

Le Panim Yafot enseigne : si un fauteur veut apaiser Hachem, il apporte un sacrifice par le biais des Cohanim, car si c'était lui-même qui le ferait, cela serait de l'insolence ('houtspa), car il a fauté envers D.
Cependant, si quelqu'un apporte un cadeau à Hachem, il l'amène lui-même, sans les Cohanim comme intermédiaires.
C'est pourquoi, lorsqu'on amène son Chélamim (offrande de paix : comme celui de remerciement), qui est un cadeau, alors il participe au service avec ses mains.

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-> Le sacrifice Chélamim est une exclusivité du peuple juif.
Un idolâtre ne peut amener qu'un sacrifice Ola, qui est complètement brûlé sur l'Autel, mais pas un Chélamim qui lui est mangé.
=> Pourquoi cela?

Un idolâtre ne peut pas comprendre que le fait de manger peut être un acte de sainteté.
Ainsi, pour lui le sacrifice est saint, mais pas la partie consistant à le manger.

Cependant, les juifs ont reçu la Torah, et ils sont ainsi conscients que l'acte le plus simple, matériel, peut devenir spirituel.
Ainsi, le fait de manger la viande matérielle du sacrifice est un acte spirituel de mitsva, et cela témoigne du lien exclusif qu'il y a entre les juifs et Hachem.
[Béer Moché]

[le midrach Tan'houma Tsav (4) rapporte que le korban Ola est complètement brûlé ; le korban 'Hatat est en partie brûlé et en partie donné aux Cohanim ; et le korban Chélamim est en partie brûlé, en partie donné aux Cohanim et en partie au juif qui l'a apporté.
Ainsi, ce dernier est le seul sacrifice qui apporte la paix aux 3 éléments : le mizbéa'h, les Cohanim et les juifs, chacun en recevant un morceau.]

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-> La guémara (Béra'hot 54b) enseigne que 4 personnes doivent apporter un Korban Toda :
- celui qui a été libéré de prison ;
- celui qui a traversé un désert ;
- celui qui a traversé une mer ;
- celui qui s'est rétabli d’une maladie.

Rabbénou Yoël dit que l'on trouve une allusion à cela à la fin de la amida : "vé'hol a'haïm yodou'ha chéla" (Tous les êtres vivants te remercieront - וכל החיים יודוך סלה).

En effet, le mot : 'haïm (חיים) est l'acronyme de :
-> le ח ('hét) = חבוש ('havouch = le prisonnier) ;
-> le י (Youd) = ים (yam = la mer) ;
-> le י (Youd) = יסורין (yissourim = les souffrances physiques du malade) ;
-> le ם (Mem) = מדבר (midbar = le désert).

De nos jours, on récite la bénédiction du Gomel, en présence d'un minyan.

-> Le 'Hatam Sofer enseigne qu'il n'est pas suffisant de remercier Hachem pour avoir été sauvé d'un moment difficile. Même en plein milieu de la douleur, nous devons avoir la confiance (bita'hon) que Hachem va nous sauver, et réaliser que tout ce que fait D. est pour le bien.

Il conclut : C'est uniquement celui qui est capable de remercier Hachem pendant la difficulté qui peut renforcer sa émouna, et qui croient réellement en Hachem.

[nos épreuves sont des occasions de témoigner concrètement de notre émouna, elles sont le thermomètre mesurant notre niveau de confiance en D.]

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-> Le Ménorat haMaor enseigne :
"Dans les 4 cas mentionnés ci-dessus, il est obligatoire de remercier D. en public, comme le texte le demande.
Mais nous devons constamment Lui être reconnaissants en privé pour les bontés qu’Il nous accorde à chaque instant, et prendre conscience qu’Il nous protège de tous les malheurs susceptibles de survenir dans le monde.
Il faut également implorer Sa miséricorde pour l’avenir, car ce n’est ni par notre force ni par l’épée que nous serons sauvés. Or toute la protection vient de Lui, et s’Il ne protège pas une ville, le gardien aura monté la garde en vain.
Nous devons donc placer notre confiance uniquement dans le Maître du monde Qui a tous les pouvoirs et L’implorer, car tout dépend de Lui et de Ses ordres."

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-> Une personne qui était en danger de mort et a survécu apporte une offrande de remerciement (toda), pour exprimer sa gratitude envers D. et reconnaître que c'est D. qui l'a sauvé.
Ce sacrifice de remerciement est une forme d'offrande de paix (chélamim), mais elle diffère sur 2 points : il doit être consommé pendant un jour et une nuit alors que l'on dispose, pour le chélamim, d'une journée supplémentaire.
De plus il doit être accompagné de 40 pains (30 matsa et 10 pains).

=> Comment la Torah peut-elle nous ordonner de consommer ce sacrifice (qui pouvait être une vache, un mouton ou une chèvre), accompagné de 40 pains, et ce en uniquement 24 heures?

-> Le Nétsiv (Haémek Davar 7,13) répond qu'en réalité cela était pratiquement impossible, et que la personne qui avait apporté l'offrande était alors obligée d'inviter sa famille et ses amis pour prendre part au repas.
Ce repas devenait alors l'occasion d'expliquer au plus grand nombre ce qui s'était passé, et de reconnaître publiquement à quel point Hachem nous vient en aide dans nos moments difficiles (un juif n'est jamais abandonné! S'Il a aidé mon prochain, alors moi aussi Hachem m'aidera!).

Par ce récit de 1ere main, tout le monde est très touché et sensible à la bienveillance permanente de D. à notre égard.
Lorsque quelqu'un de proche remercie D., alors cela nous pousse à regarder dans notre vie et à également en venir à Le remercier pour Ses bontés!

-> Selon le Imré Emet, si nous devons manger en un seul jour le korban de remerciement, c'est parce au cours du jour suivant Hachem nous fera tellement de nombreux miracles que nous devrons apporter un nouveau sacrifice.
=> C'est une reconnaissance du fait que Hachem nous comble miraculeusement de bonnes choses absolument tous les jours.

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-> "Racontez tous Ses prodiges" (Téhilim 105,2)
Le Malbim explique qu’il faut relater ses miracles personnels.
Rabbénou ‘Hananel nous enseigne que lorsqu’une personne vit un fait extraordinaire, elle doit le partager avec le plus de gens possible.

-> Rabbi Yéhonathan Gefen écrit :
Cette Mitsva de clamer les prodiges s’inclut dans la mitsva déOraïta (imposée par la Torah) de Ahavat Hachem (d’aimer Hachem). Le Ramban (Séfer Hamitsvot - mitsva 3) écrit que cette mitsva s’accomplit essentiellement en éveillant chez les autres l’amour d’Hachem. L’une des façons d’y parvenir est de partager ses expériences personnelles en montrant Sa grandeur et de Sa bienveillance.

Cela ne se limite pas aux grands miracles, même les "petits" exemples de Hachga’ha peuvent être racontés à notre entourage pour décrire davantage à quel point Hachem nous aime et nous protège.
Puissions-nous tous mériter de vivre et de partager de nombreux miracles.

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-> Rabbi Its'hak Hutner enseigne que la racine du mot : "toda" est "odaa", qui signifie à la fois : "remercier", et "admettre" (modé).
En effet, pour remerciement pleinement une personne, il faut d'abord admettre que nous avions besoin de son aide.
Cela va à l'encontre de la nature humaine, car nous préférons penser que nous pouvons tout faire par soi-même (j'ai besoin de personne! je contrôle tout!), et que nous n'aimons pas être en situation de dettes de gratitude envers autrui.

-> Rabbi 'Haïm Yossef Kofman fait remarquer que dans la prière nous disons d'abord : "modim ana'hnou la'h" (par cela nous admettons qu'il est D., et donc nous avons besoin de Lui pour tout), et ensuite : "nodé lé'ha ounéssaper téhilaté'ha" (on le remercie alors pour toutes Ses bontés permanentes).

Cela explique aussi pourquoi dans la répétition de la Amida, chacun doit réciter lui-même ce passage du modim, sans compter sur la lecture de l'officiant comme pour le restant de la Amida.
En effet : le fait d'admettre en nous-même notre totale dépendance à Hachem, est un processus que personne ne peut faire à notre place!

[une fois que cette rampe de lancement est construite dans notre cœur, on peut pleinement lancer les remerciements à proprement parler! (et chacun en a des uniques à lui!)]

-> Le Ets Yossef affirme qu'il n'y aura plus de maladie, ni de danger de mort à l'époque du machia'h, faisant que l'on apportera un Korban Toda non par obligation, mais volontairement comme moyen d'exprimer notre appréciation totale pour tout ce que fait Hachem.

[En effet, c'est la nature même des juifs, que de pouvoir remercier, apprécier les bienfaits reçus.
Dans la répétition de la amida, dans Modim, nous remercions Hachem de pouvoir le remercier (modim ... al chéana'hnou modim la'h).
En effet, la capacité de remerciement nous oblige à se focaliser sur ce que l'on a, et notre vie devient alors tellement plus belle!
Ce que l'on pense être manquant est en réalité tellement minime face à l’immensité de ce que l'on a!
Plutôt que de passer ma vie à courir après ce que je n'ai pas, j'apprécie tout ce que j'ai, et qui est déjà énorme!

Hachem n'a pas besoin de nos remerciements.
Naturellement D. semble caché dans ce monde, et à chaque fois que nous le remercions, cela est un moyen de reconnaître, d'admettre Sa présence permanente (et notre dépendance totale à Lui), repoussant la tendance humaine à croire en la naturalité des choses.
Chaque occasion (même petite) de remercier D., et un moyen de renforcer concrètement notre émouna en l'illustrant de faits personnels et réels.]

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-> Le roi David dit dans son Téhilim 100 :"Psaume pour le sacrifice de reconnaissance : Acclamez Hachem, toute la terre! Servez D. avec joie, présentez-vous devant Lui avec des chants d’allégresse ... Entrez dans Ses portes avec des actions de grâce, dans Ses parvis, avec des louanges."
=> Quel est le rapport entre la joie de servir D. et le sacrifice de reconnaissance?

"Acclamez" se dit en hébreu "hari’ou" et vient du mot "ra" qui signifie "mal" : l’homme qui considère l’attachement au matérialisme comme mauvais s’en détourne, s’éloigne de la faute et éprouve, par conséquent, de l’allégresse. Ainsi, il se dirige vers le Temple pour y offrir des sacrifices de remerciement à D., Qui lui a permis de se détourner de la transgression et de Le servir dans la joie.
[rabbi David Pinto - la voie à suivre n°618]

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-> b'h, également sur l'offrande de paix : https://todahm.com/2020/03/06/13200

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+ Tsav : voir les miracles qui se produisent dans notre quotidien

-> La paracha Tsav parle des lois du Korban Toda (sacrifice de gratitude).
Rachi explique que le Korban Toda était apporté par celui qui avait vécu un miracle, puis il rapporte les exemples donnés par nos Sages : celui qui traverse la mer, celui qui traverse le désert, celui qui sort de prison et celui qui recouvre la santé après une maladie.
=> Le rav Yossef ’Haïm Zonnenfeld souligne que presque tous les sacrifices individuels sont évoqués dans la paracha Vayikra, à l’exception du Korban Toda. De plus, le fait d’en parler précisément dans la parachat Tsav est surprenant ; toute cette section est réservée au service des Cohanim et s’adresse à ces derniers. Elle ne concerne pas les autres, étant donné que le reste du peuple n’approchait pas les offrandes. Or, le Korban Toda concerne tous les juifs. Alors pourquoi en parle-t-on au milieu d’une Paracha qui touche les Kohanim?
=> Le rav Zonnenfeld pose une autre question à propos des termes employés par Rachi quand il évoque les événements qui exigent un Korban Toda. Il les décrit comme des miracles, alors qu’il s’agit de phénomènes naturels qui impliquent, certes, un certain risque ou un danger, mais que l’on ne considère pas vraiment comme des prodiges (ex: traverser la mer), alors pourquoi les décrire de la sorte?

Le rav Zonnenfeld répond en enseignant un principe fondamental. Quand on emploie le mot "miracle", on fait généralement allusion à un événement où les lois de la nature sont défiées. Il est alors clair que le miracle provient d’Hachem. En revanche, les événements qui ont lieu régulièrement semblent normaux et n’ont pas l’air de provenir d’en Haut. En réalité, la nature n’est pas moins prodigieuse qu’un miracle exceptionnel et dévoilé, mais puisqu’on y est habitué, on ne la considère pas comme tel. Les cas qui exigent une Korban Toda sont tous "naturels" mais ils restent, malgré tout, miraculeux.

On retrouve cette idée de remerciement pour les "miracles naturels" lors de la naissance de Yéhouda.
La guémara (Béra'hot 7b) raconte que quand Léa eut son 4e enfant, elle le nomma Yéhouda, déclarant : "Cette fois, je remercierai Hachem" (Vayétsé 29,35), et elle précise que c’est la première fois de l’Histoire qu’une personne exprima sa gratitude à Hachem.
Cette guémara surprend plusieurs commentateurs, étant donné que dans plusieurs épisodes antérieurs à celui de Léa, des personnes exprimèrent leur reconnaissance, par exemple, quand Noa’h apporta des sacrifices à Hachem en sortant de l’Arche. En réalité, jusqu’alors (jusqu’au moment où Léa fit ce remerciement), les gens apportaient des Korbanot ou exprimaient leur gratitude pour des miracles dévoilés et exceptionnels (comme la survie de Noa’h dans l’Arche durant le déluge). Léa remercia pour la naissance de son 4e enfant, chose qui ne correspond pas à un miracle dévoilé. Elle remercia toutefois comme s’il s’agissait d’un véritable prodige et c’est en ce sens qu’elle fut la première, la précurseur. C’est aussi la raison pour laquelle Rachi parle des personnes apportant un Korban Toda comme ayant vécu des miracles.

=> Le rav Yissa'har Frand explique pourquoi on parle du Korban Toda dans la paracha Tsav et non dans la paracha Vayikra (avec les autres korbanot individuels) :
"Les Cohanim ont besoin d’une exhortation particulière concernant les "miracles naturels". La michna (Pirké Avot 5,5) affirme qu’il y avait des miracles tous les jours au Temple. Les mouches ne s’approchaient jamais des animaux abattus, le vent ne faisait jamais vaciller la colonne de fumée montant de l’Autel, ...
Ils vivaient dans les miracles. Or, quand on voit des prodiges quotidiennement, on s’y habitue, le miracle devient une routine, il fait partie de la vie. Et l’on risque de ne même plus les apprécier.
C’est la raison pour laquelle les lois du Korban Toda se trouvent dans la paracha de Tsav. Nous avons tous besoin de ce rappel, de nous souvenir que la Providence divine est un miracle, une véritable Intervention Divine, quand bien même elle est manifeste au jour le jour. Et les Cohanim qui en voyaient tous les jours avaient d’autant plus besoin de ce rappel. Voilà pourquoi le Korban Toda est mentionné dans la paracha Tsav, qui vise principalement les Cohanim".

-> Le récit suivant illustre bien cette idée.
Un homme vint voir le rav Chakh un an après son mariage, juste après la naissance de sa première fille, lui demandant s’il devait organiser un kiddouch pour célébrer l’événement.
Le rav Chakh lui répondit : "Supposons que vous ayez été mariés depuis 8 ans et que pendant toute cette période, ta femme était restée stérile ; qu’après toute cette attente, elle soit tombée enceinte et qu’elle ait eu une petite fille! Auriez-vous organisé un Kiddouch dans ce cas de figure? Bien évidemment! Et là, Hachem vous a épargné 7 ans d’attente et de frustration, d’angoisse et de soucis! Ne devriez-vous pas exprimer votre immense gratitude?"
=> Le rav Chakh enseignait par là une leçon de taille : il ne suffit pas de voir le miracle quand une femme a un enfant après plusieurs années d’attente, même un an après son mariage, la naissance d’un enfant est prodigieuse.

[ainsi sachons remercier Hachem : certes pour les miracles apparents qui nous arrivent, mais surtout lorsque pris dans la routine de la vie nous bénéficions de miracles "cachés" dans la routine, dans la "normalité" de la vie.
D'une certaine façon les miracles "anormaux" ne sont là que pour nous réveiller aux miracles "normaux", et alors notre vie devient tellement plus belle car on apprécie la "main" d'Hachem, Sa Présence, derrière toute chose.
Plus on a d'occasion de remercier Hachem, plus Il nous donne d'occasions nouvelles de le remercier.
En ce sens, dans le modim de la répétition de la Amida, nous disons : "modim chéana'hnou modim la'h" (nous Te remercions de pouvoir Te remercier!).]

Vayikra – le petit Aleph

+ Vayikra - le petit Aleph :

Le mot Vayikra signifie : "Il appela", car Hachem a appelé Moché pour qu’il entre dans le Michkan, car Il voulait lui transmettre les lois des sacrifices.
Ce terme Vayikra (ויקרא), est écrit dans la Torah avec la lettre "alef" (א), en plus petite que les autres lettres.
=> Pourquoi cela?

-> Ce petit "alef" vient attester de l’humilité de Moché. Comme celui-ci a su se faire petit, alors cela s’est manifesté à travers cette lettre "alef" qui a été inscrite en plus petit.

Mais pourquoi cela est exprimé dans ce contexte en particulier?

Le midrach explique qu’une fois le Michkan achevé, Moché n’a pas osé y pénétrer. Malgré sa grandeur, malgré tous les miracles qu’il réalisa et malgré la Torah qu’il transmit, il s’est néanmoins fait petit et a attendu qu’Hachem l’appelle pour entrer dans le Michkan.
C’est donc ici qu’il a su faire preuve de modestie.

De plus, Rabbi Bounam de Pchis'ha ajoute que Moché a reçu un grand privilège et un grand honneur de la part d’Hachem.
En effet, c’est lui et seulement lui, qu’Il a appelé pour avoir le mérite de pénétrer dans le Michkan.
Et malgré tout cette honneur, il n’en a ressenti aucun orgueil. Il est resté aussi humble et ne s’est nullement vanté intérieurement d’avoir été le seul à avoir été choisi par Hachem.
C’est toute cette humilité que vient signaler ce petit "alef".

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-> Cette paracha de Vayikra vient amorcer le sujet des sacrifices (korbanot), qui met en avant l'importance de l'humilité et de l'effacement de soi pour laisser un maximum de place à Hachem parmi nous.

Le Maharal de Prague explique que le sacrifice vient proclamer que le monde entier avec toute son existence, s’annule et s’efface complètement devant Son Créateur.

Les 4 règnes remontent vers Lui pour reconnaître leur dépendance totale à Son Existence :
- le minéral représenté par le sel et le bois ;
- le végétal représenté par les libations de vin ;
- l’animal qui est sacrifié ;
- ainsi que l’humain qui est celui qui apporte le sacrifice.
= tous en viennent à se donner et à s’effacer devant Hachem, à travers cette élévation et se rapprochement intime avec Lui.

Cette annulation de l’existence grossière, qui se prétend indépendante d’Hachem, est la base même de tout le principe du sacrifice.
La Torah tient à le distinguer par ce petit "alef".

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-> "Le sacrifice sert au fauteur d'expiation, en cela que le sang du premier est pris en échange de celui du second, son âme en échange de son âme et ses organes en contrepartie de ses organes.
Quant aux morceaux du sacrifice consommés par les Cohanim, ce sont des présents offerts aux maîtres de la Torah, afin qu'ils prient en faveur du fauteur."
[Ramban - Vayikra 1,9]

=> Le principe élémentaire des sacrifices est l'effacement de soi, l'humilité et la soumission à D.

[Notre être doit totalement disparaître pour se retrouver à la place du sacrifice, ce qui au final brise notre cœur qui a pu se rebeller par la faute devant le Créateur. Ce n'est qu'alors que : "Un cœur brisé et abattu, ô Hachem, Tu ne le dédaignes pas" (Téhilim 51,19)]

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-> Un autre midrach (Vayikra rabba 7,3) enseigne que le 1er livre que l’on doit enseigner aux enfants, c’est le livre de Vayikra, qui traite des sacrifices.
Les enfants qui sont purs doivent venir s’occuper de l’étude des sacrifices qui sont eux-aussi purs.

Le Kli Yakar fait remarquer que ce point est en allusion dans le petit "alef" de Vayikra.
En effet, le "alef" qui est la 1ere lettre de l'alphabet hébreu, symbolise le commencement. C’est le sujet des sacrifices, développé dans le livre de Vayikra, que les enfants devront apprendre en 1er.
Le "alef" des petits, c’est à dire le début de leur étude, doit se faire par le livre de Vayikra.

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-> Il est écrit dans le midrach (Eikha 1) :
"Selon la tradition, la lettre aleph de Vayikra [Il appela] est réduite.
Rabbi Yo'hanan dit : "Vois combien les enfants sont précieux aux yeux de Hachem : lorsque le Sanhédrin s'exila [suite à la destruction du Temple], la Présence Divine ne le suivit pas en exil ; ceux qui en assuraient la garde [les Cohanim] s'exilèrent, mais la Présence Divine ne les suivit pas.
C'est seulement lorsque les enfants furent exilés que la Présence Divine les accompagna."."

-> Le Béer Yossef (rav Yossef Salant) fait remarquer que Hachem se révélait à Moché entre les 2 Chérubins (kérouvim).
La guémara (Soucca 5b) précise : "Que signifie le mot "kérouv" [chérubin]?
Rabbi Avahou dit : "Comme un enfant" [ké-ravia], car à Babylone, on appelle un enfant : ravia."

-> Au moment du don de la Torah, Hachem n'accepta comme garants que les enfants, et Il leur dit : "C'est par votre bouche que Je donne la Torah à vos parents" (midrach Téhilim 8).

=> "Je t'enseignerai (aaléfé'ha - אֲאַלֶּפְךָ) la sagesse" (Iyov 33,33). Le aleph symbolise l'enseignement, et c'est l'instruction donnée aux "petits" (les enfants) qui permet à la Présence Divine de résider au sein d'Israël, et par leur mérite que nous avons reçu la Torah.

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-> Le Choul'han Aroukh enseigne que le jour où un enfant commence à étudier la Torah, c'est réellement un Yom Tov, et nous devons le laver, l'habiller avec les habits de Shabbath, et l'emmener à un érudit en Torah dans l'espoir qu'il grandisse jusqu'à devenir lui-même un érudit en Torah (talmid Hakham).

=> En terme d'éducation de nos enfants, il faut être prêt à se faire petit (comme le aleph), à faire des sacrifices afin de leur permettre de se développer au mieux.

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-> La guémara (Nédarim 81) dit : "Ne néglige pas les enfants des pauvres, d'eux la Torah sortira".

Pourquoi particulièrement les enfants des pauvres?

Le rabbi Méïr Shapiro répond qu'il est évident que la Torah sort également chez les enfants des riches, mais les enfants des pauvres voient constamment les sacrifices que font leurs parents, se privant dans la joie pour leur éducation.
Ce don de soi des parents laisse une trace profonde indélébile, et par conséquence ils étudient avec plus de sérieux et de zèle, faisant que davantage de Torah en sortent.

[d'une certaine façon le petit aléph fait allusion à ces familles pauvres (petites financièrement), desquelles la Torah sortira.
D'une manière plus générale cela renvoie au fait que : les enfants suivent l'exemple du comportement de leurs parents. Si tu veux de grandes choses pour tes enfants, alors fais-toi petit, agis au mieux devant eux avec joie (depuis leur jeune âge!), et alors tu pourras espérer qu'ils en fassent de même! ]

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-> Le Shach cite au nom du Kol Bo, que la 1ere fois qu'un père amène son jeune fils chez un rabbin pour qu'il lui apprenne la Torah, il doit écrire toutes les lettres de l'alphabet hébraïque sur un morceau de papier et y placer une goutte de miel sur chacune d'elles. L'enfant léchera alors le miel en même temps qu'il les nommera.
En effet, la 1ere leçon à transmettre à un enfant est que la Torah est douce, agréable.

=> Le petit aleph fait allusion à cette goutte de miel sur le aleph, puis bét, ..., mais surtout à la nécessité de graver chez nos enfants l'idée que l'étude de Torah ne peut se faire que dans la joie de profiter de sa douceur.

D'ailleurs, tous les jours dans les bénédictions sur la Torah, nous demandons : "S'il te plaît Hachem fait que les mots de la Torah soient doux dans notre bouche" (véaarev na Hachem élokénou ét divré Torahté'ha béfinou)

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-> Les jeunes enfants commencent à étudier la Torah par Vayikra. Quant à Moché, il avait lui-même le sentiment d’entamer cette étude, comme un jeune enfant. Il chérissait tant la Torah que même sa plus petite lettre Aleph, enseignée en premier aux enfants apprenant à lire, lui était chère. Tel est le sens implicite de vayikra, pouvant être décomposé en yakro (lui est cher) Aleph.
C’est justement pourquoi on initie l’apprentissage de la Torah chez les enfants par la paracha de Vayikra, afin que les paroles de Torah leur soient aussi chères qu’à Moché.

Avant sa mort, quand Moché s’apprêtait à transmettre son legs spirituel au peuple, il dit à D. : "Tu as commencé à rendre Ton serviteur témoin de Ta grandeur" (Dévarim 3, 24). A l’âge de 120 ans, après être monté aux cieux où il fut privé de nourriture durant 40 jours, avoir vu ce qu’aucun être humain n’a pu voir, être resté 40 ans dans la proximité de D. et s’être plongé totalement dans l’étude de la Torah, Moché ressentait qu’il ne faisait que commencer à appréhender les paroles de Hachem. Quelle humilité!
[rabbi David Pinto - La voie à suivre n°1179]

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-> Rabbi Shalom de Belz rapporte que d’après la mystique, ce petit "alef" (אלף) fait allusion aux mille lumières (אלף - éléf signifie mille) que Moché a perdu suite à la faute du veau d’or.

Pour comprendre le sens de ces 1000 lumières, le commentaire du Chakh sur la Torah explique que lorsque Moché brisa les Tables de la loi, toutes les lettres Samekh (ס) et Mem final (ם) tombèrent. En effet, nos Sages expliquent que ces 2 lettres tenaient par miracle sur les Tables.

Ces lettres dessinant de simples trous dans la pierre, vides à l’intérieur, Hachem réalisa un miracle pour que la partie de la pierre qui emplissait ces lettres tenaient par miracle dans l’air.
Quand Moché brisa les Tables, ces lettres tombèrent. Or, les 10 commandements qui étaient gravés dans les Tables de la loi, contenaient 22 lettres Mem et 2 lettres Samekh.

Sachant que le Mem a la valeur numérique de 40 et le Samekh de 60, ainsi les 22 Mem (22 x 40 = 880) et les 2 Samekh (2 x 60 = 120), le tout vaut : 1000.

Le Rabbi de Belz explique que c’est cela le sens des 1000 lumières que perdit Moché suite au Veau d’or, et qui sont en allusion dans ce petit "alef".

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-> "Hachem appela Moché" (Vayikra 1,1)

Le ‘Hida (‘Homat Anakh) interprète de la façon suivante le petit Aleph du mot vayikra :
"Les Sages des anciennes générations expliquent qu’il fait allusion aux 50 degrés de sagesse dont Moché eut accès à 49. On évoque allusivement cette idée au moment où Hachem l’appelle afin de souligner que, bien qu’il parvînt au plus haut niveau, Moché n’atteignit pas le 50e degré de sagesse. Le petit Aleph rappelle donc qu’il lui manquait un palier.
D’après nos Maîtres, écrivant que le petit Aleph fait allusion au 50e palier de sagesse que Moché ne put atteindre, nous trouvons que le mot zéira (petit) est formé des initiales de l’expression : zé Rabbi Akiva yassig oto (ceci, Rabbi Akiva y parviendra), ce qui rejoint l’affirmation du Arizal selon laquelle rabbi Akiva accéda au 50e degré de sagesse."

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-> Le midrach Tan’houma enseigne que lorsque Moché écrivit la Thora, il resta un peu d’encre dans la plume. Il passa cette encre sur la tête et c'est ainsi qu’il reçut le rayon lumineux qui l’éclaira, comme cela est indiqué à la fin de Ki Tissa.

Mais comment est-ce possible qu’il y avait trop d’encre dans la plume? Hachem n'aurait-il pas pu y mettre juste l’encre qu’il fallait?

Le livre Mat'amim explique que lorsque Moché écrivit le "alef" de Vayikra en petit, du fait de sa grande humilité, alors qu’il aurait dû l’écrire d'une taille normale, c’est ce peu d’encre là qui restait, qui était à l’origine de ce rayon de lumière.

=> Nous pouvons apprendre de là que c’est l’humilité et la modestie d’une personne qui l’illumine et lui donne tout son éclat!

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-> La constitution de la lettre "aleph" (א) fait allusion au nom d'Hachem. Elle est en effet composée de deux "youd", un en haut et un en bas, avec un "vav" au milieu, ce qui a une valeur numérique de 26 (2 fois 10, plus 6), identique à celle du nom de D.
Cette équivalence vient faire allusion à Moché qui, en se soumettant, en se sentant indigne de recevoir la parole de D. dont la voix remplit le monde dans toute sa splendeur, en se faisant petit, a dévoilé et sanctifié le nom de D. et toute Sa splendeur.
C’est justement pour cela que D. S’est dévoilé à lui.

[rabbi David Pinto - la voie à suivre n°617]

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-> Ce petit "alef" met cette lettre en relief, comme si elle constituait un mot à part. La racine : אלף (alef) signifie : enseigner, et le petit "alef" sous-entend qu'il faut apprendre à toujours rester "petit" et humble.

Personne ne pouvait mieux transmettre cette leçon que Moché : à la fois le plus grand des prophètes et l'humble le plus humble de la terre (d'après Hachem Lui-même!).
[Rabbi Boumen de Psichkha]

-> Selon le Kli Yakar, Moché pensait que son niveau de prophétie était nettement supérieur à ce que ses mérites pouvaient lui donner droit. En effet, c'est le fait d'être le responsable du peuple juif, qui a entraîné que Hachem lui a octroyé un niveau incroyable pour pouvoir jouer son rôle au mieux.

=> Cela nous apprend que les capacités, les ressources supplémentaires que nous avons sont là pour être mises au service d'autrui.

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+ "Hachem l'appela (vayikra - וַיִּקְרָא) du sein du buisson" (Chémot 3,4)

=> Pourquoi le aleph n'y est également pas écrit en petit?

-> Rabbi Yo’hanan dit : "Hachem ne fait pas résider sa présence Divine (Ché’hina) sur une personne sauf si elle est forte, intelligente, riche et humble."
[guémara Nédarim 38a]

On peut comprendre l'intelligence et l'humilité, mais pourquoi un prophète doit-il également être fort et riche?

Le rav 'Haïm de Volozhin explique que tant qu'une personne n'a pas cela, son humilité peut être uniquement l'expression du fait qu'elle n'a rien sur quoi véritablement s'enorgueillir (en ayant des milliards, serait-elle toujours humble?).
Dans ce cas, cela n'est pas authentique.

Le rav Chmouel David Walkin ajoute que lorsque Moché tailla les 2e Lou'hot, qui étaient en saphir, la sciure qui se détacha de la pierre quand il les taillait lui appartenait, et grâce à cela Moché est devenu extrêmement riche en récupérant tous ces morceaux de saphirs.
[Cela nous apprend que la richesse est bonne quand elle est un débris des Tables de la loi, c’est-à-dire quand elle est liée/en accord à la Torah, et non pas pour satisfaire son égo ]

Ainsi, si le mot Vayikra aurait été écrit avec un petit "aleph" avant le don de la Torah, il n'y aurait aucune preuve que son humilité/modestie était réelle.
(à ce moment il n'était pas encore riche, car lorsque les juifs ont récupéré les richesses des égyptiens, Moché était occupé à prendre le cercueil de Yossef!).
C'est uniquement à ce moment, une fois qu'il est devenu riche et qu'il ne s'est pas enorgueilli, que son désire de minimiser sa grandeur révélait sa véritable humilité.

[Le Baal haTourim explique qu'en écrivant le "aleph" plus petit (וַיִּקְרָא), Moché voulait mettre en avant le terme : "vayikar" qui dénote une rencontre par hasard.
Par humilité, Moché voulait que l'on vienne à penser que ses rencontres directes avec Hachem étaient le fruit du hasard, et non en conséquence du niveau incroyable qu'il a pu atteindre!]

-> Ben Zoma dit : "... Quel est le fort? C’est celui qui contient son [mauvais] penchant ... Quel est le riche ? C’est celui qui est heureux de ce qu’il possède" (Pirké Avot 4,1)
Le Rambam explique que ce sont des prérequis indispensables à la prophétie.

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-> Le "alef" de Vayikra est petit pour nous enseigner qu'une personne qui reçoit des honneurs grâce à la Torah doit se faire petite.
En effet, selon nos Sages nous ne devons pas utiliser la Torah pour s'en couronner, pour se proclamer le roi.

Ainsi, quelques soient les hauteurs spirituelles que l'on peut atteindre, on doit faire attention à rester humble.
[Rabbénou Efraïm]

-> Selon rabbi Bounim de Pschisha, de même qu'un homme parvenu au sommet d'une montagne ne s'enorgueillit pas de sa hauteur, conscient qu'elle est simplement due à l'altitude à laquelle il se trouve, Moché savait que sa grandeur lui provenait de Hachem.

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2014/04/01/1255

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-> La signification profonde de "Hachem appela Moché" (Vayikra el Moché - Vayikra 1,1) s’adresse à tout un chacun, en tout temps et à toute heure, car en tout juif il y a une étincelle de Moché.
[rabbi David Pinto - la voie à suivre n°873]

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-> Le Arizal explique qu'au moment du don de la Torah, Moché mérita de recevoir 1 000 faisceaux de lumière de sainteté d'un niveau extrêmement élevé. Seulement, après la faute du Veau d'or, ces milles faisceaux le quittèrent à l'exception d'un seul. Et c'est l'allusion contenue dans la Torah lorsqu'il est écrit : "Vayikra él Moché", avec un petit aleph, de valeur numérique de 1.
Cette lettre (alef) s'écrit pleinement : אלף (élef) ce qui signifie 1000.
Cela afin de nous enseigner que sur 1 000 faisceaux de lumière que Moché reçut, il ne lui en resta plus qu'un après la faute du Veau d'or.
C'est la raison pour laquelle la lettre du verset est plus petite que les autres.

"Et si son sacrifice vient du menu bétail, des agneaux ou des boucs" (Vayikra 1,10)

=> Pourquoi la Torah trouve-t-elle bon d’expliciter les types d’animaux du menu bétail, à savoir les agneaux et les boucs?

En réalité, le menu bétail fait allusion au peuple d’Israël, comme il est dit : "Vous êtes mon menu bétail" (Yé'hezkiel 34,31).

Ce verset vient faire allusion au fait qu'aussi bien les agneaux (kéchavim - כְּשָׂבִים), symbolisant les tsadikim et les gens doux et dociles, que les boucs (izim - עִזִּים), symbolisant les réchaïm et les insolents, une fois qu’ils se sont repentis et ont apportés leur sacrifice, ils deviennent égaux.

En effet, le repentir (téchouva) expie les fautes de tout le monde à égalité, et après leur repentir, il sera interdit de rappeler la faute, même au racha.
[Rabbénou Efraïm]