Aux délices de la Torah

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Jalousie et mauvais œil (ayin ara)

+ Jalousie et mauvais œil (ayin ara) :

-> A la vue d'un cimetière de 100 tombes, Rav a déclaré que 99 de ces personnes sont mortes à cause du mauvais œil (ayin ara), tandis qu'une seule est morte de cause naturelle.
[guémara Baba Métsia 107b]

Le rav Shalom Messas explique que cela ne signifie pas que les gens meurent car d'autres jettent un mauvais œil sur eux.
Le sens véritable de ce passage est que ces personnes sont mortes car elles ont regardé d'un mauvais œil autrui.
Un feu interne de jalousie pour les possessions et les succès des autres a brûlé en eux, et cela a conduit à leur mort prématurée.

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-> b'h, également lié à cela : https://todahm.com/2020/07/22/14458

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-> Le Shomer Emounim enseigne que la meilleure protection contre le ayin ara est d'agir modestement, en étant réellement préoccupé par le sentiment des autres.
Cela implique qu'il faut minimiser nos capacités, tout en développant celles des autres.

-> Lorsque le roi Shaül a vu que son énorme armure s'est miraculeusement ajustée pour prendre parfaitement la taille de David, il a présumé que David sera son successeur (Chmouël I 17,38).

Selon le midrach (Vayikra rabba 21,8), David voyant le visage de Shaül pâlir, il a immédiatement déclaré qu'il ne pouvait pas supporter une charge si lourde et il a retiré l'armure.
En effet, David ne voulait pas prendre le risque d'être la cause de la jalousie du roi Shaül.

=> On voit de là l'importance d'être vigilant à éviter de faire des choses pouvant entraîner de la jalousie chez autrui.

-> Rabbi Yéhochoua dit : "Le mauvais œil [c'est-à-dire le regard envieux et nuisible portée par celui qui ne se contente pas de ce qu'il a], le mauvais penchant et la haine des êtres vivants expulsent l'homme du monde." [Pirké Avot 2,11]

-> Un homme riche est autorisé à mentir à propos de sa richesse, s'il craint un ayin ara ou bien s'il ne souhaite pas éveiller de la jalousie.
[rav Eliyashiv]

-> La fille du rav Eliyashiv, femme du rav Its'hak Zilberstein, ne marchait jamais à l'extérieur avec son mari, afin d'éviter indirectement de générer de la souffrance et de la jalousie chez ceux qui n'avaient pas la chance d'avoir un conjoint.

-> La guémara (Baba Batra 2b) nous conseille de "ne pas nous tenir devant le champ de notre voisin lorsque le champ est fleuri".
En effet, il y a un risque de jalousie, de générer des dégâts suite à un ayin ara (plus ou moins conscient).

-> En pleine famine, Yaakov envoya ses fils prendre des provisions de blé en Egypte (Mikets 42,1).
Rachi commente : "Pourquoi donnez-vous l’impression aux descendants de Yichmaël et de Essav que vous êtes rassasiés?
A ce moment-là il leur restait encore du blé. A mon avis, le sens simple est le suivant : Pourquoi faudrait-il que tout le monde vous regarde avec étonnement du fait que vous ne recherchez pas de nourriture aussi longtemps que vos réserves ne sont pas épuisées?"

Le midrach dit également : "N'entrez pas tous en [Egypte] par la même porte à cause du mauvais œil [car un homme béni de 10 fils tels que vous risque d'être un objet d'envie]."

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-> Le rav Eliyahou Dessler (cité dans le Sia’h ‘Haïm I,237) explique que lorsque Hachem a décidé et décrété initialement qu’une personne avait le droit à quelque chose, Il trouvait qu’elle était méritante pour bénéficier d’un certain avantage personnel.

Cependant, si cette personne va s’en servir de façon ostentatoire, cela risque d’entraîner de la souffrance et de la jalousie chez d’autres (pourquoi elle a et pas moi!).
Hachem doit alors refaire les comptes. En effet, certes elle mérite d’avoir ce plaisir pour elle-même, mais il faut maintenant également considérer que cela va entraîner de la souffrance chez autrui par le fait de l’avoir publiquement exhibé.

Après le nouveau verdict : soit elle est encore méritante pour avoir ce bien, soit Hachem va considérer qu’elle ne mérite plus d’avoir ce profit à cause des conséquences que cela va avoir sur son environnement.

=> Quelque soit notre situation (celui qui jalouse ou bien celui qui est jalousé), une telle attitude ne fait que causer des dégâts et des malheurs.
C'est du perdant - perdant pour tout le monde!

[Le fait de ne pas jalouser, au-delà d'être une preuve de notre émouna, au-delà d'être très bénéfique pour nous, c'est une expression de notre amour pour autrui, puisqu'ainsi on n'attire pas sur lui les foudres du ayin ara]

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-> Selon le 'Hazon Ich, l'homme par sa simple pensée peut avoir une influence dans le monde.
[Pense bien et tout ira bien => ainsi lorsqu'on a un mauvais oeil sur nous ou autrui, on peut malheureusement l'influencer à distance négativement (et inversement).]

-> Rabbénou Yona dit que lorsque l'on envie ce qui appartient à autrui, il y a une sorte d'air qui va sortir de cette pensée, et elle a le pouvoir de détruire ce sur quoi j'ai pu jalouser, ainsi que nous-même.
[ainsi, si par exemple on aurait dû recevoir cette chose, on ne la recevra pas]

-> Selon le rav Dessler, le ayin ara remet en cause la notion de arévim, de l'unité du peuple juif.
[pourquoi lui il a et pas moi, cela implique que lui est distinct de moi => que je développe une division entre les juifs. Or, l'unité est notre force et une source énorme de bénédictions (même si l'on est pas méritant).
Par le ayin ara je divise, et donc j'empêche des bonnes choses de nous arriver, et je permets de mauvaises de nous parvenir.
Cela est à l'image d'un père qui se réjouit de voir ses enfants unis, et alors il leur donne tout ce qu'ils veulent. Mais s'il y a une division, alors le père prend ses distances, il est triste et n'a plus le cœur à leur donner des choses, ... ]

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-> b'h, des réflexions importantes sur la notion de Ayin ara : https://todahm.com/2016/01/22/35876

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-> Pharaon dit à Yaakov : "Combien sont les jours des années de ta vie?"
Yaakov dit à Pharaon : "Les jours des années de mes pérégrinations sont 130 ans. Peu nombreux et mauvais ont été les jours des années de ma vie" (Vayigach 47,8-9)

Selon le Daat Zékénim, parce que Yaakov a fait allusion à ses années en mal, Hachem l’a puni et il est mort à 147 ans, soit 33 années en moins que son père.

Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) explique que probablement Yaakov avait peur que Pharaon devienne jaloux de sa longue vie, et mette sur lui son mauvais œil (ayin ara). C’est pour cela qu’il a dit : "peu nombreux et mauvais ont été les jours des années de ma vie".

Le rav Sternbuch ajoute : "Nous voyons de là que nous ne devons jamais nous vanter à propos de notre famille, de notre richesse, … et éviter ainsi le mauvais œil, qui vient sur nous par le biais de la jalousie."

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-> Afin de se préserver du mauvais œil, la guémara (Béra'hot 55b) nous conseille de placer notre pouce droit sur le pouce gauche et de dire : "Je suis de la descendance de Yossef qui ne craint pas le mauvais œil" (ana mi zara déYossef kaatina délo chalta bé éna bicha).

Certains disent que Yossef a bénéficié de ce pouvoir de sa mère Ra'hel qui a parfaitement surmonté sa tendance à la jalousie, et qui a ainsi transmis ce mérite à sa descendance.

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-> "Hachem enlèvera de toi toute maladie et tous les fléaux de l'Egypte, Il ne les placera pas en toi" (Ekev 7,15)

=> Pourquoi concernant les fléaux, il est dit qu'Il ne te les placera pas, alors que pour les maladies, il est dit qu'Il les enlèvera de toi, sous-entendu qu'Il te les placera pour ensuite les enlever de toi?

C'est pour répondre à cette question que les Sages disent que ces maladies font référence au mauvais œil (ayin ara), qui vient du fait de la jalousie d'autrui. Or Hachem, qui souhaite maintenir le libre arbitre auprès des hommes, les laisse être jaloux s'ils le choisissent et ne les empêche pas de l'être. De ce fait, les maux causés par le mauvais œil viendront naturellement sur les personnes jalousées et Hachem aura donc besoin de les enlever de
toi.
C'est pourquoi, le verset ne dit pas qu'Hachem "ne les placera pas en toi", car pour cela, il faudrait empêcher les hommes d'être jaloux, ce qu'Hachem ne fait pas, pour ne pas altérer le libre arbitre.
Ainsi, le choix de l'expression "Hachem enlèvera de toi" plutôt que "ne te les placera pas", suggère donc que ces maladies évoquent le mauvais œil, dépendant du libre arbitre.
[Arougat Habossem]

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-> "La bénédiction réside dans ce qui est caché de l'œil" [guémara Ta’anit 8b]

-> La guémara (Béra'hot 55b) enseigne également :
"De la même façon que les poissons de la mer sont recouverts par l'eau et que le mauvais œil n'a pas d'emprise sur eux, le mauvais œil n'a pas d'emprise sur la descendance de Yossef.
Et s’il a peur de son propre mauvais œil, qu'il regarde le côté de sa narine gauche."

-> La descendance de Yossef est comparée aux poissons, qui sont mis à l'écart, immergés dans l'eau. [guémara Béra'hot 20a]
Puisque leur habitat se trouve à l'abri des regards, ils sont bénis.

-> Il est écrit dans la suite de cette guémara (Béra'hot 20a) : "un œil qui refuse de se délecter de ce qui n'est pas à lui, le mauvais œil n'a aucune emprise sur lui".
Le rav Eliyahou Dessler enseigne : dans une certaine mesure l'homme qui provoque la jalousie d'autrui, il est jugé en fonction de la stricte justice.
En effet, on sait parfaitement que celui qui ne vit absolument pas pour lui-même et dont toute la vie se passe à donner plutôt qu'à prendre ne suscite pas la jalousie ...
Il y a 2 choses qui caractérisent les poissons : ils sont cachés aux yeux, et ils vivent dans leur univers sans compétition avec les êtres qui vivent sur la terre.
Cela nous enseigne que celui qui vit en étant caché des yeux, et dont les aspirations sont différentes de celles de la vie de la rue, ne suscite aucune jalousie.

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-> Le midrach Tan’houma rapporte que les 1eres Tables de la Loi ont été données au mont Sinaï à toute la nation avec les tonnerres, les éclairs et de la fumée.
En conséquence du fait qu’elles ont été transmises avec une publicité énorme (la Création entière s’est arrêtée face à ce moment historique), cela a entraîné qu’elles ont été impactées par le "mauvais œil" (ayin ara), et elles ne pouvaient pas perdurer éternellement (la bénédiction réside dans ce qui est caché!).

=> Selon ce midrach, Moché a brisé ces lou’hot d’une manière ostensible, comme pour réduire en morceau le ayin ara présent.
[Par contre, les 2e Tables furent données plus discrètement et restèrent entières.]

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-> Avraham était très prudent. Après qu'Its'hak fût resté en vie à la suite de sa ligature sur l'autel, Avraham l'amena la nuit à la yéchiva de Chèm. Il ne voulait pas même qu'Ichmaël et Eliézer le regardent par peur du mauvais œil.
[midrach Béréchit rabba - Vayéra]

-> Le Daat Zékénim enseigne qu'après la Akéda Avraham a fait partir Its'hak, en cachette pendant la nuit, afin de le protéger du mauvais œil (ayin ara). [le ayin ara pouvant résider dans tout ce qui sort nettement de l'ordinaire]
Il fait remarquer que suite au sauvetage miraculeux de la fournaise de 'Hanania, Michaël et Azaria, il n'est plus fait aucune mention d'eux. Une opinion de la guémara (Sanhédrin 93a) est qu'ils sont morts à cause du mauvais œil.
[ils étaient au milieu des flammes et en sont sortis indemnes. Tout le monde les regardait avec étonnement tout le temps, et cela les a impacté négativement.]

-> D'un autre côté, il est écrit : "Chantez en son honneur, célébrez-le, entretenez-vous de toutes ses merveilles" (Téhilim 105,2).
=> Alors faut-il partager les miracles d'Hachem ou bien risque-t-on le ayin ara?
Le rav Zilberstein explique qu'un miracle dévoilé qui ne peut être expliqué par des moyens naturels est quelque chose qui doit être caché aux autres. Cependant, la plupart des miracles que les gens vivent peuvent être expliqués d'une manière naturelle, et ainsi ils doivent absolument être rendus public.

Faire connaître un miracle est une grande avodat Hachem. Le Zohar haKadoch (Bo - p.40b) écrit qu'il incombe aux gens de parler des merveilles d'Hachem. Quand ils le font, les anges au Ciel se rassemblent pour écouter ses louanges et ils louent Hachem, et par conséquent le nom d'Hachem devient glorifié.
[ainsi, sous couvert de peur de ayin ara, on ne doit pas passer à côté d'une occasion de grandir le Nom Divin]

-> C'est également ce qui se produisit pour la Chounamite, la femme qui se plaignit du créancier venu emmener ses fils comme esclaves (Méla'him II 4,1).
Elicha pria pour elle et une cruche déborda d'huile au point qu'elle put remplir de nombreux récipients.
A ce moment-là, Elicha lui recommanda de fermer la porte pour que le mauvais œil n'ait pas de prise sur elle et que la bénédiction puisse s'accomplir.
Il lui dit : "Tu viendras et fermeras la porte derrière toi et derrière ton fils" (Méla'him II 4,4).
[Kli Yakar]

-> Il est interdit de se tenir auprès du champ d'un fermier lorsque son blé est mûr. [guémara Baba Métsia 107a]
En effet, le simple fait de regarder son champ peut causer un grand dommage, même si on ne le regarde pas avec un mauvais œil. Un simple regard peut s'avérer plus néfaste que le poison.
Abarbanel écrit : Le regard a le pouvoir de causer du mal, il existe un serpent appelé : eff'é, dont le regard peut réellement tuer une personne.

-> Selon le midrach (Yalkout Réouvéni Katane), si Yossef n'avait pas raconté ses rêves à ses frères, ils se seraient réalisés immédiatement.
Du fait qu'il les a divulgués, il a été touché par le mauvais œil et il fallut 22 ans pour que ses rêves se concrétisent.

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-> Selon Rachi (Béaaloté'ha 12,1), la femme de Moché (Tsipora) était belle intérieurement par sa conduite, et extérieurement par sa beauté physique, et c'est pour cela qu'elle était surnommée négativement : "Kouchit" (noire) afin que le "mauvais œil" (ayin ara) n'ait pas prise sur elle.
[d'ailleurs, le mot "kouchit" (à la peau sombre) a la même valeur numérique que l'expression : "yéfat maré" (de belle apparence).]

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-> La Torah (Ki Tissa 30,12) dit que lors du recensement, chaque homme devrait donner une expiation pour son âme.
Hachem a ordonné qu'ils ne soient pas comptés individuellement.
En effet, toute chose dénombrée risque d'être affectée par le mauvais oeil (ayin ara). Par conséquent, si les juifs avaient été comptés individuellement, ils auraient couru le risque d'être frappés d'épidémie.
Après que le roi David ait compté les juifs par tête, ils furent victimes d'une épidémie au cours de laquelle 70 000 personnes moururent (Chmouël II 24) ...
[...]

["La bénédiction réside dans ce qui est caché de l’œil" (guémara Ta’anit 8b)]
[En ordonnant de ne pas compter les juifs individuellement,] Hachem ne voulait pas que le mauvais œil ait la moindre prise sur eux, et Il désirait qu'ils soient bénis.
[Méam Loez - Ki Tissa 30,12]

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-> "Moché dénombra sur l'ordre de Hachem (al pi Hachem = littéralement : par la bouche de Hachem)" (Bamidbar 3,16)
Selon un avis, seules les 11 tribus étaient comptées en donnant un demi Shékel, tandis que pour celle de Lévi, Moché se tint à l'entrée de chaque tente, et la voix de la Présence Divine émanait de l'intérieur et lui disait le nombre d'enfants présents (les Lévi'im étant comptés dès l'âge de 1 mois, à l'inverse des autres tribus : à partir de 20 ans).

Chaque tribu donnait un demi Shékel [en passant devant Moché] afin de ne pas être atteint par le mauvais œil. En effet, lorsque les gens sont dénombrés, ils sont observés et le mauvais œil peut leur nuire.
Le moyen d'éviter cela est que chacun donne une pièce, et que l'on compte les pièces plutôt que les hommes.
Les Lévi'im ne furent pas regardés pendant le recensement : Hachem Lui-même annonça leur nombre dans chaque tente. Ils n'eurent donc pas à donner un demi Shékel pour remédier au dommage causé par le mauvais œil.
[Méam Loez - Ki Tissa 30,13]

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-> Le ayin ara (l’œil malveillant) d'autrui accuse les biens de toute personne qui a commis une faute (même légère) sur le plan financier, surtout lorsqu'il s'agit d'un sage en Torah.
[Ben Ich 'Haï - guémara Béra'hot 5b
(où les 400 tonneaux de vin (עין רע a une valeur de 400) de rav Houna ont tourné au vinaigre).]

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-> Rabbi Yéhochoua ben 'Hanina répondit à la fille de l'empereur romain : "[certes il existe des gens qui sont beaux et savants en Torah mais] s'ils étaient laids, ils auraient été encore plus sages!". [guémara Nédarim 50b]

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yehoyada Nédarim 50b) cite 2 raisons pour lesquelles la Torah se maintient mieux chez un homme laid :
- c'est parce que ce talmid 'hakham, malgré sa laideur, est honoré pour sa sagesse et les gens viennent lui embrasser la main.
Ainsi, chez l'homme laid, la magnificence de la Torah est davantage reconnaissable.
- Lorsque le talmid 'hakham est laid, l’œil malveillant ou envieux (le ayin ara) n'a pas de prise sur lui et il conserve son capital de Torah. Par contre, s'il est beau et sage, le ayin ara peut avoir prise sur lui et son capital de sagesse peut diminuer.

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-> "Avraham se leva le matin, il prit le pain et l'outre d'eau et les donna à Hagar, sur son épaule, ainsi que l'enfant" (Vayéra 21,14)

Rachi comment : L’enfant aussi, il l’a placé sur l’épaule de Hagar, parce que Sarah lui avait jeté le mauvais œil, de sorte qu’il avait attrapé une fièvre et ne pouvait plus marcher.

=> Pourquoi ne pas dire plutôt que s'il ne pouvait pas marcher c'est qu'il était malade?
En fait, nos Sages disent qu'avant Yaakov, la maladie n'existait pas, c'est Yaacov qui a prié pour qu'elle apparaisse.
Ainsi, Yichmaël ne pouvait pas être malade. En revanche, depuis toujours, le mauvais œil pouvait causer des dommages. C'est pourquoi, Rachi était forcé d'expliquer que Yichmaël était affaibli du fait du mauvais œil.
On voit de là l'unité de la Torah. Une information concernant Yichmaël ne peut être expliquée que conformément à une autre information concernant Yaakov.
[Rav Wolbe]

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+ Jalousie - Avec les non-juifs :

-> Selon la guémara (Taanit 10b), les juifs doivent éviter de faire étalage de leurs richesses et de leur succès devant leur voisinage qui est envieux, et souvent antisémite.

-> Le Kli Yakar(sur Dévarim 2,3) enseigne que la Torah demande aux juifs de faire profile bas dans leur exil et de ne pas faire étalage de leurs richesses, afin d'éviter de susciter la jalousie des non-juifs.
Le Kli Yakar continue en critiquant les juifs de sa génération qui vivent au-delà de leurs moyens, revêtant des habits luxueux et habitant dans des maisons somptueuses, encourageant par là même leurs voisins non-juifs à être contre eux.

-> Le Pélé Yoets (Galout) écrit :
"Il convient pour nous [les juifs] d'éviter de vivre d'une manière ostentatoire [comme par exemple] : dans la façon dont nous nous habillons, dans la magnificence des maisons dans lesquelles nous vivons, dans la manière spectaculaire/luxueuse avec laquelle nous faisons nos sim'ha (fêtes).
Même si quelqu'un est excessivement riche, il ne doit pas le montrer aux autres, car cela suscite la jalousie des nations.
Mais plutôt, les hommes et les femmes doivent vivre leur vie modestement, et leur maison doit avoir l'apparence d'une cabane dans un vignoble."

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-> Le Bné Yissa'har (Réguel Yéchara) enseigne : "Celui qui est dominé par le mauvais œil, que D. nous en préserve, doit regarder ses tsitsit."

-> Le 'Hida (Dvach Léfi) écrit au nom du Arizal : "Les tsitsit protègent du mauvais œil et des forces de touma (impureté)."

-> La source de ces enseignements se trouve dans le Zohar (Chéla'h Lé'ha 163b) : "L'homme qui se vêtit d'un tsitsit. le mauvais penchant n'a pas la capacité de lui nuire avec le mauvais œil."

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-> "Le mérite de réciter la Kriyat Shéma le matin et le soir nous sauve de l'ayin ara".
[rav 'Haïm Palagi - séfer Néfech 'Haïm ]

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-> Si une personne se considère comme un talon (la partie la plus base du corps humain), comme humble, alors le yétser ara ne pourra exercer contre elle aucune force afin de l'empêcher d'accomplir tous les commandements de Hachem.
[le 'Hida – Dvach Léfi - Ekev 7,12]

-> Le mauvais œil (ayin ara) n'a pas d'impact sur une personne qui garde ses yeux.
[Zohar - Tikounim 28a]

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-> Rabbi 'Hiya dit : "Ne mange pas le pain de celui qui a un mauvais oeil (ayin ara) et ne désire pas le goûter" (Zohar Chémot 3a).

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2020/03/23/12738

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-> l'enseignement du rabbi de Berditchev : Susciter les bénédictions, et non le ayin ara : https://todahm.com/2024/05/28/susciter-les-benedictions-et-non-le-ayin-ara
=> Lorsque nous nous concentrons sur la dimension Divine des choses (objet comme personne), nous suscitons des bénédictions sur elles, plutôt que le mauvais œil (ayin ara).

"Il prit ses 2 femmes, ses 2 servantes, et ses 11 enfants" (Vayichla'h 32,23)

Rachi explique que Dina ne figure pas ici car Yaakov l’a mise dans une boite qu’il a verrouillée, pour ne pas qu’Essav ne la voie et qu’il souhaite l’épouser.
Yaakov a été puni pour avoir mis sa fille dans cette boite, car elle aurait pu conduire Essav au repentir. C’est pourquoi, elle est tombée entre les mains de Chekhem.

=> Comment peut-on condamner Yaakov pour avoir empêché Essav le racha d’épouser Dina?
Au contraire, cela aurait été considéré comme jeter sa fille aux lions!

En fait, Yaakov a bien fait d’avoir empêché Essav de voir sa fille. Seulement, la Torah lui reproche que quand il a fermé la porte de la boite, il n’a pas malgré tout soupiré en exprimant un regret, se disant :"Ah! Peut-être que finalement, je prive Essav du repentir!"

Hachem a puni Yaakov d’avoir verrouillé la porte fermement et sereinement, sans avoir un petit sentiment de regret/tristesse pour son frère.

Cela montre combien Hachem est exigeant avec les tsadikim (les jugeant sur l'épaisseur d'un cheveu! - guémara Yébamot 121b) et les sanctionnant pour des considérations qui semblent minimes.

[le Sabba de Kelm]

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-> A cette époque, Essav avait environ 100 ans.
[en effet, Yaakov et Essav avait le même âge, étant des jumeaux. Yaakov avait 84 ans lorsqu'il s'est marié avec Léa (cf.Rachi 29,21). On y ajoute 7 autres années avant qu'il épouse Ra'hél, et 6 années où il travaille pour sa parnassa, et encore 2 années avant de rencontrer Essav. Cela fait 84+15 : soit environ 100 ans]
Ainsi, malgré son âge avancé (100 ans!), Essav pouvait toujours faire téchouva, et Yaakov a même été puni pour avoir empêché qu'il puisse se marier avec Dina, qui aurait éventuellement pu lui faire faire téchouva.

Selon le rav Yé'hezkel Lévinstein, cela doit nous faire prendre conscience qu'on peut tous faire téchouva, qu'il n'est jamais trop tard pour cela.
[Hachem attend impatiemment la téchouva de chaque juif, quelque soit son âge, quelque soit la gravité de ses fautes.
Est-ce que tu es plus racha que Essav, a qui malgré tout Hachem attendait sa téchouva?
est-ce que tu es plus âgé que 100 ans, comme Essav, a qui Hachem attendait qu'il fasse téchouva? ...]

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+ Quelques autres explications :

-> Le Moshav Zékénim est d'avis qu'à ce moment, Essav aurait pu être ouvert à se repentir, comme le prouve son offre de voyager avec Yaakov ("Mettons-nous en route ... et j'irai à ton pas" - v.33,12)

-> Le Barténoura enseigne que les intentions (profondes) de Yaakov étaient mauvaises.
En effet, il voulait spécialement que son frère reste un racha, afin que celui-ci ne mérite pas l'accomplissement des bénédictions de son père.

-> Le Mérafsin Igri suggère que Dina avait un niveau si élevé que même Essav ne pouvait pas lui nuire spirituellement parlant, tandis qu'elle pouvait éventuellement l'aider dans une certaine mesure.

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+ On peut s'interroger : comment est-ce que Rachi a-t-il pu affirmer qu'il s'agissait de Dina, la fille de Yaakov, et non pas un de ses fils?

-> Le Gaon de Vilna (Kol Eliyahou) répond que nos Sages enseignent (Targoum Chéni - Esther 3,3) que la tribu de Binyamin a mérité d'avoir le Temple construit sur son territoire de la terre d'Israël, car Binyamin a été le seul fils de Yaakov qui ne s'est pas prosterné devant Essav.
En effet, celui-ci n'était pas encore né au moment de cette rencontre.

S'il y avait un autre de ses frères dans la boîte, cette raison n'aurait alors pas été suffisante, puisqu'une 2e tribu aurait pu demander à avoir le Temple.
Par conséquent, Rachi savait que l'enfant "manquant" ne pouvait être que sa fille Dina.

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-> "Il se leva cette nuit-là, il prit ses 2 femmes, ses 2 servantes et ses 11 fils et traversa le gué de Yabok" (Vayichla'h 32,23)

-> Rachi explique sur les mots "Et ses 11 fils" : Et où était Dina? Il la plaça dans une malle qu’il ferma afin qu’Essav ne place pas son regard sur elle. Yaakov fut puni pour ceci ; parce qu’il la priva à son frère bien qu’elle ait pu le faire revenir vers une conduite vertueuse. Elle tomba par la suite entre les mains de Chékhem.

-> Le Na’halat Yaakov note une contradiction entre ce commentaire et un autre, relatif à un précédent épisode de la Torah. Le Midrach (rapporté par rapporté par Rachi - Vayétsé 29,17) raconte que lorsque Léa sut qu’elle était vouée à épouser Essav, elle pleura amèrement. Ses larmes et ses prières lui épargnèrent ce destin. Pourtant, nous ne voyons nulle part qu’elle eut tort de ne pas désirer cette union. N’aurait-elle pas pu, elle aussi, influencer Essav positivement et le mener à la téchouva?

Dina était plus à même d’influer sur le racha (d’ailleurs, elle eut un impact positif sur Chékhem qui fut prêt à se convertir après avoir abusé d’elle). Elle avait un don naturel, que Yaakov aurait dû détecter, à rectifier le mal.

Le Targoum Yonathan (sur Vayétsé 30,21) nous informe qu’au départ, c’est Ra’hel qui était enceinte de Dina (et Léa attendait un 7e garçon : Yossef), mais qu’à la suite de la prière de Léa qui se souciait de la honte de sa sœur (qui risquait de mériter moins de tribus que les servantes), les fœtus s’interchangèrent : Léa donna naissance à Dina et Ra’hel accoucha de Yossef peu après.

Dina et Yossef ont donc un destin lié.
Nos Sages nous révèlent l’une des qualités de Yossef juste après sa naissance. Yaakov était resté chez son oncle Lavan durant de longues années pour échapper à son frère Essav. Mais dès la naissance de Yossef, il se mit en route pour la terre d'Israël. Ceci, car Yaakov sentit que Yossef avait la force de combattre le mal incarné par Essav.
[D’ailleurs, à plusieurs occasions, nous voyons que c’est par le mérite des descendants de Yossef que le peuple juif vainquit les descendants d’Essav.]

Il y a 2 approches dans le service divin : l’une consiste à éviter le mal et à vaincre ses mauvais traits de caractère, et l’autre à se focaliser sur l’amélioration de ses qualités.
Cela se base sur le Téhilim (34,15) : "Sour Méra Véassé Tov" (éloigne-toi du mal et fais le bien).
- Ra’hel. Ra'hel subtilisa les idoles de Lavan, afin d’empêcher son père de se livrer à l’idolâtrie (Vayétsé 31,34). Ra'hel avait une Avoda davantage de type : "Sour Méra".
- Léa était plus portée par le "Assé Tov" et était donc moins disposée à vaincre le mal que sa sœur Ra’hel.
À leur tour, les descendants de Ra’hel étaient, plus que ceux de Léa, capables de combattre Amalek, personnification du mal. [le filsde Ra'hel : Yossef, était de même, comme on l'a vu juste avant]

=> Nous comprenons à présent pourquoi Dina était plus à même d’influencer positivement Essav que sa mère.
Bien que fille de Léa, elle était également imprégnée du don de Ra’hel (le "Sour Méra") et pouvait donc aussi vaincre le mal. Mais sa façon d’y parvenir différait de celle de Yossef. Ce dernier pouvait éliminer le mal en le détruisant, tandis que Dina le transformait.
[C’est dans cette intention qu’elle sortait voir les filles de son pays ; son but était de les rapprocher d’Hachem.]
D’où la critique faite à Yaakov qui empêcha Dina de se marier avec Essav, tandis que Léa n’est pas réprimandée de n’avoir pas voulu épouser ce racha.

-> Il en résulte qu'il y a 2 manières de vaincre les influences négatives qui nous entourent : les détruire ou les rectifier.
Le 'Hazon Ich écrit que de nos jours, la meilleure façon de réduire le ’Hilloul Hachem causé par l’éloignement de la Torah n’est pas de lui faire affront, mais plutôt de le transformer. Et pour y arriver, il faut montrer un regard positif à l’égard d’autrui et lui prouver que le mode de vie indiqué par la Torah est celui qui lui apportera la plus grande satisfaction.
À notre époque, c’est la force de Dina, celle de corriger le mal, qui est la plus applicable.
[d'après un dvar Torah du rav Yehonathan Gefen]

"Yaakov envoya des anges devant lui, vers Essav son frère" (Vayichla'h 32,4)

-> "Notre Patriarche Yaakov s'est constamment efforcé de minimiser les difficultés futures qui arriveraient à ses descendants.
En effet, le fait d'envoyer les anges avec des cadeaux à son frère Essav, aide les juifs au travers toutes les générations.

A chaque fois que les oppresseurs viennent pour faire du mal aux juifs, exactement ces mêmes anges que Yaakov a envoyé à Essav, émergent de nouveau et ils viennent faire le maximum pour apaiser les méchants.
C'est ainsi que le verset spécifie : "Yaakov envoya des anges DEVANT lui" = il les a envoyé devant lui dans le futur, dans une mission de protéger et de soulager les situations difficiles de toutes les générations de juifs."

[le Ohev Israël - rav Avraham Yéhochoua Heschel]

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-> Certains commentateurs affirment que les messagers envoyés par Yaakov étaient les anges qui l'escortaient pour revenir vers la maison paternelle (cf. fin de Vayétsé v.32,3).
Les serviteurs de Yaakov étaient si terrifiés à l'idée d'aller au-devant d'Essav, qu'il n'eut pas d'autre choix que d'envoyer des anges.
De plus, D. avait envoyé ces anges sans raison apparente. Yaakov pensa : "La Providence me dit que je dois envoyer ces anges vers Essav. Il sera frappé d'effroi en les voyant."

D'après un autre commentaire, l'action de Yaakov portait sur 2 niveaux. Il dépêcha des anges à la rencontre de l'ange gardien d'Essav, pour le neutraliser. A Essav, il envoya des hommes.
[Méam Loez - Vayétsé 32,4]

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-> Le mot : "vayichla'h" signifie : 'devant lui'.
Yaakov a envoyé de véritables anges, afin qu'au moment où il rencontrera Essav, il puisse y avoir des anges entre lui et le racha Essav.
Ceci explique pourquoi le cœur de Yaakov s'est prosterné devant la présence divine.
["[Yaakov] se prosterna contre terre 7 fois jusqu'à ce qu'il parvienne auprès de son frère" (Vayichla'h 33,3)]
[Agra déKalla]

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-> Le Imré Noam enseigne qu'avant de rencontrer Essav, Yaakov a lu tout le Téhilim n°119, comme ségoula pour être sauver de l'énorme colère d'Essav à son égard. En effet, la récitation de ce Téhilim permet de dominer nos ennemis.
"Yaakov envoya des anges devant lui" (vayichla'h Yaakov mala'him léfanav) : le mot "léfanav" (devant lui - לְפָנָיו) a une guématria de 176, qui correspond au nombre de verset dans le Téhilim 119.
De plus, lorsque Yaakov s'est battu contre l'ange d'Essav, il est écrit : "un homme [ange] lutta avec lui" (vayéavék ich imo - וַיֵּאָבֵק אִישׁ עִמּוֹ), et le mot : "vayéavék" (lutta - ויאבק) a une guématria de 119 (comme le numéro du Téhilim).
Ainsi, nous voyons que Yaakov, le "ich tam" (איש תם), a vaincu Essav avec le Téhilim 119, qui commence par les mots : achré témimé daré'h (אַשְׁרֵי תְמִימֵי דָרֶךְ).

Ainsi, par la lecture du Téhilim 119, on peut être sauvé de notre ennemi spirituel, qui est le yétser ara.

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-> "Yaakov envoya des messagers en avant, vers Essav son frère, au pays de Séïr, dans la campagne d’Edom" (Vayichla'h 32,4)

-> Le Zohar Hakadosh (A 166 a) nous dit que Yaakov envoya de vrais anges, comme il est dit: "Malachim" et non pas des envoyés de chair et de sang.
=> Or, il ne manquait pas de personnes à envoyer, pourquoi a-t’il utilisé des anges pour envoyer ses cadeaux à ‘Essav, ce qui est anormal, même pour un des patriarches d’utiliser des créatures célestes pour accomplir son projet.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Vayichla'h) écrit :
La réponse se trouve en secret dans la double localisation d’Essav par le passouk "au pays de Sé’ïr, dans la campagne d’Edom".
En effet, Essav étant du coté de de l’impureté (touma), un feu de guévourot et de dinim (de rigueurs et de jugements), brûlait en lui, mais tant qu’il était en terre d'Israel, dans l’environnement d’Its'hak, son père lui insufflait une sainteté (kédoucha) provenant du Youd de son nom qui transformait ce feu (éch - אש) en homme (ich - איש), et ce tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et c’est pourquoi que le verset (Toldot 25,27) l’appelle : "Essav devint un homme de chasse (ich yodéa tayid - יֹדֵעַ צַיִד איש), un homme des champs (ich chadé - אִישׁ שָׂדֶה)", deux fois le mot homme (איש) est utilisé, pour nous montrer les deux adoucissements de ses rigueurs.

Et c’est ce que vient nous préciser le verset, en nous citant deux noms de l’endroit ou il résidait :"au pays de Sé’ïr (artsa Séïr - אַרְצָה שֵׂעִיר), dans la campagne d’Edom (shédé Edom - שְׂדֵה אֱדוֹם), car les premières lettres de ces deux endroits sont feu (אש), Alef de artsa et Edom et Shin de Sé’ïr et Sdé.
Pour nous dire qu’Essav, en quittant la terre d'Israel et Its'hak, il avait perdu ses Youd qui le maintenait à proximité de la sainteté, et il n’est maintenant plus que éch (אש – le feu), au dedans et au dehors.
C’est pourquoi Yaakov ne pouvait pas prendre le risque d’envoyer des hommes, qui seraient très certainement tués, mais plutôt des anges qui, eux, peuvent affronter Essav.

"Yaakov resta seul et un homme lutta avec lui jusqu'au lever du jour" (Vayichla'h 32,25)

-> Rachi commente : L'homme en question était l’ange gardien de Essav.

-> La guémara ('Houlin 91a) enseigne que l'homme qui a combattu Yaakov, est apparu parfois comme un érudit en Torah (talmid 'hakham) ou parfois sous la forme d'un non-juif.

-> Le 'Hatam Sofer apporte l'explication suivante :
Yaakov a affirmé à Essav, avoir observé l'ensemble des 613 mitsvot chez Lavan (Rachi 32,5).
Cependant, il y avait 2 domaines dans lesquels il était faible : la mitsva d'honorer ses parents, qu'il ne pouvait pas réaliser pendant le temps où il était loin d'eux ; et l'interdiction de se marier avec 2 sœurs.

L'ange gardien de Essav a essayé de l'attaquer sur ses 2 points vulnérables :
- en prenant l'apparence d'un érudit en Torah = c'était pour faire allusion à Yaakov de ses lacunes dans l'honneur à ses parents, puisque la guémara (Méguila 16b) enseigne qu'il n'a pas été puni pour avoir négligé cette mitsva durant la période où il a étudié la Torah à la yéchiva de Chem et Ever (sans aborder les 14 années suivantes chez Lavan).

- en prenant l'apparence d'un non-juif, pour lui signifier qu'il a agit comme un non-juif en se mariant avec Ra'hel et Léa, puisque cette interdiction de se marier à 2 sœurs ne s'applique qu'aux juifs.

Le 'Hatam Sofer suggère que ces 2 mitsvot ce retrouve dans le verset (v.32,8), qui décrit la réaction de Yaakov lorsqu'il apprend que Essav se dirige vers lui avec 400 hommes : "Yaakov eut très peur et fut angoissé" (vayira Yaakov méod vayétsèr lo - ויירא יעקב מאד ויצר לו).
Pourquoi son ressenti est-il décrit par 2 verbes différents?

- "il eut peur" (vayira - ויירא) = fait allusion à la mitsva d'honorer ses parents, qui est décrite dans la Torah par : "ich imo véaviv tiraou (תיראו)" (Chacun, sa mère et son père vous craindrez - Kédochim 19,3) ;

- "il fut angoissé" (vayétsér - ויצר) = c'est l'interdiction de se marier avec 2 sœurs en même temps, qui se trouve dans la Torah : "icha él a'hota lo tika'h litsror (לצרר)" (Une femme en plus de sa sœur, tu ne prendras pas pour en faire des rivales - A'haré Mot 18,18)

-> Le Targoum Yonathan (v.32,8) écrit également que si : "Yaakov eut très peur", c'est parce qu'il n'a pas activement honorer ses parents pendant 22 années.

-> Le Yichma'h Moché fait remarquer, que le terme : "très [peur]" (méod - מְאֹד), est l'acronyme de : "mékiboud av dacheil", qui signifie en araméen : "de son kiboud av, j'ai peur".
En effet, Essav excellait dans le respect de son père (cf. moment où Its'hak bénit ses enfants).
=> Yaakov n'avait pas peur de la puissance, de la force de Essav, mais de l'avantage en mérites qu'il avait pour avoir honoré son père à la perfection.

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-> Le Chla haKadoch écrit que l'ange de Essav, représente le yétser ara qui :
- parfois il vient sous la forme d'un non-juif = nous attaquant avec un argumentaire propre à ce qui est le plus séduisant à nos yeux dans le monde non-juif ;

- et parfois, il apparaît sous forme d'un juif érudit en Torah = maîtrisant les moindres détails de la Torah, le yétser ara va nous piéger en utilisant notre fibre religieuse.
C'est ainsi par exemple que : une avéra devient une mitsva, on va faire une mitsva au détriment de nombreuses autres, il va réduire notre ardeur/enthousiasme, ...
Il ne recherche pas l'impressionnant, toute petite perte spirituelle, tout petit écart, est signe d'une réussite de sa mission.

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-> Le rav Moché Aharon Friedman fait remarquer que le yétser ara ne nous attaque pas dans ce qui est clair pour nous (le tout noir ou tout blanc), mais dans nos zones de confusion, où l'on doute (nos zones grises : où c'est ni noir, ni blanc).

Avraham représente l'Attribut de 'hessed (bonté) qui correspond aux 248 mitsvot positives, tandis que Its'hak représente la guévoura (rigueur), qui est associée aux 365 mitsvot négatives.
Que restait-il à Yaakov?

La spécificité de Yaakov était d'infuser de la sainteté dans la matérialité.
C'est ainsi que :
- en sortant du ventre de sa mère, il a tenu le talon de son frère.
Le mot : "talon" (ékev - עקב) est l'acronyme de : קדש עצמך במותר (sanctifie toi dans ce qui est permis - kadech atsmé'ha bémoutar) ;

- plus tard, il aura dans son sommeil la vision prophétique de l'échelle, dont le bas partait de la terre, et le haut arrivait au Ciel. C'est une allusion au fait que la tâche de Yaakov était d'unir ces 2 mondes : élever la matérialité en y mettant de la sainteté.

=> Nous devons suivre son exemple, et lorsque notre yétser ara se présente habillé en non-juif ou bien en érudit de la Torah, notre état d'esprit doit être le même : Est-ce en accord avec la volonté de Hachem? Est-ce que cela va m'élever vers D. ou bien m'en distancer?

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-> La prière de Yaakov concerne également les générations à venir. Car les nations du monde ont 2 méthodes pour convertir les juifs.
L'une est la voie de "la main d'Essav", les décrets impitoyables accompagnés d'effusions de sang, et la 2e : la voie de "la main de mon frère", c'est la fraternité et le rapprochement au moyen desquels les non-juifs veulent nous faire tomber dans l'abîme.
Pour ces 2 voies-là, Yaakov a demandé de la miséricorde Divine.

"[Yaakov] se prosterna contre terre 7 fois jusqu'à ce qu'il parvienne auprès de son frère" (Vayichla'h 33,3)

Comment comprendre le fait que le tsadik Yaakov se soit prosterné devant le racha Essav?

-> Mordé'haï était une réincarnation de Yaakov, et Haman une réincarnation de Essav.

Mordé'haï ne s'est pas prosterné devant Haman, et ce même s'il mettait en danger l'ensemble du peuple juif, dans un but de corriger la mauvaise action de Yaakov de s'être prosterné devant Essav.

Selon le Mahara Galanti, au nom du Ramak, la réparation de Mordé'haï ne porte pas sur une erreur que Yaakov a fait directement.
En effet, le Zohar rapporte que Yaakov a vu la présence divine, et il s'est alors prosterné.
Cette inconduite a entraîné que ses enfants l'ont imité, et se sont également prosternés devant Essav.
Mais, ils n'ont pas réalisé que leur père l'a fait en l'honneur de la présence divine, ils pensaient réellement qu'ils se prosternaient en l'honneur d'Essav.

C'est cela que Mordé'haï a réparé : la conséquence indirecte qu'a entraîné l'action de Yaakov, sur ses enfants, les tribus d'Israël.

[le Kissé David]

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-> "Yaakov envoya des anges devant lui" (Vayichla'h 32,4)

Le mot : "vayichla'h" signifie : 'devant lui'.

Yaakov a envoyé de véritables anges, afin qu'au moment où il rencontrera Essav, il puisse y avoir des anges entre lui et le racha Essav.

Ceci explique pourquoi le cœur de Yaakov s'est prosterné devant la présence divine.

[Agra déKalla]

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-> Le Zohar rapporte que Yaakov s'est prosterné car la présence divine était présente.
Le Zohar (Vayichla'h) explique : "C'est seulement aux êtres de chair et de sang qui ne perçoivent qu'avec leurs yeux, qu'il semblait que Yaakov se soit prosterné devant Essav. Cependant, en vérité, Yaakov s'est prosterné devant la Présence Divine".

Pourquoi a-t-il choisi de le faire alors que pour les autres, cela apparaissait comme le fait de se prosterner en l'honneur de Essav?

Dans la maison d'étude de Abayé, il y avait un démon qui causait des dommages aux personnes.
Lorsque Abayé a entend que Rav Acha bar Yaakov venait en ville, il s'est assuré qu'il allait dormir dans le lieu d'étude (beit midrach), avec l'espoir que les mérites de ce grand Sage allaient dominer le démon et conduire à sa disparition.

Le démon est apparu à Rav Acha bar Yaakov sous la forme d'un serpent à 7 têtes.
Rav Acha a alors prié, et à chaque fois qu'il se prosternait durant la prière, une tête du serpent est tombée jusqu'à ce que les 7 têtes soient tombées, et qu'il en meurt.
[guémara Kidouchin 29b]

Le yétser ara a 7 noms.
Dans le but de dominer les 7 forces d'impuretés d'Essav, Yaakov s'est prosterné à 7 reprises devant la présence divine, jusqu'à ce qu'il prenne le contrôle sur Essav.

Rav Acha bar Yaakov par le mérite de Yaakov, a pu se prosterner 7 fois et détruire le démon, à l'image de ce qu'a fait Yaakov au yétser ara en se prosternant à son frère Essav.
[guémara Soucca 52a]
[d'après le Mégalé Amoukot - Rav Nathan Shapira]

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-> Le Maharcha explique qu'à chaque fois que rav A'ha se prosternait durant la amida, une tête de serpent tombait : 2 fois durant la bénédiction sur les Patriarches, 2 fois durant la bénédiction modim, et 3 fois à la fin de la prière dans ossé shalom.
Rav A'ha s'inclina à 7 reprises dans la Amida, comme le prescrit la halakha, et éradiqua les forces néfastes du serpent.

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+ 7 têtes, 7 morts :

-> La guémara (Kidouchin 29b) raconte l’histoire d’un démon dangereux qui se trouvait dans le beit midrach d’Abbayé. Rav A’ha Bar Yaakov était en ville et personne ne l’invita, le forçant ainsi à dormir dans ce beit midrach. Le démon lui apparut comme un serpent à 7 têtes. A chacune de 7 prosternations, une tête tomba.

=> Nous nous demandons comment il a su s’incliner 7 fois pour tuer le serpent à 7 têtes.
[le Maharcha dit que ce sont les 7 forces d'impureté que le Serpent (Na’hach) a apportées au monde]

Its'hak a donné 8 bénédictions à ses enfants (7 à Yaakov [voir Toldot 27,28-29] et une à Essav ["N'as-tu qu'une seule bénédiction, père?" - Toldot 27,38]).
Le nombre 26 représente la bénédiction puisque c’est la valeur numérique du nom d’Hachem יהוה.
Si nous multiplions 26 par 8, nous obtenons 208. C’est la valeur numérique d’Its'hak (יצחק), faisant allusion aux 8 bénédictions qu’il a donnés. Yaakov en a reçu 7 et Essav une.
Si nous multiplions 26 par 7, nous trouvons 182, la même valeur qu'Essav (יעקב), car c’est le nombre de bénédictions qu’il a reçues.

Correspondant aux 7 niveaux de sainteté de Yaakov, Essav avait 7 niveaux d'impureté. Ceci est en accord avec "j’irai à tes côtés" (Vayichla'h 33,12) = c'est-à-dire ce que Yaakov possédait dans la sainteté (kédoucha), Essav l’avait dans l'impureté (touma). À chaque fois que Yaakov s’inclinait, un niveau de touma était retiré d’Essav.
Combien de fois Yaakov s’est-il incliné devant Essav? 7.

La valeur du mord טמא (tamé - impur) est 50. En multipliant 7 par 50, on arrive à 350. Essav a reçu 1 bénédiction de son père. Par conséquent, 350 et 26 nous donnent un total de 376, la même guématria que Essav (עשו).
Le verset nous dit que Yaakov s’inclina 7 fois "jusqu’à ce qu’il atteigne son frère" (ad a'hakhav - עד אחיו).
Une autre interprétation est qu’à travers ces prosternations, Essav était maintenant comme un frère pour lui, puisqu’avec Yaakov s’inclinant 7 fois, les 7 niveaux de touma d’Essav ont été supprimés.
Cela laissait maintenant Essav avec une bénédiction. Il n’est pas surprenant que la guématria de "a'hav" (אחיו - son frère) soit 26 (symbolisant la seule bénédiction qui est restée. [avec le +1 du kollel]

À la lumière de cela, nous pouvons comprendre pourquoi, dans le verset suivant, Essav courut vers Yaakov, le serra dans ses bras et l’embrassa, puisque tout ce qui restait à Essav était l’amour, sa touma (impureté) ayant été enlevée.
Maintenant, nous pouvons apprécier les mots : "Yaakov s’inclina 7 fois devant Essav" ( שב ע יפול צדיק ) puis le vainquit. ["le tsadik tombe 7 fois, et se relève ; mais les réchaïm sont effondrés par le malheur" (Michlé 24,16)]
Rav A'ha Bar Yaakov a appris de Yaakov comment tuer le démon à 7 têtes.
[rav Yéhochoua Alt]

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-> voir aussi le commentaire du Ben Ich 'Haï : https://todahm.com/2021/09/09/32696

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-> Le Mégalé Amoukot explique que lorsque nous effectuons 7 tours complets avec la lanière des téfilin sur notre bras gauche, nous désirons atteindre le même objectif que Yaakov notre Patriarche cherchait à atteindre en se prosternant à 7 reprises devant le Créateur du monde : soumettre les 7 forces d'impureté d'Essav son frère le racha.

-> De son côté, le rav Pin'has Friedman (Shvilei Pinhas) dit que nous plaçons tout d'abord les téfilin du bras gauche pour commencer, orientées vers le cœur, en enroulant la lanière 7 tours complets afin de soumettre les forces du mauvais penchant que Yaakov reçut d'Essav. Et seulement ensuite, il sera possible de mettre les téfilin de la tête qui contiennent 4 compartiments correspondant aux 4 approches fondamentales de l'étude de la Torah (4 parties du Pardess).
En effet, tant que l'homme n'a pas retiré les souillures inscrites dans son cœur, il n'aura pas la force de s'adonner pleinement à l'étude de la Torah. Comme on le dit dans les Téhilim : "Eloigne-toi du mal" et seulement ensuite "... et fais le bien" (Téhilim 34,15).

Nous commençons toujours par mettre les tefilin du bras, orientés vers le cœur afin de soumettre ses envies, puis nous posons les téfilin sur la tête, "entre nos yeux", afin que notre intellect puisse dominer le cœur.
[la faute est une démonstration de la soumission de l'homme aux envies et pulsions de son cœur]

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-> Le Mégalé Amoukot (Vaét'hanan) écrit que la klipa (écorce d'impureté) d'Essav contient 7 couches d'épaisseur constituant 7 forces d'impureté, ainsi que l'ont enseigné nos Sages : "le mauvais penchant a 7 noms : Raa, Arel, Tamé, Soné, Mikhchol, 'Havan, Tsafouni" (guémara Soucca 52a).
Ceux-ci font allusion aux 7 couches d'épaisseur qui sont les 7 forces d'impureté que possède le mauvais penchant. Afin de soumettre ces 7 forces d'impureté, Yaakov a dû se prosterner 7 fois devant la Présence Divine, avant que n'arrive son frère Essav, comme il est écrit : "Il passa devant eux et se prosterna à terre 7 fois, jusqu'à ce qu'il arrive près de son frère", car en se prosternant à 7 reprises, il put ainsi soumettre les 7 forces de la klipa de son frère et ainsi l'affaiblir.

Ceci nous renvoie aux mots du roi Salomon : "Car le tsadik tombe 7 fois et se relève" (Michlé 24,16). C'est-à-dire que les 7 prosternations de Yaakov lui ont permis de soumettre les 7 couches d'épaisseur d'impureté d'Essav.

[c'est la raison pour laquelle, à l'époque de Yéhochoua, lorsque le peuple d'Israël vint conquérir Jéricho, il effectua 7 fois le tour des murailles pour y soumettre le mauvais penchant.]

[le Arizal (Chaar haKavanot - Pessa'h) dit qu'une fois un enfant devenu bar mitsva à l'âge de 13 ans, bien qu'il soit considéré comme un adulte, il doit néanmoins encore recevoir 7 lumières intérieures jusqu'à l'âge de 20 ans, soit une lumière par an.
Ces 7 lumières intérieures viennent compléter le développement de base spirituelle de l'homme pour faire face au mauvais penchant et devenir adulte, un "grand" à part entière.
C'est la raison pour laquelle il est apte à être recensé parmi les juifs, car le recensement ne se fait qu'à partir de 20 ans.]

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"A mon seigneur (ladoni), à Essav ..." (Vayichla'h 32,5)

Comment Yaakov pouvait-il appeler Essav son seigneur?

-> Selon le Arizal, Essav était composé de 2 parties : une bonne, et une mauvaise.
Yaakov appelait la bonne partie : mon seigneur (adoni).

En ce sens le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï) précise le verset : "ladoni (à la bonne partie de Essav), léEsav (à la mauvaise partie).

-> Selon le Or ha'Haïm, un des aspects de la stratégie de Yossef était de souligner à Essav la haute estime dans laquelle il le tenait.

Il y a toujours une partie sublime au sein de toute personne (même chez un racha comme Essav!).
=> Ainsi, à l'image de Yaakov avec Essav, nous nous devons de voir le spirituel, la sainteté en autrui, et la respecter.

Dans notre tête, nous devons souhaiter fortement que le mal en sorte, et que le bien en prenne pleine possession.
En parallèle, il faut aussi avoir conscience de la mauvaise partie, afin de prendre ses précautions, pour ne pas subir une influence négative.

+ "Rabbi Akiva disait : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18) : ceci est un grand principe de la Torah.

Ben Azaï disait : "Ceci est l'histoire des générations de l'humanité : [lorsque D. créa l'homme, Il le fit à Sa propre ressemblance]" (Béréchit 5,1) : ceci est un principe plus grand encore.
[En effet, il en résulte : ] Que tu n'en vienne pas à dire : "Si j'ai été humilié, mon prochain peut l'être aussi", car sache qui tu cherches à abaisser : un être créé à l'image de Hachem."

[midrach Béréchit rabba 24,8]

[Vouloir respecter Hachem, cela implique par ricochet de devoir respecter autrui, et également nous-même.]

"Avraham était vieux, avancé dans la vie" ("Hayé Sarah 24,1)

-> Il est écrit dans le midrach Yalkout Chimoni ('Hayé Sarah - chap.105) :

"Avraham demanda la vieillesse.
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, quand un homme et son fils arrivent quelque part, personne ne sait qui des deux honorer."
Hachem lui répondit : "Je jure par ta vie : c'est une bonne chose que tu demandes là, et c'est avec toi que la vieillesse commencera".
Depuis le début de Béréchit, il n'est fait aucune mention de la notion de vieillesse, et c'est seulement lorsqu'Avraham la demanda qu'elle fut donnée au monde ; c'est pourquoi il est dit : "Avraham était vieux".

Its'hak demanda les épreuves.
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, un homme meurt sans avoir vécu d'épreuves durant sa vie et l'Attribut de Rigueur/Justice s'abat sur lui ...
Its'hak demanda les épreuves, et elles furent données, comme il est dit : "Comme Its'hak était devenu vieux, sa vue s'obscurcit" (Toldot 27,1).

Yaakov exigea la maladie [qui précède la mort].
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, un homme meurt sans tomber malade, il n'a pas l'occasion de répartir son héritage entre ses enfants. Mais s'il tombe malade 2 ou 3 jours auparavant, il peut alors léguer ses biens ...
C'est pourquoi il est dit : "On fit dire à Yossef : ton père est malade" (Vayé'hi 48,1)."

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-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou) explique :

- Avraham incarne le 'hessed, et il déplorait le fait qu'une personne respectable (du fait de son âge), puisse être privée de l'honneur qui lui revient.
Par le phénomène de vieillissement, il avait une volonté sincère d'améliorer les relations entre les hommes.

- Its'hak incarne l'attribut de Rigueur/Justice, et il ressentait la nécessité de doter l'humanité d'un instrument capable d'inciter l'homme au repentir.
L'idée est de donner une sorte d'avant goût des épreuves de l'Enfer qui risquent de s'abattre sur cette personne, si elle ne se repent pas.

- Yaakov, l'homme intègre, par l'Attribut de la Perfection, souhaitait que la paix règne entre les héritiers, et la maladie permet d'avoir le temps pour répartir son legs.
Il avait conscience que les rivalités et la jalousie, provoquent une faille dans le service divin.

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-> Dans ce même midrach, il est également écrit :

"Le roi 'Hizkiyahou demanda la "seconde maladie".
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, il n'est pas bon pour l'homme que Tu le laisse en parfaite santé jusqu'à l'heure de sa mort. En revanche, s'il tombe malade au cours de sa vie, il se repent sincèrement.
C'est pourquoi il est : "Cantique de 'Hizkiyahou, roi de Yéhouda, composé à l'occasion de sa maladie dont il guérit" (Yéchayahou 38,9)."

=> 'Hzikiyahou est allé au-delà de la demande de Yaakov, en priant Hachem qu'Il suscite en l'homme, tout au long de vie, des maladies qui le conduiraient jusqu'au seuil de la mort, et dont il ne guérirait que par pure charité divine. L'homme serait alors animé d'un profond sentiment de gratitude envers Celui qui l'a sauvé, et il se repentirait sincèrement.

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-> Le midrach (Béréchit rabba Vayéra 43,10) nous rapporte que :

Rabbi Yéhouda bar Rabbi Simon dit : "Avraham fit un grand festin [suite à la naissance de Its'hak]" = il fit un festin pour les grands : Og et tous les grands de ce monde y étaient présents.

On dit à Og : "Ne disais-tu pas d'Avraham qu'il est une mule qui ne peut procréer?"
Il répondit : "Quelle est donc cette créature insignifiante [Its'hak] qu'il a reçue en cadeau? Avec mon doigts seulement, je peux la broyer!"

Hachem dit : "Pourquoi méprises-tu donc son cadeau? Je jure que viendra un jour où se dresseront face à toi des milliers et des milliers de myriades de ses descendants, entre les mains desquels tu tomberas (cf. 'Houkat 21,34).

[Cette interprétation correspond à] ce qu'a enseigné Rabbi Lévi : Jamais un berceau ne fut balancé avant qu'on ne le fît dans la maison d'Avraham."

-> Le Matanot Kéhouna explique que ce texte suggère que Its'hak fut le 1er enfant au monde à naître de la taille d'un nourrisson. Jusque là, les nouveau-nés sortaient du ventre maternel déjà adultes, et n'avaient donc nul besoin d'un berceau.
C'est pourquoi Og avait ainsi tourné en ridicule à la vue d'Its'hak, dans la mesure où l'on n'avait encore jamais vu d'enfant de taille si réduite.

=> Ainsi, Its'hak fut le 1er enfant "dépendant", incapable de pourvoir à ses besoins dès sa naissance.

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-> Pourquoi dit-on lé’haïm? Pourquoi dit-on labriout? : https://todahm.com/2014/05/18/pourquoi-lehaim-pourquoi-labriout

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"Avraham était vieux, avancé dans la vie" ('Hayé Sarah 24,1)

En hébreu, cela donne : וְאַבְרָהָם זָקֵן, בָּא בַּיָּמִים (veAvraham zaken ba bayamim)

La dernière lettre de ces 4 mots forme : מַאֲמִן (un croyant - maamim), c'est une allusion à la foi de Avraham en Hachem.
[Yalkout haEzovi]

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-> Répondre amen comme il le faut, est propice pour avoir une longue vie.
En effet, il est écrit : "Avraham était vieux, avancé dans la vie" ('Hayé Sarah 24,1).
Les dernières lettres de : "zaken ba bayamim" (vieux, avancé dans la vie - זָקֵן, בָּא בַּיָּמִי) forment le mot : amen (אמן).
[Baalé haTossafot]

-> Tout celui qui allonge son amen, sa vie sera allongée et sa vie sera bonne.
[guémara Yérouchalmi Béra'hot 8,8]
Le rav Its'hak Eizik Chaver précise que "sa vie sera bonne" (ouchnotav bétova) signifie : "il aura du plaisir en un jour de sa vie autant que les autres en ont en plusieurs jours."

-> Tout celui qui répond "amen" dans ce monde méritera de répondre "amen" dans le monde futur.
[midrach Tan'houma 96,9]
En ce sens, le Choul'han Aroukh (Ora’h 'Haïm 124,7) statue : "Enseigne à tes jeunes enfants à répondre amen, car lorsque les enfants répondent amen, ils méritent une part dans le monde futur (olam aba).

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-> "Et Avraham fut âgé" ('Hayé Sarah 24,1)

=> La Torah rapporte qu'Avraham était âgé, juste après l'épisode de l'enterrement de Sarah. Quel lien y a-t-il entre ces deux sujets?

Rabbi Nathan de Breslev (Likouté Halakhot) enseigne :
L'une des explications à cela est basée sur le verset de la Torah qui dit : "Que vos jours se multiplient ainsi que les jours de vos enfants sur la terre qu'Hachem a promis de vous donner" = on en déduit que toute la valeur et la plénitude de la longévité et donc de la vieillesse ne s'applique qu'à ceux qui sont en terre sainte.
Certes, Hachem a promis cette terre à Avraham. Mais, Avraham n'a réellement prit possession d'une part en terre d'Israël que pour y enterrer Sarah. C'est là qu'il a acheté le terrain d'Efron, à 'Hevron. Et c'est seulement après cette acquisition de ce lopin de terre que la vieillesse d'Avraham devint une véritable valeur et prit tout son sens, comme on l'a expliqué.
C'est donc logique que juste après cela, la Torah en fasse l'éloge : "Et Avraham fut âgé".

"Voici Il [Hachem] se tient derrière notre mur" (Chir haChirim 2,9)

Cela vient nous apprendre que même lorsque nous créons un mur entre Hachem et nous par nos fautes, malgré tout, Hachem se trouve avec nous.
Même "derrière notre mur", que nous formons par nos fautes, "Le voici qu’Il s’y tient".
Même si un juif se trouve au plus bas et a grandement fauté, Hachem continue à être avec lui pour le protéger, et Il attend patiemment qu’il se repente et se rapproche de Lui.

[Rabbi Sar Chalom de Belz]

[une téchouva sincère, de tout notre cœur, fait exploser ce mur d'éloignement qu'avaient pu construire nos fautes. Hachem peut alors nous prendre dans "Ses bras", d'un amour infini.]

"Qu'est-ce que l'homme peut faire pour être épargné des souffrances précédant la venue du machia'h?
Qu'il se consacre à la Torah et à faire des actes de bonté"
[Rabbi El'azar - guémara Sanhédrin 98b]

Le 'Hafets 'Haïm de commenter :
"Et même si tous nos maîtres des générations précédentes se rassemblaient aujourd'hui, ils ne pourraient donner de meilleur conseil, car c'est le seul qui nous reste encore!"

3 Questions/Réponses – Paracha Toldot

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Toldot :

1°/ "J'ai mangé de tout avant que tu ne viennes" (Toldot 27,33)

Après qu'Its'hak ait mangé la nourriture apportée par Yaakov, Essav est venu et a demandé à son père de manger de la nourriture qu'il avait lui-même préparé afin qu'il le bénisse également.
Pourquoi Its'hak ne pouvait-il plus rien manger?

Rachi (v.27,9) : le repas de Its'hak (apporté par Yaakov) consistait en 2 chevreaux : l’un était destiné au sacrifice pascal, et l’autre devait servir au repas

-> Selon le rav Yossef 'Haïm Zonnenfeld, pour éviter que Its'hak ne mange et ne donne ensuite une bénédiction à Essav, Rivka s'est assurée que Its'hak mange le Korban Pessa'h.
En effet, la loi juive est que : après avoir mangé du sacrifice de Pessa'h (ou bien de nos jours l'afikoman), on ne doit pas manger ou boire de toute la nuit (én maftirim a'har aPessa'h afikoman).

-> Le Oznaïm laTorah fait remarquer que les lettres : "de tout" (mikol - מִכֹּל) sont les 1eres lettres de : matsa kazaït laa'harona (le kazaït de matsa [l'afikoman] est la dernière chose que l'on doit manger du repas de Pessa'h).

Its'hak va dire ensuite à Essav : "Ton frère est venu avec habilité et il a pris ta bénédiction" (Toldot 27,35)
Le mot : bémirma (avec habilité - בְּמִרְמָה) a la même guématria que : Afikoman (אפיקומן), soit 287.
=> Ainsi, Its'hak faisait allusion à Essav, que Yaakov était déjà venu et lui avait donné à manger l'Afikoman, il ne pouvait alors plus rien manger de ce que Essav lui avait apporté.

-> Le rav Chimchon Raphael Hirsch (v.27,39) fait remarquer que contrairement à la bénédiction de Yaakov (v.28 "Que D. te donne ..."), Its'hak ne dit pas explicitement à Essav que D. lui accordera Sa bénédiction, ce qui aurait signifié qu'elle émanait de Hachem.
Le destin de Essav dépendra du cours normal des événements de ce monde.

Selon le rav 'Haïm Yossef Kofman, si Its'hak a quand même donné une bénédiction à Essav, c'est parce que ce dernier en est venu à pleurer. Il a alors ressenti sa peine, et lui a répondu.

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+ Bonus (b'h) :

-> Rivka "mis les mets et le pain qu'elle avait préparés dans la main de son fils Yaakov" (v.27,17)
Ensuite : Yaakov "le servit et il mangea, et il lui apporta du vin et il but" (v.27,25)

Pourquoi Yaakov a-t-il pris l'initiative d'amener en plus du vin à son père?

-> Le 'Hizkouni explique que l'objectif de Yaakov était de rendre légèrement confus son père afin qu'il ne prête pas trop attention lorsqu'il déterminera l'identité.

-> Le Tossefet Bra'ha suggère que c'était pour des raisons de santé, pour se conformer à la guémara (Shabbath 41a) qui enseigne qu'il n'est pas sain de manger sans boire.

-> Le Torah léDaat suggère que si la viande provenait du Korban Pessa'h (cf.Rachi 27,9), alors Its'hak avait besoin de vin pour les 4 coupes de vin consommées pendant le Séder de Pessa'h.

-> Par ailleurs, de même que l'on fait beaucoup de mitsvot avec un verre de vin, de même Yaakov a pensé que le fait de recevoir une bénédiction de son père nécessitait un verre de vin.

-> Le Daat Zékénim est d'avis que c'est l'ange Michaël qui lui a apporté ce verre de vin depuis le Gan Eden.
[C'est peut être une des raisons du Rachi (v.27,27) : "est entrée avec lui (Yaakov) l'odeur du jardin de Eden"]

Le Méam Loez (Toldot 27,25) rapporte également : "Bien que Yaakov n'avait pas amené de vin, l'ange Mi'haël en apporta.
Ce vin était tiré du jardin d'Eden, et le raisin provenait des 6 jours de la Création.
L'ange le donna à Yaakov qui le servit à son père."  (Targoum Yonathan ; Yalkout Chimoni)

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2°/ "Et des peaux des chevreaux, elle recouvrit ses mains et son cou lisse" (Toldot 27,16)

Rabbi Yo'hanan dit : Yakov était grand et fort, et ses 2 bras étaient larges comme 2 piliers de marbre. (midrach Béréchit rabba 65,17)

Comment la peaux des 2 chevreaux (les petites d'une chèvre!) a-t-elle pu être suffisante pour lui couvrir ses 2 énormes bras (un bras par bête)?

-> On peut rapporter le midrach (Béréchit rabba 65,17) suivant :
Rav Houna, citant Rabbi Yossé, dit que la peau des 2 chevreaux suffisaient, car dans les générations précédentes, les animaux de la terre d'Israël étaient extrêmement grands.

Une fois avant Yom Tov, les Cohanim ont cherché un grand et beau mouton pour le sacrifice Tamid du Yom Tov. Ils n'ont pas eu besoin d 'aller bien loin pour trouver un mouton qui était si grand, qu'ils ont dû le mettre sur 2 chameaux pour le transporter jusqu'au Temple.
Malgré la grande taille des chameaux, les jambes du mouton atteignaient et traînaient sur le sol.

En ces temps là, en terre d'Israël, les chèvres et les chevreuils étaient si grands, qu'ils atteignaient la hauteur d'un cannelier.
Ces chèvres et chevreuils se tenaient près de l'arbre et mangeaient les fruits directement à son sommet.

=> Si les animaux en Israël étaient si grands, il est certain que 2 chevreaux étaient suffisants pour recouvrir les longues mains de Yaakov.

-> D'autres sont d'avis qu'elle a cousu ensemble la peau de plusieurs chevreaux, jusqu'à faire un morceau suffisamment grand pour recouvrir chacun de ses bras.

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+ Bonus (b'h) :

-> "Rivka prit les vêtements propres de son grand fils Essav ... et en revêtit Yaakov son petit fils" (Toldot 27,15)

Le Tsror haMaor (Rabbi Avraham Saba) enseigne que lorsque Rivka a placé les grands habits de Essav sur Yaakov, ils lui allaient parfaitement bien, malgré que ce dernier dernier était plus petit (cf.le verset ci-dessus).

=> Quelle était la nécessité de ce miracle sachant que Its'hak était non voyant, et ne pouvait pas savoir si l'habit lui allait parfaitement ou pas?

La réponse est que le miracle était destiné à Yaakov.
En effet, selon le midrach, Yaakov était très bouleversé et il a même pleuré de devoir être impliqué dans une tromperie. Hachem a alors fait en sorte que l'habit lui aille miraculeusement bien, comme un baiser d'encouragement, lui montrant que du Ciel il avait été convenu qu'il prenne les bénédictions à son frère.

-> Avant de mettre ses peaux, Rivka va d'abord revêtir Yaakov des vêtement de propres de Essav ou bien selon Rachi des vêtements précieux qu'Essav avait volés à Nimrod.

Rav Henoch Leibowitz explique que Rivka a habillé Yaakov de ces vêtements, afin qu'ils l'influencent d'une certaine façon à agir comme Essav, aidant ainsi à l'obtention des bénédictions.

=> On apprend de là le pouvoir d'influence que les habits peuvent avoir sur nous.

C'est ainsi que le Kitsour Choul'han Arou'h (3,3) codifie : "Une personne ne doit pas revêtir des habits très chers car cela amène une personne à être hautaine ; ni des vêtements extrêmement peu chers ou sales afin de ne pas être répugnant aux yeux des autres, mais avoir des habits ordinaires et propres".

[les juifs sont des princes, des fils du Créateur, on se doit d'agir en fonction de ce haut statut, et l'habit contribue à cela.]

[Le rabbi Naftali de Ropschitz enseigne qu'il était très difficile à Yaakov d'émettre le moindre mensonge, comme le souligne le verset : "tu donneras la vérité à Yaakov" (titèn émet léYaakov).
Rivka lui demanda donc d'enfiler le costume d'Essav, afin de se mettre dans la peau du personne, car lorsqu'on s'habille comme un Essav, on devient un peu comme lui, et même notre façon de parler en pâtit. ]

[Lorsque Avraham descendit en Egypte, la Torah dit qu'il regarda sa femme Sarah. Nos Sages commentent que l'environnement égyptien était tellement impur qu'il avait la capacité d'impacter négativement, même un géant comme notre Patriarche Avraham.
=> Ainsi, au-delà des habits, le milieu dans lequel nous vivons nous impact passivement.]

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-> Yaakov dit à son père: "Je suis Essav, ton premier né" (Toldot 27,19)

=> Comment comprendre que Yaakov, qui est le pilier de la vérité, a pu mentir à son père?
Le 'Hatam Sofer donne la réponse suivante : à ce moment-là, Yaakov revêtait les habits d’Essav, et les vêtements influencent celui qui les porte. C’est pourquoi ce n’était pas un véritable mensonge de dire : "Je suis Essav", puisqu’à cet instant, il était influencé par la personnalité d’Essav au moyen de ses vêtements.

-> Rachi ('Houkat 21,1) écrit : Amalek a attaqué le peuple juif, mais il voulait empêcher les juifs de le désigner par son véritable nom, Amalek, dans leurs prières adressées à D. pour solliciter Son aide.
Ainsi, pour les tromper, l'ennemi a-t-il ordonné à ses troupes de parler la langue cananéenne.
Désemparés à la vue d'un ennemi habillé comme Amalek mais parlant la langue de Canaan, les Bné Israël ont simplement imploré D. de les soutenir contre "ce peuple", et ils l'ont vaincu.

=> Pourquoi Amalek n'a-t-il pas également revêtu des habits Cananéen pour tromper au mieux les juifs?
Les commentateurs répondent que si Amalek venait à s'habiller en Canaan et à parler en Canaan, alors ils deviendraient des gens de Canaan.
Lorsque les juifs prieraient pour gagner la guerre contre les Canaanites, leur prière serait efficace, car à tous points de vue Amalek serait devenu des Canaanites, il n'y aurait plus de place au doute dans la prière. [le vêtement ayant le pouvoir de transformer une personne en une autre!].

=> Ainsi, nous voyons ici à quel point les habits que nous portons ont le pouvoir de nous affecter.

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-> [Le mot "béguéd", pour vêtement, provient de la racine : "baguad" signifiant "tromper", "se révolter"]. C'est pourquoi le verset : "Its'hak sentit l'odeur de ses vêtements et le bénit" peut se traduire : "Its'hak sentit l'odeur de sa révolte et le bénit".
Même les rebelles au sein du peuple d'Israël avaient un parfum Divin quand ils se repentaient.
[Selon la guémara (Sanéhdrin 37a) ne lis pas "bégadav" mais "bogdav" (ses traites). En effet, mêmes les traites, les rebelles contre D. (les fauteurs) parmi les juifs ont de telles qualités, qu'ils ont une odeur Divine.]
Its'hak sut par une vision prophétique que les descendants de Yaakov pécheraient, mais qu'ils se repentiraient, ainsi le bénit-il.
[Méam Loez - Toldot 27,27]

[d'une certaine façon, on apprend de là le pouvoir exceptionnel de la téchouva. A l'image d'un habit d'Essav qui est très sale et qui sent très mauvais, par un simple programme de téchouva (quelques mots sincères), nous avons la capacité de le transformer en habit de Yaakov, à l'odeur du gan Eden.]

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3°/ Bien que Yaakov et Essav étaient jumeaux, ils avaient peu de choses en commun.
Comment expliquer la très vaste différence entre les deux?

L'Alter de Kelm explique que le fossé entre les 2 frères provient d'une différence fondamentale.
-> Le nom Essav (עשו) est lié au mot : "assouï" (עָשׂוּי) signifiant : "complément fait/développé", puisque Essav est né avec des cheveux et des dents, comme un enfant âgé de plusieurs années.

-> Le nom Yaakov (יעקב) est associé au mot : ékev (talon - עקב), parce qu'il avait tenu le talon de son frère pour sortir, mais également en raison du fait que Yaakov par nature se considérait toujours comme étant au plus bas du travail de sa vie dans ce monde.
Le nom Yaakov est exprimé au futur, car il avait compris qu'il n'était pas dans un état fini, et qu'au contraire il devait constamment se travailler davantage pour exprimer au maximum son potentiel.

Selon l'Alter de Kelm, si les bébés humains naissent dans un état aussi faible, à l'inverse des animaux qui naissent en étant déjà capables de se nourrir, c'est afin de les préparer à dépendre, à apprendre de leurs parents.

Essav est né en se voyant comme parfait, dans un état déjà terminé (j'ai toutes mes dents, cheveux!), et il lui manquait ainsi la capacité d'apprendre d'autrui.

Cela vient en totale opposition avec Yaakov, qui âgé d'au moins 60 ans, a choisi d'investir 14 années d'études à la yéchiva de Chem et de Ever, avant d'aller chercher sa femme.
De plus, par la suite, en voyageant en Egypte pour retrouver Yossef, à un âge de 130 ans, sa 1ere priorité sera d'envoyer Yéhouda devant lui, afin qu'il puisse établir une yéchiva pour ne pas manquer même un seul jour d'étude.

D'ailleurs, le plus au niveau qu'un étudiant en yéchiva puisse atteindre est celui de : talmid 'hakham (תלמיד חכם).
Certes, il a atteint un niveau très haut de sage (חכם), mais il reste néanmoins un : un élève (talmid - תלמיד). En effet, plus on étudie, plus on avance dans une vie juive, plus on prend conscience de tout ce qu'il nous reste à apprendre dans l'infinité de la Torah.

-> Rabbi Guttman dit qu'on pouvait observer Essav bougeant dans toutes les directions, faisant pleins d'activités ("un habile chasseur"), et à l'inverse Yaakov qui "vécut sous la tente" ("yochèv oalim" (v.25,27), que le Targoum Yonathan ben Ouziel traduit par : "recherchant Hachem".

Pourtant, dans le monde de vérité, lequel des 2 aura eu une vie la plus dynamique?

Essav représente ceux qui courent après le bonheur, sans se remettre en question, et tuant leur temps, sans se rendre compte qu'en réalité ils se tuent eux-même (le temps c'est la vie!).

Yaakov était fixe vers un objectif : faire la volonté de Hachem. Plutôt que d'aller dans toutes les directions, il se focalisait à exploiter pleinement son intériorité.

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-> A ce sujet, le rav Avigdor Miller enseigne que
- Essav se sentait parfait, sachant ce qui est bien et mal pour lui mieux que Hachem.
Il avait une attitude de : gam zé yaavor (cela aussi passera).
Il n'avait aucune envie de s'améliorer, mais uniquement de profiter de ce monde (à l'image du plat de lentilles contre le droit d'aînesse).
=> Sa vie n'est que tristesse, car il est sans cesse à la recherche du prochain plaisir, et rien n'est assez bien pour lui, surtout si autrui a plus.

- Yaakov (Ekev - talon) était rempli d'humilité et il se sentait ne pas mériter les bienfaits de Hachem.
Même s'il a eu une vie difficile, il se focalisait sur le positif, acceptant de ne pas comprendre, et que c'est déjà très bien, vu que je ne mérite rien normalement.
=> Il avait une attitude de : gam zou létova (cela aussi est pour le bien).

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-> La guémara (Yérouchalmi Nédarim 3,8) décrit que dans les temps futurs, Essav revêtira un talith et se tiendra assis avec les tsadikim dans le Gan Eden, jusqu'à ce que Hachem vienne et l'en fasse sortir.

=> Comment comprendre que Essav, représentant du mal, puisse se tenir au paradis, et pourquoi spécialement Hachem doit venir l'en faire partir?

Le Pné Moché explique que Essav pensait que par le mérite de ses parents (Avraham et Its'hak), venant d'une famille aussi illustre, il pouvait uniquement se couvrir d'un talith pour devenir automatiquement un tsadik.

Or, en réalité, le talith et le mérite de nos ancêtres ont l'avantage d'être extérieur à une personne. En effet, pour devenir une personne pieuse, un tsadik, il est alors nécessaire de ne rien faire du tout.
C'est pour cela que Hachem est venu pour enseigner à tous que cette méthode ne fonctionne pas.
Cela n'est qu'une vie de mensonges, qui devient souvent apparente après 120 ans, moment où l'on réalise que le Gan Eden ne nous appartient absolument pas (quelle douleur, quelle honte!).

D'ailleurs, le Chla haKadoch note que dans la série de malédictions à destination du peuple juif s'il ne suit pas la Torah, il est écrit : "Eloké Avraham Its'hak véYaakov", ce qui signifie : "Attendez, vous (les juifs), vous êtes les enfants de Avraham, Its'hak et Yaakov? Vous avez une ascendance aussi prestigieuse? Si c'est ainsi, alors vos punitions doivent être encore pires!"

[un voleur dans une famille de tsadik est pire qu'un voleur qui a grandi dans une famille de voleur!)

=> Ainsi, à l'image d'Essav qui pensait que sa vie était toute faite, qu'il n'avait qu'à revêtir un talith pour être un tsadik, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers.

A l'image de Yaakov, si j'ai de grandes capacités par rapport aux autres, si j'ai une belle ascendance (pleins d'érudits), je me dois d'agir en toute responsabilité, d'être à la hauteur.

-> Dvar Torah similaire : https://todahm.com/2015/12/27/4140

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-> Le Sfat Emet enseigne que le plan initial était que Essav tende vers la matérialité d'une façon honnête, tandis que Yaakov s'occupe du spirituel.
Ils formeraient d'une certaine façon ensemble un contrat Yissa'har et Zévouloun, dans lequel chacune des parties gagne de l'autre.

C'est uniquement parce que Essav a abandonné ses responsabilités, que Yaakov a dû prendre sur lui les 2 responsabilités.

-> Selon la guémara (Avoda Zara 11a), c'est une allusion à 2 descendants de Yaakov et Essav : Rabbi Yéhouda haNassi (descendant de Yaakov) et Antoninus (descendant d'Essav).

- Rabbi Yéhouda était le leader des juifs en Israël, un riche descendant du roi David, et un érudit important.
- Antoninus était le gouverneur romain d'Israël, un riche, et un descendant d'une famille romaine importante.

Ces 2 leaders étaient des amis proches : Rabbi Yéhouda enseignait la Torah à Antoninus, et Antoninus fournissait à Rabbi Yéhouda une protection politique et de l'argent afin qu'il puisse terminer d'écrire la michna.

Le Maharal (Gour Aryé - Béréchit) explique qu'ils représentent le potentiel positif d'accord entre Yaakov et Essav, et un exemple type de ce que doivent être les relations entre Rome (Essav) et Jérusalem (Yaakov).

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-> Le Zohar nous révèle que si la tête de Essav fut enterrée auprès de son frère dans la grotte de Ma’hpéla, c’est parce que son esprit possédait un potentiel très élevé, auquel son cœur cependant n’avait pas accès.

-> Le Radak dit que Its'hak avait conscience de la grandeur spirituelle de Yaakov, et il pensait que Essav avait nettement plus besoin des bénédictions afin d'améliorer ses actions.

Le Ets haDaat Tov dit qu'il a pris exemple sur Avraham dont ses prières ont permis à Ichmaël de faire téchouva.
Cependant, Ichmaël avait fauté par l’idolâtrie, tandis que Essav par le meurtre, et il est beaucoup plus difficile de s'en sortir lorsque l'on porte atteinte à notre prochain.

Ceci explique pourquoi Rivka a dû intervenir, prenant conscience que ses actions antérieures (meurtres) rendaient inaptes les bénédictions, et pourraient avoir un effet contraire.

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-> D. a créé le mal [dans le monde] pour nous permettre de discerner et d'apprécier le bien.
En effet, le bien est mieux reconnu lorsqu'il est mis en contraste avec le mal ... par rapport à la dépravation d'Essav, la vertu de Yaakov brille de tous ses feux.
[...]
A la fin des temps, il y aura un rétablissement complet. Tout changera en bien ; même le mal se transformera en bien. Car le bien et le mal provienne de la même racine pure, tout comme Yaakov et Essav étaient tous les 2 les enfants d'Its'hak et Rivka.
Après la libération de toutes les étincelles sacrées emprisonnées dans le mal, celui-ci retournera à sa racine sainte.
[Zéra Kodéch (Toldot) - rabbi Naftali Tsvi Horowtz de Ropshitz]

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+ Bonus (b'h) :

-> Quelle est la signification du nom de la paracha : Toldot (générations/postérité), et pourquoi est-elle lue particulièrement à ce moment de l'année?

Selon le rav Moché Wolfson, c'est parce que c'est l'unique fois où nos 3 Patriarches vont vivre en même temps, et ce pendant 3 versets (chap.25 du v.26 au v.28), au début de la paracha.
[Selon le 'Hida (Midbar Kédmot), les 3 Patriarches ont étudié ensemble pendant 15 ans, à raison de 15 heures par jour.
Le 'Hida ajoute que les juifs ont mérité de pouvoir sortir d'Egypte par le mérite du fait que nos 3 Patriarches ont pu étudier ensemble, et c'est pourquoi dans le "Dayénou" que nous disons dans la Haggada, il y a 15 énoncées (en allusion à ces 15 années ensemble).]
Le roi Shlomo enseigne : "un triple lien est encore moins facile à rompre" (Kohélet 4,12).
La guémara (Baba Métsia 85a) affirme que si un homme, son fils, et son petit-fils sont tous des érudits en Torah, alors la Torah ne va jamais être abandonnée de sa descendance.
Ainsi, l'existence simultanée de nos 3 Patriarches va permettre de former une fondation solide pour la nation juive, qui est leur postérité (toldot).

Cela n'est pas une coïncidence si la paracha Toldot est lue au début du mois de Kislev, où se déroule notre victoire face aux grecs qui ont voulu nous faire oublier la Torah.
Avraham est mort le jour de la vente du droit d'aînesse à Yaakov par Essav, et le 1er verset de la Torah qui traite de cela (v.25,29), il débute par : "Yaakov fit cuire un mets [de lentilles = nourriture habituelle des endeuillés après avoir enterrés un proche]" (vayazéd Yaakov nazid - וַיָּזֶד יַעֲקֹב נָזִיד).
La 1ere lettre de chacun de ces mots forme : Yavan (Gréce - יון).
Ainsi, bien que Avraham soit mort, le "triple lien" qu'il a pu établir dans cette paracha va perdurer pour l'éternité, protégeant par exemple ses descendants contre les grecs.

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-> Le Arizal enseigne que Shimshon (שִׁמְשׁוֹן) était la réincarnation combinée des âmes de Yéfét (un des enfants de Noa'h) et de Essav. En quoi a-t-il rectifié leurs erreurs?

Le Arizal explique que :
- Essav n'a pas apporté de vin à son père comme a pu le faire Yaakov. Shimshon était un nazir, qui a l'interdiction de boire du vin.
- Shimshon a tué un lion, dans un but de se venger du lion qui avait blessé Noa'h (son "père") lorsqu'ils étaient dans l'Arche.
- Essav a causé son père Its'hak à devenir aveugle par la fumée des idoles que ses femmes adoraient. Les yeux de Shimshon ont été percés et il est alors devenu aveugle.
- De plus, puisque Essav était très poilu dès sa naissance, Shimshon avaient une force particulière qui dépendait du fait de ne pas couper ses cheveux.