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Quand je souffre, mon papa Hachem souffre encore plus que moi …

+ Quand je souffre, mon papa Hachem souffre encore plus que moi ...

-> "Mon âme pleurera, dans [sa] cachette secrète, en raison de [votre] arrogance" (Yirmiyahou 13,17 - בְּמִסְתָּרִים תִּבְכֶּה-נַפְשִׁי מִפְּנֵי גֵוָה).

La guémara ('Haguigua 5b) explique que D. a une cachette secrète, qui s'appelle : "mistarim", où Il y pleure.
Sur quoi pleure-t-Il?

Il pleure pour nous.
Il pleure pour la grandeur de Sa nation, qui en a été dépouillée, au profit des goyim.

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En détruisant le Temple, D. agit comme un père qui n'a plus d'autre choix que d'agir durement, dans l'intérêt de son fils.
On va voir (b"h), par le biais de quelques exemples, à quel point une décision, rendue nécessaire, de nous punir est aussi une souffrance pour D.

-> Le Yalkout Chimoni (Eikha 996) nous enseigne que suite à la décision de détruire le Temple, D. a revêtu un habit de cilice (symbole du deuil) et s'arracha Ses cheveux.
Bien que nous n'ayons pas d'idée sur ce que cela représente, nous pouvons quand même nous imaginer la peine de la présence divine.

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-> La guémara (Yoma 54b) nous dit que lorsque le Temple a commencé à brûler, ceux qui rentraient dans le saint des saints (Kodech haKodachim) observaient que les 2 chérubins (kérouvim) se faisaient face et s’enlaçaient.

La guémara (Baba Batra 99a) enseigne que lorsque les chérubins se font face, cela signifie que les juifs agissent selon la volonté de D., et dans le cas contraire, ils se tournent le dos.

A priori, le fait que le Temple brûle est un signe évident du mécontentement de D. à notre égard, à ce moment.
Comment expliquer alors que les chérubins étaient enlacés?

Nos Sages (midrach rabba Eikha Pesichta 9) disent que nos ennemis paradaient dans les rues (avec les chérubins) en se moquant de nous : "Regardez quel peuple de débauchés, qui a dans son endroit le plus saint, des sortes d'enfants angéliques qui s'enlacent ...".

En réalité, D. utilisa cette occasion, afin de nous exprimer un poignant au revoir, accompagné de ces quelques mots :
"Mes chers enfants!
Vous allez débuter un long et triste exil. Je vais vous dire comment faire pour y rester forts.

Quoi qu'il puisse vous arriver, sachez que Je vous aime plus que tout.
Rappelez-vous toujours de cela, car il y aura des moments où se sera difficile de se l'imaginer.

Il arrivera que vous soyez entourés par la destruction et la mort, comme en ce moment (de la destruction du Temple), et vous serez dubitatifs.
Vous allez affronter des chutes, des montées et des défis, qui vous sembleront insurmontables.

Mais, s'il vous plaît, rappelez vous toujours de cet enlacement (à l'image des kérouvim) : "Je vous aime!".

[citation issue d'un dvar Torah du Rabbi Yéchiel Spero]

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Rabbi Na'hman de Breslev nous enseigne que le mot : yéouch (désespoir) a une valeur numérique de : 317.

Le mot : Eliézer, qui est la combinaison de : "kEli" (mon D.) et "ézer" (mon aide), a une guématria de : 318, ce qui est un de plus que le désespoir.

=> Lorsque l'on est dans un état où l'on en arrive à désespérer de la vie, il faut s'élever d'un, en ajoutant, en s'accrochant à l'Unique (D.).

Tant qu'on est persuadé que : "D. est mon aide!" (Eliézer), qu'à chaque instant, Il nous chouchoute et qu'Il ne nous abandonnera jamais, il n'y a pas de raison d'abandonner notre vie.

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Entre le 17 Tamouz et le 9 Av : il y a 21 jours.
De même, entre Roch Hachana et Hochana Rabba (fin de Souccot) : il y a également 21 jours.

Il est intéressant de citer Rachi (Bamidbar 29,36) sur le dernier jours de Souccot, où D. nous dit :
" "Restez encore un peu chez moi !"
C’est là une expression d’amour, comme des enfants prenant congé de leur père, lequel leur dit : "Votre départ me consterne, restez encore un jour !" ".

=> N'oublions jamais, que dans la joie, comme dans la peine, notre papa, D., nous aime à la folie!!

En effet, Hachem, à l'image d'un papa attend les bras grand ouverts que son fils, nous, courrons vers lui.

Alors oui, son fils tombe et peut se faire mal, mais quelle joie de le voir tout donner pour atteindre son objectif : avoir son papa, rien que pour lui dans ses bras.

Papa Hachem, Ton peuple unique, de par les nations, arrive! Plus que quelques centimètres ...
Papa Hachem, Tu pleure par amour, lorsque je tombe en courant vers Toi, mais très bientôt, nous ne pleurerons que par la joie de se retrouver, liés pour l'éternité, d'un amour infini.

Rien ne peut m'attrister ou me désespérer, car quelle chance j'ai d'avoir un Papa Hachem !!

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-> La guémara (Guittin 56b) nous apprend que Titus a agit de façon très éhontée dans le saint de saints, le lieu le plus sacré du Temple.

C'est ainsi qu'à un moment, il a transpercé, de son épée, le rideau (la parochét), et par miracle, du sang en a giclé.
Il a alors pensé avoir tué D., Lui-même ...

Sur cette guémara, les Tossafot commentent que, par là, D. dit : "Je suis avec Mon peuple dans sa souffrance".

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2020/09/21/15218

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-> Lorsque les juifs ont été envoyé en exil, Hachem a fait que le trajet leur soit plus acceptable.
Ainsi, 700 espèces de poissons, 800 espèces de sauterelles et autres espèces d'oiseaux les ont accompagnés en exil.
Elles sont restées pendant les 70 ans de l'exil, retournant avec eux en Israël ensuite.
Ces créatures familières de leur vie en Israël permettaient de rendre leur exil moins difficile dans un environnement étranger.

Par ailleurs, 40 ans avant la destruction du Temple, des dattiers ont été plantés à Bavel, ce qui les a également réconforté en exil (vision de l'arbre et pouvoir manger ses fruits).
[midrach rabba Eikha Pesichta 34]

=> Hachem ne nous abandonne jamais!

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-> Prie pour Hachem qui est dans la souffrance lorsque tu es dans le besoin, car en réalité ta délivrance est la sienne.
[Baal Chem Tov]

-> Lorsqu'un juif pleure, Hachem pleure avec lui.
Si nous voyons un juif triste, nous devons faire de même et pleurer également avec lui [pour son bien].
[rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk]

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-> b'h, également : https://todahm.com/2021/05/23/31751
- ainsi que : https://todahm.com/2021/05/23/31763

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°569) écrit :
Lorsque le Temple a été détruit, D. n’a pas enlevé Sa Présence Divine aux bnei Israël, mais a puni les pécheurs.
Quoi qu’il en soit, au moment où Il a puni les pécheurs, la Présence Divine souffrait de la souffrance des bnei Israël. Ainsi que l’ont dit les Sages (Eikha Zouta 1,7) : "Quand la condamnation de Jérusalem a été scellée, le Hachem a décrété un deuil pour toute la Création, ainsi qu’il est dit (Yéchayahou 22,12) : "Hachem D. des Armées vous invite en ce jour à pleurer, à vous lamenter, à vous raser la tête, à ceindre le cilice", ce qui nous montre que tant que les bnei Israël sont dans la douleur, Hachem est aussi plongé dans la douleur avec eux, ainsi qu’il est dit : « Il souffre de toutes leurs souffrances" (Yéchayahou 63,9).
Les anges du service sont entrés pour Le consoler, et Il n’a pas voulu accepter de consolation.
De plus, les Sages ont dit : "Hachem est descendu en personne des Cieux les plus hauts, l’endroit de Sa grandeur et de Sa gloire, et de la Sainteté de Son grand Nom, et a Lui-Même dit une lamentation sur eux."

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-> Chaque juif est important et cher aux yeux d'Hachem, comme il est dit : "Mon fils, Mon aîné Israël" (béni békhori Israël).
Pour Hachem, si un seul de Ses fils souffre, c'est comme si le monde entier souffrait, car chacun de Ses enfants est un monde entier et unique.
[ rav Yaakov Neuman - Darké Moussar
- expliquant les paroles de Rava - guémara Baba Métsia 61b]

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+ Quand nous souffrons, D. en souffre davantage ...

-> Lorsqu'un père est obligé d'en arriver à lever la main sur son fils, il dit : "En te faisant mal, saches que cela m'entraîne une douleur supérieure à la tienne."

Le mois de Av, se traduit par : "père".
Le fait que notre papa en arrive à nous punir, est aussi le signe de sa proximité, de son amour pour nous ("Je veux le meilleur pour vous, Mes enfants!").
En effet, des parents qui n'imposent pas de limites, qui ne punissent jamais leurs enfants, sont fautifs, car cela n'est pas pour le bien futur des enfants.

D'ailleurs, très prochainement, nos jours de tristesse deviendront des jours de joie, car on se rendra compte que, ces moments difficiles de notre vie auront permis de faire de nous des personnes au top, uniques positivement.
Le roi David dans ses Téhilim, traduit cette idée, par le fait qu'en semant des larmes, je vais récolter de la vraie joie, car constructive.

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-> "Un feu sortit de devant Hachem et les dévora, et ils moururent devant Hachem" (Chémini 10,2)

Rabbi Chimon fait remarquer que ce verset mentionne 2 fois : "devant Hachem".
Cependant dans Divré haYamim I (24,2), en parlant de leur mort, il n'est dit qu'une seule fois : devant leur père" (lifné avi'hem).

=> Le midrach Tan'houma (A'haré Mot - chap.6) conclut : "cela nous enseigne que Hachem a ressenti sur la mort de Nadav et Avihou, 2 fois plus de douleur, de peine, que n'en a eu leur propre père : Aharon."

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-> Pour finir, on peut citer également l'exemple de Yossef, au moment où il a été vendu par ses frères à des marchands arabes.

Alors que d'habitude, ces marchands transportent des produits pétroliers, à l'odeur désagréable, à ce moment, ils avaient, exceptionnellement des marchandises ayant de bonnes odeurs.

D. ne voulait pas incommoder Yossef (cf.Rachi), et à l'aube d'une longue période seul en Egypte, Il souhaitait lui envoyer comme message : "Quoi qu'il puisse t'arriver, n'oublie jamais : Je t'aime plus que tout!"

=> D. est toujours avec nous, et même s'Il est caché (pour préserver notre libre arbitre), et qu'Il est obligé de nous imposer des souffrances : Il nous aime plus que tout, et nous chouchoute autant que possible, chacun de nous, ses enfants uniques.

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-> "Quand l’homme souffre, que dit la Présence Divine (chékhina)?
J’ai mal à la tête, J’ai mal au bras!"
[kalani mérochi kalani mzro'i - guémara Sanhédrin 46a]

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-> "Lorsqu’un juif pleure, Hachem pleure avec lui.
Nous autres devons faire de même, si l’on croise un Juif en souffrance, nous devons pleurer avec lui."
[Rabbi Ména'hem Mendel de Kotsk]

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-> "Lorsque le Sanhédrin a été exilé, la Présence Divine n'est pas partie en exil avec lui ; lorsque les gardes de Cohanim ont été exilées, la Présence Divine n'est pas partie en exil avec elles ; mais lorsque les juifs ont été exilés, la Présence Divine est partie avec eux."

[midrach Eikha 1,32 -
sur : "Ses enfants sont partis en captivité, toute Sa splendeur à quitté Sion" (Eikha 1,5-6)]

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-> "Partout où les juifs ont été exilés, la Présence Divine a été exilée avec eux, et même quand ils ne font pas Sa volonté, la Présence Divine est avec eux"
[guémara Méguila 29a]

-> Le Zohar écrit que lorsque Yaakov et sa famille sont descendus en Egypte, Hachem a appelé la Cour céleste et a proclamé : " Venez, nous descendons avec eux".
[Alors que le peuple juif y était esclave dans la souffrance, Hachem était avec eux à chaque instant.
Éventuellement, on peut comparer cela à un parent qui accompagne son enfant pour une opération chez le médecin, lui tenant la main et ressentant pratiquement plus la douleur que son enfant adoré. Il en est de même, de façon beaucoup plus intense, avec notre papa Hachem!

D'ailleurs, dans le Zohar, la présence Divine (chékhina) est décrite comme une mère aimante se préoccupant de ses enfants, et ressentant leur douleur, comme il est écrit : "Dans toutes leurs souffrances, il a souffert avec eux" (bé'hol tsaratam lo tsar - Yéchayahou 63,9).
D'une certaine façon à chaque fois que j'ai mal, D. a mal avec moi, pour moi!
Selon nos Sages en souhaitant la fin d'une souffrance (ex: maladie), on doit désirer en premier qu'elle s'arrête chez Hachem, puisqu'il l'a ressent également, et uniquement ensuite par ricochet chez moi!
]

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-> Le rav Yossef Shalom Eliyashiv (Kisvé haGrich - Souccot) dit qu'un de nos derniers prophètes a transmis ce même message à sa génération avant qu'ils ne soient expulsés en exil : "Et tous les peuples vous féliciteront, car vous serez, vous, une terre de délices, dit Hachem" (Mala'hi 3,12).
Comment un juif en exil peut-il être considéré sur "une terre de délices"?
La réponse est qu'en exil un juif vit avec la présence d'Hachem, son propre corps devient "une terre de délices", identique à la terre d'Israël.

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-> Un homme doit se dire que tout ce qu'Hachem fait c'est pour le bien.
Comment alors peut-on remettre en question les décrets Divins (en priant par exemple pour que Hachem enlève nos problèmes, nos maladies, ...)

Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm) donne la réponse suivante :
"La seule raison pour laquelle nous prions bien que tout ce qu'Hachem fait c'est pour le Bien et que nous n'avons pas à changer Ses décrets, c'est parce que nous devons penser à la souffrance de la Présence Divine (Chékhina)."

En effet, lorsqu'un homme a des problèmes de subsistance (parnassa), la Présence Divine souffre bien plus que lui pour ses manques.
Lorsqu'un homme a des problèmes de santé, la Présence Divine souffre et s'inquiète pour lui.
[la guémara (Shabbath 12b) dit : il est interdit de s'asseoir à la tête du lit d'un malade car là-bas réside la Présence Divine.
Ainsi, toute souffrance pour tout juif, c'est également une souffrance pour la Présence Divine qui est véritablement présente avec nous, comme il est écrit : "Je suis avec lui dans le malheur/détresse" (imo ano'hi bétsara - Téhilim 91,15).]
Lorsqu'un homme a des problèmes dans son foyer, la Présence Divine, peut-être ne peut plus résider là-bas ("Lorsqu’un homme et une femme vivent en harmonie, ils méritent que la Présence Divine réside parmi eux" - guémara Sota 17a).

=> Ainsi, toute prière, quand bien même nous prions pour nous-mêmes, nous demandons à Hachem, dont toute la force et la bonté sont révélées en Haut, qu'Il envoie de Ses flux en Bas, dans ce monde-ci, dans lequel la matière et le Mal dirigent pour l'instant.
Lorsqu'une prière est exaucée, elle entraîne une apaisement, une résolution de nos problèmes, qui sont aussi Ses problèmes.

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-> A chaque fois qu'une punition doit s'abattre sur un juif, la Présence d'Hachem qui est en bas se place devant la punition pour la recevoir à sa place.
L'homme qui se trouve alors derrière la Présence Divine ne reçoit qu'un léger éclat, ou un échantillon de la punition qu'il aurait dû réellement recevoir.
C'est ainsi qu'agirait une mère pour son fils, et c'est ainsi qu'Hachem agit pour nous par cette Présence (chékhina) qu'Il a laissée en bas.

[Zohar - sur méguilat Eikha]

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-> Rabbi Chlomo Elkabets a écrit une lettre où il rapporte une révélation de la Présence Divine, à laquelle il a assisté pendant une veillée de Shavouot :
"Une voix se fit entendre dans la bouche du 'Hassid (il s'agit de rabbi Yossef Caro), une voix forte et claire mais sans que la bouche du 'Hassid ne bouge.
La voix s'est adressée à nous en ces termes : "Écoutez mes Chéris, ceux qui embellissent l’embellissement, mes Aimés, que le Shalom soit sur vous!
Heureux de vous et heureux vos mères qui vous ont enfantées, heureux de vous dans ce monde-ci et vous serez heureux dans le monde futur ...
Depuis de nombreuses années Ma couronne est tombée. Je n'ai personne qui vient me consoler. Je suis jetée dans la poussière ; Je jonche les poubelles.
[...]
Et si vous saviez un millième, de millième de millième, ou un dizaines de milliers, de dizaines de milliers, de la souffrance que je ressens et dans laquelle je me trouve, il n'y aurait plus de joie dans vos cœurs, plus de rires sur vos lèvres et vous n'auriez même plus de goût pour la nourriture, en vous rappelant que c'est à cause de vous que je suis dans cette situation.
Alors, renforcez-vous, et continuez à m'aider et à me couronner comme vous le faites
..."

Rabbi Chlomo Elkabets conclut : "Nous avons tous pleuré ce soir-là de tristesse et de joie, d'entendre la Voix de la Présence Divine et de nous rendre compte combien Elle souffre par nos fautes, alors nous sommes renforcés dans l'étude de la Torah et jusqu'au petit matin, la guémara n'a pas quitté nos bouches dans la crainte et dans la joie."

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-> Rabbi Zoussia d'Anipoli (frère du Noam Elimélé'h) disait chaque nuit avant de dormir : "Bonne nuit Hachem!"
Les élèves étonnés, lui demandèrent qu'elle en était la raison.
Il leur répondit : durant la nuit, il y a des hommes qui dorment dans la rue, il y en a qui ont une maison mais qui n'ont rien à manger, ... et il faut savoir que pour chaque souffrance d'un homme, Hachem est avec lui et partage sa souffrance, c'est-à-dire que Lui aussi Il est "triste", si l'on peut dire, et Il nous soutient pendant cette épreuve.
De même,la Présence Divine est partie avec nous en exil.

=> C'est pour cela que je dis à Hachem : "Bonne nuit!".
En effet, si Hachem passe une bonne nuit, alors cela implique que tout le peuple juif passe également une bonne nuit : qu'aucun juif ne ressent la moindre souffrance, que l'exil est terminé, ...

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-> La guémara (Béra'hot 32b) déclare que toutes les portes du Ciel ont été fermées sauf celles des larmes.
Les pleurs du peuple juif éveillent la pitié de Hachem, et à leur suite, Lui-même élève la voix en pleurant.
[Méam Loez - Eikha 1,2]

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+ "Hachem, ton D., ramènera les exilés et te prendra en pitié et Il reviendra et te rassemblera d'entre tous les peuples où Hachem, ton D., t'aura dispersé" (Nitsavim 30,3)

-> Rachi enseigne :
Ce verset dit, littéralement : "D. reviendra (chav) alors tes exilés", plutôt que ramènera (héchiv) qui aurait semblé plus approprié.
Nos Sages (guémara Méguila 29a) en déduisent que partout où Israël est exilé, la Présence Divine l'accompagne.
Ainsi, lorsque les juifs seront délivrés, D. quittera Son exil et "reviendra" avec eux.

Ce verset montre également que le rassemblement des dispersés sera si difficile que D. devra tirer chaque juif par la main de là où il se trouvera, et pour ainsi dire : "revenir" avec lui.

-> Le Meam Loez poursuit :
D'après le prophète (Tséfania 10,13) : "Hachem dit : A ce moment-là, Je vous amènerai et lorsque Je vous rassemblerai, Je vous ferai devenir célèbres et loués parmi les peuples de la terre lorsque Je ramènerai (béchouvi - litt. lorsque Je reviendrai avec) vos exilés devant vos yeux".

L'expression "devant vos yeux" représente la promesse extraordinaire de voir nous-mêmes la Présence Divine revenir avec nous en terre sainte.
Ce sera, pour nous, un honneur exceptionnel aux yeux des nations.

-> Dans son commentaire sur ce verset, le rav Chlomo Wolbe affirme qu'Hachem agit avec la vertu d'aider Ses créatures à "porter leur fardeau".
Ainsi, quand les Bné Israël étaient asservis en Egypte, une brique (matériau qui évoquait leurs travaux) en saphir se trouvait devant Hachem pour rappeler leur souffrance ; et lors de leur délivrance, une grande lumière apparut devant Lui (Rachi - Michpatim 24,10).
De même, la michna (Sanhédrin 6,5) nous enseigne que lorsqu'un homme souffre, la Présence Divine dit : "J'ai la tête lourde, J'ai mal au bras".

Dans les pirké Avot (6,6), nos Sages affirment que porter le fardeau avec son prochain est l'une des 48 vertus par lesquelles la Torah s'acquiert.
Le rav Wolbe écrit que toutes les mitsvot concernant les relations entre un homme et son prochain prennent racine dans cette faculté de ressentir véritablement la souffrance d'autrui, et de ne pas se contenter d'exprimer, par politesse, sa compassion.

[ainsi lorsque nous souffrons, nous pouvons être certain que Hachem ressent également totalement cette souffrance.
Cela peut aller encore plus loin, car lorsque nous fautons, papa Hachem souffre de voir son enfant unique (nous) causer des dégâts (fautes). En effet, Il est attristé à l conscience que nous devrons en payer le prix (ex: par des souffrances), que nous nous éloignons de Lui, et que nous passons pendant ce temps à côté d'opportunités de faire des mitsvot (acquérir des mérites éternels et de la proximité avec Lui).]

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-> Hachem dit : "Car J’ai su les souffrances des Bné Israël" (ki yadati ét makh'ovav - Chemot 3,7).
Rachi explique : "J’ai mis mon cœur (samti lev) mon attention pour réfléchir et connaître les souffrances des Bné Israël [alors esclaves en Egypte] et Je ne me suis pas détourné de ce qu’ils ressentaient ; Je n’ai pas fermer mes oreilles à leurs cris."

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-> Hachem a dit : Je n'entrerai pas dans la Jérusalem céleste, jusqu'à ce que J'entre dans la Jérusalem terrestre [au moment de la guéoula]."
[guémara Taanit 5a]

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-> Rabbi Tsadok haCohen rapporte l'enseignement de la guémara (Béra'hot 8a) :
"Depuis la destruction du Temple, Hachem ne possède plus dans Son monde que les 4 coudées de la Halakha", et l'explique en précisant qu'il ne s'agit pas ici seulement de celui qui étudie la Halakha (loi juive), mais de celui qui la met en pratique, par exemple celui qui marche dans la rue et préserve ses yeux de toute vision indécente. Cela aussi est contenu dans cet enseignement!
"Hachem ne possède plus dans Son monde que ce juif qui sanctifie les 4 coudées dans lesquelles il se trouve", car Il repose sur un tel homme.

[les 2 citations précédentes montrent à quel point la situation d'Hachem dépend de nos actions. Lorsque nous nous détruisons par de mauvaises actions (selon la Torah), nous portons également atteinte à papa Hachem.
Notre âme (intériorité) et D. souffrent des dégâts de nos avérot (le libre arbitre fait que nous n'en avons pas conscience, et continuons à vivre comme si de rien n'était).
On peut y rattacher le fait que nos actions influencent le Ciel : https://todahm.com/2021/11/07/notre-but-dans-ce-monde ]

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"Et que toutes ces malédictions viendront sur toi et t'atteindront" (Ki Tavo 28,15)

-> Le mot : "véhissigou'ha" (t'atteindront - וְהִשִּׂיגוּךָ) est écrit d'une façon pleine, avec un vav, alors que plus haut dans les bénédictions, quand il est dit : "toutes ces bénédictions viendront sur toi et t'atteindront" (Ki Tavo 28,2), c'est écrit sans le vav (véhissigou'ha - t'atteindront - וְהִשִּׂיגֻךָ).

=> Comment comprendre cela? En effet, normalement une bénédiction vient d'une façon plus pleine, abondante, que la malédiction!

Rabbénou Bé'hayé répond que c'est écrit d'une façon pleine, selon ce qui est écrit : "Je suis avec lui dans le malheur/détresse" (Téhilim 91,15 - imo ano'hi bétsara - עִמּוֹ-אָנֹכִי בְצָרָה).
Les dernières lettres de chaque mot sont : youd, hé, vav (יהו), et c'est pourquoi dans ce verset qui parle de nos moments de douleur sont écrites les 3 lettres du Nom de Hachem (יהוה).

Parce que la Torah a effrayé les juifs par des malédictions, elle vient dire en allusion qu'ils ne seront pas perdus, car Hachem est présent/réside [toujours parmi eux] dans leur malheur et les protège.

-> b'h, également sur ce verset de Ki Tavo : https://todahm.com/2020/07/20/14952

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2020/07/20/14156

-> voir également l'incroyable divré Torah : https://todahm.com/2022/02/08/34847

"D. est assis et étudie la Torah avec les enfants en bas âge (qui sont morts, lorsqu'ils étaient jeunes - Rachi)"

[guémara Avoda Zara 3b]

Le rav Shimon Schwab (lors du 8e Siyoum haShas) a dit :
"A ce moment, alors que l'âme de l'enfant le quitte, D. prend cette âme et dit : Oui, Mon enfant, tu as toujours été un bon garçon/fille. Et à partir de maintenant, Je vais te maintenir au plus proche de Moi, et Je vais devenir ton Rabbi.
Chaque jour, Je vais étudier avec toi, et avec tes frères et sœurs (juifs, morts jeunes), dans Ma yéchiva céleste."

Même si ces paroles ne rendent pas l'enfant perdu, dans une religion où ce monde n'est qu'un passage vers le monde futur éternel, elles sont une consolation envers toute personne qui a perdu un enfant jeune.

[ D. a Ses comptes, qui nous dépassent, mais Il ne nous abandonnera jamais.
Nous pourrons nous retrouver dans le futur, une fois qu'on aura accompli notre rôle dans ce monde éphémère. ]

"Depuis la destruction du Temple, les malédictions sont pires de jour en jour"

[guémara Sota 49a]

Dans sa grande miséricorde, D. doit employer des méthodes de plus en plus fortes pour réveiller le peuple de sa torpeur, celle-ci pouvant entraîner son anéantissement.

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+ "Ne pas s'endeuiller sur Jérusalem est un péché justifiant à lui seul la prolongation de notre exil ...
Puisque nous avions totalement oublié Jérusalem quand nous vivions en paix sur une terre étrangère, nos souffrances ont augmenté progressivement ...

Qui verse des larmes du fond du cœur sur la destruction du Temple et la désolation de notre pays?
Personne n'en parle, personne n'y pense, comme s'il s'agissait d'une simple mésaventure.

Malheureusement, nous avons suivi, comme nos pères, la voie des peuples étrangers ; c'est la source de toutes nos souffrances!"

[Rabbi Yaakov Emden - dans son Siddour]

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"Comment [Jérusalem en] est-elle [arrivée à être] assise solitaire?" (Eikha 1,1)

-> Le midrach (Chir haChirim 1,23) statue : "De même que l'huile ne se mélange pas avec d'autres liquides, Israël ne se mêle pas aux non juifs".

Israël a été différencié du reste des peuples par la Torah et les mitsvot, comme il est dit : "Je vous séparerai de toutes les nations" (Chémot 20,26).

-> Le Beit haLévi dit :
"Si le peuple juif tente de se rapprocher des autres peuples en imitant leur conduite, D. le "protège" en édifiant un mur de haine dans le cœur des nations ...

Plus nous essayons de réduire l'écart en faisant fi des mitsvot qui nous séparent des autres peuples, et plus D. accroît leur hostilité pour nous permettre de conserver notre spécificité."

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"Toute sa splendeur s'en est allée de la fille de Tsion" (Eikha 1,6)

Le midrach (Eikha Rabati) commente : "Toute sa splendeur, c'est D."

La michna (Edouyot 5,7) enseigne : "Tes actes te rapprochent et tes actes t'éloigneront"

-> Le peuple juif apparaît dans toute sa splendeur quand il est attaché à D., dans le cas contraire, il y a une séparation entre eux.
Tout dépend de notre conduite ...

[Cette période de deuil du Temple, est un moment privilégié pour nous rappeler de notre unicité dans notre façon d'aborder la vie : nous avons choisi de toujours rester fidèle à la Torah (quelque soit la façon de vivre en vogue actuellement), nous permettant de nous lier à D., et c'est de là, que nous tirons toute notre beauté. ]

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"D. a foulé au pressoir la vierge, la fille de Yéhouda" (Eikha 1,15)

Le prophète laisse entendre que toutes nos souffrances étaient pour notre bien.

Une personne qui assiste pour la 1ere fois à la fabrication du vin pourrait être choquée en voyant le propriétaire fouler au pied les belles baies de raisin pour en faire une masse informe, alors qu'il agit ainsi pour en obtenir un vin succulent de grande valeur.

De même, la destruction du Temple, l'exil et les souffrances qui s'abattent sur les enfants d'Israël viennent les épurer et les élever pour les rendre dignes de la délivrance ultime. (Kiflaïm léTouchiya).

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"Olivier verdoyant, beau par son fruit, ainsi D. avait appelé ton nom" (Yirmiyahou 11,16)

La guémara (Ména'hot 53b) dit : "Comme pour la plantation d'un olivier, le but visé par la création du peuple d'Israël, n'est atteint qu'à la fin"

Le Maharcha explique :
"Le peuple d'Israël ne parviendra à son objectif ultime qu'aux temps messianiques : après avoir été "pressuré" par les souffrances pour expier ses péchés, il reviendra vers D. et "son huile pure" coulera à l'extérieur."

+ "La présence divine demeura 3 ans et demi sur le Mont des Oliviers dans l'attente du repentir d'Israël"

[Yalkout Téhilim - 647]

Envoyé par Nabuchodonosor pour détruire Jérusalem, Nébouzaradan voulut renoncer après 3 ans et demi de siège.
Incité par D. à mesurer la hauteur de la muraille, il constata qu'elle s'enfonçait, chaque jour, de 2 paumes et demie.
Finalement, elle s'enfonça entièrement et les ennemis entrèrent à Jérusalem.
C'est à ce propos qu'il est dit : "Ils ne pouvaient croire, les rois de la terre ni aucun habitant du monde, que l’oppresseur et l’ennemi franchiraient les portes de Jérusalem" (midrach Eikha Rabba).

Dès que la présence divine abandonna les enfants d'Israël qui ne s'étaient pas repentis, Jérusalem tomba immédiatement aux mains de l'ennemi.

Fauter à Jérusalem vs fauter ailleurs

"Fauté, Jérusalem a fauté ('hété 'hétéa), aussi est-elle devenue impure" (Eikha 1,8)

Pourquoi est-ce que ce verset emploie le terme : "fauter", à 2 reprises, afin de décrire les mauvaises actions qui ont été commises à Jérusalem?

Le 'Hida d'expliquer :
"Une faute réalisée à Jérusalem est infiniment plus grave, que la même faute réalisée ailleurs, car Jérusalem est le palais du Roi, où le fait de fauter entraîne un niveau de rébellion plus important.

Ainsi, pour chacune des fautes accomplies, ils ont été pris pour responsables à 2 reprises : une fois pour l'acte en lui-même, et une autre fois pour la déloyauté que cela implique [d'avoir agit ainsi dans le palais même du Roi : Hachem]."

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-> "Jérusalem est plus sainte que le reste de la terre d'Israël"
[Michna Kélim 1,8]

-> "Ce monde ressemble à un oeil : le blanc de l’oeil évoque l’océan qui entoure le monde entier ; l’iris, le monde lui-même ; la pupille – Jérusalem ; et la prunelle – le Temple."
[Déré’h Erets Zouta - chap.9]

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-> Selon le Messé'h Hokhma (Dévarim 6,3), si nous ne suivons pas la volonté de Hachem, alors la terre ne sera pas un lieu où coule le lait et le miel.

[ -> "10 mesures de beauté ont été accordées au monde. Jérusalem en a pris 9, et en a laissé une pour tout le restant de la terre"  [guémara Kidouchin 49b]

=> ainsi, nous devons avoir un regard positif sur Israël, mais également avoir conscience que malheureusement nos fautes ont amoindri la beauté phénoménale de cette terre. ]

Méguilat Eikha

+ Pourquoi la méguilat Eikha n'est-elle pas écrite sur un parchemin traditionnel?

Le Lévouch (Rabbi Mordé'haï Yoffé) fait remarquer que la méguilat Eikha est souvent lue, durant le jeûne du 9 Av, dans un simple livre, contrairement à la méguilat Esther, qui doit être lue dans un parchemin casher (à l'image d'un séfer Torah).

La raison est que les scribes espéraient tellement en la venue imminente du machia'h, qu'ils ont hésité à fournir les nombreux efforts nécessaires à l'écriture de la méguilat Eikha.
En effet, cela aurait témoigné d'un manque de foi en l'arrivée du machia'h, car un parchemin est un signe de notre intention de l'utiliser sur une longue période.

La réalité est qu'une fois que le machia'h arrivera (d'un instant à l'autre), nous ne prendrons plus le deuil le 9 Av, et ainsi, nous ne lirons plus la méguilat Eikha.

=> Pourquoi se fatiguer à l'écrire par un scribe sur un parchemin, si le dernier 9 Av a été la dernière fois qu'on lira ce texte?

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-> D'après le midrach (Yalkout Chimoni), D. va transformer le 9 Av en jour de joie, car il est écrit : "Ainsi dit D. : [Les 4 jours de jeûne] seront pour la maison de Yéhouda pour la joie et le bonheur, et pour des fêtes joyeuses." (Zé’haria 8,19).

=> Le livre d'Eikha, qui veut dire : lamentations, sera alors obsolète, puisque se sera la joie qui y régnera ...

-> On pourrait alors se demander : n'est-ce pas la même chose avec Pourim? Pourquoi se donner autant de mal à l'écrire sur un parchemin?

La réponse est que la fête de Pourim ne sera jamais annulée, faisant qu'on aura toujours besoin d'une méguilat Esther, afin d'accomplir la mitsva.

A ce sujet, il est possible de citer :
-> “Ces jours de Pourim ne quitteront par les Juifs et leur souvenir perdurera chez leurs descendants” (méguilat Esther 9:28) ;

-> "Dans le futur, toutes les fêtes [juives] seront annulées, et Pourim ne sera jamais annulé"
(Yalkout Chimoni, Michlé, rémez 944.
Rabbi Elazar y est d'avis que Yom Kippour ne sera aussi jamais annulé).

-> "Rabbi Yo'hanan a dit : dans le futur, les [livres de] Néviim et Kétouvim seront supprimés, et les 5 livres de la Torah ne le seront pas ...
Rabbi Shimon ben Lakich a dit : la méguilat Esther et les halakhot ne seront également pas supprimées dans le futur."
(guémara Yérouchalmi - Méguila 1,5)

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+ Le livre de Eikha :

=> Il y a 154 versets dans Eikha. Quelle est la signification de ce nombre?

Le Tossafot haChalem (Pérouché Baalé haTossafot al Tana'h - Eikha 5,2) donne les 2 raisons suivantes :
-> Il y eu 154 années à partir du moment où les juifs ont été assujettis à leurs ennemis en terre d'Israël, en commençant par San'hériv, le roi d'Achour, jusqu'à l'année où le Temple a été détruit.
Puisque le Temple a été détruit la 155e année, nous répétons le verset de "Hachivénou" à la fin de Eikha.

-> Selon certaines opinions, la Torah est divisée en 7 lettres (Béréchit, Chémot, Vayikra, Dévarim, avec la paracha de Vayéhi binésso'a (Bamidbar 10,35-36) qui est considérée comme un livre séparé, divisant le livre de Bamidbar en trois).
Puisque les juifs transgressèrent toute la Torah, chaque livre composé de 22 lettres de l'alphabet hébreu (7 livres * 22 lettres = 154), ils furent punis par les 154 lamentations contenues dans le livre d'Eika.

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-> b'h, voir également : le message du mot : "Eikha" : https://todahm.com/2018/08/08/message-du-mot-eikha

+ D. a dit au prophète Yirmiyahou [au moment de la destruction du Temple] : "Aujourd'hui, Je suis comme une personne qui n'avait qu'un seul fils, et dont celui-ci est mort, au milieu de sa cérémonie de mariage."

[midrach Eikha]

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-> "A chaque fois que le peuple juif a été exilé, la présence divine les a accompagné"
[guémara Méguila 29a]

-> "D. a dit : Je n'entrerai pas dans Mon Sanctuaire, la Jérusalem céleste, tant que je ne retourne pas au Jérusalem terrestre."
[guémara Ta'anit 5a]

-> "Dans le futur, le peuple juif se repentira et il sera sauvé"
[midrach rabba - Bamidbar 7,10]

-> "D. rebâtira Jérusalem, y rassemblera les débris dispersés d'Israël"
[Téhilim 147,2]

Le mois de Av

+ Le mois de Av :

1°/ Le mois de Av est aussi appelé : Ména'hem Av, car :
-> "Av" = père ;
-> et "Ména'hem" = consolation.

Bien que ce mois a été très tragique pour nous, nous sommes réconfortés par le fait que la véritable source de nos difficultés est : "notre Père qui est au ciel", qui nous aime très fort (plus que nous ne pourrons jamais nous aimer), et bien qu'Il doive parfois nous réprimander, Il ne va jamais nous abandonner ou nous détruire totalement.

"De la même façon qu'un père châtie son fils, [ainsi] Hachem ton D. te châtie" (Ekev 8,5)

A l'image d'un père qui va, en dernier recours, punir son enfant, afin qu'il puisse comprendre les limites et comment se comporter.
L'enfant lui dira : "Méchant papa!"
Pour le père, c'est un acte d'amour (c'est nécessaire, c'est pour son bien!), et au fond de son cœur, il pleure de devoir lui faire du mal.
Il en est de même dans notre relation avec notre papa : Hachem.
Même s'il nous paraît parfois comme : "le plus méchant des papas", il ne faut pas oublier qu'Il nous aime à la folie et ne veut que notre bien ...

-> On peut rapporter les paroles du roi de Babylone Névou'hadnezzar à son général Névouzradan (midrach Eikha) :
"Le D. des juifs est toujours prêt à accepter ceux qui font téchouva.
Ainsi, lorsque tu les captureras, ne leur permets pas de prier à Hachem, car ainsi ils ne pourront pas se repentir.
Sinon, D. aura pitié d'eux ... Ne les sous-estime pas!"

-> Il est écrit : Téhilim (79,1) : "Chant (mizmor) de Assaf. Ô D., des païens ont envahi ton héritage, souillé ton Temple saint, réduit Jérusalem en un monceau de décombres."
Le midrach (Eikha) de commenter :
"Est-ce que la destruction du Temple est vraiment un fait sur lequel on doit chanter?
Le chant est sur le fait que D. a choisi de se défouler sur le bois et sur les pierres du Temple, plutôt que sur Ses enfants, qui méritaient d'être effacer."

-> On a vu que Ména'hem Av signifie : "consolation" et "père".
C'est nos fautes qui ont entraîné la destruction et l'exil, c'est nous qui devons consoler notre Père au Ciel.
Lorsqu'un parent envoie un enfant loin de la maison, il en éprouve de la douleur de devoir s'en séparer.
Nous devons également consoler Hachem pour la peine que nous Lui causons par le fait de ne pas être méritant de recevoir Son amour.
En effet, par nos fautes nous créons une distanciation avec D., et la présence divine souffre de ne pas pouvoir être plus proche de nous, encore plus que des parents obligés de se séparer de leur enfant adoré.
[De plus, Hachem s'impose l'ensemble des souffrances que peuvent ressentir Ses enfants juifs!]

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-> En analysant le nom des mois de l’année, on s’aperçoit qu’ils sont tous d’origine babylonienne sauf celui d’"Av". C’est le seul qui a une signification en hébreu et qui exprime le lien profond qui nous attache au Créateur : il rappelle que "nous avons un Père" (av).
Il nous enseigne notre devoir de rendre de l’amour à notre Père, justement pendant ce mois, malgré les souffrances éprouvantes qu’Il nous a envoyées à cette période et peut-être grâce à elles. En effet, c’est par amour pour nous qu’Il a déversé Sa colère sur les bois et les pierres.

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Sur la notion de Av (père), on peut ajouter :
-> Selon le midrach haChéfetz, le mois de Av est considéré comme le "père" de toutes les souffrances du peuple juif, au regard des très nombreuses tragédies qui se sont déroulées en ce jour.
-> Selon le Maharcha (Béra'hot 3a), Hachem était considéré comme un Roi uniquement lorsque le Temple était là.
En conséquence de sa destruction, Il n'est plus perçu "que" comme un Père.

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-> Historiquement, notre peuple a enduré de nombreuses tragédies au cours du mois d'Av.
Hachem a spécifiquement nommé ce mois : "Av", le mot en hébreu pour "père", pour indiquer que les terribles souffrances qui s'abattent sur le peuple juif viennent de notre Père céleste.
Rien de mal ne peut provenir d'un Père aimant.
[rabbi Mendel de Kotsk]

[ issu de : https://todahm.com/2023/01/24/38509 ]

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2°/ Le nom Ména'hem est un des noms du Machia'h, renvoyant au fait que notre consolation est proche, car l'arrivée du Machia'h est imminente.
Av peut se lire par la fin, comme : "ba" (בא), ainsi "Ména'hem ba" = le Machia'h est en train d'arriver.

La tradition dit que le Machia'h naît un 9 Av : c'est au plus fort de notre descente/destruction, que se prépare notre grandeur ...
C'est après l'obscurité de la nuit, que la lueur du jour se présente à nos yeux.

[ "Le jour où le Temple a été détruit, le roi machia'h est né"
(guémara Yérouchalmi - Béra'hot 2,4) ]

[La mère de Moché (Yo'hévét), est née lorsque les juifs sont entrés en Egypte.
Ainsi, lorsque D. envoie son peuple en exile, il plante, au même moment, les graines qui vont en permettre sa délivrance.]

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3°/ Rabbi Sim'ha Bounim de Pschischa nous enseigne :
Pourquoi ce mois est dénommé : Ména'hem Av?
Av (אב) est composé des lettres : aleph et bét, symbolisant le fait que les lettres saintes de l'alphabet hébreu (l'aleph bét), qui permettent de former toutes les mitsvot de la Torah, nous réconfortent (ména'hem) et nous rassurent qu'aussi longtemps que nous les observerons, nous n'avons rien à craindre.

C'est également pourquoi, les versets de la méguilat Eikha (lue le 9 Av) sont écrits en respectant l'ordre alphabétique.

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-> Le Kédouchat Lévi rapporte que les lettres du mois d'Av (אב) renvoient à : arour (maudis - ארור) et baroukh (bénis - ברוך), puisque ce mois est divisé en 2 quinzaines : du 1er av au 15 Av (jour où ceux qui devaient mourir dans le désert suite à la faute des explorateurs se sont arrêtés de mourir), et ensuite.

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+ Le Ben Ich 'Haï écrit que les mois de l'année ont été divisés par nos Patriarches.
Yaakov a reçu : Nissan, Iyar et Sivan, tandis que Essav a pris : Tamouz, Av et Elloul.
Par la puissance de la téchouva, Yaakov s'est "saisi" du mois d'Elloul, laissant Tamouz et Av à Essav.
Il n'est pas étonnant que c'est durant ces 2 mois qu'on eut lieu le plus de calamités, de tragédies pour les juifs.
Au final, le mois d'Av va revenir à Yaakov et devenir le père de tous les mois.
[Av signifie littéralement : père, et c'est une allusion qu'il reviendra à un de nos Avot (Yaakov), et qu'il sera le père (av) des mois de l'année.]

Tous les malheurs qui ont eu lieu en ce mois prouvent qu'il a un potentiel plus grand de joie que les autres, en se basant sur les mots : "Donne-nous des jours de satisfaction aussi longs que les jours où tu nous as affligés, que les années où nous avons connu le malheur" (Téhilim 90,15).

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+ La période entre le 17 Tamouz et le 9 Av :

-> Le midrach rabba nous enseigne :
"La période de 21 jours est souvent appelée : "ben amétsarim" (entre les barrières étroites, les limitations - בֵּין הַמְּצָרִים), une référence au verset : "Yéhouda est allé en exil, accablé par la misère et une dure servitude; il demeure parmi les nations, sans trouver de repos. Ses persécuteurs, tous ensemble, l'ont atteint entre les étroites barrières." (Eikha 1,3 - כָּל-רֹדְפֶיהָ הִשִּׂיגוּהָ, בֵּין הַמְּצָרִים).

Nos Sages expliquent ces termes comme faisant référence à la manière dont Israël a été pris au piège.
Il n'avait aucun endroit où fuir, et aucune nation pour venir l'aider.
C'était comme s'il était pris au piège entre 2 barrières étroites, avec aucune possibilité de s'échapper ou de se cacher.
Par ailleurs, les "barrières étroites" font référence au 17 Tamouz et au 9 Av, qui entourent les jours les plus difficiles de l'été".

[le rav Tsadok haCohen dit que le sens simple de ce verset est que pendant cette période, ceux qui poursuivent le peuple juif, qui veulent leur causer du mal ou les détruire, vont les trouver particulièrement vulnérables. Leurs tentatives vont réussir, comme en témoigne la destruction du Temple, l'inquisition espagnole, la 1ere guerre mondiale, ... ]

-> Il est écrit : כל רודפיה השיגוה בין המצרים.
Le Baal Chem Tov explique : kol rodféha (כל רודפיה) peut se lire : כל רודפי י-ה (kol rodfé ya - tous ceux qui poursuivent Hachem), car tous ceux qui Le recherchent pendant cette période Le trouve. Nous avons tous besoin d'Hachem, et pendant ces jours, Il nous est particulièrement accessible.

-> La guémara (Ta'anit 26a) rapport de même :
"Lorsque débute le mois de Av, nous réduisons les réjouissances, et ce, non seulement depuis le Roch 'Hodech de Av, mais à compter du 17 Tamouz où débute une période de 3 semaines allant du 17 Tamouz au 9 Av, dénommée Ben amétsazim"

-> La similitude entre mitsra'im (Egypte) et métsarim (limitations - ben amétsarim), nous fait penser à utiliser ces jours de deuil national afin de sortir de notre train-train quotidien (nos limitations), de prendre du recul afin de faire le point sur nos véritables priorités dans la vie.

Face au deuil, on ne se berce plus d'illusions (on est mortel), on ne peut que faire face à la vérité.
=> Utilisons cette période de destruction du Temple, afin d'en construire un : en nous-même, par nos actions positives au quotidien, et par ricochet, nous participerons alors à finaliser la venue du Temple collectif.

-> Le Toldot Adam nous enseigne l'importance d'utiliser ces jours pour se changer :
"Cette période de 21 jours correspond au 21 jours allant de Roch Hachana et culminant à Chémini Atséret, qui marque la fin de la fête de Souccot.

Durant ces semaines, une personne qui fait de grands efforts afin de parfaire son âme, n'aura plus à craindre un verdict négatif le jour du Jugement (à Roch Hachana), puisqu'elle a déjà accompli tout ce qui était nécessaire."

-> Le Maharcha (Békhorot 8b) fait également remarquer le parallèle entre les 21 jours qui séparent Roch Hachana de Hochana rabba (qui sont des jours de purification de l'âme par la téchouva et de pardon des fautes) et les 21 jours qui vont du 17 Tamouz au 9 Av, qui sont aussi des jours de pardon et de purification.
Car les malheurs qui accablent le peuple d'Israël et les souffrances de l'exil purifient l'homme et lui font mériter le pardon de ses fautes.

-> Rabbi Tsadok haCohen (Pri Tsadik) abonde également en ce sens :
Chaque personne qui recherche Hachem pendant la période de Ben haMétsarim réussira plus qu'à aucun autre moment de l'année.
Il y a 22 jours pendant ces 3 semaines, correspondant aux 22 lettres (de l'alphabet) qui composent la Torah, que le peuple juif n'a pas suivi correctement (entraînant la destruction du Temple).
Le 17 Tamouz correspond à la lettre "aleph", c'est le jour où les Tables de la Loi ont été cassées, et elle commencent par la lettre aleph (ano'hi).
Le 9 Av correspond à la lettre "tav", [qui est la 1ere lettre du] verset : "Fille de Tsion, tes fautes sont expiées" (Eikha 4,22 - תַּם-עֲו‍ֹנֵךְ, בַּת-צִיּוֹן).
Hachem a "déversé" toute Sa colère sur le bois et les pierres.

Le fait qu'à chaque jour de cette période est lié une lettre de l'alphabet, symbolise notre nécessité à devoir travailler, pendant ces 3 semaines, sur tous les aspects de notre service de D. (tout revoir de A à Z, de aleph à Tav).
C'est un moment où l'on doit faire téchouva.

[peut-être que le taf, représentant le 9 Av, symbolise la Torah.
Le travail de cette période est de passer du jour où notre attitude a conduit à la brisure des Tables de la Loi, au jour où l'on fait de la Torah Reine, pour vivre selon et avec elle à chaque instant.]

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-> Rabbi Tsadok haCohen explique au nom du Maguid de Mézéritch que : כָּל רֹדְפֶיהָ (kol rod'féa) = tout celui qui va courir après Hachem, Le poursuivant dans une quête d'être plus proche de Lui ; הִשִּׂיגוּהָ (ichigou'a) = va acquérir la connaissance d'Hachem pendant בֵּין הַמְּצָרִים (ben hamétsarim).
C'est une période opportune pour toute personne pour développer une relation plus étroite avec Hachem.

Pendant la période de la destruction du Temple et des souffrances collectives du peuple juif, si l'on peut dire, Hachem n'est pas sur Son Trône, Il n'est pas dans Son palais. Il ne se cache pas derrière Sa grandeur et en sécurité dans Son château. Il marche parmi nous, Il est exilé avec nous, en unité avec nous dans nos douleurs.
Hachem est proche, prêt et disponible pour tisser avec nous des liens toujours plus forts avec Lui, pour peu que nous le désirons.

Une relation qui ne peut pas être atteignable le restant de l'année devient soudainement possible pendant les 3 semaines, mais nous devons être "כָּל רֹדְפֶיהָ", nous devons pour cela courir après Hachem.

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-> Le terme : "ben amétsarim" se décompose en : ה (hé : 5) et מצרים (métsarim : tragédies) = ce qui signifie 5 tragédies, les 5 malheurs qui ont frappé notre peuple le 17 tamouz et le 9 Av.
Pour commémorer ces calamités, on adopte certaines marques de deuil pendant cette période de 3 semaines (ben amétsarim).

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-> "Et j'ai vu, et voici! vous aviez péché contre Hachem votre D." (Ekev 9,16)
Moché fait allusion au fait qu'il a été témoin des lettres qui volaient des Lou'hot, indiquant qu'une faute avait été commise par la nation juive.
Le Yalkout Chimoni (Ki Tissa 393) ajoute que les lettres présentes sur les Lou'hot se sont envolées jusqu'au Ciel (de là où elles venaient), et alors les Lou'hot sont devenues beaucoup trop lourdes. Ne parvenant plus à les porter, Moché les a laissées tomber se brisant alors au sol.
Selon ce point de vue, Moché n'a pas décidé consciemment de détruire les Lou'hot, mais plutôt c'est une conséquence naturelle du fait que les lettres de l'alphabet ont disparu de la face des Tables de la Loi.

Les 22 jours de ben hamétsarim correspondent aux 22 lettres de l'alphabet hébraïque qui se sont envolées des Lou'hot.
C'est le 1er jour de ben hamétsarim que les lettres sont parties, et ainsi chaque jour suivant des 3 semaines est passé dans le deuil d'une autre lettre des lou'hot que nous avons perdue pendant cette période tragique.
[Shivlé Pin'has]

-> Le traité Baba Kama (44b,45 ...) aborde la différence entre les 2 Tables de la Loi, qui comportaient les 10 Commandements.
Dans la paracha Yitro, le peuple juif a reçu la 1ere version, dans laquelle le mot "tov" (bien - טוב) n'est pas utilisé.
Cependant, ce mot apparaît dans la paracha Vaét'hanan, qui détaille le contenue des 2e Tables de la Loi : "léma'an yitav la'h" (afin que ce soit bien pour toi - למען ייטב לך - Vaét'hanan 5,15)
Cette différence n'est pas un hasard. Lorsque Hachem a écrit les 1er Lou'hot, Il savait qu'elles allaient être brisée par la suite, et que le texte serait perdu.
La lettre "tét" (ט) représente le mot טוב (tov), et symbolise de bonnes choses.
La présence de cette lettre (ט) sur les Lou'hot brisées, aurait symbolisée la perte de tout le bien pour le peuple juif, une perte de bien qui pourrait être permanente.

Hachem voulait éviter toute allusion de bien qui pourrait être perdu par Son peuple.
C'est pourquoi dans les 1eres Tables de la Loi le ט était absent, car Hachem ne voulait aucune perte de bien par la suite pour Son peuple.

Ainsi suite à la faute du Veau d'or, les Lou'hot se sont brisées lorsque Moché est descendu du mont Sinaï, et toutes les lettres ont disparu des Lou'hot, à l'exception du "tét" (ט), puisque cette lettre était la seule non présente.
Les Lou'hot se sont brisées le 17 Tamouz. La guématria de 17 est "tov" (טוב), et ce 17 tamouz était en réalité une bonne journée car la bonté (טוב) n'a pas été perdue, elle est restée pour l'éternité.
Le Bné Yissa'har (maamaré 'hodech Tamouz Av) écrit que c'est exactement pour cela que le brisement des Tables de la Loi a eu lieu à cette date, pour faire référence au : טו"ב בתמוז (tov béTamouz - le bon jour de Tamouz).
Il ajoute que c'est pourquoi Aharon a informé le peuple juif : " 'hag l'Hachem ma'har" ([c'est] Fête pour Hachem demain - Ki Tissa 32,5). Le 17 Tamouz est un Yom Tov car il permet de préserver le "tov" (le bien) éternellement pour le peuple juif. Rien que le fait de ne pas perdre le "tov" est amplement une raison de célébration.

-> Ainsi, les 1eres Lou'hot contenaient uniquement 21 lettres différentes.
Le 'Hatam Sofer (Drachot 'Hatam Sofer daf 135) écrit que cela est en allusion dans le verset : "Psaume d’Assaf : Ah! D. est bon pour Israël, pour ceux qui ont le cœur pur" (mizmor léassaf : akh tov l'Israël Elokim lévaré lévav - מִזְמוֹר לְאָסָף אַךְ טוֹב לְיִשְׂרָאֵל אֱלֹהִים לְבָרֵי לֵבָב - Téhilim 73,1).
Le terme : "akh" (אַךְ) a une guématria de 21.
On peut comprendre ce verset ainsi : le fait qu'il n'y a que 21 lettres dans les 1eres Lou'hot, le אַךְ (soit 21), c'est cela qui préserver le bien aux juifs, le "tov léIsraël" (אַךְ טוֹב לְיִשְׂרָאֵל).
Ainsi, le fait que Hachem n'a pas écrit la lettre "tét", renvoyant au "tov", dans les 1eres Lou'hot préserve la bonté pour nous.

-> Le Zohar (Térouma 152b) nous enseigne que la lettre "tét" (ט) est "la lumière de la vie" dans le monde entier.
La première fois que cette lettre apparaît dans la Torah est pour nous dire : "D. vit que la lumière était bonne (tov)" (Béréchit 1,4).
Cette lettre n'est pas symbolique de bienfaits uniquement parce qu'il se trouve que le mot "tov (bien) commence par elle, mais plutôt c'est parce que sa première apparition dans la Torah est dans le mot "tov".
[selon nos Sages la première apparition d'une lettre dans la Torah, indique son essence]

-> On a vu d'un côté qu'il y a 22 jours dans ben hamétsarim, et d'un autre côté qu'il n'y avait "que" 21 lettres sur les Lou'hot, impliquant 21 jours de deuil (un par lettre). Comment concilier cela (21 ou 22 jours)?

Le Shvilé Pin'has explique que le premier jour de ben hamétsarim (le 17 Tamouz) correspond à la lettre "aleph", et ensuite chacune des autres 21 lettres présentes qui se sont envolées des premières Lou'hot.
Ainsi le 8 Av est un jour de deuil pour la lettre "tav", laissant le 9 Av, pour la lettre "tét" (ט).
Le 9 Av ressemble à cette lettre qui n'a jamais été perdu, la bonté qui n'a jamais quitté le peuple juif.
Ainsi, pendant 21 jours nous prenons le deuil de la perte des 21 lettres en conséquent de la faute du Veau d'or et de la brisure des premières Lou'hot.

-> "D. vit que la lumière était bonne, et Il sépara entre la lumière et les ténèbres" (Béréchit 1,4)
Rachi commente : Il vit que les réchaïm ne mériteraient pas de profiter de la lumière, de sorte qu’Il la mit en réserve à l’usage des tsadikim pour les temps à venir.
Dans le midrach Tan'houma (Noa'h 3), nos Sages enseignent que tout celui qui peine dans la Torah Orale mérite de recevoir cette lumière spéciale (ohr haganouz).

Le rav d'Apt (Ohev Israël - Pin'has) écrit que la lettre ט a sa partie supérieure qui se replie vers l'intérieur, indiquant que la bonté de ce caractère spécial est cachée est dissimulée en nous.
Le ohr haganouz, la lumière cachée de la Torah, est contenue à l'intérieur.

-> Le 9 Av est le jour où Hachem a "déversé sa colère" sur les pierres et le bois [du Temple détruit], ce qui nous a permis de survivre. [en ce jour tragique, Hachem a publiquement témoigné de son amour envers les juifs, avec par exemple les chérubins qui s'enlaçaient. Ainsi, ce jour atteste que même après les pires fautes, Hachem continu de nous aimer énormément.]
Le 9 Av est le jour où le machia'h doit naître.

Le rav d'Apt nous dit que la lettre "tét" fait allusion à la partie de la Torah qui n'a jamais été perdue, et cette partie de Torah nous sert de véhicule pour récupérer toutes les autres lettres perdues (des Lou'hot), c'est-à-dire la Torah perdue.

[ le rav Shlomo Kluger (qui a vécu entre 1785 et 1869) écrit que la raison du retard du machia'h est parce que nous n'avons pas écrit un nombre suffisant de livres [de Torah].
Tant qu'il y a des 'hidouché Torah qui doivent être étudiés [selon le quota fixé par Hachem], enseignés et publiés, le machia'h ne peut pas venir.
(Ainsi, la lettre "tét" renvoie à cette Torah que nous avons toujours en nous (on l'étudie dans le ventre de notre mère et l'ange nous la fait oubliée à notre sortie), et que nous devons extérioriser par notre étude et notre partage (pour nous et les autres), et qui nous permet de faire venir le machia'h et donc de reconstruire le Temple.
Certes Jérusalem est toujours détruite actuellement (quelle peine!), mais notre guéoula est à portée de main (quelle joie!), à nous de jouer! (le machia'h est prêt, et Hachem n'attend que ça (le Temple au Ciel est prêt à descendre) ]

[la lettre ט a son haut qui se replie vers l'intérieur, et d'une certaine façon elle ressemble à un vase, un pot rempli par une graine intérieure, qui ne demande qu'à se développer.
Le 9 Av nous nous attristons de voir que le Temple est toujours détruit, et que donc nous en portons la responsabilité, mais c'est un jour où l'on prend conscience de ce que nous avons à l'intérieur (symbole du ט) : de l'amour quoiqu'on fasse d'Hachem à notre égard, du fait que le machia'h est là attendant que nous soyons méritants car où c'est en fonction de notre téchouva, de notre étude de la Torah, de notre comportement, 'hessed, ... que nous pouvons faire reconstruire le Temple en un instant.
Le ט renvoie que Hachem nous aime, et que nous avons en nous (notre âme est divine) toutes les potentialités pour faire des grandes choses, et en ce sens le 9 Av est l'aboutissement de 3 semaines de ben amétsarim, et elle doit être un moyen d'en sortir plein d'optimisme, pleins de désirs/envies d'agir pour permettre de reconstruire la grandeur de papa Hachem. En ce sens le 9 Av est un jour à part où l'on s'attriste à fond, pour encore davantage est joyeux et motivé d'avoir l'occasion de tout reconstruire pour le mieux.
Le 9 Av ne doit pas nous faire arriver dans une situation de déprime (nous sommes tellement nuls au point de détruire le Temple ; qu'est-ce que moi une nullité puis-je faire pour le Temple si des gens si grands avant n'ont pas réussi ...), car c'est le yétser ara qui veut nous mettre à terre, dans une situation non productive.
Le 9 Av nous transmet que toutes les lettres sont parties des Lou'hot, sauf le ט, qui peut renvoyer à tous le bien que Hachem nous fait en permanence, à l'âme Divine qui est en nous, à la Torah, à l'amour infini à notre égard, ... et alors ce jour commémorant la destruction devient un jour très constructif en donnant le meilleur de nous-même (et même si c'est peu en apparence, cela a une valeur énorme aux yeux d'Hachem, qui nous donnera encore davantage tout le meilleur).
On retrouve cette idée dans les 3 semaines de ben hamétsarim, où pendant 21 jours on prend le deuil de ce qu'on a perdu à cause de notre mauvais comportement d'adorer autre chose que Hachem (21 lettres présentes sur les Lou'hot parties suite au Veau d'or), et ensuite une journée du 9 Av représentée par le "tét", c'est-à-dire qu'on se focalise également sur ce qu'on a pas perdu, ce qui nous reste éternellement.
(d'une certaine façon c'est dans les moment de galère (comme la destruction du Temple) que nous apprécions véritablement ce que nous avons (quand on perd ce qu'on a (prend tout pour acquis), c'est là qu'on l'apprécie vraiment rétroactivement) : à quel point nous avons de la chance d'avoir un papa au Ciel qui nous aime tant, que nous avons la Torah qui a tellement d'impacts positifs dans le monde, ... ).
D'ailleurs, le terme "Av" signifie : "père". En effet, c'est en prenant au maximum le deuil pour ce qu'on a perdu, c'est alors que l'on peut se rendre compte que l'on ne doit compter que sur papa Hachem, qui nous aime même après avoir fait les pires fautes, et qui désire tellement nous combler des meilleurs bienfaits (tov).
(au point même qu'à l'image des bêtes sacrifiées qui meurent à notre place, du Temple qui brûle en prenant la "colère" Divine à notre place, ... en réalité malgré notre comportement on y discerne toute l'affection de notre papa Hachem.) ]

-> "Celui qui s'endeuille sur Jérusalem assistera à sa reconstruction"
[guémara Ta'anit 30b]

-> "D. a déclaré : C'est par le mérite de vos pleurs que Je vous rassemblerai de vos pays d'exil"
[midrach Eikha Rabati - chap.1]

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-> "Par décret du Ciel, le cœur oublie (avec le temps) un (proche parent qui est) mort" (guémara Pessa'him 54b).
Par contre, les endeuillés restent inconsolables quand la personne qu'ils croient morte est encore vivante, à l'instar de Yaakov, qui "refusa de se consoler" de la disparition de Yossef (cf. Rachi - Béréchit 37,35).

=> Ainsi, celui qui pleure, chaque année, la destruction de Jérusalem, prouve qu'elle n'est pas "morte" pour lui ; puisqu'elle est encore vivante, il ne peut pas l'oublier et il reste inconsolable!

Ce ne sont pas des larmes de désespoir, au contraire, ce sont des larmes pleines d'espoir, d'impatience de retrouver une époque de pleine proximité avec D., avec la construction du Temple éternel.

[Source (b"h) : inspiré d'un dvar Torah du rav 'Haïm de Volozhin, repris par le Kélit Yits'hak - paracha Dévarim]

-> Sur ce même sujet, le 'Hatam Sofer (Taanit 30b) répondait : "Bien que le Temple soit détruit physiquement, il existe toujours spirituellement. Puisqu'il est présent au Ciel dans sa dimension spirituelle (prêt à descendre à tout moment), nous ne pouvons pas l'oublier, et si nous en sommes méritants nous pouvons même percevoir un peu de sa majestueuse splendeur."

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+ BONUS :

-> Rabbi Avraham Mordé'haï de Gour pose la question :
Puisque d'après une règle établie (cf. guémara Baba Batra 3b et Méguila 26b), il ne faut pas détruire une synagogue avant d'en construire une autre, comment D., qui respecte les lois de la Torah, a-t-il pu détruire le Temple avant d'en bâtir un autre?

Et de répondre : A l'évidence, D. avait le droit de le faire, parce que le Temple des temps messianiques est déjà prêt dans les cieux.

-> On peut ajouter les paroles du Choél ouMèchiv (sur Eikha 2,8) :
"Les miracles ayant toujours un support matériel sur lequel se greffe la bénédiction divine, le Kotel, où demeure la présence divine, ne sera jamais détruit, de sorte que le 3e Temple pourra descendre du ciel".

=> le Temple est prêt, c'est à nous de s'élever afin d'être apte à le recevoir.

"Ne pas assister à la construction du Temple, c'est comme assister à sa destruction"

[guémara Talmud de Jérusalem - Yoma 1,1]

=> Essayons de nous attrister, de pleurer le Temple, comme si on venait véritablement d'assister à sa destruction.

Ce n'est pas un souvenir lointain, qui nous concerne qu'indirectement.
Au contraire, c'est une réalité actuelle et que l'on doit vivre comme directement concerné.